17/11/2025
Pour comprendre le "djihadisme d'atmosphère"

Un langage d'époque ?
D'où vient que des gens ne connaissant rien à l'islam aient l'idée de déguiser en djihadisme leurs bouffées de violence pathologique ? Tentons de comprendre cette étrangeté de notre époque :
Le dixième anniversaire des attentats islamistes du 13 novembre 2015 a donné lieu à des discours qui ont rendu hommage à la solidarité et à la "résilience" nationales. Exact et mérité.
Un autre point n’a été abordé que par certains des orateurs : l’évolution du terrorisme subi par la France. Hier il venait de grandes organisations structurées, Daech ou Al-Qaida. Aujourd’hui c’est autre chose : nous en sommes, dit-on, au “terrorisme d’atmosphère”. Un terrorisme devenu individuel, spontané, imprévisible. Et désormais contagieux – semble-t-il – hors des milieux islamistes... Quand un habitant de la paisible île d’Oléron, souffrant d’addictions et de problèmes psychiques, prend sa voiture pour essayer d’écraser les passants en criant “Allahou akbar” alors qu’il n’était pas islamiste trois mois auparavant, de quoi est-ce le symptôme ? D’une confusion des esprits, qui devient la marque de notre époque de crise généralisée.
Le djihadisme islamiste dépend d’une idéologie et d’une culture étrangères à la France. Mais le fait est là: pour un certain nombre de Français d’aujourd’hui, le djihadisme islamiste peut servir de mode d’expression à n’importe quelle colère, quelles que soient les causes réelles de celle-ci. Même de la part de quelqu’un qui ne connaît rien à l’islam.
Cette confusion mentale, atterrante, commence à se manifester. Pourquoi un phénomène aussi étrange peut-il apparaître ? Il y a plusieurs sortes de réponse, comme à tous les problèmes sociologiques. Voici l'une des réponses possibles : si une idéologie aussi hétérogène et rebutante que le djihadisme islamiste fait maintenant partie de l’air du temps en Europe, c’est que l’air du temps est fabriqué en Europe par la méga-machine de la communication de masse. Cette machine a deux canaux : les réseaux "sociaux" et les médias “d’information”. Les médias ont banalisé le djihadisme en le baptisant “radicalisation”, mot vide de sens qui estompe ce djihadisme en le réduisant à une forme (certes plus violente) de n’importe quel mécontentement. Dire d’un terroriste qu’il est simplement un “radicalisé”, c’est oublier qu’il s’agit d’islamisme. Et c’est vouloir nous faire croire que – de notre propre part – une violence de forme djihadiste peut être l’exutoire de n’importe quel malaise. Un exutoire accessible à n’importe qui... Ainsi s’explique l’affaire d’Oléron où l’on voit un marginal local, fils de marin-pêcheur, agir et parler subitement comme un fou d’Allah – attitude de crise qui n’a rien à voir avec sa personnalité intime mais lui est insufflée par l’air du temps. Comme tout le monde ce garçon regardait la télévision et les réseaux sociaux. Dans ce bain de désinformation, il a contracté le virus qui l’a amené un matin à déguiser en djihadisme une subite envie d’écraser des gens.
C’est cela, le “djihadisme d’atmosphère” : une atmosphère fabriquée par la méga-machine qui donne le ton à l’époque – et notamment à la classe politique – sur fond de désertification spirituelle, intellectuelle et morale de ce que nos chaînes d’info appellent “Europe occidentale”.
Comment remédier à cela ? Je me le demande.

19:57 Publié dans Idées, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : "djihadisme" en france


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