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04/01/2012

Zone euro – Dix ans après, les choristes font-ils repentance de ce qu'ils chantaient (d'une seule voix) en 2002 ?

euro,crise



Non, ils ont déjà oublié :


 

 

Dix ans après son lancement en fanfare, la zone euro est devenue la cible des prédateurs. Elle a exhibé sa facticité : une monnaie unique coiffant des économies disparates (et sans contrepoids politique capable de résister aux marchés)... Ce qui est en train de se produire est ce que prédisaient – il y a dix ans - les esprits lucides. Donc aucun commentateur médiatique parisien. Pour preuve, cet extrait du florilège réuni par Le Monde diplomatique de janvier 2012 :


1999 / 2002

Alain Genestar (Le Journal du dimanche, 3 mai 1998) : « Défendre aujourd'hui l'euro […], c'est expliquer que grâce – et pas à cause de – l'euro, les pays vont perdre une partie de leur souveraineté monétaire ou budgétaire, mais que celle-ci était de toute façon un leurre, une fiction entretenue par les fantasmes de quelques leaders politiques nostalgiques ou de mauvaise foi. »

Laurent Joffrin (Libération, 1er janvier 1999) : «La construction européenne incarne une politique de la raison avant d'être un émoi du coeur... C'est d'ailleurs pour cela qu'elle représdente un immense progrès et - si les peuples lui prêtent vie - un pas vers un stade supérieur de la démocratie. »

Alain Duhamel (Europe 1, 5 janvier 1999) : « [Les adversaires de la monnaie unique] sont des nostalgiques de la marine à voile, des gens qui rêvent à un monde dans lequel on ne peut se diriger qu'en ballon. »

France 2 (10 janvier 1999), le duo Philippe Reinhard (L'Evénement) et feu Paul Guilbert (Le Figaro)... Reinhard : « [Le lancement de l'euro] c'est une aventure extraordinaire, elle est surtout saluée par les Bourses ; il y a une flambée en Bourse... » - Guilbert : « Voilà un argument communiste ! C'est absurde ! L'aventure est populaire. Si l'euro n'avait pas été bâti avec l'acquiescement des Bourses depuis un ou deux ans, depuis Maastricht, il est évident que l'euro aurait capoté ! »

Jean-Marie Colombani (Le Monde, 23 novembre 2001) : « Les jurés du Nobel ne s'y sont pas trompés qui, en 1998, ont attribué leur prix d'économie au Canadien Robert Mundell, le théoricien des convergences monétaires : comment ne pas y voir un hommage aux architectes de l'euro ? »

Eric Le Boucher (Le Monde, 30 décembre 2001) : « Une vraie révolution, concrète, quotidienne et acceptée non sans joie, si l'on en croit les millions d'Européens qui se sont précipités pour acheter les kits et qui ont, comme à Noël, joué avec ces belles pièces étincelantes. »

Patrick Sabatier (Libération, 1er janvier 2002) : « Ne voir dans la nouvelle devise européenne qu'un événement économique, qui devrait faciliter la vie des consommateurs comme elle le fait déjà pour les banquiers et les négociants, est une erreur. L'euro se révélera peut-être l'événement politique le plus important du siècle. »

Le Journal du dimanche, 2 septembre 2001) : « Sept millions de petits européens de 8 à 12 ans [vont recevoir] un poster représentant les pièces et les billets en euros. Un concours ''Deviens un champion de l'euro'' sera organisé. Il faudra répondre à cinq questions ; Publicis espère bien que les enfants chercheront les réponses avec leurs parents. Les lauréats seront invités à Francfort pour assister à la naissance solennelle, le 1er janvier au matin,. Les enfants seront ainsi les premiers à toucher les billets. Une chance que n'ont pas eue les neuf cents journalistes venus à Francfort pour assister à la présentation des sept billets par Wim Duisenberg, le président de la BCE. »

 

Aujourd'hui, alors que même les stratèges des grandes entreprises envisagent la disparition de l'euro, voit-on les commentateurs parisiens faire amende honorable ? Non. Sauf les défunts, ils ont zappé ce qu'ils racontaient il y a dix ans. Ils ne sont pas là pour réfléchir mais pour faire du spectacle, entre deux tranches de pub.

 

09:42 Publié dans En 2012, Idées, La crise | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : euro, crise

Commentaires

SUPERMAN

> Et la "une" de Libé (1er/01/01) montrant l'Europe en Superman brandissant une pièce d'1 euro ! Superman évidemment, puisque "nous sommes tous des Américains" comme avait titré Le Monde... le 11 septembre précédent.
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Écrit par : churubusco / | 04/01/2012

LE SEUL TABOU

> Notre époque dit avoir détruit les tabous. Il en reste un: l'intégration européenne, nec plus ultra de la financiarisation du monde. On comprend donc le silence actuel!
En relation avec cet échec grandiose, dommage que les commentaires ne soient pas ouverts à propos de la note sur la commission Justice et Paix, et sur le discours d'ouverture de Vatican II.
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Écrit par : Pierre Huet / | 04/01/2012

LINCEUL VEXILLOGRAPHIQUE

> Je ne me souviens plus quel journal avait mis en "une" ce dessin où Miss Europe tissait une belle tapisserie avec tous les drapeaux européens des Etats de la nouvelle zone euro. A côté, les trois exclus, l'Union Jack et les croix danoise et suédoise faisaient pâle figure. Qu'elles étaient vilaines, ces trois nations égoïstes qui avaient refusé de participer à l'aventure humaniste de l'euro ! D'ailleurs, un de mes profs de Sciences Po, européïste enthousiaste, nous assurait que la Suède et le Danemark n'allaient pas tarder à rejoindre le navire (le Royaume-Uni, lui, n'en était pas digne).
Aujourd'hui, tout est plus clair: Miss Europe ne tissait pas une tapisserie, mais son linceul.
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Écrit par : Jov / | 04/01/2012

SOUS SON BALCON

> Je fais profil bas; à cette époque, je buvais ces vaines promesses comme du petit lait. Déjà, voter oui à Maastricht (ce je fîs), c'était être moderne, faire le pari d'une Europe unie et solidaire, tournant enfin le dos aux vieux archaïsmes nationaux. Il s'agissait d'être juste un peu patient, les fruits de "l'Europe sociale" ne sauraient se faire attendre...
Je ne résiste pas à mettre en exergue cette perle d'Alain Duhamel, qu'un joyeux commando de chrétiens indignés ferait bien d'aller lui rappeler, sous les fenêtres de ses appartements dorés.
Beaux quartiers du sixième arrondissement de Paris, 3h22 du matin : Ici haut-parleur, écoute beau-parleur :
"Alain Duhamel (Europe 1, 5 janvier 1999) : « [Les adversaires de la monnaie unique] sont des nostalgiques de la marine à voile, des gens qui rêvent à un monde dans lequel on ne peut se diriger qu'en ballon. »"
..."alors Alain, l'année prochaine on part au travail en dirigeable ou en pédalo?"
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Écrit par : serge lellouche / | 04/01/2012

SANS PUDEUR

> Belle brochette d'incompétents, mais la liste est un peu trop courte ... Et dire que la plupart continuent à pontifier sans pudeur ! Insupportable.
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Écrit par : BCM / | 04/01/2012

l'inénarrable Duhamel...

> http://www.marianne2.fr/L-euro-cible-de-plus-en-plus-courante-des-economistes_a212827.html

Sans rapport : priez pour moi.
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Écrit par : zorglub / | 05/01/2012

ERREUR D'EVÊQUES

> « Les quatre libertés qui fondent le marché intérieur (libre circulation des personnes, marchandises, services et capitaux) sont les premières à être mises en cause dans des régimes d’inspiration dictatoriale. La politique de concurrence, gérée par la Commission européenne, a pour but d’éviter que le poids des puissants domine le fonctionnement du marché au détriment des plus faibles. La politique régionale vise à répartir équitablement la prospérité accrue qui résulte de l’ouverture d’un grand marché tout en facilitant l’ajustement structurel des régions défavorisées. La monnaie unique, par la discipline fiscale qu’elle impose, est un élément d’équilibre entre les générations, en évitant que le poids de la dette n’écrase les générations futures. »
UNE EUROPE DES VALEURS - LA DIMENSION ETHIQUE DE L’UNION EUROPEENNE
Rapport aux Evêques de la COMECE - © COMECE, mars 2007
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 06/01/2012

Les commentaires sont fermés.