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Budget Macron : le libéralisme va coûter très cher

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Éperonné par des libéraux absurdes, l'Elysée-Matignon dépouille les services publics (armée, police) pour financer des baisses d'impôts bénéficiant aux plus riches :

 

 

BOUZOU-Nicolas.jpgConnaissez-vous Nicolas Bouzou [photo], auteur en 2016 de L'innovation sauvera le monde, collaborateur du Financial Times, breveté Dauphine-IEP et "consultant managérial" comme tout le monde chez Macron ? Cet  "essayiste spécialisé dans l'économie" est libéral au point de préconiser la suppression des lits d'hôpital (ringardisés, dit-il, par la chirurgie ambulatoire)... M. Bouzou fait partie des nouveaux insubmersibles : au lieu de se cacher après avoir écrit en avril 2008 : "c'est le moment d'acheter en Bourse" [1], il vice-préside un cercle "de dirigeants libéraux de grandes entreprises et de responsables politiques". 

Ce lobby libéral a donc convaincu M. Macron de réaliser dès 2018 - et contrairement à ce que M. Philippe avait annoncé -  la promesse de  faire perdre au budget trois milliards d'euros en favorisant le casino financier : plafonner à 30 % les revenus du capital, faire sortir de l'assiette de l'ISF les valeurs mobilières (actions et assurance-vie), etc. En fait de disruption créative, cette opération s'inscrit dans la continuité de l'ère Sarkozy-Hollande.

Selon l'Evaluation du programme présidentiel publiée hier par l'OFCE, l'application de ce programme durant le quinquennat profitera surtout aux 280 000 foyers (1 % de la population) classés parmi les plus riches : ils bénéficieront de "46 % des gains des mesures fiscales à destination des ménages", souligne ce rapport. Les classes moyennes seront étrillées, comme ce fut le cas sous les deux quinquennats précédents. Le macronisme apparaît donc bien comme un cran supplémentaire ("incrémental", disent les jeunes managers LREM) dans la dislocation sociale engrenée par le néolibéralisme.

Pour compenser le sabordage libéral de ressources de l'Etat, et pour satisfaire à la norme bruxelloise des 3 % confirmée par Mme Merkel jugulant M. Macron, M. Philippe doit trouver 13 milliards par la "contraction de la dépense". Il doit donc - comme ses prédécesseurs - appauvrir encore les services publics : y compris ceux qu'on devait épargner au nom de la sécurité nationale...

Durant sa campagne, en effet, M. Macron avait juré (les yeux au ciel) de porter à 2% du PIB le budget de la défense. Ce ne sera pas le cas. L'armée va perdre  850 millions en pleine année courante, chose inédite qui atterre les généraux. Gênés sous Sarkozy, angoissés sous Hollande, ils deviennent indignés sous Macron. "Je ne vais pas me laisser baiser par Bercy !", fulmine le général de Villiers. Auditionné le 12 juillet à l'Assemblée, il a indiqué qu'en privant l'armée de moyens - donc d'armement et d'entraînement -, le pouvoir prépare "la défaite".

Autre volte-face :  après avoir plaidé - à juste titre - la cause de l'aide au développement des pays pauvres (clé du problème des migrants), et après avoir promis de la porter à 0,7 %  du PNB d'ici à 2030, M. Macron lui fait retirer dès maintenant 140 millions par M. Philippe...

Les gens lucides se doutaient de tout ça depuis le lancement de l'OPA Macron. Nous avions exprimé ces doutes. Ils nous avaient été reprochés en juin par d'ex-fillonniens devenus prophètes ex-post du macronisme... La proskynèse devant la finance est en effet une issue  : à condition d'être indifférent aux tyrannies, ou d'avoir secrètement voulu celle-là.

 

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[1]   http://www.arretsurimages.net/articles/2009-08-07/Vive-Ni...

 

 

 

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Un miracle qui défie les économistes

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 C'est l'évangile de ce dimanche (la pêche miraculeuse, Luc 5, 1-11) :

 

Récit d'une clarté parfaite. D'un côté, des techniciens, dont le métier (la pêche) n'a dégagé aucun profit dans l'exercice écoulé (une nuit bredouille sur le lac). Mais ce sont aussi des disciples. Le maître est avec eux. Il était monté dans la barque pour parler à la foule qui se pressait sur le rivage ; il dit alors à Pierre, le patron pêcheur, de pousser la barque en eau profonde pour jeter de nouveau les filets... Pierre pourrait lui répondre – mais s'en abstient – que sur ce lac, les poissons ne se laissent pas prendre le jour quand ils ne se sont pas laissés prendre la nuit ; et que le commandement de Jésus ne tient pas compte des lois physiques de l'industrie de la pêche. Si Pierre était un libéral franco-américain du XXIe siècle, il dirait à Jésus (comme EWTN au pape François*) de s'occuper de morale familiale et non d'économie.

Mais Pierre est un disciple. Il voit que Jésus ne respecte pas l'autonomie des lois économiques ; il est perplexe ; cependant il obéit et pousse la barque au large. On connaît la suite. Une pêche énorme, invraisemblable ! Si Pierre et ses compagnons (« ses associés », dit Luc) étaient des économistes catholiques franco-américains du XXIe siècle, ils écriraient à Liberté politique pour témoigner que la religion maximise les profits. Mais ce sont des disciples du Christ : « ils ramenèrent leurs barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent » (Luc 5,11). Au lieu de transformer leur coopérative en une start-up intitulée, par exemple, MarvelNet, ils laissent tomber leur activité professionnelle pour devenir – leur a dit Jésus – « pêcheurs d'hommes » ! Le miracle n'avait pas pour objet une amélioration innovante (disruptive improvement**) de leur activité économique, mais une cessation de cette activité. Pour un changement radical...

Et ils prennent le risque. « Révolution culturelle courageuse », dirait le pape François.

Commentant cet évangile, Parole et prière de février insiste : « Pourquoi Jésus demande-t-il à ses disciples de retourner à la pêche alors qu'il sait très bien qu'ils en reviennent bredouilles et épuisés ? Il veut éprouver leur foi pour qu'elle devienne concrète, comme cet acte posé au-delà de toute raison humaine, juste pour faire plaisir au Maître. Quel raisonnement ou sécurité ai-je à lâcher pour grandir dans ma foi ? »

Lâcher nos petites certitudes est indispensable, sinon nous finissons par croire que le divin vient orner nos intérêts séculiers (économiques ou autres) ; forme encore inférieure du pélagianisme***, qui nous fait perdre de vue tout ensemble les fins dernières, la mission de témoignage évangélique et le devoir de rejeter Mammon : les intérêts devenus idole.

 

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* Ou le Tea Party : « Pope Francis is a Socialist, Jesus was a Capitalist ! »

** Nos amis de Hack My Church constateront (devant tous ces américanismes) que je fais un effort ; comme ils me l'ont tweeté, « ce n'est pas parce qu'on est catholique qu'on doit s'isoler ».

*** Hérésie du Ve siècle combattue par saint Augustin. Elle ne portait pas sur nos fins séculières mais sur notre salut éternel : niant le péché originel et les limites de la nature humaine, elle faisait perdre de vue l'importance permanente de la grâce donnée d'en-haut. Dérivant à partir de ce naturalisme (tendance à effacer l'importance du surnaturel), le pélagianisme s'est dégradé pour finir par justifier au nom du christianisme n'importe quel comportement individuel ou collectif.

 

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“Piétinée par les Américains, notre aristocratie stato-financière se venge sur les Français”

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Présentant son nouveau livre (Seuil, 384 p.), Emmanuel Todd dresse un tableau incisif de ce que devient notre société :

Il y a actuellement, explique-t-il [*], quatre classes sociales en France. Du haut en bas :  

1. une microfraction (1 % de la population) autoproclamée “élite”, “premiers de cordée” ou “winners” : “aristocratie stato-financière qui se fait piétiner par les Allemands et les Américains et se venge sur les Français” ;

2. une petite-bourgeoisie de cadres et de membres des professions intellectuelles supérieures (croyant rejoindre ainsi la classe des winners, ce milieu sociologique – 19 % de la population – a fait la victoire électorale de Macron et de ses suiveurs en 2017) ;

3. une “majorité atomisée” (50 % de la population) mêlant membres des professions intermédiaires, agriculteurs, artisans, employés qualifiés ;

4. un prolétariat d’ouvriers et d’employés non-qualifiés : 30 % de la population.

L’Etat devenu outil de la sphère financière destine ces strates sociales (sauf la première) à la broyeuse, et ça ne concerne pas seulement les prolétaires :  “Les membres de la petite-bourgeoisie se prennent pour des winners alors qu’eux aussi sont des losers, comme on le voit avec le décrochage du revenu des nouvelles générations diplômées. […] Ces ‘losers d’en haut’ vivent dans une fausse conscience de soi” qui les a conduits vers Macron en 2017 ; mais ils commencent à comprendre, comme le montre en ce moment la fureur des avocats, des médecins ou des enseignants.

Ces colères qui enflamment les milieux les plus divers réagissent à l’agressivité inédite de la classe supérieure. Prise d’hubris depuis l’arrivée de M. Macron, l’élite manifeste une sorte de “sadisme social” : “c’est ce que j’appelle la France en ‘mode aztèque’ en hommage au cannibalisme sacrificiel de cette civilisation”, ironise Emmanuel Todd… “L’objectif des énarques incompétents et violents qui nous dirigent n’est plus vraiment d’améliorer la situation mais de gérer la baisse du niveau de vie qui est une conséquence de l’euro”, souligne-t-il : la monnaie unique  étant  “faite pour dominer le marché et briser la société civile”.

Cette machinerie a deux faiblesses intrinsèques. D’une part, le macronisme et son “mépris typiquement petit-bourgeois du peuple” s’attirent des hostilités si vives qu’elles pourraient se réunir, en dépit de tout ce qui les sépare, pour produire un résultat politique. D’autre part, l’arme de propagande de M. Macron est enrayée. Il croyait polariser 2022 autour du binôme factice “progressisme contre lepénisme” : le progressisme étant sociétal (encore et toujours les mœurs), et le lepénisme étant censé détourner contre les non-Blancs les colères du peuple. Mais cette polarisation factice a vite cessé de fonctionner : “Nous sortons du sociétal et des valeurs identitaires pour retrouver le socio-économique”, estime Emmanuel Todd.

Saura-t-on construire sur cette base une alternative politique au macronisme ? Un autre analyste, Jacques Sapir [**], croit cela possible si l’on fait vivre un récit alternatif : “le récit de la France contre le monde [i.e. le ‘global’], de la solidarité contre la concurrence, de la ruralité contre l’urbanisation, etc.” Ce serait la véritable disruption… Face au système économique qui contredit nos aspirations humaines, retrouver la souveraineté sans laquelle l’homme est dépouillé de son recours : le politique.

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[*]  Libération, 22/01.

[**] Permanences, décembre 2019.

 

 

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La Macronie cède Aéroports de Paris... pour ”en finir avec l'archéo-gaullo-communisme”

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Céder au privé les parts publiques dans la Française des jeux et Aéroports de Paris (sources de revenus considérables) alors que l'on crie – par ailleurs – à la pauvreté de l'Etat ?  Contorsion symptomatique du libéralisme au pouvoir :

Le bon sens principal serait de poser le problème du trafic aérien de masse, et de son rôle dans la dégradation de la planète.

Mais le bon sens secondaire fait voir un détail (éloquent) : le groupe Macron mène double jeu. Ce qu’il fait n’est pas ce dont il veut avoir l'air. Ses actes vont contre son image alléguée de bon gestionnaire.

La Macronie avait éberlué l’électeur en se présentant comme l’Esprit du monde à cheval sur les “lois de l’économie” : “lois” auxquelles se résumerait désormais ce monde selon l’axiome TINA  – There Is No Alternative –  qui règne depuis trente ans.

Mais peut-on imaginer des “lois de l’économie” qui contrediraient le réalisme élémentaire : celui, par exemple, qui commande à l’Etat de ne renoncer à aucune source de revenus pour le service du bien commun ?  Evidemment non : ou alors ces lois ne font qu’habiller des intérêts.

Or c’est ce que la Macronie est en train de faire, à marche forcée, en cédant au privé les parts de l’Etat dans la Française des jeux (FDJ) et Aéroports de Paris (ADP), société d’importance stratégique.

Dans le cas d’ADP, dont l’Etat détient 50,63 % valorisés en Bourse à plus de 8 milliards d’euros, la vente intégrale au privé rapporterait jusqu’à 10 milliards d’euros via la prime de contrôle [*] de 20%. C’est le but de la Macronie, même si M. Griveaux – qui dit n’importe quoi –  affirmait lundi (avant de le démentir) que l’Etat conserverait 20% : reculade qui diminuerait encore l’intérêt gestionnaire de l’opération…

Car cet intérêt est mince, chiffres en main. ADP+FDJ rapportent à l’Etat 220 millions d’euros par an (173 millions venant d’ADP). En vendant aujourd’hui sa participation à un aéroport aux perspectives exponentielles et qui lui assurait une rentabilité de 10 % en dividendes, l’Etat fera sans doute un gain immédiat mais perdra une ressource permanente, considérable, vouée à s’accroître, et qui aurait financé ce que M. Le Maire appelle “les activités du XXIe siècle” (encore aimerait-on savoir de quoi il s’agit). Attitude déconcertante de la part de gens nous rabâchant nuit et jour que l’Etat manque de ressources !  Alors pourquoi cède-t-il ADP ? 

C’est que vendre l’équipement national est un réflexe de la Macronie. Ces hommes (et ces femmes : il faut entendre Mme de Montchalin) croient que par définition  le privé est more efficient… C’est un dogme, même si l’efficiency va mener – comme toujours – le nouveau patron privé à augmenter les tarifs d’utilisation des pistes et aérogares, contraignant ainsi les compagnies à répercuter la hausse sur le prix du billet, ce qui nuira aux clients, etc. Non seulement le libéralisme dysfonctionne du côté de l’Etat, mais il dysfonctionne aussi du côté du privé.

Et qui sera le nouveau patron d’ADP ? Vous l’avez deviné : Vinci-des-autoroutes est donné gagnant. Puisqu’il n’a pu avoir Notre-Dame-des-Landes…

Le mot de la fin revient au macroniste (ex-strausskahnien) Roland Lescure, rapporteur de la loi PACTE édictant la vente d’ADP : “Il faut en finir avec le consensus archéo-gaullo-communiste de la vision du rôle de l’Etat”.  Jean Monnet n’aurait pas mieux dit. [**]

 

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[*] majoration du prix qu'un acquéreur accepte de payer pour obtenir le contrôle majoritaire d'une société.

[**]    Fils de père et mère communistes, M. Lescure pratique la disruption intra-familiale.

 

 

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Climat, agro-industrie et ”décideurs politiques”

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Au moment où paraît le rapport du GIEC et où l’opinion publique commence à s’inquiéter sérieusement, qui arrêtera le trump de Brasilia, les libre-échangistes bruxellois et les macronistes ? Il faudrait une révolution…

Qui arrêtera M. Bolsonaro, alias “capîtão Motoserra” (“capitaine Tronçonneuse”) ? La déforestation de l’Amazonie a plus que triplé par rapport à l’été 2018 : 2 254 km² de zones ont été rasées en juillet contre 596,6 km² en juillet 2018, soit + 278 % sur un an. Et elle a progressé de 67 % depuis la prise du pouvoir par ce nouveau président... Affichant une écolophobie commune à tous les libéraux-conservateurs “occidentaux”, le trump de Brasilia entreprend de raser la forêt amazonienne – vitale pour l’atmosphère terrestre – au profit de l’agro-industrie, alors que le nouveau rapport du GIEC (8/08, 1200 pages) dénonce la dégradation des sols par le productivisme agro-industriel  (et les effets de plus en plus létaux du dérèglement climatique), 

Qui arrêtera les libre-échangistes fous de Bruxelles ?  Alors qu’ils ont participé au débat de l’ONU autour du rapport du GIEC, et qu’ils veillent à prendre la pose “climato-responsable” devant les caméras, ils imposent aux Vingt-Huit (plus ou moins complices) des traités de libre-échange avec des Etats qui ignorent nos prétendues normes environnementales et sanitaires… Normes de plus en plus bafouées, d’ailleurs, par notre propre agro-industrie avec la complicité des pouvoirs publics, comme on le voit encore en ce moment avec l’affaire de la ferme-usine des 120 000 poulets à Langoëlan, cf. ici la note d'hier.

"La manière dont nous mangeons contribue à la destruction des écosystèmes", souligne la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte, grand prix de l’Académie des sciences, prix Irène Joliot-Curie, directrice de recherche au CEA, co-présidente du groupe de travail 1 du GIEC, et auteur du livre Climat, le vrai et le faux qui réfutait en 2011 la désinformation des négationnistes (financés par l’industrie pétrolière). Elle constate “une  prise de conscience, partout dans le monde, des enjeux d’une transformation profonde de l’usage des terres” : mais les politiciens et les managers de multinationales (qui prennent l’air grave dès que des journalistes leur parlent du climat), persistent en coulisses à faire le jeu du système économique ravageur.

Comme le souligne le rapport du GIEC, l’urgence serait de rompre avec ledit système et de passer à unegestion durable des terres” reposant sur “la réduction de la déforestation, mais aussi la promotion de l’agroforesterie (mode d’exploitation combinant production agricole et arbres), l’amélioration de la productivité, la diversification des cultures, l’optimisation de l’usage de l’eau, la restauration des écosystèmes et de la capacité des sols à stocker du carbone…” Une des clés serait la transformation du système alimentaire mondial,celui-ci étant aujourd’hui à l’origine – en prenant en compte l’ensemble de la chaîne de production, de transformation, de distribution et de consommation – de 21 % à 37 % du total des émissions de gaz à effet de serre. Deux leviers apparaissent comme prioritaires. D’abord, la lutte contre les pertes et le gaspillage, qui représentent entre 25 % et 30 % de la production de denrées. Ensuite, un changement de régime alimentaire, réduisant la demande en produits animaux au profit de céréales, de légumineuses, de fruits et de légumes…” (Le Monde 8/08)

Autant dire une disruption véritable, donc inverse de celle que prône le groupe Macron, qui consiste à détruire ce qui freinait encore le système ravageur. Y compris l'Office national des forêts, dont les jours semblent comptés au profit des intérêts privés.

Qui aurait la lucidité de procéder à une telle révolution, dans le monde dit développé ?

 

 

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Scandale obscène du glyphosate : la France a raison, mais jusqu'où osera-t-elle aller ?

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Une majorité d'Etats de l'UE affichent leur inféodation à Monsanto. Quelques pays dont la France résistent à cette obscénité, mais mesurent-ils jusqu'où cette résistance doit aller pour rester cohérente ? Réflexions ici :

 La politique intérieure de Berlin étant dans le coma, chaque ministre de Mme Merkel suit ses propres intérêts. Après avoir dit qu'il s'abstiendrait comme précédemment, le ministre de l'Agriculture allemand a fini par faire voter son représentant bruxellois comme le voulait la Commission : pour le glyphosate de Bayer-Monsanto ! Son vote a entraîné la décision, mettant en minorité le front de résistance animé par Paris...

Venant après le lobbying exhibitionniste de Monsanto (allant jusqu'à projeter de nuit ses images de propagande sur la façade de l'immeuble de la Commission à Bruxelles), et après la révélation du copié-collé Monsanto massif dans le "rapport scientifique" à l''exécutif européen sur le glyphosate, ce rebondissement a quelque chose d'obscène.

Stupeur et indignation de la Ligue contre le cancer :  « En accordant un sursis supplémentaire à Monsanto, Bayer & Co, la Commission européenne balaie le principe de précaution et la santé d'un revers de la main, de même que la voix du million de citoyens de l'UE qui ne veulent plus de l'herbicide le plus controversé de la planète. »

Il n'y a hélas pas de surprise dans cette affaire quand on connaît : 1 . le parti-pris de Bruxelles en faveur de l'industrie agro-chimique, 2. la situation d'irréversibilité dont nous menacent les traités de libre-échange transatlantique usinés par Bruxelles, qui vont inonder les hypermarchés européens de produits alimentaires Monsanto.

La Ligue contre le cancer félicite Paris d'avoir tenu bon, et lui demande d'organiser dans les trois ans la "sortie du glyphosate" pour toute l'agriculture française - avec des mesures "d'aide aux agriculteurs" pour "accompagner" cette difficile transition.

Elle a raison. Cependant : on n'aidera réellement les "agriculteurs" qu'en les aidant à devenir paysans, c'est-à-dire en sortant du système agro-chimique industriel pour réinventer un nouveau modèle agricole. Cette révolution est beaucoup plus qu'un "accompagnement" : il faut un véritable plan, soutenu par une volonté politique... Voilà une disruption bien différente de celle que peuvent concevoir les jeunes technos financiers de LREM. D'autant qu'elle devra aussi se prémunir contre l'invasion de l'Europe par les produits agro-chimiques nord-américains : ce qui mène, en toute logique, à refuser les traités que Bruxelles est en train d'imposer au continent. La seule vraie sidérante surprise serait que M. Macron pousse le souci de cohérence jusqu'à ce point-là. Je crains de ne pas y croire...

 

PS-  La FNSEA déclare "regretter que la France ait fait cavalier seul". La seule chose regrettable en France est l'existence de la FNSEA.

PS2 - En votant Monsanto, le ministre allemand (de droite) de l'Agriculture est entré en guerre avec la ministre (sociale-démocrate) de l'Environnement et a mis en danger la possibilité d'une coalition de sauvetage CDU-SPD. Monsanto gagne sur les ruines du politique. Et nunc erudimini, reges...

 

 

 

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Macron, nouvelle étape de la déconstruction du politique

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...commémore quand même la fondation de la Ve République :

 

Etrange coïncidence : au moment où l’on célèbre le 60e anniversaire de la Ve République, la “fonction présidentielle” prétendument restaurée par M. Macron continue à s’effilocher comme elle le fait depuis près d'un demi-siècle. La démission-mutinerie de Collomb vient après la démission-scandale de Hulot, la bouffonnerie Benalla et l’étalage d’incompétences du bloc REM [1], sans oublier les comportements bizarres de Macron lui-même. Ces signes de morbidité semblent montrer que le macronisme, prétendue disruption, n’est qu’une étape supplémentaire de l’agonie du politique.

Le politique agonise parce qu’il l’a bien voulu. Il était en principe le garant du bien commun : ce qui incluait à la fois le destin géopolitique du pays et son pacte social… Or, constate [2] Richard Kozul-Wright qui est l'un directeur de la CNUCED (Conférence des Nations-Unies sur le commerce et le développement),

« …depuis quarante ans, un mélange d’illusionnisme financier, de pouvoir débridé des grandes sociétés et d’austérité économique a mis en pièces le contrat social apparu après la Seconde Guerre mondiale et l’a remplacé par un ensemble différent de règles, de normes et de politiques aux niveaux national, régional et international. Cela a permis au capital – matériel ou immatériel, de court ou long terme, industriel ou financier – d’échapper à la supervision réglementaire, d’étendre son périmètre à de nouveaux secteurs lucratifs et de restreindre l’influence des responsables publics sur la conduite des affaires. »

Résultat : les “gouvernants” n’ont plus les outils permettant de gouverner ! C’est particulièrement net dans l’Union européenne où les Etats n’ont plus en main la monnaie ni le budget, devenus instruments des nouvelles règles et normes imposées par la machinerie néolibérale globale – dont Bruxelles n’est qu’un échelon. Règles et normes enveloppées dans le discours du libre-échange camouflant la circulation incontrôlée des capitaux (qui prépare une nouvelle crise systémique, mais c’est un autre problème).

Le macronisme n’est qu’un symptôme de tout cela. En coulisses il est l'outil de la finance. En scène il est “le discours un peu facile de ceux qui s’engagent à ne laisser personne de côté tout en appelant à la bonne volonté des entreprises ou à la part d’ange [3] des super-nantis” : “dérobade pour éviter tout débat sérieux sur les causes véritables de l’aggravation des inégalités, de l’endettement et de l’insécurité”.[2]

Rien n’obligeait les dirigeants politiques des années 1990 à saborder leurs responsabilités pour se soumettre aux banques et aux multinationales : soumission dont la “construction européenne” est devenue l’un des noms régionaux...

Mais ils l’ont fait ! Dès lors la Constitution de 1958 se vidait de son sens, triturée pendant trente ans pour perdre toujours plus de contenu sous la pression du Conseil dit constitutionnel et dans la connivence des présidents successifs.

Comment s’étonner qu’aujourd’hui les sondages reflètent cette débâcle ?  Ils disent deux choses complémentaires. Dans l’enquête YouGov (Huffington Post), les Français saluent rétrospectivement De Gaulle, seul (avec 65 %) à dépasser la majorité en opinions favorables. Mais dans l’enquête Odoxa (Figaro), 62 % se disent favorables à une VIe République : ils jugent la Ve inefficace, “loin des gens”, et ils critiquent l’élection présidentielle devenue quinquennale qui rend les politiciens “un peu fous”.  

Comparez les deux sondages :  entre la défunte république gaullienne – rétrospectivement estimée des Français –  et la république Chirac-Sarkozy-Hollande-Macron, quelle différence ?  Celle-ci : la seconde est de plus en plus vide sur le plan politique (ça se voit), et de plus en plus injuste sur le plan social (les gens le ressentent, sauf la part la plus bourgeoise de l’électorat Macron).

Rien d’étonnant à ce qu’une majorité de Français souhaitent que l’on passe à autre chose, sans savoir très bien quoi.

 

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[1]  Commerciaux pris de désarroi devant les questions politiques, nombre d'entre eux ne viennent même plus en séance.

[2] Le Monde économie-entreprises, 28/09.

[3]  Dans le langage des chais : la partie d’un volume d’alcool qui s’évapore pendant son vieillissement en fût. Désigne ici la part des cadeaux fiscaux aux super-riches dont ceux-ci sont censés faire bénéficier le reste de la société. C’est la théorie du ruissellement (trickle-down), principale imposture de l’idéologie libérale “jamais vérifiée nulle part” selon l’expression du pape François dans Evangelii gaudium.

 

 

 

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Europe-USA : la minute de vérité

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Cette fois, ça y est. L'Union européenne a le choix entre sa vassalité "atlantique" et un avenir exigeant clairvoyance et courage - vertus trop inhabituelles pour que l'observateur soit enclin à l'optimisme :

 

Comment oser prétendre que l'Iran chiite est "le plus grand soutien au terrorisme" ? Menteur dans son fond, minable dans sa forme, le discours "iranien" de M. Trump fait presque regretter le discours "irakien" de GW Bush en 2003.

Ce fatras d'accusations infondées ne veut plaire qu'à deux publics : 1. les gouvernants de Ryad et Tel-Aviv ("nos amis"), 2. l'électorat trumpiste le moins éclairé, auquel le candidat Trump avait promis de "botter des culs"  ("et je tiens toutes mes promesses").

Envers "nos amis", comme il dit, tout se passe comme s'il s'était engagé depuis 2016 à créer les conditions d'un conflit. Le prince Mohammed ben Salmane veut que l'Iran soit brisé au lieu de revenir comme puissance normale sur la scène du monde. M. Nétanyahou veut un casus belli pour attaquer militairement le Liban, la Syrie et l'Iran lui-même... D'où la propagande pre-war déversée par la Maison Blanche depuis six mois. Et d'où le pessimisme des observateurs avertis : Hubert Védrine soulignait ce matin que le discours de M. Trump était sans doute perçu à Ryad et Tel-Aviv comme un feu vert aux "frappes" dont la Syrie et le Liban d'abord vont être la cible.

Envers les Européens, M. Trump est ouvertement menaçant. À ses yeux, nous sommes tenus d'adhérer aux "sanctions"  américaines contre l'Iran. Dans les heures qui ont suivi le discours de la Maison Blanche, l'ambassadeur des USA à Berlin a intimé aux entreprises allemandes l'ordre de déchirer sans délai leurs contrats avec l'Iran. Les entreprises françaises, etc, sont l'objet du même ultimatum : Total, Airbus... Toute désobéissance sera punie : poursuites judiciaires, fermeture commerciale du marché américain, fermeture des banques américaines aux transactions des groupes européens (qui se font en dollars).

C'est donc la panique en Europe dans les conseils d'administration, qui sont tout-puissants auprès des gouvernements. On serait surpris de voir Mmes Merkel et May tenir tête aux grands patrons. Quant à M. Macron, s'il persiste dans sa posture ("nous maintiendrons l'accord iranien"), il risque le désaveu de son milieu naturel - la finance - ainsi que l'isolement face aux autres dirigeants européens.

Voilà la minute de vérité. Car résister à M. Trump, "maintenir l'accord" (avec quels alliés dans l'UE ?), serait un choix redoutable : poursuivre la coopération économique Europe-Iran impliquerait de se passer du dollar, et l'UE devrait trouver sur ce plan d'autres moyens et partenaires ; par exemple la Chine. Révolution copernicienne qui équivaudrait, en portée économique et géopolitique, à la chute de l'URSS il y a presque trente ans.

Cette perspective est très improbable. En France, l'américanisation de la moitié de l'opinion publique est peut-être déjà trop profonde pour qu'un gouvernement tente l'aventure - à supposer qu'il en ait même le désir. Notre ami Feld écrit ici dans un commentaire : "J'ai regardé les photos de la remise de diplôme d'une école de commerce française de province. Grand show à l'américaine, toges et coiffes d'étudiants américains..." Dans ce milieu-là, on dit "relâcher" (release) une information, au lieu de la "communiquer" ; on dit "faire une expression" (make an expression), au lieu de "manifester" quelque chose. On "implémente". On "disrupte". Et on vote LREM. Les voyez-vous appuyer une déclaration d'indépendance de la République française ? Même Marine Le Pen se déclare "épatée" que sa nièce soit allée faire la belle chez les trumpistes près de Washington. Force est de constater que, des deux seuls à tenir des propos honorables ce matin, l'un ne vient pas de la droite (Hubert Védrine), l'autre est très à gauche (Adrien Quatennens), et les deux sont loin du pouvoir.

La France est-elle capable de choisir une voie digne d'elle ? Ou au moins, d'échapper à la guerre la plus folle, lancée par un empire rendu dangereux par son propre déclin ?

 

 

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09/05/2018 | Lien permanent

En refusant le projet NDDL, Macron se démasque

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Comparaison paradoxale (et en partie discutable) entre le projet Notre-Dame-des-Landes et les promesses de Macron - mais qui dévoile la véritable nature du macronisme :

 

 <<   ...Et si ce petit village gaulois niché dans le bocage nantais représentait finalement tout ce que le chef de l’Etat devrait aujourd’hui protéger, voire encourager, au risque d’apparaître, en cas de refus, comme un des plus grands bonimenteurs politiques de ces dernières années ? [...] Sur ces 1 600 hectares de terre anciennement promis à la construction d’un aéroport, les quelque 200 personnes qui y habitent ont développé un véritable monde parallèle, largement autogéré, qui devrait séduire tous les tenants du nouveau monde. Ces jeunes prennent leur avenir en main, loin du soutien – de l’assistanat, disent les libéraux – de l’Etat et de ses services publics. Ils montent leurs propres "entreprises" (agricole, artisanale…), font preuve d’innovation, travaillent pour beaucoup sans compter leurs heures, assurant eux-mêmes leur subsistance, avec une énergie et une inventivité qui feraient pâlir de jalousie plus d’un startupper. Seule  différence avec le discours officiel du Président : leur démarche s’inscrit dans un cadre collectif et, bien sûr, dans le respect absolu de l’environnement.

Comment, dès lors, le chef de l’Etat peut-il tourner le dos à ce qui ressemble furieusement à d’énergiques auto-entrepreneurs – certes, communautaires – sans se renier lui-même ? L’absence de cadre légal ? Souvent l’innovation s’est faite hors des formats classiques, avant d’être régularisée. Et les zadistes sont pour la plupart disposés à rentrer dans les clous, pour peu qu’on garantisse le caractère collectif de leur démarche.

Valet du vieux monde finissant

Dans ces conditions, l’acharnement du président de la République à vouloir détruire l’univers de la ZAD est incompréhensible. Sauf à considérer, donc, que son propos sur l’initiative et l’autonomie n’était qu’un vain discours, un rhabillage idéologique destiné à sauver un monde terriblement daté. Macron et ses blindés détruisant les maisons hétéroclites et parfois incroyables qui peuplent la zone, écrasant les cultures originales et durables du lieu, les expériences sociales qui cherchent à y naître, ont en effet tous les atours de l’ancien monde cherchant à étouffer ceux qui tentent de s’en échapper.

Le candidat d’En marche [...] s’est mué [...] en valet d’un vieux monde finissant, d’un modèle de développement qui court à sa perte, écrasant à coups de blindés et de grenades "marcellines" un projet, certes imparfait, mais qui pourrait nous enseigner beaucoup, pour peu qu’on lui fiche la paix et sa chance, sur les moyens de nous en sortir.

En écrasant les zadistes (s’il y parvient, ce qui est loin d’être garanti), Macron gagnera à coup sûr les cœurs de la vieille France réactionnaire, avide d’autorité et de conformisme. [...] Après avoir vanté la disruption, Macron a basculé dans la répression. Son tournant à lui de la rigueur. Et sans doute sa plus grande erreur.  >>

 

(éditorial de Luc Peillon, Libération 19/04)

 

 

 

► Ce sera difficile à expliquer à nos libéraux-conservateurs, qui gazouillent leur joie depuis quinze jours : joie encore accrue - mais cette fois pudiquement -  depuis que le jeune monsieur grenade les ennemis de Vinci et de la France Bien Élevée.

 

 

 

 

1848 : un garde national mobile détruit une barricade.

2018 : le progrès fait rage.

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Est-ce qu'on en reviendra toujours là ?

 

 

 

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Les politiques et l'agrochimie : une influence flagrante

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C'est établi depuis hier : le rejet des amendements  à la loi Agriculture-Alimentation est le résultat d'un lobbying agrochimique intense, relayé par l'exécutif et les trois quarts des députés macronistes (rejoints quasi-unanimement par la droite et le centre). Comme ça les choses sont claires :

 

90 heures avant d'être soumis aux députés, l'amendement de Delphine Batho contre le glyphosate - déposé sur la base de données interne de l'Assemblée nationale - avait fuité vers l'UIPP (lobby des pesticides : Monsanto, Bayer, Syngenta, Dow Chemical etc) ; le temps pour les industriels d'accroître encore leur pression sur les députés. Interrogé par les amis de Mme Batho, le président de l'Assemblée déclare que l'enquête "n'a pas permis de déterminer d'où venait la fuite" mais que "ce ne sont pas les fonctionnaires de l'Assemblée qui diffusent les amendements". M. de Rugy ajoute qu'une affaire de ce genre est "rarissime" ; nous vivons à l'ère de la disruption qui innove.

Ce n'est pas tout. Pour faire supprimer les rares éléments écologiques de la loi Agriculture-Alimentation, une offensive générale du lobby agrochimique assiégeait les députés depuis plusieurs semaines. Invitations à déjeuner, conversations privées... Tous les députés (quel que soit leur groupe) avaient reçu de la FNSEA [*]  des amendements rédigés d'avance : le député n'avait plus qu'à les déposer après les avoir copiés-collés... Et beaucoup l'ont fait, reproduisant ainsi jusqu'aux fautes de frappe des clavistes du syndicat agro-industriel. D'où la remarque gênée du président de la commission des affaires économiques de l'Assemblée (reproduite dans la presse de ce matin) : "Vous avez manifestement eu la même source d'inspiration..."

écologie,alimentation,agricultureLes députés ne sont  pas les seuls à prêter l'oreille.  Ce gouvernement  - comme les précédents - emploie même le vocabulaire de la FNSEA et de l'industrie des pesticides, ce que dénoncent les catholiques du CCFD-Terre solidaire par la voix de Maureen Jorand [photo] : l'exécutif, dit-elle, "reprend les arguments des industriels, par exemple lorsqu'il explique qu'il faut une 'loi qui incite', qui 'accompagne'... Mais une loi, c'est fait pour réguler ou interdire !" 

Pour se défendre, le gouvernement reprend aussi le vocabulaire de la droite rance : il se dit victime des "petits marquis de l'écologie", et déclare que le pire lobbying est celui des associations anti-pesticides ou pro-animaux... les "Khmers verts" sans doute ? les "pastèques vertes dehors et rouges dedans" ?  Ce genre de mots plaisaient naguère aux électeurs CPNT et aux auditeurs de Radio-Courtoisie, mais comparer le militantisme de Foodwatch aux énormes moyens d'influence de la FNSEA et de l'agrochimie est un mauvais gag. Et le paradoxe, c'est que Mme Batho n'hésite pas à indiquer aux autres députés que tel de ses amendements est demandé par Foodwatch ou par l'association des victimes du lait contaminé ; alors que les députés amis de l'agrochimie ne s'en font pas gloire. On les comprend.

Relisons les passages de Laudato Si' où le pape François critique la soumission des politiques au business...

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[*]  La FNSEA est une grosse harceleuse.  Interrogé par Famille chrétienne sur le glyphosate il y a quelques mois, j'avais dit ce qu'en pensent les cancérologues. La direction de cet hebdomadaire fut alors criblée de lettres de "paysans catholiques" clamant que je diffamais le monde rural et qu'un "journal chrétien" (sic) n'avait pas à me donner la parole. A en croire ces lettres, la FNSEA était une sorte  de chouannerie, et l'épandage de pesticides une procession des Rogations... Je dissèque ce genre de singeries dans mon petit livre Cathos, ne devenons pas une secte (Salvator).

 

 

 

écologie,alimentation,agriculture

 

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