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Turquie-Syrie : questions brûlantes

...posées par un observateur turc de gauche :


Le 11 mai, la ville turque de Reyhanli dans la région du Hatay (frontalière de la Syrie) a subi un terrible attentat à la voiture piégée : 50 morts. Aussitôt Ankara a accusé les services syriens. Puis annoncé l’arrestation de neuf citoyens turcs "membres d'un groupe marxiste pro-syrien". Et la justice turque a décrété la censure sur "toutes les informations relatives à l’attentat". Quant au régime de Damas, il n'avait aucun intérêt à susciter cet attentat, propre à attirer sur lui les représailles d'un pays membre de l'Otan ! Autant d'étrangetés qu'examine [*] l'essayiste turc de gauche Bahar Kimyongür. Son point de vue est idéologiquement hostile à Erdogan et à l'AKP, mais les questions de fait qu'il soulève méritent l'attention :

 

<<  14 mai 2013 - Dès le début de l’enquête sur les attentats de Reyhanli, les autorités turques ont accusé les moukhabarat (services secrets syriens) d’en être les auteurs. La police turque a ensuite procédé à des perquisitions et des arrestations dans les milieux de la gauche radicale. Quelques formules lapidaires, deux ou trois slogans, un décret de censure et le tour était joué. Enfin, c'est ce que croyait l'administration AKP...

Le système judiciaire turc n’a jamais été un modèle en matière d’impartialité et la politisation de la magistrature turque n’est un secret pour personne. Le gouvernement turc se sert régulièrement de ses tribunaux pour faire taire ses adversaires. C’est ainsi que la Turquie est devenue la plus grande prison pour journalistes du monde. Dans les affaires Ergenekon et Balyoz, les enquêteurs se sont évertués à démontrer sans succès qu’il existerait un grand complot contre le gouvernement AKP mêlant politiciens, journalistes et militaires kémalistes, groupes mafieux liés à la contre-guérilla, militants marxistes et groupuscules d’extrême droite. 

L’accusation selon laquelle des réseaux d’extrême gauche en lien avec les services secrets syriens seraient les responsables de l’attentat de Reyhanli fait partie des classiques de l’AKP et n'a pas vraiment convaincu la population.

La majorité des habitants de Reyhanli pense d’ailleurs que l’attaque est l’œuvre de l’Armée syrienne libre (ASL). De nombreuses personnes interrogées sur place disent même que les rebelles syriens ont été avertis et ont quitté la ville peu avant les explosions. C’est en tout cas ce que relève le député turc du Congrès démocratique du peuple Ertugrul Kürkçü en visite sur les lieux de l'attentat. (Radikal, 13 mai 2013).

 

Le modus operandi est étranger à la gauche turque

Avec un bilan de 50 morts, 155 blessés et des dégâts ayant touché 735 commerces, 62 véhicules, 8 bâtiments publics et 120 appartements, le double attentat de Reyhanli est l'attaque à l'explosif la plus sanglante de l'histoire de la République de Turquie. Les deux autres attentats les plus meurtriers qui suivent dans cette liste macabre ont été perpétrés par al-Qaïda, les 15 et 23 novembre 2003 à Istanbul et ont respectivement coûté la vie à 27 et à 30 personnes.

Ce détail a son importance. La Turquie est coutumière de la violence politique et la lutte armée y existe depuis le début des années 70. Des dizaines de mouvements marxistes et nationalistes ont pris le maquis contre le régime d'Ankara. Pourtant, aucun d’entre eux, pas même les indépendantistes du PKK aux moyens militaires conséquents, n'ont commis d'attentat aussi meurtrier que celui de Reyhanli. Seule Al Qaïda rivalise avec ce record macabre.

Il est par ailleurs peu probable, sinon impossible, qu'un "groupe marxiste" ait délibérément visé la population civile à Reyhanli comme le prétendent les autorités turques. Ce type d'attentat ne correspond pas du tout au mode opératoire de la gauche radicale. Il est même en totale opposition avec les principes moraux et l'éthique militaire qui animent les marxistes anatoliens.

 

Le chef du groupe visé dément la version officielle et accuse les mercenaires d’al-Nosra

Les autorités turques désignent explicitement Mihrac Ural, un militant turco-syrien originaire d’Antioche, comme étant le planificateur des attentats de Reyhanli. Mihrac Ural est le chef de la milice syrienne pro-gouvernementale Mouqawama Souriy (Résistance syrienne) qui ratisse les régions forestières de Lattaquié, à la frontière turco-syrienne, pour empêcher l’infiltration des djihadistes venant de Turquie.

Il est aussi le secrétaire-général d’un groupuscule marxiste turc pro-syrien appelé "Urgentistes" (Acilciler) qui s’est dissous en 1988 et qui n’a plus mené d’action armée depuis plus de 30 ans. Dissidente du Parti-Front populaire pour la libération de la Turquie (THKP-C), l’organisation Acilciler tire son nom de son texte fondateur intitulé : "Les questions urgentes de la Révolution en Turquie".  Son leader Mihrac Ural n’a plus remis les pieds en Turquie depuis 33 ans. En Turquie même, seule une poignée de jeunes et de nostalgiques, la plupart originaires d’Antioche, la ville natale de Mihrac Ural, se revendiquent de l’héritage de ce groupe.

Ni la Moqawama Souriy, une unité mobile de garde-frontières forte d’à peine quelques combattants armés de kalachnikovs, ni sa version turque Acilciler, inactive depuis des décennies, n’ont les capacités matérielles ni humaines d’organiser un attentat aussi sophistiqué au nez et à la barbe des services secrets turcs et occidentaux. D’après la police turque, le double attentat à la voiture piégée de Reyhanli est une opération complexe nécessitant une bonne coordination, une grande quantité d’explosifs, des véhicules spécialement aménagés, des commandes à distance etc.

Ni Mihrac Ural, ni l’Etat syrien n’ont de raison ni d’intérêt à commettre un pareil crime sur le sol turc et à défier ainsi les armées de l’OTAN. L’un et l’autre ont démenti avec véhémence toute implication dans ce crime terroriste.

Malgré son innocence revendiquée, les rebelles syriens et le gouvernement AKP ont fait de Mihrac Ural leur tête de turc. Sa tête a été mise à prix la semaine dernière par l'Armée syrienne libre (ASL) pour sa prétendue responsabilité dans les massacres visant les quartiers sunnites de Banias.

Comme Reyhanli est majoritairement sunnite et que Mihrac Ural est alaouite, les médias rebelles ont saisi l'occasion pour répandre leur haine de l'alaouite. [...] A-t-on seulement demandé au principal accusé ce qu’il pense de toutes ces accusations ? Voici ce qu’il répond : "La main qui a assassiné à Reyhanli est la même que celle qui assassine à Damas et à Alep. Cette main est celle des forces salafistes, de ces esprits obscurs inspirés par la vengeance et la haine. Le Front Al Nusra assassine l’humanité un jour sur deux en poussant des esprits captifs et soumis à commettre des attentats suicide. Ces assassins qui tuent des êtres innocents n’ont rien d’humain."

Mihrac Ural pointe ensuite une probable mésentente entre le commanditaire et l’exécutant : "Il semblerait que les réseaux sanguinaires se soient retournés contre leurs soutiens militaires et financiers. Cet attentat ressemble à un avertissement..."

 

Les victimes de l'attentat sont plus pro-Bachar que pro-rebelles

La ville de Reyhanli et ses alentours abritent plusieurs dizaines de milliers de réfugiés syriens sympathisant avec la rébellion anti-baassiste.Or, sur les 50 victimes du double attentat, seules trois d'entre elles sont syriennes.

Les statistiques les plus fiables indiquent que la population turque, y compris l'électorat de l'AKP, est globalement opposée à la guerre entre la Turquie et la Syrie. Les habitants de Reyhanli ne sont pas en reste. Ces derniers jours, ils ont organisé plusieurs manifestations contre les réfugiés et les rebelles syriens. La raison en est que l’arrivée des réfugiés syriens a coïncidé avec une crise économique sans précédent qui frappe les populations vivant du commerce transfrontalier. De plus, le soutien du gouvernement Erdogan aux rebelles syriens a fait du Hatay une véritable poudrière : des hommes armés circulent dans toute la province.

[...]  Dans la région d’Adana, des alaouites ont reçu un tract bilingue (arabe et turc) au contenu suivant : "Nous, soldats du bataillon du cheikh Moaz al-Khatib qui menons le djihad sur la voie d’Allah, mettons Assad et ses collaborateurs en garde : Ne soutenez pas le mécréant. Pour éviter que votre tête ne soit détachée de votre corps, empruntez la voie d’Allah. Toi le mécréant qui fait tes ablutions dans la bave du chien Assad, nous déverserons ton sang pour laver la terre sacrée de l’Etat sunnite syrien. Grâce à la puissance qu’Allah donnera à notre bras, votre fin est proche !" (Cumhuriyet, 12 avril 2013).

Transgressant son sens de l’hospitalité légendaire, la population de Reyhanli qui, à l’instar des réfugiés et des rebelles syriens, est majoritairement sunnite, en a elle aussi ras-le-bol du laxisme des autorités turques à l’égard des réfugiés syriens qui sèment l’insécurité et la discorde. Quatre jours avant les attentats, Reyhanli a été le théâtre de violents affrontements entre habitants locaux et réfugiés syriens.

On ne comprend donc pas pourquoi des "agents du régime syrien" auraient attaqué des habitants locaux au lieu de prendre des rebelles pour cible, d’autant que le gouvernement syrien n'a aucun intérêt à cibler une population turque qui lui est favorable. La thèse officielle turque selon laquelle le but des terroristes serait de semer la discorde entre les habitants de Reyhanli et les réfugiés syriens ne tient pas la route puisque cette discorde est déjà une réalité. Rebelles syriens et habitants de Reyhanli sont à couteaux tirés.

L'attentat visait certes à semer la discorde mais une discorde d'une toute autre nature, une discorde que les autorités n'ont visiblement pas réussi à camoufler puisqu'elle n'a pas échappé aux victimes. Les personnes interrogées sur les lieux du massacre ont interprété le double attentat comme une tentative de monter les sunnites du Hatay [...] contre les alaouites "naturellement" pro-Bachar. Mais la population du Hatay n’est pas dupe. Ce dimanche, alaouites, sunnites et chrétiens ont manifesté main dans la main à Antioche en solidarité avec les victimes de Reyhanli et ont appelé le gouvernement turc à la démission.

 

Un massacre qui arrange l'Etat turc et ses mercenaires syriens

L'administration Erdogan a fait du renversement du gouvernement de Bachar el-Assad une priorité absolue. Toute initiative servant cette cause est parrainée par Ankara. Ces derniers jours, Erdogan a multiplié les provocations guerrières, incitant les puissances occidentales à attaquer la Syrie. Jeudi dernier, il a déclaré à la chaîne étatsunienne NBC News que son pays était prêt à appuyer Washington en cas de conflit avec Damas.

Erdogan a raison de s’affoler. Ses affaires en Syrie ne vont pas bien.  Face aux groupes armés qui accusent le coup, l'armée arabe syrienne progresse sur quasi tous les fronts. Elle a reconquis tous les quartiers sud de la ville d'Alep ainsi que des zones stratégiques de la banlieue de Homs et Hama. L'armée est surtout parvenue à sécuriser Damas en remportant la bataille de la Ghouta et a neutralisé l'avancée des rebelles depuis la ville méridionale de Deraa. Elle vient même de pénétrer dans les banlieues de Qousseir où elle n'avait plus mis les pieds depuis plus de huit mois, ce qui va lui permettre de relier Homs au littoral. Les principaux axes routiers du pays sont sur le point de passer intégralement sous contrôle gouvernemental.

[...]  Grâce à sa résistance et aux efforts de son allié russe, l'Etat syrien est aussi sur le point de remporter la bataille diplomatique. Les puissances occidentales semblent avoir compris que la Syrie n'est pas une bouchée facile et qu'il faudra trouver un compromis à défaut de pouvoir mettre ce pays à genoux. On se demande dès lors pourquoi l'Etat syrien sacrifierait son précieux avantage et mettrait son existence en péril ?

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Najat Vallaud-Belkacem glose sur l'UMP

C'est l'arrogance parlant du néant :

 

Najat Vallaud-Belkacem semble persuadée d'avoir le sens de la formule. Sur Canal+, ce matin, à propos de l'UMP en proie au néant, elle s'est crue autorisée à dire : "les Français détestent deux choses en politique : l'absence de transparence et l'absence d'idées, et l'UMP réussit ce pari fou de cumuler les deux." La phrase était inopportune, venant d'un gouvernement qui ne sait visiblement plus quoi faire en général (absence d'idées), et qui fourgue sans aucun débat (absence de transparence) des décisions redoutables ou indéfendables : le sabordage du code civil ou Notre-Dame-des-Landes.

Au chapitre de l'absence de transparence, chaque matin qui se lève apporte d'ailleurs un fait nouveau. Par exemple le second cadeau – en six mois – d'1,2 million d'euros aux révolutionnaires syriens, décision prise elle aussi sans débat...*

Paris fait des économies sur tout, sauf sur les erreurs géopolitiques. Et sauf sur l'arrogance.

 

 

 

 

* Pour une vision plus réaliste de la situation syrienne, relire l'appel de l'archevêque syrien catholique de Hassaké-Nisibe (23 novembre) :

<< Au nom des trois évêques de la région, syrien catholique, syrien orthodoxe et assyrien oriental, ainsi qu'au nom des différentes composantes ethniques: syriaques, arabes, kurdes, yazides, arméniens et autres, je lance cet urgentissime appel à S.S le Pape Benoît XVI, à tous les chefs d'État, surtout à ceux qui ont une influence dans ce qui se passe dans la région et surtout en Syrie, au secrétaire général de l'ONU et à toutes les personnes de bonne volonté, de vouloir fermement intervenir pour que notre région, la préfecture d’Hassaké au Nord-Est de la Syrie, demeure encore et reste un havre de sécurité et de paix, elle est, à ce moment la seul en partie épargnée en Syrie.

Cette région de la Jézireh, dont les deux plus grandes villes sont Kamichli et Hassaké, abritent plus de quatre cents mille réfugiés venus de toutes les régions du pays: Alep, Idlib, Homs, Der-Ez-Zor… etc ainsi que les anciens réfugiés irakiens généralement oubliés.

Ce que nous voulons, et avec insistance, c'est que tous ceux à qui nous lançons cet appel urgent fassent pression sur les différents groupes armés et l'Armée libre pour qu'elles n'entrent pas dans notre région afin qu'elle demeure toujours ce qu'elle est:le seul havre de paix et de sécurité en Syrie.

Nous insistons sur la sortie des groupes armés qui occupent Ras El-Aïn, ville-frontière et aujourd'hui ville fantôme, afin que les trente mille réfugiés qui l'ont quittée, rentrent chez eux.

Dans le cas où les différents groupes armés attaquent nos villes et s'y installent, nous verrons les quatre cents mille réfugiés sur les routes de l'exil une deuxième fois et plus de huit cents mille nouveaux réfugiés prendre les routes de l'exil, vers l'inconnu, mais surement, dans une débâcle total, vers la faim, le froid et les massacres. Suite à une entrée préalable, ce qui attend les villes et leurs populations c'est, à part les dangers de mort, la destruction totale des quartiers et des villes car l'armée syrienne, dans sa logique, bombardera partout, c'est alors la désolation de la désolation.

Ce qui nous attend, paraît-il, ce sont des camps lugubres qu'on prépare déjà en Turquie, triste sort pour une population qui n'aspire qu'à vivre chez elle en sûreté.

A tous nous crions d'intervenir, car, nous avons déjà notre lot d'angoisse, de peines et les souffrances du manque de tout genre, que nous supportons et que supportent les réfugiés eux-mêmes.

A tous nous crions :

Epargnez notre région, nos villes et nos villages qui vivent malgré tout, dans la sécurité des personnes et des biens.

Epargnez-nous les massacres, les destructions et toutes les affres de la guerre.

Au concert des nations nous crions nos craintes, et nous disons de ne pas vous taire et laisser faire comme jadis en Afrique et aux Balkans, en la présence, dite pacifique, des forces des Nations-Unies.

Epargnez-nous toute intervention militaire; nous gérons nous-mêmes notre situation. Nos comités civils, hors de toute machination politique, ont en main la situation dans la région. La bonne entente de toutes les composantes de notre société, réalisent la sécurité et la paix. Nous nous occupons aussi à remédier aux manques de tout genre, dans la mesure du possible.

Notre travail est neutre et nous ne voulons pas être la chair à canon des belligérants.

De grâce épargnez-nous ce supplice. Nous attendons seulement, et seulement des aides humanitaires, et rien d'autre.

A vous tous nous crions : Ayez la volonté, ayez le courage de laisser de côté les stratégies politiques et les intérêts et les raisons d'état, pour sauver plus de deux millions d'hommes et de femmes des affres de la guerre.

A vous d'agir, à nous d'attendre, avec angoisse, certes, mais avec beaucoup d'espoir.

Une dernière fois je lance : SOS, vous ne pourrez pas dire demain avec l'hypocrisie bien diplomatique: nous n'en savions rien.


Hassaké, le 22/11/2012

Behnan Hindo, archevêque syrien catholique de Hassaké-Nisibe, Syrie >>

 

source : Zenit

 

 

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Le capitalisme est une forme de spiritualité dangereuse, et le néolibéralisme a déstabilisé le monde

 ...C'est ce que la presse de référence commence à découvrir sous les coups du réel :

http://www.lemonde.fr/livres/article/2009/09/17/comment-les-doctrines-neoliberales-ont-destabilise-l-equilibre-mondial_1241653_3260.html

http://www.lemonde.fr/livres/article/2009/09/17/christian-arnsperger-le-capitalisme-est-une-forme-de-spiritualite-dangereuse_1241654_3260.html



1. Extraits de l'article sur les livres des économistes Paul Krugman (Pourquoi les crises rviennent toujours, Seuil, 204 p., 17 €) et James K. Galbraith (L'Etat prédateur : comment la droite a renoncé au marché libre et pourquoi la gauche devrait en faire autant, Seuil, 314 p., 23 €) :

Les doctrines ''néolibérales'' ont déstabilisé l'équilibre mondial

<< […] De plus, ajoute Galbraith, les principes qui constituaient le credo des "néolibéraux" ont été contredits par les politiques qui s'en réclamaient. […] Les conservateurs américains ont eu beau baisser les impôts des plus aisés, en postulant que "trop d'impôt tue l'impôt" et que de nouvelles recettes budgétaires seraient ainsi créées, ils ne sont en fait jamais sortis des déficits - seul Bill Clinton a affiché trois ans d'excédent budgétaire... grâce au boom de la bulle Internet. De façon éclatante, sous la dernière présidence Bush, les notions de marché et de concurrence ont surtout servi d'alibi pour attribuer à des intérêts privés des rentes dans la protection sociale [1], la sécurité, l'école... Des réglementations légitimes ont été taillées en pièces pour permettre aux acteurs privés d'augmenter leurs profits...

[...] Pour Paul Krugman, il faut notamment réguler la totalité des activités financières ou repenser la circulation internationale des flux de capitaux. […] Galbraith veut aussi en finir avec la hausse des inégalités, la pression sur les bas salaires et la remise en cause de la protection sociale, présentées, ces dernières années, comme le prix à payer pour accroître la prospérité générale. [...] Afin d'en finir avec un "Etat prédateur" aux mains des intérêts privés, il plaide pour que les pouvoirs publics américains fixent des normes sociales - salaires minimaux et maximaux - et écologiques. Et va jusqu'à réclamer que l'Etat "planifie" l'avenir : qu'il s'attaque au problème du réchauffement climatique par des investissements dans des infrastructures de transport, de gestion de l'environnement et de l'eau...>>



2. Extraits de l'interview de Christian Arnsperger, économiste, chercheur au Fonds national belge de la recherche scientifique et professeur à l'Université catholique de Louvain, auteur de : Ethique de l'existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel (Cerf, 316 p., 23 €) :

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"Le capitalisme est une forme de spiritualité dangereuse"

<< Le capitalisme fonctionne selon une règle simple : tout capital investi doit être rendu aussi rentable que possible. On en voit quotidiennement les conséquences sur nos manières de vivre ensemble et de nous définir comme humains. Ce système a sécrété un Homo capitalisticus dont le niveau de conscience et même le fonctionnement psychique et corporel sont marqués par la logique de rentabilité - qu'on pense aux effets de la mentalité concurrentielle ou aux dégâts causés par l'alimentation agro-industrielle. Ce que nous devons d'abord laisser derrière nous, c'est un certain type d'humanité. Il y a donc bien un enjeu anthropologique. Le capitalisme s'enracine dans nos angoisses existentielles les plus profondes, mais offre à nos inquiétudes des réponses perverses. A nous de comprendre ce mécanisme et d'en tirer les implications si nous voulons être plus pleinement humains.

[...] En réalité, le capitalisme est déjà une forme de spiritualité, mais tronquée, tordue, et même dangereuse. Il faut en combattre les mensonges, notamment dans la sphère du "développement personnel", qu'il a si bien confisquée. Les militants existentiels sont ceux qui, ayant vu que le capitalisme ne fait qu'attiser nos angoisses alors qu'il promet de les alléger, cherchent à se soutenir mutuellement pour promouvoir une triple éthique : la simplicité volontaire, un revenu de base égal pour tous, et une démocratie radicale étendue à l'économique. Ces militants oeuvrent à une refondation profonde de nos existences personnelles et collectives [2]. Il s'agit de modifier toute notre façon de penser l'économie, donc de concevoir nos institutions éducatives et les idéaux qu'elles transmettent aux jeunes générations. Nous en sommes loin ces temps-ci... >>




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[1] Fiefs que ces intérêts privés refusent aujourd'hui de céder : par exemple les sociétés privées d'assurances aux tarifs prohibitifs (et discriminatoires au détriment des grands malades). Leur refus est l'un des moteurs du mouvement d'agitation orchestré aux USA contre le ''plan santé'' ces jours-ci. (Plan socialement pusillanime et éthiquement critiquable par ailleurs ; mais là n'est pas le ressort matériel de la convulsion de haine attisée par les Tea Party Patriots et les milices conspirationnistes).

[2]  C'est aussi à quoi tendent les chrétiens. D'où l'absolue ineptie de se dire "conservateur" aujourd'hui.

 

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Lettre à François Fillon : un projet de voilier pour sauver le chantier Gamelin

tarangina_11A[1].jpgMessage de l'auteur du projet à ce blog  :

Il est encore possible de sauver le chantier Gamelin mais il ne faut pas perdre de temps. Je viens d’envoyer une lettre à François Fillon pour lui proposer d’étudier la possibilité de commander, pour le Service de Santé des Armées, un voilier du type  Lord Nelson, destiné  aux  handicapés,  sur  le  chantier  Gamelin. Ce courrier est disponible sur Euroclippers France : http://euroclippers.typepad.fr/ L'investissement, réalisé par la Défense, serait de 17 millions d’euros et suffisant pour assurer la survie de l’entreprise.

 

Jean-Charles Duboc

 

 

 

 

 

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Destinataire : Monsieur François Fillon, Premier Ministre

 

Objet : Redressement judicaire du chantier naval Gamelin

 

 

Monsieur le Premier Ministre,

 

 

Le chantier naval Gamelin (La Rochelle) vient d’être placé en redressement judiciaire et son avenir est fortement compromis compte tenu de l’aggravation de la crise économique.

 

La construction navale représente un secteur stratégique auquel l’Etat doit apporter son soutien.

 

Mis à part les engins de débarquement comme le L-CAT, il y a peu de possibilités de soutenir directement le chantier Gamelin et je me permets de vous présenter une solution supplémentaire offerte par le projet Euroclippers.

 

En effet, le chantier naval Gamelin construit des navires jusqu’à 50 mètres et il se trouve que l’un des voilier-écoles recommandés par Euroclippers, le « Lord Nelson », conçu pour embarquer des handicapés physiques en tant que stagiaires, et de 43 mètres de longueur au pont, représenterait une charge de travail importante pour cette entreprise dans le cas d’une commande.

 

Le designer de ce voilier-école est Colin Mudie, célèbre architecte naval écossais.

 

Le « Lord Nelson » a été lancé en 1986 pour être ensuite armé par le Jubilee Sailing Trust (Southampton). Il possède un sister-ship, le « Tarangini », voilier-école de la Marine indienne, lancé en 1998. Aussi les coûts de développement seraient faibles car ce type de navire a pu faire ses preuves en vingt ans de navigation au Royaume-Uni et en une décennie en Inde.

 

Le coût à la construction d’un voilier du type « Lord Nelson » est d’environ 17 millions d’euros (estimation 2003) et la construction de deux exemplaires permettrait une réduction de près de 15%, comme pour toute construction en série.

 

Une commande d’un ou plusieurs voiliers de ce type par l’Etat, c'est-à-dire la Marine Nationale, permettrait d’apporter un soutien particulièrement bienvenu aux chantiers Gamelin et garantirait l’emploi de ses 120 salariés et celui de ses sous-traitants. Ainsi, c’est près de 200 à 300 emplois qui seraient sauvés par une telle commande.

 

Pour la Marine Nationale, l’intérêt de l’armement d’un ou plusieurs navires de ce type réside dans la possibilité de développer une action efficace et valorisante en faveur des handicapés (paralysés, mal-voyants, mal-entendants) de la Défense.

 

En effet, nos soldats blessés en Opérations extérieures demandent un soutien sans faille de la part de la Défense Nationale et un tel navire permettrait de réaliser des navigations thérapeutiques (ex : Antilles) par le Service de Santé des Armées dans le cadre des soins à nos militaires handicapés ainsi qu’à ceux en État de Stress Post-traumatique.

 

Cette proposition de construire plusieurs « Lord Nelson » ne présente pas de difficultés particulières et elle pourrait être mise en application très rapidement par la Marine Nationale.

 

J’espère que cette proposition retiendra votre attention, ainsi que celle de Monsieur Hervé Morin, ministre de la Défense, et celle de Madame Christine Lagarde, ministre de l’économie, de l’Industrie et de l’Emploi.

 

Je vous prie de bien vouloir agréer, monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma plus haute considération.

 

Le 7 janvier 2009

Jean-Charles Duboc

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Le pape, les migrants, Daech, Paris et Moscou...

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Quelques réflexions :

 

<< Dans toute la France, à l'appel du pape François et des évêques, nos paroisses discutent de l'accueil qu'elles vont pouvoir offrir, chacune, à une famille de réfugiés. C'est le cas de la mienne, en région parisienne.

Mais ne nous y trompons pas : le pape a bien dit : « une famille » ; il n'a pas dit d'être les dupes de jeunes individus costauds qui débarquent en Europe pour fuir la conscription dans l'armée syrienne : c'est-à-dire pour déserter le combat contre Daech ! Une chose est le devoir évangélique  (nous ne serions pas chrétiens si nous nous y dérobions, et ce devoir s'applique aux familles et aux vieillards) ; une autre chose serait la naïveté (pour ne pas dire la niaiserie) consistant à encourager une immigration de jeunes Syriens déserteurs.

C'est la raison pour laquelle un filtrage aux frontières européennes est indispensable, et nos dirigeants s'en aperçoivent un peu tard. Après ces trente années d'optimisme européen qui ont abouti à confier les seules frontières encore admises (les frontières extérieures) aux gouvernements les moins fiables, nos dirigeants s'aperçoivent enfin que Schengen – censé fonctionner par temps calme –  cesse de fonctionner dès que la tempête se lève... Et la tempête n'est pas près de se calmer : des centaines de milliers de Proche-Orientaux et d'Africains se préparent à venir en Europe, les uns pour fuir l'horreur, les autres parce qu'ils croient y trouver un emploi.

La cause immédiate de ce déferlement est double : il y a en particulier les tueurs de l'Etat islamique ; et il y a en général les réseaux mafieux (de là-bas et d'ici), qui organisent ce trafic d'êtres humains dont ils tirent un profit considérable.

Face à l'Etat islamique, les Etats-Unis ne feront rien de sérieux et ne s'en cachent pas. Qui peut agir militairement ? L'Europe s'est désarmée : même la France, dont l'armée (désormais réduite et équipée de matériels vieillissants) a déjà du mal à faire face aux tâches multiples qu'on lui assigne. C'est pourquoi l'on constate un sournois changement de ton, chez nos gouvernants et nos grands médias, à l'égard de Vladimir Poutine et de son plan de coalition au Proche-Orient ; coalition dont la colonne vertébrale militaire serait l'armée russe... (Si l'on en vient là par la force des choses, on regrettera d'avoir fait les malins depuis deux ans à l'encontre de Moscou pour servir les intérêts américains ; mais c'est une autre affaire). Nos dirigeants sont-ils prêts à comprendre que la seule issue pour briser l'Etat islamique est d'agir avec la Russie et l'Iran – même si ça déplaît aux wahhabites de Ryad qui nous achètent des métros et des avions ?

Quant au problème des réseaux mafieux, il soulève une question comparable : nos dirigeants sont-ils prêts à mener contre ces réseaux une guerre de l'ombre ? Il faudrait pour cela que nous disposions de services secrets utilisables. Il faudrait aussi que nos dirigeants comprennent qu'à force de slogans creux et d'illusions dictées par Washington, nous avons laissé se créer sur notre flanc sud (à commencer par le Kosovo) une série de bases territoriales mafieuses qui s'investissent aujourd'hui dans le trafic d'humains.

Bref : la classe politique est-elle capable de ce retour à la lucidité ?

Et nous, chrétiens : sommes-nous capables, comme je le disais à l'instant, d'être à la fois lucides et charitables ? Notre pape nous en donne l'exemple, lui qui dit, à la fois, que nous devons accueillir des familles et ne pas laisser entrer de terroristes... >>

 

(Ma chronique de Radio Espérance)

 

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Budget Macron : le libéralisme va coûter très cher

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Éperonné par des libéraux absurdes, l'Elysée-Matignon dépouille les services publics (armée, police) pour financer des baisses d'impôts bénéficiant aux plus riches :

 

 

BOUZOU-Nicolas.jpgConnaissez-vous Nicolas Bouzou [photo], auteur en 2016 de L'innovation sauvera le monde, collaborateur du Financial Times, breveté Dauphine-IEP et "consultant managérial" comme tout le monde chez Macron ? Cet  "essayiste spécialisé dans l'économie" est libéral au point de préconiser la suppression des lits d'hôpital (ringardisés, dit-il, par la chirurgie ambulatoire)... M. Bouzou fait partie des nouveaux insubmersibles : au lieu de se cacher après avoir écrit en avril 2008 : "c'est le moment d'acheter en Bourse" [1], il vice-préside un cercle "de dirigeants libéraux de grandes entreprises et de responsables politiques". 

Ce lobby libéral a donc convaincu M. Macron de réaliser dès 2018 - et contrairement à ce que M. Philippe avait annoncé -  la promesse de  faire perdre au budget trois milliards d'euros en favorisant le casino financier : plafonner à 30 % les revenus du capital, faire sortir de l'assiette de l'ISF les valeurs mobilières (actions et assurance-vie), etc. En fait de disruption créative, cette opération s'inscrit dans la continuité de l'ère Sarkozy-Hollande.

Selon l'Evaluation du programme présidentiel publiée hier par l'OFCE, l'application de ce programme durant le quinquennat profitera surtout aux 280 000 foyers (1 % de la population) classés parmi les plus riches : ils bénéficieront de "46 % des gains des mesures fiscales à destination des ménages", souligne ce rapport. Les classes moyennes seront étrillées, comme ce fut le cas sous les deux quinquennats précédents. Le macronisme apparaît donc bien comme un cran supplémentaire ("incrémental", disent les jeunes managers LREM) dans la dislocation sociale engrenée par le néolibéralisme.

Pour compenser le sabordage libéral de ressources de l'Etat, et pour satisfaire à la norme bruxelloise des 3 % confirmée par Mme Merkel jugulant M. Macron, M. Philippe doit trouver 13 milliards par la "contraction de la dépense". Il doit donc - comme ses prédécesseurs - appauvrir encore les services publics : y compris ceux qu'on devait épargner au nom de la sécurité nationale...

Durant sa campagne, en effet, M. Macron avait juré (les yeux au ciel) de porter à 2% du PIB le budget de la défense. Ce ne sera pas le cas. L'armée va perdre  850 millions en pleine année courante, chose inédite qui atterre les généraux. Gênés sous Sarkozy, angoissés sous Hollande, ils deviennent indignés sous Macron. "Je ne vais pas me laisser baiser par Bercy !", fulmine le général de Villiers. Auditionné le 12 juillet à l'Assemblée, il a indiqué qu'en privant l'armée de moyens - donc d'armement et d'entraînement -, le pouvoir prépare "la défaite".

Autre volte-face :  après avoir plaidé - à juste titre - la cause de l'aide au développement des pays pauvres (clé du problème des migrants), et après avoir promis de la porter à 0,7 %  du PNB d'ici à 2030, M. Macron lui fait retirer dès maintenant 140 millions par M. Philippe...

Les gens lucides se doutaient de tout ça depuis le lancement de l'OPA Macron. Nous avions exprimé ces doutes. Ils nous avaient été reprochés en juin par d'ex-fillonniens devenus prophètes ex-post du macronisme... La proskynèse devant la finance est en effet une issue  : à condition d'être indifférent aux tyrannies, ou d'avoir secrètement voulu celle-là.

 

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[1]   http://www.arretsurimages.net/articles/2009-08-07/Vive-Ni...

 

 

 

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Drame de l'Irak : Paris ”presse l'UE” d'envoyer des armes aux combattants kurdes...

Pourquoi passer par l'UE ? C'est dérisoire :

 

  

Laurent Fabius va en Irak. Il y constate que l'armée de Bagdad (made in USA) fuit les combats, et que les peshmergas (seuls résolus à contrer les djihadistes) sont matériellement surclassés par l'arsenal US pris par ces jihadistes à l'armée de Bagdad... Devant ce ''déséquilibre évident'', M. Fabius admet – à demi-mot – que la France devrait fournir des moyens à la petite armée kurde, seule capable de contrer les djihadistes.

Ensuite, que fait-il ? Au lieu d'amener M. Hollande à prendre la décision, il se tourne vers... Bruxelles ! "J'ai demandé à Catherine Ashton de réunir au plus vite le conseil des affaires étrangères pour qu'on prenne au niveau européen des décisions sur ce point."

S'en remettre à une réunion (hypothétique) du conseil des ministres des Vingt-Huit, c'est laisser les Kurdes sans armes, puisque la machine européenne n'a pas – et ne veut pas avoir – de politique étrangère : aboulie dont Mme Ashton est, si l'on peut dire, l'illustration.

Il appartient à Paris d'agir seul. Le Vatican lui-même n'y verrait pas d'objection : lui qui avait condamné clairement les guerres des Bush contre l'Irak, puis la guerre libyenne de Sarkozy [*], il fait dire par son observateur à l'ONU - Mgr Silvano Tomasi - qu'une intervention militaire en Irak "est nécessaire en ce moment pour arrêter l’avancée des djihadistes en Irak".

J'entends Jean Glavany dire que ''la France ne doit pas devenir le gendarme du monde'' : la France, fait-il observer, ''n'a pas vocation à intervenir militairement sur toutes les parties du globe où il y a des conflits''... Il a raison en gros, mais pas en ce qui concerne le Proche-Orient, où la France a toujours eu un rôle spécifique : ''la politique d’amitié, de coopération, qui avait été pendant des siècles celle de la France dans cette partie du monde et dont la raison et le sentiment font qu’elle doit être, aujourd’hui, une des bases fondamentales de notre action extérieure'', disait le général de Gaulle en 1967. La protection des chrétiens arabes fait partie de ce rôle ; et elle fait partie aujourd'hui de l'aide à apporter à l'Irak, pour qu'il ne se disloque pas sous les coups d'un pseudo-djihad manipulé et financé par les pétromonarchies sunnites.

Cette géopolitique gaullienne fut toujours incomprise de nos partenaires européens. Puis elle a été reniée par l'Elysée, sous Sarkozy puis sous Hollande : présidences qui ont aboli les dernières velléités de politique étrangère française. Aujourd'hui M. Fabius sent le besoin de faire quelque chose qui aille, pour une fois, dans le bon sens ; la France en aurait à la rigueur les moyens techniques ; mais M. Fabius n'en a pas le moyen intellectuel et moral, puisque son réflexe est de se tourner, de façon dérisoire, vers cette ombre d'une ombre nommée Catherine Ashton.

Réflexe d'autant plus dérisoire que M. Fabius ne parle pas d'envoyer des troupes mais simplement des armes, pour que les Kurdes puissent tenir.  Cette idée semble faire peur aux "dirigeants" de l'UE : gérants d'hypermarché plus qu'élite politique... Peut-être auraient-ils moins peur s'il s'agissait de vendre des armes, et non de les donner.

 

> L'UE parviendra-t-elle même à exister au point d'envoyer à Erbil une aide humanitaire des Vingt-Huit ? On devrait le savoir dans les heures qui viennent, après la séance du ''Comité politique et de sécurité'' à Bruxelles.

 

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[*] Benoît XVI, 26/03/2011, contre les bombardements franco-britanniques en Libye : "J'appelle du fond du coeur les organisations internationales, et tous ceux qui ont des responsabilités politiques et militaires, à entamer immédiatement un dialogue afin de  suspendre l'utilisation des armes. Face aux nouvelles de plus en plus dramatiques en provenance de Libye, mon inquiétude pour la sécurité des populations civiles augmente ainsi que mon appréhension pour les développements en cours marqués par l'utilisation des armes... Dans les moments de plus grande tension se fait plus urgente l'exigence de recourir à tous les moyens dont dispose la diplomatie et de soutenir même le plus faible signal d'ouverture et de volonté de réconciliation."

 

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Entre 'Daech' et ses victimes, la RATP se déclare neutre 

C'est l'apothéose de l'éthique commerciale :irak, syrie

  

Communiqué MÉTROBUS daté du 1er avril :

 

<< A la demande de TF1 Entreprises, une affiche faisant la promotion d'un concert intitulé « Les Prêtres » a été apposée depuis le 24 mars dernier dans les espaces publicitaires de la RATP géré par se régie Métrobus. La promotion de ce concert n'a fait l'objet d'aucune restriction de la part de la RATP et de Métrobus. En effet, bien qu'appliquant des règles strictes de laïcité dans ses espaces, elle considère qu'il n'y a pas lieu de limiter la promotion de ce concert. En revanche, n'a pu être ajoutée à cette publicité une mention indiquant que ce concert était organisé au bénéfice des « Chrétiens d'Orient et de l'Oeuvre d'Orient ». Cette information se situant dans le contexte d'un conflit armé à l'étranger et malgré les atteintes dont sont victimes un certain nombre de minorités dans les pays concernés, le principe de neutralité du service public qui régit les règles de fonctionnement de l'affichage par Métrobus, trouve en effet dans ce cas à s'appliquer. >>

 

Passons sur la troisième phrase, bien qu'elle exprime une conception de la laïcité non pas « stricte » (comme dit la RATP) mais incompatible avec la loi républicaine de 1905. En effet cette loi – simple séparation des Eglises et de l'Etat – ne permet aucunement une « laïcité » qui puisse « donner lieu » à l'éviction de religions hors de la ville.

La monstruosité commence à la quatrième phrase. Elle réside dans les six lignes surlignées par moi : la RATP et sa régie publicitaire, Métrobus, expliquent froidement que « le service public » doit rester « neutre » entre... des persécuteurs et des persécutés.

L'attitude des commerciaux de la RATP est d'autant plus absurde que l'armée française (« service public » s'il en est) est engagée en Irak contre les persécuteurs ! Les commerciaux devraient envisager de retirer aussi les affiches de recrutement de l'armée qui figurent dans les stations de métro : elles constituent une violation flagrante des « règles de fonctionnement de l'affichage par Métrobus ».

Non seulement le communiqué est absurde mais il est obscène, dans la mesure où la RATP reconnaît que les persécuteurs en question portent atteinte à des minoritésOui, semble-t-elle nous dire, c'est un fait, nous sommes conscients de sa gravité : mais ce fait ne change rien à notre principe de neutralité... La RATP n'ignore pas le drame syro-irakien, elle le connaît, elle en sait la nature ; et elle refuse d'en tenir compte, parce que ce genre de drame ne change rien aux normes de la pub dans les couloirs du métro.

 On est en présence d'un engrenage. Les commerciaux ayant pris le pouvoir dans notre société, leur règle – la glorieuse « éthique entrepreneuriale » – prévaut désormais sur toutes les autres : notamment sur des devoirs sociaux aussi élémentaires que la solidarité, la compassion et l'assistance aux faibles et aux persécutés.

La règle du commerce, c'est que tout se vaut, parce qu'il faut pouvoir vendre de tout : et comme il faut pouvoir le vendre à tout le monde, il est hors de question de « discriminer » qui que ce soit.  Et soutenir les persécutés, ce serait une discrimination ? Oui : contre les persécuteurs. Mais la RATP est un service public, pas une firme ordinaire ? Ne soyez pas naïfs. Mais Daech est loin de la France ? Ne soyez pas rétrograde, nous dit Kevin Durand : it's a global world.

 

 

irak, syrie

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Bolivie : les putschistes chassent le populiste

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Ce qui se passe en Bolivie mérite trois minutes de notre attention. Ce n’est pas seulement une Revolucion à la sud-américaine : c’est aussi une version sud-américaine de certains des travers, ou mensonges politiques, propres à notre époque. Ma chronique à Radio Présence (son et texte) :

 https://www.radiopresence.com/IMG/mp3/20112019_chroeco_ai...

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 Fernando Camacho, un d'Aubuisson à la bolivienne

 

<<  Qu’est-il arrivé en Bolivie ? L’armée et la police ont poussé à la démission et à l’exil le président Morales, qui est un Indien aymara : le premier à avoir été élu président de ce pays où les Aymaras sont majoritaires.

Avec l’usure du pouvoir, Morales avait commis des erreurs, était devenu despotique et voulait se faire réélire indéfiniment quitte à manipuler les urnes… On touche-là aux faiblesses de ce qu’on appelle aujourd’hui le populisme, dont Morales est un parfait exemple et qui promet partout beaucoup plus qu’il n’est capable de tenir.

Mais regardons d’un peu plus près ceux qui ont fait évincer Morales par l’armée. Nos médias ont tendance à prendre ces putschistes pour des défenseurs de l’Etat de droit et de la démocratie occidentale. En réalité c’est bien autre chose. A la place de Morales s’est installée comme présidente (autoproclamée) une sénatrice nommée Jeanine Añez... Mme Añez se réclame haut et fort du parrainage du président américain Donald Trump. Par ailleurs, elle se réclame haut et fort du christianisme. Mais elle est célèbre en Bolivie pour ses tweets où elle traite les Indiens (65 % des Boliviens) de sous-hommes sataniques qu’il faudrait chasser de toutes les villes du pays pour les confiner dans la montagne… Forte de cette conception spéciale du christianisme, Mme Añez a fait son entrée au palais présidentiel en brandissant une Bible.

Elle était accompagnée d’un personnage non moins raciste qu’elle : M. Fernando Camacho, leader d’extrême droite au service des oligarques économiques… Un agitateur particulièrement agité, qui lui aussi prononce des discours féroces en brandissant la Bible et en appelant sur les Indiens le feu du ciel : c’est-à-dire le feu de l’armée. Etrange usage de la Bible, et jolie façon d'évangéliser !

Autant dire que la Bolivie prend le chemin d’une guerre civile. Les combats de rue ont commencé.

Et là comme en d’autres pays, la seule force d’interposition est l’Eglise catholique… Depuis le 18 novembre, le secrétaire national de la conférence épiscopale, Mgr Aurelio Pesoa, appelle à la paix et au dialogue. Mgr Pesoa a intérêt à se méfier : car M. Camacho fait beaucoup penser à son équivalent des années 1980 au Salvador, le leader d’extrême droite Roberto d’Aubuisson.  Qui fit assassiner l’archevêque Oscar Romero pendant sa messe, parce que Mgr Romero défendait le peuple contre la guerre civile. >>

 

Fin de ma chronique de ce matin à Radio Présence

 

 

PS – Fascination envers M. Trump, mobiles ultracapitalistes déguisés en religiosité chrétienne, discrimination ethnique, anticommunisme anachronique au point d’en être absurde : les duettistes Añez & Camacho ont tout pour plaire à nos propres libéraux-conservateurs ! Attendons les numéros de décembre des mensuels parisiens éponymes : l’un prétendra que Bernanos aurait donné l’abrazo à M. Camacho [*] ; l’autre fera un débat (entre MM. Zemmour et Bruckner) sur le thème : Morales réfugié au Vatican ?

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[*]  Idée bien inepte, pourtant, par rapport aux Grands cimetières et au Chemin de la Croix-des-Âmes.

 

 

Un des tweets anti-Indiens de Mme Añez :

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Après l'inutile aéroport nantais : le ”stade inutile” lyonnais

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 Immobilier privé... avec caution publique : 

 

Ledauphine.com : « Le financement du Grand Stade de l’Olympique lyonnais est bouclé et les travaux débuteront "à l’été", a annoncé OL Groupe samedi dans un communiqué. »

Euphorisante pour la plupart des médias, cette nouvelle (où l'on retrouve Vinci comme à Notre-Dame des Landes) est diversement accueillie dans la région lyonnaise. Témoin l'article du Point : « Les opposants déplorent principalement l'impact écologique et la desserte de l'enceinte, dans l'est de l'agglomération, plus excentrée que l'actuel stade de Gerland situé à Lyon, et refusent toute aide publique pour ce projet "entièrement privé". »  Témoin aussi l'opinion du blogueur lyonnais Marc Chinal... Extraits de son article :

<< Notre ministre du droit des femmes est une cumularde, elle siège aussi au conseil général du Rhône. Et vendredi 19 juillet 2013, elle a voté comme ses amis socialistes et ses collègues centristes, pour le soutien financier à un projet destructeur de la nature, à savoir : OL-Land, un complexe immobilier sur des terres agricoles.

Vous connaissez « Notre Dame des Landes » avec encore une fois un socialiste aux manettes (notre premier ministre), vous allez connaître « OL-land », le projet de faire un 2éme stade de foot géant pour la métropole lyonnaise, aussi inutile que coûteux.

Et lorsqu’un média indépendant demande à notre ministre du droit des femmes, par écrit, pourquoi le département a voté une caution financière de 40 millions d’euros pour un projet privé, et bien… pas de réponse. Ni aucune réponse des autres socialistes (à part un qui a osé dire « non » à ce projet inutile et destructeur), pareil pour les « centristes » qui se sont enfermés dans le silence. 

Normalement le département se porte caution pour des constructions qui aident l’insertion des handicapés. Ce 2ème stade géant de la métropole lyonnaise est-il à destination des handicapés ? Normalement le département se porte caution pour des équipements sportifs qui profitent à tous. Est-ce que la pelouse de ce futur stade servira aux jeunes des quartiers de cette banlieue Est de Lyon ? Evidemment non.

 Qu’est-ce que cette caution ? M. Aulas, propriétaire de l’Olympique Lyonnais, a depuis des années (officiellement depuis 2007) l’envie d’être propriétaire de SON stade. Mais il n’a pas assez d’argent pour le construire. Et les investisseurs, malgré les copinages, hésitent à dépenser de LEUR argent dans un projet qui risque même de couler l’Olympique Lyonnais s’il n’arrive pas à payer ses dettes ! Aussi, pour les rassurer, Gérard Collomb fait voter des aménagements à coups (et coûts) de centaines de millions d’euros (environ 400 millions d’euros, soit 2,6 milliards de francs). Mais cela ne suffit pas pour trouver de l’argent pour le stade. Alors, pour rassurer le futur constructeur du stade, Vinci, le département du Rhône fait voter une garantie sur des obligations dont la rémunération est largement supérieure à celle du Livret A !

[…]   Et que dire de la partie « économique » ? Le marché de l’immobilier à Lyon est inondé par des constructions de bureaux (bientôt de nouvelles tours vont être construites dans le quartier de La Part-Dieu) bureaux qui restent souvent vides et lorsqu’ils sont remplis, c’est grâce à des transferts de sociétés déjà existantes qui vident d’autres lieux… Le serpent se mord la queue. Or OL-land est avant tout un projet immobilier dont la rentabilité est fonction de la revente de milliers de mètres carrés de bureaux…  >>

 

>   à lire et à voir :


http://www.lepoint.fr/sport/le-financement-du-grand-stade-de-lyon-est-boucle-fin-d-apos-une-saga-de-6-ans-27-07-2013-1708937_26.php

http://www.dailymotion.com/video/k3OipCnOIsFjmR44ovJ

http://www.pss-archi.eu/immeubles/FR-69275-4071.html

  

 

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