31/03/2024
"Tout dans la Pâque reste pour toujours actuel"
La lumière bouleversante de la Résurrection, contemplée par Hans Urs von Balthasar :
“Si le Christ n’est pas ressuscité, vide est notre foi” (1Corinthiens 15,14). Sans la Résurrection il n’y aurait pas eu de témoignage évangélique. Toute la vie de Jésus, y compris sa Passion, a été écrite pour témoigner de cette résurrection et à sa lumière. L’aveu par les disciples eux-mêmes qu’avant la Résurrection ils n’avaient pas compris l’essentiel, les récits de leur incrédulité même devant le fait de la Résurrection, le complet retournement de Madeleine, des disciples d’Emmaüs, de Paul, tout cela est lié à la proclamation de Pâques.
La Résurrection est un événement trinitaire. Par sa mort sur la croix, le Fils de Dieu a rempli sa mission ; Il a rendu au Père, avec son esprit humain, également l’esprit de sa sainte mission. Comme homme Il ne peut pas ressusciter par lui-même ; c’est le Père, “Dieu des vivants” (Romains 4,17), qui réveille le Fils d’entre les morts afin que, de nouveau uni à son Père, Il envoie dans l’Eglise l’Esprit de Dieu.
Sans la Résurrection, tout le décret de salut trinitaire serait incompréhensible, et l’œuvre commencée dans la vie de Jésus serait dépourvue de sens. Cette vie était une exceptionnelle provocation pour le monde et même pour l’Ancien Testament, car Jésus se plaçait au-dessus de la Loi, comme s’il était le but et le sens de cette Loi. Israël devait se laisser porter au-dessus et au-delà de lui-même pour parvenir à sa plénitude ; il s’y refusait, cela était clair dès le début de la prédication de Jésus. Jésus savait ce que sa mission provocatrice devait lui apporter, et Il allait, sans détourner les yeux, au-devant de sa mort. Les disciples le suivaient effrayés (Marc 10,32). Et cette frayeur leur reste dans les membres même après la Résurrection (Marc 16,8 ; Luc 24,22 et 37). Ils ne sont aucunement préparés à comprendre ce que pourrait être une résurrection non “au dernier jour”, mais en pleine actualité contemporaine. Que Jésus, dans sa Passion, en a fini avec le monde et le temps, que pour Lui c’est “le dernier jour”, tandis qu’eux, disciples, séjournent encore dans le temps, c’est une vérité qui pour eux ne devait sortir que lentement des ténèbres.
Et il serait encore plus difficile à comprendre que toute la vie de l’Eglise devait rester désormais marquée par l’événement un et double de la Croix et de Pâques. Pour comprendre cela, pour le vivre pleinement, il leur fallait recevoir en partage l’Esprit du Christ, qui est en même temps l’Esprit du Père par qui toute chose est conçue et menée à bien.
Mais recevoir l’Esprit du Christ et du Père, c’est également accueillir le don essentiel de Dieu : le corps et le sang du Fils, que le Père présente au monde par la puissance opératrice de l’Esprit… Depuis que l’Esprit a accompagné l’incarnation du Fils et, en Lui, a fait pour ainsi dire une expérience du monde, il reste pour toujours inséparable de la chair et du sang…
Une chose devient claire : toujours à neuf l’Esprit vient, et toujours à neuf Il replace l’Eglise confessante sous le signe de Jésus-Christ : humiliation, persécution, croix… Cela met en pleine lumière le paradoxe de la vie chrétienne : que le chrétien doive chaque jour prendre sur lui sa croix, pour ressusciter chaque jour avec le Seigneur. On ne peut dire de l’Eglise que dans son histoire terrestre elle ne fait que mourir pour ressusciter seulement dans l’Au-delà. Ni qu’elle avance dans une pure vie ressuscitée, où la croix ne serait plus qu’un moyen de développement... La première idée serait un désaveu de l’Incarnation. La seconde idée serait une rechute dans une espérance sécularisée à la façon de l’Ancien Testament. Pâques est une réalité sur terre, mais ne nous éloigne pas le la croix, nous y ramène au contraire : tout dans la Pâque, dans le passage de la mort à la vie, reste pour toujours actuel.
Hans Urs von Balthasar
00:37 Publié dans Témoignage évangélique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : pâques, jésus-christ
Commentaires
JOSEPH
> Merci pour ce partage.
L'histoire de Joseph le patriarche, à la fin de La Genèse, a quelque chose à nous dire aussi sur la Résurrection. Alors que le manque de confiance en Dieu, au début du livre, menait au péché, puis à la mort, puis à la violence et à l'absence d'amour, Joseph surmonte la violence, par la foi et l'humilité, et établit la fraternité. il est une parfaite préfiguration du Christ, mais il ne fait qu'ouvrir la voie vers la rédemption, voie difficile qui est celle que raconte la Bible et qui est la nôtre. Jésus, en ressuscitant, accomplit cette voie : il apporte enfin la rédemption qui triomphe de la mort et qui écrase le péché pour retrouver la bonté de la Création voulue par Dieu.
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Écrit par : Albert / | 01/04/2024
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