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Nathalie Kosciusko-Morizet : la postdémocratie

Une professionnelle du marketing :


Le portait de Nathalie Kosciusko-Morizet par Martin Page [1] s'intitule "DJ politique" : "L'adroite et pragmatique aspirante UMP à la mairie de Paris mixe les idées, y compris progressistes et radicales, à la façon de sons..."  Extraits de ce diagnostic :


<< Le pouvoir magique de Nathalie Kosciusko-Morizet consiste à reprendre des codes progressistes et radicaux, et à détruire leurs effets dans un second temps. Elle est pour les Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne (Amap) et contre l'élevage de poulets en batterie, elle écrit "nous nous sommes perdus dans la quantité et l'accuumulation", mais on ne la voit pas se battre contre le productivisme et la surconsommation, ni contre les géants de l'agriculture et les pesticides... >>

 

<< Nathalie Kosciusko-Morizet est une digne héritière de Sarkozy et de ses citations de Jaurès. Le parti socialiste ne devrait pas en être outré, lui qui pille consciencieusement Milton Friedman depuis 1984. A droite quand on vole à la gauche, c'est pour de faux, tandis qu'au parti socialiste, quand on s'approprie les idées de droite, on le fait avec application...

Nathalie Kosciusko-Morizet va plus loin : elle avoue un goût pour "les slogans rouges et alters : ceux qui appellent aux changements, au réveil brutal des opprimés, à la fin du règne du profit : 'Le monde n'est pas une marchandise', 'Nos vies valent mieux que leurs profits'." Je me suis posé la question de la schizophrénie. En réalité, Nathalie Kosciusko-Morizet est une enfant de son époque : elle est tout. Elle cite l'écologiste Lester Brown, Besancenot et Edgar Morin, et elle admire Thatcher et Sarkozy. Elle coupe, elle colle, c'est une DJ de la politique, les idées sont des sons, on compose quelque chose qui séduira. Elle appartient à un temps où Eric Besson et Bernard Kouchner passent du PS à l'UMP (comme son propre mari). Cette confusion n'est qu'apparente : un monde s'installe. >>

 

C'est l'ère des "éléments de langage" et de la postdémocratie de marché : la dissolution du politique dans le marketing.

 

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 [1]  Libération, 21/03.

 

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Armes chimiques en Syrie : l'ONU accuse les rebelles, Israël soutient ceux-ci en bombardant Damas

Les choses s'accélèrent mais se contredisent :

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L'aviation israélienne intervient dans la guerre de Syrie.


Double coup de théâtre durant le week-end. La mission d'enquête de l'ONU, dirigée par la magistrate suisse Carla Del Ponte, a recueilli "des suspicions fortes et concrètes" que du gaz sarin a bien été utilisé dans la guerre de Syrie : mais "par les rebelles, non par les autorités gouvernementales" ! Ceci recoupe le témoignage des communautés chrétiennes d'Alep, qui accusaient "les brigades islamiques" d'avoir utilisé des gaz.

Connue dans le monde entier depuis quelques heures, cette information est un coup dur pour Obama qui s'acheminait lentement et à reculons – mais aiguillé par Netanyahou et Cameron – vers une "intervention occidentale" en Syrie, sur le modèle de la si judicieuse invasion de l'Irak en 2003. Le rapport d'enquête de Mme Del Ponte est un obstacle sur ce chemin ; d'autant que la magistrate, ancienne procureure du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, présente toutes les garanties de crédibilité requises.

S'il devient impossible de continuer à parler de la fameuse "ligne rouge", le camp de la guerre à Washington cherche le moyen de poursuivre quand même le scénario.

Netanyahou fournit-il ce moyen, en internationalisant de facto le conflit syrien ? Dans la nuit du 4 au 5 mai, autour de Damas, l'aviation israélienne (réarmée en bombes spéciales par les Etats-Unis) a attaqué des dépôts de munitions, des casernes de la garde nationale et les résidences privées de dignitaires du régime. Des explosions énormes ont retenti pendant des heures autour de la capitale : "on y voyait comme en plein jour", disent les habitants. L'ampleur de ces opérations dément la version de la CIA, selon laquelle ces raids ne visaient que "des convois de missiles iraniens destinés au Hezbollah libanais".

Le régime syrien et Téhéran ont aussitôt répondu en menaçant d'embraser la région : si c'était l'objectif recherché, le remake d'Irak 2003 peut se remettre en marche.

 

 

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Inédit 2017 : une présidentielle sans débat de fond

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Je reprends ici l'une de mes interventions à RND ce matin :

 

 

La caractéristique de cette campagne présidentielle 2017 est l'absence de débat de fond ; le phénomène se vérifie à droite comme à gauche (et chez Macron qui siège au plafond).

L'affaire Fillon fracture le "peuple de droite" en deux : les acharnés, fillonnistes qui crient au "complot des juges rouges" ; et les floués, déçus de voir que François l'Austère avait goupillé ses intérêts aussi jalousement que d'autres membres de la classe politique. Il suffit de voyager un peu dans les départements pour constater cette division. Mais elle est de l'ordre du psychisme, pas du débat.

A gauche non plus on ne parle pas de programme. C'est délibéré. On fait semblant de vouloir ressusciter la gauche plurielle comme autrefois. Ça irait de la boutique Hollande (Hamon successeur) à Mélenchon en passant par le fantôme des Verts :  comme si JLM,  qui - lui - a des idées,  était compatible avec la moitié centriste du PS... Feindre de croire à cette fiction exige donc de zapper les idées ;  on tentera de "rassembler la gauche" sur les "nouvelles valeurs de la République", qui ne sont pas politiques mais "sociétales" (consuméristes) et synthétisées en agences sur imprimante 3D.

Quant à Macron, il déclare au JDD assumer sa "dimension christique"  : ce qui veut simplement dire qu'il fait campagne sur sa personne (charismatique paraît-il) et non sur son programme, qui reste une énigme nimbée de mystère. Pas de débat non plus de ce côté.

Il ne pourrait y avoir de débat qu'entre Mélenchon et Marine Le Pen. Ces deux-là sont les seuls à présenter des propositions vérifiées, prétendent-ils, à la calculette... Mais cette posture est condamnée par le PS, LR et les intervieweuses énervées des radios du service public :  les deux seules choses dignes de considération, cette semaine, sont le déjeuner Fillon-Sarkozy et  la vie rêvée d'une gauche hollando-mélenchonienne.

Dans l'état de choses actuel, le parti des abstentionnistes est largement majoritaire en France. On ne s'en étonnera pas.

 

 

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Trump : un maccarthysme écolophobe

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1950-2016 : du délire anti "Reds" au délire anti-environnement...

La chasse aux sorcières commence :

 

On n'avait pas tort de comparer Mr Trump à feu McCarthy, le chasseur de sorcières rouges de 1950. Après avoir confié l'Agence pour l'environnement à un homme de l'industrie pétrolière (le politicien climatosceptique Scott Pruitt [*] ),  le président élu lance la chasse aux sorcières vertes.

Le 9 décembre, son équipe de transition a adressé au ministère de l'Energie une note quasi-policière exigeant les noms de tous les employés et contractuels ayant travaillé sur le changement climatique. Notamment : 1. ceux qui ont pris part aux conférences internationales sur le climat ; 2. ceux qui ont pris part aux réunions de travail sur le coût social  du dioxyde de carbone. L'équipe Trump exige aussi qu'on lui défère "toutes les publications scientifiques" des employés des 17 laboratoires nationaux du DOE (ministère de l'Energie) depuis 2013...

La climatologie et les sciences de l'atmosphère mises en accusation par un pouvoir politique ? Cette chasse aux sorcières scientifiques ressemble à la chasse aux sorcières du cinéma et de l'édition, menée par McCarthy au début de la guerre froide. La note de l'équipe Trump veut visiblement constituer "une liste de cibles à épurer", confient les collaborateurs du DOE. A leur avis, "quand Mr Trump a dit qu'il voulait assécher le marais de Washington, il ne visait pas les lobbies financiers mais les protecteurs de l'environnement..."

Dans la note de l'équipe Trump au DOE, on reconnaît les exigences des pétroliers (contre les conférences climat) et celles de l'industrie automobile (contre toute recherche sur le dioxyde de carbone). La suite est prévisible.

 

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[*]  Programme de Mr Pruitt : "faciliter la liberté d'agir des entreprises américaines". En clair : abolir les mesures de protection de l'environnement... En France, le programme Pruitt aurait été confié par M. Sarkozy à Maud Fontenoy,  l'écolophobe productiviste devenant "ministre de l'Ecologie". Tenté de s'inscrire lui aussi dans la surenchère anti-environnement, M. Fillon envisage de récupérer Mme Fontenoy et de lui donner le poste que lui destinait M. Sarkozy. C'est du moins la rumeur chez Les Républicains.

 

 

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Au PS, on aime Thévenoud et on exclut Filoche

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Trouver un job à l'ex-secrétaire d'Etat qui ne payait pas ses impôts, et exclure un membre du bureau national parce qu'il accuse le défunt PDG de Total : voilà les urgences du PS. La droite a raison : c'est terrible, cette dictature rouge...

 

La presse de ce matin : « Pour régler en douceur le cas Thévenoud, le groupe socialiste à l'Assemblée et le PS cherchent une entreprise "amie" qui accepterait d'engager le député de Saône-et-Loire dans l'une de ses filiales à l'étranger. Ce qui lui permettrait de quitter l'Assemblée nationale sans se retrouver privé de tout revenu. L'éphémère secrétaire d'Etat au Commerce extérieur vient de faire un discret retour à l'Assemblée, au sein de la commission du développement durable. »

 

« Après avoir tweeté hier un commentaire agressif sur le décès de Christophe de Margerie, Gérard Filoche (membre du bureau national du PS) accuse la politique du défunt à la tête de Total  : "On est amené à faire un bilan de ce qui s'est passé en Birmanie, au Congo, du programme pétrole contre nourriture, Erika, AZF... Et il gagnait 1.445 fois le Smic en cinq ans. Ce qui me touche le plus c'est qu'il ne payait pas d'impôts !" Outrés, les dirigeants du PS parlent d'exclure Filoche. Ils en avaient envie depuis longtemps. Interrogé en avril sur la mise en examen de Jérôme Cahuzac, Filoche avait tonné : "C’est la misère dans le pays, il y a cinq millions de chômeurs, dix millions de pauvres qui ont moins de 900 euros par mois et dont on ne parle pas. Et on a un chef du Budget qui fraude lui-même !"  Plus récemment, il avait interpellé l'exécutif en demandant s'il "croyait mener une politique digne d'un gouvernement ". »

 

C'est donc Filoche qui est déclaré incompatible avec les valeurs du PS.

 

Mais pas Thévenoud...  

 

 

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L'INRA découvre que l'agriculture bio est ”plus efficace” que l'agrochimique

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Ça vient de sortir, dans la revue scientifique Nature Sustainability :

 

France - Après soixante ans de militantisme agro-industriel, l'Institut national de la recherche biologique (INRA) publie une enquête scientifique approfondie selon laquelle l'agriculture bio résiste aux bio-agresseurs mieux que l'agriculture dite "conventionnelle" (chimico-industrielle) :

« La régulation naturelle des bioagresseurs (qu'il s'agisse de taux de parasitisme, de prédation ou de compétition) est plus importante dans les systèmes d'agriculture biologique que dans les systèmes d'agriculture conventionnelle et ce pour tous les types de bioagresseurs (pathogènes, ravageurs ou adventices)... »

 

L'INRA constate ainsi  – un peu tard – que la régulation naturelle protège les cultures mieux que ne font les pesticides, et que les cultures bio sont moins victimes des champignons ou des bactéries.

Sur cette enquête scientifique, Le Figaro a demandé son avis à la FNSEA. Qui  ironise quoiqu'en riant jaune, car les agro-industriels ne s'attendaient pas à voir les techniciens de l'INRA se mettre à parler comme des "Pastèques" [*]...

Ainsi le président de la FDSEA mayennaise, Philippe Jehan. Son objection sort du sujet :  "Cette étude est intéressante, dit-il, mais une vache de mon exploitation produit 9000 litres de lait par an. En bio on est plus sur un niveau de 5 à 6000 litres..."  A ceci près que le productivisme illimité (impasse commerciale) n'est justement pas le but de la nouvelle agriculture paysanne ; et que la fédération syndicale de M. Jehan encourage la pollution chimique des sols, qui finira – si l'on n'y met fin – par stériliser les campagnes de l'Hexagone.

M. Jehan dans son interview dit tout de même une chose qui laisse songeur : "Entre un agriculteur conventionnel et celui qui a une exploitation biologique, les deux ne font pas le même métier."

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[*]  "Les-écolos-qui-sont-verts-à-l'extérieur-et-rouges-à-l'intérieur" : rengaine libérale d'il y a quarante ans, mais toujours appréciée d'une bourgeoisie marionniste.

 

 

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'FAZ' et 'Financial Times' : éloge de la France

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Extraits des articles de Michaela Wiegel et Simon Kuper (Le Monde 19/07) sur la victoire des Bleus et son écho de masse :

 

 

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Michaela Wiegel, Frankfurter Allgemeine Zeitung :

<<  Il saute aux yeux que la France, avec sa jeune équipe de champions, incarne le renouvellement dans un esprit d'équipe, un optimisme à toute épreuve et un patriotisme revisité. [...]   Nous [les Allemands] découvrons le travail de longue haleine mené par Didier Deschamps, au nom "très français" comme le critiquait l'ancien footballeur Eric Cantona ; Deschamps ne s'est pas laissé impressionner par ces attaques ni par le débat sur son supposé racisme lancé par Karim Benzema après sa non-sélection. [...]  Il faut saluer le talent impassible du sélectionneur français d'avoir tenu bon sur sa conviction : pour ses joueurs, l'équipe nationale doit compter plus que tout. C'est ainsi qu'il a bâti ce bel esprit bleu-blanc-rouge, marque de fabrique de la génération 2018. Avec la France comme communauté de destin, même sur les terrains de foot, l'équipe de France devient un exemple que l'Allemagne serait bien inspirée d'étudier de près. >>

 

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Simon Kuper, Financial Times  :

<<  Je viens de couvrir le triomphe des Bleus à Moscou pour mon journal. Ce que j'ai vu là-bas correspondait parfaitement à ce que j'avais perçu dans le football des gosses de banlieue. Le foot [...] montre que beaucoup de choses fonctionnent déjà très bien dans votre société, en dépit de votre pessimisme national absurdement exagéré. [...] Pour les petits Franciliens d'aujourd'hui, l'appartenance ethnique est sans doute moins importante qu'elle ne l'était pour leurs parents. La mixité a été pour eux une expérience quotidienne depuis leur première journée à la crèche. Quelles que soient leurs origines familiales, ces gosses seraient perplexes si vous leur disiez qu'ils ne sont pas français. [...]  Et être français est quelque chose de bien plus formidable que ce que la plupart des Français semblent penser.  >>

 

 

 

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Robots de compagnie, idoles virtuelles etc

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De Franzi, le deutscher Roboter, aux "robots de compagnie" japonais et à Amy la chanteuse virtuelle chinoise, le big business exploite les nouvelles solitudes.  Mon éditorial à RCF :

<< On l’a vu la semaine dernière à la télévision : c’est Franzi, le petit robot nettoyeur d’une clinique de Munich. Il nettoie les couloirs. Il parle, d’une voix enfantine, pour dire que sa passion est de faire le ménage. Il pleurniche pour qu’on le laisse passer. Il chante des petites chansons. Et des gens s’attendrissent, comme si cette machine était un être vivant… Certes ce robot est utile : mais certains patients solitaires le prennent pour un ami, et c’est ça qui est inquiétant. Aussi inquiétant que le boom, au Japon, des petits "robots de compagnie" qui se vendent par milliers depuis les confinements sanitaires : ils bavardent, ils dansent, ils demandent des câlins…  Et ils coûtent de 700 à 2300 euros !  Car c’est une mine d’or pour le commerce.

Et regardez ce qui se passe sur YouTube : là, ce qui fait fureur ce sont les chanteuses et chanteurs virtuels. En Chine, par exemple, un avatar créé par ordinateur prend l’apparence d’une fille de 19 ans aux cheveux rouges prénommée Amy : elle chante, elle danse, elle "discute" avec ses millions de fans, elle vous envoie des "autographes" sur votre imprimante… Il y a même des émissions télé où les chanteuses et chanteurs virtuels sont en compétition devant le public réel. Et les gens en parlent comme de vraies personnes, que l’on puisse aimer…  Et le PDG de la firme Beijing Mizhoi Tech, créatrice du personnage d’Amy, affirme : "Chacune de ces idoles virtuelles a une vraie âme, avec sa personnalité et ses préférences"Euphémisme pour qualifier ce qui n’est en réalité que technique 3D sur ordinateur.

Surtout, le PDG a dit : "idoles". Le mot est exact. Ce business détourne le besoin humain d’affection ou d’enthousiasme vers des mirages fabriqués, sur lesquels des gens réels projettent leurs propres émotions…  C’est bien de l’idolâtrie, et c’est une impasse.

Ce qui n’est pas une impasse en tout cas, ce sont les profits commerciaux :  rien qu’en Chine, le business des idoles virtuelles pèsera 1,5 milliard de yuans en 2022.  >>

 

 

 

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Pandémie, guerre, crash économique : la globalisation ultralibérale aura fait le malheur du monde

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Ayant expliqué dans son enseignement la nocivité du matérialisme occidental mondialisé, le pape François donne le point de vue du Saint-Siège sur la guerre en cours : la stratégie US et "les aboiements de l'OTAN aux portes de la Russie" sont sans doute l'une des causes de l'invasion damnable de l'Ukraine par Poutine...

Mélange de crise sanitaire, de crise économique et de crise guerrière avec menace de feu nucléaire sur l'Europe (envisagé froidement par Moscou et par Washington), ce qui se passe était pressenti depuis trente ans par ceux qui résistaient à la globalization américaine. Résumé : 1. la pandémie a mis en évidence la nocivité de la massification turbocapitaliste de la planète avec délocalisation de nos  industries, y compris sanitaires ; 2. l'aventure destructrice de Poutine est le résultat  de l'encerclement de la Russie entrepris par Washington après la chute de l'URSS : les "aboiements de l'OTAN", selon l'expression du pape. Éventuellement mortelle pour les Européens, cette stratégie américaine  montre ce qui se cachait derrière le boniment ides nineties sur l'universalisation de la démocratie par le néolibéralisme... Ce que confirme aujourd'hui la convergence, autour de Joe Biden, des fanatiques démocrates héritiers de feue Madeleine Albright (mettre le feu au monde pour imposer partout l'ultralibéralisme) et des incendiaires néoconservateurs genre Robert Kagan (détruire la Russie à tout prix, fût-ce en sacrifiant les Européens). Le retour de ces gens au pouvoir depuis la chute de Donald Trump a été pour Poutine le signal fatidique. Le résultat est sous nos yeux.

Qui peut faire ce constat en ce moment ? Un petit reste de non-conformistes. Ceux qui l'expriment sur les réseaux sociaux sont criblés d'insultes atroces : au mieux ils sont traités de microcéphales par les rabâcheurs de l'atlantically-correct ; au pire on les accuse d'être les complices rétrospectifs de Staline, d'être rémunérés par le FSB ou Gasprom (ou les deux à la fois), d'épouser le point de vue du "pape rouge" François, etc. Étant habitués aux insultes depuis qu'ils ont commencé à contester la globalisation libérale à la fin du siècle dernier, les non-conformistes accueillent avec flegme ces nouvelles vitupérations. Leur résistance intellectuelle continuera jusqu'à l'arrivée des ICBM ; peut-être même au-delà, si Dieu leur prête vie là où ils seront.

 

 

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Claude Allègre fait rire la communauté scientifique

arrobe-ubu.jpgSon pamphlet, L'imposture climatique, est lourd de bourdes. Comme celle-ci : prendre "Georgia Tech" pour le nom de quelqu'un, alors que c'est l'abréviation américaine de "Georgia Institute of Technology". On n'a pas souvent l'occasion de s'amuser : lisez Le Monde de ce week-end !

 

Pièce maîtresse de la campagne «climat-sceptique » (donc lancé à coups de cymbales par des médias commerciaux), le nouveau livre d'Allègre prétend liquider le « mythe » du changement climatique – et le « système mafieux » de climatologues qui auraient fabriqué ce mythe, sans doute pour détruire « la liberté d'entreprise ».

Mais comment diable Allègre a-t-il composé ce factum de 300 pages ? On a rarement vu autant de bourdes, selon le journaliste scientifique Stéphane Foucart, du Monde, qui en donne un aperçu dans un dossier d'une page entière : http://www.lemonde.fr/planete/article/2010/02/27/le-cent-fautes-de-claude-allegre_1312167_3244.html

Dans un premier article (Le cent-fautes de Claude Allègre), Foucart constate « de nombreuses approximations et erreurs factuelles à même de tromper le public ». Echantillon : sur le rôle du CO2, Allègre fait dire à une étude de Science l'inverse de ce qu'elle dit. Sur les pertes de glace de l'Antarctique, il affirme le contraire de l'avéré. Il reprend le pont-aux-ânes sur le Groenland « vert » au Moyen Age : il n'a donc pas lu le seul témoignage historique en la matière [1], où l'on voit que ce « vert » groenlandais fut un slogan inventé par Erik le Rouge pour appâter les colons. Allègre cite deux scientifiques qu'il nomme « Wester » et « Tech » ; vérification faite par Foucart, il s'agit en réalité d'un M. Webster, travaillant au « Georgia Tech » : abréviation américaine pour « Georgia Institute of Technology » ! Allègre évoque – comme décisive contre l'hypothèse du réchauffement – une étude d'un nommé « Sine », censément publiée dans Science en novembre 2007 ; or cette étude n'existe pas. Pour attaquer le GIEC [2], Allègre l'accuse par exemple de ne pas prendre en compte les rétroactions nuageuses – alors qu'elles figurent dans le dernier rapport. Ou il brandit une figure de démonstration, sans préciser qu'elle est erronée (et réfutée depuis deux ans). Sommet de bouffonnerie : Allègre présente comme un « vote des spécialistes américains du climat »... un sondage parmi les présentateurs météo des chaînes de télé. (Climat-sceptiques, naturellement).

Dans son second article, Foucart dresse la liste des « cautions » scientifiques enrôlées par Allègre. Celui-ci n'hésite pas à faire de De Wit, Hartmann, Wendler ou Solanki (qu'il appelle « Solansky ») des adversaires de l'hypothèse du facteur anthropique, alors qu'ils en sont partisans. A l'inverse, Allègre fait de climato-sceptiques nommés Richard Courtney et Martin Hertzberg des « spécialistes climatologues », mais ce ne sont que des consultants en énergie, proches de la droite conservatrice US. Il se réclame d'un « Denis Haucourt », d'un « Usoskiev », inconnus des publications scientifiques. Et d'un « Funkel », inconnu en sciences de la Terre. Allègre se réclame aussi de l'océanographe Carl Wunsch, selon qui les modèles actuels ne permettent pas de faire des prédictions à long terme à partir de l'océanographie. Mais Wunsch – interrogé par Le Monde – ajoute que ces mêmes modèles mettent en lumière les risques (réels et même « extrêmement inquiétants ») liés aux conséquences du réchauffement climatique ! Telle est l'opinion de l'océanographe. Allègre l'ignore. Nous la connaissons maintenant, grâce à Stéphane Foucart... Qu'il en soit félicité.

J'engage tous les lecteurs de ce blog à acheter Le Monde des 28 février-1er mars, à étudier la page 3 et à la conserver.

Le mammouth  étant archi-boosté par les médias, son livre sera encensé malgré tout...

 

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 [1]  Saga d'Erik le Rouge, XIIIe siècle.  [ Note de PP - Le passage est au chapitre 2, alinéa 3 : "Cet été-là, Eirikr alla coloniser le pays qu'il avait découvert et qu'il appela Groenland (Vert-Pays), car il dit que les gens auraient fort envie d'y aller si ce pays portait un beau nom." Régis Boyer, éditeur de la saga et expert du monde islandais médiéval, précise : "La Saga d'Eirikr le Rouge s'applique à donner des explications rationnelles de détails difficiles à entendre." Son auteur fut certainement un clerc cultivé. ]

[2]  qu'il appelle « Groupement international pour l'étude du climat », alors que GIEC veut dire « Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat ». Quand on prend une tête de turc, autant savoir son nom exact.-

 

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