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22/01/2020

“Piétinée par les Américains, notre aristocratie stato-financière se venge sur les Français”

macron,todd

Présentant son nouveau livre (Seuil, 384 p.), Emmanuel Todd dresse un tableau incisif de ce que devient notre société :


Il y a actuellement, explique-t-il [*], quatre classes sociales en France. Du haut en bas :  

1. une microfraction (1 % de la population) autoproclamée “élite”, “premiers de cordée” ou “winners” : “aristocratie stato-financière qui se fait piétiner par les Allemands et les Américains et se venge sur les Français” ;

2. une petite-bourgeoisie de cadres et de membres des professions intellectuelles supérieures (croyant rejoindre ainsi la classe des winners, ce milieu sociologique – 19 % de la population – a fait la victoire électorale de Macron et de ses suiveurs en 2017) ;

3. une “majorité atomisée” (50 % de la population) mêlant membres des professions intermédiaires, agriculteurs, artisans, employés qualifiés ;

4. un prolétariat d’ouvriers et d’employés non-qualifiés : 30 % de la population.

L’Etat devenu outil de la sphère financière destine ces strates sociales (sauf la première) à la broyeuse, et ça ne concerne pas seulement les prolétaires :  “Les membres de la petite-bourgeoisie se prennent pour des winners alors qu’eux aussi sont des losers, comme on le voit avec le décrochage du revenu des nouvelles générations diplômées. […] Ces ‘losers d’en haut’ vivent dans une fausse conscience de soi” qui les a conduits vers Macron en 2017 ; mais ils commencent à comprendre, comme le montre en ce moment la fureur des avocats, des médecins ou des enseignants.

Ces colères qui enflamment les milieux les plus divers réagissent à l’agressivité inédite de la classe supérieure. Prise d’hubris depuis l’arrivée de M. Macron, l’élite manifeste une sorte de “sadisme social” : “c’est ce que j’appelle la France en ‘mode aztèque’ en hommage au cannibalisme sacrificiel de cette civilisation”, ironise Emmanuel Todd… “L’objectif des énarques incompétents et violents qui nous dirigent n’est plus vraiment d’améliorer la situation mais de gérer la baisse du niveau de vie qui est une conséquence de l’euro”, souligne-t-il : la monnaie unique  étant  “faite pour dominer le marché et briser la société civile”.

Cette machinerie a deux faiblesses intrinsèques. D’une part, le macronisme et son “mépris typiquement petit-bourgeois du peuple” s’attirent des hostilités si vives qu’elles pourraient se réunir, en dépit de tout ce qui les sépare, pour produire un résultat politique. D’autre part, l’arme de propagande de M. Macron est enrayée. Il croyait polariser 2022 autour du binôme factice “progressisme contre lepénisme” : le progressisme étant sociétal (encore et toujours les mœurs), et le lepénisme étant censé détourner contre les non-Blancs les colères du peuple. Mais cette polarisation factice a vite cessé de fonctionner : “Nous sortons du sociétal et des valeurs identitaires pour retrouver le socio-économique”, estime Emmanuel Todd.

Saura-t-on construire sur cette base une alternative politique au macronisme ? Un autre analyste, Jacques Sapir [**], croit cela possible si l’on fait vivre un récit alternatif : “le récit de la France contre le monde [i.e. le ‘global’], de la solidarité contre la concurrence, de la ruralité contre l’urbanisation, etc.” Ce serait la véritable disruption… Face au système économique qui contredit nos aspirations humaines, retrouver la souveraineté sans laquelle l’homme est dépouillé de son recours : le politique.

__________

[*]  Libération, 22/01.

[**] Permanences, décembre 2019.

 

 

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20:00 Publié dans Idées, Macron | Lien permanent | Commentaires (28) | Tags : macron, todd

Commentaires

L'ILLUSION

> La division en classes sociales ici évoquée me semble assez pertinente. La portion de la classe "n°2" ("petite bourgeoisie de cadres, etc.") qui soutient encore le gouvernement doit sans doute s'imaginer qu'en applaudissant au "sadisme social" elle sera la dernière à devoir s'y soumettre.
L'illusion d'appartenir aux "winners" provient aussi probablement du fait qu'une partie de cette "petite bourgeoisie" a fréquenté les mêmes écoles que les "premiers de cordée", avec des carrières différentes ensuite, certes. Mais il doit demeurer un sentiment de familiarité avec ce monde, passablement illusoire.

SL


[ PP à SL – Il existe une "rêveuse bourgeoisie" dont l'erreur est de croire à une communauté de valeurs (morales, culturelles) entre elle et la néo-bourgeoisie des 'winners', alors qu'en régime libéral le seul critère est l'argent : les valeurs morales et culturelles se modifient au gré des intérêts financiers-industriels. Voyez le vote des sénateurs de droite sur la bioéthique ! ]

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Écrit par : Sven Laval / | 22/01/2020

LES LUMIÈRES

> Rien de nouveau
Tout cela était présent dans les Lumières , Voltaire méprisait le petit peuple et était inféodé à la finance internationale.
______

Écrit par : Ludovic / | 23/01/2020

LA GROSSEUR DES TIERS

> les proportions des différentes classes sociales me font penser à celles du picon-citro-curaçao du 'César' de Pagnol
MN

LN

[ PP à LN – Pas faux. Todd a tendance à travailler à la louche. Mais ça ne change rien au fond de l'analyse... ]

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Écrit par : Laurence Naudy / | 23/01/2020

OXYMORE

> "Aristocratie financière" ressemble à un oxymore. Toutes les aristocraties de l'histoire ont en commun de cultiver (éventuellement jusqu'au sacrifice) le sens de l'honneur, le goût de l'exploit, la recherche d'une certaine forme d'excellence éthique. Comme dit à peu près Léon Bloy, les aristocrates d'autrefois versaient leur sang sur les champs de bataille, les bourgeois de notre temps versent de l'argent dans leurs coffres. "Oligarchie financière" serait une expression plus appropriée.
______

Écrit par : Jean-Marie Salamito / | 23/01/2020

POREUSE

> la frontière dans la "petite bourgeoisie de cadre" devient bien poreuse entre le Fric et l'Ethique, pour preuve mes amis versaillais qui ont massivement voté Macron récemment...
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Écrit par : Tangui / | 23/01/2020

> Les dirigeants sont élus par les dirigés ! Comment faire pour que les choix soient meilleurs ?
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Écrit par : J C Kill / | 23/01/2020

à Jean-Marie Salamito :

> La citation exacte de Bloy (dans la partie des "Dernières colonnes de l'Eglise" portant sur Paul Bourget) est :
"Car il y a cette différence entre la noblesse antique et la moderne que la première versait son sang dans les batailles et que la seconde verse des pièces de cent sous dans ses coffres-forts."
______

Écrit par : Sven Laval / | 23/01/2020

@ Sven Laval :

> je me souviens d'un de mes profs de khâgne, qui nous disait carrément : "à partir d'ici, il y a deux voies : celle du savoir véritable (i.e. l'ENS, l'Université, etc.), et celle des maîtres du monde (i.e. Sciences po, ENA, etc.). Prenez le bon chemin."
______

Écrit par : Alex / | 23/01/2020

VRAIS AVOCATS

> Hier, je discutais avec des amis avocats (des vrais portant la robe, pas 'd'affaires') qui me confiaient leur désarroi et leur incompréhension devant la réforme judiciaire imposée par Mme Belloubet sans guère de concertation autre que de pure forme.
L'objectif de cette réforme est d'amorcer l'ubérisation de la justice française : les greffiers ne seront plus nécessaires, remplacés par des algorithmes qui trieront les affaires, les avocats réduits à la portion congrue, tout justiciable pouvant ester en ligne dans un nombre toujours plus élargi de cas, les tribunaux réduits à quelques grands pôles puisque la justice sera largement dématérialisée et remplacée par des machines (les tribunaux d'instance fusionnent dès à présent avec les TGI). Le progrès néolibéral, c'est le recul de l'humain en faveur d'une invasion technologique.
Du coup, le nombre de candidats aux prestations de serment ne cesse de décroître : le métier d'avocat n'attire plus.
Il en sera de même en matière médicale : peu probable que la première consultation ne soit pas remplacée dans quelques années par une 'évaluation en ligne' opérée à distance par des algorithmes.
À qui cette évolution profite-t-elle ? Aux géants technologiques bien sûr : l'innovation si mal nommée est un habile moyen de détruire la société au seul bénéfice d'actionnaires voraces, dont M. Bezos est l'archétype assez effrayant, il faut bien l'avouer.
______

Écrit par : Philippe de Visieux / | 24/01/2020

> Un prof qui avait le courage de parler vrai. Que vous a-t-il enseigné d'autre, Alex ?
______

Écrit par : Bernadette / | 24/01/2020

@ Sven Laval

> Vous avez parfaitement raison ! Rédigeant mon commentaire en hâte, je n’ai pas pris le temps de rouvrir, dans l’édition complète de la Typographie François Bernouard, le volume contenant ‘Le salut par les Juifs’ et ‘Les dernières colonnes de l’Eglise’. Puisqu’il est question des ‘Colonnes’, je signale qu’à la fin de cet ouvrage peu connu, il y a un chapitre sublime à la gloire du poète Jehan Rictus. Bloy est connu comme polémiste, mais quel extraordinaire panégyriste il sait être ! Merci encore à vous, cher Sven Laval !
______

Écrit par : Jean-Marie Salamito / | 24/01/2020

DEUX SORTES D'ÉCOLOS

> Livre passionnant,- je viens de l'acheter- merci Patrice pour cette présentation !
Pour ma part au sujet des écologistes,je fais une distinction entre écolos des villes et écolos des landes.
Les premiers, formés par les partis verts, ont snobé avec dégoût les gilets jaunes, analphabètes FN qui se battent contre une taxe verte et brûlent des pneus ! Et pour certains la réussite (intellectuelle autant que de terrain) du combat GJ a transformé leur mépris en haine, qui les fait rejoindre de fait les macronistes aux côtés de potentats de province de vieux partis socialistes ou LR.
Les seconds, indifférents aux étiquettes politiques comme aux susceptibilités de castes socio-professionnelles, parce que mentalement émancipés des schémas théoriques qui ont explosés par le martyr de Rémi Fraysse et les combats dans la boue de NDDL comme de la jungle de Calais (beaucoup sont passés par ces deux zones grises de l'Empire étatique néolibéral, où l'on se frottait aux mêmes FDO du régime), les prenant pour frères de combat contre un système oppressif, ne leur en voulant pas de ne pas tout comprendre d'un coup parce que sachant d'expérience personnelle qu'une "conversion" anticapitaliste, anticonsumériste, non de posture mais dans le quotidien, ne se fait pas d'un jour et n'est jamais terminée, ceux-là les ayant pour beaucoup rejoints sans tambour ni trompettes, au fond parce que connectés sur la vie qui se bat et non plus aux écrans de pouvoir.
Cette fraternité de combat (qui est aussi je pense à l'origine de la sympathie pour les Black Blocks), a donné naissance chez les GJ à des jardins partagés, des épiceries solidaires...: cela n'apparait peut-être pas dans les statistiques, mais c'est d'ores et déjà croisement de belle fécondité, ce qu'attestent le nombre de coquelicots par exemple sur les gilets jaunes en manifs, les actions communes XR et GJ, et l'endiguement du combat FNSEA-Monsanto, qui a échoué à s'attirer la sympathie de GJ conscientisés à la destruction de la planète: "Fin du mois, fin du monde, mêmes coupables, mêmes combat".

AJ


[ PP à AJ – D'accord, sauf sur la sympathie pour les BB ! Prendre pour des guerriers sociaux les saboteurs de mouvements sociaux, se laisser avoir à la vieille chanson des anars en trompe-l'oeil, c'est le signe d'une inexpérience et d'une naïveté politiques profondes. Chaque action des BB est un argument pour la répression du mouvement social et pour les petits-bourgeois macronistes parisiens, dont parle Maud dans son message. ]

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Écrit par : Anne Josnin / | 24/01/2020

UN 3

> Je vous remercie d'avoir modifié votre texte et donné les bonnes proportions. Peut-être que votre commentaire sur E. Todd doit en appeler un autre?

LN


[ PP à LN – J'avais tapé un 5 au lieu d'un 3 : ça n'infirme pas pour autant l'analyse générale de Todd... ]

réponse au commentaire

Écrit par : laurence Naudy / | 24/01/2020

MOUTONS DE PANURGE

> Mais que feront les enseignants et les avocats prolétarisés ? Rien, ils auront leur surmoi antifasciste, et ils n'oseront pas voter blanc le moment venu. On a l'antifascisme que l'on peut. Et on en reprendra pour 5 ans.
Entendu de la part d'universitaires (le pluriel n'est pas une erreur) à propos de Macron : "Je le hais, je ne pensais pas que cela était possible de haïr ainsi un homme politique qu'on n'a jamais rencontré". Je ne suis pas du tout certaine que le président et le gouvernement mesurent ce qu'il se passe dans ce pays.
Et pourtant, il ne se passera rien. Notamment parce qu'un Mélenchon par exemple est tellement mauvais qu'il ne parvient pas à gagner un seul point dans les sondages avec tout ce qu'il se passe !!!
Toutefois, le petit peuple macroniste se sent à l'aise dans ses baskets : à Paris, on entendait il y a 15 jours des petits seniors replets expliquer à des chauffeurs de bus le monde, la vie, les privilèges, et la "banalisation de la violence" à propos de la CGT, "l'ennemie du pays" (sic). Quel héroïsme de ne pas tout simplement les mettre dehors à coups de pied du véhicule collectif. C'est triste, j'aime Paris, mais la plupart des Parisiens me font vomir.
Beaucoup de profs, de petits cadres de province et de pharmaciens m'expliquent "oh, je suis contre la réforme, mais je ne veux pas défendre les régimes spéciaux" (qui font "couler le pays" comme chacun sait). Mes collègues sont d'une bêtise accablante. Regardez : ils font passer le bac et les examens. Nous avons ce que nous méritons, et Macron pour longtemps.
______

Écrit par : Maud / | 24/01/2020

> "Sympathie pour les BB" ne signifie pas adhésion à la violence, merci de me le faire préciser par votre remarque cher Patrice.
Si les BB ont la sympathie de beaucoup de manifestants, où la FNSEA l'a moins, c'est parce que l'une est une violence de vie, face à la machine à broyer, pour reprendre l'expression de Todd, où l'autre est violence de mort, les agriculteurs en sous-traitants esclaves de Monsanto.
Le tragique des forces de l'ordre, c'est qu'on leur donne aujourd'hui licence d'user de violence gratuite et débridée à l'encontre des manifestants comme des jeunes de banlieue et de migrants depuis des années (là aussi Todd montre bien la fraternité de réprimés en train de se nouer entre gilets jaunes et banlieues), avec interdiction de toute autre forme d'extériorisation de leur mal-être et frustrations possibles, fors le suicide que nul ne pourra jamais empêcher même par la loi. Et ce n'est pas en cassant habillés en BB ou Gilets Jaunes (j'en ai vu à plusieurs reprises à Paris) qu'il soigneront leur mal-être, même si c'est peut-être aussi dans les calculs des manipulateurs de foules.
Le cri des manifestants les premiers mois: "Ne vous suicidez-pas, rejoignez-nous!" était alors autant la marque d'une compréhension de la situation douloureuse des FDO, d'une empathie virile, de combattant à combattant, que calcul tactique. Alors on échangeait beaucoup avec elles avant les charges.
Hélas on n'en est plus là: elles se sont murées en robots. Personnellement je me fais aussi beaucoup de souci pour ce que l'Etat est en train de faire de ses hommes et femmes acculés à une telle déshumanisation.
La réflexion sur la violence est permanente chez les manifestants GJ, militants comme syndicalistes, réflexion grave, douloureuse et fébrile, mais de plus en plus libre de la doxa des médias et du pouvoir qui n'ont pour obsession que de faire prononcer publiquement aux gens condamnation pleine et entière de la violence des opprimés, tout en excusant, quand ils ne la nient pas, la violence des oppresseurs.
Parce-que, quand on a subi la violence des manifestations, l'avancée des tanks et des troupes armées face à soi, les gazages incessants, les cris, les charges à pieds, à motos, et que l'on doit alors fuir en courant sans rien voir, en veillant à ne pas chuter ni faire chuter, alors qu'autour de soi des silhouettes vacillent et s'effondrent sous les projectiles, quand l'on est témoin de blessures de guerre, et l'on crie dans le brouillard et le tumulte "medic, medic !!", qu'on tente de calmer des personnes en stress traumatiques et post-traumatiques, on sait sa propre vulnérabilité autant à la violence de l'ennemi extérieur qu'à celle qui en nous monte et cherche à sortir.
D'où la sympathie pour les briseurs de vitrines de luxe et tagueurs de slogans anti-capitalistes, sympathie qui encore une fois n'est pas adhésion, mais capacité à souffrir avec, à comprendre de l'intérieur ce qui se joue en eux.
Cela, les zadistes, les militants de terrain, ceux que j'appelle les Verts des Landes, l'ont vécu avant les GJ, ils savent et comprennent. Si ils ont choisi la non-violence, et c'est tout à leur honneur, ce n'est pas en étrangers à cela.
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Écrit par : Anne Josnin / | 24/01/2020

à Jean-Marie Salamito :

> Je vous en prie ! Oui, Bloy peut être aussi magnifique dans l'éloge, et même parfois dans des élans de tendresse.
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Écrit par : Sven Laval / | 24/01/2020

à Alex :

> Votre professeur avait le sens de la synthèse. Pour ma part, je fus taupin puis entrai dans une grande école d'ingénieurs. Dans ces deux milieux, j'ai pu rencontrer des amoureux du savoir véritable (jusqu'au bizarre ; mais c'est sans doute l'aridité de certaines matières scientifiques qui donne cette impression), ainsi que de futurs maîtres du monde.
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Écrit par : Sven Laval / | 24/01/2020

> Dans le dernier numéro de 'FC', un assez intéressant dossier sur "Catholiques, faut-il faire la révolution" ? Avec un constat : celui de l'inconvergence des luttes entre les catholiques et les autres composantes "en colère" de la population française. Un rappel : celui de la façon dont les Veilleurs ont été reçus par les zadistes en 2013 (" pas de convergence possible avec des porteurs d'idées nationalistes et réactionnaires ! "). Et de l'échec flagrant de beaucoup de tentatives de rapprochement. Je cite : "ce désir de décloisonnement des luttes n'est pas nouveau. "C'est un accès romantique qui s'exprime régulièrement chez les catholiques", décrypte le sociologue Yann Raison du Cleuziou".
"Accès" qui ne concerne qu'une partie des catholiques. Comme l'écrit Raison du Cleuziou : "L'univers catholique le plus dynamique appartient à la catégorie CSP+. Comme les autres élites, les catholiques vivent dans des quartiers où le brassage social est limité. Ils sont pris dans cette tension. Soit se perpétuer dans un monde hostile et contrôler la transmission, soit sortir du ghetto et risquer de se dissoudre. Le romantisme de la fusion avec les populistes se heurte au réel. Bien des catholiques ne sont pas prêts à rompre avec le libéralisme, parce que les bénéfices qu'il en tirent leur permettent de protéger leur modèle familial et de se perpétuer". Le rédacteur de l'article de conclure : "(...) l'ADN politique du catholique demeure contre-révolutionnaire : il faut durer, changer les choses de l'intérieur en assurant la transmission". Et de citer, entre autres exemples de "subversion patiente" (trop patiente ? ), le cas de Gaultier Bès, "qui vient de rejoindre avec sa famille l'éco-hameau de La Bénisson-Dieu".

Geld


[ PP à Feld – Raison du Cleuziou est fasciné par la bourgeoisie réac et enfermé dans l'idée que "catholicisme = conservation d'un style de vie". C'est microcosmique à l'échelle de l'Eglise universelle, et ça explique en partie pourquoi le pape juge peu urgent d'aller voir des cathos français aussi nombrilistes... et aussi peu portés à mettre en question le système !
Appeler "contre-révolution" ce conservatisme frileux est une... erreur de perspective (restons poli).
Quant à l'histoire des Veilleurs et des Zadistes, dont se gargarisent les publications de droite depuis cinq ans, elle ne prouve strictement rien – sinon l'idée très négative que les contestataires se font des catholiques ; idée dont les catholiques sont en partie responsables (les plus visibles étant rivés au système), comme notre blog s'évertue à le dire depuis quinze ans.
Et franchement, faut-il se préoccuper de ce qui se raconte dans ce très petit milieu de gens qui parlent le langage de la foi (car "ce sont nos valeurs") mais finissent toujours par voter pour les banquiers (car "c'est un péché que de ne pas voter") ?]

réponse au commentaire

Écrit par : Feld / | 25/01/2020

VOTES

> A propos de votre réponse à Feld, je serais très curieux de connaître la répartition des abstentions et des votes épiscopaux.
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Écrit par : PF Huet / | 25/01/2020

ET POUTINE

> Méfiance quand même avec Sapir. Disons qu'il serait plus crédible s'il n'avait pas un tel tropisme poutinien.
Car s'il est un régime qui, derrière quelques discours, ne connaît que le cynisme de l'argent, c'est bien celui de Poutine (à égalité peut-être avec celui des mollahs iraniens). "La solidarité contre la concurrence, la ruralité contre l’urbanisation", ce n'est vraiment pas le problème de Poutine, ni celui de ses amis au pouvoir. Allez voir comment doivent vivre les retraités russes en province ! À quel système de santé ils ont le droit ! Quant à l'opposition russe, elle ne pourrait pas se permettre le dixième, que dis-je le centième, de ce que se permet l'opposition en France.
Bref, être sans pitié pour le macronisme quand on est si peu regardant envers Poutine, c'est toujours la vieille histoire de la paille et de la poutre.
______

Écrit par : JM / | 25/01/2020

@ Feld

> Yann Raison du Cleuziou n'aurait pas tort de se rappeler ces lignes d'Alexis de Tocqueville:
"Le christianisme, qui a rendu tous les hommes égaux devant Dieu, ne répugnera pas à voir tous les citoyens égaux devant la loi. Mais, par un concours d'étranges événements, la religion se trouve momentanément engagée au milieu des puissances que la démocratie renverse, et il lui arrive souvent de repousser l'égalité qu'elle aime, et de maudire la liberté comme un adversaire, tandis qu'en la prenant par la main, elle pourrait en sanctifier les efforts."
('De la démocratie en Amérique I', introduction, tome 2 des 'Œuvres' de Tocqueville dans la "Pléiade", p. 13.)
Cela lui éviterait de prendre pour "l'ADN politique du catholicisme" ce que Tocqueville diagnostique comme "un concours d'étranges événements".
On ne relit jamais trop les grands classiques.
______

Écrit par : Jean-Marie Salamito / | 25/01/2020

AUX MUNICIPALES

> A propos de vote, la liste du maire sortant pour les municipales à Versailles risque d'être "Macron-compatible", en tout cas le sénateur LREM du coin se montre aux réunions...
La Versaillie catho va de nouveau voter pour l'ordre et le Fric... Au diable l'Ethique...
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Écrit par : Tangui / | 26/01/2020

SOUFFRANCE AUSSI

> A noter sur les 19%, un point non mentionné ici: ces cadres ont une souffrance au travail aussi, ils sont broyés par la financiarisation de l'économie, sauf les plus cyniques d'entre eux. Ce malaise généralisé est un non dit qui est aussi un facette de l'analyse faite ici. Elle confirme que ces CSP+ sont incohérentes lorsqu'elles votent Macron.
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Écrit par : ludovic / | 26/01/2020

POUTINE (2)

> Je crois me souvenir d'un Poutine qui a soustrait in-extremis la Russie de la voracité américaine qui avait espéré mettre la main sur toutes les richesses de ce pays, en sans aucune vergogne, c'était du temps de Bill Clinton, de Boris Eltsine et des mafias russes. Et qui a réussi à faire de la Russie ce qu'elle est sur les ruines de la civilisation soviétique. La haine de l'Occident envers Poutine date de là. Tout ce pétrole, ce gaz, ces minéraux, ...
Maintenant, imaginez la retraite des Russes si les Américains avaient réussi leur hold-up.
C'est quand même curieux d'attribuer tant de "cynisme de l'argent" à la Russie et à l'Iran quand on sait les sanctions économiques qu'endurent, de surcroit à leurs propres problèmes internes, ces deux pays depuis des années de la part des USA, de la Grande-Bretagne, Allemagne, France, pour ne citer que ceux là (et qui n'ont pas du tout ce cynisme bien entendu). Et que seraient les retraites en Russie sans ces sanctions ? Le but de ces sanctions est bien d'exciter les populations contre leurs dirigeants ? Et pourquoi ?
Maintenant ce ne sont pas (jusqu'à présent) les Russes qui se plaignent le plus de Poutine, et loin de là.
Nous sommes dans le camp occidental.
Je ne connais pas du tout ces sites, j'y ai juste trouvé les cartes que je cherchais :
Russie et Chine :
https://www.medias-presse.info/3eme-guerre-mondiale-la-toile-daraignee-gigantesque-des-bases-militaires-us-enserre-la-russie-mais-aussi-la-chine-et-le-monde-entier/88518/
Iran :
http://cartonumerique.blogspot.com/2019/08/tensions-iran-etats-unis.html
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Écrit par : Yvan / | 26/01/2020

> Pardon, j'ai oublié de parler du système de santé américain ("quelque part entre Cuba et le Qatar"):
https://www.liberation.fr/planete/2018/02/04/les-etats-unis-une-superpuissance-au-systeme-de-sante-impuissant_1627429
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Écrit par : Yvan / | 26/01/2020

"SCHNAPS-IDÉE"

> https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/01/25/villani-gare-du-nord-griveaux-gare-de-l-est-les-projets-rivaux-des-candidats-aux-municipales-a-paris_6027234_823448.html

L'écologie vue par M. Griveaux : déplacer la gare de l'Est à... Noisy-le-Sec et la remplacer par un "Central Park parisien", le tout pour un milliard et demi d'euros (dans la poche de Bouygues).
Ne pas s'étonner si Griveaux ne décolle pas avec de tels projets (et toujours cette référence à l'Amérique comme si elle était le saint graal : pourquoi devrions-nous avoir un "Central Park", non un parc tout court ?).
Coup de chapeau à son concurrent à lavallière qui a su tenir tête hier à Emmanuel Macron : Villani ne sera pas maire de Paris mais il a su par son geste dénoncer l'entourloupe marketing d'un "nouveau monde" qui a tout gardé de l'ancien. Il sera sans doute exclu du parti présidentiel mais son honneur sera sauf.

PV


[ PP à PV – Commentaire des macronistes alsaciens sur cette proposition de Grivaux : c'est une "schnaps-idée". En français de l'intérieur : "propos d'ivrogne". ]

réponse au commentaire

Écrit par : Philippe de Visieux / | 27/01/2020

VILLANI

> Au fond, il est reproché à Cédric Villani d'avoir fait à peu près comme Emmanuel Macron en 2016-2017 : M. Griveaux maire de Paris, cela signifierait l'Hôtel de Ville piloté depuis l'Élysée puisqu'il est l'adoubé du président. Villani a le courage de ses opinions, ce qui n'est que compréhensible lorsqu'on voit le niveau de celles du candidat officiel. Paris mérite mieux que cela !
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 28/01/2020

TODD

> https://www.youtube.com/watch?v=wB4kflH00so
Emmanuel Todd en entretien sur France Culture.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 03/02/2020

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