11/12/2025
Marchés de Noël : France Info attaque et se ridiculise

Marché de Noël de Strasbourg, 2009
Les journalistes du service public semblent avoir une idéologie bizarre, mi-LFI, mi-"mondialisation heureuse" à la mode de 1990... C'est avéré dans le cas du présentateur de la vidéo du 10 décembre contre les marchés de Noël :
La balourdise de France Info met en difficulté Delphine Ernotte (photo). Entendue hier 10 décembre par la commission d'enquête parlementaire sur les pratiques financières et les parti-pris politiques du service public de l'audiovisuel, la PDG de France Télévisions a dû – entre autres – répondre au député Charles Alloncle qui lui demandait raison de l'agression de France Info contre les marchés de Noël. Ce même 10 décembre, en effet, la télé de "l'info juste" diffusait une vidéo intitulée "Les marchés de Noël, une tradition réhabilitée par les nazis". "Saviez-vous qu’il existe un lien entre les nazis et nos chers marchés de Noël ?", insinuait le présentateur avant de survoler l'histoire multiséculaire des marchés de Noël, pour aboutir à : "C’est dans les années 1930 que les marchés de Noël reviennent en force. Avec la dictature nazie, Noël devient une fête nationaliste ; les marchés de Noël permettent de promouvoir l’héritage allemand". France Info explique ensuite que "les marchés de Noël ont survécu à la chute du régime nazi" et se sont multipliés dans tous les pays, ce que la vidéo pousse à trouver alarmant. Et quand le présentateur conclut : "la France est le deuxième pays avec le plus de marchés de Noël", on devine qu'il veut nous mettre en garde. Le député Alloncle signale donc à Mme Ernotte que la vidéo de France Info crée des parallèles "choquants". J'en vois au moins deux.
1. Cette vidéo laisse entendre que les marchés de Noël d'aujourd'hui auraient une sorte d'hérédité nazie. C'est une absurdité de journaliste. Un minimum de connaissances historiques l'aurait évitée... Les marchés de Noël en Europe sont apparus au XIVe siècle (Bautzen), se sont répandus aux XVe-XVIe siècles (Dresde, Strasbourg). Au XIXe ils verdoyaient dans toute l'Europe centrale et germanophone. Au XXIe siècle ils attirent des millions de visiteurs. En France, le Christkindelsmärik ("marché de l'Enfant Christ" *) de Strasbourg est chaque année un événement populaire européen de grande envergure, et d'autres marchés de Noël ont lieu dans une quinzaine de villes alsaciennes. Mais il y en a dans toute la France : Bayonne, Bordeaux, Castres, Dijon, Rennes, Brest, Nantes, Reims, Sedan, Ajaccio, Montbéliard, Metz, Arras, Lille, Lyon, Saint-Etienne... Inutile de dire que tous ces marchés de Noël et leurs millions de visiteurs n'ont rien à voir avec ce qui s'est passé outre-Rhin dans la décennie post-1933. Que s'y est-il passé, d'ailleurs ? Lisez les travaux des historiens sur le IIIe Reich, notamment ceux de Johann Chapoutot (Gallimard) : brève mais se voulant totale, l'emprise de l'hitlérisme en Allemagne s'est exercée sur tous les aspects de la vie et en priorité sur les fêtes, vidées de leur sens et réorientées par le régime. Mais cela n'a duré que dix ans, alors que la tradition des marchés de Noël a sept cents ans. Dix ans sur sept cents : ces deux chiffres disent tout. L'histoire est profonde, même si le journaliste l'ignore comme la plupart de ses confrères.
2. Le journaliste de France Info a une autre idée en tête. Ce qui lui paraît typiquement nazi, c'est que les marchés de Noël allemands des années 1933-1939 visaient à "stimuler l’économie avec des produits made in Allemagne". Autrement dit : dans l'Hexagone aujourd'hui, n'y a-t-il pas nazi sous roche quand des officiels parlent de relancer le made in France ? C'est apparemment ce que pense le journaliste, qui doit en être resté au libéralement-correct des années 1990, quand BHL, pour tacler Georges Marchais et son "produisons français", clamait : "Produire français, c'est produire fasciste !" ** Le service public de l'audiovisuel serait donc partagé entre une fascination pour LFI et une nostalgie pour la mondialisation heureuse et les dividendes-de-la-paix ? Bizarre.
En tout cas Mme Ernotte n'était pas à l'aise sous les regards sévères de la commission parlementaire. Sauf les amis de Mélenchon et ceux de Sandrine Rousseau, les députés n'aiment pas que l'on piétine les intérêts commerciaux – or le chiffre d'affaires des marchés de Noël est considérable. Mme Ernotte a donc répondu sèchement, pour garder contenance, qu'elle "ne pouvait pas laisser dire que sur France Info il y a des choses complètement scandaleuses qui passent", et que d'ailleurs elle n'avait "pas vu le reportage dont vous parlez". Mais dans les heures qui ont suivi, les maires des villes concernées ont criblé de protestations la présidence du service public, et France Info a retiré le reportage en question. Peine perdue, le mal était fait : une tempête de critiques montait contre la chaîne publique. Sur les réseaux sociaux, la moitié des messages injuriaient les médias en général et France Info en particulier. L'autre moitié ironisait. Par exemple le message de Ségolène Royal : "Il a été privé de Noël quand il était petit, ce journaliste, et il n'arrive pas à s'en remettre ? Sinon, pourquoi tant de haine ?"
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* On peut trouver que l'idée de "marché" cohabite mal avec le nom du Christ. On peut aussi penser que la ville de Strasbourg, en gardant le nom chrétien multicentenaire (et oecuménique) de son marché de Noël, résiste au conformisme d'une époque qui est celle d'un nouveau Kulturkampf contre le christianisme.
** Oui, on a vécu ça...
Marché de Noël de Mulhouse.

19:11 Publié dans Médias | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : france info et france inter


Commentaires
A NOS FRAIS
> Delphine Ernotte était effectivemenbt mal à l'aise devant la Commission. On l'a questionnée sur l'adjoint d'Hidalgo à la mairie de Paris qui est en même temps un gros bonnet de France Télévisions, surpayé comme il; se doit avec l'argent des contribuables. Combien de temps ces abus vont-ils continuer à nos frais ?
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Écrit par : Sébastien Le Balp / | 11/12/2025
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