08/02/2011
Grève des juges : une société en décomposition
Ambigu, le mouvement
des magistrats
contre Sarkozy :
La méthode Sarkozy est une fuite en avant : de perpétuels esclandres pour annoncer qu'on va voir ce qu'on va voir... Comme ensuite rien ne vient (ou si peu), ce running gag est lassant. D'où les colères dans la société : colère de salariés abandonnés aux licenciements boursiers, par exemple... Et maintenant, colère des juges ! Sarkozy les rendant publiquement responsables de la mort de la jeune fille de Pornic, ils répliquent que le problème c'est Sarkozy, avec ses lois sans moyens de les appliquer. On sait que la justice ne peut pas vraiment assurer le suivi des « libérés sous mise à l'épreuve » ; mais on ne peut pas reprocher cette carence aux juges, alors qu'ils réclament des moyens depuis vingt ans.
Mais cette question a un autre aspect, qu'on ne doit pas négliger : les juges d'Outreau n'avaient pas manqué de moyens ! Dans cette affaire-là, des moyens abondants furent mis au service du pire scandale judiciaire du siècle : scandale dans lequel les juges, loin d'être « laxistes » comme on les en accuse depuis 1970, se sont comportés de façon ultra-répressive, et cela pour appliquer non seulement la procédure d'instruction (d'une façon partiale), mais l'un des fantasmes de notre époque.
Il y a d'autres fantasmes en circulation, qui hantent eux aussi certains procès. La sacralité du transgénique, par exemple ! Une cour d'appel a écrasé sous d'énormes dommages-intérêts un biologiste pauvre (coupable d'avoir détruit des plants OGM au nom de la défense du vignoble alsacien), alors que les juges de première instance ne lui avaient infligé qu'une condamnation symbolique. Cet arrêt a de quoi enchanter la FNSEA et M. Copé. Mais il désole les supporters d'une agriculture paysanne saine – quand on sait la gravité de la menace OGM.
Impression symétrique, quoique de tendance politique inverse, avec certaines décisions inspirées par le Syndicat de la magistrature (polarisé sur les « nouvelles moeurs »). Tout se passe comme si ces décisions tendaient à pousser le législateur à changer le code civil, qui a le tort de distinguer la femme de l'homme. Une telle stratégie est-elle légitime de la part de juges ?
Une part de la magistrature française se comporte comme les parlementaires d'Ancien Régime : jaloux de leur indépendance, ils la mettaient au service d'opinions de classe et de modes parisiennes. La grève des audiences est l'un des signes de décomposition de la société de 2011, comme la mutinerie des parlements fut l'un des signes de décomposition de la société du XVIIIe siècle. Sarkozy peut menacer des juges de « sanctions » ; il n'ira même pas aussi loin que Louis XVI, qui avait envoyé le plus excité des parlementaires se refroidir au Mont Saint-Michel [*]. On connaît la suite...
Nos juges veulent être indépendants du pouvoir politique ? Ils devraient l'être aussi des slogans et de l'air du temps. Ce n'est pas toujours le cas.
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[*] Loin de moi l'idée de comparer l'ennemi de la princesse de Clèves au scrupuleux et cultivé Louis XVI. Seules les situations sont comparables.
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11:35 | Lien permanent | Commentaires (25) | Tags : juges, justice, sarkozy
Commentaires
LE S.M.
> "le Syndicat de la magistrature (polarisé sur les « nouvelles moeurs »). " Des preuves, des preuves !
J.
[ De PP à J. - Mon impression est que le SM a suivi l'inflexion de la gauche : de la vigilance envers le pouvoir économique et financier, ce courant a glissé vers la "modernisation sociétale", autrement dit le libéral-libertaire ; ce qui conforte le système au lieu de l'ébranler. Personnellement je trouve ça dommage. Mais je n'oblige personne à partager mon point de vue. Et si je me trompe, montrez-moi en quoi, j'en serais ravi. ]
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Écrit par : Jérôme/ | 08/02/2011
NON, NON
> Non, non : la charge de la preuve revient à l'accusation ! Je n'ai pas l'impression que le SM s'occupe de "modernisation" sociétale dans ses interventions syndicales. Ces dernières peuvent énerver (la droite) mais elles me semblent toutes relever du travail syndical de base qui consiste à défendre les intérêts des membres d'une profession afin qu'ils puissent assurer correctement leur travail. Maintenant, si vous me trouvez une déclaration du SM dénonçant le scandale du refus du mariage transgenre entre mères porteuses piercées, là, éventuellement, je reverrai ma position.
J.
[ De PP à J. :
- Ne parlez pas d'accusation. Je ne parle, moi, que d'impressions. Elles me viennent de conversations sur le sujet avec des membres du SM. Les ai-je mal compris, et fallait-il ne pas relier ces propos à des attendus émis par des juges dont je ne connais pas le numéro de carte syndicale ?
- Permettez-moi de vous faire remarquer : a) que ma note parle de l'arrêt OGM beaucoup plus que des orientations du SM ; b) qu'elle mentionne ironiquement l'obsession du "laxisme des juges" qui a caractérisé une certaine rhétorique depuis les années 1970. ]
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Écrit par : Jérôme / | 08/02/2011
LE SM ET LA "FIGURE DE L'INTERDIT"
> La preuve : "Et si l’homosexualité est enfin dépénalisée, le mariage homosexuel demeure une figure de l’interdit" : http://www.syndicat-magistrature.org/Le-sexe-et-ses-juges.html
Or le SM déplore cet état de fait. Il est donc favorable au mariage homosexuel et aux nouvelles moeurs en général. Sa hantise est le retour fantasmé à l'ordre moral, comme tout bon libéral/libertaire qui se respecte.
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Écrit par : Sébastien/ | 08/02/2011
TOURS
> Et pendant ce temps là on apprend que Fillon s'est fait offrir ses vacances de Noël par l'Egypte et que - sans rire - des députés UMP envisageaient de se rendre en Côte d'Ivoire pour un Gbabo-tour. (Cf. Libération.fr de ce soir) Mais tout va bien dans le meilleur des mondes possibles.
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Écrit par : Pierre-Aelred/ | 08/02/2011
SYNDICAT DE LA MAGISTRATURE
> Merci à Sébastien pour la preuve. La balle est dans le camp de Jérôme.
Moi, ce que je reproche au SM (mais il n'est pas seul), c'est son idéologie qui permet à de grands criminels pervers-manipulateurs de se promener dans les rues alors qu'ils sont déjà passés par la case prison. Il ne s'agit que d'une poignée de criminels qui ont ce profil très particulier où le mal est un mode de fonctionnement totalement ancré. J'ai un cousin très proche, avocat pénal, qui a fait partie de la commission sur la récidive : il a pu constater à quel point une certaine idéologie qui a infesté la doctrine du droit pénal désarme la société face à certains criminels. Tout était verrouillé par cette idéologie et le gouvernement n'a pu que se contenter d'effets d'annonce dont il s'est fait une spécialité. Ce n'était pas une affaire de moyens, mais d'idéologie. Ne me demandez pas la preuve, il suffit de lire les journaux. Le SM parle de "populisme pénal", c'est une forme de terrorisme intellectuel. J'ai des grandes filles qui utilisent chaque semaine, parfois tard, des lignes RER particulièrement réputées pour leur dangerosité, je peux vous dire que le peuple a peur. Mais apparemment, les cercles intellectuels parisiens interdisent d'avoir peur parce que ceux qui ont peur font le jeu du populisme.
Mais il n'y a pas que les grands criminels, il y a aussi cette délinquance au quotidien sur les lignes de train : je suis sur la ligne de Mantes-la-Jolie, je ne pense pas que ce soit le cas de beaucoup de membres du SM. Dimanche, ils étaient 8 contrôleurs pour assurer un simple contrôle de billets. A moins que ça, ils sont en danger. Quant aux usagers, aux heures de pointe ça va, mais aux heures creuses il faut être très vigilant : regarder qui est dans le wagon avant de monter, regarder qui monte à chaque station etc. Même moi qui suis dans la pleine force de l'âge et qui approche 1m90, je le fais. Alors pensez, les femmes, les jeunes filles...
Désolé de parler un peu "café du commerce", mais d'une part je fréquente à l'occasion les cafés du commerce (je sais c'est mal, on entend des propos populistes), d'autre part il faut bien parler de la vraie vie de temps à autre.
Je sais que le Sarko n'agit que par opportunisme, mais moi ça ne me choque pas qu'on demande des comptes aux magistrats.
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Écrit par : Guillaume de Prémare/ | 08/02/2011
RENDRE DES COMPTES
> Il suffit d'approcher le monde des magistrats pour être frappé par le mensonge permanent: par "indépendance de la magistrature" ils veulent dire refus de rendre des comptes. En démocratie, tout le monde doit rendre des comptes. Il ne suffit pas d'avoir réussi le concours d'entrée à l'Ecole Nationale de la Magistrature pour ne plus avoir de comptes à rendre à personne. D'ailleurs quand on voit le juge Burgaud, personnage arrogant et immature et qui n'a jamais manqué de "moyens" pour organiser la catastrophe humaine que l'on sait, on tremble d'entendre clamer que "l'indépendance de la magistrature" serait en péril et la justice avec elle !
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Écrit par : B.H./ | 08/02/2011
CORPORATISME
> Merci de votre billet.
Je suis tout-a-fait d'accord avec votre comparaison avec les officiers parlementaires du XVIIIème s.
L'institution judiciaire est malade dans notre pays. Et ce dysfonctionnement n'est pas uniquement du a un manque de moyen, bien que réel.
La politisation des écoles de service publique (où les neo marxistes ont la haute main) ne génère pas l'objectivité que nous jurent de leurs blanches pattes nos robes noires ou rouges. Malheureusement, ce sont nos concitoyens qui payent trop souvent le prix de ces visions de classe où les conclusions résonnent souvent comme de tribunes.
En outre, les prises de postions sociétales semble-t-il systématiquement alignées sur les programmes des conclusions des loges philosophiques me semblent poser très sérieusement la question de l'indépendance de la justice, qui à mon sens est là plus menacée que par l’exécutif!
Une question: il me semblait qu'un syndicat prenant des positions politiques devait être dissout. Quid?
Les réflexes corporatistes de ces nouveaux privilégiés, criant au crime et à l'atteinte de leur statut dès qu'on leur demande des comptes, alors même que les malfonctions les plus violentes s'étalent en Unes, salissent cette institution sacralisée que les gens ne soutiennent plus que du bout des lèvres.
Qui nettoiera cette Justice d'Augias pour qu'elle retrouve son nom?
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Écrit par : Antoine/ | 08/02/2011
cher Guillaume,
> cette idéologie de la victimisation et du refus de la sanction, voire de l'exclusion n'est pas réservée à la magistrature. Comme ancien prof de banlieue, je peux vous assurer qu'elle sévit depuis des lustres dans l'E.N. Dans certains établissements, c'est la peur au ventre que l'on va en classe. On ne sait jamais comment se finira la journée: juste un pneu crevé ou un coup de cutter en travers de la figure? Une bouteille d'acide dans l'escalier ou juste une tournante? Mais jamais mes collègues, du moins pour la majorité d'entre eux, n'ont accepté de réelles mesures (si elles avaient été prises bien sur, mais c'est encore un autre débat). Il ne faut pas exclure, il ne faut pas de rapports de force. Ils pestent, râlent, pleurent ou hurlent en salle des profs, mais jamais ils ne bougent. Ils sont trop tétanisés par les étiquettes que certains leurs jettent: populiste est la dernière, mais de mon temps, c'était fasciste (bon, c'est vrai, j'ai un arrière-cousin qui fut bras droit de Bénito, nobody is perfect), lepéniste, bien sur, voir le bon vieux raciste. Pour eux, il faut dialoguer et réinsérer. Ils ont beau se faire taper sur la g....le, ils en redemandent. On voit où l'on en est maintenant.
vf
[ De PP à VF - All'armi ! all'armi ! ]
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Écrit par : vf/ | 08/02/2011
WAOUH
> Waouh! Je ne pensais pas lire des propos "un peu café du commerce" d'une telle ampleur sous la plume de Guillaume de Prémare (désolée, mais c'est vraiment l'impression que ça me fait).
Tout d'abord, en préalable, je ne nie absolument pas le problème de l'insécurité (j'ai habité en banlieue "glauque", et j'ai soigneusement évité les lignes qui la desservait seule aux heures creuses), je sais que c'est un vrai problème, mais il me semble qu'il ne relève pas de la seule réponse judiciaire. On va encore m'accuser de faire dans le social, mais si certains quartiers sont plus concernés par une certaine forme de délinquance et de criminalité que d'autres, il y a aussi des raisons liées aux politiques urbaines et sociales.
Ensuite, sur le "laxisme" supposé des juges, je suggère un petit tour chez maître Eolas (http://www.maitre-eolas.fr/) dont je ne partage pas toutes les opinions. Les derniers billets donnent la parole à des juges et des magistrats qui parlent de leur quotidien et des difficultés qu'ils éprouvent à faire correctement leur travail.
Et même si l'USM est trop orientée aux yeux de certains catholiques (visiblement), elle a le mérite de rappeler quelques tristes réalités sur l'état de notre système judiciaire.
Selon la Commission Européenne pour l'Efficacité de la Justice, fin octobre 2010, la France se situait ainsi:
- Au classement du budget annuel alloué au système judiciaire (tribunaux, ministère public et aide juridictionnelle) rapporté au PIB par habitant, la France a (encore) reculé. 37ème sur 43 pays, elle se situe désormais derrière l'Azerbaïdjan et l'Arménie...
- Le budget total annuel de la justice n'a augmenté que de 0,8% entre 2006 et 2008. Dans le même temps, il augmentait en moyenne de 17,7% en Europe.
- La France compte 3 procureurs pour 100 000 habitants, alors que ce chiffre est de 10,4 dans les autres pays du Conseil de l'Europe.
- La France compte 9,1 juges professionnels pour 100 000 habitants (en 2008, ils étaient 11,9). La moyenne européenne est de 20,6.
- La France reste classée 39ème sur 45 au nombre de fonctionnaires alloués à la justice pour 100 000 habitants. Avec 29,1 fonctionnaires de Justice pour 100 000 habitants, l'hexagone est ainsi derrière l'Arménie et la Géorgie...
Et on ne parle là que des moyens humains. Les moyens matériels sont désastreux: les ordinateurs sont souvent vieux, les systèmes d'exploitation pas à jour, les logiciels contenant les jugements et l'état actualisé des différents codes ne reçoivent pas les versions les plus récentes. Chez Maître Eolas, un magistrat signalait que son tribunal de grande instance avait refusé l'achat d'un livre de droit spécialisé à cause de son coût trop élevé. L'ouvrage coûtait quarante-cinq euros.
Bref, les reproches faits aux juges dans l'affaire à laquelle, je pense, nous pensons tous, reviennent en quelque sorte à reprocher à un hôpital délabré, sans moyens, avec beaucoup moins de matériel que nécessaire et incapable d'assurer la stérilisation de tous ses instruments d'avoir un taux de mortalité et d'infections nosocomiales trop élevé. Et encore, pour ce qui concerne l'hôpital, on a les moyens d'aller voir ailleurs si on en a besoin. Pour la justice, non.
Demander des comptes aux magistrats, oui, mais le jour où tous les moyens humains et matériels seront pourvus.
Enfin, l'affaire qui a tout déclenché relève de la justice pénale. Mais pour la justice administrative, c'est la même chose. Et au lieu d'adopter la posture du "c'est la faute aux magistrats", nous ferions mieux de les soutenir, sous peine de les voir sérieusement s'énerver le jour où, après leur avoir jeté la pierre, nous nous étonnerons qu'ils répliquent d'un ton peu amène lorsque nous nous plaindrons auprès d'eux de la lenteur du traitement de notre contentieux commercial.
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Écrit par : Mahaut / | 08/02/2011
> J'ajoute sur le sujet qu'honnêtement, peu m'importe que le SM soit polarisé sur les nouvelles moeurs. Si une homosexuelle mère porteuse militante était la dernière personne au monde à garantir un système judiciaire ou un système de santé équitable, qui ne fasse aucune différence entre riches et pauvres, je lui ferais confiance, passant outre ses convictions sur d'autres sujets.
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Écrit par : Mahaut | 08/02/2011
@ Guillaume de Prémare
> Sur les quelques criminels chez qui le mal est un mode de fonctionnement ancré, je suis entièrement d'accord avec vous: ils doivent être enfermés. Mais comme l'une des garanties d'un système judiciaire équitable est qu'on ne peut pas enfermer quelqu'un pour quelque chose qu'il n'a pas fait, on ne peut pas les garder en prison à la fin de leur peine. D'après les médecins de mon entourage, le comportement de ces criminels relève de la psychiatrie. Leur place est donc en hôpital psychiatrique, en unité fermée. Seul problème: la psychiatrie est dans un état encore plus délabrée que la justice, et il faut bien dire que c'est plus vendeur (en campagne électorale, pour un journal populiste, etc...) de crier "tous en prison" que "tous à l'hôpital psy", ça rassure le bon peuple à peu de frais. Que faire? Le rôle de la justice n'est pas de pallier les déficiences du système de santé français.
Au passage, des estimations chiffrent à 25% minimum le nombre de détenus dont la place serait en hôpital psy plutôt qu'en prison.
Je suis peut-être une grande idéaliste, mais je suis toujours de voir certaines personnes de droite brandir les droits fondamentaux de la personne humaine pour justifier le refus de l'IVG, de l'euthanasie ou que sais-je encore, mais passer outre ces mêmes droits (que la morale chrétienne ne refuse à personne, même pas au pire des meurtriers) quand il s'agit de justice pénale.
Et par pitié, qu'on ne me dise pas que les juges sont insensibles aux droits des victimes (cf ici: http://www.maitre-eolas.fr/post/2011/02/07/Les-boules) ou que je le suis. Je n'ai pas particulièrement envie de détailler, mais j'ai été victime de faits traumatisants. Cela ne m'empêche pas d'avoir les positions que je défends actuellement.
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Écrit par : Mahaut/ | 08/02/2011
@ Vf
> Merci de me soutenir cher Vf. C'est marrant, dès qu'on vit les choses en direct, on a un autre regard que celui des éditorialistes parisiens ou de Maître Eolas. Mon fils a vécu cette violence que vous décrivez dans la petite école primaire publique de mon petit bourg de banlieue classe moyenne. Sans le maire compatissant qui nous a accordé une dérogation à la carte scolaire et les conseils d'une enseignante qui a osé briser l'omerta avant de partir... je n'ose y penser.
Les enseignants ont une circonstance atténuante de taille : le problème est dans les familles, dans l'éducation. Ce n'est pas leur job d'éduquer les enfants, mais de les instruire. Les familles ont le devoir de livrer à la société des enfants éduqués, on ne le dit pas assez.
Bon, pour le reste, no pasaran quand même... et bella ciao... et viva il communismo et la liberta
@ Mahaut
> Bon, ici on discute en famille, on peut laisser de côté la forme de temps à autre, non ? Vous devriez peut-être aller davantage au "café du commerce", on y apprend beaucoup de chose et on y sent surtout l'exaspération des classes moyennes et populaires : c'est un phénomène massif, c'est une bombe à retardement. Ceci dit, bien sûr il y a d'autres facteurs que les juges, vous avez raison de compléter. Mais le ravage de la doctrine du droit pénal est pour moi un fait. L'idéologie de l'excuse vient de Rousseau : l'homme nait bon et c'est la société qui le pervertit. Donc ce n'est jamais de sa faute, mais celle de la société. Et comme en plus on le lui dit, aucune chance qu'il se corrige. CQFD
Ce qui s'est passé dans l'Eglise avec la pédophilie ressemble un peu à cela : on s'est tellement polarisé sur le retour du pécheur qu'on a oublié les victimes, l'expiation, la réparation, la satisfaction. Sauf que là, c'était pas la "faute à Rousseau" mais à une doctrine déformée de la miséricorde et du pardon.
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Écrit par : Guillaume de Prémare/ | 08/02/2011
@ Guillaume de Prémare
> J'attache beaucoup d'importance à la forme. C'est peut-être dû à ma formation, à mon métier, mais elle m'apprend autant que le fond.
Le Café du commerce? Je ne l'aime pas, et ce n'est pas uniquement par ouï-dire que je le connais. Je n'aime pas ce qu'il reflète, je n'aime pas sa désagréable habitude de refuser d'analyser les faits pour faire primer l'émotion soigneusement montée en sauce par les journaux télévisés et les diverses émissions de radios populistes où les auditeurs ont la parole. Je n'aime pas cette impossibilité qu'il y a de donner des faits concrets, surtout quand ce sont des faits qui vont à l'encontre de ce que votre interlocuteur vient d'exprimer sur le ton "moi, je sais, tous des feignants". Je n'aime pas le ton sur lequel l'habitué du Café du commerce me prend de haut quand je lui demande des arguments pour expliquer pourquoi il respire mieux sous Sarkozy et qu'il me répond "la droite, c'est mieux que la gauche, c'est tout", sans avancer aucun argument concret. La politique du ressenti, je déteste. C'est d'ailleurs peut-être pour ça que je n'ai pas tenu longtemps en politique ou dans le syndicalisme. J'y croyais et j'y crois toujours (mais je ne crois plus vraiment dans les partis ni dans les syndicats dans lesquels je suis passée) mais ce qui me plaît, c'est l'argumentation, la recherche de faits concrets qui vont permettre d'éclairer une position, ce n'est pas de flatter l'électeur dans le sens du poil. Et c'est lassant de devoir expliquer que, oui, monsieur, vous ressentez ça, mais que non, nous n'allons prôner une politique qui va dans votre sens alors que les chiffres, même sur votre circonscription géographique, disent le contraire.
Je crois beaucoup en l'expertise des professionnels: que ce soit sur l'état de la magistrature, de la santé, de l'éducation, je préfère les témoignages de ceux qui sont en poste au quotidien à ce que peut cracher le journal (de TF1 ou de France 2, peu importe) sur des professions peu aimées des français. C'est sans doute de la naïveté, mais je préfère les explications de mon médecin qui a des faits et des chiffres concrets à me mettre sous la main pour m'expliquer pourquoi l'hôpital public ne peut pas me donner rendez-vous avant six mois, plutôt que le discours de madame Michu qui se plaint de ces fainéants de toubibs qui ne reçoivent les patients que contre un gros chèque. De même, je n'accorde pas énormément de crédit aux parents d'élèves qui savent mieux que les profs pourquoi ces derniers sont en grève, surement parce que j'ai fait ma seule journée de grève après avoir quasiment pleuré de désespoir devant ce que le gouvernement prévoyait pour notre avenir et en pleurant de désespoir devant l'incapacité à faire comprendre aux gens qui nous écoutaient ou nous lisaient que ce contre quoi nous nous battions allait avoir des conséquences sur la scolarité de leurs enfants.
Oui, j'aime maître Eolas quand il témoigne de son quotidien d'avocat ou que ses co-blogueurs témoignent de leur quotidien de magistrat, et je pense que certains de leurs billets devraient être déclarés d'utilité publique. Mais je n'aime pas les éditos parisiens, loin de là.
Pour autant, je ne suis pas rousseauiste, ou du moins pas entièrement. L'homme peut être mauvais, le mal existe en chaque homme, bien sûr, mais la société a une part de responsabilité dans la corruption de certains de ses membres. Est-il possible de dénoncer la part de responsabilité d'une société ou d'un état dans tel domaine sans être taxé de rousseauiste? Est-il encore possible de dire que la prison est l'école du crime sans être taxé de rousseauisme angélique ou d'être accusé de nier le libre-arbitre de l'homme? Le débat "rousseauisme versus grandeur de la responsabilité individuelle" m'apparaît comme extrêmement manichéen. De même que certains courants politiques ont tendance à évacuer toute notion de responsabilité individuelle, d'autres refusent l'idée qu'une société puisse être responsable, tout ou partie, des méfaits de certains de ses membres. Tant qu'on ne sortira pas de cette alternative, on n'aura pas progressé d'un iota.
Voilà ce que m'inspire tout ça ce soir.
(Pour ceux qui se demanderaient si je suis une nouvelle venue: non. [Etant une femme], j'ai adopté, sur une suggestion du propriétaire des lieux, un pseudo plus féminin. J'étais Et cetera.)
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Écrit par : Mahaut/ | 08/02/2011
@ Mahaut
> Non, la place d'un Pierre Bodein n'est pas en hôpital psychiatrique. Cela n'y changerait strictement rien. Le propre des pervers-manipulateurs est d'être... manipulateurs. Ils ont un génie de la manipulation, une sorte de génie du mal, ils pourront manipuler les psys pour faire croire à leur guérison. Je crois qu'aucun spécialiste sérieux ne peut avancer aujourd'hui qu'une solution de réinsertion soit possible pour un Pierre Bodein. Cet homme a été ballotté entre hôpital psy et prison, il s'est fait passer pour fou, ça a marché, il a simulé une maladie et s'est retrouvé en fauteuil roulant, puis s'est évadé sans son fauteuil. Multi-récidiviste, il a été condamné à 30 ans en 1994, mais a eu une excellente conduite et a été libéré en 2004, année où il a assassiné une femme et deux fillettes ("assassiné" est presque un euphémisme car il est quasiment insoutenable de raconter ce qu'il a fait subir à la petite Jeannette). Des Pierre Bodein, ça se compte heureusement sur les doigts d'une ou deux mains.
Pour le reste, la fonction de la justice n'est pas seulement de réinsérer et/ou d'empêcher de nuire, mais aussi, et c'est capital, de rendre justice par une peine proportionnée. La peine infligée au coupable est une réparation pour la victime : il y a une satisfaction proportionnée due en justice à la victime. Il s'agit bien de satisfaire la victime. Et la peine est bien sûr une juste et nécessaire expiation pour le coupable. Voilà notre doctrine du droit pénal, héritée du christianisme, avant qu'elle ne soit sabordée.
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Écrit par : Guillaume de Prémare/ | 08/02/2011
LES LOIS
> Eh bien, si les Pierre Bodein se comptent sur les doigts de deux mains, ce que j'espère, appliquons les lois existantes au lieu d'en créer de nouvelles. Pierre Bodein purge une peine de perpétuité incompressible, dite "perpétuité réelle". Mais même s'il avait "seulement" était condamné à perpétuité et trente ans incompressibles, ça n'aurait pas voulu dire qu'il serait sorti au bout de trente ans: une peine incompressible détermine le temps au bout duquel le condamné est éligible à une libération conditionnelle. Ça ne veut pas dire qu'il est libéré automatiquement au bout de cette peine. Appliquons d'abord la possibilité de ne pas libérer des condamnés au bout de leur période de sureté au lieu de créer des lois pour dix personnes.
Quant à la fonction de la justice, nous sommes en désaccord à ce sujet: la peine infligée au coupable ne doit pas être uniquement une réparation pour la victime mais aussi une réparation pour la société, dont le crime ou le délit a troublé l'ordre. Bien sûr, il est nécessaire de prendre en compte la victime. Mais, et c'est également compréhensible, les victimes veulent souvent que le coupable purge la peine maximale. Est-ce qu'elles sont pour autant les mieux placées pour décider de la peine adéquate? Non. Le rôle de la justice est aussi d'être capable de dire à une victime "ok, vous voulez que cette personne passe le restant de ses jours en prison et c'est compréhensible, mais son acte ne mérite pas telle peine". Je vous l'accorde, ce n'est ni démagogique ni porteur électoralement parlant. Mais c'est nécessaire.
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Écrit par : Mahaut/ | 09/02/2011
MERCI
> Merci chère Mahaut pour ce débat enflammé. J’apprécie sincèrement votre fougue et votre verve. Pardon si je vous ai vexé. La forme d’un blog, c’est aussi un fil de conversation où s’expriment des sentiments, des impressions, des émotions, pas seulement de l’argumentation dépassionnée (dont je ne suis pas ennemi). Rien que de très humain en quelque sorte. Voyez comme PP s’est vu reprocher d’avoir livré une impression sans preuve sur le SM. Il avait bien le droit d’avoir et de livrer une impression, même un peu vague, non ?
Nous sommes en désaccord sur plusieurs points.
1. Je n’évacue pas l’émotion, car si l’émotion exprime une subjectivité, elle est un fait objectif, elle existe, elle est réelle. La tendance « objectiviste » consiste à dire : « l’émotion est liée à une subjectivité, donc elle n’est pas reliée à la raison, donc elle est sans valeur ». C’est un contresens anthropologique. L’émotion est le fruit spontané de la sensibilité, elle est moralement neutre : elle est là, tout simplement. Par ailleurs, la sensibilité est d’une importance capitale au plan anthropologique : St Td’A dit que « l’homme perçoit l’intelligence des choses par les sens ». L’émotion est une donnée à relier à la raison, à objectiver par la raison, et non à refouler. Ensuite, ce qui peut être bon ou mauvais, c’est ce que j’en fais, pour le bien ou pour le mal. Mais si je la refoule, je fais fausse route. En matière pénale, l’émotion joue un rôle. Il est normal qu’un crime qui a provoqué une émotion particulièrement forte dans la société, donc un désordre objectif, soit puni par un peine plus sévère. Pour moi, il ne faut pas évacuer l’émotion des prétoires. Cela ne signifie pas qu’elle doit en être le maître absolu. C’est une donnée à prendre en compte dans la catégorie des conséquences de l’acte. Il faut satisfaire la victime et la société de manière proportionnée (si c’est disproportionné c’est de la vengeance).
2. J’ai beau aimer la raison et l’argumentation, je n’évacue pas le « café du commerce » car je crois à ce qu’on appelle le « bon sens populaire ». Certes, ce bon sens nous donnera rarement une solution raisonnablement applicable. En revanche, à mon avis rien n’égale ce bon sens pour déterminer que « quelque chose ne va pas ». Et le bon sens populaire dit aujourd’hui que « quelque chose ne tourne pas rond » dans notre politique pénale et je lui accorde davantage de crédit qu’aux experts ou à Maître Eolas dont le talent et l’intelligence ne sont pas garantis d’erreurs ou d’aveuglements. Pour moi, de la même manière qu’il n’est pas authentiquement « humain » d’écarter l’émotion, il n’est pas authentiquement « social » d’écarter la Vox Populi. Voilà le sens de mon « populisme » : j’accorde du crédit au peuple, dont je fais partie intégrante.
3. Au « café du commerce » aujourd’hui, il ne se dit pas que l’on « respire mieux sous Sarkozy » ou que « la gauche est mieux que la droite ». Il se dit plutôt : « tous coquins, tous copains, tous incapables ». Ce qu’on pourrait traduire par : « les élites politiques, économiques et intellectuelles n’ont pas les vertus personnelles pour résoudre les problèmes du temps ; elles tournent en circuit fermé dans leur univers oligarchique de cooptation et d’autoprotection ; et elles ont majoritairement laissé de côté l’idée de contribuer au bien commun. » Dit comme cela, c’est plus propre, ça « sonne mieux ». Dit comme au « café du commerce », on méprise souverainement. C’est un mépris du peuple. Peuple debout contre tes oppresseurs ! Soulève-toi !
NB : c’est marrant, en ce moment on accorde du crédit à la Vox Populi en Tunisie et en Egypte, et on ne dénonce pas le « populisme ». Mais si c’est en France… pardon ça change tout. En 1789, très bien ; aujourd’hui, « vade retro populace ! »
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 09/02/2011
@ Mahaut
> Pour répondre à votre dernier commentaire : "Quant à la fonction de la justice, nous sommes en désaccord à ce sujet: la peine infligée au coupable ne doit pas être uniquement une réparation pour la victime mais aussi une réparation pour la société, dont le crime ou le délit a troublé l'ordre."
Non, nous ne sommes pas en désaccord sur ce point : vous avez complété un oubli important de ma part, merci.
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Écrit par : Guillaume de Prémare/ | 09/02/2011
IMPOSSIBLE VIE EN COMMUN
> Il est vrai que la justice manque cruellement de moyens (est-ce voulu?). Quant à la récidive, c'est politique. Quant un criminel est récidiviste, il n'y a qu'a modifier la loi pour l'enfermer à vie. Point barre. Les libérations sous bonne conduite ne sont que l'application de la loi. Le vrai problème est de vouloir changer ces lois. Ce n'est pas fait pour des raisons souvent électoralistes. Les discours sur la réinsertion, la "guérison" du mal, etc. sont les discours des gens qui n'ont jamais été victime. Allez parler à des gens dont la gamine de 12 ans a été victime d'une tournante et on en reparlera.
Quant au rôle de l'école, c'est exactement cela. Nous ne somme pas là pour éduquer. Le sens du bien et du mal doit être transmis par les parents (quant il y en a, vu l'état des familles de nos jours....). Encore faut-il qu'il soit commun à tous. Or, nous vivons dans une société atomisée, où l'individu est sa propre échelle de valeur. Il est donc impossible d'avoir un code social, une définition du bien et du mal commune à tous. Donc toute vie en commun devient impossible.
Cher Guillaume, j'aime beaucoup votre point 3. C'est vraiment marrant de voir le bon sens populaire rejeté sous prétexte de sous-éducation par ceux qui prônent la démocratie.
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Écrit par : vf/ | 09/02/2011
VICTIMES
> Sauf votre respect, mon cher vf, je paye encore très très cher deux événements survécus dans ma jeunesse (et que je n'évoquerai pas davantage ici). J'étais une victime sauf que personne n'a voulu le reconnaître, les conséquences en sont lourdes. Et je connais d'autres personnes victimes de faits lourds qui partagent mon point de vue.
Je n'ai pas encore pris le temps de répondre sur le fond au dernier message de Guillaume de Prémare, mais voilà ce qui me révolte dans ce débat: ceux qui soutiennent la sortie du chef l'État convoquent unilatéralement les victimes, comme si ces dernières ne pouvaient que se ranger derrière la dictature de l'émotion et la récupération médiatico-politique des crimes les plus atroces. Permettez à des victimes de refuser d'être récupérées.
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Écrit par : Mahaut / | 09/02/2011
> Et même si j'aurais aimé répondre à Guillaume de Prémare, je préfère m'arrêter là sur le sujet: ça me rappelle trop de mauvais souvenirs, notamment de l'affaire Anne-Lorraine Schmitt, où ceux qui n'allaient pas dans le sens de la majorité catho compatissante se faisaient accuser de mépriser les victimes sans égard à ce qu'ils avaient pu vivre.
Désolée, cher PP, mais pour moi ça relève trop du Café du commerce pour que je continue à débattre.
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Écrit par : Mahaut/ | 09/02/2011
Chère Mahaut,
> Vous dites : "ceux qui soutiennent la sortie du chef l'État convoquent unilatéralement les victimes, comme si ces dernières ne pouvaient que se ranger derrière la dictature de l'émotion et la récupération médiatico-politique des crimes les plus atroces. Permettez à des victimes de refuser d'être récupérées."
Vous avez raison de mettre en garde contre la "dictature de l'émotion"... et je pense que j'ai raison de plaider pour la "prise en compte de l'émotion" parce que la doctrine pénale dominante veut l'évacuer, à mon avis à tort. Et je plaide aussi pour un renforcement des droits des victimes, notamment la possibilité de faire appel. Mais là encore, renforcer ces droits ne doit pas conduire à en faire l'alpha et l'oméga de la politique pénale. Il y a un équilibre à trouver et je pense qu'à cet égard, aujourd'hui le "compte n'y est pas". Et sachez que j'entends parfaitement votre dénonciation de la récupération abusive des victimes : vous avez raison de nous alerter sur ce point.
Vous voyez que votre colère aura été utile et j'espère que ce rapprochement de nos points de vue saura l'apaiser.
Bien cordialement,
Guillaume
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Écrit par : Guillaume de Prémare/ | 10/02/2011
Chère Mahaut,
> acceptez mes excuses si je vous ai blessé. Ce n'était absolument pas ce que je souhaitais. Ensuite, je ne soutiens pas du tout les propos démagos de notre président-national. Il ne s'agit pas de récupérer les victimes, dans mon propos. Il s'agit de vouloir vivre en paix, de protéger les innocents. Dire que les solutions existent et ne sont pas hors de portée ne relève pas du café du commerce. Ce que Sarko a balancé, oui. Mais il tente de refaire le coup de 2007. L'attitude de juges est elle aussi démago. Ils doivent des comptes à la société, ne leur en déplaise. Maintenant, ne pas tomber dans le jeu "émotionnel" des médias ne veut pas dire rejeter toute tentative de mettre réellement une fin aux actes criminels de tel ou tel. Je ne suis pas naïf, le mal existe et il y aura toujours des criminels. Mais c'est une chose de le reconnaître, c'en est une autre de vouloir à tout prix en faire des gens normaux, du moins pour les maniaques sexuels et autre sadiques. Il est vain et dangereux de vouloir les réinsérer un jour. Ce qui ne veut pas dire que je défende la peine de mort. Nous avons d'autres moyens de régler le problème. P.S: je ne suis pas sarkoziste, loin de là et je n'ai pas voté depuis 2000.
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Écrit par : vf / | 10/02/2011
EQUITABLE
> "Les expressions toutes faites sont la garantie d'une absence de réflexion." disait mon directeur de mémoire
D'ailleurs Mahaut : qui sait si le Café du Commerce dont Guillaume serait selon vous un pilier, n'est pas le Café du Commerce Equitable...
Ah !
"il est bon ton café, gringo!"
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Écrit par : zorglub/ | 10/02/2011
à Guillaume de Prémare
> j'adhère pleinement à votre analyse.
Pour reprendre Pascal, que j'oppose volontiers au rationalisme cartésien, et qui est à mon sens plus sérieux scientifique que son contemporain, "Nous connaissons la vérité non seulement par la raison mais encore par le coeur". Il va plus loin encore en démontrant magistralement qu'il n'y a pas de mathématiques, discipline reine du raisonnement, sans au départ connaissance par intuition ou coeur des Premiers principes( qui sont aussi des lieux communs).
Appliqué à votre débat avec Mahaut, cela donnerait qu'aucune analyse pertinente de spécialistes et gens instruits ne peut se faire sans partir des lieux communs que l'on trouve notamment...au Café du Commerce. Non pas les uns contre les autres, mais les uns avec les autres.
C'est d'ailleurs ce qui m'inquiète dans nos débats actuels: la montée et la multiplication des murs entre nous citoyens: juges corruptibles et insensibles versus peuple abusé, Justice débonnaire agonisante versus politiques gérant en dépit du bon sens, médecins vénaux versus patients victimes, fonctionnaires fainéants toujours en arrêt maladie versus salariés du privé portant seuls le poids de la crise, parents d'élèves contre les professeurs, bons français versus citoyens d'origine étrangère, agriculteurs versus grandes enseignes,... Non que ce soit sans fondement, mais il serait temps de rompre avec notre penchant à l'épuration permanente, et notre mauvaise conscience collective qui nous fait sans cesse reporter sur des responsables désignés la responsabilité de la crise, pour songer plus positivement à construire autrement, c'est-à-dire sur la base de la CONFIANCE qui transcende les différences et les humaines incompréhensions.
Ce d'autant plus que nos politiques, à défaut d'avoir prise sur les événements, se maintiennent au pouvoir en attisant voire provoquant ces divisions (l'affaire Mediator n'est pas sans questions de ce point de vue): diviser pour mieux régner, se poser en seul garant désintéressé du bien des citoyens face à tous les lobbies et intentions malveillantes. C'est cela le populisme, en vérité mépris du peuple.
J'aime la distinction que fait Montesquieu entre union d'harmonie dans un corps politique ( qui peut aller avec certains troubles et remous) et "accord du despotisme asiatique, c'est-à-dire de tout gouvernement qui n'est pas modéré", où "il y a toujours une division réelle", si bien que "si l'on y voit de l'union, ce ne sont pas des citoyens qui sont unis, mais des corps morts, ensevelis les uns auprès des autres."
De la société française ou des peuples du Maghreb, lesquels....?
Pour nous catholiques( pour moi d'abord), il nous faut aussi lutter contre notre défiance et nos théories du complot vis-à-vis des franc-maçons, associations homosexuelles, libertaires qui de gauche qui de droite, pro ou anti-américains,...non que ce soit sans raison, mais encore une fois il n'y a pas d'autre chemin que la confiance( Ce qui ne signifie pas oublier qui l'on est, au contraire!!).
Les hommes sont aussi ce que l'on veut bien voir en eux.
(excusez mes références de prof de philo! et merci à Mahaut pour sa participation féminine ET de haute qualité au blog, entre femmes...)
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Écrit par : Anne Josnin/ | 10/02/2011
PAS SÛR
> S'il y a un ras le bol général, il n'est pas sur que tous les magistrats manifestent pour la même chose et défendent une même idée de la justice.
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Écrit par : Patrick/ | 10/02/2011
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