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05/02/2014

"Les Eglises doivent s'engager sur le climat", proclame Nicolas Hulot (émissaire de François Hollande)

écologie,pape françois

Il constate l'aboulie des Etats et lance un appel aux religions. Bien... Mais comment peut-il dire que l'Eglise jusqu'ici n'a pas parlé du changement climatique ? Il devrait mieux s'informer :

 


 

Toute la page 5 du Monde ! Cette opération médiatique, vraisemblablement élyséenne, ne passe pas inaperçue mais soulève quelques questions.

Pour en venir à lancer cet appel aux religions (et en priorité à l'Eglise catholique), Hulot commence par dire du mal des gouvernements : ce qui ne cadre guère avec sa mission officielle [1]... ''Il n'est plus possible de nous en remettre aux seuls responsables politiques internationaux. J'ai rencontré plusieurs d'entre eux en 2013 et chacun, à sa manière, a mis en avant des arguments très ''pertinents'' pour ne pas agir tout de suite, mais plus tard. A ce compte-là, tous les ingrédients sont aujourd'hui réunis pour que la conférence de Paris de 2015, où doit être signé le premier accord mondial engageant tous les pays contre le réchauffement, soit un échec. Les conséquences en seraient désastreuses...''

Hulot se tourne donc vers les autorités religieuses : elles peuvent, dit-il, ''provoquer un sursaut de conscience face à la crise climatique actuelle''. Ce qu'il espère, c'est que ces autorités puissent ''rappeler à la raison'' les chefs d'Etat, qui tournent le dos aux problèmes d'environnement depuis la crise financière. Ce serait aussi, selon lui, l'occasion d'une''alliance entre ce que l'on peut appeler l'écologie scientifique humaine et la théologie en tant que réflexion métaphysique'', pour ''appréhender en profondeur la crise de civilisation que nous vivons''. C'est bien vu, bien exprimé, et je ne peux évidemment qu'approuver Hulot quand il imagine une venue du pape au Mont Saint-Michel, haut-lieu catholique qui est ''un trait d'union entre la mer, le ciel et la terre et qui incarne aussi un lien entre culture et nature.'' [2]

Mais je m'étonne que Hulot cathophile semble ne pas connaître l'action de l'Eglise catholique dans le domaine de l'écologie : et notamment du réchauffement climatique.

Je le cite : ''Il est fondamental que les Eglises, et l'Eglise catholique en particulier, clarifient la responsabilité de l'homme vis-à-vis de la 'Création', pour reprendre le langage des croyants. L'homme est-il là pour dominer la nature, comme l'affirment certains textes ? ''

Or cette histoire de ''domination'' n'est qu'une rengaine polémique, qui date du vieil article de Lynn White dans Science (1967) et repose sur un contresens. [3] 

Et les papes et les cardinaux depuis Jean-Paul II insistent avec force sur la responsabilité du modèle économique dans le saccage de la Création ! Dans son message du 1er janvier 1990, Jean-Paul II accuse ''le développement constant des industries, des concentrations urbaines et de la consommation d'énergie'' de ''nuire à l'atmosphère et à l'environnement'' : ''il en résulte, dit-il,  de multiples altérations météorologiques et atmosphériques dont les conséquences vont des atteintes à la santé à la possible submersion, dans l'avenir, des terres basses...''  Le 27 septembre 2008, le cardinal Martino, président d'un Conseil pontifical, consacre un long message au rôle du tourisme dans le réchauffement climatique. En 2009, pour le sommet de Copenhague, Benoît XVI évoque (le 26 août) ''la question urgente du réchauffement climatique'' ; le 7 décembre, la salle de presse du Vatican déclare que ''l'altération de l'atmosphère dépend en grande partie des comportements et décisions humains ''; à Copenhague lors de l'ouverture du sommet, le nonce de Benoît XVI réclame ''un accord contraignant'' et ''des mesures concrètes concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre''... Demande que Benoît XVI réitérera le 17 décembre, dans un discours à huit ambassadeurs, juste après le sabordage du sommet de Copenhague par une manoeuvre anglo-saoudienne. Le 20 décembre, le nonce de Benoît XVI à l'ONU déclarera ''urgent'' de ''transformer les systèmes mondiaux d'énergie, parce que les modalités actuelles causent de graves dommages à la santé humaine, au climat de la Terre et aux systèmes écologiques dont dépend toute vie ''.

En décembre 2010, le Vatican se fait installer 2400 panneaux solaires pour ne plus émettre de gaz à effet de serre. Le même mois paraît le livre d'entretiens de Benoît XVI, dans lequel le réchauffement climatique est à nouveau cité comme exemple de responsabilité humaine négligée par les dirigeants séculiers... En 2011, le P. Lombardi (salle de presse) fait savoir que le Saint-Siège adopte le rapport de l'Académie pontificale des sciences sur l'urgence de lutter contre le réchauffement climatique en réduisant les émissions de gaz :  ces conclusions, souligne-t-il, ''s'inscrivent dans le contexte des préoccupations liées au changement climatique, également pointées dans les récents documents du Magistère et par le Saint-Père.''  Etc !

Alors approuvons Hulot de se réjouir de l'engagement écologique du pape François [4], mais demandons-lui comment il peut écrire :''Après avoir étudié les textes religieux pour préparer ma visite au Vatican, j'ai réalisé que l'Eglise catholique n'évoquait pas le changement climatique... Il est donc important que l'Eglise précise clairement les choses.''

Quels ''textes religieux'' a-t-il ''étudiés'' ?

Ignore-t-il, en fait de textes, que l'action de l'Eglise dans ces domaines passe par les messages du pape et les discours officiels des nonces ?

Ou espère-t-il faire croire, à la prochaine initiative écologique de l'Eglise, que c'est lui – voire... Hollande – qui en a donné l'idée au pape ?

Parlant de la future encyclique de François sur l'écologie (2015), il déclare que c'est ''une avancée importante, surtout si la crise climatique est nommée en tant que telle''... Mais si François ''nomme la crise climatique'', ce sera la énième mention de cette crise (et de ses causes humaines) par le Magistère de l'Eglise.

Dans un encadré au bas de la page 5 du Monde, Stéphanie Le Bars mentionne tout de même plusieurs choses qui instruiront Hulot : notamment le passage écologique du discours de Paul VI à l'ONU en 1972, l'insistance écologique de Jean-Paul II et Benoît XVI, et l'engagement spectaculaire de leur successeur François dans ce domaine. (Mais ma consoeur fait une erreur à propos de la photo avec le t-shirt No al fracking : c'est le pape, et non ses invités argentins, qui tient ce vêtement militant ouvert devant lui, slogan bien en vue. Attitude révélatrice).

__________

[1] Hulot est ''envoyé spécial du président de la République pour la protection de la planète''. À ce titre, il a fait une visite exploratoire au Vatican avant l'audience papale de François Hollande.

[2] Sur ce symbolisme cosmique (donc écologique et chrétien), cf mon enquête Les romans du Mont Saint-Michel : ch. 1, Terre et mer, et ch. 2, Le roman de l'archange. (Le Rocher 2011). Le Mont ne symbolise pas '' l'identité française'', contrairement à ce que croient les ignares et les athées pieux !

[3] Incriminés à tort par White, les verbes hébreux du verset 28 de la Genèse ne disent pas ''dominer'' au sens de tyranniser mais de prendre en charge, et précisément de cultiver (''laavod''), matériellement et spirituellement, et de soigner (''lichmor'', qui implique la garde et la responsabilité).

[4] qui s'est fait photographier tenant à la main le t-shirt argentin de lutte contre le gaz de schiste...

 

 

Commentaires

LYNN WHITE ET SUCCESSEURS

> J'ai lu l'article de Lynn White; il est vraiment très décevant, pour ne pas dire médiocre. Comment expliquer l'écho disproportionné qu'il a connu dans le grand public ?

Blaise


[ PP à B. :
- D'autant plus décevant que Lynn White, médiéviste, était payé pour savoir qu'il écrivait des mensonges historiques sur la culture scripturaire du Moyen Âge chrétien ! Mais il les écrivait dans 'Science' : revue de référence, isn't it.
- Son article a désinformé toute une génération de jeunes écolos (la première, celle de 68).
Puis la rengaine sur le livre de la Genèse s'est transmise aux générations suivantes, et aux journalistes, etc.
- Ajouter deux facteurs : la paresse intellectuelle, et le mépris ambiant (de gauche à droite) envers la Bible, le "judéo-christianisme", etc. Si vous lisez les postnietzschéens en piste depuis quelques décennies, vous serez frappé de les voir devenir c... dès qu'ils parlent de la Bible. J'ai constaté cela à leurs propos quand je l'ai découverte, elle, à la fin des années 1980, à travers les travaux de vrais érudits et hébraïsants comme Tresmontant, ]

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Écrit par : Blaise / | 05/02/2014

NUMÉRO SPÉCIAL

> Le numéro 41 de la revue de prospective catholique KEPHAS, 'Catho et écolo : faut-il choisir ?', devrait intéresser Nicolas Hulot s'il veut se constituer un dossier sérieux.
6 rue vauvert, 49100 Angers.
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Écrit par : Kephas / | 05/02/2014

EXCELLENTE INITIATIVE

> Excellente initiative de M. Hulot, que l'on ne peut que soutenir, mises à part les réserves que vous évoquez.
D'ailleurs, cela ne mériterait-il pas une grande et belle lettre ouverte, en réponse, dans le journal ?
(Avant que d'autres petits malins ne le fassent pour dire que Hulot se mêle de ce qui ne le regarde pas, que l'écologie c'est comme une pastèque (...ça paraît vert mais en fait c'est rouge...), que l'Eglise n'a pas à parler des petites fleurs qui puent et des petits oiseaux qui gueulent mais de choses sérieuses, et que d'ailleurs de toute façon cette histoire de réchauffement n'est qu'un complot ?)

PMalo


[ PP à PM - C'est justement ce type d'ahuris malhonnêtes que le journal souhaite en fait de catholiques ! Et les volontaires sont légion, malheureusement. ]

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Écrit par : PMalo / | 05/02/2014

TSÉ-TSÉ

> Un tas de cathos français pensent comme Lynn White mais à l'envers : Dieu nous permet de faire n'importe quoi à la nature parce que c'est la confiance dans le génie de l'homme, etc. Résultat mental : "l'écologie c'est préférer la mouche tsé-tsé aux bébés humains." (sic, lu dans un magazine catho il y a quatre ans), etc. ces cathos-là ne connaissent pas la Bible ou ne la comprennent pas. Ni le catholicisme d'ailleurs. Mais la faute à qui ?
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Écrit par : Ida / | 05/02/2014

NICOLAS ET LES INGRATS

> Il me semble que plusieurs facteurs permettent d'expliquer l'ignorance donneuse de leçons de N. Hulot, laquelle n'a, au fond, rien de bien surprenant dans la mesure où elle correspond à un réflexe quasiment pavlovien des Français, réflexe accentué par les "règles" de la communication médiatique qui affectionne les clichés.

Facteur 1: jusqu'à récemment, dans nombre de régions de France, un très fort pourcentage de prêtres ne savait pas prendre la parole, et sur à peu près n'importe quel sujet, sans dire que "l'Eglise ne s'en est pas assez occupée". Comment pourrait-il ne pas en rester quelque chose? A fortiori chez des personnes ayant été éduquées dans un milieu catholique où les prêtres étaient ainsi disposés (et, hélas, très souvent ignorants du sujet évoqué, à l'exemple de tous ceux qui "parlent à l'appétit de leur bouche" comme on dit par chez moi et peut-être ailleurs), sans parler de l'écho considérable donné à tout cela par des "laïcs engagés" dans ce que le Père Bouyer appela "la décomposition du catholicisme", confondue par ces laïcs avec les enseignements de Vatican II...

Facteur 2: notre ami Hulot ne se prend pas "pour la moitié d'une mandarine" et, donc, tout discours qui n'a observé ni son calendrier à lui, ni ses manières à lui de s'exprimer, n'a forcément pas droit à des compliments...

Je ne connais pas exactement le cursus de N. Hulot, mais je ne serais pas surpris si on trouvait quelques ecclésiastiques ou laïcs catholiques, sensés et loyaux envers l'Eglise, parmi les personnes qui "lui ont servi la soupe" mais qu'il oublierait allègrement désormais, tant il semble admis chez beaucoup de personnes que l'Eglise en général, et les catholiques en particulier, sont là pour leur rendre service et ne méritent en échange aucune considération.

En voici un exemple observé dans de nombreux endroits de France, exemple qui n'a rien à voir avec une attitude responsable envers l'environnement mais qui correspond pourtant au "cas Hulot" (et peut-être bien à pas mal de politiciens, notamment de gauche, qui bavent actuellement "sur les curés"). Ainsi donc, dans beaucoup d'endroits de France, des prêtres mettent des lieux de culte à disposition de manifestations culturelles sans rien demander en contrepartie, souvent des laïcs de la paroisse s'imposent d'assister à la manifestation au cas où on aurait besoin d'un coup de main, par exemple quand telle installation n'est pas commode, ensuite de gentilles dames de la paroisse font tout le ménage etc. Et pourtant, que rabâchent nombre d'animateurs culturels? Ce qu'ils rabâchent c'est que l'Eglise ne fait rien pour la culture, voyons! Et je ne m'attarde pas sur les horions adressés à l'Eglise si, en de rares occasions, le prêt du lieu de culte est refusé... Tout cela de la part de personnes qui ont bénéficié gratis de locaux pendant x années, qui ne se sont jamais préoccupées d'éventuels frais revenant à la paroisse, comme l'électricité, ni du dérangement causé à ceux qui assurent bénévolement le ménage ou un autre service. Pourtant les factures d'électricité et le balayage sont des réalités moins complexes à appréhender que les questions environnementales, dire merci est d'une étonnante simplicité comparé à la mise en œuvre de pratiques assurant un développement durable pour la planète, l'accueil sincère d'un curé et le dévouement de ses paroissiens semble pouvoir être plus rapidement appréciés que les publications de l'Eglise relatives à l'écologie... Mais non. Alors pourquoi Nicolas Hulot ferait-il exception?
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Écrit par : C.J / | 05/02/2014

RESISTANCES 'CATHO' AU PAPE FRANÇOIS

> "espère-t-il faire croire, à la prochaine initiative écologique de l'Eglise, que c'est lui – voire... Hollande – qui en a donné l'idée au pape ?" :
c'est probable, à entendre la conférence de presse de Hollande au Vatican, où il se donnait l'air d'avoir donné des leçons de paix au pape.

D'autre part, les non-croyants pensent que le pape a un pouvoir magique. M. Hulot s'imagine qu'une intervention du pape en faveur de l'écologie aurait levé une armée d'un milliard de catholiques qui aurait obligé les gouvernements à changer leur politique.

Malheureusement c'est loin d'être le cas, et [des médias catholiques français continuent] à diffuser, malgré 'Evangelii gaudium', des chroniques aveuglément dévouées à la loi ultralibérale de la finance internationale.
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Écrit par : Guadet / | 05/02/2014

EGO

> L'égologie, ça commence à bien faire...
http://ecoacteur.fondation-nicolas-hulot.org/la_fondation?gclid=CM3Ok-z-trwCFcuWtAod9QEAdg
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Écrit par : Serge Lellouche / | 06/02/2014

UNE PORTE S'ENTRE-OUVRE

> Réjouissons nous mes frères de cette nouvelle alliance qui se profile ! Si Nicolas Hulot parle (pour l'instant pas trop en bien) du discours de l'Eglise sur l'environnement, c'est qu'une porte du dialogue s'entre-ouvre !
Dès que quelques chrétiens (pas trop agressifs j'espère) auront pu lui parler et lui annoncer la bonne nouvelle (l'Eglise le soutient dans sa lutte et le devance même !), alors nous aurons un nouvel allié. Donc mettons nous en marche, parlons ... et agissons !

Et puis ses critiques, s'adressent-elles aux chrétiens, ou aux journaux qui ne retransmettent pas les communications (nombreuses) du Vatican sur le sujet ?
Jésus a dit : "soyez innocent comme des colombes et rusé comme des serpents ..."
Cdt,
Bergil


[PP à B. - Merci de ce témoignage. (Mais ne confondons pas Serge Lellouche et Serge Latouche, en dépit de l'homophonie et de la proximité d'idées !]

réponse au commentaire

Écrit par : Bergil / | 06/02/2014

@ Bergil,

> L'écologie politique a disparu en France. L'écologie a été captée par des carriéristes immatures, imbus de leur personne et de leur aura médiatique, qui parcourent le monde en avion et en hélicoptère pour vendre des bons sentiments et leur dernier bouquin, avec l'aval de leurs sponsors préférés, l'Oréal et TF1.
Les écologistes sérieux voient en Nicolas Hulot et Yann Arthus-Bertrand la première catastrophe écologique de notre temps.
Comment se fait-il que les catholiques soient toujours les premiers à tomber dans le panneau des bons sentiments?
http://www.dailymotion.com/video/x6r9xu_les-eco-tartuffe-nicolas-hulot_news
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Écrit par : Serge Lellouche / | 06/02/2014

BARTHOLOMÉE

> Indignons-nous des écotartuffes et réjouissons-nous avec Bartholomée Ier,
dont Mahaut consacre ici sur son blog un excellent papier (comme d'hab!:), consacré à ses positions écologistes...
http://visiblesetinvisibles.org/2014/02/05/bartholomee-ier-et-lecologie/
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Écrit par : Serge Lellouche / | 06/02/2014

à Serge Lellouche

> Les catholiques ne tombent pas dans le panneau, c'est Hollande qui cherche à sauver les apparences de son sommet 2015 à Paris sur le climat. Le Vatican reçoit tout le monde et n'avait pas attendu Hulot pour s'occuper du réchauffement.
Maintenant moi je suis plutôt de l'avis de PMalo : on n'a rien à perdre en utlisant l'opération Hulot pour amener les catholiques français à découvrir ou à accepter ce que l'Eglise leur dit sur l'écologie, et qui est plus profond que les discours de Hulot.
Sachons utiliser l'événement puisqu'il fait parler chez les catholiques.
P ex en débattant dans les paroisses sur les enjeux économiques et sociaux au lieu de ne faire que des appels individuels au "partage".
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Écrit par : jeanmi / | 06/02/2014

@ jeanmi,

> Et bien non. Sommes nous encore capables de susciter du dissenssus, de démêler le vrai du faux-semblant? La pédagogie dont vous parlez ne consiste-t-elle pas d'abord, en adultes, à séparer une écologie en trompe l'oeil, apolitique, poreuse et inoffensive, d'une écologie ferme et vivante, forcément dérangeante, car elle vient poser les problèmes (psychiques, anthropologiques, politiques) à la racine?
Question très simple : comment se fait-il que la première soit l'objet de toutes les attentions médiatiques et que la seconde soit reléguée dans les confins de la marginalité et du dénigrement dont elle est en permanence l'objet? Il doit bien y avoir une petite raison. J'ai choisi mon camp.
Pour le dire autrement, je vous citerai ce passage de Jacques Ellul, 'Exégèse des nouveaux lieux communs', 1966 :
"L'écoeurante mollesse des bons sentiments fabrique des bourreaux à la chaîne, car ne vous y trompez pas, les bourreaux sont plein d'idéalisme et d'humanité. C'est toujours au nom de l'humanisme et de l'humanité que se font les génocides.(...) Crevez la panse de l'idéalisme, tordez le cou aux bons sentiments, videz les émotions les plus généreuses, faites exploser le message de l'humanisme, apprenez à regarder la vérité en face, pratiquez le scepticisme ascétique, alors peut-être aurez-vous rendu quelques services, dont vous ne serez récompensé que par les insultes des braves gars du monde."
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Écrit par : Serge Lellouche / | 06/02/2014

JE PRÉFÈRE

> Je ne sais plus qui a dit, ni la formulation exacte, mais la "vraie réussite quand on veut faire changer une opinion (c a d la convertir) c'est quand ses propres ennemis annoncent qu'ils ont toujours été de votre côté et cru en vos idées".
Je ne critiquerai donc pas Nicolas Hulot ni Arthus Bertrand sur leurs actions pour l'écologie sous prétexte qu'avant c'étaient des gros vilains ou qu'ils ont des amis infréquentables. Je pense qu'une bonne partie de leur boulot va dans le bon sens (même s'il y a toujours des choses à recadrer un peu, et si tout le monde voit midi à sa porte).
Je pense (c'est juste mon avis) que l'attitude de certains écologistes qui se veulent plus royaliste que le roi est plus néfaste pour l'avancée des solutions que l'action de ces prétendues "brebis galeuses". Je vous invite à consulter un peu le site de JM Jancovici (manicore.com) pour constater que ce monsieur qui oeuvre aussi beaucoup pour la prise de conscience de la problématique environnementale est très investi dans l'association (et soutient) de Nicolas Hulot. Vous trouverez surement sur son site beaucoup de chiffres et d'éléments argumentés pour alimenter votre moulin, même si certaines de ses idées ne vous plairont peut être pas.
Enfin,
En tant que chrétiens, je rappellerai que Jésus s'est entouré de traitres à sa patrie (ou collabos), qui n'ont pas hésité à tout plaquer pour le suivre et faire un très bon boulot dont nous (les chrétiens) bénéficions encore. Donc, ne soyons pas hypocrite et pharisiens, il y a 2000 ans, le Christ les tançait déjà.
Je préfère un "sale renégat converti" à un "saint écolo qui crache dans le potage", car nous sommes tous appeler à boire ensemble, ce potage commun.
Bien fraternellement à vous,
Bergil,
PS : désolé pour les confusions d'identités.
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Écrit par : bergil / | 06/02/2014

POISON GEIGNARD

> Jacques Ellul fait là une excellente description qui peut s'appliquer au Romantisme, ce poison geignard dont nous supportons encore les conséquences car il s'est infiltré dans tous les domaines.
-refus de l'autorité
-refus du sens des mots
-refus des réalités au bénéfice du rêve
-refus de l'effort : si telle chose demande un effort, c'est que cette chose n'est pas bonne puisque elle ne s'impose pas d'elle même : d'où divorce à la moindre difficulté, refus de l'engagement, on reste au chômage plutôt que de prendre un travail qui n'est pas tout de suite le summum
-goût de la spontanéité allant jusqu'au culte et refus de la réflexion
-refus de la vérité déplaisante
-tyrannie de l'affectif et désintérêt de la recherche de ce qui est juste
-le juste milieu entre l'excès et le défaut remplacé par le "juste au milieu" entre Pierre et Paul pour ne déplaire à personne
-chercher à "avoir la paix" plutôt que chercher la paix
-l'amour de l'agréable remplace l'amour du bien
etc
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Écrit par : E Levavasseur | 06/02/2014

POPE FRANCIS IS A STINKING BOLSHEVIK

> un soutien qui aggrave le penchant à gauche de l'Eglise !

www.forbes.com/sites/jerrybowyer/2013/05/23/pope-franciss-economics-yes-he-has-a-leftist-view-of-free-markets/

va t-on remplacer le signe de croix par le poing levé ?

EL


[ PP à EL - Précisez que c'est du second degré de votre part, vous êtes lu principalement par des gens qui ne vous connaissent pas ! ]

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Écrit par : E Levavasseur / | 06/02/2014

PAS DUPE

> Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : je ne suis pas dupe des hélicologistes ou autres égologistes.
Une telle tribune de Nicolas Hulot peut être l'occasion pour des catholiques de dire avec force (et courtoisie), sous forme de réponse, que l'Eglise pense et agit sur la question écologique depuis fort longtemps, avant même que Monsieur Hulot ne soit né, et de manière peut-être un poil plus profonde que l'Oréal ou TF1.
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Écrit par : PMalo / | 06/02/2014

IL EN A VU D'AUTRES

> Mon côté écolo fait que j'aime bien N.Hulot, mais effectivement on peut se demander si lui aussi ne cherche pas récupérer la popularité du pape en jouant la mouche du cocher.
Est-ce là un danger pour le pape : se faire phagocyter par tous les personnages politiques et médiatiques ?

franz


[ PP à F. - Faites-lui confiance, il en a vu d'autres (et plus redoutables).

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Écrit par : franz / | 07/02/2014

ASSÉCHÉES

> Et cependant, la fracture hydraulique assèche les régions déjà en manque d'eau.

http://www.ceres.org/issues/water/shale-energy/shale-and-water-maps/hydraulic-fracturing-water-stress-water-demand-by-the-numbers
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Écrit par : Christian / | 07/02/2014

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