14/05/2022
Vers la guerre thermonucléaire en Europe : “euphorie” US, “somnambulisme” des Européens
Dans Le Figaro (9/05), Henri Guaino constate que nous marchons vers la guerre mondiale en “somnambules” poussés par Biden. Dans Le Monde (10/05), Piotr Smolar, correspondant à Washington, révèle “l’inavouable euphorie de Washington contre Moscou” :
Extraits de l'article de Smolar :
<< Washington réfute toute idée de cobelligérance. Toutefois (…) le Moskva, navire amiral de la flotte russe, aurait-il pris l’eau sans renseignements américains ? Le tir d’un missile Neptune a certes été déclenché par les Ukrainiens, infligeant une humiliation à l’armée russe. Mais le 6 mai, le Washington Post a affirmé que ce succès n’aurait pas été possible sans la contribution préalable des Etats-Unis. De quelle nature ? Brouillard volontaire. « L’Ukraine combine les informations que nous et d’autres fournissons avec le renseignement qu’elle rassemble elle-même, et ils prennent leurs propres décisions », a expliqué le porte-parole du département de la défense, John Kirby. Ce dernier répondait, le 5 mai, à une autre révélation du New York Times. Selon le quotidien, l’armée américaine aurait permis de localiser et de tuer une douzaine de généraux russes. Un chiffre spectaculaire. (…) Cette succession de révélations (…) trahit l’inavouable euphorie qui a saisi une partie du « blob », surnom donné au petit cercle des experts en politique étrangère, aux vues consensuelles, au-delà des lignes partisanes. La guerre déclenchée en Ukraine par la Russie le 24 février est d’une grande clarté morale, avec un agresseur et un agressé. Mais ce contexte et la surenchère de livraisons d’équipements militaires à Kiev (3,7 milliards de dollars) n’effacent pas les interrogations sur la stratégie américaine. (…) Contrairement aux Européens, les Etats-Unis ne font même pas mention d’une nécessaire issue diplomatique, dans deux mois ou dans deux ans. D’où la surenchère rhétorique, l’usage répété du mot « paria » pour décrire la Russie, la volonté d’accentuer les sanctions économiques. Quel est le but du soutien américain à l’Ukraine ? Jusqu’où, et pendant combien de temps ? (…) « Parler de victoire et d’affaiblissement de la Russie est assez alarmant, souligne Charles Kupchan, chercheur au ‘Council on Foreign Relations’. Le discours actuel se focalise sur les besoins ukrainiens : plus de Stinger et de Javelin, de munitions et de drones… Mais je n’entends pas parler d’objectifs de guerre. Où va-t-on ? L’OTAN devrait en discuter en interne, et avec les Ukrainiens. Dans un monde idéal et agréable, l’Ukraine reprendrait toute la Crimée et le Donbass. Mais est-ce faisable et stratégiquement sage ? Ou dangereux, car élevant le risque d’escalade ? » (…) Pour l’heure, de telles réserves sont presque inaudibles dans le débat américain. « Il faut qu’on arrête de parler de “victoire” en Ukraine, quelle que soit la signification, écrivait sur Twitter Aaron David Miller, ancien diplomate et expert au Carnegie Center, le 29 avril : (…) L’objectif final de l’Ukraine et les nôtres ne sont pas forcément alignés. » >>
11:48 Publié dans Europe, USA | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : guerre
Commentaires
OÙ VONT LES ARMES ?
> Il y a aussi ceci:
[... Le discours actuel se focalise sur les besoins ukrainiens : plus de Stinger et de Javelin, de munitions et de drones… ]
Où vont toutes ces armes ? Les 'donateurs occidentaux' maîtrisent-ils leur 'traçage' jusqu'à l'utilisateur final dans ce pays désordonné ? On peut en douter.
On peut supposer qu'une partie sera récupérée par les trafiquants, mafias, partis et particulièrement les nazis et autres organisations d'extrême-droite. Et que ces armes repassent discrètement la frontière de l'UE pour alimenter des réseaux potentiellement terroristes. Parce que les nazis visent certainement plutôt la conquête de l'Europe que celle de la Russie (un morceau trop coriace pour eux).
Peut-on craindre dans les prochains mois (si nous échappons au pire que vous décrivez), quand les populations de l'UE seront bien échauffées par les pénuries et l'inflation, des attentats d'extrême-droite au missile ? Le futur proche est plus qu’inquiétant.
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Écrit par : Pierrot / | 14/05/2022
LA VOLONTÉ AMÉRICAINE DE DÉTRUIRE LA RUSSIE
> Une guerre doit toujours se terminer par une paix (à moins de destruction totale de l'humanité, ce qui n'est encore pas arrivé, en dépit de toutes les folies humaines). Entre temps, il y aura eu d'énormes pertes de vies humaines et de grands biens détruits, qui vont faire défaut aux survivants.
Ceux qui ont pour deux sous de bon sens devraient faire pression pour que la voie diplomatique soit prise le plus rapidement possible, puisqu'il faudra finalement en arriver là.
Seulement, il y a la volonté américaine d'anéantir la Russie, parce que, unie à la Chine, elle forme un bloc plus puissant que les USA, lesquels ne veulent à aucun prix perdre leur hégémonie.
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Écrit par : Bernadette / | 14/05/2022
LOBBY
> Il est un élément mis en lumière par Alexandre Adler qui peut peut-être jouer à Washington : le poids du lobby polonais. Or la Pologne, comme le montre cette couverture, ne fait pas dans la demi-mesure : le pape François à travers le 'Z' russe, comme si le pontife était vendu à Poutine, rien que ça !
https://www.courrierinternational.com/une/vu-de-pologne-pourquoi-le-pape-francois-evite-de-taquiner-l-ours-poutine
Ajoutons à ces délires le lobby scandinave à l'OTAN en la personne de son secrétaire général norvégien ; Suède et Finlande en profitent pour mettre de l'huile sur le feu et renoncer à leur neutralité alors que la Russie n'a rien de menaçant à leur égard. Elle n'est d'ailleurs menaçante pour aucun pays européen : son armée est incapable de prendre Kiev, n'a pas encore pris Marioupol, est embourbée dans le Donbass et n'a fait tomber après trois mois de conflit que Kherson. Alors imaginer les chars russes défilant sur Unter den Linden ou les Champs-Élysées... Pur fantasme !
La raison demanderait donc que l'OTAN se calme : le risque d'une invasion russe au-delà des frontières de l'ex-URSS est quasi nul. Le problème que cherche à régler Poutine est celui des divisions internes administratives de l'Union soviétique, devenues fin 1991 frontières internationales par la volonté de trois apparatchiks (dont un ivrogne) sur un coin de table dans une forêt biélorusse. Décision qui plaça Moscou beaucoup plus près du premier poste de douane ; il suffit de jeter un coup d'œil sur une carte de l'empire russe en 1914 pour constater qu'aucune des républiques créées en 1991 n'était indépendante. Horowitz né à Kiev en 1903 était un pianiste... russe.
Agir comme si Moscou allait envahir incessamment toute l'Europe, comme le fait M. Biden en débloquant la somme démentielle de quarante MILLIARDS de dollars à l'intention de l'Ukraine (connaissant le degré de corruption du pays), c'est agiter un chiffon rouge qui pourrait conduire la Russie à commettre l'irréparable. Mais dans ce cas de figure comme dans certains divorces, les torts seraient à l'évidence partagés. Aux dirigeants européens de prendre leurs responsabilités en invitant Washington à chercher la paix plus que toute autre chose et, accessoirement, en montrant davantage de fermeté vis-à-vis d'un Zelinsky qui va jusqu'à refuser la visite du président Steinmeier, l'Allemagne étant jugée à ses yeux trop peu coopérative (!). Saint Charles de Foucauld, priez pour nous.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 14/05/2022
ET LES SOUS-MARINS ?
> On nous explique dans les médias qu'une attaque nucléaire "surprise" de la part de la Russie est quasi impossible car il y aurait des déplacements de matériels importants préalables aux tirs et faciles à détecter. Mais qu'en est-il des SNLE, sous-marins lanceurs d'engins, cachés dans les mers sans que l'on sache où et qui peut tirer à tout moment des missiles nucléaires ?
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Écrit par : B.H. / | 15/05/2022
VÉDRINE, UN DES RARES LUCIDES
> https://www.publicsenat.fr/article/politique/ukraine-hubert-vedrine-pointe-une-responsabilite-des-occidentaux-par-leur
Védrine, un des rares lucides, pointe à juste titre "l'arrogance désinvolte" des "Occidentaux" : "il faut qu'on atterrisse", même s'il considère qu'ayant "réveillé le monstre" (russe), il faut à présent le freiner.
Là où l'ancien ministre socialiste a pleinement raison, c'est lorsqu'il pointe la lourde responsabilité américaine dans l'escalade des dernières semaines : "Alors que des excités à Washington veulent faire de l’Ukraine un nouvel Afghanistan, il ne faut pas embrayer derrière le discours américain de ces dernières semaines, qui dit qu’il faut en profiter pour affaiblir la Russie et que Poutine ne peut pas continuer. Je pense que ce discours est dangereux."
Le très catholique Biden, qui communie ostensiblement tous les dimanches, est hélas l'un de ces excités ; on en serait presque à se demander si, dans l'hypothèse où Trump aurait été réélu, la situation n'aurait pas été plus apaisée.
L'adhésion de la Finlande et de la Suède à l'OTAN est tout sauf un signal positif en direction de la paix. Si les Américains venaient à établir dans ces deux pays des bases militaires, à quelques encablures de Saint-Pétersbourg, la prochaine guerre mondiale deviendrait réalité. On a vu au Kosovo ce que les grandes tirades en faveur de la démocratie ont donné : une base américaine parmi les plus importantes en Europe.
Il serait bon, dans ce contexte, que l'on cesse de voir les soi-disant "Occidentaux" comme un camp unifié : ce que font les "excités américains", de manière aussi déplorable que dangereuse, ne sert en aucun cas les intérêts de l'Europe.
PV
[ PP à PV – Je voudrais bien savoir en quoi le "catholique" Biden est... catholique, puisqu'il tourne le dos à l'enseignement social catholique dans tous les domaines où presque...]
réponse au commentaiere
Écrit par : Philippe de Visieux / | 16/05/2022
à Patrice :
> Je comprends mieux pourquoi vous écriviez fin 2016 sur votre blog qu'une victoire de Trump aurait été une mauvaise nouvelle pour l'Amérique mais une pas si mauvaise pour l'Europe, et qu'à l'inverse l'élection de Mme Clinton aurait été peu favorable aux intérêts européens.
L'ingérence US en Ukraine ne date en effet pas d'hier ; Trump avait souhaité y mettre fin (ce que son chef de cabinet reconnut en 2020) mais pas Biden (dont le propre fils Hunter fait des affaires à Kiev).
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 17/05/2022
@ PdV:
> oui Trump anti-système était sûrement plus distant vis à vis des lobbies. J'avais lu qu'avec Clinton on aurait droit à une guerre ... On aura donc simplement gagné 4 ans ! L'armement le Lobby le plus puissant au monde ... précédent celui de l'industrie chimique dont la pharmacie ... de quoi a-t-"on" parlé déjà lors de la campagne présidentielle ? ...
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Écrit par : franz / | 19/05/2022
loin du simplisme et un peu d'histoire :
> https://www.nouvelobs.com/idees/20220526.OBS58953/guerre-en-ukraine-j-essaie-de-ne-pas-desesperer-par-edgar-morin.html
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Écrit par : Gérald / | 26/05/2022
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