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23/01/2020

Le message du pape François au colloque de Davos

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Certains catholiques semblent avoir encore du mal à distinguer l’UNIVERSEL (notion catholique) et le GLOBAL (notion capitaliste libérale). Le message du pape au Forum économique mondial de Davos aide à voir en quoi ces deux notions divergent :


 

Message du pape François

au Pr Klaus Schwab, président exécutif du Forum économique mondial

 

<< Alors que le Forum économique mondial célèbre son cinquantième anniversaire, j’adresse mes salutations et mes meilleurs vœux dans la prière à toutes les personnes qui prennent part au rassemblement de cette année. Je vous remercie pour votre invitation à y participer et j’ai demandé au cardinal Peter Turkson, préfet du dicastère pour la Promotion du développement humain intégral, de se faire le représentant du Saint-Siège.

Au cours de ces années, le Forum économique mondial a offert à diverses parties prenantes l’occasion de s’engager à explorer des moyens novateurs et efficaces de construire un monde meilleur. Il a également fourni un espace où la volonté politique et la coopération mutuelle peuvent être guidées et renforcées afin de surmonter l’isolationnisme, l’individualisme et la colonisation idéologique qui caractérisent malheureusement trop de débats contemporains.

À la lumière des défis toujours plus nombreux et interdépendants qui touchent notre monde (cf. Laudato si’, 138 et suivants), le thème que vous avez choisi d’examiner cette année – Parties prenantes pour un monde cohésif et durable – souligne la nécessité d’un engagement plus important à tous les niveaux pour traiter plus efficacement les différents problèmes auxquels l’humanité est confrontée. Au cours des cinq dernières décennies, nous avons été témoins de transformations géopolitiques et de changements importants, de l’économie et des marchés du travail à la technologie numérique et à l’environnement. Nombre de ces évolutions ont été bénéfiques pour l’humanité, tandis que d’autres ont eu des effets négatifs et ont créé des lacunes importantes en matière de développement. Bien que les défis d’aujourd’hui ne soient pas les mêmes que ceux d’il y a un-demi-siècle, un certain nombre de caractéristiques restent d’actualité alors que nous entamons une nouvelle décennie.

La considération primordiale, à ne jamais oublier, est que nous sommes tous membres d’une seule et même famille humaine. L’obligation morale de prendre soin les uns des autres découle de ce fait, tout comme le principe corrélatif qui consiste à mettre la personne humaine, plutôt que la simple poursuite du pouvoir ou du profit, au centre même de l’action publique. Ce devoir, qui incombe en outre aux entreprises et aux gouvernements, est indispensable dans la recherche de solutions équitables aux défis auxquels nous sommes confrontés. Il est donc nécessaire de dépasser les approches technologiques ou économiques à court-terme et de prendre pleinement en considération la dimension éthique dans la recherche de solutions aux problèmes actuels ou dans la proposition d’initiatives pour l’avenir.

Trop souvent, des visions matérialistes ou utilitaristes, parfois cachées, parfois affichées, conduisent à des pratiques et des structures motivées en grande partie, voire uniquement, par les intérêts particuliers. Cette vision considère généralement les autres comme un moyen d’arriver à une fin et entraîne un manque de solidarité et de charité qui, à son tour, engendre une réelle injustice, tandis qu’un développement humain vraiment intégral ne peut vraiment s’épanouir que si tous les membres de la famille humaine sont inclus dans la poursuite du bien commun et y contribuent. En cherchant le véritable progrès, n’oublions pas que piétiner la dignité d’une autre personne, c’est en fait affaiblir sa propre valeur.

Dans ma lettre encyclique Laudato si’, j’ai attiré l’attention sur l’importance d’une « écologie intégrale » qui prenne en compte toutes les implications de la complexité et de l’interconnexion de notre maison commune. Une telle approche éthique renouvelée et intégrée appelle à « un humanisme capable de réunir les différents domaines de la connaissance, notamment l’économie, au service d’une vision plus intégrale et intégrante » (ibid., 141).

Reconnaissant les réalisations de ces cinquante dernières années, j’espère que les participants au Forum de ce jour, et à ceux qui se tiendront à l’avenir, garderont à l’esprit la haute responsabilité morale qui incombe à chacun de nous de rechercher le développement intégral de tous nos frères et sœurs, y compris ceux des générations futures. Puissent vos délibérations conduire à un accroissement de la solidarité, en particulier avec les plus démunis, qui subissent l’injustice sociale et économique et dont l’existence même est menacée.

Je renouvelle mes vœux et ma prière à l’égard de ceux qui participent au Forum, afin que cette réunion porte du fruit et j’invoque sur vous tous les bienfaits de la sagesse de Dieu. >>

 

(trad. Zenit)

 

 

Catéchisme de l'Eglise catholique, § 1911 :

<<  L'unité de la famille humaine, rassemblant des êtres jouissant d'une dignité naturelle égale, implique un bien commun universel. Celui-ci appelle une organisation de la communauté des nations  capable de "pourvoir aux divers besoins des hommes, aussi bien dans le domaine de la vie sociale (alimentation, santé, éducation) que pour faire face à maintes circonstances particulières qui peuvent surgir ici ou là (par exemple : subvenir aux misères des réfugiés, l'assistance aux migrants et à leurs familles... >>  [En italiques, cit. de la constitution Gaudium et spes du deuxième concile du Vatican].

 

 

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Commentaires

RATZINGER

> Sur l'ajout du catéchisme : la phrase sur les migrants tombe à pic aujourd'hui. Surtout quand on sait que ce catéchisme fut établi par le cardinal Ratzinger. Le pape François ne fait que continuer et actualiser la pensée constante des papes modernes.
______

Écrit par : Bernard Boyer / | 23/01/2020

EN QUOI

> Je ne saisis pas bien en quoi ce message aide à distinguer " l'universel " du " global ".

Rémy Balland

[ PP à RB – Il "aide" en illustrant ce que pense et veut l'universalisme chrétien, et qui est l'inverse de ce que pense et veut la globalisation libérale (dont les méfaits sont indiqués par exemple dans 'Laudato Si').
La pensée catholique voit les nations comme des communautés de destin dans l'universel : l'universalisme est ainsi un "concert des nations".
Au contraire, l'idéologie libérale globale tend à agglutiner la population de la Terre en un marché unique composé de milliards d'individus hors-sol, assujettis à ce que le pape appelle un "colonialisme culturel" (le made-in-USA)... ]

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Écrit par : Rémy Balland / | 24/01/2020

COMMANDEMENTS

> Il n'y a pas de papes modernes ou démodés.
Les modes ont une fin.les commandements de Dieu sont infaillibles. l'humanité doit revenir a Dieu et vivre le Credo au quotidien.
Et la face de la terre sera renouvelée.
Que la Divine Volonté soit accueillie dans nos cœurs de misérables pêcheurs que nous sommes.

Lacombe


[ PP à Mme Lacombe :
– Personne ne dit qu'il y a des papes modernes et des pape démodés.
– "L'humanité doit" ? Si vous réduisiez la religion à des "commandements" imposés à "l'humanité", vous seriez musulmane...
– L'évangélisation n'a rien à voir avec une prise de pouvoir autoritaire. C'est le témoignage humble de chaque croyant s'efforçant d'incarner l'Evangile dans sa vie quotdienne. A ce prix seulement, autrui nous demandera de lui "donner la raison de l'espérance qui est en nous" (1ère lettre de Pierre). ]

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Écrit par : Lacombe / | 24/01/2020

LES PÈRES DE L'EGLISE ET L'UNITÉ DE LA FAMILLE HUMAINE

> Sur l'unité de la famille humaine, il y a beaucoup de belles choses chez les Pères de l'Eglise, notamment chez saint Augustin. Si Dieu a créé au commencement un seul couple humain, c'est pour que tous les êtres humains soient liés non seulement par une identité de nature ("naturae similitudo") mais aussi l'affection d'un lien de parenté ("cognationis affectus"): 'La Cité de Dieu', livre 12, chapitre 22, les dernières lignes ; voir aussi les premières lignes du chapitre 1 du livre 14, ou encore le magnifique chapitre 8 du livre 16, qui permet de comprendre pourquoi Etienne Gilson a pu parler de "l'antiracisme d'Augustin" ('Les métamorphoses de la Cité de Dieu', p. 56, n. 1 de la réédition de 2005, chez Vrin).

Écrit par : Jean-Marie Salamito / | 24/01/2020

"LA FOI SANS LES OEUVRES EST LETTRE MORTE"

> Le pape François ne fait que continuer et actualiser la pensée constante des papes modernes.
Voilà la phrase qui fait tiquer. Moderne ne veut pas dire "à la mode" mais actuel. Pour les gens vivant au XVIIe siècle, les papes du XVIe-XVIIe siècle étaient les papes modernes.
Nous ne pouvons pas vivre chrétiennement aujourd'hui comme vivaient les premiers chrétiens du premier siècle, ni même comme vivaient les chrétiens du XVIIIe ou XIXe siècle, parce que la société est différente de ce qu'elle était à ces époques.
Reste que ce que le chrétien a à vivre, ce n'est pas le Credo, mais le commandement d'Amour. "Ce que vous aurez fait au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que vous l'aurez fait." Et qui sont ces plus petits :
- les bergers (ces mauvais croyants incapables de respecter tous les préceptes de la religion mosaïque),
- les mages (des païens étrangers),
- des publicains (hommes obsédés par l'argent, le pouvoir, la reconnaissance - mais qui peuvent se convertir sous un regard d'amour),
- des prostituées (personnes ayant moralement fauté et donc définitivement exclues de la bonne société),
- des éclopés en tous genres ("punis pour leurs péchés ou pour ceux de leurs parents, à coup sûr")...
La liste se poursuit de nos jours.
Le Credo est du domaine de la Foi, les œuvres d'amour sont du domaine du faire. "La Foi/Loi sans les œuvres est lettre morte".
______

Écrit par : Bernadette / | 24/01/2020

DISCUSSION

> J'ai le sentiment que ce que veut dire Mme Lacombe n'est pas bien compris car ce n'est pas dans le ton analytique et lucide sans concession à "l'air du temps" de ce blog (que j'apprécie beaucoup quant à moi), et ce commentaire fait à mon avis allusion de manière concise à une attitude intérieure, sans critiquer les papes ni imposer une idée ("doit" me semble avoir le sens de souhait plutôt que d'un ordre). Je n'y vois rien d'autoritaire.
La "Divine Volonté" est une forme de relation avec Dieu promue par obéissance par une voyante ou mystique dont les initiales sont LP, j'invite les lecteurs à faire une courte recherche (sites faciles à trouver), pour s'en faire une idée ... Je respecte cette proposition de relation avec Dieu sans y adhérer car d'autres formes me parlent plus. Je voudrais que Mme Lacombe ne se sente pas rejetée si son commentaire est mal compris.
Je trouve une grande richesse d'idées et de points de vue dans ce blog et les commentaires, et par ailleurs je connais de bons blogs "mystiques", à chacun de faire preuve de discernement éclairé selon sa sensibilité.

jonas

[ PP à Jonas – Il ne s'agit pas de "rejeter" quelqu'un, mais de discuter une idée.
Pardonnez-moi de vous contredire mais il y a une erreur de perspective dans l'idée selon laquelle évangéliser serait amener "l'humanité" à obéir aux "commandements de Dieu".
Non ! Evangéliser c'est témoigner de l'Evangile dans notre vie quotidienne ; l'Evangile n'est pas un Coran ; la foi dans le Christ ne se réduit pas à une soumission. La foi est une réponse aimante à Celui qui nous a aimés le premier.
Je sais bien que les Français, de plus en plus subjectifs, fuient les idées pour ne pas avoir l'air "d'exclure" la personne avec laquelle on est en désaccord. Mais si nous nous mettions à croire que "contredire" c'est "exclure", c'est que nous serions devenus inaptes à la nécessaire confrontation d'idées...

« Certains croient que l’apostolat est une obligation extérieure de religion, une pratique de bon catholique comme de servir à table du poisson le vendredi. Comme il y a des voyageurs en produits alimentaires (ou électoraux), ils sont voyageurs en Credo… Des gens qui se croient permis et même ordonnés de mettre leur pied le plus grand dans le plat intérieur des autres... Sincères, il faut les accueillir avec respect – sur le pas de la porte. Mais celui qui entre, qui pénètre au fond, celui qui est « reçu », c’est un autre qu’eux. C’est le saint. Cette petite Thérèse qui n’a jamais parlé à personne et qui mène à Dieu des foules… »
(Marie Noël, ‘Notes intimes’)

« La véritable annonce du salut, c’est être une présence de Jésus là où nous vivons.
Voilà l’apostolat chrétien… »
(‘Parole et prière’, janvier 2020) ]
______

Écrit par : jonas / | 24/01/2020

LAUDES

> "Comment chanter la grâce,
comment chanter pour Toi,
Père,
Si nos coeurs ne veulent battre
de l'espoir du Corps entier ?"

(hymne des laudes)
______

Écrit par : Léa Borel / | 25/01/2020

> https://legrandcontinent.eu/fr/2020/01/15/un-nouveau-schisme-9-points-pour-comprendre-la-crise-dans-leglise/

Un long article développant une analyse de la situation actuelle de l’Église.
À de nombreux égards, la position avancée est critiquable ou nécessiterait nuances et bémols.
Par exemple : l’auteur considère l’opposition Burke et consorts comme « assez modérée dans ses formes » : vraiment ?
Ou encore : « tout se passe comme si François montrait plus de compréhension pour les ‘intégristes’, sans doute du fait de leur zèle pastoral, que pour les conservateurs modérés ‘ratzingériens’ ou ‘wojtyliens’, parfois décrits comme ‘néoconservateurs’ ». Pas certain que le nouveau supérieur d’Écône partage cette analyse ; question « zèle », les lefebvristes en ont effectivement, mais n’est-il pas bien davantage ad intra qu’ad extra ?
Poursuivons : l’auteur estime que la thèse de Nicolas Senèze « n’emporte pas la conviction » car il prêterait aux bergogliophobes américains « une influence et un réseau absolument hors de proportion » : pourtant, Senèze explicite ses arguments et les illustre de nombreux exemples, parfois chiffrés.
On note plusieurs approximations : Benoît XVI aurait notifié une « semi-rétractation » (non, c’est une rétractation totale puisqu’il n’avait jamais eu l’intention d’être auteur, encore moins premier auteur) ; le « célibat des prêtres, qui a moins trait à la doctrine qu’à la discipline » (non, il relève totalement de la discipline et aucunement de la doctrine, sans quoi tous les catholiques orientaux seraient hérétiques) ; « la proposition qui ouvre la communion aux divorcés remariés n’a obtenu qu’une majorité très fragile au synode » (certes, mais le document final du synode de 2015 a été accepté par plus des deux tiers des votants).
L’auteur décrit saint Jean-Paul II comme « capable de s’adresser aux foules du monde entier, tout en gardant une ligne cohérente avec la tendance conservatrice » : il oublie que cette même tendance avait fort peu goûté le baiser du Coran à la mosquée des Omeyyades, les rencontres interreligieuses d’Assise, les messes en rite zaïrois, etc.
Le pape argentin manifesterait « une certaine rupture avec l’héritage wojtylien » : mais lequel ? Il a canonisé Jean-Paul II ! Pourquoi donc toujours vouloir opposer les pontifes entre eux ?
Par contre, on peut se reconnaître dans les conclusions de l’article : François souhaiterait une « Église à géométrie variable, où l’unité serait tendue à l’extrême sans jamais être formellement rompue » : on peut le penser, puisque le maintien de l’unité ecclésiale est inhérent au ministère pétrinien, que ce dernier soit assuré par le pontife actuel ou par chacun de ses prédécesseurs.
Il est enfin exact de croire « qu’il existe un état de schisme virtuel dans le catholicisme. Un schisme formel a en revanche très peu de chances d’éclater, car les membres de l’Église hiérarchique savent que chaque partie aurait trop à perdre. »

PV


[ PP à PV – Si l'auteur juge "modérés" Burke et les siens, c'est qu'il confond fourberie et modération.
Et s'il croit que les libéraux-conservateurs sont des ratzingériens ou des wojtyliens, c'est qu'il ne connaît ni la pensée de Ratzinger ni celle de Wojtyla !
Seigneur, délivrez-nous des faux experts. ]

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Écrit par : Philippe de Visieux / | 31/01/2020

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