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13/07/2017

Budget Macron : le libéralisme va coûter très cher

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Éperonné par des libéraux absurdes, l'Elysée-Matignon dépouille les services publics (armée, police) pour financer des baisses d'impôts bénéficiant aux plus riches :


 

 

BOUZOU-Nicolas.jpgConnaissez-vous Nicolas Bouzou [photo], auteur en 2016 de L'innovation sauvera le monde, collaborateur du Financial Times, breveté Dauphine-IEP et "consultant managérial" comme tout le monde chez Macron ? Cet  "essayiste spécialisé dans l'économie" est libéral au point de préconiser la suppression des lits d'hôpital (ringardisés, dit-il, par la chirurgie ambulatoire)... M. Bouzou fait partie des nouveaux insubmersibles : au lieu de se cacher après avoir écrit en avril 2008 : "c'est le moment d'acheter en Bourse" [1], il vice-préside un cercle "de dirigeants libéraux de grandes entreprises et de responsables politiques". 

Ce lobby libéral a donc convaincu M. Macron de réaliser dès 2018 - et contrairement à ce que M. Philippe avait annoncé -  la promesse de  faire perdre au budget trois milliards d'euros en favorisant le casino financier : plafonner à 30 % les revenus du capital, faire sortir de l'assiette de l'ISF les valeurs mobilières (actions et assurance-vie), etc. En fait de disruption créative, cette opération s'inscrit dans la continuité de l'ère Sarkozy-Hollande.

Selon l'Evaluation du programme présidentiel publiée hier par l'OFCE, l'application de ce programme durant le quinquennat profitera surtout aux 280 000 foyers (1 % de la population) classés parmi les plus riches : ils bénéficieront de "46 % des gains des mesures fiscales à destination des ménages", souligne ce rapport. Les classes moyennes seront étrillées, comme ce fut le cas sous les deux quinquennats précédents. Le macronisme apparaît donc bien comme un cran supplémentaire ("incrémental", disent les jeunes managers LREM) dans la dislocation sociale engrenée par le néolibéralisme.

Pour compenser le sabordage libéral de ressources de l'Etat, et pour satisfaire à la norme bruxelloise des 3 % confirmée par Mme Merkel jugulant M. Macron, M. Philippe doit trouver 13 milliards par la "contraction de la dépense". Il doit donc - comme ses prédécesseurs - appauvrir encore les services publics : y compris ceux qu'on devait épargner au nom de la sécurité nationale...

Durant sa campagne, en effet, M. Macron avait juré (les yeux au ciel) de porter à 2% du PIB le budget de la défense. Ce ne sera pas le cas. L'armée va perdre  850 millions en pleine année courante, chose inédite qui atterre les généraux. Gênés sous Sarkozy, angoissés sous Hollande, ils deviennent indignés sous Macron. "Je ne vais pas me laisser baiser par Bercy !", fulmine le général de Villiers. Auditionné le 12 juillet à l'Assemblée, il a indiqué qu'en privant l'armée de moyens - donc d'armement et d'entraînement -, le pouvoir prépare "la défaite".

Autre volte-face :  après avoir plaidé - à juste titre - la cause de l'aide au développement des pays pauvres (clé du problème des migrants), et après avoir promis de la porter à 0,7 %  du PNB d'ici à 2030, M. Macron lui fait retirer dès maintenant 140 millions par M. Philippe...

Les gens lucides se doutaient de tout ça depuis le lancement de l'OPA Macron. Nous avions exprimé ces doutes. Ils nous avaient été reprochés en juin par d'ex-fillonniens devenus prophètes ex-post du macronisme... La proskynèse devant la finance est en effet une issue  : à condition d'être indifférent aux tyrannies, ou d'avoir secrètement voulu celle-là.

 

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[1]   http://www.arretsurimages.net/articles/2009-08-07/Vive-Ni...

 

 

 

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10:12 Publié dans Macron | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : budget macron

Commentaires

L'ARMÉE

> Patrice, le montage illustrant votre note est terrifiant.. mais hélas tellement vrai ! Pris en pied, le militaire en question porterait en plus... des tongs.
L'armée est une institution profondément méprisée par beaucoup de nos politiques. Et cela ne date pas d'hier. Qui se sacrifie sans compter, qui accepte tout...y compris que des victoires militaires se voient transformées en défaites politiques.
Au surplus : peut-être certains estiment-ils que l'on y trouve trop de catholiques (souvent fervents !) ?
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Écrit par : Feld / | 13/07/2017

PP à Feld

> Il faudrait dire oui.

(Plus par mails ?)
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Écrit par : à Feld / | 13/07/2017

MAGICIENS DE CABARET

> J'ai eu M. Bouzou comme professeur d'économie à Sciences Po. Merci de m'avoir vengé, même si je vous assure que votre critique est encore trop généreuse.
Sa photo est fantastique : si tous les conseillers de Macron et Macron lui-même devenaient magiciens de cabaret, ce qui est leur vraie vocation, la France pourrait être sauvée. Et ils ne feraient plus de mal à personne.
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Écrit par : Thibaud / | 13/07/2017

TALENT

> C'est ça la politique autrement ? Quel talent dans le mensonge : le général Trinquand - il était conseiller défense pour la campagne de M. Macron - s'est lui-même laissé abuser.
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Écrit par : Thomas Mousset / | 13/07/2017

MERCENAIRES

> Les v'là nos futurs Poilus :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Soci%C3%A9t%C3%A9_militaire_priv%C3%A9e
http://www.courrierinternational.com/article/2007/10/25/comment-le-pentagone-est-devenu-accro-aux-mercenaires
Blackwater a changé de nom depuis, pour Academi.
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Écrit par : Yvan / | 13/07/2017

PRIVATISATIONS

> A tous points de vue le libéralisme risque en effet de coûter cher. S'il est important de ne pas gaspiller l'argent de l'Etat, cela ne se fait pas par des coupes claires au petit bonheur : d'autant que, avec des moyens réduits, l'armée (pour ne citer qu'elle) devra vraisemblablement avoir recours à diverses "externalisations" qui lui seront onéreuses.
C'est une chose à laquelle il était loisible de penser dès l'interruption du service militaire, lorsqu'il a fallu confier la garde d'enceintes militaires à des sociétés de gardiennage privées : au coût probable que cela a dû avoir, s'ajoute le risque lié à des personnels qui sont ce qu'ils sont.
Le primat de la gestion financière présente donc de grands risques, en inversant l'ordre des priorités (c'est-à-dire en mettant ceux qui remplissent la mission principale au service des gestionnaires, et non le contraire).
Et puisque vous évoquez le cas de M. Bouzou, "libéral au point de préconiser la suppression des lits d'hôpital", il serait utile de lui faire étudier l'exemple de certains hôpitaux étrangers, où les médecins sont atterrés par les orientations que préconisent de brillants consultants. Ci-joint un cas relevé en Suède, dans un hôpital qui fait scandale depuis un bon moment (pardon, l'article est en suédois).
https://www.svd.se/tidigare-chef-om-konsulterna-jag-forsokte-fa-bort-dem
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Écrit par : Sven Laval / | 13/07/2017

L'ARMÉE À SEC

> Question: si j'ai bien compris, le chef d'état-major est furax. Combien de temps les militaires vont-ils tenir avant d'exploser? Par exemple, en 2016, selon un expert de la chose militaire sur LCI, on a mis à la casse 400 vab mais on a eu que 21 vbci pour les remplacer....

VF


[ PP à VF - L'avenir est aux milices de multinationales. Ringard, le domaine public ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : VF / | 13/07/2017

MACRON C'EST BERCY

> Maladresse (du chef de l'Etat) ? http://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/emmanuel-macron-met-bourre-pif-chef-d-etat-major-armees-130994
Une "remontée de bretelles "publique adressée au CEMA : du jamais vu (ou plutôt entendu), c'est clair...
Je cite M. Merchet :
"Dans le public de la garden-party, où l’on croise toute la haute hiérarchie militaire et les industriels de la défense, mais aussi des représentants des unités qui défilent, dont les écoles d’officiers, ainsi que des délégations étrangères, la consternation régnait et les applaudissements n’ont guère été nourris."
Et :
" "Avec Macron à l'Elysée, Bercy a vraiment pris le pouvoir", entend-on désormais dans tous les autres ministères."
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Écrit par : Feld / | 14/07/2017

Sven,

> je regrette d'être incapable de prendre connaissance du contenu de l'article que vous mettez en lien.
Mais je peux vous dire que depuis l'époque de Till Eulenspiegel, les "consultants" ont la méthode miracle pour guérir les malades - méthode que les pouvoirs publics se refusent à appliquer, on se demande bien pourquoi. Il suffit de prendre le plus malade de l'hôpital et de l'incinérer (je suppose que la méthode d'anesthésie préalable importe peu et qu'on pourrait remplacer le coup de gourdin sur la tête par une piqûre). Avec les cendres du malade-sauveteur providentiel, Till (et ses héritiers spirituels aussi, probablement) se faisait fort de préparer une panacée qui guérirait tous les autres malades de l'hôpital.
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Écrit par : Bernadette / | 16/07/2017

L'ANTIQUITÉ

> C'est ironique, la manière dont l'histoire semble par moment se reproduire.
Au Vème siècle avant JC, le modèle de la démocratie athénienne (même si critiquable sur d'autres aspects, notamment l'impérialisme athénien) pratiquait la mobilisation de ses citoyens en temps de guerre. Pour de nombreuses raisons, les historiens évoquent ce siècle comme l'apogée du modèle de la Cité grecque.
Cependant, avec le déclin de son modèle, au IVème siècle avant JC, les cités grecques, en général, pratiquaient le mercenariat en embauchant des troupes de mercenaires, plus ou moins fidèles et dont le paiement se faisait par pillages des peuples vaincus.
Il n'est donc pas très étonnant que les cités soient tombées les unes après les autres face à Philippe de Macédoine (pratiquant à la fois la mobilisation de soldats/citoyens et de mercenaires).
Mais ce modèle fut lui aussi battu par les armées de la République romaine : le Ier siècle avant JC vit en effet s'établir la professionnalisation de l'armée. Il n' avait plus désormais de mobilisation mais de l'embauche.
Cependant, ce modèle de l'armée romaine provoqua la chute du modèle républicain, les armées étant plus fidèles à leurs généraux qu'à la République. Cela provoqua ainsi la dénaturation de la dictature romaine et l'avènement de l'empire romain.
On retrouve encore aujourd'hui ces mêmes types de schémas : le mercenariat est le libéralisme s'implantant dans le principe de l'armée, avec les armées devenant de plus en plus le monopole de sociétés de mercenaires. Les putschs et la prise de pouvoir de dictateurs sont généralement commis par les juntes militaires ou avec leur soutien et nous montre ce qu'il se passe quand le pouvoir militaire prend trop de poids.
Tout est une question d'équilibre.
Ceci illustre bien une chose: chaque fois qu'un État, quel que soit son modèle démocratique, jette au vent ses principes et ses idéaux pour recourir à la facilité, alors il se fera dévorer de l'intérieur ou de l'extérieur par une armée. Une leçon dont Mr Macron devrait tenir compte...
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Écrit par : A-L P / | 17/07/2017

IL DÉMISSIONNE

> Et voilà. Ce qui devait advenir ...est arrivé :
http://www.liberation.fr/direct/element/le-chef-detat-major-des-armees-pierre-de-villiers-annonce-sa-demission_67893/
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Écrit par : Feld / | 19/07/2017

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