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Un an après : le martyre du P. Jacques Hamel

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Cérémonie d'hommage demain à St-Etienne-du-Rouvray :

 

Il y a un an, le prêtre normand Jacques Hamel était assassiné par deux jeunes djihadistes dans son église de St-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) lors de sa messe matinale. Demain 26 juillet, un hommage lui sera rendu en ce même lieu : y prendront part le président de la République et nombre de notabilités, parmi lesquelles le député PCF Hubert Wulfranc (ex-maire de la ville), qui avait eu l'an dernier des mots magnifiques pour qualifier ce drame et saluer sa victime. La messe sera concélébrée par Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, et le P. Auguste Moanda, curé de St-Etienne-du-Rouvray. Sera présent aussi le président de la mosquée locale, Mohammed Karabila, qui avait tenu l'an dernier à prendre part à la liturgie funèbre du P. Hamel en compagnie de membres de la communauté musulmane, dont plusieurs femmes voilées, bravant ainsi la menace terroriste. « Le sang de Jacques Hamel a rapproché nos communautés », témoigne-t-il aujourd'hui.

Le 14 septembre dernier à la chapelle Ste-Marthe du Vatican, célébrant lui aussi une messe matinale pour 80 pèlerins de Rouen  (dont la famille du P. Hamel) venus avec Mgr Lebrun, le pape François a dit dans son homélie :  « Comme ce serait beau si toutes les confessions religieuses disaient : "tuer au nom de Dieu est satanique !" » Une photo du P. Hamel était  placée sur l'autel. La couleur liturgique de ce jour-là était celle de la fête de la Croix glorieuse : le rouge, couleur du Christ premier martyr. Évoquant l'histoire des martyrs depuis l'aube de l'Eglise, le pape a souligné qu'il y a « plus de martyrs chrétiens aujourd'hui que dans les premiers temps » : « tués parce qu'ils ne renient pas Jésus-Christ »...

« Le P. Hamel a été égorgé sur la croix au moment même où il célébrait le sacrifice du Christ sur la croix», a-t-il souligné : le prêtre normand a ainsi rendu le même témoignage que l'archevêque de San Salvador, le bienheureux martyr Oscar Romero, assassiné par un tueur d'extrême droite en 1980 alors qu'il célébrait la messe.

Le pape n'a pas hésité à donner d'avance le nom de martyr au P. Hamel (qui « a donné sa vie pour nous, pour ne pas renier Jésus »), alors que la procédure de béatification n'allait être ouverte que sept mois plus tard par le diocèse de Rouen. Le P. Hamel tombant sous les coups avait prononcé les mots : « Va-t-en, Satan ! ». « Par cet exemple de courage, a dit le pape, qu'il nous aide à avancer sans peur. Qu'il nous donne la douceur, la fraternité, la paix, et aussi le courage de dire la vérité : tuer au nom de Dieu est satanique. »

À la rencontre pour la paix organisée à Assise par la communauté Sant'Egidio, l'archevêque de Rouen a tenu à témoigner de la solidarité manifestée par des musulmans après l'assassinat du prêtre.

 

 > LCI demain 26 juillet, à partir de 10 h 15 : débat sur la cérémonie de St-Etienne-du-Rouvray et les répercussions du martyre du P. Hamel. J'y participera en compagnie de Dominique de Montvalon, William Molinié et Arnaud Benedetti.

 

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En 2017, ”Laurent Wauquiez installera le conseil régional dans une crèche géante”

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Laurent Wauquiez a encore frappé. Comme hier Robert Ménard et demain Marion Maréchal, ce regrettable "catholique pratiquant" transforme la crèche en arme politicienne :

 

 

Avec humour, Erwan le Morhedec (sur Facebook) prévoit qu'à la Noël 2017 M. Wauquiez "installera le conseil régional dans une crèche géante". C'est bien vu. La logique de M Wauquiez est démesurée : il instrumentalise sans frein.

Une crèche dans un édifice public, pourquoi pas : le Conseil d'Etat l'autorise dans un contexte culturel et patrimonial, ce qui est le cas dans cette région...

Mais une crèche pour se proclamer catholique alors qu'on multiplie par ailleurs les décisions et les déclarations tournant le dos aux positions de l'Eglise, c'est incongru. Voire obscène. Contrairement à ce que semblent croire M. Wauquiez, M. Ménard ou Mme Maréchal, le catholicisme ne se résume pas à la vie familiale et aux traditions bien de chez nous ; le catholicisme est une foi qui saisit tous les aspects de l'existence, y compris sociale, donc économique : et sur ce dernier plan (qui est grave), ce que dit l'Eglise n'a rien à voir avec les opinions libérales de M. Wauquiez, de M. Ménard et de Mme Maréchal. De même à propos du prochain à secourir.

Combien de temps durera l'imposture de ces "cathos de droite" qui se réclament "des traditions", voire de "la Tradition", tout en se faisant une religion à la carte - alors que tout est lié ? 

Il est vrai que ce "tout est lié" est une phrase de Laudato Si', encyclique du pape François... Une encyclique "qui passe mal", m'affirmait l'un de ces étranges catholiques il y a quelques jours ; et un pape dont certains cathos de droite se demandent s'il est vraiment pape, depuis qu'il a refusé de porter les mocassins rouges de chez Gammarelli.

M. Wauquiez est "catholique pratiquant", nous affirmait une chaîne d'infos à 13 h 35. C'est peut-être vrai. Mais qu'est-ce qu'un catholicisme tournant le dos à ce que demande le pape, et se répandant en déclarations hostiles à la simple charité ? Le scandale, au sens théologique du terme, est "ce qui fait perdre la vraie foi". Jésus en parle chez saint Matthieu (18,6) : "Celui qui est une occasion de chute pour un seul de ces petits qui croient en moi, il est préférable pour lui qu'on lui accroche au cou l'une de ces meules que tournent les ânes, et qu'il soit englouti en pleine mer." Ce n'est pas moi qui le dis. C'est Lui.

 

 

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Macron veut ”une France capable de se faire entendre” ?

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Il a raison : alors elle doit sortir de l'Otan. Sinon elle et l'Allemagne finiront en champ de bataille, dans la guerre que visiblement la classe politique US veut rendre inéluctable contre la Russie :

 

Parlant aux ambassadeurs, Emmanuel Macron a esquissé une diplomatie française qui ne s'alignerait pas tout à fait sur Washington : respect des engagements internationaux pris envers l'Iran, méfiance envers le noeud de vipères du Golfe, maintien de la position de Paris sur la question israélo-palestinienne, volonté de "ne pas nous enfermer dans un camp"... Si M. Macron suivait réellement cette ligne, il ferait mieux que ses deux désastreux prédécesseurs.

La question est de savoir si M. Macron pense vraiment ce qu'il dit, et s'il a les moyens de tenir la France à l'écart de la catastrophe que les bellicistes de Washington souhaitent déchaîner contre la Russie - donc sur le champ de bataille européen.

Un à un, les voyants rouges s'allument. Le déploiement stratégique américain touche la frontière russe, en violation de la promesse faite naguère à Boris Eltsine. Moscou ne peut faire autrement que de relever le gant : d'où les manoeuvres conjointes  des troupes russes et biélorusses de leur propre côté de la frontière. Exercice  très classique auxquels sont invités les observateurs occidentaux, et qui ne mobilise que 12 700 soldats : mais la presse américaine affirme qu'ils sont  plus de 150 000 et qu'ils menacent les pays baltes. Pour parachever l'ambiance de guerre imminente, le New York Times (6/08) est allé jusqu'à annoncer ces manoeuvres comme se déroulant "dans la périphérie de l'Otan" ! Formule qui réduit les territoires russe et biélorusse au statut de cible de "l'Otan"... Et l'on sait que ces territoires ne sont devenus proches de "l'Otan" que dans la mesure où Washington a fait avancer "l'Otan" vers l'Est depuis vingt ans, dans la perspective d'un affrontement voulu - quoique sans raisons légitimes - avec la Russie.

Dernier point : Donald Trump, qui avait fait campagne en tant que non-interventionniste, est en voie de se ranger parmi les pires boute-feu de l'histoire américaine. En partie par irréflexion ; en partie par soumission au parti de la guerre, qui a reconquis tout le terrain perdu à Washington sous Obama. Coincé par le formidable buzz sur l'ingérence russe dans la campagne 2016, M. Trump ne peut plus bouger ; il a dû signer de nouvelles et surréalistes sanctions contre la Russie ; il se laissera demain glisser vers la guerre. Il laisse déjà son vice-président crier au "spectre de l'agression russe".

Les Américains vont-ils faire de la France et de l'Allemagne un champ de bataille parce qu'ils ont fabriqué un spectre ?

D'où la question que nous posions au sujet de M. Macron. La réponse est trop claire : revenue dans l'Otan  - merci à MM. Chirac et Sarkozy -, la France ne peut pas ne pas participer à une guerre voulue par Washington. Et comme le disait le sénateur américain Lindsay Graham le 1er août à propos des deux Corée (mais ce pourrait être à propos de l'Europe) : "Si des milliers de gens meurent, ils mourront là-bas. Pas ici."

 

 

 

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Civils de Donetsk : il faut les laisser sans soins ni vivres pour ”clore le spectacle”

...nous explique un ''philosophe de Kiev''  :

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  Le Pr Constantin Sigov : la philosophie mène à tout. 

 

Si vous lisiez Libération,vous y trouveriez ce matin un texte symptomatique. C'est une interview de l'intellectuel ouest-ukrainien Constantin Sigov. Cet universitaire proche du pouvoir kiévien demande qu'on aille « beaucoup plus loin dans les sanctions avec (?) la Russie »notamment que la France s'engage dans la militarisation de la frontière. Mais il ajoute, et c'est assez étrange de la part d'un professeur de philosophie, que les populations civiles bloquées (sans vivres ni soins) dans Donetsk et Louhansk ne doivent pas être secourues : même si la caravane de camions russes est la seule aide humanitaire existante, on doit l'empêcher d'entrer, car « accepter cette aide, c'est laisser croire que les terroristes qui ont attaqué l'Ukraine sont au fond soucieux d'humanité... Ce n'est pas une façon de clore le spectacle, mais plutôt de l'alimenter en mobilisant de nouveaux partisans. »

 

Vous avez bien lu. Aux yeux de ce philosophe, correspondant à Kiev des donneurs de leçons du boulevard Saint-Germain, peu importe que des dizaines de milliers de pauvres gens du Donbass – pris entre le marteau et l'enclume – soient réduits à la misère physiologique. La Croix-Rouge occidentale ne se mobilise pas pour eux ? Qu'importe ! Seuls les Russes leur envoient des camions de vivres et de médicaments ? Il faut donc refuser ces camions ! Laisser les familles de Donetsk recevoir des vivres et des médicaments offerts par Moscou, ce serait, selon le philosophe, dédiaboliser les rebelles est-ukrainiens (ces « terroristes qui ont attaqué l'Ukraine ») ; or il ne faut pas relâcher la diabolisation, mais au contraire « clore le spectacle » – à coups de bombes et en affamant les habitants. Car ce qui se passe depuis six mois dans le Donbass est un « spectacle » aux yeux du philosophe de Kiev ; même si le pouvoir de Kiev, il y a six mois, a tout fait pour convaincre les gens du Donbass de sa très concrète malveillance à leur égard, ce qui a créé les conditions psychologiques de l'insurrection. 

 

Que les habitants de Donetsk souffrent et meurent faute de vivres et de médicaments, le Pr Sigov doit considérer ça comme un dégât collatéral. Les habitants de Donetsk sont donc plus mal vus que ceux de Gaza : personne n'ose dire en Occident, ni même à Kiev, que les Gazaoui n'ont qu'à crever puisqu'il ont le Hamas chez eux. Mais Kiev et l'Occident suggèrent que les gens de Donetsk n'ont qu'à crever, puisqu'ils ont les rebelles pro-russes chez eux.

 

On appréciera l'humanité de ce raisonnement, sachant qu'il vient d'un professeur de philosophie. Et l'on savourera sa conclusion pour l'avenir : « Pourquoi pas un partenariat de Libération avec un journal de Kiev, ou même de Donetsk ? Il faut demander à Bruxelles de soutenir ces projets. »

 

  

 

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Impressions d'un manifestant

par Pierre Blanchard : 

 

Je suis allé à la manif hier. J'étais complètement ignorant du contenu de ce journal, mais j'étais sous le choc de cette violence, hypnotisé par les commentaires des médias. J'étais même en colère contre les notes de ce blog qui ne vibraient pas à l'unisson pour Charlie et la liberté d'expression.

 Et puis, au milieu de la foule qui applaudissait Hollande et les CRS revenus de Sivens, je me suis dit  – en fait – qu'il manquait quand même du monde à l'unité nationale. Comme un frère qui serait resté dans sa chambre... Ce frère c'est mon ami des banlieues. Il n'est pas venu à l'enterrement et pourtant il pleurait les vingt morts victimes d'assassins, ou qui se sont suicidés endoctrinés par une secte nihiliste.

Pourtant il n'est pas un boudeur, mon petit frère : il a eu un autre moment d'unité nationale, en 1998, sur un prétexte futile mais avec plus de drapeaux bleu-blanc-rouge. Il était là et il chantait même très fort...

 Et puis je suis tombé sur ça : http://www.article11.info/?Charlie-Hebdo-pas-raciste-Si-vous , et j'ai vu : les dessins, et une analyse qui est ce qu'elle est mais qui raconte le journal de l'intérieur ; où l'on comprend mieux qui était Charlie. Peut être des adeptes de Samuel Huntington, version « laïcs contre croyants ».

 Et puis ce matin, je lis : 10 000 militaires / Le centre de Paris se protège / Jets de grenade contre les mosquées pour que "Vive Charlie"....

Ai-je manifesté pour ça ??? Et, mon petit frère, après tout ça – toi qui n'y étais pour rien –, tu vas sentir qu'après Charlie l'on t'enferme encore plus dans ton quartier à l'urbanisme déglingué, on te destine encore plus au CAP au lieu d'étudier le grec ancien, on te fouille encore plus les poches, on te demande encore plus de t'expliquer sur ta barbiche ou ton foulard, on te pousse encore plus à la rage et au désespoir...

 En fait, est ce que ce Charlie ne nous fermerait pas les yeux, ne ferait pas diversion pour ne plus parler du capitalisme, ne nous ferait pas participer à la division, nous ferait pas oublier d'être le gardien de tous nos frères ? Est ce que cette unité obligatoire autour de Charlie ne cacherait pas en fait le rêve, d'une France monolithique, à la manière de l'Orient monolithique dont rêve Daech ?

 Travaillons à rester fidèles à l'Evangile, et ne récoltons pas l'ivraie.

 

Pierre Blanchard

 

 

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12/01/2015 | Lien permanent

Mai 1936, mai 2016 : rien à voir. Et pourtant...

image.jpg ...un point commun, l'aveuglement de la droite :

 

 

François Hollande célèbre les 80 ans de mai 1936 en déclarant qu'aujourd'hui, "la gauche" c'est la loi El Khomri. La gauche de quoi ? Pas la gauche de 1936... Au bilan social du Front populaire, il y eut les conventions collectives, la semaine de 40 heures et les congés payés. Au bilan de Hollande, il y a les cadeaux au Medef (sans résultats réels) et la réforme en cours du code du travail : réforme visant – comme le dit Hollande* – "non à générer tout de suite des emplois" mais à "poser un modèle social" ; modèle qui tend à dissoudre la protection des salariés – et à avaliser l'arbitraire des managers...

C'est l'amorce d'un retour au capitalisme libéral des origines. À ceci près que le turbo-capitalisme financiarisé du XXIe siècle est une nécrose de l'économie, comme l'expliquent les trois jeunes économistes de notre note d'hier. Quant au lucre délirant des grands managers, il est inédit même par rapport au capitalisme manchestérien : les 15 millions d'euros de M. Ghosn cumulant deux salaires de plein-temps (et son conseil d'administration faisant un bras d'honneur aux actionnaires)... L'auto-augmentation de 65 % de M. de Juniac (sans autre mérite que d'avoir supprimé 5000 emplois)... Les 11,5 millions de M. Bompard, octroyés pour une performance exclusivement boursière alors que les résultats nets de l'entreprise piétinaient à bas niveau...

Mai 2016 n'a donc rien à voir avec mai 1936. Sauf sur un seul point : l'aveuglement de la droite. En 1936 ses polémistes invectivaient les "salopards en casquette" et les "femmes en cheveux", forcément avant-garde politiquede l'Armée Rouge. Aujourd'hui la droite s'obstine à croire que le pays gémit sous une "dictature socialiste" ; elle n'ose plus dire "socialo-communiste" mais l'idée est dans les têtes, on n'a pas envie de renoncer à l'Epouvantail... Même les leaders de l'ex-UMP (Juppé, Sarkozy, maintenant Fillon) font semblant de croire que le problème est "le socialisme", et que, pour y faire face, la bonne tactique est l'ultra-libéralisme. Ainsi les nouvelles propositions de Fillon, encore plus gattaziennes que la loi El Khomri révisée Macron : encore plus d'arbitraire managérial, encore moins de protection sociale. Et rien pour les classes moyennes.

Les classes moyennes sont en voie de prolétarisation sous l'impact du modèle économique actuel, et c'est de leur côté que se préparent les futures convulsions. Mais n'essayez pas de le dire à la droite : persuadée que les colères du pays sont dirigées contre "le socialisme", elle en déduit que la victoire de 2017 ira à la plus forte enchère d'ultra-libéralisme.

Qu'elle continue sur cette voie, et elle donnera à François Hollande l'allure d'un moindre mal.

 

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* France Inter, 19 février.

 

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Marina Silva face à la ”sociale-traîtresse” Dilma Rousseff et au jet-setteur Aécio Neves ?

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La militante chrétienne sera-t-elle investie candidate aujourd'hui par le parti socialiste du Brésil ?

 

On saura cette nuit si le Parti socialiste du Brésil (PSB) a su s'élever au dessus des crispations antireligieuses en choisissant Marina Silva pour la présidentielle. C'est en tout cas ce que craignent les candidats du big business : la présidente sortante Dilma Rousseff, du Parti des travailleurs (PT), et le politicien jetset Aécio Neves (centre-droit libéral). Face à Marina Silva, M. Neves serait éliminé au premier tour. Et Mme Rousseff en danger au second... 

L'un et l'autre fourbissent donc leur arme commune, qui consiste à accuser Marina Silva d' « entraver la croissance économique au nom de l'environnement » : autrement dit, on lui reproche de combattre la déforestation suicidaire de l'Amazonie et le recul des cultures vivrières (rognées au profit de l'agro-industrie d'exportation, éthanol etc).

Sans trop le dire, on lui reproche aussi son combat pour que soient tenues les promesses faites aux mal-logés, aux paysans sans terre et à toutes les victimes sociales des reniements des gouvernants PT.

Pour voiler ces reniements, Mme Rousseff utilise aussi une diversion que les Français ont subie en 2013 : appuyée par le LGBT de l'hémisphère Nord (p. ex. ici), elle fait reprocher à la chrétienne d'avoir désapprouvé le mariage gay, instauré sans vote du Parlement. On voit ainsi fonctionner au Brésil le pool bigbusiness-LGBT à l'oeuvre dans le monde.

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Neves et Rousseff, qui sont deux grands bourgeois, se trouvent désarçonnés face à une Marina Silva issue du prolétariat et capable de capter à la fois le vote des anti-PT de toujours, celui des déçus récents du PT, celui des « trahis du PT » qui se mobilisent dans la rue depuis un an, et celui des chrétiens pro-vie protestants et catholiques (très nombreux au Brésil). D'où l'impact d'une candidature Marina, mesuré par les sondages de cette semaine.

Mais Rousseff et Neves ont un atout, leur domination médiatique ; et un espoir, celui de voir le PSB ne pas oser investir la chrétienne – ou, s'il l'investit à reculons, ne pas la soutenir ensuite. Car les politiciens socialistes connaissent l'intention de Marina Silva : voler de ses propres ailes dès que possible...

 

NB – Le Brésil joue un rôle grandissant sur la scène internationale. Et Marina Silva, sur cette scène, est le seul exemple de combattante pro-vie dans une bataille politique au plus haut niveau... Or Marina est à gauche de la gauche, et son combat pro-vie est un volet de son combat contre le « système économique inhumain » (dirait le pape François) qui mutile à la fois l'homme et la nature ! Que ce système soit intrinsèquement lié à la culture de mort, François – après Benoît XVI et Jean-Paul II – vient encore de le rappeler en Corée. Mais cet aspect de son enseignement est gommé par une fraction du milieu catho français, qui n'admet pas l'ombre d'une critique envers le casino financier... Et je reçois au sujet de Marina Silva des messages frémissants, dans le genre : « alors il y a des rouges aussi chez les évangéliques qu'on croyait soutiens de la libre entreprise » ?

 

 

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Foire d'empoigne dans Paris et société d'individualisme

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Contre-coup de la grève des transports dans la capitale : révéler la dégradation des rapports entre individus, liée au climat hyper-individualiste du "nouveau monde" libéral. Ma chronique à Radio Présence (Toulouse Midi-Pyrénées) et Radio Fidélité Mayenne :

http://www.radiopresence.com/IMG/mp3/18122019_chroeco_air...

 

<< Les Parisiens n’ont jamais eu la réputation d’être courtois, ni flegmatiques, et les grèves des transports en commun sont fatigantes pour leurs usagers… D’accord : mais quand on est témoin de ce qui se passe à Paris, dans les rues et le métro, on constate un climat nouveau. Les tensions, la violence et le chacun pour soi atteignent des proportions inédites.

C’est également l’avis de la journaliste du Monde qui titre son article: « Ça hurle et ça klaxonne, les gens deviennent des bêtes...»  Dans les rues, raconte-t-elle, « le code de la route est constamment bafoué, le feu rouge est considéré désormais comme orange, les sens interdits ne parlent ni aux cyclistes ni aux trottinettes, les scooters ne voient vraiment pas pourquoi on leur interdirait la voie des bus. "Jamais vu une telle anarchie ! C’est comme si tout le monde criait : ‘j’ai le droit !", lâche un agent de la circulation qui a renoncé à verbaliser... »  Dans le métro c’est la lutte pour la vie : “Des bagarres éclatent pour entrer dans les rames ou pour en sortir, pour accéder à un siège, pour un pied écrasé, un regard mauvais, des cheveux accrochés. Certains s’isolent et ferment les yeux, écouteurs aux oreilles. Mais il y a des malaises et des crises d’angoisse. Des gens tentent de fuir, découvrent leur claustrophobie, d’autres pètent un câble…”

Ne disons pas que les Français sont comme ça et qu’on l’a bien vu en juin 40 : d’abord une grève des transports n’est pas une invasion militaire ; et ce qui est surtout français, c’est de dire du mal de la France.

En revanche, on peut se demander si l’individualisme (défaut lui aussi très français) n’est pas en train de se changer en égocentrisme pathologique : et si ce changement n’a pas quelque chose à voir avec le climat de la société de consommation. Ce climat efface la civilité parce qu’elle nous poussait à écouter autre chose que notre satisfaction immédiate. Rappelez-vous les scènes de bousculade et d’empoignade dans certaines grandes surfaces, au lancement d'un nouveau gadget téléphonique… Si l’on pousse les individus à n’écouter que leurs désirs dans la vie de tous les jours, on les prépare à se comporter en brute égoïste dans les événements exceptionnels. Je crois que le pape François dans l’encyclique Laudato Si’ analyse ce climat malsain du consumérisme.

On ne se rend compte du bienfait de la civilisation que lorsqu’on l'a perdu…  Dieu veuille que nous l'ayons seulement perdu de vue, et non perdu tout court ! Charles Péguy disait : « Il y a deux barbaries, celle d’avant et celle d’après ». Celle d’avant ouvre sur la civilisation. Celle d’après la civilisation n’ouvre sur rien. Ayez une pensée compatissante pour les Parisiens.  >>

 

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18/12/2019 | Lien permanent

”Politique de l'insensible”, le macronisme séduit la droite

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"Le macronisme est une politique de l'insensible", écrit la philosophe Myriam Revault d'Allonnes. Pas étonnant que les ex-fillonnistes se rallient à la Macronie, avatar de l'autoritarisme :

 

Myriam Revault d’Allonnes (Le Monde 17/12, entretien) :

<< Derrière les discours officiels qui en appellent à la solidarité et à l’universalité, notamment à travers le projet de réforme des retraites, aucun pouvoir n’a assumé avec autant de clarté l’idée que la politique relevait avant tout d’une gestion calculante venant en lieu et place d’une réflexion à long terme sur les fins ultimes de la société dans laquelle nous voulons vivre. Le processus qui veut que la société soit régie sur le modèle de l’entreprise n’est certes pas nouveau. Il caractérise ce qu’on appelle, faute de mieux, la rationalité “néo-libérale” pour qui la politique doit être soumise aux mêmes critères que ceux du management. Ce sont des constats bien connus et sur lesquels il est inutile de revenir. A cet égard, le macronisme n’est pas une invention politique, mais l’aboutissement d’un processus de longue durée. Le “nouveau monde” n’a rien de nouveau, si ce n’est la proclamation explicite, non dissimulée, d’un certain nombre d’impératifs étroitement associés à une vision utilitariste du social. […] Le nouveau modèle de subjectivation proposé aux individus est celui d’un sujet rationnel, entrepreneur de soi-même, performant, soustrait par le calcul et la prévision aux aléas de la contingence et débarrassé du même coup des déchirements intérieurs, des contradictions et des paradoxes qui font sa richesse. A cet égard, le macronisme est une politique de l’insensible. >>

Faut-il s’étonner, ce matin, d’entendre les députés LR dire que leurs électeurs rallient la Macronie ? Dans Libération, Fabien Di Filippo (Moselle) constate : “Montrer SUD-Rail en boucle à la télévision provoque des réactions épidermiques de nos sympathisants”. À propos de ces derniers, Geoffroy Didier (eurodéputé) explique : “Ils n’aiment pas les blocages et la chienlit… Je les sens en accord sur le fond avec le Président.” Selon le sondage Elabe d’hier, la cote d’Edouard Philippe, garant de l’ordre, bondit de dix points chez les ex-fillonnistes [*]. Tentant de reprendre en main ses électeurs affolés par le spectre de Mai 68, la direction de LR brandit le spectre de Mai 1981 en affirmant que la réforme des retraites est “d’inspiration socialiste” ! Pas sûr que cet appel au subconscient puisse encore fonctionner : rien ne peut plus empêcher le bourgeois âgé (dernier électeur de LR) de voir dans le mouvement social un retour du péril rouge, donc en M. Macron un rempart... MM. Didier et Di Filippo vont se trouver un peu seuls.

 

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[*]  Ce qui en dit long sur les ex-fillonnistes : notamment ceux que les médias qualifiaient de “catholiques” malgré leur insensibilité aux encycliques sociales.

 

 

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Quand le tricolore redevient un langage de masse

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Quarante-huit heures de transe unanime... On peut critiquer "la prothèse du sport-spectacle dans la société de masse", mais il y a des choses nouvelles à constater :

 

► 2018 n'est pas 1998. Entre temps trop de drames en France ont impliqué les banlieues. Aujourd'hui les slogans ne parlent pas (comme en 1998) de "black-blanc-beur", c'est-à-dire d'un pays réduit à une "société civile" réduite elle-même  à ses composantes ethniques... En 2018 le monde officiel - et d'abord le service de presse des Bleus - veille à ce que le leitmotiv soit "la République" et "la France". On a vu hier soir Pogba micro en main, sur le perron du jardin de l'Elysée, scander et faire scander dix fois de suite le nom de la France. Une inhabituelle marée de drapeaux tricolores submergeait les Champs-Elysées. C'était le signe de quelque chose.

Sans doute, le patriotisme circonscrit au Mondial de foot a-t-il disparu de domaines plus vitaux. Sans doute, le sport-spectacle dans la société de masse est-il un opium du peuple (qui devrait se soucier du sort qu'on lui prépare). Sans doute, M. Macron croit-il faire oublier sa politique antisociale [1] en exaltant "la gagne" de Bleus natifs du 9-3, comme si le néolibéralisme et le talent footballistique étaient une seule chose...

Mais reste le fait brut : à côté du problème des banlieues islamisées, à côté du problème de la déculturation et de l'américanisation des masses de l'Hexagone, cette Coupe du monde a vu les mêmes masses exprimer un enthousiasme dans le langage du bleu-blanc-rouge. Même si le patriotisme version Griezmann manque de poésie, c'est l'intention qui compte ; l'époque où les Bleus regardaient leurs pieds pendant les hymnes nationaux semble dépassée. Le fait est là ; tant pis si cette joie paraît "cocardière" au pion de Radio France.

 

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[1]  Dont un commentaire de ce blog (Lucas) propose un résumé : "Financiariser l'économie en détruisant l'économie réelle, fermer des lits d'hôpitaux et des écoles, réformer l'imposition des riches de telle manière que les dons aux organisations caritatives ont déjà été divisés par deux, faucher les aides des étudiants désargentés, supprimer les protections sociales, limiter les indemnités versées par les dirigeants d'entreprise reconnus coupables d'avoir violé la loi, achever la mue du rail pour tous en réseau ferroviaire ultramoderne pour nantis mais financés par les contribuables qui n'y auront plus droit, parachever l'enclavement des petites villes et des campagnes, vendre au plus offrant l'énergie hydroélectrique, privatiser le nucléaire (les pauvres seront libérés mais irradiés), nous voler l'assurance chômage pour laquelle nous cotisons depuis 20 ans, défiscaliser les grandes fortunes, laisser courir le mensonge de l'auto-entreprenariat chez les précaires des services de livraison ou de voiturage, tout en traitant les Français qui n'appartiennent pas à votre caste sociale d'illettrés, d'alcooliques, de bons à rien et de flemmards..."

 

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