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Rechercher : armées privées

Hollande et ses guerres innombrables

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Un point de vue non-conformiste : ici 

 

 

 

 

autrement dit :

 

L'Illusion comique (Pierre Corneille), acte I, scène 2

 

MATAMORE

Le seul bruit de mon nom renverse les murailles,
Défait les escadrons, et gagne les batailles.
Mon courage invaincu contre les empereurs
N'arme que la moitié de ses moindres fureurs ;
D'un seul commandement que je fais aux trois Parques,
Je dépeuple l'État des plus heureux monarques ;
Le foudre est mon canon, les Destins mes soldats :
Je couche d'un revers mille ennemis à bas.
D'un souffle je réduis leurs projets en fumée ;
Et tu m'oses parler cependant d'une armée ?

 

 

hollande,politique,armées,proche-orient

 

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2019 : l'UE engluée dans le fantasme d'une attaque russe

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Manoeuvres aériennes UE du 3 au 22 novembre à Mont-de-Marsan. Dans le "scénario" de ces manoeuvres, notre ennemi est... russe :

Le saviez-vous ? La prochaine "guerre de haute intensité" opposera les armées de l'Europe à celles de la Russie, ennemi "de même puissance" ! C'était le thème des "exercices Volfa" qui viennent de se tenir à partir de la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan.

Cinquante pilotes de quatre pays de l'UE s'y sont entraînés à affronter des “bandits” (c. à d. "contacts confirmés hostiles", en jargon US-OTAN). Qui sont les bandits pour notre  armée de l'air ?  Des Sukhoi-27 et des Yak-130. Les Russes, forcément...

Pourquoi "forcément" ? Parce que le pli est pris depuis très longtemps. Pour être précis : depuis la guerre froide. Mais la guerre froide est finie depuis plus de trente ans ? Oui, mais l'OTAN est toujours là, et depuis 2016 l'UE se persuade que la Russie est de nouveau son "adversaire potentiel".

armées

C'est ce qu'on appelle la "culture OTAN"... L'OTAN aurait dû disparaître après la dissolution de son homologue soviétique, le pacte de Varsovie. Elle n'a pas disparu. Pour plusieurs raisons : 

► Les présidents successifs à Washington – jusqu'à M. Obama et a fortiori M. Trump – ont veillé à ce qu'UE et OTAN soient soudées recto-verso. Objectifs : vendre aux Européens l'armement américain, garder politiquement l'UE sous la coupe américaine, et coupler l'élargissement de l'UE vers l'Est avec celui de la présence militaire américaine. Aujourd'hui Washington, hypnotisé par le Pacifique et la Chine, se désengage du Vieux Continent ; mais le tropisme US des Européens persiste ! Le sommet des 70 ans de l'OTAN les 3 et 4 décembre à Londres, patronné par MM. Trump et Johnson, promet d'être folklorique...

► Pour justifier l'élargissement de la présence militaire US vers l'Est à partir de 1993, quatre Etats membres de l'UE s'étaient posés en futures victimes d'une attaque russe vers l'Ouest : hypothèse très improbable mais nécessaire à la posture "occidentale", qui était indéfinissable sans cet épouvantail. Comme par hasard, les quatre Etats en question (Pologne, Lituanie, Estonie, Lettonie) étaient inconditionnellement pro-américains. Plus ils voient aujourd'hui Washington tourner le dos à l'Europe, plus ils agitent l'épouvantail russe pour garder les bases militaires américaines implantées chez eux depuis les années 1990 : au temps où Washington semblait préparer une sorte de guerre chaude avec la Russie.

► Engluées dans leur désir de croire encore et malgré tout au "parapluie américain”, fermées à tout effort budgétaire de défense, rivées à leur crainte très obsolète d'une "hégémonie française" (?), les capitales de l'UE sont affolées par l'audace verbale de M. Macron lançant le 7 novembre : “L'OTAN est en état de mort cérébrale”.

► Mais cette parole de M. Macron irrite une partie des généraux français, soucieux de ne pas perdre leurs habitudes à l'OTAN et, pour quelques-uns, leur rond de serviette au Pentagone [*]. Voilà donc nos Rafale, dans le ciel d'Aquitaine et d'Auvergne, mimant – avec les Eurofighter et les vieux Tornado (1980) de nos partenaires – une grande bataille contre l'aviation russe. C'est le "conflit de haute intensité"  qu'imagine maintenant une armée française dont les chefs semblent penser en anglais.

Le plus beau est que l'une de nos unités aériennes engagées là-dedans, le régiment de chasse 2/30 de la base 118, porte un nom qui évoque une tout autre histoire : Normandie-Niémen.

_________

[*]  Les opérations militaires françaises en Syrie furent coûteuses quoique très marginales. À quoi ont-elles servi selon les généraux français, qui s'en félicitent ? "À nous rapprocher des Américains".

 

 

Novembre 2012 à la base de Mont-de-Marsan. Quand Français et Russes célébraient le 70e anniversaire de l'escadrille Normandie-Niémen...  Sur la photo : un Yak-9 1942 de cette escadrille (croix de Lorraine et casserole d'hélice tricolore) ; et un Rafale décoré pour l'occasion de l'étoile rouge et des marques de 1942 : croix de Lorraine et flèche-éclair.

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Privatisation de la guerre : l'armée française en prend acte...

Irak-Mercenaires-1.jpgUn document de réflexion

envisage (sans colère)

la marchandisation

du domaine militaire :

 

< "Contractors" à Bagdad. Le secteur privé !

 

La guerre privatisée, stade suprême du capitalisme ! Ca s'appelle les « SMP » (« sociétés militaires privées »), et ça métastase avec l'Irak et l'Afghanistan. L'armée française prend acte de ce processus. Son dernier Cahier de la recherche doctrinale, préfacé par le général Ollivier, directeur du Centre de doctrine d'emploi des forces, s'aligne sur l'argument mercantile : un Etat fait des économies en confiant des missions militaires à des privés (« soldats de location ») plutôt qu'à l'armée. Payer des piges occasionnelles plutôt que des soldes permanentes ? C'est le raisonnement à l'oeuvre dans les entreprises : toujours moins de salariés, toujours plus d'intérimaires. Plaignons les officiers ayant soutenu la droite qui condamne leur métier à moyen terme. [1]

Cette invasion du militaire par le commercial est visible dans le Cahier de la recherche doctrinale. Citations :

'' Employer des sociétés militaires privées peut se justifier pour permettre aux forces armées de se recentrer sur leur coeur de métier.'' 

''  Les SMP sont un acteur récent sur les théâtres d'opérations de l'époque contemporaine. Elles représentent une force importante. Il est nécessaire de ne pas ignorer leur présence pour qu'elles ne deviennent pas un poids contraignant pour les forces armées.''  

'' Les militaires sont souvent tentés par une seconde carrière. Pour certains d'entre eux, le choix se porte vers celle de contractor, parfois dans la continuité des aptitudes professionnelles acquises au cours de leur carrière.'' 

''  Les SMP sont des entreprises à but lucratif. Aucune loi en France n'empêche la création d'une telle société, mais ce statut d'entreprise n'existe pas non plus.'' 

''  Les contractors français ne peuvent pratiquer en France puisqu'il n'y existe aucune SMP (à part Secopex). En revanche, les compétences des Français sont appréciées par les pays anglo-saxons.''

'' L'emploi des SMP est un enjeu complexe. Il est essentiel de s'adapter à leur présence et d'adopter des mesures de contrôle efficaces...'', etc.

 

Résumons l'enjeu :

- Sarkozy régnant, Paris a sabordé la politique internationale française et vassalisé l'armée au « commandement intégré » de l'OTAN, machinerie de Washington ;

- le néolibéralisme faisant loi (et vu le chaos économique), les gouvernements veulent réduire leurs armées et recourent au privé ;

- rappelons que des agents de ces firmes de guerre privées se  sont comportés de manière inqualifiable sur le terrain [2] ;

- les guerres dans lesquelles les Etats-Unis nous engageront (via l'OTAN) dans les cinquante ans à venir seront des guerres de riches contre les pauvres pour s'emparer de matières premières. La prolifération des SMP réduira d'autant la nécessité, pour les cyrards chrétiens, de se transformer en objecteurs de conscience.

 

_________

[1]  A l'exception évidemment du nucléaire (et de ce qui nous restera de marine).

[2] Dans Le Spectacle du Monde de septembre, j'écrivais :

<<   La firme américaine Blackwater (« Eau noire ») est une sombre entreprise : à tel point qu'elle a dû changer de nom l'an dernier. Maintenant elle s'appelle : « Xe » (prononcer : « Zi »). Fondée en 1997 par un ancien des forces spéciales de l'US Navy, dotée de moyens énormes et d'un domaine d'entraînement militaire de 24 kilomètres carrés en Caroline du Nord, elle a signé après le 11 septembre 2001 des contrats de centaines de millions de dollars avec le Pentagone et la CIA. Blackwater est plus qu'une agence de mercenaires, c'est une petite armée privée. L'emploi massif de telles entreprises par des gouvernements est un signe des temps : la guerre se privatise, alors qu'elle était jusqu'ici l'expression suprême de la raison d'Etat. Ultima ratio regum, « l'ultime raison des rois », lisait-on gravé sur les canons de Louis XIV... Or l'intérêt du marchand ne coïncide pas forcément avec celui du prince.

On voit ça sur le terrain. Dès 2001 Blackwater est en Afghanistan. Dès 2003, elle est en Irak, chargée de la « sécurité au sol » dans Bagdad. Elle et ses concurrentes (Triple Canopy, DynCorp) s'y acquièrent une réputation : bavures sur bavures ! De 2005 à 2007, 163 fusillades déclenchées par les seuls employés de Blackwater. Ces « spécialistes » n'ont pas la discipline des militaires officiels, mais ils ont le même armement. Le 16 septembre 1997, à Bagdad, une équipe de Blackwater au sol, appuyée par des hélicoptères, mitraille et grenade sans motif la place Nisour où se trouve une foule de civils : c'est un carnage. Le Premier ministre al-Maliki – qui d'habitude ne fait pas d'histoires – parle d'expulser Blackwater... Rien n'y fait : le contrat de la firme avec l'administration Bush lui garantit l'impunité envers le droit irakien.

Cette situation cesse en août 2010 avec le départ des troupes de combat américaines. Un autre contrat de Blackwater a cessé : en Afghanistan, la mission ultra-secrète (confiée par la CIA) de repérer et tuer « les membres d'al-Qaida ». Blackwater n'en a repéré aucun, selon le New York Times. En 2009, Barack Obama a résilié ce contrat-là, et Blackwater a changé de nom.

Aujourd'hui 17 août 2010, Hamid Karzaï décrète qu'il ne veut plus de ces « sociétés de sécurité ». Elles sont 37 en Afghanistan, dont vingt sont américaines ou britanniques ; leurs salariés sont 26 000 sur le terrain. L'un des derniers actes du général McChrystal avant son limogeage, en juin, fut d'instituer une Task Force spécialement vouée à la gestion des mercenaires... On comprend le souci des généraux : leur intérêt est de raccourcir les guerres, mais les firmes privées ont intérêt à les prolonger. Encore un argument contre la rationalité du marché.  >>

 

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Syrie : deux évêques et de nombreux prêtres enlevés par des ”groupes armés non identifiés”

Appel oecuménique à la libération immédiate de Mgr Paul Yazigi et de Mgr Youhanna Ibrahim :

 

 

Conseil d'Eglises chrétiennes en France – 24 avril 2013

Les nouvelles venant de Syrie sont inquiétantes, voire alarmantes. Deux prélats de la ville d’Alep, le métropolite Paul YAZIGI, métropolite d’Alep pour les grecs orthodoxes d’Antioche et frère de Sa Béatitude le Patriarche Jean X, primat de l’Église orthodoxe d’Antioche, et Mgr Youhanna IBRAHIM, évêque d’Alep pour les syriaques orthodoxes, ont été enlevés lundi soir près d’Alep, par un groupe armé non identifié, alors qu’ils s’apprêtaient avec courage et non sans danger, à négocier la libération d’un nombre de prêtres de la région d’Alep enlevés depuis un certain temps.

Des rapports prématurés de la libération des deux évêques ont circulé mardi en fin de journée. Malheureusement ces rapports s’avèrent faux, les deux évêques restent privés de leur liberté.

Nous, co-présidents du Conseil d’Églises chrétiennes en France, condamnons cet acte sans nom qui s’attaque à deux prélats connus pour leur ouverture et leur courage à rester proches de leurs fidèles dans les circonstances dramatiques et difficiles que traverse la Syrie.

Nous souhaitons aussi exprimer notre solidarité et notre soutien à l’égard des chrétiens de Syrie, ainsi que de tous les Syriens actuellement dans la tourmente.

Aussi, nous appelons le gouvernement français, ainsi que les instances européennes et internationales, à intervenir le plus rapidement possible pour obtenir leur libération immédiate.

 

pasteur Claude BATY,  

métropolite EMMANUEL,  

cardinal André VINGT-TROIS

 

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24/04/2013 | Lien permanent

14 juillet 2013 : le malaise de l'armée française

 
         ...n'est pas seulement budgétaire :

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Les journaux commentent le 14 juillet en décrivant le malaise de l'armée. Ils le voient sous un seul angle : la diminution constante de son budget, amorcée sous Sarkozy, aggravée sous Hollande. Ils soulignent néanmoins que cette "armée pauvre" a montré au Mali son efficacité face au mode djihadiste de guérilla ; efficacité que les Américains, quoique ataviquement francophobes (a fortiori depuis Chirac et l'Irak), sont obligés de lui reconnaître : voire de lui envier, les aptitudes US ayant montré leurs limites en Afghanistan après les avoir montrées au Vietnam.

Mais la plus grave inaptitude touche la vision US du "rest of the world". La caractéristique étatsunienne est de ne retenir aucune leçon, et de répéter en les amplifiant les mêmes erreurs de conception globale avec des inflexions variables (Obama après Bush, etc). Depuis que M. Sarkozy nous a réintégrés dans l'OTAN, l'armée française se trouve aux ordres de la conception globale erronée que les USA se font du reste du monde... D'où les contradictions que chacun peut constater ; par exemple l'efficace opération malienne, improvisée pour remédier aux conséquences de la non moins efficace – mais absurde – opération libyenne : la Légion étrangère française pour ôter aux djihadistes les armes libyennes dont ils avaient pu s'emparer grâce aux bombardements de l'aviation française ! Voilà le genre de choses dans lesquelles la Défense est engrenée, par la faute d'un gouvernement inféodé à Washington.

Les militaires n'ont pas à "faire de politique", mais nombre d'entre eux doivent se demander ce que devient une armée quand l'Etat a perdu sa souveraineté – et même sa lucidité... Pour en avoir une idée, on peut lire le reportage du magazine du Monde sur le camp d'entraînement multinational ouvert en Jordanie par les Américains, et dirigé par des agences militaires privées. Avoir fait Coëtquidan pour se retrouver caporalisé par des mercenaires (sur fond d'intérêts économiques anglophones): voilà une perspective difficile à assumer.

 

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J.O. : déjà chargés de la sécurité (par défaillance du privé), les soldats doivent maintenant... combler les vides dans

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"...Et maintenant, les bonnes nouvelles : quand vous aurez fini tout ça on vous renvoie en Afghanistan pour un repos bien mérité."



http://www.englishblog.com/2012/07/cartoon--1.html#.UBZLMKDJfd_

 

Libération, 30/07 :« les soldats britanniques à l'assaut des tribunes vides »... « Lord Sebastian Coe a beau jurer que "les tribunes sont bourrées" par un public enthousiaste », « des pans entiers de sièges » sont restés vides : au centre aquatique, au volley-ball, à Wimbledon... Le joueur de tennis Mahesh Bhupathi (équipe de l'Inde) twitte : « Ai essayé pendant six heures d'acheter un ticket pour que ma femme me voie jouer. Sans succès. Et les tribunes d'ici ont l'air vide. ABSURDE !!! ».

Quatre explications à ces vides : 1. les accros du sport-spectacle préfèrent le regarder sur leur écran plat XXL ; 2. la foule des invités commerciaux fait trop la fête la nuit pour être dans les tribunes le jour* ; 3. les Londoniens sont écoeurés par des Jeux ostensiblement destinés aux sponsors et aux zombies people**; 4. Le chiffre annoncé de 6,6 millions de billets vendus cache un énorme cafouillage, alors que des milliers de gens se plaignent de... n'avoir pas pu en acheter.

Solution adoptée par Coe : envoyer l'armée occuper les sièges vides ! Déjà requis (au dernier moment) à la place de la société de sécurité privée défaillante, les fantassins de la reine doivent maintenant jouer aux spectateurs. C'est ainsi que les symboles de feu l'Etat sont détournés pour masquer les pannes du business.

 

_________

* explication retenue par l'envoyée spéciale de Libé, après une conversation avec un organisateur qui avoue : « certains ont un peu de mal à s'organiser... » (bel understatement).

** Libération : « Les amateurs de tir à l'arc en ont été pour leurs frais lorsqu'ils se sont présentés au Lord, temple du cricket, croyant assister à un événement ouvert gratuitement au public parce qu'il était inscrit comme compétition 'sans ticket'. Sauf que ça ne voulait pas dire 'libre d'accès', mais 'uniquement sur invitation'. »

 

 

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Le gouvernement brade les barrages au privé

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Décision aberrante mais conforme à l’idéologie eurolibérale :

 

De Mediapart (extraits) :

 

<<  Le 7 février dernier, le gouvernement Philippe a acté la privatisation du secteur hydroélectrique français. […] Cela faisait dix ans que la Commission européenne réclamait cette privatisation, avec un acharnement spécial et suspect de la part de la commissaire à la concurrence Margrethe Vestager depuis sa nomination en 2014. […] Le scandale n’est pas tant que la France soit le seul pays d’Europe auquel on ait demandé de privatiser ses barrages, mais qu’un gouvernement français ait accédé à cette demande [...] comme si le secteur hydroélectrique n’était pas lui aussi stratégique, ne fût-ce que pour honorer les engagements de la COP 21. En Allemagne, les concessions sont déléguées aux Länder et la Slovénie a constitutionnalisé un "grand service public de l’eau". Hors UE, en Norvège, qui tire 99 % de son électricité des barrages, les licences hydroélectriques ne sont accordées qu’à des opérateurs publics.

Il faut dire que pour la concurrence [...], les barrages français, avec leur excédent brut de 2,5 milliards d’euros par an, dont la moitié revient aux collectivités locales, leur masse salariale faible (21 000 salariés) et leurs installations amorties depuis des lustres, sont une proie de choix. […]

Le secteur hydroélectrique est vital […] Il représente 12,5 % de la production d’électricité française, 70 % des énergies renouvelables. C’est l’électricité la moins onéreuse : de 20 à 30 euros le MWh. Les centrales hydroélectriques fournissent 66 % de la capacité d’appoint rapide lors des pics de consommation (le reste est assuré par les centrales thermiques). Les barrages, par leurs réserves d’eau, compensent l’intermittence des autres énergies renouvelables. […] Philippe comme Macron ne peuvent ignorer les méfaits et les dangers mortels de l’immixtion de la concurrence dans les secteurs vitaux. […] La “libre” concurrence libère en premier lieu ses adeptes du scrupule. On imagine fort bien à quels types de chantage les nouveaux propriétaires de barrages pourraient se livrer pour augmenter leurs gains au détriment des communs et de la sécurité. […] De même que le renoncement politique sur le glyphosate et plus globalement sur l’addiction française aux produits phytosanitaires, cette décision apparaît comme un crime contre les intérêts vitaux de la France et des pays voisins, et contre les générations futures, en tant qu’elle fait obstacle à la transition vers une économie décarbonnée.  >>

 

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En archéologie aussi, le ”tout privé” est nuisible

archéologie,libéralisme 

Professeur de protohistoire européenne à Paris-I, Jean-Paul Demoule fut le premier président de l'Inrap (archéologie préventive)... Interviewé par Stéphane Foucart, il dresse le constat d'une situation révoltante :

 

 

« La loi de 2001 [sur les fouilles archéologiques] est entrée en vigueur en 2002, au moment de l'alternance ; les élus de la nouvelle majorité de droite ont réagi avec leur grille de lecture, estimant que le nouveau dispositif allait nécessairement coûter trop cher parce qu'il s'appuyait sur l'Inrap – un institut public ! La loi de 2001 a donc été amendée en 2003 par une nouvelle loi, prévoyant l'ouverture des fouilles de sauvetage [par exemple sur un chantier d'autoroute] à la concurrence... L'ouverture de l'archéologie au privé a été un désastre...

Aujourd'hui, environ 20 % à 30 % des fouilles de sauvetage sont réalisées par le secteur privé, avec un très faible contrôle scientifique... »

D'où le Livre blanc de la communauté scientifique demandant une réforme radicale : notamment « rendre à l'Etat la propriété du sous-sol archéologique – de même, d'ailleurs, qu'il a la propriété du sous-sol géologique ». Et mettre fin à la mise en concurrence, dogme libéral qui aboutit au saccage du patrimoine par les margoulins : l'opérateur de fouilles est choisi par l'aménageur [par exemple une société d'autoroutes], « et celui-ci a tout intérêt à choisir le moins cher et le plus rapide des opérateurs, sans aucune considération pour la qualité scientifique du travail qui sera accompli. »

Cela doit changer, proteste le Pr Demoule. À condition que l'on arrive à se libérer de la règle européenne de « concurrence libre et non faussée », notion qui fait jouir les libéraux mais dévaste les sites...

Et à condition que l'on se libère aussi de l'étau des députés-maires : « dès qu'un rapport est publié sur la simplification administrative ou la relance de l'économie, on y trouve un couplet hostile à l'archéologie préventive. Celle-ci se heurte de longue date à l'hostilité de nombreux élus locaux et/ou nationaux, alors qu'elle représente 0,1 % du budget du BTP en France. Avec toujours les mêmes arguments : ''cela retarde les travaux'', ''les morts empêchent les vivants de vivre''.. » Le Pr Demoule finit donc sur cette nasarde à la Bossuet : « Messieurs les Députés et Maires, vous n'êtes pas vivants pour encore très longtemps, alors de quel droit voulez-vous priver toutes les générations qui vous succèderont de ce qui est, aussi, leur passé ? »

(Le Monde, 6/06)

 

 

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07/06/2013 | Lien permanent

Les agences ”découvrent” les nazis armés ukrainiens...

Par exemple cette dépêche : http://www.reuters.com/article/2015/03/25/us-ukraine-crisis-azov-idUSKBN0ML0XJ20150325ukraine

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Un impératif : abolir le privilège fiscal des jets privés

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Même des eurodéputés réclament cette mesure d'équité élémentaire, alors que le gouvernement français renâcle à la prendre... Mon éditorial de rentrée à RCF (le lundi à 7h55)

<<  Je suis heureux de vous retrouver en cette rentrée 2022 – même si c’est une rentrée soucieuse depuis que le président de la République nous a annoncé “la fin de l’abondance et de l’insouciance”… Si on prenait ces mots au pied de la lettre, ils ne viseraient que ceux qui vivent réellement dans l’insouciance et l’abondance – et qui sont loin d’être la majorité des Français.

Les insouciants vont-ils devoir renoncer, par exemple, à se déplacer en jet privé de 75 millions d’euros (quand on l’achète) ou à 125 000 euros le vol (quand on le loue) ? Entre 2000 et 2021, le nombre d’utilisateurs de jets privés a augmenté de 50 %. Le top 10 de leurs destinations longue distance n’est pas professionnel, mais touristique. Et leur carburant est exempté de taxes depuis 15 ans… Ce privilège fait un peu désordre à la rentrée 2022, au moment où l’Elysée appelle le reste de la population à se serrer la ceinture.

C’est pour ça qu’au Parlement européen va être discuté un projet de loi taxant le kérosène des jets privés et des vols commerciaux. Cette taxe rapporterait 2 milliards d’euros en 2025 aux Etats européens si elle était adoptée. Pour l’adopter il faudrait l’unanimlté des Vingt-Sept. Mais deux Etats membres – Malte et Chypre – annoncent déjà leur veto : allez savoir pourquoi… S’ils ne changent pas d’avis, l’échec du projet de taxe européenne est programmé d’avance. 

Si le projet échoue ce sera dommage pour le climat : en effet la pollution de l’atmosphère par les jets privés s’aggrave très vite depuis quinze ans, parce que leur nombre de vols ne cesse d’augmenter.

L’abandon de la taxe sera dommage aussi pour le moral du public. Sachant qu’un vol privé de quatre heures pollue l’atmosphère plus que ne le fait un citoyen moyen pendant un an, le citoyen moyen aimerait que l’effort d’austérité annoncé par le chef de l’Etat soit équitablement partagé. Si l’on veut que toute la population se serre les coudes face à la crise économique et au dérèglement climatique, mieux vaudrait qu’une partie des Français n’ait pas l’impression de vivre dans une société de castes. >>

 

 

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