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11/05/2022

195 millions de dollars pour... ça :

arts,peinture,finance

Ma chronique à Radio Présence (Toulouse Midi-Pyrénées) et Radio Fidélité Mayenne – Le 9 mai à New York, un des portraits sérigraphiés en série de Marilyn Monroe par Andy Warhol s’est vendu en quatre minutes et pour 195 millions de dollars :


<< ...Il s’est vendu en quatre minutes parce que Warhol est l’un des fétiches de la société de consommation. Et 195 millions de dollars parce que l’art des “artistes sans art”, comme l’appelait Jean-Philippe Domecq dans son excellent livre de 1994 sur l’art contemporain, est aujourd’hui l’un des domaines préférés de la spéculation financière. Warhol ne s’en cachait pas, je le cite : “ Être bon en affaire, c'est la forme d'art la plus fascinante... Gagner de l'argent est un art, et les affaires bien conduites sont le plus grand des arts”. Commentaire admiratif de la revue Beaux-Arts Magazine à Paris en 1999 : Warhol restitue un aspect essentiel des documents qu'il utilise : leur nature d'images déjà imprimées et divulguées par la grande presse, leur nature de CLICHÉ dans tous les sens du mot. L’artiste accentue encore l'aspect cliché de ces images, et la multiplication achève de leur faire perdre leur sens”. 

Clichés, banalité, non-sens : c’est l’extrême ambiguité non seulement d’Andy Warhol mais de tout l’art contemporain. Sous couleur d’ironiser sur la société de consommation et de gaspillage, cet art est à son service et la glorifie. Le système économique produit ainsi ce que l’on appelle aujourd’hui une culture : l’art d’un monde sans art, dont l’argent est le seul but. Pour paraphraser Pierre Brasseur dans le vieux film La Métamorphose des cloportes : “Sur le plan de l’arnaque, rien – je dis : rien – n’est comparable à l’art contemporain…”

On peut se demander comment des professionnels de la critique, écrivant pour de grandes institutions et des “journaux de référence”, peuvent prendre cet art au sérieux autrement que sur le plan financier. Réponse : ils ne parlent pas de cet art comme si c’était de l'art ; ils le célèbrent en tant que produit d’un milieu social, reflet de l’air du temps ou expression de minorités ethniques, sexuelles etc, et lui donnent ainsi le surcroît de légitimité impérieuse qui flatte l’estime de soi chez les acheteurs multimilliardaires. C’est ainsi qu’une photo sérigraphiée se vend aujourd’hui plus cher que des chefs d’œuvre de van Gogh, de Klimt ou de Modigliani... On peut en conclure que l’époque marche sur la tête. On peut aussi penser que ça ne peut plus durer très longtemps.  >>

 

 

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Commentaires

DÉCONSTRUCTION

> Quand on voit que certains paient des fortunes pour "l'original" d'un message on d'une photo sur internet, plus rien n'étonne.
je lisais ce matin que dans je ne sais plus quelle ville américaine, pour "redonner aux règles leur dignité", des distributeurs de tampons hygiéniques (ainsi que le mode d'emploi) seront installés dans les toilettes filles, garçons et mixtes des écoles à partir du CP.
On veut vraiment "déconstruire" les gens dès l'enfance. C'est Sandrine Rousseau qui doit être contente !
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Écrit par : Bernadette / | 11/05/2022

EXPLICATION

> Franck Lepage a très bien expliqué l'art contemporain. Je n'ai pas grand-chose à ajouter.
https://www.youtube.com/watch?v=n3gOLGzMChU
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Écrit par : Cyril B / | 11/05/2022

PRO-WARHOL

> mon cher PdP, en illustration de votre article, vous mettez le tableau de Warhol, tout naturellement. C'est assez paradoxal ! -- Je voudrais noter par ailleurs qu'un écrivain comme Philippe Sollers (je ne sais pas si vous aimez, mais il est catholique, du moins il le fait comprendre dans son dernier roman, "Graal") a dit beaucoup de bien de Warhol autrefois. Il voyait chez lui une critique radicale et élégante de la société du spectacle. Bonne journée !

Bégand


[ PP à B. – Sollers est simplement un autre fumiste. Bonne journée. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Bégand / | 12/05/2022

VALEUR SPÉCULATIVE DU NÉANT

> Et encore ! Que dire de Banksy, qui dissimula dans le cadre d'une de ses œuvres, la 'Petite fille au ballon', une déchiqueteuse qui a lacéré la toile immédiatement après son adjudication. Coup commercial de génie : la nouvelle fit instantanément les grands titres sur toutes les chaînes anglo-américaines.
Le plus choquant est de constater que cette auto-destruction fit exploser la valeur de la toile : adjugée un million de livres en 2018, elle était vendue seize fois ce prix l'année dernière.
Un cheval borgne est rare. Or tout ce qui est rare est cher. Donc un cheval borgne est cher. CQFD.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 14/05/2022

SOMME FOLLE

> Même si on reconnaît l'intérêt de Warhol, la somme atteinte ici n'en est pas moins folle. La folie du marché de l'art n'est pas nouvelle. Ce qui est nouveau c'est le rejet de toute idée de transcendance. L'œuvre n'est plus qu'une idée, exactement comme une start-up, qui se juge par sa valeur en bourse. Le prétendu "artiste" n'est plus seulement considéré comme génial QUAND il atteint une certaine cote, mais tout simplement PARCE QUE il atteint une forte cote.
Malheureusement, beaucoup de gens croient que l'inanité de l'art contemporain vient de ce qu'on ne le comprend pas et ils mêlent à leur réprobation l'art abstrait et tous les artistes du passé que leur mauvais goût empêche d'apprécier. L'art contemporain est au contraire facile à comprendre quand on comprend qu'il ne s'agit que d'un spectacle destiné à faire réagir. Une vrai œuvre d'art demande au contraire attention, méditation, accueil d'une altérité et recherche d'une transcendance.
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Écrit par : Albert / | 14/05/2022

LE MONUMENT DE BIRON

> Une des rares œuvres d'art contemporaines que j'ai appréciée est le Monument des Vivants, à Biron, en Dordogne par Jochen Gertz, à l'endroit de l'ancien monument aux morts.
l'artiste a disposé, de manière aléatoire et anonyme, des plaques sur lesquelles sont gravées les réponses des habitants à la question, aujourd'hui franchement d'actualité : « Qu'est ce qui serait assez important, selon vous, pour risquer votre vie ? »
J'ai apprécié le côté symbolique du fait que ce soit un Allemand qui a construit ce Monument aux Morts atypique, habituellement rendant hommage aux morts des guerres entre nos deux pays (généralement deux fois par an...). Mais il en a changé le sens en le transformant en question interrogeant le passant d'aujourd'hui, car il reste encore des places pour de nouvelles réponses.
Ces réponses, Mr Gertz les a obtenu en discutant simplement avec les habitants (un peu méfiants sur ce qui allait advenir de leur Monument aux Morts), en nouant le contact avec eux et en posant cette question au gré de la conversation sans qu'ils sachent que leur réponse reposerait anonymement au sein du monument.
Je vois ici une œuvre pleine de sens, d'humanité dans la manière dont elle fût construite, de réflexion en nous incitant à nous poser la question nous aussi. Elle est respectueuse du passé, car la mémoire des morts de Biron n'a pas été effacée, leurs noms encore inscrits sur le Monument rénové à l'identique.
Mieux encore, cette œuvre n'est pas à vendre : elle appartient à la commune de Biron.
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Écrit par : AL / | 14/05/2022

@ AL

> L'installation dont vous parlez illustre parfaitement le problème de l'art contemporain. Il ne s'agit que d'une idée, peut-être intelligente, peut-être géniale, mais qui n'a rien à voir avec une œuvre d'art. C'est un simple jeu d'esprit alors qu'une œuvre d'art doit être à la fois un objet matériel résultant d'une création plastique méditée et originale, et un appel à une transcendance qui s'appuie essentiellement sur le jeu plastique créé.
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Écrit par : Albert / | 31/05/2022

Les commentaires sont fermés.