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Rechercher : disruption

Un pur produit marketing usiné sous vide

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EM, politicien post-politique : 

 

 "Une silhouette seule face à un coucher de soleil, et un slogan qui reprend les initiales EM : en lançant son mouvement En marche !, Emmanuel Macron n'a reculé devant rien", constate FranceTV Info.

Vous avez vu M. Macron hier soir au 20h de France 2. Il parlait  pour ne rien dire, avec les éléments de langage du Medef : "débloquer, innover, transformer, moderniser, changer, prendre les risques de l'ouverture..." Il ne parle pas encore de "disruption" ni d'algorithmes ; mais son mouvement aura "une plate-forme numérique", annonce-t-il, avant de conclure : "je crois aux idées que je défends" sans avoir défendu d'idées. L'auto-lancement de M. Macron est de type fonctionnel : il se lance parce qu'on l'a mis en position de se lancer. C'est ce qu'on appelle gérer une carrière. Le résultat est un produit marketing usiné sous vide.

M. Macron est (dit-on) "l'homme de gauche le plus apprécié à droite". Mais est-il de gauche ? Non, pour deux raisons : 1. le mot "gauche" ne veut plus rien dire ; 2. L'ex-droite et l'ex-gauche sont au bord de la fusion, stade ultime de la compression du politique par la finance. « Emmanuel Macron ferait un bon Premier ministre d'Alain Juppé », déclare M. Raffarin qui soutient M. Juppé... (Ce pronostic réjouit un cénacle libéral : ses premiers invités ont été MM. Juppé et Macron).

M. Macron assure disposer de 13 000 militants ; il veut les lancer « dans un vaste porte-à-porte pour dresser le bilan de la France », disent ce matin les médias. Sachant qu'il y a 155 Medef territoriaux et 96 FDSEA, sonner à ces 251 portes ne devrait pas prendre trop de temps aux macronistes.

 

 

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M. Macron, ”antisystème” ?

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...alors les mots n'ont plus de sens :

 

 

Qualifier M. Macron de figure "antisystème" est une absurdité. Il n'existe qu'un "système" aujourd'hui : c'est le système financier, substitué au politique depuis les années 1990 ; M. Macron en fait partie. Banquier d'affaires, millionnaire pour avoir piloté le rachat par Nestlé d'une filiale de Pfizer, c'est un tenant du tout-marché. En 2012 il figurait parmi la promotion des Young Leaders de la French-American Foundation. En 2015, dans Les Echos,  il proposait comme idéal aux jeunes Français  "l'envie de devenir milliardaire"... Quant à ses idées sur l'avenir de la France, elles se distinguent peu de celles de MM. Juppé ou Fillon, qui ressemblent à celles de MM. Gattaz et Juncker.

Qui M. Macron critique-t-il ? M. Hollande. Que lui reproche-t-il ? D'avoir insuffisamment évolué vers le système libéral. Gourou à l'Elysée de 2012 à 2014 (date de sa nomination à Bercy), le jeune financier a poussé le président à "rassurer les marchés" en trahissant ses promesses de campagne. Aujourd'hui M. Macron nous dit que la rupture libérale ne va pas assez loin... D'où son désir de se présenter lui-même en 2017 sous la bannière du "mouvement", euphémisme pour désigner la  "disruption" (ou innovation destructrice) : concept US né dans la com'  et qui sert de prétexte aux dérégulateurs ! M. Macron n'est donc pas "anti-système" : c'est au contraire un agent de radicalisation du système.

Pour se dire "anti-système" avec cohérence, sinon avec pertinence, il faudrait que M. Macron donne au mot "système" le même sens que ceux qui prennent la hollandie pour une "dictature socialiste" (voire "totalitaire") à laquelle il faudrait "résister" pour "libérer l'économie". Mais ce serait penser comme la droite la plus rance, et ça donnerait un coup de vieux au jeune Emmanuel... L'hypothèse ne peut donc être retenue. M. Macron ne se déclare "anti-système" que par simple effet de langage publicitaire ; d'où l'excitation des médias.

 

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Bétonner le littoral : nouvelle étape du macronisme ?

Idéal libéral : la Bretagne de demain

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Associations et élus (certains d'entre eux...) ont forcé le pouvoir à reculer sur quelques points, freinant ainsi les LREM business-friendly. Mais l'amendement-engrenage demeure. Là aussi on va "implémenter la disruption", comme disent les macronistes :

 

La loi littoral de 1986, à laquelle les Français sont pourtant très attachés, fait partie de ces "freins à la croissance" que la Macronie méprise et veut supprimer. D'où la réforme déclenchée en 2018 : elle veut donner aux élus locaux liberté "d'adapter", c'est-à-dire d'interpréter cette loi de façon laxiste via les SCOT (schémas de cohérence territoriale), rouvrant ainsi aux promoteurs immobiliers des espaces qui leur étaient fermés depuis 1986. On sait que pour M. Macron, la loi n'a plus pour objet de fixer des cadres pour le bien commun - mais "d'accompagner" les intérêts privés.

Alors que le mitage du territoire progresse d'année en année et que la pression démographique s'alourdit sur le littoral, l'Union des associations pour la défense du littoral souligne le danger de cette réforme : "C'est la possibilité d'élargir le périmètre des hameaux, et donc l'extension de l'urbanisme en zone diffuse... Il a fallu des années pour construire une jurisprudence qui distingue les hameaux (jusqu'à présent protégés) des villages, or cette jurisprudence va tomber et laisser les associations démunies, tandis qu'un certain nombre d'élus, sous la pression des promoteurs, vont s'engouffrer dans la brèche !"  (Libération 4/05).

Il faut donc relativiser les reculs concédés par le pouvoir vendredi. Certes les nouveaux textes renoncent - pour l'instant - à certains projets solaires gênants pour le tourisme, et restreignent les permis de construire entre deux bâtiments dans les "secteurs déjà urbanisés". Mais le vrai danger, comme on le dit plus haut, est le flou juridique créé en faveur d'une interprétation laxiste qui permettra l'extension des hameaux par transformation en zones résidentielles progressives. Ainsi, bien sûr, que les "dérogations en faveur des bâtiments agricoles" obtenues par les productivistes de la FNSEA...

 

Lire aussi :  https://mrmondialisation.org/la-loi-littoral-menacee/

 

 

 

Plage bétonnée à Monaco

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JMJ 2016 : les jeunes et ”la religion”

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Radios et journaux se tournent à nouveau vers le phénomène :

 

Ouverture des JMJ à Cracovie. Occasion pour nos médias de redécouvrir ce marronnier [*] : les rapports entre les 18-30 ans et "la religion" ou "la spiritualité", mots-valises englobant des courants aussi différents que le judéo-christianisme, l'islam et le bouddhisme.

Les quotidiens de ce début de semaine glosent sur le sondage OpinionWay (La Croix) qui indique un "regain d'intérêt"  des jeunes  "mais un bouleversement des pratiques" : antienne entendue à propos de chaque JMJ depuis 1983, comme si les "pratiques" n'avaient pas constamment évolué au fil des siècles.

On nous dit ainsi que les jeunes préfèrent "les pèlerinages" à la régularité dominicale. Les sociologues spécialisés (Mme Hervieu-Léger !) nous le disaient déjà dans leurs enquêtes  à la fin des années 1980...

Mais nous apprenons que "même des jeunes non croyants" prient. C'est une très bonne nouvelle. "Tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais trouvé..." (Blaise Pascal, Pensées, 553).

Une idée qui cependant mérite examen dans cette enquête, c'est celle du phénomène de "religion assumée" constaté chez les jeunes.  "Port du voile, sweats avec messages évangéliques explicites, posts sur les réseaux sociaux" (Le Figaro, 25/07)... Cette idée mélange islam et christianisme (alors que les mobiles sont loin de toujours coïncider), mais les commentateurs de La Croix s'interrogent sur les jeunes néo-chrétiens plus que sur les jeunes musulmans. Dans le phénomène néo-chrétien, souligne le sociologue Jean-François Bruneaud, "on est face à une identité reconstruite par des jeunes qui n'ont pas eu de réelle transmission de la foi". Commentaire de soeur Nathalie Becquart : "une vraie rupture a eu lieu avec la génération 1968 où la pratique religieuse s'est brutalement affaissée."  Les ados de 2016 sont les petits-enfants de la génération de 68, et dans ce laps de temps la société économique de disruption a entrepris son ravage : destruction des mémoires et fuite en avant technoïde...

On comprend ainsi le mot du cardinal Lustiger : "la nouvelle évangélisation sera l'évangélisation d'une société entièrement nouvelle."

Et l'on mesure l'instinct de survie spirituelle de ces jeunes qui cherchent - spontanément - la dimension d'âme que leurs parents et grands-parents ne leur ont pas indiquée... 

Qui aidera ces jeunes à ne pas se tromper de voie ?  à ne pas confondre foi et "identité", rencontre avec le Christ et "revendication publique" ?

Bien entendu la foi doit pouvoir s'exprimer publiquement : expression publique que d'ailleurs la loi de 1905 reconnaît et garantit.

Mais notre identité de chrétien est de suivre le Christ, éventuellement là où nous n'aurions pas voulu ! Non d'idolâtrer une "identité" nombriliste qui annexerait  le nom chrétien à un wir sind uns  d'auto-célébration. Ou à l'imposture de la "morale des affaires"...

Cette idée a été martelée en de nombreuses  circonstances par le pape François : il l'infusera certainement aux deux millions de jeunes pèlerins de Cracovie.

 

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[*]  sujet récurrent (en vieux jargon de presse).

 

 

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La persistance de la doxa libérale, cause de surdité chez les dirigeants et de colère chez les dirigés

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"Les dirigeants devraient accepter de tenir compte des dirigés. Sans quoi ça ira plus mal..." Ma chronique de ce mercredi à Radio Présence (Toulouse Midi-Pyrénées) et Radio Fidélité Mayenne :

 

https://www.radiopresence.com/IMG/mp3/22012020_chroeco_ai...

 

<<  En marge de Choose France, ce symposium d’investisseurs étrangers potentiels réunis à Versailles, sur le chemin de Davos, les commentateurs sont divisés. Les uns entonnent le refrain libéral bien connu depuis 35 ans en le tournant à la gloire d’Emmanuel Macron : grâce à la "disruption" installée par le président, disent-ils, la France abandonne ses caractéristiques forcément fâcheuses : le droit du travail, forcément "archaïque" ; les "prélèvements obligatoires", forcément "boulet pour les entreprises" ; les fonctionnaires, forcément "inutiles" ; et en général tout ce qui empêchait notre société de s’aligner sur le sacro-saint "modèle américain"

Au contraire, d’autres commentateurs font observer que le droit du travail est un contrepoids face aux dangers du casino global ; que les prélèvements obligatoires financent les services publics indispensables ; que les gilets jaunes eux-mêmes demandaient non l’abolition des fonctionnaires, mais leur maintien de proximité ; etc.

Mais je voudrais revenir sur un argument sidérant, entendu avant-hier au micro d’une radio française. L’invité, adepte d’idéologues économiques défunts comme Friedrich Hayek ou Milton Friedman, expliquait que l’intérêt des investisseurs pour la France actuelle était non pas freiné mais encouragé par les troubles sociaux : en effet, disait-il, "ces troubles sont le signe que le gouvernement veut supprimer ce qui tenait la France loin du modèle global".

Cette phrase en dit long sur l’état d’esprit des avocats du "modèle global". Car on peut lire tout autre chose dans les troubles sociaux actuels ! Si tant de gens s’inquiètent aujourd’hui, c’est qu’ils tiennent au système français de solidarité sociale, qui compense des inégalités économiques de plus en plus fortes : inégalités durement ressenties par les personnes et les familles, même si l’économie française, vue de loin, est en bonne santé.

D’où les réactions d’anxiété, puis de colère, ressenties par diverses catégories de la population, comme nous le voyons en ce moment. On peut bien sûr s’indigner de ce que nos télévisions appellent des "violences". Même si parfois ces "violences" ne sont pas violentes (cf. l’intrusion de cégétistes dans le hall de la CFDT l’autre jour), il est toujours risqué de glisser sur cette pente... Mais il n’y a pas de fumée sans feu : la fumée des manifestations de rue vient du feu des inquiétudes populaires.

Pour calmer ces inquiétudes, on doit se parler et surtout s’écouter. Pour écouter vraiment, les dirigeants devraient accepter de tenir compte des dirigés. Sans quoi ça ira plus mal.  >>

 

 

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Napoléon : vraies et fausses raisons de le critiquer

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Pour s'en prendre au passé, au moins faudrait-il le connaître un peu. Ma chronique à Radio Présence et Radio Fidélité Mayenne :

<< Napoléon Bonaparte, vous voyez qui c’est ? Il est mal vu aujourd’hui : un courant d’opinion veut qu’on fasse silence sur le bicentenaire de sa mort, qui tombe le 5 mai. Pourquoi ? Parce que Bonaparte contrevient à nos valeurs : il a rétabli l’esclavage en 1802, et en 1804 il a publié le Code civil qui ne voyait pas la femme comme on la voit en 2021. C’est vrai : l’esclavage était inhumain, et le Code civil traitait la femme comme une mineure.

Mais regardons ça de plus près.  Bonaparte a rétabli l’esclavage parce que les financiers français l’exigeaient, au nom de la reprise économique après les péripéties de la Révolution : et la reprise économique, en ce temps-là,  incluait les ressources des îles ; et là-bas les colons – important lobby – prétendaient que sans esclaves les plantations n’avaient plus qu’à fermer. Cette revendication économique aurait posé un cas de conscience à d’autres que le Premier Consul, mais sa conscience le troublait peu et c’était déjà la philosophie du « en même temps » : Bonaparte voulait à la fois faire la guerre et faire de l’argent, le reste étant très secondaire à ses yeux. Il a donc cédé à un lobby comme le font nos dirigeants actuels.

Quant au Code civil, il n’est pas « de Napoléon » : il est de son époque. Il vient des conceptions philosophiques de la bourgeoisie libérale qui s’était imposée à travers la Révolution française. Comme disait un juriste au Conseil d’Etat, le 23 décembre1801 : « La parenté est un droit de propriété ». Quand on envisage la société sous le seul angle de l’argent, des biens et des héritages, ça donne le Code civil.

Remarquez une chose : ce que les opposants au bicentenaire reprochent au Code civil n'est pas d'avoir imposé le libéralisme bourgeois : ils préfèrent croire que le Code infériorisait la femme parce qu’il aurait été l’œuvre d’un tyran militaire macho misogyne, continuateur (paraît-il) du fameux « patriarcat » qui serait la cause de tous les malheurs depuis l’aube des temps... Mais accuser Napoléon Bonaparte d’avoir été l’instrument du passéisme, c’est se tromper sur le sens du Premier Empire, qui ne fut pas la prolongation d’un passé mais au contraire l’installation d’une grande rupture : une « disruption » comme dirait Emmanuel Macron. Un matérialisme autoritaire, qui fit du passé table rase et acheva ainsi d'ouvrir la voie aux régimes bourgeois du XIXe siècle.

Vous me direz : voilà des considérations trop éloignées des catégories mentales d’aujourd’hui. C’est exact. Napoléon Bonaparte comparaîtra donc (à titre posthume) devant le tribunal des anachronismes, qui le condamnera à l’oubli en tant que mâle blanc mort comme on dit dans les universités californiennes  – et françaises, puisque nous nous prenons pour des Américains. >>

 

 

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Le mystère du symbole efficace

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La Couronne d’Angleterre n’est qu’un symbole, mais on a tort d’oublier le poids des symboles  dans la conscience collective... Ma chronique à Radio Présence (Toulouse Midi-Pyrénées) et Radio Fidélité Mayenne :

<<  Ce qui se passe outre-Manche est paradoxal, ainsi que nos réactions devant ce phénomène jugé“antimoderne” par nos médias : une succession au trône avec son cérémonial archaïque applaudi par des foules. C’est d’autant plus paradoxal que l’héritier, le septuagénaire Charles, affichait – sur l’économie, le social, le climat, l’environnement ou l’urbanisme – des idées contestataires qui ne sont pas celles de la City. Sous cet angle, les trompettes de la tradition ont l’air de sonner en faveur de l’innovation : et cette apparente alliance nous déconcerte.

Pourquoi ? Parce que nous sommes habitués, nous Français, à deux principes : l’avenir doit toujours rompre avec le passé ; et le politique ne doit rien voir d’autre que l’instant présent. Les autres peuples d’Europe ne partagent pas cette conception. En 1936, après le couronnement du roi d’Angleterre George VI, un philosophe espagnol (*) constate :  “On dit que la monarchie anglaise n’est qu’une institution purement symbolique. Cela est vrai : elle exerce une fonction des plus déterminées et hautement efficace, la fonction de symboliser… Pour le peuple anglais le sceptre et la couronne n’ont jamais cessé d’être actuels, alors que chez nous ils ne régissent plus que les hasards du jeu de cartes… Le peuple anglais circule dans tout son temps : il est véritablement seigneur de ses siècles dont il conserve l’active possession…  Et c’est cela être un peuple : pouvoir prolonger son hier dans son aujourd’hui sans cesser de vivre pour le futur… La méthode de la continuité est la seule capable d’éviter que l’histoire soit une lutte perpétuelle entre les paralytiques et les épileptiques.” 

– Ou bien le politique trouve le moyen de concilier l’air du temps et la continuité nationale, et c’est ce que le système britannique a fait tant bien que mal jusqu’à aujourd’hui ;

–  ou bien le politique croit ne reposer que sur des ruptures (des “disruptions” comme dit l’actuel président français), au risque d’un déboussolage permanent de l’esprit public.

Bien entendu le système anglais n’empêche pas les gouvernements élus de commettre des fautes ou des crimes : souvenons-nous des ravages du thatchérisme, que la nouvelle Première ministre souhaite recommencer aujourd’hui. Mais souvenons-nous aussi que la reine Elizabeth, en privé, ne cachait pas son hostilité à Mme Thatcher… Elle l’appelait sévèrement : “Mrs Cromwell”.  >>

 

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* José Ortega y Gasset, ‘La Révolte des masses’, Gallimard - Idées NRF 1967.

 

 

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14/09/2022 | Lien permanent

Chimie alimentaire, plastiques, pesticides, consommation de masse : alerte de l'OMS

Communiqué de l'OMS : un rapport pointe la responsabilité de perturbateurs endocriniens dans les malformations à la naissance, les cancers hormono-dépendants et les troubles neurologiques

santé,écologie humaine

Les perturbateurs endocriniens sont des molécules chimiques présentes dans de nombreux produits de consommation de masse.

 

Un perturbateur endocrinien est "une substance ou un mélange exogène altérant les fonctions du système endocrinien et induisant des effets nocifs sur la santé d’un organisme intact et de ses descendants".

En 2007, une première liste de 320 substances susceptibles de perturber le système endocrinien humain avait été établie par les chercheurs européens. En 2011, le site developpementdurable.com signalait : "Devant l’enjeu environnemental et sanitaire, le ministère de l’Ecologie a lancé, en 2005, le Programme national de recherche sur les perturbateurs endocriniens (PNRPE)... Depuis 2005, le PNRPE a déjà financé 22 projets de recherche et mobilisé 60 équipes pour un budget de 3 millions d’euros. Le troisième appel à propositions de recherche a été lancé au second semestre 2010 par le ministère et concerne la caractérisation de l’exposition, l’analyse du risque sanitaire et la prise en charge du problème dans les politiques publiques."

En février 2013, un rapport de l'OMS et du PNUE (Programme des Nations-Unies pour l'Environnement), intitulé   State of the Science of Endocrine Disrupting Chemicals, accuse ''de nombreuses substances chimiques synthétiques" d'avoir des "effets perturbateurs sur le système endocrinien'' : ces effets entraînent des troubles de la fertilité ainsi qu'une augmentation des cancers (notamment chez l'enfant), de l'asthme, des accidents vasculaires cérébraux, des Alzheimer et des Parkinson. Au-delà de ces premières indications, le rapport appelle à "approfondir" l'étude des liens entre les perturbateurs endocriniens chimiques et les troubles observés, ainsi que les interactions éventuelles avec des facteurs génétiques. "Nous devons mener d'urgence davantage de recherches", souligne le Dr María Neira, directeur du département Santé publique et Environnement de l'OMS.

D'après le rapport, "les perturbateurs endocriniens chimiques peuvent entrer dans l'environnement principalement par le biais des effluents industriels et urbains, le ruissellement des terres agricoles et l'incinération et le rejet des déchets. L'être humain peut y être exposé lors de l'ingestion de nourriture, de poussière et d'eau ou de l'inhalation de gaz et de particules présents dans l'air, ainsi que par contact cutané."

Le rapport vise notamment les phtalates (jouets, tétines, parfums, médicaments, cosmétiques) et des éléments présents dans les pesticides, l'électronique, les additifs alimentaires et les revêtements internes de boîtes de conserve ou de canalisations. [*]

Le communiqué de l'OMS précise :

<< Les auteurs de l’étude présentent plusieurs recommandations pour améliorer la connaissance de ces substances chimiques au niveau mondial, réduire les risques éventuels de maladie et diminuer les coûts qui y sont associés :

  • Tests: les perturbateurs endocriniens chimiques connus ne constituent que «la partie émergée de l’iceberg» et il faut disposer de méthodes de test plus complètes pour identifier d’autres perturbateurs endocriniens éventuels, leurs sources et les modes d’exposition.

  • Recherche: il faut disposer de davantage de données scientifiques pour connaître les effets des mélanges de perturbateurs endocriniens chimiques (venant principalement de sous-produits industriels) sur les êtres humains et sur la faune, qui y sont de plus en plus exposés.

  • Rapports: de nombreuses sources de perturbateurs endocriniens chimiques restent inconnues car il n’existe pas suffisamment de rapports et d’informations sur les substances chimiques présentes dans les produits, les matériaux et les marchandises.

  • Collaboration: l’échange accru de données entre les scientifiques et entre les pays permettra de combler les lacunes, principalement dans les pays en développement et ceux dont l’économie est émergente.

" La recherche, qui a fait d’immenses progrès ces dix dernières années, a montré que les perturbations endocriniennes pouvaient être beaucoup plus étendues et beaucoup plus complexes qu’on ne le pensait", dit le Pr Åke Bergman, de l’université de Stockholm, rédacteur en chef du rapport. "Alors que la science continue à progresser, il est temps de mieux gérer les perturbateurs endocriniens chimiques et d’étudier davantage l’exposition à ces substances et ses effets sur la faune et les êtres humains", a-t-il ajouté. >>

 

Le directeur du PNUE Achim Steiner accuse la "gestion irrationnelle" des produits chimiques ; mais "irrationnelle" n'est pas le terme exact, rectifient des associations de défense des consommateurs : "ce qui est en cause est plutôt l'assujettissement de cette gestion à une rationalité purement économique, écartant les autres paramètres."

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[*] Tel le bisphénol A, interdit en France depuis 2013 pour les contenants destinés aux enfants de moins de trois ans.

 

 

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Robert J. Gordon : ”la croissance est derrière nous”

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Paru le 27/01, son livre "est parti pour être le best-seller économique de l’année" (Le Monde Economie - 21/02). Plusieurs leçons s'en dégagent, et devraient nous pousser à une rupture libératrice :

 

  

Le fait est là, disent les économistes qui ne restent pas rivés au dogme néolibéral [1] : aux Etats-Unis, au Japon et en Europe, la croissance fléchit depuis trente ans. Ce déclin structurel vient de quatre causes :

le sous-investissement chronique, lié au délire de spéculation boursière et d'actionnariat qui est le propre de l'ultralibéralisme [2] ;

la hausse inouïe des inégalités, liée elle aussi au système économique dominant comme le souligne Laudato Si'  [3] ;

le vieillissement de la population, lié au système économique dès l'origine (Malthus fut l'un des founding fathers du libéralisme) ;

le faible impact économique du progrès des « technologies ». Selon Gordon, cette « troisième révolution industrielle » ne concerne que deux secteurs « étroits » : l'entertainment et l'info-com', qui ne pèsent ensemble que 7 % du PIB américain. La « grande rupture » (disruption) de la révolution digitale a lieu depuis les années 1990, mais la productivité globale ralentit quand même...

« Le tassement des salaires réels et le vieillissement de la population se traduiront par des rentrées fiscales moindres et par une pression à la hausse des dépenses sociales et de retraite », annonce par ailleurs Gordon : « cela entraînera une hausse de la dette publique. Ou alors, un relèvement des impôts et une baisse des prestations sociales. »

Cette tendance affecte aussi le Vieux Continent, ce qui jette un éclairage singulier sur le guignol politique français : en particulier sur la droite, qui  feint de croire que tout cela est de la faute du «  socialisme » ; et sur l'obsession croissanciste de tous les partis (dont les deux FN [4]), ainsi que sur les cadeaux incessants au Medef – dont un cas-limite est la réforme Valls-Macron-Hollande dite « El-Khomri ».

Quand les Français ouvriront-ils les yeux ? La véritable destruction créatrice, la seule rupture positive, serait de rejeter le productivisme et le turbo-capitalisme. Les catholiques devraient être les premiers à s'en rendre compte : depuis des décennies les papes le leur disent sur tous les tons !

J'ai joué de la flûte sur la place du marché

Et personne avec moi n'a voulu danser...

 

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[1]  Parmi ceux qui restent rivés, on regrette de compter les « économistes catholiques » de l'Hexagone.

[2]  cf l'analyse d'économistes comme Kostas Vergopoulos (Paris-VIII) et Bernard Guilhon (Skema Business School Lille) – citée ici et dans La révolution du pape François (Artège).

[3]  Le « rêve américain » n'exalte plus que les présentateurs télé français. « Il a du plomb dans l'aile depuis une trentaine d'années, avec la hausse des inégalités et l'érosion des revenus réels. Pour les jeunes générations, la possibilité d'atteindre un niveau de vie plus élevé que celui de leurs parents n'existe plus. La société américaine est fracturée avec, en bas, des familles monoparentales, dont les enfants bénéficieront d'une éducation médiocre et pour lesquels les chances d'ascension sociale sont limitées » (Robert J. Gordon). Le rôle de la pression de l'économie ultralibérale dans la dislocation des familles n'est plus à démontrer.  Il est connu depuis les années 1990 : cf. Le nouvel esprit du capitalisme (Gallimard 1999) de Boltanski-Chiapello... qui ont établi cette corrélation sans le vouloir, ce qui ajoute à la valeur de leur démonstration.

[4] celui de MLP, en plein glissement vers la droite libérale dans l'espoir de briser le « plafond de verre » ; et celui de MMLP, libérale vintage malgré sa jeunesse, et pressée par son entourage de créer un FN-bis ajusté à la clientèle azuréenne.

 

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L'engrenage de la ”croissance sans emplois” (+ avril 2017)

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Logique du système - dont aucun candidat 2017 n'ose parler :

 

 

S'affichant adversaires du "système" (lequel ?), MM. Macron et Fillon sont de purs produits du Système (le seul) :  le capitalisme dérégulé. D'où leur silence sur sa logique de destruction des emplois. Pourtant les chiffres sont là : 83 % de probabilité d'automatisation des postes à bas salaires dans les vingt prochaines années, selon un rapport de la précédente administration américaine ! Selon une étude de l'université d'Oxford (2013), 47 % des emplois américains sont menacés d'ici vingt ans ; cette perspective enchante aujourd'hui M. Puzder, patron de choc US et nouveau ministre du Travail. ("Les robots, aime-t-il à dire, ne tombent pas malades et ne demandent pas d'augmentation"). 

Expérience-pilote, le premier magasin Amazon Go (sans caisses) a ouvert en décembre à Seattle. Sa formule implique : 1. d'avoir un compte Amazon ; 2. de "télécharger l'appli Amazon Go" sur votre smartphone (produit commercial rendu obligatoire dans l'espace public) ; 3. de scanner à l'entrée du magasin et faire vos achats ; 4.  de recevoir votre ticket de caisse par mail. Deux mille magasins Amazon seront ainsi robotisés selon le Wall Street Journal [*]. Selon le New York Post, l'expérience s'étendra aux 1000-4000 m2, avec une division "au moins par deux" des effectifs salariés. Amazon ouvre la voie à l'ensemble de la grande distribution ; l'avenir se rétrécit aux Etats-Unis pour les 3,4 millions de caissières (et caissiers) et les 4,5 millions de vendeuses (et vendeurs).  En France, la grande distribution craint et imite Amazon : la CFDT a révélé qu'Auchan s'apprête à supprimer jusqu'à 1500 postes d'hôtesses de caisse. On vient d'installer des scanners à l'entrée des magasins U. Etc...

Ce qui se passe dans les grandes surfaces n'est que l'un des champs d'application de l'algorithme de "croissance sans emplois", ultima ratio du capitalisme. Cette économie-là n'aura plus besoin des humains : le "revenu universel" de M. Hamon est un moyen de se résigner - sans le dire - à la mise à l'écart des deux tiers de la population dans leur propre pays...  Quant à MM. Macron et Fillon, ils ne disent pas un mot de ce problème ; ils promettent le plein emploi par la dérégulation, c'est-à-dire le bien par le mal. Mieux : ils masquent le ravage social sous la prédiction d'une "rupture libératrice" - "disruption" en globish -  grâce à l'irrésistible modification de tout par la "technologie" (alias "révolution numérique" : le schibboleth [2] des libéraux dans cette campagne). Tyrannie mentale que le livre de François Cusset nomme à tort droitisation du monde - la gauche aussi est partie prenante -, mais qu'il analyse bien, en voyant dans cette pseudo-révolution le produit de la dérégulation libérale.

La robotisation de la société (sa déshumanisation) est la fatalité de l'époque. Elle implique la mort du politique en tant qu'outil d'un bien commun, notion devenue impensable dans un monde livré au profit de quelques-uns. Cet engrenage n'est pas étranger à l'actuelle dislocation, sous nos yeux, de la Cinquième République : non-sens des partis, imposture de "valeurs" vaguement spirituelles (Macron-Fillon) pour enrober l'Argent, populisme crypto-libéral sous camouflage de démagogie... "Ce serait une erreur de croire que ces choses / Finiront par des chants et des apothéoses / Certes, il viendra, le rude et fatal châtiment / Jamais l'arrêt d'En-Haut  ne recule et ne ment."

 

 

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[1]  Libération, 9/02.

[2]  Schibboleth : mot de passe. Le terme vient de la Bible (Juges 12:4-6).

 

 

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