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Le 15 août à Notre-Dame de Paris

07aa4e3768551995b98b17ab2776f6b4.jpg15 h 45 :  vêpres  solennelles  présidées par Mgr Michel Pollien

16 h 15 : procession mariale : place Saint-Michel, quais Saint-Michel, de Montebello, de la Tournelle, pont de la Tournelle, rue Saint-Louis-en-l’île, rue du Cloître-Notre-Dame.

18 h 30 : messe solennelle présidée par Mgr Pollien, retransmise en direct sur KTO.

21 h 30 : projection de l’opéra d’images   Réjouis-toi, Marie  à l’intérieur de la cathédrale.

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Grève des juges : une société en décomposition

daumier-paix.jpgAmbigu, le mouvement

des magistrats

contre Sarkozy :

 

 

La méthode Sarkozy est une fuite en avant : de perpétuels esclandres pour annoncer qu'on va voir ce qu'on va voir... Comme ensuite rien ne vient (ou si peu), ce running gag est lassant. D'où les colères dans la société : colère de salariés abandonnés aux licenciements boursiers, par exemple... Et maintenant, colère des juges ! Sarkozy les rendant publiquement responsables de la mort de la jeune fille de Pornic, ils répliquent que le problème c'est Sarkozy, avec ses lois sans moyens de les appliquer. On sait que la justice ne peut pas vraiment assurer le suivi des « libérés sous mise à l'épreuve » ; mais on ne peut pas reprocher cette carence aux juges, alors qu'ils réclament des moyens depuis vingt ans.

Mais cette question a un autre aspect, qu'on ne doit pas négliger : les juges d'Outreau n'avaient pas manqué de moyens ! Dans cette affaire-là, des moyens abondants furent mis au service du pire scandale judiciaire du siècle : scandale dans lequel les juges, loin d'être « laxistes » comme on les en accuse depuis 1970, se sont comportés de façon ultra-répressive, et cela pour appliquer non seulement la procédure d'instruction (d'une façon partiale), mais l'un des fantasmes de notre époque.

Il y a d'autres fantasmes en circulation, qui hantent eux aussi certains procès. La sacralité du transgénique, par exemple ! Une cour d'appel a écrasé sous d'énormes dommages-intérêts un biologiste pauvre (coupable d'avoir détruit des plants OGM au nom de la défense du vignoble alsacien), alors que les juges de première instance ne lui avaient infligé qu'une condamnation symbolique. Cet arrêt a de quoi enchanter la FNSEA et M. Copé. Mais il désole les supporters d'une agriculture paysanne saine – quand on sait la gravité de la menace OGM.

Impression symétrique, quoique de tendance politique inverse, avec certaines décisions inspirées par le Syndicat de la magistrature (polarisé sur les « nouvelles moeurs »). Tout se passe comme si ces décisions tendaient à pousser le législateur à changer le code civil, qui a le tort de distinguer la femme de l'homme. Une telle stratégie est-elle légitime de la part de juges ?

Une part de la magistrature française se comporte comme les parlementaires d'Ancien Régime : jaloux de leur indépendance, ils la mettaient au service d'opinions de classe et de modes parisiennes. La grève des audiences est l'un des signes de décomposition de la société de 2011, comme la mutinerie des parlements fut l'un des signes de décomposition de la société du XVIIIe siècle. Sarkozy peut menacer des juges de « sanctions » ; il n'ira même pas aussi loin que Louis XVI, qui avait envoyé le plus excité des parlementaires se refroidir au Mont Saint-Michel [*]. On connaît la suite...

Nos juges veulent être indépendants du pouvoir politique ? Ils devraient l'être aussi des slogans et de l'air du temps. Ce n'est pas toujours le cas. 

 

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Portraits de magistrats, par Largillière (début du XVIIIe siècle)

 

 

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[*] Loin de moi l'idée de comparer l'ennemi de la princesse de Clèves au scrupuleux et cultivé Louis XVI. Seules les situations sont comparables.

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Jeanne d'Arc ? comprenez-la, ou laissez-la en paix

jeanne d'arc





Anniversaire d'un fait du XVe siècle

auquel les énervés du XXIe

ne comprennent rien...

 


En 1429, celle qui se désigne elle-même comme "la jeune fille" ("la Pucelle") et qu'on va plus tard appeler "Jeanne d'Arc", n'a qu'un objectif : faire sacrer le dauphin Charles, pour qu'il réunifie un royaume divisé par les haines de partis, par l'ambition bourguignonne, et par la présence d'un roi d'Angleterre-et-de-France intronisé légalement par le défunt Charles VI. La mission revendiquée par la Pucelle consiste donc à ouvrir la route de Reims. Après Reims, Jeanne décline, on l'abandonne et on la livre : c'est le procès ecclésiastique de Rouen  qui est, lui, un drame spirituel.

Le message politique de Jeanne (la marche vers le sacre) n'a pas d'écho dans la France de 2012. Le pays d'aujourd'hui n'est pas ravagé par la haine de partis : il est affaissé sur lui-même. Il ne se divise pas entre plusieurs conceptions antagonistes de l'avenir : il doute d'avoir un avenir. Il ne se partage pas entre convictions politiques : il n'a plus foi dans la politique.

Incongru est l'usage politique que l'on fait de Jeanne en 2012... Seuls des royalistes seraient logiques en se réclamant d'elle (mais à condition d'imaginer qu'un prince soit une éventualité politique aujourd'hui, chose hautement improbable). Les lepénistes, pour leur part, n'y ont aucun droit : leurs leitmotive n'ont rien à voir avec l'histoire de la Pucelle. Quant aux gesticulations de Sarkozy pour le 600e anniversaire1 de la naissance de Jeanne à Domrémy, elles relèvent de l'insignifiant  – comme l'exhibition sarkozyenne au Mont Saint-Michel en 2007. Les fantasmes politiciens sont des anachronismes ; aucun anachronisme ne tient face à Jeanne, "la femme la mieux documentée2 de toute l'époque médiévale" (Colette Beaune)3.

Le message spirituel de Jeanne est, lui, de tous les temps : c'est l'imitation  consciente de Jésus-Christ livré au bras séculier par les grands prêtres. Et c'est l'espérance eschatologique dans "les cieux nouveaux et la terre nouvelle"...  On est très loin des slogans politiques.

 

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1.  La date de la naissance de Jeanne est conjecturale. Jeanne déclare à ses juges avoir "dix-neuf ans environ".

2.  Dans le jargon historien, "documentée" veut dire "connue par les documents".

3. Jeanne d'Arc, par Colette Beaune (Perrin 2004, 475 p.): le point des connaissances historiques, loin des images d'Epinal. Du même auteur, une démolition des livres d'imposteurs médiatiques : Jeanne d'Arc, vérités et légendes (Perrin 2007, 240 p.).

 

jeanne d'arc

 

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En marche vers la Semaine Sainte

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SEMAINE SAINTE ET PÂQUES, PARIS

  Chemins de Croix dans les rues de Paris :

 

 

Chemin de Croix de Montmartre - 18e

Présidé par Mgr Eric de Moulins Beaufort. Départ à 12h30 départ Square Louise Michel, en bas des jardins devant la Basilique. Arrivée à la Basilique vers 14h00.

 

3e - chemin de croix du quartier du Sentier

Départ : (RDV 12h15 dans l’église) 12h15 église St-Nicolas des Champs - 254 rue St Martin - 3e.

Itinéraire : Rue de Turbigo, rue des Gravilliers, rue au Maire, Rue Notre-Dame de Nazareth, Rue Saint-Martin, boulevard Sébastopol, rue Greneta.

Arrivée : 14h00 église St-Nicolas des Champs - 254 rue St Martin - 3e.

 

 

4e - Chemin de Croix de St-Louis-en-l’Île à St-Gervais

Départ : 12h10 St-Louis-en-l’Île - 19 bis rue Saint-Louis-en-l’Île - 4e.

Arrivée : 13h25 St-Gervais - St-Protais - Place Saint Gervais - 4e.

 

 

5e - Chemin de Croix de la rue Mouffetard

Départ : 12h sur le parvis de l’église Saint-Médard - 141 rue Mouffetard - 5e.

Itinéraire : montée de la rue Mouffetard jusqu’à l’église Saint Etienne du Mont.

Arrivée : 13h30 église St-Etienne du Mont - place Sainte-Geneviève - 5e.

 

 

5e - Chemin de Croix autour de l’église Saint-Séverin – Saint-Nicolas

Départ : 15h église St-Séverin – St-Nicolas - 1 rue des Prêtres Saint Séverin - 5.

Arrivée : 16h église St-Séverin – St-Nicolas - 1 rue des Prêtres Saint Séverin -5e.

 

 

6e - Chemin de Croix dans le quartier de Saint-Germain des Prés

Départ : 12h15 Rendez-vous Place Saint Michel, devant la Fontaine Saint Michel. – 6e.

Itinéraires : Rue Saint André des Arts, rue de Buci, rue de Seine, rue Jacob, rue Saint Benoît, bd Saint Germain.

Arrivée : 13h30 église St-Germain des Prés - 1 place Saint Germain des Prés – 6e.

 

 

7e - Chemin de croix œcuménique au Champs de Mars

Départ : 12h30 place Jacques Rueff (Champs de Mars)

Arrivée : 13h30 place Jacques Rueff (Champs de Mars)

Catholiques et protestants prieront ensemble.

Avec les paroisses Saint-Pierre du Gros Caillou (7e), Saint-Léon (15e), les écoles catholiques du quartier, l’Église luthérienne Saint Jean (15e), les Chapelles de Saint-Louis des Invalides et Saint-Louis de l'École Militaire. 

 

 

9e - Chemin de Croix dans le quartier de Sainte-Trinité

 Départ : 12h15 des marches de l'Opéra – 9e.

Arrivée : 13h15 église Ste-Trinité - Place d’Estienne d’Orves – 9e.

 

 

10e - Chemin de Croix dans le quartier de St-Laurent

Départ : 12h15 sur le parvis de St-Laurent (rue St-Laurent).

Arrivée : 13h30 à l’église St-Laurent - 68 boulevard Magenta -10e.

 

 

10e - Chemin de Croix dans la rue autour du bassin du quai de Valmy

Départ : 12h15 jardin des Sœurs Servantes des Pauvres - 191 bis quai de Valmy – 10e.

Arrivée : 13h30 église St-Joseph Artisan - 214 rue la Fayette, 10e.

 

 

11e – Chemin de Croix autour de l’église Sainte-Ambroise

Départ : 12h30 de Saint Ambroise – 2 rue Saint Ambroise – 11e.

Itinéraire : autour de l’église

Arrivée : 13h30 à Saint Ambroise – 11e.

 

 

12e - Chemin de Croix Saint-Antoine des Quinze-Vingts

Départ : 12h30 sur le pont Morland – 12e.

Itinéraire : sur le port de l’Arsenal

Arrivée : 13h30 église St-Antoine des Quinze-Vingts - 66 avenue Ledru Rollin- 12e.

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14/03/2016 | Lien permanent

M. Pastoureau veut déconsacrer Notre-Dame de Paris

notre-dame de paris

Plusieurs d’entre vous ont réagi – avec une stupeur que je partage – aux propos de Michel Pastoureau dans sa réponse à l’enquête générale de La Croix sur l’avenir de la cathédrale. L’historien le plus médiatique actuellement déclare en effet ceci (15/04) :

<<  En ce lieu unique, culte et tourisme ne semblent pas compatibles […] À Notre-Dame, il y a trop de monde, trop d’attentes, trop d’enjeux : il faudra choisir... [Première solution : chasser les touristes ?] Les autorités de tutelle s’opposeraient certainement à une telle solution, du moins les autorités civiles : la ville de Paris et l’État. […]  Seconde solution : expulser les fidèles. Pour ce faire il faudrait déconsacrer Notre-Dame et la transformer en musée, comme cela s’est fait dans certains pays voisins – tous protestants il est vrai (Royaume-Uni, Pays-Bas, Norvège [1] ). Moi qui suis historien et chrétien, catholique qui plus est, j’avoue qu’une telle mesure ne me choquerait pas outre mesure. Il ne me vient jamais à l’idée d’entrer à Notre-Dame pour prier : non seulement la cathédrale a été abandonnée au tourisme de masse mais elle aussi a été confisquée par la République pour y organiser différentes cérémonies dont on attendrait qu’elles se déroulent ailleurs, au Panthéon par exemple. C’est lui le grand temple républicain, pas Notre-Dame. Pourquoi célébrer dans la cathédrale les funérailles de présidents parfaitement athées ? N’y a-t-il pas là quelque chose de provocant ? Faire de Notre-Dame un musée n’est certes pas la solution parfaite mais ce serait, me semble-t-il un moindre mal, et, concernant la reconstruction, permettrait de trancher plus facilement entre les trois possibilités qui se présentent : remettre la cathédrale dans l’état où elle se trouvait avant l’incendie ; viser plus en amont et tenter de gommer certaines fantaisies de Viollet-le-Duc ; ou bien, au contraire, faire du neuf et encourager un “geste architectural” audacieux... L’expression est certes grotesque – “geste architectural” ! – mais sa réalisation, si elle était réussie, pourrait être le symbole de la nouvelle vie de l’édifice. >>

 

On sait que M. Pastoureau fait dans la rondeur et le réalisme. Mais là, quelque chose grince dans les rouages… Ce réaliste ne décrit pas une réalité. Ce qu’il affirme contredit le vécu des catholiques parisiens dans leur cathédrale.

Tous ceux (j’en fais partie) qui ont la pratique régulière du lieu, y compris aux jours de plus grande affluence touristique, savent que les touristes ne gênent pas plus la prière dans Notre-Dame que dans l’abbatiale du Mont Saint-Michel (que j’ai beaucoup pratiquée elle aussi).

Sans oublier ce détail qu’un historien devrait avoir à l’esprit : Notre-Dame comme le Mont sont des édifices voués par destination aux foules en vrac : une vocation de caravansérail [2]. Et je peux certifier – l’ayant vécu souvent – que les cérémonies du Vendredi Saint à Notre-Dame, où affluent du monde entier des milliers de fidèles et de touristes, sont chaque fois l’occasion de conversations spirituelles avec une partie de ces derniers. Quel catholique pourrait admettre que disparaisse ce creuset d’évangélisation ?

M. Pastoureau qui se déclare catholique ne peut ignorer tout ça. Je ne lui fais pas l’injure de croire que sa réponse à La Croix reflèterait de sa part un catholicisme de club, épris d’un entre-soi qui confondrait sanctuaire et caisson d’isolation sensorielle… Alors pourquoi prend-il une posture qui indigne les catholiques, irritera la majorité des Français sondés, et ne plaira qu’aux tour-operators – plus quelques conseillers de MM. Macron et Riester ?

 

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[1] Inexact ! Principale cathédrale de Norvège, plus grand édifice religieux d'Europe du Nord et seule cathédrale gothique de Scandinavie, celle de Nidaros à Trondheim – sur la tombe de saint Olaf – est aujourd'hui siège diocésain de l'Eglise de Norvège. Je l'ai visitée en 2003 guidé par un séminariste en tenue de choeur luthérienne.

[2] Médiéviste, M. Pastoureau connaît mieux que moi la mine de ressources que sont les lettres de rémission de juges royaux. Il doit savoir que nombre d’entre elles (XIVe-XVe siècles) parlent de délits de pèlerins autrement plus “religieusement incorrects” que les attitudes de touristes au XXI!  

 

 

notre-dame de paris

  

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”Les Eglises doivent s'engager sur le climat”, proclame Nicolas Hulot (émissaire de François Hollande)

écologie,pape françois

Il constate l'aboulie des Etats et lance un appel aux religions. Bien... Mais comment peut-il dire que l'Eglise jusqu'ici n'a pas parlé du changement climatique ? Il devrait mieux s'informer :

 

 

Toute la page 5 du Monde ! Cette opération médiatique, vraisemblablement élyséenne, ne passe pas inaperçue mais soulève quelques questions.

Pour en venir à lancer cet appel aux religions (et en priorité à l'Eglise catholique), Hulot commence par dire du mal des gouvernements : ce qui ne cadre guère avec sa mission officielle [1]... ''Il n'est plus possible de nous en remettre aux seuls responsables politiques internationaux. J'ai rencontré plusieurs d'entre eux en 2013 et chacun, à sa manière, a mis en avant des arguments très ''pertinents'' pour ne pas agir tout de suite, mais plus tard. A ce compte-là, tous les ingrédients sont aujourd'hui réunis pour que la conférence de Paris de 2015, où doit être signé le premier accord mondial engageant tous les pays contre le réchauffement, soit un échec. Les conséquences en seraient désastreuses...''

Hulot se tourne donc vers les autorités religieuses : elles peuvent, dit-il, ''provoquer un sursaut de conscience face à la crise climatique actuelle''. Ce qu'il espère, c'est que ces autorités puissent ''rappeler à la raison'' les chefs d'Etat, qui tournent le dos aux problèmes d'environnement depuis la crise financière. Ce serait aussi, selon lui, l'occasion d'une''alliance entre ce que l'on peut appeler l'écologie scientifique humaine et la théologie en tant que réflexion métaphysique'', pour ''appréhender en profondeur la crise de civilisation que nous vivons''. C'est bien vu, bien exprimé, et je ne peux évidemment qu'approuver Hulot quand il imagine une venue du pape au Mont Saint-Michel, haut-lieu catholique qui est ''un trait d'union entre la mer, le ciel et la terre et qui incarne aussi un lien entre culture et nature.'' [2]

Mais je m'étonne que Hulot cathophile semble ne pas connaître l'action de l'Eglise catholique dans le domaine de l'écologie : et notamment du réchauffement climatique.

Je le cite : ''Il est fondamental que les Eglises, et l'Eglise catholique en particulier, clarifient la responsabilité de l'homme vis-à-vis de la 'Création', pour reprendre le langage des croyants. L'homme est-il là pour dominer la nature, comme l'affirment certains textes ? ''

Or cette histoire de ''domination'' n'est qu'une rengaine polémique, qui date du vieil article de Lynn White dans Science (1967) et repose sur un contresens. [3] 

Et les papes et les cardinaux depuis Jean-Paul II insistent avec force sur la responsabilité du modèle économique dans le saccage de la Création ! Dans son message du 1er janvier 1990, Jean-Paul II accuse ''le développement constant des industries, des concentrations urbaines et de la consommation d'énergie'' de ''nuire à l'atmosphère et à l'environnement'' : ''il en résulte, dit-il,  de multiples altérations météorologiques et atmosphériques dont les conséquences vont des atteintes à la santé à la possible submersion, dans l'avenir, des terres basses...''  Le 27 septembre 2008, le cardinal Martino, président d'un Conseil pontifical, consacre un long message au rôle du tourisme dans le réchauffement climatique. En 2009, pour le sommet de Copenhague, Benoît XVI évoque (le 26 août) ''la question urgente du réchauffement climatique'' ; le 7 décembre, la salle de presse du Vatican déclare que ''l'altération de l'atmosphère dépend en grande partie des comportements et décisions humains ''; à Copenhague lors de l'ouverture du sommet, le nonce de Benoît XVI réclame ''un accord contraignant'' et ''des mesures concrètes concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre''... Demande que Benoît XVI réitérera le 17 décembre, dans un discours à huit ambassadeurs, juste après le sabordage du sommet de Copenhague par une manoeuvre anglo-saoudienne. Le 20 décembre, le nonce de Benoît XVI à l'ONU déclarera ''urgent'' de ''transformer les systèmes mondiaux d'énergie, parce que les modalités actuelles causent de graves dommages à la santé humaine, au climat de la Terre et aux systèmes écologiques dont dépend toute vie ''.

En décembre 2010, le Vatican se fait installer 2400 panneaux solaires pour ne plus émettre de gaz à effet de serre. Le même mois paraît le livre d'entretiens de Benoît XVI, dans lequel le réchauffement climatique est à nouveau cité comme exemple de responsabilité humaine négligée par les dirigeants séculiers... En 2011, le P. Lombardi (salle de presse) fait savoir que le Saint-Siège adopte le rapport de l'Académie pontificale des sciences sur l'urgence de lutter contre le réchauffement climatique en réduisant les émissions de gaz :  ces conclusions, souligne-t-il, ''s'inscrivent dans le contexte des préoccupations liées au changement climatique, également pointées dans les récents documents du Magistère et par le Saint-Père.''  Etc !

Alors approuvons Hulot de se réjouir de l'engagement écologique du pape François [4], mais demandons-lui comment il peut écrire :''Après avoir étudié les textes religieux pour préparer ma visite au Vatican, j'ai réalisé que l'Eglise catholique n'évoquait pas le changement climatique... Il est donc important que l'Eglise précise clairement les choses.''

Quels ''textes religieux'' a-t-il ''étudiés'' ?

Ignore-t-il, en fait de textes, que l'action de l'Eglise dans ces domaines passe par les messages du pape et les discours officiels des nonces ?

Ou espère-t-il faire croire, à la prochaine initiative écologique de l'Eglise, que c'est lui – voire... Hollande – qui en a donné l'idée au pape ?

Parlant de la future encyclique de François sur l'écologie (2015), il déclare que c'est ''une avancée importante, surtout si la crise climatique est nommée en tant que telle''... Mais si François ''nomme la crise climatique'', ce sera la énième mention de cette crise (et de ses causes humaines) par le Magistère de l'Eglise.

Dans un encadré au bas de la page 5 du Monde, Stéphanie Le Bars mentionne tout de même plusieurs choses qui instruiront Hulot : notamment le passage écologique du discours de Paul VI à l'ONU en 1972, l'insistance écologique de Jean-Paul II et Benoît XVI, et l'engagement spectaculaire de leur successeur François dans ce domaine. (Mais ma consoeur fait une erreur à propos de la photo avec le t-shirt No al fracking : c'est le pape, et non ses invités argentins, qui tient ce vêtement militant ouvert devant lui, slogan bien en vue. Attitude révélatrice).

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[1] Hulot est ''envoyé spécial du président de la République pour la protection de la planète''. À ce titre, il a fait une visite exploratoire au Vatican avant l'audience papale de François Hollande.

[2] Sur ce symbolisme cosmique (donc écologique et chrétien), cf mon enquête Les romans du Mont Saint-Michel : ch. 1, Terre et mer, et ch. 2, Le roman de l'archange. (Le Rocher 2011). Le Mont ne symbolise pas '' l'identité française'', contrairement à ce que croient les ignares et les athées pieux !

[3] Incriminés à tort par White, les verbes hébreux du verset 28 de la Genèse ne disent pas ''dominer'' au sens de tyranniser mais de prendre en charge, et précisément de cultiver (''laavod''), matériellement et spirituellement, et de soigner (''lichmor'', qui implique la garde et la responsabilité).

[4] qui s'est fait photographier tenant à la main le t-shirt argentin de lutte contre le gaz de schiste...

 

 

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Pentecôte à Saint-Malo

Du festival Etonnants Voyageurs à l'appel de l'évêque de Rennes :

 

Je reviens de Saint-Malo où j'étais invité au festival Etonnants Voyageurs pour Les Romans du Mont Saint-Michel, qui est aussi un livre de voyages : le « voyage » de l'archange (de l'Asie Mineure à la Manche via l'Adriatique) ; les voyages de masse des pèlerins au Mont pendant tout le Moyen Âge, dont les mystérieuses vagues de milliers d'enfants au XVe siècle... Et aujourd'hui, trois millions de visiteurs par an, venus de toute la planète. Pourquoi ce rayonnement du Mont à travers les siècles, sur des voyageurs d'époques et de cultures absolument différentes ? C'est le sujet de mon enquête.

J'y pensais en présentant mon livre au public d'Etonnants Voyageurs. C'est un public de gens curieux de tout, et surtout curieux des autres cultures et des autres gens. Réfutation vivante de l'idée selon laquelle les identités (les cultures) seraient des « bulles » closes, sans communication réciproque  [1] ! Contraire à l'anthropologie, à l'histoire et à l'écologie humaine, cette idée d'enfermement narcissique, wir sind uns, renaît tous les cinquante ans : lors d'une « grande peur » liée à une crise économique... On sait où cela mène. Les identités sont une richesse de la condition humaine : mais l'idéologie identitaire est une captation de l'identité, donc un mal sous apparence de « bien »

L'idéologie identitaire est contraire au christianisme, et notamment à l'évangélisation au XXIe siècle.

Plusieurs des invités d'Etonnants Voyageurs se sont retrouvés à la cathédrale de Saint-Malo dimanche à 10 heures, pour la grand'messe de la Pentecôte : chorale superbe, entrée grégorienne, messe royale de du Mont, Veni sancte Spiritus, Veni Creator, Regina Caeli, prédication ciselée par un prêtre africain...

Et, distribué à tous, l'appel de Pentecôte de Mgr d'Ornellas, évêque de Rennes, Dol et Saint-Malo :

 

« Notre diocèse vit un contraste. D'un côté, des chrétiens s'engagent au service de l'Eglise pour que le Christ soit connu et aimé, et pour que les plus fragiles soient visités et soutenus avec amour. Des initiatives nouvelle naissent. L'année « Mission jeunes » et les deux rassemblements de collégiens à Saint-Malo, sont aussi un écho de ce dynamisme. Tout cela manifeste la présence de l'Esprit Saint, le maître de la mission et de la charité.

D'un autre côté, le vieillissement des pratiquants réguliers et le nombre sans cesse décroissant de jeunes demandant le sacrement de Confirmation, nous met face à une rupture radicale de transmission dans un contexte de grande mutation avec de nouveaux repères de vie. S'il y a un oubli grandissant de la foi chrétienne, il existe aussi une recherche de Dieu.

C'est pourquoi, dans la dynamique du « changer de regard », le diocèse s'achemine vers les « pôles eucharistiques » pour que l'Evangile soit annoncé en proximité et que la célébration de l'Eucharistie soit un ressourcement pour tous, en particulier pour les familles. Nous avons besoin de modifier nos habitudes pour redécouvrir combien il est beau de boire à la Source vivante de notre foi au Christ ressuscité. Nous avons besoin de nous renouveler dans la mission pour ouvrir les nouveaux chemins que les jeunes générations emprunteront avec joie.

C'est pourquoi je dédie la prochaine année pastorale à l'Esprit Saint, qui renouvelle toute chose. Il est vital que chaque communauté chrétienne se laisse conduire par l'Esprit Saint. Il est bon que nous renouvelions notre foi en l'Esprit Saint, que nous demandions sa lumière pour discerner les appels de Dieu et pour accomplir sa Parole : « vous serez mes témoins » (Actes, 1,8).

Le sacrement de la Confirmation est une source essentielle de la vie chrétienne avec l'Esprit Saint et du témoignage. C'est pourquoi un appel particulier sera lancé aux baptisés adultes pour que la Confirmation leur soit proposée s'ils ne l'ont pas encore reçue.

L'Année de l'Esprit Saint veut aider le diocèse pour l'année 2011-2012 et les années à venir :

à renouveler sa foi en l'Esprit Saint qui est à l'oeuvre,

à Le prier afin qu'Il nous éclaire pour aujourd'hui et l'avenir,

à redonner à la Confirmation toute sa place.


L'Année de l'Esprit Saint conduira à la prochaine Pentecôte, le dimanche 27 mai 2012, pour un rassemblement diocésain. Là, tout le diocèse exprimera joyeusement sa foi en l'Esprit Saint, et le sacrement de Confirmation sera célébré pour tous ceux qui le demandent. Je prie pour vous et pour chacune de vos familles : que viennent sur vous la paix et l'amour de l'Esprit Saint, Lui qui fortifie l'espérance et qui fait connaître de l'intérieur le Seigneur Jésus. Avec toute l'Eglise, demandons : « viens, Esprit Saint, illumine le coeur de tes fidèles... »



Entre l'appel de Mgr d'Ornellas et l'esprit du public d'Etonnants Voyageurs, il y a un point commun : pas de témoignage de foi chrétienne sans intérêt sincère envers le prochain, c'est-à-dire envers toute l'humanité (contrairement à l'idéologie identitaire). L'identité chrétienne implique de communiquer à tous le feu de l'Esprit Saint ; l'esprit d'Eglise est le contraire de l''esprit de clan.

 

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[1]  d'où l'hérésie, actuellement renaissante, qui confond "bien commun" et "intérêt de mon camp contre les autres". C'est pour cette idée que la pensée maurrassienne fut mise à l'index par Pie XI : c'était en 1926, ce qui ne nous rajeunit pas.

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13/06/2011 | Lien permanent

Le libéralisme veut brader les monuments historiques aux appétits commerciaux

"Les préfets de Sarkozy vont pouvoir vendre les cathédrales", s'inquiètent les Monuments historiques (et deux ou trois élus UMP - les autres étant ravis de cette extension du domaine du bizness) :

De Mediapart : http://www.mediapart.fr/club/blog/marie-lavin/261109/les-...

Les préfets de Sarkozy

vont pouvoir vendre les cathédrales

On peut à première lecture se dire que, si l’Etat cède son patrimoine aux collectivités territoriale il n’y a que moindre mal, sauf que, la loi étant muette, rien n’interdira aux dites collectivités de  pratiquer un nouveau transfert au profit d’une entreprise culturelle à visée commerciale ou même d’un particulier. 

Enfin il est essentiel de signaler que seul le préfet aura à se prononcer sur les cessions, le ministère de la Culture, pourtant concerné au premier chef,  n’ayant pas à être  consulté. Une partie de l’UMP s’en réjouit ouvertement et le rapporteur   spécial de la commission des finances du sénat, Yann Gaillard, a ces mots qui dévoilent la logique à l’œuvre : ce processus  « s'inscrit dans la droite ligne de la désétatisation du patrimoine monumental …préconisée dans [un] rapport de 2002 sur le patrimoine monumental. De fait, c'est à la société tout entière qu'il appartient de conserver et d'entretenir le patrimoine, l'Etat ne pouvant se prévaloir d'aucun monopole en la matière. »

Cette distinction entre Etat et société toute entière, signe tout simplement l’arrêt de mort de la politique patrimoniale nationale.

L’extrême gravité de cette décision explique la réaction inquiète de quelques députés de droite comme Nicolas Perruchot, rapporteur spécial de la commission des finances de l’Assemblée Nationale qui, ne voulant pas s’opposer à la logique libérale en action, propose  d’au moins « recenser, au sein d’une "liste négative" les éléments du patrimoine national non transférables ». Ainsi l’Arc de Triomphe, Versailles, les Invalides ou le Louvre (ce sont les exemples cités par Nicolas Perruchot) seraient déclarés non transférables, mais on pourrait très bien imaginer qu’un préfet accepte de se défaire de la cathédrale de Chartres, de la colonne Vendôme  ou du pont du Gard, voire du Mont Saint-Michel si cher au cœur de Nicolas Sarkozy. 

A l’heure où le président se gargarise de l’identité nationale, évoque le lien charnel des Français avec la terre et les morts, exige un musée consacré à l’Histoire nationale, on voit clairement que la logique libérale l’emporte, chez lui comme dans son parti, sur l’attachement de la nation à son patrimoine, qu’il fait fi de toute la tradition française dans ce domaine, et qu’en réalité son soi-disant attachement au passé ne constitue qu’un fonds de commerce électoral. >>

  

Liens :

http://www.latribunedelart.com/Patrimoine/Patrimoine_2009/Decentralisation_Monuments_550.htm

http://www.senat.fr/rap/l09-101-37/l09-101-37_mono.html#toc174

 http://www.assemblee-nationale.fr/13/budget/plf2010/b1967-tIII-a9.asp

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Le bétail nuit à M. Valls

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Normandie, ferme-usine des 1000 vaches... Bovins et porcins portent malheur à Manuel Valls, le Chef qui ne recule jamais :

 

 

Hier 20 juillet , M. Valls rejouait aux Français son personnage d'acier chromé : la République ne recule pas devant la rue, etc. D'abord c'est à moitié faux (elle recule quand les manifestations de rue sont montées par des industriels, cf les bonnets rouges) ; ensuite, c'est le genre de rodomontades sourcils froncés qui risquent d'être démenties très vite.

En l'espèce, il n'a pas fallu vingt-quatre heures.

Le lundi, M. Valls snobe les paysans qui demandaient à M. Le Foll de venir à Caen faire une table ronde entre éleveurs, industriels et grandes surfaces : ça ne marche pas comme ça, riposte (en gros) Valls, c'est vous qui viendrez à Paris, et pas demain mais plus tard, etc ; M. Le Foll reçoit de Matignon l'ordre de ne pas bouger. Qu'à cela ne tienne, répliquent les paysans : on bloquait déjà Caen et Lisieux, on va bloquer Evreux, Brest, Mayenne, Saint-Malo, le Mont Saint-Michel (en plein été estival), les autoroutes, le pont de Tancarville, le pont de Normandie...

Le mardi, on apprend que les éleveurs bloquent également Lascaux 2 en Dordogne et s'attaquent aux camions de Lactalis en Haute-Saône ! Toute la France va y passer. L'Elysée s'alarme alors – une fois de plus – des conséquences des rodomontades de M. Valls. M. Hollande annonce « un plan d'urgence ». Il enjoint à son Premier ministre d'annuler sa position de la veille et d'envoyer M. Le Foll à Caen. « Attendons de voir ce qu'il va proposer », ironise la Coordination rurale... M. Valls a donc mangé son chapeau.

Il risque de le manger aussi (et M. Le Foll avec lui) dans l'affaire de la ferme-usine des « 1000 vaches » à Drucat, dans la Somme. Alors que Matignon et le ministère de l'Agriculture écrasaient de leur mépris la Confédération paysanne et les associations protestataires, voilà que la préfecture avoue, contrôle fait, que cette ferme-usine contient un nombre d'animaux « très supérieur » (794 unités) au nombre maximum de 500 vaches qui avait été fixé par l'arrêté préfectoral de 2013. La ferme-usine devrait faire l'objet de sanctions administratives avec amendes et astreintes journalières.

Bien entendu les gérants des « 1000 vaches » crient à la dictature socialiste, à la persécution par le politiquement-correct et à l'étatisme qui tue la croissance ; sur un ton digne des sites libéraux les plus dogmatiques, il proclame que « l'agriculture française est en danger en raison de ses lourdeurs administratives, qui ont fait perdre à la France sa réactivité par rapport aux voisins ». (Chacun sait que la règle en agriculture est l'accélération « réactive » constante, comme dans les salles de marché...).

Mais les clameurs de la ferme-usine contre « l'étatisme » ne trompent personne, sachant la complaisance montrée par le gouvernement Valls envers les « 1000 vaches » - et sa dureté envers leurs opposants. M. Valls et M. Le Foll avaient annoncé, mâchoires serrées, qu'on allait voir ce qu'on allait voir et que les adversaires de la ferme-usine allaient morfler comme des zadistes ; l'arrêté préfectoral vient casser cette ambiance martiale. Peut-on imaginer que l'arrêté sera suivi d'exécution ? C'est à voir.

 

PS 1 - Les syndicats paysans veulent leur table ronde et faire rendre gorge à la grande distribution et aux intermédiaires (abattoirs, transformation) qui, selon eux, profitent seuls de l'augmentation de prix de la viande et du lait décidée récemment.

PS 2 - Je sais qu'il y a peu en commun entre les militants de la Confédération paysanne, avant-garde de la lutte contre l'agro-industrie, et les FDSEA normandes coiffées par Xavier "Sofiprotéol" Beulin. Mais cette note ne parle pas de la nature du modèle agricole : elle parle de la nature du Premier ministre.

 

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L'entretien du pape : [4] à propos de la laïcité

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Propos riche en perspectives :

 

La question  de la laïcité est embrouillée par la France officielle. On dit "laïcité" pour ne pas dire "refuge contre l'islamisme" : ce qui conduit à incriminer "toutes les religions", alors qu'une seule d'entre elles est le terrain exploité par les terroristes. Résultat : des tensions factices, envenimées par les médias et superposées aux problèmes de notre société.

D'où l'utilité d'un certain passage de l'entretien du pape à La Croix (voir nos trois précédentes notes) :

<< Un Etat doit être laïque. les Etats confessionnels finissent mal. Cela va contre l'histoire. Je crois qu'une laïcité accompagnée d'une solide loi garantissant la liberté religieuse offre un cadre pour aller de l'avant [...] On doit pouvoir professer sa foi non pas à côté mais au sein de la culture. La petite critique que j'adresserais à la France est d'exagérer la laïcité. Cela provient d'une manière de considérer la religion comme une sous-culture et non comme une culture à part entière. Je crains que cette approche, qui se comprend par l'héritage des Lumières, ne demeure encore. La France devrait faire un pas en avant à ce sujet pour accepter que l'ouverture à la transcendance soit un droit pour tous. >>

 

La pensée du pape (qualifiée de confuse par de "durs petits esprits" [1]) est claire, dense et riche en perspectives. Accusé par des énervés de "ne pas connaître la culture de notre vieux pays [2]", François la connaît au contraire - même si ses références (la spiritualité jésuite, Blondel, Maritain, Guitton, Lubac, Certeau) ne sont pas celles de la droite catholique française.

► Ce qu'il dit des Etats confessionnels est exact : notamment en France, où la politique religieuse Valois-Bourbons a dénaturé le monachisme [3], pollué les nominations épiscopales et fabriqué une somme de ressentiments envers l'Eglise qui a permis la déchristianisation totalitaire (mais efficace et durable) de 1792-1794.

"Une laïcité accompagnée d'une solide loi garantissant la liberté religieuse..." La définition papale est  sans ambiguité. Dire que François a tort d'utiliser le mot laïcité parce que celui-ci "a trop de sens possibles", c'est un mauvais procès, intenté par des gens dont l'arrière-pensée est indiscernable. Que voudraient-ils ? un Etat confessionnel ? et c'est au nom de ce songe creux qu'on critiquerait le pape ?

► D'autant que la charge de François contre le laïcisme officiel ne laisse place à aucune incertitude. Ce qu'il récuse (comme "laïcité exagérée" revendiquant "l'héritage des Lumières") consiste à nier le fait religieux, donc à prétendre imposer une certaine vision réductionniste de l'homme - avec tout ce qu'implique cette prétention : hier le totalitarisme de l'idéologie, aujourd'hui celui de la marchandise.

► François appelle la France à faire "un pas en avant". La suggestion est mal prise de ceux qui voudraient qu'elle fasse 224 pas en arrière (jusqu'à 1792), ou 228 pas en arrière (jusqu'à 1788). Il est temps de faire savoir aux Français que les rétrogrades ne représentent ni la laïcité,  ni le catholicisme.

 

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[1] disait Bernanos.

[2] Naguère Juppé disait de Benoît XVI : "ce pape commence à être un problème". Aujourd'hui les énervés de droite disent de François : "il y a un problème avec ce pape"  (hier sur Facebook).

[3] Sur les ravages de la "commende" royale dans les monastères, je me permets de conseiller - entre autres lectures - le chapitre 4 de mon livre Les romans du Mont Saint-Michel (Rocher 2011).

 

 

pape françois

 

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