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21/07/2015

Le bétail nuit à M. Valls

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Normandie, ferme-usine des 1000 vaches... Bovins et porcins portent malheur à Manuel Valls, le Chef qui ne recule jamais :


 

 

Hier 20 juillet , M. Valls rejouait aux Français son personnage d'acier chromé : la République ne recule pas devant la rue, etc. D'abord c'est à moitié faux (elle recule quand les manifestations de rue sont montées par des industriels, cf les bonnets rouges) ; ensuite, c'est le genre de rodomontades sourcils froncés qui risquent d'être démenties très vite.

En l'espèce, il n'a pas fallu vingt-quatre heures.

Le lundi, M. Valls snobe les paysans qui demandaient à M. Le Foll de venir à Caen faire une table ronde entre éleveurs, industriels et grandes surfaces : ça ne marche pas comme ça, riposte (en gros) Valls, c'est vous qui viendrez à Paris, et pas demain mais plus tard, etc ; M. Le Foll reçoit de Matignon l'ordre de ne pas bouger. Qu'à cela ne tienne, répliquent les paysans : on bloquait déjà Caen et Lisieux, on va bloquer Evreux, Brest, Mayenne, Saint-Malo, le Mont Saint-Michel (en plein été estival), les autoroutes, le pont de Tancarville, le pont de Normandie...

Le mardi, on apprend que les éleveurs bloquent également Lascaux 2 en Dordogne et s'attaquent aux camions de Lactalis en Haute-Saône ! Toute la France va y passer. L'Elysée s'alarme alors – une fois de plus – des conséquences des rodomontades de M. Valls. M. Hollande annonce « un plan d'urgence ». Il enjoint à son Premier ministre d'annuler sa position de la veille et d'envoyer M. Le Foll à Caen. « Attendons de voir ce qu'il va proposer », ironise la Coordination rurale... M. Valls a donc mangé son chapeau.

Il risque de le manger aussi (et M. Le Foll avec lui) dans l'affaire de la ferme-usine des « 1000 vaches » à Drucat, dans la Somme. Alors que Matignon et le ministère de l'Agriculture écrasaient de leur mépris la Confédération paysanne et les associations protestataires, voilà que la préfecture avoue, contrôle fait, que cette ferme-usine contient un nombre d'animaux « très supérieur » (794 unités) au nombre maximum de 500 vaches qui avait été fixé par l'arrêté préfectoral de 2013. La ferme-usine devrait faire l'objet de sanctions administratives avec amendes et astreintes journalières.

Bien entendu les gérants des « 1000 vaches » crient à la dictature socialiste, à la persécution par le politiquement-correct et à l'étatisme qui tue la croissance ; sur un ton digne des sites libéraux les plus dogmatiques, il proclame que « l'agriculture française est en danger en raison de ses lourdeurs administratives, qui ont fait perdre à la France sa réactivité par rapport aux voisins ». (Chacun sait que la règle en agriculture est l'accélération « réactive » constante, comme dans les salles de marché...).

Mais les clameurs de la ferme-usine contre « l'étatisme » ne trompent personne, sachant la complaisance montrée par le gouvernement Valls envers les « 1000 vaches » - et sa dureté envers leurs opposants. M. Valls et M. Le Foll avaient annoncé, mâchoires serrées, qu'on allait voir ce qu'on allait voir et que les adversaires de la ferme-usine allaient morfler comme des zadistes ; l'arrêté préfectoral vient casser cette ambiance martiale. Peut-on imaginer que l'arrêté sera suivi d'exécution ? C'est à voir.

 

PS 1 - Les syndicats paysans veulent leur table ronde et faire rendre gorge à la grande distribution et aux intermédiaires (abattoirs, transformation) qui, selon eux, profitent seuls de l'augmentation de prix de la viande et du lait décidée récemment.

PS 2 - Je sais qu'il y a peu en commun entre les militants de la Confédération paysanne, avant-garde de la lutte contre l'agro-industrie, et les FDSEA normandes coiffées par Xavier "Sofiprotéol" Beulin. Mais cette note ne parle pas de la nature du modèle agricole : elle parle de la nature du Premier ministre.

 

Commentaires

SONDAGE...

> Il y avait un sondage sur le site d'un journal: êtes-vous prêts à payer votre viande plus chère en achetant français (sous entendu pour que les agriculteurs aient plus)? On pouvait répondre oui ou non. Je n'ai pas répondu.
Si j'avais pu répondre j'aurais répondu quelque chose comme oui, je suis prêt à ce que les dirigeants de la grande distribution perdent un peu d'argent pour que la viande soit moins chère et que les agriculteurs gagnent plus.
Soyons sérieux, G. Mulliez première fortune professionnelle de France arrivera-t-il à dépenser ses 48,5 millards d'euros dans le peu d'années qu'il reste à vivre eu égard à son âge? C'est ça le vrai problème.
Ce journal devait être 'Le Figaro'. Tant qu'on prendra les gens pour des cons, le FN montera. C'est sûr.
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Écrit par : ND / | 21/07/2015

PAR RAPPORT AUX VOISINS

> "réactivité par rapport aux voisins »? Il y a une possible: la qualité: le bio, l'appellation d'origine...Ceux qui en font gagnent mieux leur vie que les fabricants de poulets de 8 semaines ou de lait en usine.
Mais aux yeux des agriculteurs formatés, ce sont des bricoleurs!
Il n'y a pas besoin d'avoir fait l'ENA pour comprendre que si on se bat sur le prix, on ne sera jamais compétitif avec l'Ukraine ou l'Argentine. Et pour le produit basique, si on ne rétablit pas un certain protectionnisme, c'est fichu.
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Écrit par : Pierre Huet / | 21/07/2015

S'ILS ÉTAIENT COHÉRENTS

> Voilà une situation qui , si notre gouvernement était intelligent et cohérent avec la Cop 21 , serait le moment de montrer qu'il existe une autre agriculture écologique , créatrice d'emplois , respectueuse de la santé des agriculteurs et des consommateurs , RENTABLE , produisant des fruits et légumes goûteux , et de créer un mouvement en donnant des aides à la conversion , en modifiant les circuits de distribution , en soutenant les créations au lieu de continuer à perfuser ce modèle moribond qui contribue pour 25% aux émissions de CO2 .
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Écrit par : Nathalie Larnicol / | 22/07/2015

@ Nathalie Larnicol

> Vous avez parfaitement raison, MAIS, en fait, même un gouvernement intelligent et cohérent (si, si, ça peut exister!) ne pourrait pas le faire sauf sur des actions marginales : ce serait des distorsion de concurrence interdite par les traités de Maastricht et Lisbonne. Et comme ce serait un sacrilège de traiter le mal par la chirurgie, ça va tourner très mal.
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Écrit par : Pierre Huet / | 22/07/2015

XAVIER BEULIN

> Une analyse pleine de bons sens ici : http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/07/22/31003-20150722ARTFIG00120-perico-legasse-la-grande-distribution-est-devenue-un-fleau-national.php
"la puissance financière de la grande distribution et sa collusion avec la classe politique conduisent au massacre économique et social que l'on constate quotidiennement"
"Sublime paradoxe, la patron de la FNSEA, premier syndicat agricole, Xavier Beulin, qui discute avec le ministre, est président de la multinationale Sofiprotéol, propriétaire de plusieurs marques agro-alimentaires, dont l'une des filiales à 100%, la société Farmor (Glon-Sanders), à Guingamp, importe des centaines de milliers de tonnes de poulets industriels brésiliens produits dans des conditions ignobles. D'une main j'envoie mes éleveurs de volailles faire des actions commando, d'une autre j'importe en masse ce qui les conduit à la ruine. Tout un symbole des aberrations de notre époque. Une question historique se pose alors, qu'est-ce que ce monsieur fait à la table des négociations? "
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Écrit par : isabelle / | 22/07/2015

LA GRANDE DISTRIBUTION

> Apparemment, je ne suis pas le seul à penser ce que j'ai écrit plus haut sur la grande distribution. Sur le site du 'Point' un sondage en ligne (ce qui vaut...) donne tout de même 82,7% de oui à la question: la grande distribution porte-t-elle une part de responsabilité dans la crise de l'agriculture française ? (9498 votants)
Et même dans 'Le Figaro', quand il font un effort pour faire autre chose que défendre les intérêts de leurs actionnaires et ceux de leurs amis, on trouve des choses pas inintéréssantes: http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/07/22/31003-20150722ARTFIG00120-perico-legasse-la-grande-distribution-est-devenue-un-fleau-national.php
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Écrit par : ND / | 22/07/2015

@ Pierre Huet

> Pouvez vous préciser votre réponse ? Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement français ne pourrait pas aider et subventionner une agriculture biologique destinée à un usage local et qui ne serait pas en concurrence avec les exportations de produits de basse qualité ?
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Écrit par : Nathalie Larnicol / | 24/07/2015

SIMPLE

> Nathalie, je crois que c'est très simple : celui qui mangerait de ces produits bio ne consommerait plus les produits de basse qualité. Cela ferait donc indirectement de la concurrence à ces produits.
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Écrit par : Bernadette / | 22/08/2015

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