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Néolibéralisme et national-socialisme : deux idéologies appliquant le darwinisme social

néolibéralisme

1910, les Opel au complet (Wilhelm sera à la réunion du 20 février 1933)

Je reproduis ici une information d'Aurélien Million sur ce sujet, dont l'intérêt capital (si j'ose dire) incite à poursuivre la réflexion :

 

NÉO-LIBÉRAUX, NSDAP ET DÉNIGREMENT DE L'ETAT



> Selon Johann Chapoutot, historien du nazisme, les nazis ne sont pas des "étatistes" comme les libéraux aiment à le raconter. Au contraire, bien qu'ils se servent de l'Etat, leur idéologie n'est pas étatiste. Le mot "Etat" est de même racine que "statique", ce n'est pas donc pas une bonne chose à leurs yeux. Karl Schmidt, le célèbre juriste nazi, n'était pas assez nazi aux yeux des nazis malgré sa bonne volonté (il se voulait sincèrement nazi), parce qu'il faisait de l'Etat un absolu. A terme, les nazis projetaient de réduire l'importance de l'Etat au profit d'agences, qui d'ailleurs se sont multiplié de manière "métastatique" (c'est le mot de Y. Chapoutot) malgré le court règne du nazisme. Une agence se monte ad hoc et se démonte facilement, une fois sa mission accomplie. D'ailleurs, après la guerre, des nazis se sont reconvertis en ouvrant des écoles de... commerce ! (Dans une conférence, Y. Chapoutot fait un lien entre les idéologies nazie et néo-libérale : sans être identiques, les deux intègrent, au moins implicitement, notamment à travers le thème de la compétition, le darwinisme social, sans compter que les affaires était juteuse avec le IIIe Reich). Mais chut ! il ne faut pas le dire aux libéraux, persuadés que le nazisme est un phénomène "étatiste" et "socialiste".
Dire cela n'est pas faire de la reductio ad Hitlerum, mais montrer que ces idées bien typiques du XIXe siècle, ont été adoptés en leur temps par les nazis, comme les colons anglais en Australie avant eux (ce darwinisme tranquillisait leur conscience : ils ont conduit les Aborigènes tasmaniens à leur extinction presque complète) ; et qu'elles le sont désormais par nos ultra-libéraux, sous le thème de la "compétitivité".

Aurélien Million


[ PP à AM – Les travaux de Chapoutot sont remarquablement intéressants. Avez-vous le texte ou les références de cette conférence ? ]


AM @ PP

> Non, je n'ai pas de textes des conférences de J. Chapoutot. C'était une des conférences qu'on trouve sur Youtube, peut-être celle sur La révolution culturelle nazie. Et, puis il y a celle-là qui est pas mal sur les liens très étroits entre grand capital et nazisme :

https://www.google.com/url?sa=t&rct=

 

 

 

118293708.jpgps Lire également le roman d'Eric Vuillard L'ordre du jour (Actes Sud, Goncourt 2018) sur  la réunion du 20 février 1933 où le haut patronat allemand – Opel, Krupp, Vögler, Witzleben etc – donna son feu vert à la conquête du pouvoir par le NSDAP. Ce roman fut couvert de fiel et d'injures à Paris par les médias de marché, sous divers prétextes cachant mal le véritable grief.

 

 

 

 

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Prier Dieu est le contraire de se chercher soi-même...

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«Qui a l'humilité de laisser la perfection de Dieu devenir agissante dans son propre vide, sera aux yeux de Dieu un 'justifié'» (Hans Urs von Balthasar, sur les lectures de ce dimanche) :

<< L'évangile des deux hommes qui prient dans le Temple (Luc 18,9-14) nous montre quelle prière monte jusqu'à Dieu. Déjà l'attitude souligne la différence. L'un se tient "la tête haute", comme si le Temple lui appartenait. L'autre "se tient à distance", comme s'il avait franchi le seuil d'une maison qui n'est pas la sienne. Le premier prie "en lui-même" : au fond il ne prie pas du tout Dieu, mais fait devant ses propres yeux un étalage de ses vertus dont il pense que, si lui-même les voit, Dieu les admirera. Et il le fait en se distinguant résolument des "autres hommes" dont aucun n'a atteint le degré de sa perfection. Il suit la voie du "se trouver soi-même", qui est exactement celle de la perte de Dieu. Quiconque prend pour but ultime sa propre perfection, ne trouvera jamais Dieu ; mais qui a l'humilité de laisser la perfection de Dieu devenir agissante dans son propre vide – non pas passivement, mais en travaillant avec le talent qu'il a reçu – sera aux yeux de Dieu un "justifié".

La première lecture (Ben Sira 35,15-20) le confirme : la prière du pauvre traverse les nuées. Le pauvre dont il s'agit est celui qui a conscience d'être pauvre en vertu, de ne pas correspondre à ce que Dieu demande de lui. Mais de nouveau ce vide ne suffit pas. Il est précisé que "celui qui sert Dieu de tout son coeur est bien accueilli". C'est le service accompli avec l'humilité du "serviteur inutile" ; en sachant bien que l'on travaille avec le talent remis par le Seigneur afin qu'il rapporte de fruit pour Lui...

La deuxième lecture (2 Timothée 4,6-18) montre Paul en prison et devant le tribunal. Il est le pauvre qui n'a plus de perspective terrestre parce qu'il est proche de la mort, et qui pourtant "a combattu le bon combat" non seulement tant qu'il était libre mais justement dans sa pauvreté actuelle... En rendant gloire à Dieu seul (comme le publicain dans le Temple), il sera "sauvé par le Seigneur qui le fera entrer au Ciel, dans son royaume". Le publicain est "justifié", Paul reçoit la "couronne de justice" et, comme il l'a répété inlassablement, non de sa propre justice mais de celle de Dieu. >>

 

H. U. v. B.

 

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26/10/2019 | Lien permanent

”La Sainte Famille n'est pas une idylle à Nazareth”

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À partir des textes de ce dimanche de la Sainte Famille, un des plus grands théologiens du XXe siècle nous libère du kitsch pieux et d'un "familialisme" plus tribal que chrétien :

 

Sur les deux premières lectures (Genèse 15 et Hébreux 11) :

<< La famille qui est fondée dans l'Ancienne comme dans la Nouvelle Alliance, est une nouvelle œuvre de Dieu : le corps d'Abraham est éteint, Sara est stérile... C'est alors que Dieu retourne le destin, les deux parents deviennent féconds et le fils de la promesse, Isaac, sera un pur don de Dieu... L'enfant est don de Dieu, finalement il lui appartient et sert ses plans, la famille n'a pas le droit de s'enfermer en elle-même ; au contraire, de même que Dieu l'a ouverte à l'origine, ainsi elle doit rester ouverte aux dispositions de Dieu.

Dans le sacrifice d'Abraham, ceci va jusqu'à l'incompréhensible, l'intolérable au regard des hommes, dans la mise à l'épreuve du père... Dieu fait irruption dans la famille qu'il a lui-même si merveilleusement fondée, et il la brise. Pour l'homme, Dieu manifestement se contredit lui-même : mais parce que c'est Dieu, Abraham obéit et se prépare à rendre ce qu'il a de plus précieux et que Dieu lui a offert... La famille qui se doit à Dieu devient maintenant non seulement une famille ouverte, mais littéralement une famille qui saigne.

 

Sur la troisième lecture (Luc 2, 22-40) :

L'événement qui fonde Israël (la paternité d'Abraham) trouve son accomplissement dans la Sainte Famille, que l'évangile montre au Temple. Joseph doit - suprême achèvement de la fécondité humaine ! - faire place à l'unique force génératrice de Dieu... Arrive alors la prédiction qui déterminera la figure ultérieure de cette famille : d'un côté, la signification suréminente de l'enfant offert ; on voit déjà par là que cette famille sera éclatée bien au-delà de ses dimensions terrestres. De l'autre côté, le glaive qui doit transpercer l'âme de la mère ; elle sera introduite dans ce qui est plus grand, le destin de l'enfant ; elle ne devra pas seulement laisser partir l'enfant et par là le sacrifier, elle sera introduite avec lui, quand l'heure en sera venue, dans ce sacrifice. Alors l'ancienne famille charnelle s'achèvera dans une nouvelle famille spirituelle, dans laquelle Marie - transpercée par le glaive - deviendra  mère d'une multitude.

La Sainte Famille n'est pas une idylle à Nazareth : elle a sa place entre le sacrifice du mont Moriah et le sacrifice du Golgotha. >>

 

Hans Urs von Balthasar

 

 

christianisme

  

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Affaire de ”la messe” : le piège de l'émotion

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Les petites manifestations devant des églises, le week-end dernier, ont donné lieu à des déclarations parfois regrettables quant à la théologie... et à l'effet sur la très grande majorité non-chrétienne des auditeurs français. Des laÎcs catholiques ne peuvent-ils peser leurs mots, au lieu de proférer des erreurs ou des affirmations injustes ? Ma chronique de ce matin à Radio Présence (Toulouse Midi-Pyrénées) et Radio Fidélité Mayenne :

https://www.radiopresence.com/emissions/societe/actualite...

 

<< La suspension des messes du dimanche au moins jusqu’au 1er décembre est un dur sacrifice pour les catholiques croyants : comme dit la déclaration de la CEF il va falloir "tenir dans cette attente et cette privation". L’attente est "forte", comme les évêques l’ont rappelé au ministre de l’Intérieur.

Cette attente est une épreuve pour tous les catholiques croyants. Certains d’entre eux sont venus le dire avec des pancartes devant des églises, dans plusieurs villes de France. C’est leur droit.

C’est aussi un sujet pour les grands médias audiovisuels, regardés et écoutés par des dizaines de millions de gens. Ils sont venus interviewer des catholiques participant à ces petites manifestations.

D’où un certain malaise, il faut bien le dire, en écoutant deux reportages le week-end dernier.

Dans l’un des deux, une dame interviewée a déclaré, d’un ton tranchant : “Comme dit ma fille de trois ans, la messe à la télé c’est nul !”

Une phrase pareille condamne, en bloc la messe télévisée de France 2, ressource dominicale de milliers de personnes âgées ou malades depuis toujours, et aujourd’hui ressource de tous avec les messes télévisées paroissiales. Et cette condamnation est d’une injustice totale envers ceux qui réalisent ces émissions.

Mais la jeune femme ne s’en rend visiblement pas compte. Elle omet d’y penser : et cet oubli des autres choque beaucoup de commentateurs agnostiques, qui font remarquer, eux non-croyants, que l’esprit fraternel devrait être la valeur chrétienne numéro 1…

Peu après, autre reportage, autre interview, cette fois d’un monsieur. Il déclare : “Sans aller à la messe du dimanche il n’y a pas de vie spirituelle !”

Ah bon ? Donc pas de vie spirituelle pour un grand malade, un prisonnier, un catholique isolé, un navigateur ?  Et pour tous les autres catholiques, faut-il compter pour rien ce qui se passe dans le silence du cœur : la prière personnelle, le recueillement, la méditation, l’étude des auteurs spirituels ?

Le monsieur interviewé n’y a pas pensé, lui non plus. Et il a dit quelque chose qui oublie des pans entiers de la vie spirituelle chrétienne. Même si l’eucharistie en est évidemment le sommet.

Si je dis ça ce n’est pas pour jouer les prédicateurs. C’est simplement parce que quarante ans de journalisme m’ont au moins appris une chose : quand on prend un micro en tant que membre d’une communauté, le média fait de vous pour une minute le représentant de toute cette communauté. Et là il faut peser ses mots.

Mais notre époque croit que parler consiste à faire jaillir ses émotions ; et le bruit des émotions ne fait pas toujours du bien.  C’est là le problème.  >>

 

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Edouard Philippe se prend les pieds dans le tapis

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Voulant justifier la vente d'Aéroports de Paris, le Premier ministre commet l'incroyable faute de déprécier – devant l'Assemblée nationale – leur gestion et leur rentabilité ! Soi-disant "spécialistes des marchés" (élus pour ça par une bourgeoisie moutonnière), ces macronistes sont de dangereux amateurs... mais finiront par vendre le château de Versailles si on ne les en empêche pas : 

 

 

Hier après-midi devant les députés, un Edouard Philippe plus mal à l'aise encore que d'habitude entreprend de plaider pour la privatisation (contestée) d'Aéroports de Paris. A la stupeur de l'auditoire tous partis confondus, il commence par jeter le discrédit sur "la façon dont fonctionne aujourd'hui" cette entreprise. Puis il met en doute son avenir financier : "Le rendement d'une action peut diminuer à la suite d'un risque ou d'une mauvaise gestion..."

Commentaire indigné du Monde (15/03) : "Qu'un Premier ministre critique publiquement un fleuron national est déjà surprenant. Mais qu'il dénigre une grande entreprise et évoque une probable baisse de ses profits au moment où! il veut la céder au meilleur prix, voilà qui laisse rêveur."

Rêveur est le mot. M. Philippe est lourd mais pas niais. "Voici le Premier ministre qui s'évertue à dépeindre ADP comme une entreprise fragile, mal gérée, dont l'Etat serait un actionnaire défaillant..." (Le Monde 15/03). Ses paroles devant les députés tournent trop visiblement le dos aux règles élémentaires des négociations, au moment où l'exécutif – Macron, Le Maire, Philippe – engage une négociation prétendument nécessaire... Si c'est une maladresse de la part du Premier ministre, elle est d'un tel calibre que son auteur ferait mieux de rentrer au Havre. Si c'est autre chose qu'une maladresse, on aimerait savoir quoi.

Quels sont les malveillants qui craignent autre chose qu'une simple maladresse ?  Des élus... macronistes ! Le désarroi monte... Cité par Le Monde, "un député influent de la majorité" va jusqu'à échafauder cette hypothèse qui fera hurler M. Castaner au complotisme : "J'ai l'impression que l'Etat ne va pas faire une bonne affaire. Si on voulait entériner l'idée que cette opération est dictée par Rothschild ou Lazard plutôt que par l'intérêt public, on ne s'y prendrait pas autrement."

Mais bien entendu aussi des élus LFI, tel M. Ruffin : "Combien de fois Vinci a rendu visite au président Macron ? Combien de fois pour qu'on en soit aujourd'hui à décider la privatisation d'ADP ?"

Cette affaire ramène le pouvoir à son image de "régime des gros intérêts privés",  au moment où l'Elysée doit réaliser la phase dangereuse du 'grand débat national' : substituer ses propres pistes aux desiderata réels de centaines de milliers de Français. C'est surréaliste. Le macronisme semble incurable.

 

 

 

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Climatosceptiques, attention aux inondations !

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Cause des déluges sur tous les continents : les "rivières atmosphériques" dopées par le réchauffement climatique. Mon éditorial à RCF (Radios chrétiennes de France) :

Une “rivière atmosphérique”, qu’est-ce que c’est ? Un grand couloir d’air chaud qui transporte beaucoup d’eau et peut provoquer des déluges. Comme dit le climatologue Robert Vautard, “l’eau qui s’évapore des océans monte le long de ces couloirs, formant un flux d’eau atmosphérique qui s’étend très loin et se précipite sur les continents”. Selon l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique, “cela donne des précipitations extrêmes qui provoquent des crues soudaines, des coulées de boue et des dommages catastrophiques pour la population”

Et il s’agit du réchauffement climatique : plus il augmente, plus l’eau des océans s’évapore, plus l’air se charge en humidité, et plus le phénomène des rivières climatiques s’amplifie !

Ça donne les déluges qui viennent de s’abattre sur la Californie (huit fois en moins d’un mois) : des quantités d’eau monstrueuses et surprenantes pour tout le monde, sauf pour les climatologues.

Ça donne aussi (en plus modeste jusqu’à présent) la douceur anormale et les tempêtes particulières qui tombent sur l’Europe occidentale et la France. Les pluies diluviennes de la fin décembre, par exemple : l’équivalent d’un mois de pluie en trois jours se déversant sur la Bretagne ; ou, le 10 janvier, l’équivalent de trois semaines de pluie en 24 heures sur les Pyrénées. Ou la tempête Gérard, arrivée hier sur l’ouest et qui traverse la France aujourd’hui lundi ! C’est le résultat d’une rivière atmosphérique, heureusement plus petite que celles qui ravagent la Californie.

Et comme le réchauffement climatique fonctionne à coups de paradoxes, les scientifiques français annoncent pour le printemps et l’été 2023 une sécheresse pire qu’en 2022 et que les pluies actuelles ne suffiront pas à conjurer…

Tout ça pour dire qu’ils ont bonne mine, aujourd’hui, les climato-sceptiques de ces dix dernières années, qui nous démontraient par a plus b que le réchauffement climatique n’existait pas et que c’était une invention des climatologues (que l’on accusait volontiers de mener un complot contre l’industrie mondiale). Eh bien non, les climatologues ne faisaient qu’annoncer ce qui allait arriver si on ne changeait rien… Et maintenant : qu’est-ce qu’on fait ?

 

 

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Un pavé dans la vitrine des phobies parisiennes

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Voilà un livre dérangeant !  En tout cas dérangeant pour une certaine France politique et médiatique, aux yeux de laquelle la religion catholique est une vieille maladie à éradiquer :

Ce livre est écrit par une journaliste française d’origine turque, Claire Koç, 39 ans, qui travaille à France Télévisions. Venue de l’islam, Claire Koç s’est convertie au catholicisme. Or voici ce qu’elle raconte : Quand j'ai annoncé ma conversion à mes amis français, ils m'ont dit que ce n'était « pas une bonne idée », quand ils n'ont pas montré un rejet complet vis-à-vis de mon choix, voire une hostilité à mon égard. J'ai compris que la religion catholique n'avait pas le vent en poupe, qu'elle ne faisait pas partie des nouvelles normes de croyance. Mais aussi qu'il y avait, en France un rejet de la foi et de ceux qui l'épousent…” 

Pourquoi ce rejet ?  Réponse de Claire Koç, qui (rappelons-le) est journaliste : “Je crois que le dénigrement dont souffre la religion catholique, depuis plusieurs années, lui a été particulièrement délétère. Quasi-exclusivement traitée sous l'angle de la pédophilie ou de l'intégrisme, elle souffre d'amalgames très dépréciateurs. Quand elle n'est pas moquée, voire ridiculisée. Le cas d'Henri d'Anselme, le 'héros au sac à dos' de l'attentat d'Annecy, est, à ce titre, éloquent. Très vite, il a été qualifié, sur les réseaux sociaux, d' 'illuminé' et de 'facho', pour avoir dit sa foi…”  

Cet anti-catholicisme ambiant, Claire Koç le voit comme un cas spécial au sein d’un problème psychologique plus général : une panne d’identité collective, une sorte de rejet de l’histoire de France par des Français ; une haine de soi qui relève, dit-elle, de la psychanalyse. Dans son précédent livre, paru chez Albin Michel, elle critique ceux qu’elle appelle “les bobos parisiens bien-pensants”, qui la désapprouvaient de vouloir devenir vraiment française : “Ils me renvoyaient systématiquement à mon origine immigrée en me disant que c’était plus cool”, raconte-t-elle, alors que devenir française “m’a au contraire permis d’être libre”.

 Mais cette liberté à la française, Claire Koç l’a poussée jusqu’à devenir catholique. Et ça, c’est apparemment ce qu’il ne faut pas faire si l’on veut être bien vue dans le tout-Paris d’aujourd’hui. Bien sûr il y a eu le scandale de la pédophilie et la très lourde responsabilité de responsables ecclésiastiques. Mais ce qui ne va pas, c’est de faire comme si les abus sexuels étaient une conséquence de la foi au Christ, alors qu’ils sont un outrage absolu à la foi ! Non, ça ne va vraiment pas : il est urgent d’y réfléchir.

 

 [ Ma chronique de ce matin à Radio Présence (Toulouse Midi-Pyrénées) ]

 

 

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4-5 juin 1944 : Français et Américains libèrent Rome

Qui s'en souvient aujourd'hui ? Qui connaît et enseigne encore les exploits de l'armée française d'Italie ? Eric Levavasseur nous rappelle cette page d'histoire :

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Les 4 et 5 juin 1944, l'armée française et américaines ont libéré Rome, la Ville Eternelle. Qui s'en souvient ? Qui connait les exploits de cette armée française ?

Entièrement ré équipée par les Américains, elle a débarqué en Italie en novembre 1943. Auparavant, pendant la campagne de Tunisie (novembre 42 -mai 43) c'est elle qui a sauvé la situation des Alliés lors de la bataille de Medjez el Bab. Avec un armement complètement dépassé, les Français ont combattu dans les montagnes, sur les dorsales tunisiennes, en plein hiver, sous les bombardements incessants de l'aviation allemande qui a conservé la maîtrise de l'air jusqu'à la mi-mars 1943.

En mai 43, Tunis est libéré ; les Anglo-Américains et un contingent français débarquent en Sicile.

L'armée française, qui a été au plus fort de combats de Tunisie, se rééquipe totalement, puis, seule, traverse de nuit la Méditerranée jusqu'à la Corse où elle débarque le 8 septembre pour affronter deux divisions allemandes, dont une SS, dans une bataille très difficile où les Corses montrent beaucoup de courage. Ainsi la première ville française libérée n'est pas Sainte-Mère-Eglise le 6 juin 44, mais Ajaccio, par l'armée française.

Les Français offrent ainsi aux Alliés les services de cet immense porte-avion, totalement insubmersible, que les Américains surnomment le USS Corsica.

 Puis, en novembre 43, l'armée française rejoint les Alliés en Italie. Depuis janvier 1944, Ceux-ci sont bloqués devant le Mont Cassin où les parachutistes allemands, en position dominante, déjouent toutes les attaques.

Après avoir été bloqués pendant trois mois, les Alliés adoptent le plan français de débordement : au lieu d'attaquer frontalement, on attaquera sur le flanc, par une montagne réputée imprenable, ce qui obligera les Allemands pour ne pas être encerclés à abandonner leur position. La manœuvre réussit et les Polonais peuvent prendre le mont d'assaut. La route de Rome est ouverte.

A Rome la situation est terrible. Le roi d'Italie a finalement fait arrêter Mussolini et fait entrer l'Italie en guerre aux côtés des Alliés : mais à la nouvelle de l'entrée des Allemands dans son pays, il s'est enfui de nuit dans le Mezzogiorno, abandonnant les Italiens et laissant les troupes sans ordres. 

Le pape Pie XII apparaît comme la seule autorité légitime. Il s'efforce de faire déclarer la ville ouverte pour éviter combats et bombardements. On le voit dans les ruines visitant les sinistrés. Des centaines d'Italiens sont sauvagement massacrés. Une tension épouvantable règne. L'Eglise se montre extrêmement active pour cacher fugitifs et pilotes alliés, Quatre mille juifs sont cachés dans les couvents et institutions religieuses, des prêtres sont fusillés. A Saint-Jean de Latran, le pape cache les principaux dirigeants des partis d'avant 1922 qui ont formé le Comité de libération nationale.

Le général allemand Kesselring, par l'entremise du Vatican, cherche à obtenir l'accord des Alliés  pour maintenir la ville hors de la zone des combats. Ne l'obtenant pas, il décide d'évacuer. L'armée allemande se retire donc de Rome tout en menant d'incessants combats de retardement et en piégeant les routes.

Le 4 juin, les Français entrent dans Rome en passant par Tivoli.

Au palais Farnèse, le soldat Paul Poggionovo hisse le drapeau français sur l'ambassade de France (photo).

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Une prise d'armes est organisée. Juin, en raison d'un vieille blessure, salue du bras gauche. Le général américain Clarke qui a retiré de la campagne une vive admiration pour l'armée française, donne rendez-vous au général Juin pour "visiter Rome", lui cède la place dans sa jeep, et les voilà partis. Applaudis, ils visitent la Ville Eternelle, se rendent au palais du Quirinal où Clarke s'efface devant Juin en lui disant : « après vous, car sans vous nous ne serions pas là ! » « Nous non plus : sans votre aide, nous ne serions pas là", répond Juin.

Puis vient la visite au pape. « Votre sainteté, je crains de vous avoir un peu dérangé avec le bruit de mes tanks. Je vous prie de m’en excuser », dit Clarke. « Général, à chaque fois que vous viendrez libérer Rome, vous pourrez faire autant de bruit qu’il vous plaira », répond Pie XII.

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Le 6 juin un grand défilé se tient depuis le Colisée jusqu'à la Piazza Venezia (photo ci-dessus).

Il restera aux Français à libérer l'Ile d'Elbe dans une opération folle, à libérer Sienne "sans casser une statue", à terminer la bataille de Falaise, à débarquer en Provence, remonter le Rhône, libérer Paris, gagner la bataille d'Alsace, franchir le Rhin les premiers, et planter les premiers le drapeau tricolore de la 2ème DB sur Berchtesgaden.

Mais le 6 juin, pendant que l'armée défile à Rome, à 2000 kilomètres de là, les Alliés ont débarqué en Normandie : dans la nuit du 5 au 6, des parachutistes français ont déjà touché le sol français dans le cadre des opérations Samwest Dingson et Cooney, afin d'empêcher les cent mille hommes de la Wehrmacht stationnés en Bretagne de rejoindre le front normand, en sabotant tout (carte).

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Mission parfaitement réussie :cent mille hommes bloqués au prix de 77 paras et 116 résistants tués.  Mais cela, c'est une autre histoire.

 

                                                                                              E.L.

 

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Williamson, récidiviste oblique

Sa « repentance » est aussi inacceptable que ses déclarations premières :

Richard Williamson (toujours membre de la FSSPX) se permet la déclaration suivante :

 

« Le Saint-Père et mon supérieur, Mgr Bernard Fellay, m'ont demandé de reconsidérer les remarques que j'ai faites à la télévision suédoise il y a quatre mois, en raison de leurs si lourdes conséquences.

En examinant ces conséquences, je peux dire sincèrement que je regrette d'avoir fait ces remarques, et que si j'avais su à l'avance tout le mal et les blessures qu'elles allaient susciter, spécialement pour l'Eglise, mais aussi pour les survivants et les familles des victimes de l'injustice sous le Troisième Reich, je ne les aurais pas faites.

A la télévision suédoise, j'ai seulement exprimé une opinion (... « je crois »... « je crois »...) de quelqu'un qui n'est pas un historien, formée il y a 20 ans, sur la base des évidences alors disponibles, et rarement exprimées depuis lors en public. Cependant, les événements de ces dernières semaines et les conseils de membres plus anciens de la Société Saint-Pie X, m'ont persuadé de ma responsabilité pour la grande détresse causée. A tous ceux qui ont été honnêtement scandalisés par ce que j'ai dit, devant Dieu, je demande pardon. Comme l'a dit le Saint-Père, chaque acte de violence injuste contre un homme blesse toute l'humanité. »

 

 

Ces propos ne font qu’aggraver le cas du coupable.

Sous l’apparence d’un repentir, ils constituent une récidive à demi-mot :

1.  Si les déclarations négationnistes de Williamson sont damnables, ce n’est pas seulement à cause de leurs « conséquences » : c’est à cause de leur esprit. Ce qui était requis de Williamson n’était pas de présenter des excuses protocolaires afin d’effacer des « conséquences » (difficilement effaçables) [1] : c’était surtout de changer d’esprit. Ce que visiblement il ne fait pas.

2.   Dire n’avoir pas senti qu’une déclaration monstrueuse allait « susciter des blessures », c’est dire qu’on ne la considère pas comme monstrueuse. (Réduire le génocide à une « injustice » est une insulte aux morts).

3.   Parler de blessures « spécialement pour l’Eglise,  mais aussi » (!) pour les survivants et les familles des victimes de la Shoah, c’est inverser l’ordre des choses au regard de la simple humanité, que l’Eglise catholique aime et respecte : cf. notamment les textes de Vatican II. [2]

4.  Williamson nous dit que son « opinion » fut formée « il y a vingt ans » sur la base « des évidences alors disponibles ». En anglais, « évidence » peut avoir le même sens qu’en français, mais peut aussi vouloir dire « signe », « preuve ». Dans ses trois acceptions, le mot est aberrant s’il est employé en faveur de la théorie négationniste. Que Williamson persiste – dans des « excuses » ! - à postuler l’existence d’évidences, de signes ou de preuves en faveur du négationnisme, montre qu’il est incurable. C’est le syndrome Alzheimer-Faurisson.

Il existe sans doute de bonnes gens pour croire  (ou  vouloir  croire)  que M. Williamson se  repent,  s’excuse,  s’amende,  se fera fréquentable. Prions-les d’être lucides. Les faits sont là. Ne pas voir les faits serait une faute, devant les effets terribles de ce scandale dans tous les domaines  – dont celui de la nouvelle évangélisation : effets que peuvent mesurer tous ceux qui participent à celle-ci. (Non ceux qui vivent en vase clos).  

 

 

 

 

Rappel de Zenit : << Richard Williamson a quitté l'Argentine et est arrivé dans sa patrie, l'Angleterre, mercredi 25 février. Au moment de son arrivée à Londres, mercredi matin à l'aéroport de Heathrow, un porte-parole de la Conférence des évêques catholiques d'Angleterre et du Pays de Galles a rappelé que de même que les autres évêques de la Fraternité Saint Pie X, Mgr Williamson n'est pas en communion avec l'Eglise catholique et ne peut donc pas célébrer les sacrements ou prêcher, dans l'Eglise catholique. « Son ordination épiscopale fut illicite et n'est pas reconnue par l'Eglise catholique », a-t-il souligné.

La levée de l'excommunication consiste seulement en une porte ouverte au dialogue, comme l'a expliqué Mgr Norbert Hofmann secrétaire de la Commission du Saint-Siège pour les Rapports religieux avec le judaïsme : « On a ouvert la porte, mais on ne les a pas fait entrer ». Suite aux déclarations négationnistes de Mgr Williamson, le pape Benoît XVI a répété  plusieurs fois ses positions et celle de l'Eglise catholique contre l'antisémitisme et contre l'oubli du « crime épouvantable » de la Shoah. Il l'a fait notamment lors de l'audience générale du 28 janvier 2009 et dans son discours à la délégation juive qu'il a reçue le 12 février. « La haine et le mépris pour des hommes, des femmes et des enfants qui ont été manifestés dans la Shoah a été un crime contre Dieu et contre l'humanité », déclarait-il. « Cela doit être clair pour chacun, spécialement ceux qui se réclament de la tradition des Saintes Ecritures, selon lesquelles chaque être humain est créé à l'image et à la ressemblance de Dieu », ajoutait-il. Pour Benoît XVI, « il est indiscutable que toute négation ou toute minimisation de ce crime terrible est intolérable ».

 

 



[1]  1. D’abord et principalement, la blessure morale infligée aux familles des victimes du génocide ; 2. ensuite et secondairement, le prétexte fourni : aux médias cathophobes (pour lancer une offensive de grande envergure contre le catholicisme en soi), et au dernier carré du vieux progressisme catho franco-français  (pour lancer une offensive générale contre les nouveaux évêques nommés par Benoît XVI, en s’appuyant sur le mauvais climat créé en France par l’affaire lefebvriste).

[2]   Textes qui donnent de l’urticaire à Williamson. Et à d’autres…

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Merci à Mgr Olivier Le Borgne, évêque d'Amiens

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...pour sa lettre aux baptisés de la Somme sur l'absence de messes :

 

 

Jeudi 30 avril

 

<<  Chers amis, chers frères et sœurs,

Le Premier ministre a annoncé mardi dernier les premières mesures pour le déconfinement. Nous ne pourrons pas nous réunir pour célébrer la messe avant le 2 juin. L’épreuve est rude. Après le carême, le temps de Pâques est aussi cette année un temps de dépouillement.

Ma pensée va d’abord vers les catéchumènes qui devaient être baptisés à Pâques, puis à la Pentecôte, ainsi que vers tous les confirmands qui attendent avec impatience le don de l’Esprit Saint. Je les assure de ma communion profonde. Très vite, nous vous ferons des propositions précises pour célébrer le don de Dieu. Ne vous laissez pas troubler. Le Seigneur de la vie ne nous abandonne jamais dans l’épreuve. Redites-lui chaque jour votre amour et votre désir, il vous comblera au-delà de ce que vous pouvez imaginer.

Ma pensée va aussi vers les personnes durement atteintes par la maladie et vers les familles endeuillées. Elles savent sans doute mieux que tous les enjeux de ce que nous vivons et sont reconnaissantes envers tous les membres de la société qui nous accompagnent dans cette pandémie.

Ma pensée va encore vers les personnes seules ou en précarité : l’exercice de la charité et de la solidarité telles que l’Evangile nous y invite est considérablement gêné. Nous voulons, dans l’Esprit Saint, continuer à être inventifs.

Ma pensée va enfin vers vous tous : l’eucharistie nous manque.

Beaucoup m’ont dit leur profonde tristesse, certains m’ont fait part de leur colère. Je le comprends d’autant plus que je suis passé par là. Pourquoi les rassemblements cultuels seraient plus dangereux que les rassemblements économiques ou éducatifs ? Les chrétiens n’ont-ils pas montré, depuis le début, un sens de la responsabilité aiguisé pour mettre en œuvre les mesures exigées par la situation, y aurait-il à leur égard une certaine défiance ? Quelle conception de la personne humaine promeut-on : n’est-elle qu’un consommateur ? La relation et la dimension spirituelle ne sont-elles pas des dimensions structurantes de la croissance humaine et de la vie sociale ? Ces questions, parmi d’autres, sont légitimes, et il nous faut savoir les poser.

L’Église a plus que jamais à être prophétique. Mais qu’est-ce que cela signifie aujourd’hui ? Demandons à l’Esprit de venir traverser les sentiments qui nous habitent et nous évangéliser.

Nous respecterons donc les consignes qui nous ont été transmises. Si elles n’autorisent pas la reprise du culte communautaire public, elles permettent cependant un certain nombre d’initiatives, y compris sacramentelles. Soyons inventifs.

Mais n’en restons pas là. Je suis convaincu que l’Esprit Saint nous convoque pour vivre ce temps de jeûne eucharistique imposé de manière… eucharistique !

L’eucharistie n’est pas un dû mais un don. Un don gratuit de la folie de la miséricorde de Dieu. Parfois, nous avons pu regarder les sacrements comme un droit, d’autres fois nous les avons négligés comme banals. Demandons pardon au Seigneur et invoquons l’Esprit pour qu’il nous fasse entrer dans le désir de Jésus : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâques avec vous » (Lc 22,24). Demandons-lui de redécouvrir l’inouï gratuité de son amour aussi pour ne plus jamais regarder une personne humaine comme un objet ou un instrument.

C’est par les tables de la Parole de Dieu et du Corps du Christ, nous rappelle le Concile Vatican II2, que le « pain de vie », le Seigneur, se rend réellement présent et se donne à chaque messe. La meilleure préparation à l’eucharistie et ce qui nous en rapproche le plus quand on ne peut pas y participer, c’est de prier la Parole de Dieu et de vivre un temps d’échange avec notre famille ou nos proches. Certains en font la très belle expérience pendant le confinement. Il faut poursuivre nos efforts en ce sens. Pour que la Parole de Dieu habite en nous et que nous habitions en elle. Pour que nos maisons deviennent, là où c’est possible, d’authentiques églises domestiques.

L’eucharistie n’a pas d’autre visée que de constituer l’Eglise comme Corps du Christ : ainsi, en recevant le corps du Christ, nous devenons membres d’un Corps dont le Christ est la tête, convoquée à une fraternité d’une profondeur divine puisqu’elle a pour fondement le Christ frère (cf. Hb 2). Permettez-moi de vous le dire, j’ai trop entendu dans les suites du synode diocésain : « mais nous le vivons déjà ». C’est vrai, bien-sûr. La vie évangélique ne nous a pas attendus. En même temps, ce n’est pas vrai : cette fraternité est un don toujours à accueillir de manière renouvelée. Et je vois que s’il y a des choses merveilleuses, il y a en même temps encore bien du chemin à accomplir à ce sujet dans nos communautés. En travaillant notre soif de l’eucharistie, que l’Esprit Saint nous y rende disponible.

Le Corps eucharistique, celui du Seigneur Jésus ressuscité réellement présent dans les saintes espèces comme celui qu’il constitue en faisant de nous ses membres, est un Corps livré. L’eucharistie est toujours ordonnée à la charité. Le développement de notre piété eucharistique ne sera authentique que si se développent en même temps la charité et la diaconie. En ces temps difficiles, cela prend une force toute particulière. Et nous convoque. Que l’Esprit Saint nous y prépare.

« Regardez l’humilité de Dieu » dit de manière très profonde un chant liturgique. Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de la regarder, mais de nous y laisser entraîner, de la vivre avec Lui, d’entrer dans son mystère pascal de dépouillement, d’offrande et de don. Nous ne pouvons plus offrir ensemble le pain et le vin, offrons-nous avec le Christ qui s’offre « pour la multitude » dans l’incertitude de ces jours. Nous ne pouvons plus célébrer ensemble l’action de grâce de Jésus au Père, plus que jamais alors devenons les hommes et les femmes de l’action de grâce, de la gratitude, à l’affût du travail de la grâce aujourd’hui au cœur de ce monde. Il y a là une responsabilité politique, pour le bien commun. Car à l’affut de la grâce, nous saurons l’accueillir, nous y engager et déployer ce qu’elle veut pour notre monde.

Comme j’ai hâte de vous retrouver pour célébrer l’eucharistie. L’eucharistie nous manque. C’est l’Esprit Saint qui en creuse en nous le désir jusqu’à la douleur. Mais Jésus ne nous manque pas.

Une dernière invitation : profitons de ce mois de mai pour demander et recevoir le sacrement de la pénitence et de la réconciliation. C’est possible dès maintenant. Pour redécouvrir la puissance de l’Eucharistie – « l’énergie nucléaire de l’amour » disait Don Helder Camara -, il nous faut redécouvrir le sacrement de la réconciliation comme celui de la renaissance, de la jeunesse éternelle de Dieu qui nous est redonnée, de son espérance et de notre avenir.

Ce temps que nous avons à vivre est un véritable exode, au sens biblique du terme, une Pâque, un passage vers la terre de salut que Dieu veut nous donner. Ayons confiance. Comme Thomas nous l’a montré dans l’Evangile que nous entendions le dimanche de la miséricorde (Jn 20,19- 29), le Christ ressuscité se donne sans lassitude et ne cesse de déverrouiller toutes les prisons que nous construisons et reconstruisons, même après son passage parmi nous et le don de sa paix et de son Esprit.

« Bonjour Esprit-Saint, je t’aime Esprit-Saint, que tout se passe pour moi, pour nous dans ton souffle, selon ta volonté. »

Alors que nous marchons vers la fête de la Pentecôte et le renouvellement de la consécration du diocèse à Marie, que le Seigneur de la paix vous bénisse. >>

 

 

 

 

 

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