04/01/2012
Jeanne d'Arc ? comprenez-la, ou laissez-la en paix
Anniversaire d'un fait du XVe siècle
auquel les énervés du XXIe
ne comprennent rien...
En 1429, celle qui se désigne elle-même comme "la jeune fille" ("la Pucelle") et qu'on va plus tard appeler "Jeanne d'Arc", n'a qu'un objectif : faire sacrer le dauphin Charles, pour qu'il réunifie un royaume divisé par les haines de partis, par l'ambition bourguignonne, et par la présence d'un roi d'Angleterre-et-de-France intronisé légalement par le défunt Charles VI. La mission revendiquée par la Pucelle consiste donc à ouvrir la route de Reims. Après Reims, Jeanne décline, on l'abandonne et on la livre : c'est le procès ecclésiastique de Rouen – qui est, lui, un drame spirituel.
Le message politique de Jeanne (la marche vers le sacre) n'a pas d'écho dans la France de 2012. Le pays d'aujourd'hui n'est pas ravagé par la haine de partis : il est affaissé sur lui-même. Il ne se divise pas entre plusieurs conceptions antagonistes de l'avenir : il doute d'avoir un avenir. Il ne se partage pas entre convictions politiques : il n'a plus foi dans la politique.
Incongru est l'usage politique que l'on fait de Jeanne en 2012... Seuls des royalistes seraient logiques en se réclamant d'elle (mais à condition d'imaginer qu'un prince soit une éventualité politique aujourd'hui, chose hautement improbable). Les lepénistes, pour leur part, n'y ont aucun droit : leurs leitmotive n'ont rien à voir avec l'histoire de la Pucelle. Quant aux gesticulations de Sarkozy pour le 600e anniversaire1 de la naissance de Jeanne à Domrémy, elles relèvent de l'insignifiant – comme l'exhibition sarkozyenne au Mont Saint-Michel en 2007. Les fantasmes politiciens sont des anachronismes ; aucun anachronisme ne tient face à Jeanne, "la femme la mieux documentée2 de toute l'époque médiévale" (Colette Beaune)3.
Le message spirituel de Jeanne est, lui, de tous les temps : c'est l'imitation – consciente – de Jésus-Christ livré au bras séculier par les grands prêtres. Et c'est l'espérance eschatologique dans "les cieux nouveaux et la terre nouvelle"... On est très loin des slogans politiques.
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1. La date de la naissance de Jeanne est conjecturale. Jeanne déclare à ses juges avoir "dix-neuf ans environ".
2. Dans le jargon historien, "documentée" veut dire "connue par les documents".
3. Jeanne d'Arc, par Colette Beaune (Perrin 2004, 475 p.): le point des connaissances historiques, loin des images d'Epinal. Du même auteur, une démolition des livres d'imposteurs médiatiques : Jeanne d'Arc, vérités et légendes (Perrin 2007, 240 p.).
16:15 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (30) | Tags : jeanne d'arc
Commentaires
@ PP
> Jeanne d’Arc repose en paix, soyons en sûrs !
Au reste, elle est une héroïne nationale, célébrée tant par les républicains que par les royalistes.
Et une sainte, patronne secondaire de notre pays, aux côtés de sainte Thérèse de Lisieux.
Des messes seront dites ce samedi matin 7 janvier en sa mémoire.
Le petit peuple fidèle au magistère (à lire, ces extraits d’une catéchèse papale au sujet de Jeanne : http://www.zenit.org/article-26769?l=french ) pourra se rendre à Notre-Dame des Victoires (Paris 2e) : la messe du premier samedi du mois, en l’honneur du Cœur immaculé de Marie, y sera aussi dite en mémoire de sainte Jeanne d’Arc (11 heures).
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Écrit par : Denis / | 04/01/2012
ANACHRONISTES
> Le gag, c'est que des gens qui s'indignent contre "les anachronismes de l'historiquement correct" font eux-mêmes dans l'énorme anachronisme en utilisant Jeanne d'Arc contre les immigrants !!!
Et quand je dis anachronisme, le mot est au dessous de la réalité, il faudrait dire plutôt détournement.
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Écrit par : GSP / | 04/01/2012
LES NATIONS N'ONT PAS LES PROMESSES DE LA VIE ETERNELLE
> L'amalgame de Jeanne d'Arc avec le patriotisme, le royalisme, la xénophobie va bon train. J'ai entendu un journaliste "catholique" dans un média catholique nous parler d'un "souci de la France" qui aurait animé Jeanne d'Arc : la France comme personne abstraite qui traverserait les siècles. LA France, et non pas ces hommes et ces femmes de chair et de sang, subissant malgré eux une situation douloureuse, en un lieu et un temps donné.
Dieu aurait-il "souci" du "destin" de la France? bien sûr que non! Ce sont les hommes et pas les Etats-nations qui sont appelés à être enfants de Dieu. Le Christ a-t-il satisfait les aspirations indépendantistes d'Israël? et ce qu'il n'a pas accordé à Israël, le ferait-il pour un autre pays?
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 04/01/2012
@ Blaise J-L,
> d'accord sur votre 1er paragraphe, on y voit plus clair de cette manière.
Toujours reprendre dans le contexte historique, me disait un frère des Ecoles Chrétienne.
C'est la foi et le courage de Jeanne qui a valeur d'exemple pour notre temps présent.
Une certaine forme de piété populaire n'est pas mauvaise, bien au contraire, dans la mesure où elle ne dépasse pas des limites vers un nationalisme malsain teinté de statues, d'images ou de portraits,c'est à dire une autre idéologie pour tenter de prendre le pouvoir ou d'asservir.
Par contre, "Dieu aurait-il souci du destin de la France", je pense que oui,mais pas que de la France, de toutes les nations (ou peuples, ethnies), car l'individu n'est pas fait pour vivre seul(hors exceptions).
Israël au départ était bien un peuple,une nation,une communauté;
Jésus vient de là, du peuple juif avec son histoire,mais envoie son nouveau message aux individus,et en premier aux fils d'Israël.
Son nouveau message va droit au coeur,non pas uniquement pour soi-même,mais pour aller vers les autres coeurs ("tu aimera ton prochain comme toi-même", dans le sens de la traduction araméenne);je ne pense pas que nous soyons dans le sentimentalisme ça va bien au delà,c'est à la fois, sérieux,grave,engageant et suave.
C'est bien sûr "hors circuit" dans le contexte actuel.
Jeanne avait compris cette dimension mais dans son contexte,et c'est en grande partie pour cela qu'elle a été béatifiée et canonisée.
Sa virginité charnelle c'est un autre sujet,elle était comme cela à ce moment-là,son état de vie. Elle n'était pas parfaite,elle a fait des erreurs comme tout le monde qui trébuche et se relève, mais elle a su toujours garder l'objectif.
Sa mémoire est devenu collective.
Bien sincèrement
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Écrit par : Stéphan / | 04/01/2012
JEANNE
> Je recommande aussi particulièrement la biographie de Régine Pernoud : sérieuse et très agréable à lire à la fois.
Juste quelques remarques :
- "on va plus tard appeler "Jeanne d'Arc"" : je ne comprends pas: Jeanne d'Arc est seulement son vrai nom, celui qu'elle a reçu à la naissance, ou alors, j'ai mal compris...
- le procès de Jeanne d'Arc était malheureusement plus politique que spirituel : rempli d'irrégularités graves (viol du sacrement de la confession, prison séculière et non ecclésiastique, refus du recours de Jeanne au Saint Père, etc.), il n'est pas valide et a été bien sûr reconnu comme tel. Les hommes d'Eglise qui l'ont organisé était à la botte de l'Angleterre;
- enfin je rajouterai que l'un des autres messages de Jeanne d'Arc est de montrer que Dieu prend soin de nous, et que la Providence peut sauver les situations les plus désespérées de façon inattendue. Quel beau message d'espérance.
GT
[ De PP à GT :
- Le nom "d'Arc" n'était pas un patronyme mais le surnom du père, né près d'Arc-en-Barrois.
(De même que "Romée" n'était pas le patronyme de la mère, mais un surnom de pèlerine).
Jeanne elle-même ne s'est jamais désignée comme "d'Arc". Elle déclare au procès que son nom serait plutôt "Romée", puisque dans son pays "les filles s'appellent d'après leur mère". En fait, les petites villageoises de ce temps n'ont pas de patronyme, seulement un prénom. A Domrémy elle était "Jeannette". A la cour du roi, elle est "Jeanne". À partir de 1424 on l'appelle "la Pucelle" : c'est au moment où elle change d'habit et rend publique sa mission ; ce changement de nom correspond peut-être au nouveau nom lors d'une entrée en religion.
- Le procès de Rouen est un procès de religion, même si les juges sont partiaux et peu scrupuleux. Et Jeanne ne vit pas ce procès comme politique : elle le vit comme moral et spirituel. Les actes en font foi : voir les cinq tomes de Jules Quicherat, "Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d'Arc".
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Écrit par : Gilles Texier / | 05/01/2012
COMIQUES TROUPIERS
> Et bien sûr Civitas n'ayant aucun spectacle "christianophobe" à se mettre sous la dent en ce début d'année profite de l'occasion "Jeanne" pour organiser une nouvelle manifestation...
http://www.civitas-institut.com/content/view/747/1/
RC
[ De PP à RC - On n'est jamais déçu par les comiques troupiers. ]
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Écrit par : Culat Robert / | 05/01/2012
L'ARGENT
> Au moins une similitude entre ces deux moments de l'histoire: abandon de souveraineté par de honteux traités et ceci sous l'impulsion d'élites fascinées par le commerce et l'argent. (rappelons que l'ensemble construit autour de la Bourgogne avait pour dominante les riches Flandres)
@ Blaise Join-Lambert
> rassurez-vous, nos bons ennemis libéraux sont en train de vous débarrasser des nations. Savoir si le monde sera mieux évangélisé après, c'est une autre histoire.
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Écrit par : Pierre Huet / | 05/01/2012
une bonne lecture :
> Père Bernard Peyrous, "Connaître et aimer son pays - Une réflexion chrétienne sur les nations"
aux éditions de l'Emmanuel
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Écrit par : zorglub / | 05/01/2012
LES BIDONNAGES SUR JEANNE
> Ce que je sais c'est que le 600ème anniversaire de la naissance de Jeanne d'Arc va faire couler beaucoup d'encre avec une multitudes d'ouvrages qui vont faire le bonheur des libraires. Autant d'ouvrages de la plume de détracteurs que de partisans de Jeanne d'Arc.
Beaucoup de mystères existent autour de la personne de Jeanne d'Arc; elle serait en réalité un homme et le fils illégitime d'un roi car une femme ne pouvait pas prétendre à une telle position hiérarchique à son époque pour certains. De plus,elle n'aurait pas été exécuté et c'est une autre personne qui l'aurait été à sa place d'après ses détracteurs.Par la suite, elle aurait même fondé une famille...
ALB
[ De PP à ALB - Rien de tout ça ne tient debout une minute : ce sont des bidonnages de non-historiens, comme le démontre Colette Beaune dans son livre de réfutation - qui a eu beaucoup de succès. ]
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Écrit par : Arnaud Le Bour / | 05/01/2012
@ Pierre Huet
> Le problème, c'est l'instrumentalisation inacceptable de la providence divine à des fins de particularisme national. Le rôle de Jeanne d'Arc n'a pas été de "sauver" la France; d'assurer la permanence d'un royaume et son devenir. Beaucoup de cités, de royaumes, d'empires, et de nations se sont écroulés, qui auraient pu compter tout aussi bien que la France sur Dieu pour leur assurer leur éternité.
Jeanne d'Arc a fait oeuvre de paix. Tant pis si Charles VII y a vu l'occasion de renforcer son pouvoir et celui de sa dynastie.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 05/01/2012
PAS D'ACCORD
> "d'un roi d'Angleterre-et-de-France intronisé légalement par le défunt Charles VI"
Ça demande quelques précisions historiques si vous permettez:
Charles VI désigne Henry VI d'Angleterre comme son successeur, en effet
Était-ce légal ? Non.
- Au plan légal, le royaume n'était pas un Etat maffieu et ni le roi ni les grands ne disposaient du trône(contrairement à l'Angleterre où coups d'Etat et assassinats se succèdent jusqu'au 17e siècle**)
- Depuis 1316/17 : les juristes royaux ressortent une certaine loi salique : elle exclut les rois anglais de la succession ; personne ne l'ignorait lors de la désignation d'Henry VI par un roi fou. Au 14e siècle la Guerre de Cent Ans avait commencé pour des questions commerciales, pas dynastiques.
- En 1328 à la mort du dernier fils de Philippe le Bel, cette règle de succession est confirmée
- Les juristes de Charles V "mettent au propre" la règle de succession officielle
- jurisprudence confirmée en 1388
Soit la loi salique est une création : cela prouve d'abord que la France est un pays mûr, libre, où l'on est capable de décider par soi-même face à une situation inédite (seule les lois naturelles y sont intangibles) ;
Ensuite cela prouve qu'en France les affaires de l'Etat ne sont pas une affaire de famille : on prend le plus proche parent certes mais à condition qu'il soit français ***;si l'on a inventé une loi au lieu de trancher, c'est parce qu'à cette époque ce qui est ancien donne de l'autorité.
Quant à l'histoire de l'exclusion des femmes c'est un prétexte pr éviter un double royaume impossible à régir avec un roi ne connaissant pas la mentalité française et qu'on ne connaît pas
Soit la loi salique existait, comme elle permettait une succession avec un prince français elle paraissait raisonnable ; bref les rois d'Angleterre n'avaient donc aucun droit sur la France
La désignation d'Henry VI d'Angleterre était-elle légitime ? Non plus
- Depuis 1392, charles VI devenu fou, était incapable
- Le duc de Bourgogne avait été assassiné, son fils furieux accusait le fils de Charles VI et s'est vengé en appuyant le désignation de Henry VI d'Angleterre
-les Anglais vainqueurs imposaient leur volonté ; en Angleterre monter au trône par la force était en qq sorte le sport national
Cette désignation était illégale devant les hommes et fruit de la folie, de la force et de la vengeance, elle était illégitime devant la morale.
Quoi qu'il en soit la question a été tranchée en 1429 par le Tout-Puissant n'est-ce pas ? Quand Jeanne dit "Le roi des Cieux vous mande par moi que vous serez sacré et couronné à Reims", cela ne signifie pas que le sacre est un sacrement voulu par Dieu mais Dieu fait rétablir la justice en respectant les coutumes des hommes.
***Pour les rigolos qui croient qu'il n'y a pas de conscience française à cette époque, je les renvoie aux sources ou aux bouquins par exemple de Régine Pernoud.
Cette conscience est indiscutable mais n'a rien à voir avec l'esprit cocardier avec lequel nous la confondons aujourd'hui.
On se définissait selon sa province mais dès qu'on est face aux Anglais on se disait "français" ce qui signifiait alors sujet du "roi de France", ce qui était très prestigieux.
Il n'y avait pas d'individu alors, on se définissait selon le groupe, la loi, la foi.
Les armées de Jeanne d'Arc sont composées de Gascons, de Languedociens, d'Auvergnats etc plutôt dépaysés sur les champs de batailles de la Beauce.
Le boulevard Bonne Nouvelle à Montpellier ce n'est pas en l'honneur de l'Evangile mais c'est la bonne nouvelle de la libération d'Orléans
**Richard Cœur de Lion et Jean Sans Terre, Edouard III assassiné, Richard II (le prince noir) déposé par son cousin puis rétabli puis mort en captivité, Henry V en révolte contre Henry IV son père, Henry VI déposé par son cousin Edouard IV qui le fait étrangler , Richard III fait étrangler les orphelins de la tour de Londres (fils d'Edouard IV l'étrangleur d'Henry VI son cousin) vient Henry VIII qui fait exécuter deux de ses femmes, la reine Jeanne fille d'henry VII choisie car protestante déposée exécutée sur ordre de la reine Mary dite Mary la sanglante, Elizabeth Iere qui fait couper la tête de sa cousine Marie Stuart, Charles Ier décapité, république de Cromwell, jacques II chassé par la révolution ; à partir de là il n'y a plsu d'assassinat on est en 1688…
De 1189 à 1688, sept souverains d'Angleterre ont eu un règne non sanglant.
Z.
[ De PP à Z. - Sur le "patriotisme" français à l'époque, je vous conseille la lecture... des textes d'époque. Grosses et déplaisantes surprises. Notamment le 'Journal du bourgeois de Paris' ! Vous y constaterez que l'élite parisienne (le Bourgeois était chanoine de Notre-Dame) considérait le traité de Troyes comme valide et les Armagnacs comme une bande d'étrangers à bouter hors de Paris. Il est donc hors-contexte de croire que "...dès qu'on est face aux Anglais on se disait 'français' ce qui signifiait alors sujet du 'roi de France', ce qui était très prestigieux..." C'était vrai de certains. Mais pas des autres. Pour les nombreux nobles normands abulletés chez Bedford, notamment ceux qui sont un des piliers du siège d'Orléans, le roi de France c'est Henry VI. Pour les Bourguignons (nombreux aussi), il y a un roi de France, mais peu importe qui c'est, car la loyauté doit aller au grand Duc. Etc.
- Les troupes "anglaises" aussi étaient composées de Gascons, de Languedociens et d'Auvergnats.
- Jeanne ne vient pas faire du nationalisme. Elle vient faire sacrer le roi de France. Toute son action est par rapport à l'institution royale. Enlevez celle-ci et l'intervention de Jeanne ne peut pas avoir lieu. Tout est donc une question de contexte historique, rigoureusement intransposable en 2012 !
Il faut se nettoyer l'esprit des images d'Epinal héritées du XIXe siècle, spécialement en ce qui concerne une guerre de Cent Ans réinventée au prisme de la Revanche d'après 1870.
- Renvoyés aux sources, nous y trouvons confirmation de ce que l'on savait déjà : au premier tiers du XVe siècle, le "patriotisme français" est une notion naissante et réservée à des intellectuels (Chartier, le 'Quadrilogue invectif') ; ou, plus exactement, à ceux des intellectuels qui ne sont pas acquis au duc de Bourgogne comme tous ceux de la Sorbonne. Pour la villageoise Jeanne, les "Français" sont simplement les habitants de "la France", ce qui veut dire la région Paris-Poitou. La loyauté de Jeanne ne va pas à une région, elle va au roi. La "nation française" n'est qu'en gestation et va naître de la Couronne. Ne voyons pas les choses à l'envers, svp.
- Avez-vous lu Colette Beaune ('Naissance de la nation France', 'Jeanne d'Arc', etc) ? Indispensable pour se mettre à jour. ]
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Écrit par : zorglub / | 05/01/2012
JEANNE ET NOUS
> « Le message politique de Jeanne (la marche vers le sacre) n'a pas d'écho dans la France de 2012.» Cette phrase – avec tout le respect que je vous dois – fait pour moi problème. Je suis complètement « étrangère » à l’utilisation politique actuelle de Jeanne d’Arc en France. Je me moque éperdument des utilisations politiques, nationalistes de Jeanne d’Arc, du baptême de Clovis, etc. Mais quand même, j’aimerais vous rappeler que le judéo-christianisme est nécessairement et intrinsèquement HISTOIRE. Le Credo du judaïsme commence par « mon père était un araméen errant… » (Dt 26,5). Et toute l’histoire d’Israël, qui lui a permit de survivre pendant 2000 ans de persécutions, de pogroms, de tribulations inouïes (quel que soit le sens qu’un chrétien peut y attribuer – pour moi il y a un sens incroyable, absolument essentiel à la lecture de notre époque), est une histoire qui tient de deux choses exclusivement : l’Ecriture Sainte et l’histoire commune (donc la Tradition), même si elle est saupoudrée d’échecs (captivité de Babylone, diaspora, persécutions, Shoah, etc.) Les Psaumes, l’un après l’autre, racontent la libération du peuple de l’esclavage d’Egypte et l’épopée des hauts faits de Dieu dans son histoire. Toute est HISTOIRE dans la foi d’Israël. Dans le Nouveau Testament nous avons de nouveau de l’Histoire : celle de Jésus Christ (dans les Evangiles), celle de l’Eglise naissante dans les Actes des Apôtres. Une réflexion que je me suis faite en regardant les manuels des enfants et des jeunes est que les jeunes générations sont en train d’être privées de l’histoire du pays auxquelles elles appartiennent par une « nouvelle histoire » qui tient du marxisme : il n’y a que techniques et technologies, innovations économiques, mouvements de classe, courants collectifs. Il n’y a plus de héros, de figures auxquelles les jeunes peuvent s’identifier : or il faut s’identifier à quelqu’un pour grandir ! J’ai connu des esprits supérieurs, des personnes profondément cultes et indépendantes d’esprit, qui lisaient tout le temps… une biographie d’Alexandre le Grand de Macédoine, ou de Napoléon Bonaparte, ou de… n’importe, c’était toujours le personnage qui les fascinait, qui racontait en Histoire une aventure intérieure qui ne leur était pas indifférente. Personnellement le personnage d’Antigone m’habite, me suit, « me dit » en quelque sorte. Et devoir y renoncer me tuerait encore plus que de mourir emmurée. En étudiant la Révolution Française, Alexis de Tocqueville y a identifié un mouvement centralisateur et étatique de fond, qui s’est fortifié sous l’Empire napoléonien et, depuis bien plus encore, au XXe siècle avec tous les fascismes, avec le marxisme-léninisme soviétique, chinois, cambodgjen… Un mouvement centralisateur et étatique qui continue de s’amplifier de nos jours avec la globalisation de la planète et la crise économique, la conséquente disparition des classes moyennes – berceau et garant de la démocratie politique –, et tout ce à quoi on va encore assister… Ce mouvement centralisateur et étatique, qui ruine (selon Tocqueville... dès le Roi Soleil !) tous les droits régionaux, professionnels, de classe, nationaux implique – nécessairement implique – la disparition de l’HISTOIRE, des traditions des régions et des nations, des identités culturelles, des héros qui exprimaient l’affirmation de ces identités : que ce soit la Pucelle ou le roi David, emblème lui-même du Messie attendu. EN VOULANT PRÉSERVER LA GAUCHE ET LA FOI, NOUS SOMMES EN TRAIN DE LES FAIRE DISPARAITRE. Les peuples – comme dans le judaïsme – peuvent survivre sans un territoire, sans unité politique, sans monnaie, sans police, sans pouvoir. Ils ne peuvent pas survivre sans religion et sans histoire. La superstructure marxiste est en effet de l’infra-structure humaine, absolument essentielle à nos agissements, à notre auto-compréhension ! Nous sommes en train, avec une bonne conscience typique du catholicisme, de nous priver des assises de notre identité, de notre foi, de notre raison d’être, de nos traditions vénérables, de notre amour de nous-mêmes et de notre histoire. Et rien ne se substitue à ces choses inestimables. Je vous rappelle que le Vatican II, dans sa constitution Dei Verbum, considère comme Révélation divine la Tradition au même titre que l’Ecriture elle-même. Cela exprime quand même une conscience aigue que, au-delà de la seule parole, il y a un ciment consuétudinaire qui a une valeur insigne. Donc : si l’histoire de la France a un sens – car elle n’a pas commencé avec les Lumières et la Révolution Française, comme on s’efforce aujourd’hui de le faire croire –, et bien : cette France-là a besoin de son héroïne médiévale, celle qui a ouvert « la route de Reims », c’est-à-dire, l’indépendance possible à cette époque-là : Jeanne d’Arc. Et tant pis si la droite nationaliste se revendique d’elle. Il ne faut pas dire que les français d’aujourd’hui n’ont rien à apprendre de la Pucelle. La Pucelle – un peu mieux qu’Antigone – a « vécu » un drame politique, guerrier et en effet spirituel qui ne nous est pas tout à fait étranger et qui a ému, il n’y a pas très longtemps, Paul Claudel, Arthur Honnegger, Otto Preminger, Schiller, Bernard Shaw, Jean Anouilh, Bertold Brecht… Ce n’étaient pas, que je sache, des gens d’extrême droite ! La Pucelle est un honneur de l’Eglise puisqu’elle est canonisée, elle est une vierge et femme-martyre au nom d’une conception qui ne nous est pas, au moins, tout à fait étrangère (la France elle-même, avec ou sans roi, « route de Reims » ou pas) et elle est une figure maîtresse de la naissance des états-nations à la fin du Moyen Age chrétien. Vouloir l’oublier parce que les nains de notre époque ridiculement stupide et fascisante quoiqu’on en fasse (parce que massifiante…) s’en emparent, est de l’ordre du suicide culturel, religieux et même politique. Peut-on laisser à des formations d’extrême-droite le souci de la survivance de la France et du maintien de son histoire ? Tout comme il y a un « sensus fidei » dans le peuple des baptisés, il y a un sens historique dans les peuples, si toutefois il y a encore des peuples et pas seulement des « masses solitaires », amorphes, manipulables. Mais quelle présence aura dans ces masses-là la foi du Christ qui, par définition – et par le très, très noble héritage judéo-chrétien –, est capable de créer communauté et de la maintenir vivante ? Les latins disaient que la voix du peuple est la voix de Dieu. Comment peut-on croire qu’on est trop intelligent et trop moderne pour négliger des choses qui sont de l’ordre de l’identitaire et dont tout un chacun a absolument besoin pour survivre, surtout à notre époque où toutes les certitudes s’écroulent ? Je m’excuse de le dire si vertement, mais d’après mon expérience avec les jeunes, ceux-ci, empêchés par notre « propagande intelligente » anti-historique et par l’enseignement même qu’ils reçoivent de s’identifier à des personnages convenables de notre histoire, de notre culture, de notre tradition spirituelle commune, vont s’identifier au premier policier ou criminel stupide d’une série américaine à la télévision, comble de violence. Et est-ce que les adultes s’en sortent mieux ? Pouvons-nous et devons-nous vraiment jeter l'Histoire par la fenêtre ?
ASV
[ De PP à ASV - Il ne s'agit pas de savoir si on "va jeter l'histoire par la fenêtre". Ce n'est pas du tout le problème pour des chrétiens en 2012 ! Il s'agit de savoir si nous nous mettons, oui ou non, en situation d'évangéliser le chaos de foules mondiales que va être le XXIe siècle...
Dans cette tâche la transmission ("traditio") plurimillénaire de la foi est impliquée, évidemment. Mais pas tous les événements de l'histoire.
J'ai la plus grande affection pour Jeanne et je crois pouvoir dire que je la connais, mais je ne crois pas que sa trajectoire politique (sacrer le roi à Reims) puisse nous servir à quoi que ce soit dans la nouvelle évangélisation.
Sa trajectoire spirituelle, en revanche, est une leçon permanente. Comme toutes les trajectoires spirituelles. ]
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Écrit par : Anne de Saint-Victor / | 06/01/2012
LE RÔLE DES FEMMES
> Jeanne d'Arc a redonné au futur Charles VII le sens de sa mission, tout comme Catherine de Sienne, quelques décennies auparavant, avait interpellé fermement le pape d'Avignon, précipitant son retour à Rome. Deux grandes institutions ont été ainsi remises sur leurs justes fondements par ces femmes mystiques.
BH
[ De PP à BH - Et l'on peut ajouter auparavant Hildegarde de Bingen, qui écrvait au Saint-Père :
"tu dors, réveille-toi". Ensuite on l'a canonisée. ]
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Écrit par : B.H. / | 06/01/2012
BALLON
> "Il faut se nettoyer l'esprit des images d'Epinal héritées du XIXe siècle, spécialement en ce qui concerne une guerre de Cent Ans réinventée au prisme de la Revanche d'après 1870". Exemple : l'invraisemblable statue équestre de Jeanne d'Arc érigée au sommet du Ballon d'Alsace dans les Vosges, face à... l'Allemagne. Exemple-type du détournement de symbole par décontextualisation d'un personnage historique.
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Écrit par : Martin Ladvenu / | 06/01/2012
C'EST SA SAINTETE
> L’universalité et la permanence de Jeanne d’Arc, c’est sa sainteté. Lisons, relisons les actes de son procès, où cette sainteté éclate. A cet égard, il était émouvant de constater ce matin sur RND combien sainte Jeanne d’Arc touche le Russe Loupan et le Suédois Lindell (Plunkett n’était pas là, dommage, la confrontation m’aurait plu).
Quant au nationalisme présumé de Jeanne, la question est anachronique. Mais je soutiens l’ami Zorglub sur l’existence d’une « conscience française » à cette époque. Sauf à considérer évidemment que l’expression « roi de France » ne recouvrait alors aucun contenu…
D.
[ De PP à D. :
- Le contenu qu'elle recouvrait aux XIVe-XVe siècles ("bon roi, amende le pays !") n'avait pas grand-chose à voir avec ce qu'on imagine aujourd'hui. Il faut lire les textes d'époque.
- RND : je ne suis pas là le vendredi quand j'anime l'émission du mardi, ce qui était le cas cette semaine. ]
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Écrit par : Denis / | 06/01/2012
Chère Anne de Saint Victor:
> regardez les nouveaux programmes du collège, ils sont remplis de personnages que l'on doit étudier en tant que tels (ceci dit, ces nouveaux programmes sont très critiquables sur d'autres aspects). Et Jeanne y est présente en 5e.
Mais s’identifier à des personnages historiques? A mon sens, c'est enfermer ces jeunes dans des visions limitées à une époque précise du passé et donc stérilisantes pour le présent. Pour comprendre une vie, il faut déjà une belle culture. A moins de ne présenter qu'un vision raccourcie et donc fausse de la personne. Mais montrer aux jeunes que l'Histoire est faite par des hommes et des femmes autant que par les conditions socio-économiques, culturelles et spirituelles de leur époque est très important. "in medio stat virtus". Marx à apporté à la réflexion historique, mais il n'est pas la panacée, sinon pourquoi continuer de faire de l'Histoire?
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"la survivance de la France"? Laquelle? Celle de 496? De 987? De 1453? De 1661? A chaque fois vous avez une conception différente. La France de 2012 est un agrégat de populations déracinées par la mondialisation et d'une population indigène moribonde (voyez sa natalité) et vieillissante dont la culture est anéanti par la sus-dite mondialisation et par son suicide démographique. Non, je ne me battrais pas pour faire ressusciter un cadavre. Par contre, mon défi (notre?) est d'évangéliser. Messire dieu premier servi disait-elle. Et là est l'enjeu pour les populations qui vivent sur ce territoire qui s'appelle encore (pour combien de temps?) la France. L'avenir est à Dieu, pas aux fantômes, aussi glorieux soient-ils, de notre passé.
Pouvez-vous m'expliquer votre notion de "superstructure marxiste"?
Écrit par : Vf / | 06/01/2012
@ Martin Ladvenu
Le pire est l'ignoble et ridicule récupération de Goebbels : une affiche de Jeanne d'Arc sur fond de bombardiers anglais.
@ Denis
La "France" n'existe pas par elle-même.
Je ne crois pas que Dieu ait voulu la France.
Elle s'est faite. L'homme est libre.
Que les hommes s'organisent pour mieux vivre ensemble est évidemment agréable à Dieu qd il y a une volonté de bien faire, assez évidente malgré toutes les imperfections, les tatonnements, naïvetés, ds le fond de l'institution monarchique française qd elle ne songeait pas à sa propre gloriole, qd on en était encore au stade du service et non de la quasi adoration.
Cette institution était loin d'être parfaite puisque construction humaine et en plus elle était ce qu'on en faisait. Ce n'était pas un gri-gri. Mais il y a ds son fondement, une volonté de bien faire.
La "France" n'existe pas par elle-même, elle est l'union de personnes. Il y a aujourd'hui un héritage culturel à reprendre (pacifiquement) pour unir. Dans toute culture il y de la beauté qui est une partie du visage de Dieu.
La beauté élève l'âme et le remplacement de la recherche du Beau par la recherche de l'original ds le domaine artistique, voire la négation du Beau au profit du relativisme autant que le refus de considérer comme beau ce qui est inhabituel, sont des catastrophes pour l'humanité.
La France, notre conscience nationale sont ce qu'on en fait.
Les rois en ont fait une qui aurait pu être une autre.
La 3e république ne voulait pas qu'on dise que les rois l'avait créée /en avait créé une.
La république a créé des "mythes" : la nation française pré-existante sur laquelle se plaque un roi, en se débarrassant du roi, la nation française devient elle-même en se dotant d'une république, cette république étant vue comme l'incarnation de la France.
Voyez le nombre de fois où le mot "la république" est utilisé en lieu et place de "la France"
En fait la république commet la même faute que les idolâtres de la monarchie avec leurs histoires de colombe apportant l'huile sainte à st Rémi, avec leurs Capétiens descendants de David, leur monarchie française voulue de toute éternité par Dieu, la France nouvel Israël, etc
Et nous ? Eh bien on nous fait hériter de tout cela. Mais les déterminismes de la nation de la monarchie de la république n'existent pas
Une nation c'est un peu comme un couple. Il se forme, il y des liens qui se créent plus ou moins consciemment au départ, on a des choses en commun et vient un moment où l'on s'engage.
Dieu ne va pas chercher les mariés pr les amener devant l'autel mais que des personnes construisent ensemble lui est agréable. Le couple est libre de sanctifier son union, de faire appel à Dieu ou non. S'il le fait, Dieu prend cela au sérieux. Un peuple qui prie, Dieu l'écoute. Mais comme un couple, s'il fait tout pour se désagréger, Dieu n'agissant qu'à travers nous, il se désagrégera. Un mariage, une prière ne sont pas des gri-gris.
Seule l'Eglise a les promesses de l'éternité parce que ce qui compte c'est l'Evangile. La France n'est pas indispensable au salut du monde.
Mais je regrette et ne me résouds pas à ce qu'elle (c-à-d l'ensemble des Français) n'y joue pas un rôle, selon sa personnalité, aux côtés d'autres peuples. Pas par esprit tribal mais parce que balayant d'abord devant ma porte, j'aime tout le monde à commencer par moi et mon voisin. J'aime l'humanité et mon voisin et moi en faisons partie.
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Écrit par : zorglub / | 06/01/2012
LES PASSIONS
> Le débat sur la nation, nous l'avions déjà eu... Même Zorglub avait dû reconnaître l'apparition très récente de la conscience nationale (=2e moitié du XVIIIe siècle).
Et voilà que nous y retombons! Du coup, l'image de Jeanne d'Arc ne nous parvient que dénaturée. L'héroïne éclipse la sainte. Un peu d'histoire aurait dû suffire à remettre les choses au clair. Mais les passions nationalistes ne sont pas favorables à l'histoire.
Personnellement, autant j'aime la Jeanne d'Arc réelle; autant la Jeanne d'Arc fictive, celle des nationalistes, m'est odieuse.
Un bon antidote contre ces délires : le peuple juif est le seul peuple élu. Il n'y en a pas d'autre.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 06/01/2012
BIENVENUE
> Tout d'abord chère Anne de Saint-Victor, puisque vous êtes nouvelle sur ce blog, bienvenue ! Vos références tocqueviliennes, plus encore votre attachement au personnage d'Antigone, font écho avec mon propre cheminement.
Pour ce qui est du sujet, l'utilisation du symbole "Jeanne d'Arc", j'aimerais que nos politiques cessent de se la disputer pour la brandir haut et fort,(heureusement que nous n'en avons pas de reliques: ils se les arracheraient:-)!) mais, puisqu'ils s'en revendiquent,qu'ils cherchent à l'écouter dans le secret de leur conscience, que la jeune fille de Domrémy se fasse leur voix intérieure!
Ce n'est pas dans le brouhaha cacophonique des campagnes électorales qu'ils peuvent recevoir leur mission, mais bien dans le silence bucolique de la petite bergère de France en prière.
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Écrit par : Anne Josnin / | 06/01/2012
PAS BERGÈRE
> Juste un mot pour rappeler que Jeanne n'était pas bergère ! Cette occupation lui a été "prêtée" par la propagande armagnacque pour cadrer avec la rumeur prophétique d'une bergère qui sauverait le royaume. (Cf travaux des historiens). Il est sûr que Jeanne a contribué à sauver le royaume, mais son statut familial rural était un peu plus élevé.
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Écrit par : Martin Ladvenu / | 06/01/2012
> Qu'est-ce qui vous fait dire qu'elle n'était pas bergère ?
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Écrit par : catherine / | 06/01/2012
> Devant ses juges Jeanne répond qu'elle n'était pas habituellement bergère quand elle était à Domrémy, et que c'est dans le jardin de son père, non aux champs avec des animaux, que ses voix la visitaient. Mais en 1429 Alain Chartier et Christine de Pisan l'ont décrétée "bergerette" parce que c'est un symbole de simplicité, et que cela cadre avec l'imaginaire pastoral politico-eschatologique en vogue à partir de Charles VI. Quant aux Anglais ils appellent Jeanne"vachère", synonyme de "femme sans moeurs". Cette imagerie s'estompe ensuite, puis ressurgit avec les victoires de Charles VII, en même temps que la propagande royale sur le thème du "roi bon berger". Le 'Mystère du siège d'Orléans', écrit après 1435, refait de Jeanne une bergère et invente qu'elle est née le jour de l'Epiphanie.
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Écrit par : Martin Ladvenu | 06/01/2012
@ Zorglub
> Savez-vous quand j’ai rencontré, tout dernièrement encore, « la France » ? En lisant les actes d’un colloque à Rome que j’ai déjà évoqué ici : « Prêtres et laïcs dans la mission ». Ce qui m’a frappé : la fluidité des exposés, la clarté de leur construction, des raisonnements et argumentations, lorsque ces exposés étaient faits par des Français. Et le léger fouillis des autres communications, cependant très intéressantes, délivrées par les participants originaires d’autres pays. Mon épouse, qui connaît l’université mieux que moi (elle y a passé plus de temps) ne s’en étonne guère. Mes enfants itou, qui ont côtoyé saint Thomas d’Aquin ou saint Bonaventure, entre autres philosophes (de l’université de Paris). Pour moi, béotien d’entre les béotiens (et – dans le meilleur des cas – « lou ravi » de la crèche), c’est presque un sujet d’extase ! D’où ma question : pourquoi le Christ aime-t-il – à défaut des « Francs » – la geste qui s’en est suivie, à la suite de sainte Geneviève – jusqu’à désigner le roi de France comme le « fils ainé de [son] Sacré-Cœur » [son message à sainte Marguerite-Marie) ? Serait-ce à cause d’une lumière particulière [« thèse, antithèse, synthèse » comme expression du Père, du Fils et du Saint-Esprit ? :) ], qui traverserait la pensée (l’esprit, l’âme ?) française de Grégoire de Tours à… Jean-Louis Chrétien (par exemple) ?
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Écrit par : Denis / | 06/01/2012
@ Blaise Join-Lambert
Il me revient que dans son "Blanche de Castille", Régine Pernoud mentionne un authentique enthousiasme populaire après les victoires de La Rochelle et Bouvines contre la coalition de l'Angleterre, de la Flandre et de l'Empire Romain-Germanique, dans au moins une partie de la France d'alors. La coalition visait à un partage du royaume de France.
Le sentiment d'appartenance au royaume de France était réel.
Sinon, qu'importait un roi ou un autre ?
PH
[ De PP à PH - Oui : l'appartenance au royaume, pas le nationalisme d'une nation qui n'existait pas encore ! La genèse de la nation française, c'est la résistance des Capétiens à l'Empire par instinct dynastique. D'où un processus historique dont il faut mesurer la lenteur et la progressivité. Ne mettons pas la charrue avant les boeufs. Laissons aux idéologues républicains du XIXe (et à leurs épigones les ethnistes d'aujourd'hui) le mythe d'un "peuple français" préexistant. L'histoire ne peut pas s'encombrer de légendes. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Pierre Huet / | 07/01/2012
@ Pierre Huet
> Qu'importait un roi ou un autre? bien sûr! Mais ne confondons pas le sentiment d'appartenance à une nation avec l'attachement des sujets à la dynastie capétienne.
Le prestige des capétiens, les liens de fidélité sur lesquels ils pouvaient compter auprès des seigneurs féodaux, ont été bien plus précoces et marqués qu'en Angleterre.
N’oublions pas ces éléments fondamentaux :
« […] A défaut d’asseoir sa force et son pouvoir sur sa puissance physique, il [Hugues Capet] s’impose face aux grands par le couronnement, l’onction et le caractère sacré de son état qui le placent au-dessus de la condition normale (jusqu’à Philippe-Auguste (1180-1223), les fils aînés sont couronnés du vivant de leur père). La fonction royale se rapproche ainsi davantage de celle du prêtre. Cette dimension religieuse est d’ailleurs renforcée par des pratiques comme le toucher des écrouelles, attesté dès Robert le Pieux (997-1031). » (Bruno Bioul, in "Dossiers d’Archéologie", N°219, décembre-janvier 1996, p. 4).
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 07/01/2012
"ICÔNE REPUBLICAINE"
> Les dépêches nous apprennent que "l'avocat Gilbert Collard, président du comité de soutien de la candidate du FN, a souligné que Jeanne d'Arc, 'célébrée par Michelet, par Péguy et par de Gaulle', était 'une icône républicaine'." !!!!
Si être républicain consiste à faire sacrer le roi à Reims, je voudrais qu'on m'explique.
Non, cette idée de Jeanne d'Arc en incarnation du Peuple National, c'est le fruit de l'idéologie très suspecte élaborée au XIXe pour remplacer le loyalisme envers la couronne. On sait à quoi mène le culte du Sang et du Sol.
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Écrit par : martin ladvenu / | 07/01/2012
@ martin ladvenu
> Un frontiste qui cite le nom de De Gaulle, évoque la mémoire des socialistes Péguy et Michelet !
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Écrit par : Blaise Join-Lambert | 07/01/2012
JEANNE EST POUR TOUS
> Quelle extraordinaire vitalité et universalité dans la figure de Jeanne. Que tant de diversité se dispute son héritage est une chose remarquable et émouvante : Jeanne est pour tous.
Une « icône républicaine » ? Audacieux effet de manche, en effet, mais après tout… Jeanne est pour tous : pour les républicains, femme du peuple qui se saisit d’autorité d’un pouvoir, femme de rien bien plus vertueuse que les élites aristocratiques ; pour les monarchistes, femme attachée à la fonction royale qui rétablit la légitimité, de bon droit divin ; pour les féministes, femme garçonne en pantalon qui dirige des hommes ; pour les anarchistes, femme qui défie les pouvoirs et les autorités ; pour les socialistes, combattante populaire pour la justice ; pour les pacifistes, femme douce que révulse l’idée de faire couler le sang ; pour les révolutionnaires, icône de la liberté en armes guidant le peuple ; pour les nationalistes, symbole de la prise de conscience nationale face à une domination étrangère ; pour les patriotes, martyre de la résistance de son temps ; pour les puritains, pucelle aux mœurs impeccables au milieu de "soudards" ; pour les "laïcards" et les impies, laïque broyée par l’arbitraire clérical ; pour les militaires, chef de guerre intrépide qui ne recule pas devant le danger ; pour les politiques, témoin et acteur des grandes affaires de son temps, pour le bien commun et contre les intérêts partisans ; pour les catholiques – Français ou non -, Jeanne figure spirituelle, sainte canonisée, modèle de l’engagement laïc avec ses propres opinions.
Quelle belle dispute, donc, que celle des héritiers de Jeanne ! Chacun revendique sa part d’héritage et ce n’est que justice ; chacun la comprend à sa manière, selon sa culture, son histoire, ses opinions ou encore selon son tempérament. Le premier, rhéteur, admire sa verve face à Cauchon ; le second, joli cœur, en est amoureux au point de rêver la mettre dans son lit (Voulzy) ; le troisième, poète et lyrique, s’accroche aux détails de la légende ; le quatrième, rigoureux, garde jalousement la vérité factuelle ; le cinquième, habile, démontre que Jeanne est d’accord avec lui quand le sixième, malin qui ne veut s’en laisser conter, montre que bien au contraire c’est avec lui que Jeanne est d’accord ; le septième, mystique, est au ciel.
Tout cela est beau : Jeanne est pour tous, belle, saisissante, troublante, passionnée, vigoureuse, tellement française, si universelle ! Dieu que cette année Jeanne d’Arc commence bien !
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 08/01/2012
DEBAT
> J’aimerais répondre à M. P. de Plunkett, même si quelques jours sont passés, et si cette entrée du blog n’est plus tout à fait actuelle. Peut-être tant mieux – pour ne pas s’encombrer de l’anecdotique et hasardeux de l’actualité politique ! La question de savoir si le problème de Jeanne d’Arc de sacrer ou pas le roi à Reims est aujourd’hui significative, emmène avec soi une grande question et j’en ai déjà parlé en passant : qu’est-ce l’actualité ? Où commence notre histoire ? Je suis tout à fait d’accord que le français actuel n’a rien à voir avec le peintre de la grotte de Lascaux ; je suis d’accord que, quoique enfants et adultes raffolent des moustachus aux nattes abondantes d’Astérix, le rapport entre Vercingétorix et le français d’aujourd’hui est le l’ordre de l’insondable. Mais si le Moyen-âge et le début des nationalités modernes n’ont rien à voir, absolument rien, avec notre contemporanéité, alors… la Révolution Française non plus, la Commune de Paris pas du tout, Gambetta est enterré depuis longtemps, les deux Guerres et leurs morts sont retournées à la poussière depuis « des siècles ». Et même, et même Mai 68 – quoique pas mal d’entre nous soyons des soixante-huitards et que nombre de ses protagonistes se portent bien et interviennent puissamment ici et là – je m’excuse, mais Mai 68 a perdu de l’actualité à une vitesse effarante : où est cette possibilité, à laquelle on croyait, dur et ferme, de sociétés très justes, très égalitaires, à ces paradis récupérés où l’abondance s’’étendrait sur nos pavés, en notre temps, jusqu’aux confins de l’univers ? Où il suffisait d’identifier l’injustice pour que, par un tour de passe-passe qui tenait de la magie de la parole, elle soit instituée dans les bancs de l’université, dans la société, au moyen d’une pensée inflexible jusqu’à la hargne de l’autre et du différent ? La génération qui a maintenant vingt ans est née bien après et nos sociétés, aujourd’hui, sont à peine ce qu’elles étaient à l’époque. Et il y a des convertis – dont vous et moi, apparemment – qui peuvent à peine se reconnaître dans la personne qu’ils/ elles ont été dans le temps… Et cependant, cependant, dans le changement qui fait que nous nous reconnaissons encore, tous, dans l’enfant de quatre ans que nous avons été, eh bien là, d’une façon assez extraordinaire, nous continuons d’être les mêmes et nous-mêmes. Et d’un autre coté, au long d’un parcours que nous ne sommes pas seuls à déterminer, il peut y avoir aussi des bouleversements intérieurs qui nous emmènent « là où au début nous ne voulions pas aller » (cf. Jn 21,18); et espérons qu’il y en a pour tout le monde, car le monde en a bien besoin, de conversions… Et donc, vraiment, je ne crois pas que la Pucelle n’ait rien à dire aujourd’hui non seulement à la France mais même aux différents pays d’Europe. Dire que son actualité tient de sa sainteté seulement et absolument rien de son action politique et militaire, ne me paraît pas juste. Pour deux raisons qui en fait sont la même : elle a été sainte… parce qu’elle a été appelée à avoir une action politique et militaire extraordinaire. Et elle en est même morte, et morte martyre. Tout comme Aldo Moro est mort – un chrétien-démocrate et un premier ministre – pour la défense de ce que à l’époque on appelait le « miracle italien » en s’opposant à la croissance zéro imposée par la politique économique et financière de l’époque (ça c’est de l’histoire « alternative », mais il faut bien s’y résoudre si on veut que notre histoire actuelle prenne du sens), Jeanne d’Arc est tuée parce que ses voix lui avaient commandé de sacrer le roi à Reims et qu’elle s’y maintient fidèle jusqu’à la fin. Peut-être savait-elle de la future nation française la même chose que les pastoureaux de Fatima, en 1917, savaient de « la conversion de la Russie », c’est-à-dire rien : ils en savaient si peu que quand « la Dame » leur en a parlé ils croyaient que leur vachette devait se convertir ; en effet « Rousse » (le nom de la vache) et « russe », de Russie, cela sonne exactement de la même façon en portugais ; la notion de Russie pour eux n’existait pas ; ce n’est pas une anecdote, c’est une histoire vraie et documentée dans des apparitions qui ont marqué en quelque sorte l’histoire de notre monde, de la guerre froide, etc… A une époque où Rome et le Pape nous demandent « à genoux » d’être sérieux par rapport à l’intervention politique et nous disent que l’Eglise a besoin de politiciens chrétiens, dire que Jeanne d’Arc ne nous dit rien aujourd’hui par l’aspect de son intervention politique (et militaire) dans l’histoire de France, cela me paraît dur d’accepter. Ce qui est beau, justement, en Jeanne d’Arc et dans son histoire, est aussi l’aspect de la « voyante » : elle intervient dans l’Histoire parce qu’il y a chez elle une intervention du surnaturel et elle s’y accroche jusqu’au martyre. Mais comme spirituelle, Jeanne d’Arc n’est pas tellement extraordinaire ! Marguerite Porete, tout à fait inconnue des foules, brulée place de Grève à Paris comme hérétique en 1310 – peut-être pour détourner l’opinion publique de l’époque du « scandaleux » procès des Templiers –, est en tant que spirituelle une « sainte » bien plus extraordinaire que la Pucelle. Marguerite Porete est aussi une femme, elle est une laïque qui atteint les plus haut degrés de la vie mystique, inflexible elle-même jusqu’à la mort par fidélité à l’expérience de l’extraordinaire et du surnaturel dans sa vie, extraordinaire écrivain mystique en français : son Miroir des âmes simples et anéanties est un livre merveilleux, une œuvre littéraire majeure, un témoignage d’une expérience mystique tellement intense et définitive qu’elle emmène sur soi la persécution et la mort… Non, ce qu’il y a d’extraordinaire en Jeanne d’Arc (peut-être aussi, à sa manière et en partie, en sainte Marguerite-Marie…) est l’intervention du surnaturel « dans le politique ». Et dire, comme un autre intervenant dans ce débat, que l’on ne croit pas du tout que Dieu ait voulu la France… eh bien, cela ne fait pas justice à l’histoire, je dirais… Du moins à ceux qui croient que notre histoire à nous (je veux dire : au temps de notre existence dans le monde, à notre vie individuelle et collective où que nous soyons et qui que nous soyons) n’est pas indifférente à Dieu. Je ne veux pas dire par là que Dieu voudra toujours la France… Peut-être qu’effectivement le temps des états-nations passera… Mais pour le moment les peuples européens gardent une identité qui n’est pas tout à fait du passé. Et que rien, pour le moment, ne substitue avec avantage. Bien au contraire. Je viens de voir par internet un discours d’un bizarre eurodéputé (anglais, insurgé contre « cette » politique européenne) qui dit, avec une logique imbattable, que « voler » aux peuples leur identité et leur « voler » la démocratie, c’est leur laisser seulement « le nationalisme et la violence »… Cela me paraît très sensé : une identité nationale n’est pas la même chose que du nationalisme. Mettre ces deux choses au même niveau et prétendre se défendre de la deuxième en niant la première, c’est faire le jeu des manipulateurs qui conduisent « les masses » justement vers les abattoirs du futur en modelant des formes d’opinion qui n’ont rien à voir avec leur expérience, leur histoire, leur vécu. Dans les abattoirs du futur, on pourra à peine évangéliser : on pourra peut-être à peine com-pâtir ; et « mourir avec », comme Edith Stein à Auschwitz.
ASV
[ De Pp à ASV - Dieu nous donne à évangéliser le monde du XXIe siècle, pas celui du XVe. C'est ainsi... ]
réponse au commentaire
Écrit par : Anne de Saint-Victor / | 10/01/2012
> Mais de quel XXIe siècle parlez-vous ? Nous écrivons et pensons au XXIe siècle, très précisément au début de l’année 2012. Qui faut-il évangéliser ? Ces contemporains qui sont de notre époque, tels qu’ils sont, avec leur culture, leur histoire, leurs perplexités, leurs racines chrétiennes ? Des banlieues pleines de jeunesse immigrée qui cherche tant bien que mal – puisqu’elle est bien forcée à aller à l’école et elle le désire d’ailleurs ardemment – à s’assimiler la culture française (La Pucelle les y inviterait plutôt, cette gracieuse Huri d’ici-bas, menant les hommes au combat…, des hommes jeunes auxquels les notions de « guerre sainte » et de martyre ne sont pas du tout étrangères) ? Ou bien rêvez-vous d’évangéliser plutôt des décades du futur, ce « chaos de foules mondiales que va être le XXIe siècle », comme vous-même l’avez écrit ? Mais sautez donc deux générations sans rien faire au présent, et vous verrez où en sera l’Eglise en Europe… Le futur ne se prépare qu’au présent. Il n’y a qu’un ferment : les chrétiens eux-mêmes et la Parole dont ils sont les porteurs… Si vous vous passez des chrétiens – que nous sommes et que nous avons dans l’Eglise – je ne vois pas comment les experts de pastorale veulent assurer la présence de la Parole dans les décades du futur. Si vous les ignorez comme ils sont… les sectes sauront bien s’en occuper, les nouvelles idéologies – quoique tellement « faibles » comme le Pape les a encore identifiées, le 2 décembre dernier, dans un discours aux étudiants étrangers – sauront les détourner ; la mosquée saura les convertir, le processus fait déjà son chemin : le christianisme a si mauvaise presse auprès des jeunes tout à fait déchristianisés ! Et l’islamisme est du point de vue théologique tellement plus simple que la profondeur insondable d’une religion comme la nôtre, qui implique le scandale de l’Incarnation et tous ses aléas, qui implique un Dieu unique en trois personnes… !
J’aimerais beaucoup remercier Anne Josnin de sa chaleureuse bienvenue, j’aurais dû l’avoir fait hier soir. Je suis tout à fait d’accord quand à l’importance d’éviter « le brouhaha cacophonique ». Merci bien de vos paroles gentilles.
Quant à VF il me demande ce que je comprends par superstructure marxiste : il y a plein de pages sur Internet à ce sujet, même sur Wikipedia. Il ne s’agit pour moi pas du tout de penser selon ces paramètres marxistes : j’en ai fait usage parce qu’ils sont très courants et qu’ils « disent » certaines choses que personne n’avait identifié auparavant. VF s’étonne aussi que l’on puisse considérer l’identification des jeunes avec des personnages historiques (je dirais, aussi, littéraires, etc.) une bonne chose… Il a peur que se soit un enfermement. Non, la personnalité se construit par identifications successives ; selon le Larousse l’identification « est un mode de relation au monde constitutif de l’identité ». Notre Moi se construit ainsi, à travers autrui : même grâce à un petit ours en peluche, dit la psychologie… J’ai connu des enfants grandis dans les tristement célèbres orphelinats de Roumanie : la présence de la souffrance enfantine par manque de vis-à-vis, par manque d’évolution harmonieuse des processus successifs d’identification, d’absence d’une présence, de la relation à autrui, était quelque chose d’atroce et qui menait ces personnes, devenues adultes, au bord du gouffre de la folie. L’enfermement c’est de ne pas pouvoir s’identifier à personne, absorber et rendre sien la beauté et la bonté d’autrui. Puis chacun prend et laisse selon ses choix personnels. La liberté se sédimente aussi dans ce mouvement successif de choix continuels. VF lui-même reconnaît : « pour comprendre une vie, il faut déjà une belle culture ». C’est de quoi il devrait s’agir : d’aider les gens à se bâtir une culture (chrétienne), qui puisse être un support à une vraie conversion.
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Écrit par : Anne de Saint-Victor / | 10/01/2012
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