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Les 10 questions du ministère russe de la Défense
...au gouvernement de Kiev :
<< 1. Immédiatement après la tragédie, les autorités ukrainiennes, bien sûr, ont accusé les forces d’autodéfense. Sur quoi fondez-vous ces accusations ?
2. Le gouvernement de Kiev peut-il expliquer en détail comment il utilise le système de missiles Buk dans la zone de conflit ? Et pourquoi, en premier lieu, ces systèmes ont été déployées là puisque les forces d’autodéfense n’ont pas d’avions ?
3. Pourquoi les autorités ukrainiennes ne font-elles rien pour mettre en place une Commission internationale ? Quand la Commission commencera-t-elle ses travaux ?
4. Les forces armées ukrainiennes sont-elles disposées à laisser les enquêteurs internationaux examiner l’inventaire de leurs missiles air-air et sol-air, y compris ceux utilisés dans les systèmes SAM ?
5. La Commission aura-t-elle accès à des données de surveillance internationales - provenant de sources fiables - en ce qui concerne les mouvements d’avions militaires ukrainiens le jour de la tragédie ?
6. Pourquoi les contrôleurs du trafic aérien ukrainien ont-ils laissé l’avion de s’écarter de la voie normale vers le Nord, vers la zone de "opérations antiterroristes" ?
7. Pourquoi l’espace aérien au-dessus de la zone de guerre n’avait-il pas été fermé aux vols civils, et surtout pourquoi la région n’était-elle pas entièrement couverte par les radars de navigation ?
8. Quels sont les commentaires officiels de Kiev sur le rapport apparu dans les médias sociaux, vraisemblablement d’un contrôleur de la circulation aérienne espagnole qui travaille en Ukraine, sur le fait qu’il y avait deux avions militaires ukrainiens volant près du Boeing 777 sur le territoire ukrainien ?
9. Pourquoi le Service de sécurité de l’Ukraine a-t-il commencé à travailler avec les enregistrements des communications entre les contrôleurs aériens et l’équipage du Boeing ukrainien et des données des systèmes de stockage de radar ukrainien, sans attendre les enquêteurs internationaux ?
10. Quelles leçons l’Ukraine a-t-elle tiré de l’incident similaire en 2001, lorsqu’un Tu-154 russe s’est écrasé dans la mer Noire ? Ensuite, les autorités ukrainiennes ont nié toute implication des forces armées ukrainiennes, jusqu’à ce qu’une preuve concluante ait établi la culpabilité de Kiev. >>
http://histoireetsociete.wordpress.com/2014/07/20/le-mini...
C'est aussi dans Le Point : ici
21/07/2014 | Lien permanent
Catastrophe en Irak - ”Ce chaos a été créé par les Américains”, souligne le dominicain irakien Ephrem Azar
Le P. Azar ce matin à France Info
Le pape François appelle les grandes puissances à intervenir pour "mettre fin au désastre humanitaire" :
Dans les villes chrétiennes (Karakoch, Makhmat, Tel Kaif) abandonnées par les soldats kurdes, les djihadistes commencent pillages et exécutions. Deux cent mille chrétiens et yezidi ont fui vers Erbil, la capitale kurde, où une partie d'entre eux s'entassent sans abris. Les familles qui n'ont pu atteindre Erbil avant que les djihadistes ne coupent la route, errent sans eau ni vivres dans le djebel. Une soixantaine d'enfants seraient déjà morts de soif, selon les messages de rares secouristes... Selon « un haut responsable américain » (Reuters) une aide humanitaire serait aéroportée : parachutée au hasard, elle risque de se perdre ou d'atterrir chez les djihadistes.
Cette catastrophe, comparable aux exodes de masse de la guerre civile en ex-Yougoslavie, est l'effet du repli des combattants kurdes. Et ce repli est le résultat : 1. de l'infériorité kurde face aux djihadistes (armés de l'arsenal US de l'armée irakienne) ; 2. de l'erreur tactique des politiciens kurdes, qui avaient envoyé leurs meilleures troupes couvrir Bagdad.
La nullité sectaire du gouvernement de Bagdad empêche par ailleurs tout sursaut « patriotique » dans le pays, livré à la guerre des clans depuis l'invasion et l'occupation aveugle de l'Irak par les Etats-Unis [*]. D'où le jugement du dominicain irakien Ephrem Azar, invité de France Info ce matin : « Le chaos en Irak a été créé par les Américains. » À méditer par les bons paroissiens français.
Noter au passage l'objectivité de France Info, qui n'a pas hésité à consacrer sa tranche matinale aux chrétiens d'Irak [**] en invitant, outre le P. Azar, Faraj Benoît Camurat (président de Fraternité en Irak) et l'universitaire Joseph Yacoub. Dans la même séquence de France Info, ce diagnostic de Gilles Kepel : « Qui est derrière les djihadistes ? Ceux qui souhaitent affaiblir l'Iran et le pôle chiite dans la région... » En clair : les pétromonarchies sunnites et les intérêts pétroliers américains. Quant au gouvernement israélien, en guerre latente avec le Hezbollah chiite libanais – et toujours à la recherche d'un casus belli contre Téhéran –, il observe la catastrophe avec attention.
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[*] comme la Libye depuis l'agression franco-britannique de 2012.
[**] Pendant ce temps, France Inter faisait de la propagande de guerre ouest-ukrainienne.
08/08/2014 | Lien permanent | Commentaires (4)
Frappe française en Irak - Daech progresse en Syrie
...la posture Hollande est donc invalidée :
Comme nous le disions hier matin au Débat de la semaine de RND, la posture Hollande au Proche-Orient est psychorigide : ne bombarder qu'en Irak, car bombarder Daech en Syrie ferait « le jeu d'Assad ».
Résultat : premières frappes françaises en Irak (contre un dépôt de Daech près de Mossoul), mais offensive victorieuse de Daech en Syrie (conquête de soixante villages kurdes). « Huit cents Kurdes syriens ont disparu entre les mains des djihadistes », déplore l'OSDH, organisme anti-Assad basé à Londres. Quarante-cinq mille habitants de la région conquise ont fui en Turquie ; le régime Erdogan a dû les laisser entrer – mais avec réticence, étant hostile aux Kurdes et complice de Daech.
François Hollande reste donc rivé aux axiomes en vigueur à Paris et Bruxelles. Ces axiomes ont deux graves défauts : étant des a-priori, ils ne peuvent évoluer ; étant factices, ils ont déjà inspiré des actes durablement désastreux (occupation de l'Afghanistan, livraison de la Libye aux djihadistes, néo-guerre froide contre la Russie. La liste n'est pas close).
Paris n'est pas le seul joueur aveugle. Washington l'est aussi. L'aberrante Susan Rice*, « conseillère à la sécurité nationale » de Barack Obama, annonce que l'Armée syrienne libre (ASL) va être armée et ravitaillée ; le matériel livré à l'ASL – discréditée en Syrie – finira chez les djihadistes, mais Mme Rice ne s'arrête pas à ces détails. L'axiome voulant qu'il existât une « opposition syrienne modérée », on fera comme s'il y en avait une ; peu importent les conséquences.
Que faudrait-il faire en Irak et en Syrie ? Relisons Dominique de Villepin : ce blog, note du 17/09.
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* Ambassadrice des USA à l'ONU, cette personne avait qualifié de « merde » l'intervention française au Mali (pourtant seule initiative élyséenne approuvée par les gens compétents). Mme Rice est l'une des candidates possibles à la présidentielle américaine. Qualifiée par la presse de « neocon démocrate », elle voit le monde extérieur d'une façon aussi fausse que son homonyme Condoleezza Rice. Ni l'une ni l'autre n'ont la cote auprès du Congressional Black Caucus à Washington.
20/09/2014 | Lien permanent | Commentaires (1)
Le Kremlin mis en demeure par... un amiral américain
Les "camions blancs" russes rentrent chez eux après avoir déchargé vivres et médicaments. Mais l'abus de pouvoir du Pentagone (hier) donne un malaise aux diplomates :
C'est le Pentagone, quartier général des armées américaines, qui a « exigé » – par la voix d'un amiral – que « la Russie » retire « immédiatement » son convoi, « sous peine de nouvelles sanctions » !
Dans les Etats de droit, menacer une puissance étrangère est du ressort du chef de l'Etat ou – par délégation – du ministre des affaires étrangères (le « secrétaire d'Etat » aux USA). Ce n'est pas du ressort des militaires, au moins tant qu'une guerre n'est pas déclarée.
Alors quoi ? Washington se considère comme en état de guerre avec la Russie ?
On a du mal à l'imaginer, en plein drame irakien.
Mais c'est la logique d'un communiqué aux termes duquel les militaires s'arrogent le droit de menacer le Kremlin et d'annoncer « de nouvelles sanctions » !
Et de deux choses l'une : ou bien il s'agit d'une aggravation des sanctions économiques, ce qui n'est pas du ressort du Pentagone ; ou bien il s'agit de passer à des frappes militaires, mais cette décision, elle non plus, n'est pas du ressort du Pentagone !
Dans les deux cas, le communiqué d'hier inspire un malaise grave.
Lancer des ultimatums est la prérogative du chef de l'Etat, chef des armées. Or M. Obama n'est intervenu que plusieurs heures après le communiqué du Pentagone, et pour se contenter de dire que l'entrée des camions en Ukraine était « une provocation supplémentaire ». Déclaration plus faible que celle de l'amiral...
Moscou répond que la stratégie américaine depuis dix ans est elle-même une « provocation », puisqu'elle consiste à implanter des bases de missiles et de troupes spéciales de plus en plus près des frontières russes. C'est à cette manoeuvre d'encerclement hostile que l'action russe en Ukraine cherche à répondre.
Washington le sait très bien. L'Europe a encore le temps de s'en apercevoir. Elle peut encore descendre du train blindé américain qui roule vers on ne sait quoi, avec un amiral aux commandes et M. Rasmussen à la sirène.
23/08/2014 | Lien permanent | Commentaires (14)
Le Mali, l'OTAN, l'Europe, le pape et la paix (2)
Ma chronique à Radio Présence (Toulouse Midi-Pyrénées) :
https://radiopresence.com/IMG/mp3/04122019_chroeco_airtem...
<< Ce lundi, la France a rendu les honneurs aux treize militaires morts au Mali au cours d'une opération. Le seul média à ne pas s'associer à cet hommage fut Charlie Hebdo, avec des caricatures ridiculisant la mort des treize hommes et la fonction militaire. Incohérence de la part du journal : en effet, nos militaires sont morts en combattant des terroristes semblables à ceux qui ont massacré la rédaction de Charlie en janvier 2015 !
Que Charlie, en novembre 2019, ne voie dans le drame du Mali qu’une occasion de répéter (une fois de plus) une vieille haine envers l’armée, témoigne d’une routine avoisinant la torpeur. D’aucuns parleraient même de “mort cérébrale”.
Cette expression (pittoresque) a par ailleurs été employée récemment par Emmanuel Macron à propos d’un autre sujet militaire : l’OTAN. Des médias s’offusquent du mot “mort cérébrale”. Ils ont tort. L’OTAN n’est peut-être pas tout à fait morte, mais elle ne tient plus debout. Son centre nerveux américain se déconnecte, son gros bras turc bouge tout seul…
Et surtout, son milieu vital d’autrefois n’existe plus. Je veux dire : elle n’a plus de raison d’exister en tant qu’Alliance atlantique… Même si la politique actuelle du Kremlin est critiquable selon les points de vue, personne ne peut croire que la Russie actuelle soit aussi dangereuse qu’autrefois l’URSS. A quoi sert aujourd’hui une alliance créée en 1949 par les Etats-Unis pour faire face à Staline ? Ne serait-il pas urgent de discerner où sont les intérêts géopolitiques européens, dont M. Obama se détournait discrètement et dont M. Trump se détourne ouvertement ?
Fédéraliser les armées européennes paraît une utopie. Mais s’il y avait seulement un minimum de solidarité entre pays d’Europe, les Français, par exemple, ne seraient pas seuls au Mali. Il est temps que les Européens se réveillent, et comprennent qu’un certain rêve est fini : celui d’une Europe commerciale dans un paradis libéral imaginaire. Le monde réel est celui des conflits : la France est presque seule en Europe à reconnaitre cette réalité et à l’affronter. La plupart de nos partenaires européens voudraient que rien n’ait changé et que le parapluie nucléaire américain existe encore. Ils feraient mieux de réfléchir à ce qu’a dit le pape au Japon : face aux nouveaux défis, l’arme nucléaire (de toute façon) n’est plus une réponse. Surtout à l’époque de M. Trump, a-t-on envie d’ajouter… Le pape appelle à construire la paix. Cela n’implique pas de cesser de résister à des agressions meurtrières : cela implique de renoncer à des instruments qui, en aucun cas, ne sauraient servir le bien commun. >>
04/12/2019 | Lien permanent
Russie-Ukraine : l'attitude des Eglises orthodoxes
Ce qu'on ne voit pas (grâce à Dieu) dans le ciel ukrainien
Ukrainien et russe, ces deux lieux de l'orthodoxie slave peuvent-ils éviter l'appel aux armes au nom de la religion ? Ce serait heureux pour le sens même du christianisme... Mon éditorial de 7h55 à RCF :
<< Les événements d’Ukraine nous appellent à secourir les réfugiés. Ces événements nous appellent aussi à réfléchir sur les aspects spirituels du drame. Constatons que, dans cette guerre, les deux Eglises orthodoxes – la russe et l’ukrainienne, la seconde imitant en cela la première – gardent une certaine réserve : pas d’appel aux armes au nom de la religion ! Car ce qui est assiégé par l’artillerie russe, c’est une des villes saintes du monde slave, la ville de Kiev, christianisée au dixième siècle par son roi saint Vladimir : ville dessinée au onzième siècle autour de trois monastères, d’une cathédrale (Sainte-Sophie “la merveille du Nord”), et de 400 églises... Et qui menace cette antique cité chrétienne ? L’armée de Vladimir Poutine, chef d’Etat converti en fanfare à la religion orthodoxe : il participe pieusement aux Saintes Liturgies mais déclare que la religion “fait partie des valeurs nationales russes”.
Félicitons donc les chefs de l’Eglise russe de ne pas enrôler ici la religion au service de la politique. Car dans ces cas-là, le christianisme risque de se trouver compromis dans des situations contraires à l’Evangile (parfois même dans des impasses sanglantes). Et il risque encore plus sûrement de perdre son sens et son âme.
Le christianisme n’est plus lui-même quand il devient le confort spirituel d’une certaine politique, et quand son rôle est réduit par exemple à bénir un nationalisme. Et à le bénir quoi qu’il fasse, même si c’est contraire au Christ… C’est affadir le sel de l’Evangile, et ce serait d’autant plus consternant si cette annexion du religieux – menée par une politique qui se fait le porte-drapeau des traditions nationales – était acceptée par les prélats. Malgré sa proximité coutumière avec le Kremlin, l’Eglise russe sait, par sa longue et douloureuse expérience, que le christianisme perd toujours la partie quand il se laisse annexer. Si donc l’Eglise russe persiste à ne pas bénir le siège de Kiev par l’armée de Poutine, si l’Eglise ukrainienne persiste à imiter cette prudence de l’Eglise russe, disons-le : c’est presque un témoignage évangélique. >>
07/03/2022 | Lien permanent
Vers la guerre thermonucléaire en Europe : “euphorie” US, “somnambulisme” des Européens
Dans Le Figaro (9/05), Henri Guaino constate que nous marchons vers la guerre mondiale en “somnambules” poussés par Biden. Dans Le Monde (10/05), Piotr Smolar, correspondant à Washington, révèle “l’inavouable euphorie de Washington contre Moscou” :
Extraits de l'article de Smolar :
<< Washington réfute toute idée de cobelligérance. Toutefois (…) le Moskva, navire amiral de la flotte russe, aurait-il pris l’eau sans renseignements américains ? Le tir d’un missile Neptune a certes été déclenché par les Ukrainiens, infligeant une humiliation à l’armée russe. Mais le 6 mai, le Washington Post a affirmé que ce succès n’aurait pas été possible sans la contribution préalable des Etats-Unis. De quelle nature ? Brouillard volontaire. « L’Ukraine combine les informations que nous et d’autres fournissons avec le renseignement qu’elle rassemble elle-même, et ils prennent leurs propres décisions », a expliqué le porte-parole du département de la défense, John Kirby. Ce dernier répondait, le 5 mai, à une autre révélation du New York Times. Selon le quotidien, l’armée américaine aurait permis de localiser et de tuer une douzaine de généraux russes. Un chiffre spectaculaire. (…) Cette succession de révélations (…) trahit l’inavouable euphorie qui a saisi une partie du « blob », surnom donné au petit cercle des experts en politique étrangère, aux vues consensuelles, au-delà des lignes partisanes. La guerre déclenchée en Ukraine par la Russie le 24 février est d’une grande clarté morale, avec un agresseur et un agressé. Mais ce contexte et la surenchère de livraisons d’équipements militaires à Kiev (3,7 milliards de dollars) n’effacent pas les interrogations sur la stratégie américaine. (…) Contrairement aux Européens, les Etats-Unis ne font même pas mention d’une nécessaire issue diplomatique, dans deux mois ou dans deux ans. D’où la surenchère rhétorique, l’usage répété du mot « paria » pour décrire la Russie, la volonté d’accentuer les sanctions économiques. Quel est le but du soutien américain à l’Ukraine ? Jusqu’où, et pendant combien de temps ? (…) « Parler de victoire et d’affaiblissement de la Russie est assez alarmant, souligne Charles Kupchan, chercheur au ‘Council on Foreign Relations’. Le discours actuel se focalise sur les besoins ukrainiens : plus de Stinger et de Javelin, de munitions et de drones… Mais je n’entends pas parler d’objectifs de guerre. Où va-t-on ? L’OTAN devrait en discuter en interne, et avec les Ukrainiens. Dans un monde idéal et agréable, l’Ukraine reprendrait toute la Crimée et le Donbass. Mais est-ce faisable et stratégiquement sage ? Ou dangereux, car élevant le risque d’escalade ? » (…) Pour l’heure, de telles réserves sont presque inaudibles dans le débat américain. « Il faut qu’on arrête de parler de “victoire” en Ukraine, quelle que soit la signification, écrivait sur Twitter Aaron David Miller, ancien diplomate et expert au Carnegie Center, le 29 avril : (…) L’objectif final de l’Ukraine et les nôtres ne sont pas forcément alignés. » >>
14/05/2022 | Lien permanent | Commentaires (7)
Allons-nous déclencher la machine infernale ?
'Dr Folamour' : nos commentateurs aussi ont l'air d'avoir appris à "aimer la bombe".
Les Européens vont à reculons vers la Troisième Guerre mondiale. Nos médias ironisent sur les avertissements nucléaires de Poutine comme si de toute évidence il s'agissait d'un bluff... Ma chronique aux radios Présence (Toulouse Midi-Pyrénées) et Fidélité Mayenne :
<< Un pas vers la guerre générale pourrait être franchi. Le président Biden annonce de jour en jour des degrés supplémentaires d’armes lourdes livrées à l’Ukraine : "drones tueurs" Phoenix Ghost ou Switchblade, obusiers Howitzer, hélicoptères d'assaut, toutes choses que Biden refusait à Kiev il y a encore trois semaines. Pour ne pas être en reste, des gouvernements européens livrent eux aussi des armes offensives malgré la faiblesse de leurs arsenaux : ainsi la France va envoyer à Kiev une partie de son tout petit nombre de canons automoteurs Caesar. Devant les membres de l’OTAN réunis sur la base de Ramstein en Allemagne, le chef d’état-major du Pentagone déclare que cette réunion a pour objectif de faire gagner l’armée ukrainienne. Lundi, le secrétaire américain à la Défense a déclaré que le but des Etats-Unis est de “voir la Russie affaiblie”.
Mais ça, c’est la ligne rouge qui transforme les Occidentaux en cobelligérants, répond le ministre russe Sergueï Lavrov. Lundi soir il déclare pour la deuxième fois qu’une extension du conflit peut dégénérer en guerre nucléaire mondiale. Je cite Lavrov : “Le danger est grave et réel, il ne faut pas le sous-estimer !”
Or les Occidentaux ont l'air de sous-estimer ce danger. Avec une certaine incohérence, ils estiment que Poutine a perdu la raison en déclenchant une guerre, mais en même temps, qu’il n’appuiera pas sur le bouton nucléaire… C’est un pari, parce que nous n’avons aucun moyen d’évaluer ce qui se passe réellement dans la tête de gens comme Poutine et Lavrov.
Nous savons pourtant que selon eux le monde russe ne fait que se défendre contre le monde américain, qu’ils accusent d’assiéger la Russie depuis la chute de l’URSS. Toujours selon eux, les extensions de l’OTAN à des pays anciennement soviétiques sont une menace virtuelle contre les intérêts vitaux de la Russie : c’est ainsi qu’ils interprètent l’aide militaire de plus en plus lourde et massive que Washington apporte à l’Ukraine – et les dernières déclarations de la Maison Blanche ont étrangement l’air de confirmer les craintes de Moscou. Ces craintes, s’ajoutant aux insuccès de l’armée russe sur les fronts d’Ukraine, sont-elles capables de pousser le Kremlin à déchaîner le feu nucléaire sur l'Ukraine ? voire sur des pays d’Europe, ou même sur les Etats-Unis malgré leur grande capacité de riposte ? On n’en sait rien. On est réduit aux conjectures… Nous sommes assis autour d’une machine infernale. Prions pour que le bon sens revienne à temps. >>
29/04/2022 | Lien permanent | Commentaires (13)
Le Vatican condamne le bellicisme soudain de M. Macron
Propos sévères du cardinal secrétaire d'Etat, Pietro Parolin, contre la posture matamore du président français... Contrairement à M. Macron, le cardinal est un expert en relations internationales :
Le cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin (photo) est un diplomate expérimenté : il fut notamment la cheville ouvrière du Saint-Siège dans la consolidation du traité mondial de non-prolifération, seul instrument légal visant à favoriser un monde sans arme nucléaire. Actif dans les négociations internationales sur le programme nucléaire de l’Iran, actif en Corée du Nord, actif dans les rapports entre le Vatican et la Chine, actif dans l’amélioration des rapports entre Cuba et les Etats-Unis, actif pour “la construction de la maison européenne” (comme dit le Vatican), le cardinal Parolin a rencontré Vladimir Poutine : quand il parle des relations entre l’Europe et la Russie, il sait de quoi il parle.
Or le cardinal Parolin vient de condamner fermement la nouvelle attitude du président Emmanuel Macron vis-à-vis de Moscou. En effet M. Macron parle (maintenant) d’envoyer des troupes françaises face à l’armée russe, et dit qu’il ne doit “pas y avoir de limites” à l’intervention française dans la guerre d’Ukraine. Pour le cardinal, cette nouvelle posture du président français constitue “un scénario terrifiant”. Il explique : “Ce serait l’escalade que nous avons toujours cherché à éviter. Le fait que la guerre s’éternise ne peut justifier une escalade militaire !”
La seule issue à ce conflit, selon le secrétaire d’Etat du pape, serait que Kiev et Moscou “se mettent à se parler". En disant cela, le cardinal Parolin met en œuvre la politique constante du Vatican qui est de toujours tenter d’ouvrir des chemins à la paix, y compris dans les situations les plus violentes… Certains diront que c’est de l’utopie. Le cardinal secrétaire d’Etat préfère dire que dans les relations internationales le dialogue est "un idéal" – mais qui finit par s’établir quand les deux adversaires sont exténués. Pourquoi remettre à plus tard ce qui pourrait être obtenu sans attendre ? La politique du pire est la pire des politiques. Et le Saint-Siège juge que l’Elysée risque de faire la politique du pire sans qu’on sache bien pourquoi.
D’un autre point de vue, je me permettrai d’ajouter que la France n’a pas les moyens de mener une politique martiale. Selon les experts militaires, dans une guerre conventionnelle notre armée actuelle ne tiendrait que deux ou trois semaines. Quant à se rabattre sur la force nucléaire française, ce serait se jeter dans l'enfer ultime. Rappelons d’ailleurs que cet emploi de la Bombe est impossible dans son principe : notre force nucléaire n’a été fondée par le général de Gaulle que “pour défendre la France, si ses intérêts vitaux étaient immédiatement menacés”. Et rien ne montre que la Russie veuille nous envahir, n'en déplaise au Monde et à LCI.
12/03/2024 | Lien permanent | Commentaires (4)
Baby-Loup : faux problème ?
Le feuilleton médiatique de la "laïcité" recommence, avec le retour en appel de l'affaire de la crèche et du voile :
La première décision d'appel avait donné raison à la crèche (refus du voile au nom de la « laïcité ») ; la Cour de cassation, vigilante gardienne du communautarisme, avait récusé cette décision, au motif que la loi sur les signes religieux ne s'applique pas aux entreprises privées... Que vont décider les nouveaux juges d'appel ? S'ils reprennent la jurisprudence de l'arrêt cassé, la Cour de cassation va-t-elle re-casser mais sans renvoi, comme pour l'affaire Dreyfus ? Ce serait disproportionné. Mais symptomatique.
En effet, toute cette affaire est marquée par la panique intellectuelle :
- Première incohérence, l'abus du mot « laïcité ». Ce terme indéfinissable (absent des lois de 1905) peut être chargé de n'importe quel contenu, et nul ne sait à quoi il s'applique. S'il s'agit de garantir la neutralité des services publics, il y avait déjà dans les lois de quoi s'en assurer. S'il s'agit d'empêcher l'expression des convictions religieuses dans la société civile, c'est un abus flagrant. Quant aux entreprises privées, il y avait déjà suffisamment d'anti-discrimination dans les codes pour fixer des normes aux employeurs.
- Deuxième incohérence : la confusion entre coutumes communautaires et prescriptions religieuses... Le Coran dit aux femmes d'avoir quelque chose sur la tête (mais ne parle pas de burqa ni même de haïk) ; saint Paul en faisait autant à son époque ; il s'agissait de contextes culturels datés et situés. La question du voile et de sa dimension est une affaire culturelle déguisée en prescription religieuse, et diffusée dans l'hémisphère nord par l'émigration arabo-musulmane. Raison pour laquelle on discerne aujourd'hui, derrière les postures « laïques », une peur qui n'ose pas dire son nom : elle vise l'immigration en tant qu'immigration, bien plus qu'en tant que vecteur d'une religion. Ce refoulement se défoule obliquement en « vigilance laïque », et c'est le symptôme d'une hystérie latente dans la classe politico-médiatique.
- Troisième incohérence, une contradiction désormais entre deux branches du système : le politico-médiatique et le publicitaire. Contrairement au premier, le second ne fait aucune objection au communautarisme, qui se traduit pour lui en segments de marchés supplémentaires. D'où le boom de la pub et des rayons halal dans les hypermarchés, etc.
- Quatrième incohérence, liée à la précédente : celle des « libéraux-conservateurs », qui croient pouvoir soutenir le tout-marchand (au nom du libéralisme) tout en l'empêchant (au nom du « conservatisme ») de suivre sa logique : l'extension permanente du domaine de la marchandise – par exemple en direction des communautarismes, ou du LGBT, etc. Comme dit Bossuet, Dieu se rit de ceux qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes.
On pourrait ajouter d'autres incohérences à cette liste de symptômes, affectant une société ataxique et décérébrée.
17/10/2013 | Lien permanent | Commentaires (9)