14/08/2014
Civils de Donetsk : il faut les laisser sans soins ni vivres pour "clore le spectacle"
...nous explique un ''philosophe de Kiev'' :
Le Pr Constantin Sigov : la philosophie mène à tout.
Si vous lisiez Libération,vous y trouveriez ce matin un texte symptomatique. C'est une interview de l'intellectuel ouest-ukrainien Constantin Sigov. Cet universitaire proche du pouvoir kiévien demande qu'on aille « beaucoup plus loin dans les sanctions avec (?) la Russie » – notamment que la France s'engage dans la militarisation de la frontière. Mais il ajoute, et c'est assez étrange de la part d'un professeur de philosophie, que les populations civiles bloquées (sans vivres ni soins) dans Donetsk et Louhansk ne doivent pas être secourues : même si la caravane de camions russes est la seule aide humanitaire existante, on doit l'empêcher d'entrer, car « accepter cette aide, c'est laisser croire que les terroristes qui ont attaqué l'Ukraine sont au fond soucieux d'humanité... Ce n'est pas une façon de clore le spectacle, mais plutôt de l'alimenter en mobilisant de nouveaux partisans. »
Vous avez bien lu. Aux yeux de ce philosophe, correspondant à Kiev des donneurs de leçons du boulevard Saint-Germain, peu importe que des dizaines de milliers de pauvres gens du Donbass – pris entre le marteau et l'enclume – soient réduits à la misère physiologique. La Croix-Rouge occidentale ne se mobilise pas pour eux ? Qu'importe ! Seuls les Russes leur envoient des camions de vivres et de médicaments ? Il faut donc refuser ces camions ! Laisser les familles de Donetsk recevoir des vivres et des médicaments offerts par Moscou, ce serait, selon le philosophe, dédiaboliser les rebelles est-ukrainiens (ces « terroristes qui ont attaqué l'Ukraine ») ; or il ne faut pas relâcher la diabolisation, mais au contraire « clore le spectacle » – à coups de bombes et en affamant les habitants. Car ce qui se passe depuis six mois dans le Donbass est un « spectacle » aux yeux du philosophe de Kiev ; même si le pouvoir de Kiev, il y a six mois, a tout fait pour convaincre les gens du Donbass de sa très concrète malveillance à leur égard, ce qui a créé les conditions psychologiques de l'insurrection.
Que les habitants de Donetsk souffrent et meurent faute de vivres et de médicaments, le Pr Sigov doit considérer ça comme un dégât collatéral. Les habitants de Donetsk sont donc plus mal vus que ceux de Gaza : personne n'ose dire en Occident, ni même à Kiev, que les Gazaoui n'ont qu'à crever puisqu'il ont le Hamas chez eux. Mais Kiev et l'Occident suggèrent que les gens de Donetsk n'ont qu'à crever, puisqu'ils ont les rebelles pro-russes chez eux.
On appréciera l'humanité de ce raisonnement, sachant qu'il vient d'un professeur de philosophie. Et l'on savourera sa conclusion pour l'avenir : « Pourquoi pas un partenariat de Libération avec un journal de Kiev, ou même de Donetsk ? Il faut demander à Bruxelles de soutenir ces projets. »
13:21 Publié dans Idées, Russie-Ukraine-etc | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : ukraine
Commentaires
ANTIQUE ET NOVLANGUE
> En somme, ce monsieur nous explique que Donetsk est assiégée à l'ancienne, à la médiévale ou l'antique: on affame la population dans l'espoir qu'elle impose la capitulation à la garnison. Mais il se permet d'habiller le tout de novlangue moderne.
« accepter cette aide, c'est laisser croire que les terroristes qui ont attaqué l'Ukraine sont au fond soucieux d'humanité"... Voire même laisser croire que les habitants de Donetsk font partie de l'humanité !
Mais à part ça notre siècle est celui du triomphe du progrès sur l'obscurantisme moyenâgeux.
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Écrit par : Phylloscopus / | 14/08/2014
PHOBOSOPHE
> On ne devrait pas plutôt qualifier ce monsieur de phobosophe ?
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Écrit par : Aurélien Million / | 14/08/2014
AUCUNE HUMANITÉ
> Même type de raisonnement exposé par des affiliés de la droite conservatrice américaine lors de la guerre contre l'Irak : ça peut coûter des centaines de milliers de morts, mais ça en vaut la peine pour avoir la démocratie au bout (comprendre l'oligarchie actuelle), et à l'appui il était cité l'exemple d'Hiroshima et Nagasaki.
Ces gens là n'ont aucune humanité et sont l'exemple type des idéologues.
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Écrit par : BCM / | 14/08/2014
IL A LU BHL
> Si, c'est un philosophe, vous n'y connaissez rien, on voit bien qu'il a lu BHL. Puisque Poutine veut secourir les assiégés, ça prouve bien que ce sont des brutes sous-humaines.
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Écrit par : Pierre Huet / | 14/08/2014
LE MASSACRE D'ODESSA
> Le Pr Sigov était-il au récital de BHL à Odessa, hier soir ? A l'heure où la Libye meurt d'une guerre chantée par BHL, le même BHL est venu déclamer ses propres oeuvres à Odessa ... où plus de quarante personnes, le 2 mai, furent tuées par une meute composée de néonazis galiciens (Pravyi-Sektor et UNA-UNSO), de prétoriens d'un oligarque, et d'ultras d'un club de foot local ; avec la complicité de la police et du 'Conseil de Défense et Sécurité nationale' de Kiev dont fait partie l'ex-cofondateur du 'Parti national-social d'Ukraine', devenu 'parti Svoboda').
Le procureur général kiévien d'Odessa, Oleh Makhnistky, l'a reconnu lui-même dès le 3 mai :
« Cette action criminelle n’a pas été préparée par des échelons intermédiaires. Elle a été soigneusement préparée, coordonnée, et des représentants de diverses autorités y ont pris part. »
Si BHL ne reconnaît plus les nazis quand il en voit, il devrait mettre des lunettes.
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Écrit par : Trofim / | 14/08/2014
MORCEAU
> Sur le site de la revue de BHL, il faut lire ce morceau d'anthologie à la gloire dudit BHL "live" à Odessa ! C'est à n'y pas croire :
http://laregledujeu.org/hertzog/2014/08/12/351/quand-bhl-lit-hotel-europe-a-odessa/
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Écrit par : amos / | 14/08/2014
> La philosophie ne rend pas forcément plus humain que le commun des mortels. Pourquoi s'en étonner?
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Écrit par : Blaise / | 14/08/2014
JUSTIFIER DES CRIMES
> Ce ne serait malheureusement pas le premier exemple de "philosophe" ou d'intellectuel prêt à fournir les raisonnements les plus imparables (par leur logique ou leur verbiage) pour justifier des crimes. Il suffit pour cela de partir de postulats faux. Ce qui nous ramène à la définition du fou donnée par Chesterton.
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Écrit par : Sven Laval / | 14/08/2014
RUSSOPHOBIE
> On sous estime la haine éprouvée pour les Russes par à peu près tous leurs voisins, notamment les Baltes, les Polonais et bien sûr les Ukrainiens. Inutile ici de rappeler qu'à l'époque communiste et bien avant, ces peuples ont terriblement souffert de l'hégémonie de leur puissant voisin.
Le fait que la cause ukrainienne soit défendue par les Occidentaux ( et leur médias incultes) n'est pas une raison suffisante me semble t-il pour ne pointer du doigt que les fanatiques ukrainiens et oublier que les Russes ne sont pas très différents.
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Écrit par : Lukas / | 14/08/2014
SAGESSE
> L'amour de la sagesse ? !
Il est loin le temps ou un roi s'adressa à son créateur pour demander la sagesse. Maintenant c'est à "radio anti Russe" que l'on demande la définition de la sagesse. Cette sagesse est devenue partisane. Encore un mot dont on dévoie le sens, cette action a un nom : le dévoiement du sens d'un mot cela s'appelle de la perversion. Voila où nos penseurs de l'audiométrie nous emmènent.
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Écrit par : franz / | 15/08/2014
HAUTE PLATITUDE
> le sinologue Simon Leys, qui vient juste de mourir, avait consacré dans un de ses livres un chapitre à BHL, intitulé "Une excursion en Haute Platitude", où il revenait sur le livre risible de BHL "Impressions d'Asie" :
"Dans son aimable insignifiance, l’essai de M. Lévy semble confirmer l’observation d’Henri Michaux : Les philosophes d’une nation de garçons-coiffeurs sont plus profondément garçons-coiffeurs que philosophes (…) Comme tout le monde s’en doute maintenant, l’Asie n’existe pas. C’était une invention de XIXe siècle eurocentrique et colonial. M. Lévy qui est fort intelligent et a beaucoup voyagé, aurait quand même pu s’en apercevoir (...) On se demande parfois [si BHL] n’aurait pas eu avantage à rester cloîtré dans une cabine hermétiquement close et capitonnée, car, au contact des réalités de la rue, sa prose a fâcheusement tendance à enfler, et, comme un ballon gonflé d’air chaud, elle s’élève bientôt jusqu’à la zone des Hautes Platitudes… région dont elle ne redescendra plus, sauf pour quelques rafraîchissantes plongées dans un brouillard de volapük…
Pour que des Impressions d’Asie de M. Lévy puissent vraiment intéresser, au départ, il faudrait d’abord que M. Lévy fût. Et sitôt qu’il aura remédié à cette carence ontologique, il nous captivera, même avec des Impressions de Pontoise".
http://fabrice-nicolino.com/index.php/
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Écrit par : Serge Lellouche / | 15/08/2014
@ Lukas
> vous avez terriblement raison, c'est bien pour cela que ces pays étaient avides d'adhérer à l'OTAN, de commercer avec l'Europe, ils voulaient absolument sortir d'une dépendance, voire d'une simple influence russe.
Le problème est que la situation en Ukraine est beaucoup plus nuancée selon les régions géographiques et on y rencontre des cultures aussi très différentes, et parfois entremêlées.
Accepter un convoi humanitaire c'est reconnaitre une situation civile non acceptable. Fût-ce effectivement le cas, ce gouvernement anti-russe ne peut s'y résoudre. Par une espèce de solidarité européenne (pour ne pas dire pro US) nos média se rangent docilement derrière cette position.
A ne voir que du blanc et du noir, à ignorer les zones grises, on arrive à des situations intenables.
Dans les années 30 l'Europe était tenue par des gouvernements qui avaient connus les horreurs de 14-18 et voulaient à tout pris éviter de s'y replonger, cela a favorisé les avancées d'Hitler. On nous fait craindre une situation analogue en nous dépeignant une Russie qui voudrait avancer ses pions. C'est une double erreur. D'une part depuis plus 20 ans (la chute du mur) c'est l'ouest qui ne cesse d'avancer ses pions, et avec la Crimée c'est la première fois que la Russie cesse l'hémorragie de sa perte d'influence. En Ukraine l'Ouest a-t-il voulu aller trop vite ? trop loin ? D'autre part nos gouvernements sont tenus par des hommes qui n'ont pas connu la guerre. J'ajouterai un troisième point, depuis la fin de la guerre froide les lobby de l'arment se doivent de trouver d'autres raison de vendre leurs armes : il est curieux que les US n'aient jamais déclenché autant de conflits dans le monde (du moins me semble-t-il - il faudrait en faire une comptabilité exacte). Est-ce une lubie de ma part ou ce dernier point ne mériterait-il pas d'être creuser par nos grands média ?
Dans un autre ordre d'idée je suis affolé par la programmation des film télé, je ne suis pas téléphile mais du peu que j'ai vu j'ai l'impression qu'il en ressort une grande promotion du sentiment insécurité.
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Écrit par : franz / | 15/08/2014
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