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12/03/2024

Le Vatican condamne le bellicisme soudain de M. Macron

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Propos sévères du cardinal secrétaire d'Etat, Pietro Parolin, contre la posture matamore du président français... Contrairement à M. Macron, le cardinal est un expert en relations internationales :


2719761151.jpgLe cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin (photo) est un diplomate expérimenté : il fut notamment la cheville ouvrière du Saint-Siège dans la consolidation du traité mondial de non-prolifération, seul instrument légal visant à favoriser un monde sans arme nucléaire. Actif dans les négociations internationales sur le programme nucléaire de l’Iran, actif en Corée du Nord, actif dans les rapports entre le Vatican et la Chine, actif dans l’amélioration des rapports entre Cuba et les Etats-Unis, actif pour “la construction de la maison européenne” (comme dit le Vatican), le cardinal Parolin a rencontré Vladimir Poutine : quand il parle des relations entre l’Europe et la Russie, il sait de quoi il parle.

Or le cardinal Parolin vient de condamner fermement la nouvelle attitude du président Emmanuel Macron vis-à-vis de Moscou. En effet M. Macron parle (maintenant) d’envoyer des troupes françaises face à l’armée russe, et dit qu’il ne doit “pas y avoir de limites” à l’intervention française dans la guerre d’Ukraine. Pour le cardinal, cette nouvelle posture du président français constitue “un scénario terrifiant”. Il explique : “Ce serait l’escalade que nous avons toujours cherché à éviter. Le fait que la guerre s’éternise ne peut justifier une escalade militaire !” 

La seule issue à ce conflit, selon le secrétaire d’Etat du pape, serait que Kiev et Moscou “se mettent à se parler". En disant cela, le cardinal Parolin met en œuvre la politique constante du Vatican qui est de toujours tenter d’ouvrir des chemins à la paix, y compris dans les situations les plus violentes… Certains diront que c’est de l’utopie. Le cardinal secrétaire d’Etat préfère dire que dans les relations internationales le dialogue est "un idéal" – mais qui finit par s’établir quand les deux adversaires sont exténués. Pourquoi remettre à plus tard ce qui pourrait être obtenu sans attendre ?  La politique du pire est la pire des politiques. Et le Saint-Siège juge que l’Elysée risque de faire la politique du pire sans qu’on sache bien pourquoi.

D’un autre point de vue, je me permettrai d’ajouter que la France n’a pas les moyens de mener une politique martiale. Selon les experts militaires, dans une guerre conventionnelle notre armée actuelle ne tiendrait que deux ou trois semaines. Quant à se rabattre sur la force nucléaire française, ce serait se jeter dans l'enfer ultime. Rappelons d’ailleurs que cet emploi de la Bombe est impossible dans son principe : notre force nucléaire n’a été fondée par le général de Gaulle que “pour défendre la France, si ses intérêts vitaux étaient immédiatement menacés”. Et rien ne montre que la Russie veuille nous envahir, n'en déplaise au Monde et à LCI. 

 

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Commentaires

BON SENS

> C'est le bons sens même, mais actuellement ceux qui font preuve de bon sens dans les instances dirigeantes sont hélas très peu nombreux.
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Écrit par : Bernadette | 12/03/2024

"L'OCCIDENT" EN FOLIE

> Le pape suggère simplement qu'on négocie pour trouver la paix et ça suscite un tollé en Ukraine et en Occident ! A-t-on jamais été à ce point belliciste ? Les Ukrainiens ne refusent de négocier que parce qu'ils y sont poussés par l'occident. Quel peut être leur intérêt là-dedans ?
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Écrit par : Albert / | 13/03/2024

'LA CROIX' AUSSI

> Même La Croix participe à la bronca belliciste contre le pape :
https://www.la-croix.com/a-vif/le-pape-francois-n-est-pas-infaillible-sur-le-terrain-geopolitique-20240313
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Écrit par : Albert / | 13/03/2024

L'OTAN CONTRE LES PEUPLES

> Il y avait un temps où l'on manifestait pour que l'Europe ne suive pas l'OTAN dans ses belligérances (Irak, Syrie...).
Maintenant, les États-Unis n'ont même plus besoin de nous attirer dans leurs conflits, nous faisons le sale boulot à leur place.
Une attitude intelligente dans cette guerre serait de réconcilier les différentes zones linguistiques de l'Ukraine (ukrainophones, russophones, moldavophones, roumanophones...). Mais l'OTAN vient parasiter ce schéma parce que son seul intérêt, c'est de renforcer ses positions stratégiques face à la Russie. Les peuples victimes de conflits depuis des décennies attendront pour qu'on s'occupe d'eux.
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Écrit par : Cyril B / | 14/03/2024

DÉBAT

> Difficile pour moi de vous suivre sur ce sujet au regard de ce que j'observe dans le milieu de la Défense, qui est celui dans lequel j'évolue.
D'abord, l'interprétation des propos du Président de la République est erronée : il n'a pas dit qu'il comptait envoyer des troupes françaises en Ukraine, mais qu'il ne l'excluait pas si la situation l'exigeait. C'est très différent. Ce faisant, le discours présidentiel est marqué par une inflexion majeure : constant que le dialogue avec les autorités russes est un dialogue de sourd (cf. les efforts du PR lorsque la France assurait la présidence de l'Union européenne, au moment même où M. Poutine déclenchait son offensive en Ukraine) et que celles-ci musclent leur récit, M. Macron revient aux classiques de la dialectique stratégique qui a eu ses lettres de noblesse dans l'affrontement Est-Ouest de la Guerre froide. Même si c'est navrant, c'est regarder le monde tel qu'il est.
En effet, et c'est mon deuxième point, l'initiative de paix est entre les mains des autorités russes. Ce sont elles qui ont déclenché cette guerre et qui ont tout pouvoir pour l'arrêter. Un cessez-le-feu déclaré par M. Poutine, même unilatéral, le grandirait. Il pourrait ainsi montrer une forme de magnanimité et, si d'aventure l'Ukraine le refusait, stigmatisée la partie adverse de vouloir la guerre facilitant ainsi la continuité du récit sur les nazis en Ukraine, l'Occident collectif haineux etc. Mais cela est de la politique fiction, car ses discours et sa posture transpirent la rancune contre l'Ukraine, ses dirigeants et sa population. Cette vision impérialiste (i.e. l'Ukraine est dans notre zone d'influence et le restera, quitte à la détruire complètement) est toxique. D'ailleurs, les dernières déclarations du Patriarche Cyrille reprennent cette vision démentielle et sont à mille lieux du message de paix porté par le Pape.
En conclusion, oui c'est bien le rôle de l'Eglise de rappeler la nécessité d'oeuvrer à la paix. En revanche, je crains que le Pape François, issu du continent sud-américain, ait du mal à comprendre les forces obscures qui continuent à tirailler le continent européen. Songeons à ce que les Papes Jean-Paul II ou Benoît XVI auraient pu dire face aux brutes qui sont au pouvoir en Russie, (in)dignes héritiers des Soviétiques qu'il ont eux-mêmes combattus.

Renaud V.


[ De PP à RV – C'est vraiment une question de regard géopolitique. Et d'analyse des responsabilités sur trente ans. Et de réalisme en matière de moyens militaires... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Renaud V. / | 31/03/2024

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