17/07/2025
Pression pour dresser Léon XIV contre feu François
Une page entière de désinformation dans Le Figaro du 16 juillet. Sujet ? "le dossier traditionaliste", évidemment :
"Je ne dis pas que le pape François a menti. Mais ce que nous pouvons affirmer avec certitude, c'est que les raisons qu'il a données pour publier 'Traditionis Custodes' ne correspondent pas au rapport officiel de la congrégation pour la Doctrine de la foi sur son enquête auprès des évêques..." Signé "Diane Montagna, journaliste américaine". Cette affirmation est le pivot – en gras et en couleur – d'une page entière du Figaro d'hier. Cette page monte en épingle l'offensive que le lobby intégriste transatlantique (moins de 1% du catholicisme mondial) lance sur le nouveau pape en haine de son prédécesseur ; haine que le quotidien du bon bourgeois a exprimée avec constance durant le pontificat bergoglien, et qui continue, de façon un peu sinistre, alors que le pape argentin repose à Sainte-Marie-Majeure.
Le but de l'opération est de pousser Léon XIV à défaire l'acte d'autorité infligé par François au clergé traditionaliste. Et la journaliste Montagna est à la fois juge et partie.
Chroniqueuse du pieux site européen Aleteia mais aussi de la télévision catho-trumpiste américaine EWTN, Diane Montagna est liée à l'intégrisme occidental. Elle collabore au National Catholic Register américain, elle a publié avec l'hyper-ultra Mgr Schneider (1) un livre-manifeste soutenu par les réseaux intégristes français ; ce n'est pas une égérie du journalisme objectif. On peut donc se demander ce que vaut son accusation contre feu François. Cette accusation consiste à monter en épingle une "fuite" du Vatican selon laquelle un certain document attesterait que tout allait bien, il y a quatre ans, entre les diocèses et les communautés "attachées au missel de 1962". Quel document, quelles communautés, quels diocèses ? Le Figaro ne le dit pas. Il saute directement dans l'accusation contre le pape. Selon Diane Montagna, écrit-il, François aurait écarté ce document – "donc" toute enquête auprès des épiscopats – pour pouvoir foudroyer les pauvres traditionalistes avec son décret de 2021. Ce décret constituerait donc un "mensonge", une infamie envers les traditionalistes qui sont de si braves gens : voilà ce que laisse entendre le bluff signé Montagna.
Adoptant ce bluff comme il avait adopté en 2018 le libelle anti-François signé par l'ex-nonce Vigano (excommunié pour schisme en 2024), Le Figaro en tire une page entière : sur un ton faussement neutre, il met en exergue l'accusation de mensonge, et raconte l'affaire de Traditionis custodes comme s'il ne s'agissait que du droit au missel latin de 1962. En réalité, ce que le pape a visé en 2021 était le détournement, par une grande part du clergé traditionaliste, des facilités accordées à la "messe en latin". Loin de déférer au voeu de Benoît XVI, qui aurait voulu la coopération et l'enrichissement réciproque des deux formes du rite et des deux groupes de fidèles, ce clergé entretient ses ouailles dans le mépris de la messe catholique ordinaire. Pire : une partie de ce clergé refuse même de concélébrer une fois par an, à la messe chrismale avec l'évêque du lieu ! C'est un fait avéré. Et une atteinte grave à l'unité sacramentelle de l'Eglise... Mais de cela Mme Montagna et ses réseaux médiatiques, dont Le Figaro, ne disent évidemment pas un mot.
Pas plus qu'ils n'évoquent ce qu'est en réalité le si médiatique "courant traditionaliste". Il ne repose pas sur une base spirituelle mais sur un micro-milieu sociologique : la version catho des multiples vertiges identitaires (2) actuels – avec, en France comme aux Etats-Unis, une forte coloration libérale conservatrice (3). Autrement dit, la religion-étendard n'est que l'ornement de ce courant, dont le centre de gravité se situe plutôt du côté de "valeurs" séculières. Si mensonge il y a, c'est dans cette exploitation du sacré par le profane qu'il faudrait le chercher – n'en déplaise au Figaro.
PS / Je ne nie pas le cas personnel de fidèles qui trouvent un chemin de piété dans les formes du dix-neuvième siècle (ce à quoi se réduit souvent le traditionalisme : cf. ses cantiques en français) ; je souligne simplement le rôle déterminant du milieu sociologique, visible par exemple au pèlerinage de Chartres.
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(1) Toujours évêque auxiliaire en titre (?) de son lointain Kazakhstan où Rome l'a cantonné, Mgr Schneider sillonne en fait le monde atlantique pour y diffuser son allergie aux pontificats "conciliaires".
(2) Identitaires au sens sociologique large (qui englobe tout et son contraire y compris le woke). Non au sens médiatique, qui fait de ce mot un synonyme d'hitlérisme.
(3) La notion de libéralisme conservateur est un oxymore, la caractéristique du libéralisme étant de tout déstabiliser y compris ce que les conservateurs voudraient... conserver ! Évidence sans doute trop subtile pour les électeurs de MM. Retailleau et/ou Bardella.
12:10 Publié dans Pape François | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : pape françois, traditionalistes
Commentaires
LEURS HOMÉLIES
> "Ce clergé entretient ses ouailles dans le mépris de la messe catholique ordinaire".
Oui, en particulier PENDANT LES HOMÉLIES !
Je suis allée environ 15 fois à une messe tradi (mariage ou autre raison).
Le rite est très beau.
Mais j'ai entendu des homélies clairement déviantes.
Par exemple :
- expression du mépris du prêtre envers une décision de la conférence des évêques de France
- désaccord d'un évêque avec un point de Vatican 2.
- et cette année : rappel que le monde est mauvais (!) et que "nos" choix sont bons.
Que ces prêtres profitent d'un moment liturgique, pour faire passer des opinions contre l'Eglise, m'a semblé être profondément déviant.
Et quel dommage d'enseigner une théologie stagnante : dans le catéchisme sur le péché originel, aucune référence au magnifique enseignement de Jean-Paul II sur la sexualité. Etc.
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Écrit par : Isabelle Meyer / | 17/07/2025
PERPLEXITÉS ?
> Je reste perplexe quant aux conditions dans lesquelles ont été prises les décisions concernant d'une part la révision du texte de Benoit XVI concernant la messe selon le missel de 1962 et d'autre part la possibilité ouverte de bénir les couples de même sexe. On est à l'opposé d'une Eglise synodale; faut-il y voir le forcing d'un lobby progressiste auprés d'un pape âgé et malade dont on sentait la fin proche ? Même sans instruire le "procès" médiatique que vous relevez, on peut quand même s'étonner d'une telle incohérence.
BH
[ PP à BH – Je ne crois pas qu'on puisse mettre les deux choses sur le même plan. Le motu proprio sur les conditions d'autorisation d'user du missel de 1962 vient d'un constat : celui du détournement flagrant du motu proprio précédent (Benoit XVI) par une partie du clergé "traditionaliste". Benoît XVI demandait que les communautés des deux formes rituelles coopèrent dans le cadre diocésain, et que ces deux formes du rite s'enrichissent mutuellement. Au lieu de cela, une partie des prêtres "traditionalistes" ont profité des facilités offertes par Benoit XVI pour faire de leurs communautés des ferments de contestation : mépris affiché du rite "de Paul VI", hostilité à l'encontre de l'admirable encyclique 'Laudato Si', rejet de toute l'orientation pastorale de la grande Eglise... Leur refus de concélébrer avec l'évêque du lieu à la messe chrismale constitue à lui seul un inadmissible acte de déni de l'unité sacramentelle en Eglise ! L'essentiel est ainsi blessé, et les fidèles de ces communautés glissent inconsciemment vers une forme très insidieuse de relativisme. Dans ces conditions, Rome ne pouvait faire autrement que de sévir. ]
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Écrit par : B.H./ | 18/07/2025
A PROPOS DU 'FIGARO'
> Merci cher Patrice pour cette analyse solide et courageuse
Critiquer Le Figaro vous a peut-être un peu coûté...
Breton
[ PP à B. – Critiquer Le Figaro ne m'a rien coûté ! Du temps où je m'occupais du magazine, c'était (par décision d'Hersant) une maison totalement séparée du quotidien sur le plan administratif et intellectuel (mais hélas, pas sur le plan publicitaire). Dès la mort d'Hersant, la direction du quotidien a fait ce qu'elle désirait depuis dix-neuf ans : s'emparer du magazine. Annexion qu'elle avait préparée, durant la maladie d'Hersant, en organisant sournoisement l'assèchement publicitaire du magazine pour le rendre infaisable faute de pagination... Et j'ai été évincé. Je suis parti sans regret politique, n'ayant jamais été "libéral-conservateur".]
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Écrit par : Breton / | 28/07/2025
PAS CLAIR
> Pourquoi tant de mépris dans vos propos concernant une partie des électeurs français ? Qui êtes-vous pour juger ?
Christophe
[ PP à C. – Mépris ? Où ça ? ]
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Écrit par : Christophe / | 29/07/2025
MONDE RÉEL ET MONDE IRRÉEL
> Vous essayer de ridiculiser Mgr Schneider dans votre première note mais votre manque de rigueur vous déshonore.
Mgr Schneider est évêque auxiliaire de sa terre de naissance. Faisant partie des Allemands de la mer Noire, sa famille est déportée par Staline dans l'Oural puis s'installe au Kirghizistan, où va naître Mgr Schneider. Il est ensuite nommé évêque auxiliaire de l'archidiocèse d'Astana par Benoît XVI et absolument pas exilé.
Quand aux chants du XIXe siècle, comme vous dites... Allez voir dans les paroisses ordinaires le niveau du chant qui y est servi ! Dans quel monde vivez-vous ?
DVO
[ PP à DVO – 1. Je n'essaie pas de ridiculiser Mgr Schneider : je constate simplement que sa tête est du même bois que celle de feu Mgr Lefebvre, que j'ai assez bien connu. D'autre part : être nommé dans son lieu de naissance n'est pas du tout traditionnel dans l'Eglise catholique...
2. Je vis dans le monde réel, contrairement à vous apparemment. Ma paroisse est la cathédrale de Tréguier où les chants sont tout à fait corrects : "Gloar da Vari ha meuleudi / Pebezh burzhud evurus !"]
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Écrit par : DumVolviturOrbis / | 29/07/2025
"DUM VOLVITUR ORBIS"
> C'est la devise cartusienne non officielle ("Stat crux dum volvitur orbis"). Je doute que le tapage très séculier des intégristes soit apprécié à la Grande Chartreuse...
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Écrit par : Basile Bruneau / | 11/08/2025
ACCUSATION FAUSSE
> Les "traditionalistes" ou plutôt intégristes, politico-religieux, répètent les mêmes accusations depuis un demi-siècle sans essayer de voir si elles restent fondées. Entre autres l'accusation sur les chants liturgiques. Les intégristes font comme si on était encore en 1975 ("Je crois en Dieu qui chante et fait chanter la vie") alors que le répertoire a totalement changé depuis la fin des années 1990. En 2025 les paroles des chants sont bien plus théologiques et profondes que le répertoire 1900 des intégristes. Mais ces derniers l'ignorent puisqu'ils ne mettent pas les pieds dans les paroisses.
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Écrit par : Alain Joffre | 11/08/2025
EN FAIT
> Ils ne mettent pas les pieds dans les paroisses et de toute façon leurs vrais centres d'intérêt sont "politiques" et pas religieux. En fait ils ne connaissent rien à la religion et se contentent de réciter leurs slogans d'il y a un demi-siècle. En politique ce n'est pas mieux d'ailleurs. Leurs essais sont pathétiques : Zemmour, Maréchal, quoi d'autre après ?
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Écrit par : Grégoire Petit / | 17/08/2025
LE VOEU DE BENOIT XVI
> Cher Patrice,
Vous venez de rappeler le souhait de Benoit XVI :
coopération et enrichissement réciproque des deux formes du rite et des deux groupes de fidèles, dans le cadre du diocèse.
Savez-vous si cela a été mis en oeuvre dans certains diocèses ?
De bouche à oreille, j'ai entendu que certains prêtres tradi avaient voulu répondre à ce souhait, mais je ne sais pas s'il y a eu des suites.
Amitiés,
IM
[ PP à IM – J'ai entendu parler de plusieurs cas, en effet. Mais doublement à contre-courant. D'un côté les "durs" (continuateurs masqués de Mgr Lefebvre), majoritaires dans la FSSP et l'IBP, accusaient ces prêtres de bonne volonté de trahir la cause de "l'Eglise de toujours". De l'autre côté et en sens inverse, certaines équipes paroissiales non moins rigides refusaient d'entendre parler de quoi que ce soit venant "d'avant le Concile". Ainsi pris entre le marteau et l'enclume, les ratzingériens n'ont pu se faire entendre. Mon diocèse étant préservé de ces histoires-là ('avel an avelioù'), je ne sais pas où en est la situation ailleurs.
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Écrit par : Isabelle Meyer / | 17/08/2025
FORMULE
> Commentaire entendu à propos de l'élection du pape Léon XIV: "les cardinaux cherchaient le mouton à cinq pattes... et ils l'ont trouvé !"
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Écrit par : B.H. / | 18/08/2025
TOUJOURS LA MÊME HISTOIRE...
> Cette Mme Montagna n'est peut-être pas très objective, mais je crains que vous-mêmes ne soyez trop "papiste" pour l'être davantage. Certes les tradis peuvent avoir leurs défauts, mais le motu proprio de François a été totalement contre-productif, contrairement à celui de Benoît XVI qui avait le mérite de déghettoïser l'ancienne forme du rite romain. La messe tradi n'étaient plus la spécialité de la FSSP et autres, mais a été davantage célébrée par des prêtres diocésains, passant d'un missel à l'autre, ce qui pouvait faciliter l'"enrichissement mutuel", dans les églises paroissiales, par exemple avec l'usage de la messe version 1965 (réforme provisoire post Vatican II), outre l'aspect liturgique, les homélies étaient faires par des prêtres sortant des séminaires diocésains, donc pas anticonciliaires. On a vu aussi des fidèles, jeunes notamment, passer d'un missel à l'autre, sans exclusive. Or avec Traditionis custodes, aucun changement pour les instituts Ecclesia Dei, par contre ce sont les prêtres diocésains qui ont été touchés et doivent demander des dérogations. Symboliquement, l'ancienne messe n'est plus autorisée dans les églises paroissiales, cantonner les tradis dans les chapelles, avec des prêtres spécialisés ne va pas dans le sens de l'unité. Et surtout le même François a été très généreux avec les purs et durs de la FSSPX, en leur donnant le pouvoir de confesser, et des facilités pour reconnaître les mariages. Les intégristes ont été mieux traités que les plus modérés.
On enferme les tradis dans des réserves, et ensuite on se plaint qu'ils se replient sur eux-mêmes !!!
D'ailleurs on voit bien le résultat, après la paix liturgique de Benoît XVI, la guerre liturgique a été relancée, et les tradis blessés par cette mise au ban, se sont radicalisés.
Tryphon
[ PP à Tryphon – Vous me servez le 'storytelling' habituel dans ce milieu. Il ne tient pas la route au vu des réalités. En effet :
1. Le motu proprio de François a été rendu nécessaire par l'attitude d'une grande part du clergé tradi, qui avait détourné le motu proprio de Benoit XVI de son but en refusant l'enrichissement mutuel – cela jusqu'à refuser de concélébrer une fois l'an à la messe chrismale ! (refus constituant une monstruosité ecclésiologique et un sectarisme antisacramentel très grave).
2. Je constate que mes contradicteurs tradis esquivent systématiquement ce problème de la messe chrismale : jamais ils ne répondent sur ce point. C'est un symptôme...
3. Dans tous les cas que j'ai pu connaître les homélies étaient prononcées par les prêtres FSSP ou IBP ; non par des prêtres diocésains. Et la ligne de ces homélies a tendu à se durcir constamment après l'élection de François. Résultat : les communautés tradis retournaient à la soustraction d'obédience... Le simple fait d'employer le mot "papiste" (vocabulaire schismatique) est d'ailleurs une pièce à conviction. La "radicalisation" dont vous parlez n'est pas l'effet mais la cause du motu proprio de François. Le repli sur soi est consubstantiel à un milieu qui refuse la pastorale de l'Eglise et lui préfère un fantasme de "chrétienté"-bunker.
4. Quand on connaît de l'intérieur les groupes tradis, on sait que l'on a affaire à un phénomène sociologique plus qu'à un courant spirituel. L'histoire du pèlerinage de Chartres, des origines à nos jours, en est hélas une preuve évidente – et je connais bien la question.
5. Le courant tradi "modéré" est politisé jusqu'à la moëlle, ce qui le conduit à un relativisme de fait (complaisances envers l'entrisme de l'ultradroite néopaïenne dans le traditionalisme). Ce n'est pas le cas des communautés FSSPX, dont les mobiles sont plus spirituels à leur façon... C'est peut-être l'une des raisons de l'attitude que vous mentionnez de la part de François ]
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Écrit par : Tryphon / | 22/08/2025
> Je crains de m'être mal fait comprendre.
Je ne suis pas tradi, ou juste un peu, 9 fois sur 10 je vais à la messe dans la version Paul VI, et quand c'est dans l'ancienne forme, c'est le plus souvent célébrée par un prêtre diocésain "biritualiste", ce qui explique peut-être ma vision très différente de la vôtre. Je suis plutôt sur la ligne de Benoît XVI, en faveur d'un "enrichissement mutuel".
Je partage en partie votre diagnostic, je dis par contre que le motu proprio de François est contre-productif. Comme je l'ai écrit plus haut, il ne change absolument RIEN pour les instituts tradis composés d'ex-lefebvristes plus ou moins ralliés, par contre il touche principalement les prêtres diocésains qui célèbrent dans les 2 formes. Alors qu'une partie des tradis voit comme un sacrilège la suppression du moindre Dominus vobiscum, ces prêtres diocésains étaient les mieux à même de pratiquer l'enrichissement mutuel et d'éviter le cloisonnement. Or ce sont eux qui doivent aujourd'hui demander des dérogations, pas les prêtres de la FSSP ou de l'IBP, qui continuent par ailleurs à prêcher comme ils veulent. Les adversaires de l'ancienne liturgie préfèrent sans doute la cantonner dans un ghetto-musée pour éviter la "contagion".
Je préférerais que tous participent et concélèbrent à la messe chrismale, mais je pense qu'il ne faut pas trop se focaliser la dessus. La concélébration est une innovation récente, je n'ai pas l'impression que l'Eglise était moins unie avant. Le refus n'est d'ailleurs pas général, par exemple lors du pardon de Ste Anne d'Auray, l'abbé du Barroux, dom Louis-Marie, a concélébré à une messe "moderne". Quant au sectarisme liturgique, il me semble hélas très répandu. Si certains tradis préfèrent "louper" la messe plutôt que de participer à la messe post-conciliaire, c'est valable aussi dans l'autre sens, déjà que certains crient à l'intégrisme dès qu'on chante un peu de latin ou qu'un fidèle communie dans la bouche. Et si les jeunes prêtres passent facilement d'un missel à l'autre, ce n'est pas le cas de la plupart de leurs aînés qui font une allergie à tout ce qui de près ou de loin rappelle l'ancienne liturgie.
Par ailleurs (je m'éloigne un peu), il faudrait s'assurer que les tradis ne rejettent pas Vatican II, mais a-t-on vérifié que les autres adhèrent aux 20 conciles précédents ?! Je lis dans Golias que le symbole de Nicée serait dépassé. Quid des fidèles -et des prêtres- qui rejettent la présence réelle ou le purgatoire par exemple ? Les tradis ne sont certainement pas les moins orthodoxes. Et parmi ceux qui prétendent respecter Vatican II, combien ne confondent pas le concile avec leurs lubies présentées comme l'"esprit du concile" ? En gros plus certains passent leur temps à répéter "le concile, le concile, le concile", moins ils l'appliquent ; par exemple dans les années 60/70 on a bazardé la piété populaire ou la dévotion mariale, alors que le concile n'avait jamais demandé de le faire. Cela a d'ailleurs dû les perturber en entendant François encourager les dévotions populaires.
Ce n'est pas un hasard non plus si les tradis ont modifié leur attitude sous François. Benoît XVI, outre son motu proprio, prêchait l' "herméneutique de la continuité", tandis que les ambiguïtés de François sur les divorcés remariés, les bénédictions des couples homos, et l'inculturation frisant le syncrétisme, ne risquaient pas de convaincre les tradis.
Quant au "papisme", c'était ironique, je vous rappelle d'ailleurs que c'est une expression protestante, pas tradi, les tradis étant historiquement ultramontains. Je vous rappelle que l'infaillibilité pontificale ne concerne pas le moindre motu proprio, que l'on a le droit de critiquer sans risquer l'excommunication !
T.
[ PP à T. – Je comprends ce que vous vouliez dire ; c'est le mot "papisme" qui m'a poussé à vous prendre pour un intégriste.
Vous avez en partie raison sur les prêtres diocésains discriminés maladroitement. Mais dans la plupart des cas, le motu proprio visait à assainir une situation de profond malaise créé par la "reconnaissance" diocésaine de prêtres FSSP ou IBP toxiques, ainsi laissés libres de faire croire que le rejet de Vatican II et de la pastorale du Saint-Siège était une position légitime. Depuis le motu proprio cette confusion n'est plus possible : le but recherché est donc atteint.
Quant aux textes de Vatican II, ni les intégristes ni les "progressistes" (agnostiques de fait) ne les ont lus...]
Réponse au commentaire
Écrit par : Tryphon / | 29/08/2025
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