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UE : comment les lobbies manipulent Bruxelles

Mais qui contrôle vraiment l'Europe ? (Arte 12/02, 20h50) :


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Extraits des propos de l'auteur du documentaire (Matthieu Lietaert), TéléObs 9-15/02 :

 

Les lobbyistes du privé à Bruxelles : << Alors qu'on en comptait un millier dans les années 1980 avant la création du Marché unique, on estime qu'ils seraient, aujourd'hui, entre 10 000 et 15 000 ! Mon idée [est] de démontrer à quel point ils influencent les décisions de l'Europe... Il faut que les citoyens européens prennent conscience de la nécessité de réclamer une transparence, un équilibre des forces et une réglementation. >>

 

Bruxelles au service des multinationales : << [Olivier Hoedeman] nous explique comment il a découvert l'existence d'une table ronde secrète (European Round Table) constituée des plus gros industriels européens qui seraient parvenus à influencer la création du Marché unique, dans les années 1980, et ses modalités libérales actuelles. [...] Et un des plus grands groupes sert... les intérêts américains ! [...] Ils utilisentdes stratégies quasi militaires, avec des avocats qui rédigent des amendements, des think tanks qui organisent des ''débats'', des chercheurs qui établissent des documents ''neutres'' [...]  On ne peut pas discuter des OGM uniquement avec Monsanto ! En 2008, huit personnalités ont été mandatées pour tenter de trouver des solutions à la crise financière. Elles venaient toutes de la finance et des banques ! >>

 

Le pantouflage des dirigeants européens : si la loi était appliquée, << cela empêcherait certains d'entre eux de commencer à servir des acteurs privés pendant leurs mandats. Il faut que les citoyens européens se prennent en main en surveillant la droiture de leurs représentants à Bruxelles. >>

 

 

 

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10/02/2013 | Lien permanent

78 % des Français pour une nationalisation des autoroutes

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Leur colère est compréhensible. Mais le problème est ailleurs :

 

Réponse massive au sondage LCI-OpinionWay publié aujourd'hui : 78 % des interrogés souhaiteraient que la gestion des autoroutes françaises soit retirée aux firmes privées qui rançonnent les automobilistes. L'idée est tonique : étriller les prédateurs est un rêve du Français, toutes tendances confondues... (même à droite : navré pour les ex-bonnets rouges et autres libéraux "populistes" amis du tout-camion).

Ce rêve doit néanmoins être tempéré par deux données concrètes. D'une part, personne ne croit le gouvernement Macron-Valls capable de concevoir une décision hostile aux intérêts de quelque firme que ce soit : notamment ceux de Vinci, comme M. Valls vient de le proclamer à propos de l'aéroport-bis de Nantes.

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D'autre part, le bétonnage autoroutier et ses corollaires (pollution massive, mitage du territoire etc) se poursuivrait sous régime public comme sous régime privé : le vrai problème est le modèle économique du productivisme/consumérisme hors-sol, dont la folie des transports longue distance – avec multiplication des autoroutes – n'est qu'un produit dérivé.

  

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La grotesque affaire Renault

Quand le capitalisme ne rend de comptes qu'à lui-même :

 

Patrick Pélata, numéro 2 de Renault, dit maintenant qu'on l'a « manipulé » et parle de démissionner. Ghosn, le numéro 1, veut échapper au ridicule : l'avocat de Renault maintient donc qu' « on n'a aucun renseignement qui concoure, d'une façon ou d'une autre, à dire que la thèse initiale, c'est-à-dire l'espionnage, n'existe pas. » Autant dire qu'il n'y a pas non plus de preuve qui la soutienne... Quant aux trois cadres supérieurs de Renault évincés pour « espionnage », ils peuvent escompter des dommages-intérêts à l'américaine, c'est-à-dire colossaux. Le monde s'esclaffe. Surtout la Chine : après ça, les Français hésiteront avant de résister à Pékin dans d'autres affaires... Renault a donc desservi la France sarkozyenne, qui n'en avait pas besoin.  Bravo.

Cette histoire porte un enseignement. L'accusation d'espionnage était venue d'une lettre de dénonciation anonyme, chose banale dans ces paradis que sont les entreprises ; au lieu d'appeler la DCRI (filière normale en cas d'espionnage industriel), Renault a suivi la règle de l'ère néolibérale où tout doit être privé, externalisé et délocalisé. Ce qui s'est traduit par une cascade guignolesque : l'enquête confiée une société « d'intelligence économique » (déjà il y aurait beaucoup à dire), qui la délègue à l'un de ses salariés (« un ancien para basé à Alger et reconverti dans la sécurité des entreprises », on voit le tableau) ; lequel ne sera pas lui-même l'enquêteur, mais, « sans avertir son entreprise, servira d'intermédiaire à Renault pour protéger l'identité des véritables enquêteurs privés » (Libération du 4 mars). Alors qui sont ces derniers ? Sont-ils même les... derniers ? N'y a-t-il pas encore d'autres rigolos derrière ? Qui a réellement fait cette fameuse « enquête », qui se dégonfle aujourd'hui de la façon la plus risible ? Ce n'est pas encore révélé. Peut-être ne le sait-on pas.

On dira : ce n'est pas plus ridicule que la vieille affaire des Irlandais de Vincennes, ou que l'affaire Hallier, montées par des manipulateurs auxquels Mitterrand s'était confié. Mais ces affaires avaient choqué les Français : l'Etat avait dérogé, disait-on, en se confiant à des gens qui avaient agi comme des flics privés. Ce n'était pas encore entré dans les moeurs.

En 2011 c'est fait. Tout se privatise, y compris la guerre : en Irak, en Afghanistan, on en est aux opérations sanglantes menées par des « sociétés de sécurité ». De leur côté, les grandes entreprises (roulant pour elles seules, non pour le pays dont elles sont censément originaires), ne rendent plus de comptes qu'à elles-mêmes : et ceci s'applique à tous les domaines, donc aussi aux opérations d' « intelligence » [1] et de « sécurité ». D'où le fait que Renault - quoique ayant l'Etat pour actionnaire principal - n'ait pas alerté la DCRI, à laquelle furent préférés des privés – forcément plus modernes puisque privés (l'Etat c'est le mal). « Les anciens espions, policiers ou gendarmes truffent désormais les directions des grandes entreprises » : dans la logique du capitalisme tardif, ils externalisent le boulot vers des gens qui eux aussi (comme tout le reste de cet univers économique) ont pour seule norme de maximiser les gains et minimiser les prestations. Peut-être la chaîne des « enquêteurs » de l'affaire Renault aboutit-elle à un plateau de répondeurs téléphoniques, dans une oasis des déserts d'Asie centrale... Mais les chèques de MM. Ghosn et Pélata n'ont pas été perdus pour tout le monde.

 

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[1]  Encore un mot colonisé : « intelligence » en français ne veut plus dire « intelligence », mais « espionnage », comme en américain. Apparemment avec le même succès. Passons, par ailleurs, sur ces "experts" qui ont souvent l'air de sortir de séries télé sans budget.

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J.O. : la recette gagnante du sport britannique

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...est une énorme entorse au... libéralisme :

 

Bilan des J.O. : Paris (en recul d'un titre) est content d'arriver septième avec 42 médailles, dont 10 en or. Mais Londres rapporte 66 médailles dont 27 en or : deuxième position, derrière les Etats-Unis et devant le dragon olympique chinois !

En 2004 à Athènes, la Grande-Bretagne n'était que dixième.

Comment s'est-elle relevée ? Accuser le dopage ne signifierait pas grand'chose (le soupçon visant à peu près tous les pays). Un autre facteur a joué. Et c'est très ironique : le sport anglais s'est régénéré grâce à une vigoureuse politique d'Etat, au contrepied du dogme libéral instauré par feue Mme Thatcher  - et prorogé par M. Blair dans la plupart des domaines... sauf quelques-uns, dont celui-là.

Pour Mme Thatcher, la société n'existait pas : il n'y avait que "l'individu et le marché" (verbatim) ;  l'Etat n'avait mission que de se démanteler lui-même [*] pour transférer les responsabilités aux intérêts privés.

Les résultats surgirent sous  le successeur de Mme Thatcher, John Major. Ce fut la catastrophe des chemins de fer : privatisées en 1993, c'est-à-dire vendues par appartements à diverses sociétés, les activités du British Railways Board périclitèrent à force de licenciements et de gains de productivité financière ; s'ensuivirent des catastrophes par déclin de la maintenance (déraillement de Hatfield en 2000), l'échec scandaleux des sociétés privées Connex South Central et Connex South Eastern [**], puis l'effondrement de la société privée Railways Track sous le poids de sa propre irresponsabilité, et la reprise en main des chemins de fer par un organisme faussement privé mais contrôlé par l'Etat : Network Rail...

Autre résultat : la catastrophe du sport anglais, financièrement et matériellement asphyxié par le retrait de l'Etat. Aux J.O. d'Atlanta en 1996 (sous John Major), les Brits terminent 36èmes avec une seule médaille d'or. L'humiliation populaire est telle que le gouvernement vacille. John Major se résout alors à rompre avec le dogme. Il décide que la loterie nationale reversera une partie de ses profits au sport de haut niveau. Tony Blair, Gordon Brown, puis David Cameron, amplifieront  cette quote-part publique jusqu'à 75 % des investissements sportifs à but olympique : plus de 400 millions de livres à partir de 2013. L'organisme "indépendant" UK Sport distribue les fonds : mais ce sont des fonds publics, et il les distribue selon une stratégie parfaitement dirigiste, pour soutenir des disciplines sélectionnées en fonction des performances ; politique que les experts jugent "froide, brutale, calculée" :  à l'anglaise, a-t-on envie de dire.

Ces considérations ne changent rien au regard lucide que l'on doit porter sur le sport-spectacle, industrie d'enfumage du capitalisme contemporain, et sur la dégénérescence qu'il inflige au sport populaire authentique.

Mais elles soulignent un fait qu'il ne faut pas cesser de rappeler : le libéralisme (avec son stade suprême : la rentabilité financière substituée aux réalités) dévitalise et asphyxie les activités dont il s'empare. Lorsque l'une de ces activités menacées devient un enjeu, les gouvernants du pays sont forcés d'y remédier en sortant des clous libéraux...

 

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[*]  Sauf pour s'accrocher militairement aux Malouines. Et encore : l'intérêt de cet archipel - pris naguère à l'Argentine - réside dans ses eaux territoriales dont les fonds recèlent des nodules polymétalliques peut-être exploitables, donc guignés par l'industrie anglo-américaine. Une guerre pour des intérêts privés : vieille habitude "occidentale", britannique en particulier.

[**]  d'où le film de Ken Loach The Navigators, qui montre par surcroît le délitement humain du milieu des cheminots sous le choc du management. Noter que Connex était une filiale de...Vivendi Environnement, prédécesseur de Veolia Environnement. Le libéralisme est sans frontières. Ses échecs aussi.

 

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Ouest contre Est : la marche à la guerre ?

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Hier au Sénat, les propos sidérants du général Martin Dempsey (chef d'état-major du Pentagone) faisaient penser à ceux de Burt Lancaster putschiste dans Seven Days in May :  

 

Barack Obama a reçu deux gifles hier. L'une du Congrès, qui a acclamé un chef de gouvernement étranger venu vitupérer la politique étrangère de la Maison Blanche. L'autre du Pentagone, qui parle désormais comme si la Maison Blanche n'existait plus. Devant la commission des forces armées du Sénat, le général Martin Dempsey, chef d'état-major inter-armées au Pentagone, a déclaré mot pour mot : « Je pense que nous devrions absolument envisager de fournir [des armes à l'Ukraine], et cela devrait être fait dans le cadre de l'Otan, l'objectif ultime de Poutine étant de fracturer l'Otan. »

Cette idée violerait la légalité internationale que « l'Occident » (dont le général Dempsey est en principe l'outil) ne cesse pourtant d'invoquer.

En effet :

1. pays en état de semi-guerre, l'Ukraine ne fait pas partie de l'Otan, et n'en fera pas partie tant que plusieurs membres de l'Otan (France, Allemagne) s'y opposeront.

2. Donc : le fait d'armer un belligérant non-membre de l'Otan – et de faire cela explicitement « dans le cadre de l'Otan » – serait un acte d'intervention agressive.

3. Cet acte contredirait la charte de l'Otan, qui est par nature un pacte défensif.

4. Pour tourner cet obstacle, le général Dempsey invente un prétexte : la situation présente serait l'effet, de la part de Poutine, d'une stratégie a priori qui viserait à « fracturer l'Otan ». Fiction ! Regardons les faits réels : a) c'est Washington qui a pris l'initiative des hostilités contre la Russie à la fin des années 1990, en étendant l'Otan contrairement à la promesse faite à Gorbatchev, et en programmant la ceinture soi-disant « anti-missiles » ; b) le putsch de Kiev en 2014 fait partie* de ces hostilités américaines, qui se veulent un étau à resserrer autour de la Russie ; c) la guerre larvée en Ukraine est une conséquence de ce putsch et de ce qui s'en est suivi ; d) Eltsine lui-même avait prévenu que toute avancée de l'Otan vers la frontière russe entraînerait une riposte de Moscou, quel que soit le gouvernement alors en place ; e) présenter la réplique politico-militaire de Poutine comme une menace préméditée contre « l'Otan » en général est une pure rhétorique. Mais c'est une rhétorique périlleuse.

5. Présenter comme un provocateur celui qu'on a provoqué, puis l'attaquer en disant qu'on se défend contre lui : c'est le mécanisme des guerres.

6. Rappelez-vous ! Golfe du Tonkin, 2 août 1964. Deux destroyers américains (USS Maddox et USS Turner Joy) font intrusion dans les eaux territoriales du Nord-Vietnam. C'est une Gulf_of_Tonkin_Incident.jpgprovocation délibérée. Les batteries nord-vietnamiennes ouvrent le feu. Le 4 août, le Congrès vote un texte qui était prêt depuis six mois : intitulé Resolution to promote the maintenance of international peace and security in southeast Asia, ce texte autorise ensuite le président des USA à déclarer la guerre sans vote du Congrès... On connaît le résultat : vingt ans d'un carnage sans issue qui tuera 1 800 000 Vietnamiens et 58 000 Américains. Incroyable tuerie pour rien, fruit de l'aveuglement politique de Washington – et de la pression du complexe militaro-industriel étatsunien !

 

Que se passerait-il si le Pentagone imposait sa volonté au faible et verbeux président Obama ? Voici le scénario :

► quoique la charte de l'Otan soit ainsi violée et (de facto) suspendue, les Etats de l'UE n'oseraient opposer leur veto et seraient forcés de suivre Washington ;

le Pentagone déploierait en Ukraine des systèmes d'armes qui seraient (inévitablement) servis sur le terrain par  l'armée américaine, sachant la carence de l'armée ukrainienne ;

tout serait donc en place pour un conflit direct entre l'armée américaine et l'armée russe ;

étant dans les bagages de l'armée américaine, les Etats européens seraient impliqués dans le conflit.

 

Voilà où nous mènent les « Seven days in March » du général Dempsey.

 

 

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* Ça se passe désormais à ciel ouvert : l'actuel gouvernement de Kiev comporte plusieurs ministres non-ukrainiens, formés à Washington et/ou citoyen(s) américains.

 

 

 

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La ”destination universelle des biens”, une idée catholique

La propriété privée n'est pas un droit absolu :

 

 

Le principe du bien commun implique celui de la destination universelle des biens. « La tradition chrétienne n'a jamais soutenu ce droit [de propriété] comme un droit absolu et intangible. Au contraire, elle l'a toujours entendu dans le contexte plus vaste du droit commun de tous à utiliser les biens de la création entière : le droit à la propriété privée est subordonné à celui de l'usage commun, à la destination universelle des biens.[1] » Saint Ambroise, Père et docteur de l’Église, évêque de Milan au IVe siècle, affirmait par exemple : « la nature en effet a répandu toutes choses en commun pour tous. Dieu a ordonné en effet que toutes choses fussent engendrées de telle sorte que la nourriture fût commune pour tous et que la terre par conséquent fût une sorte de propriété commune de tous. C'est donc la nature qui a engendré le droit commun et l'usage qui a fait le droit privé.[2] » Le même Saint Ambroise rappelait fortement la relativité de la propriété privée : « Ce n’est pas de ton bien que tu fais largesse au pauvre ; tu lui rends ce qui lui appartient. Car ce qui est donné en commun pour l’usage de tous, voilà ce que tu t’arroges. La terre est donnée à tout le monde, et pas seulement aux riches.[3] »Au XIIIe siècle, Saint François d'Assise plaçait la pauvreté au cœur de son expérience spirituelle et refusait l'esprit d'appropriation [4]. Au début du XVIe siècle Ignace de Loyola, fondateur des jésuites, choisissait un mode de vie simple pour trouver la paix, être libre pour aimer Dieu, et se mettre au service des pauvres et de la justice.

Depuis la fin du XIXe siècle, les encycliques sociales rappellent constamment que le bien commun se situe au-dessus du droit de propriété, et que la destination finale des biens n'est pas d'abord leur appropriation privée, mais le droit universel à leur usage. La formulation que donne Vatican II du principe de destination universelle des biens est aujourd'hui la plus communément admise : « Dieu a destiné la terre et tout ce qu'elle contient à l'usage de tous les hommes et de tous les peuples, en sorte que les biens de la création doivent équitablement affluer entre les mains de tous, selon la règle de la justice, inséparable de la charité.[5] »

Quelles sont les applications de ce principe au regard de la crise écologique ? Dans un monde où l'accaparement de la terre et de ses richesses au profit des seuls intérêts privés de quelques-uns est devenu la règle, on peut en souligner au moins trois.

D'abord, une interrogation sur les formes de la propriété, anciennes (appropriation des terres, des biens nécessaires à la vie de tous,...) ou nouvelles (propriété industrielle ou intellectuelle). En Amazonie, par exemple, les terres occupées par les Amérindiens sont accaparées par des grandes firmes multinationales, pour produite du soja ou des agrocarburants. Autre exemple : les brevets pharmaceutiques renchérissent les coûts des médicaments et réduisent l'accès à la santé dans les pays les plus pauvres. Le brevetage du vivant a des conséquences graves sur l'accès aux semences agricoles. Par la même procédure les firmes pharmaceutiques occidentales essaient de s'approprier des pratiques relevant des médecines traditionnelles. Des mouvements d'Église et certains évêques n'hésitent pas à dénoncer ces abus, et à contester le droit de propriété privée quand il constitue un obstacle à la santé ou au développement des populations[6].

Ensuite, une extension du principe à l'humanité toute entière, et aux générations futures. Une évolution sur ce point est à noter dans Caritas in veritate. Benoît XVI y exprime en effet la conviction que dans la formule « tous les hommes », il faut inclure non seulement les humains d'aujourd'hui, et notamment les plus pauvres, mais aussi ceux des générations à venir. L’environnement naturel « a été donné à tous par Dieu et son usage représente pour nous une responsabilité à l’égard des pauvres, des générations à venir et de l’humanité tout entière.[7] » Le pape utilise également une formule qui se rapproche de la définition du développement durable : « nous devons avoir conscience du grave devoir que nous avons de laisser la terre aux nouvelles générations dans un état tel qu’elles puissent elles aussi l’habiter décemment et continuer à la cultiver.[8] » Dans ce cadre, le principe de destination universelle des biens, associé à celui de responsabilité à l'égard des générations futures, pourrait fournir un critère décisif, à condition d'entendre l’adjectif ''universelle'' non seulement en termes d’extension dans l’espace, mais aussi d'extension dans le temps.

Enfin, sur un plan plus pratique, le principe de destination universelle des biens pourrait utilement servir de point de départ à une recherche d’alternatives à la propriété. Ces alternatives font partie des choix de vie simple, et constituent une réponse nécessaire et adéquate aux excès de notre modèle de surconsommation. Nous voulons évoquer ici des pratiques telles que la location, la coopération, l'achat partagé, les réseaux d'échange...

 

Simplicité et justice. Paroles de chrétiens sur l’écologie, Service de formation du diocèse de Nantes, 2013, 248 p., 8€

http://nantes.cef.fr/laune/parution-de-«-simplicite-et-ju...

 



[1] Jean-Paul II, Laborem exercens, n°14.

[2] Saint Ambroise, Livre des devoirs. Ambroise (Vers 340-397).

[3] Saint Ambroise, repris dans Popularum progressio N°23.

[4]« Que les Frères ne s’approprient rien, ni maison, ni lieu, ni aucune chose ; mais comme pèlerins et étrangers en ce siècle, servant le Seigneur dans la pauvreté et l’humilité, qu’ils aillent avec confiance demander l’aumône. Et il ne faut pas qu’ils en rougissent : parce que le Seigneur s’est fait pauvre pour nous en ce monde. » Règle franciscaine, chapitre sixième.

[5]Gaudium et Spes, 69, 1.

[6] « Les États-Unis proposent le brevetage des semences et des êtres vivants, en plus de l’extension de la période actuelle de monopole que les entreprises pharmaceutiques ont pour la vente de médicaments. Ces mesures peuvent mettre en danger l’accès des producteurs agricoles à des ressources qui leur sont nécessaires, et peuvent aussi affecter l’accès des pauvres et des plus vulnérables aux médicaments. » Déclaration de la délégation d’évêques des pays andins sur le Traité de libre-échange entre les États-Unis et les pays andin, février 2005, DIAL 2802.

[7] Benoît XVI, Caritas in veritate, n°48.

[8] Benoît XVI, Caritas in veritate, n°50.

 

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Susan Rice a (au moins) trente ans de retard

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La "conseillère du président Obama pour les questions de sécurité" ignore apparemment (mais elle n'est pas la seule) que l'URSS a disparu depuis vingt-trois ans :

 

Trente ans trop tard mais avec acharnement, elles continuent la guerre froide. Elles ? Je veux dire : les Rice successives de la Maison Blanche... Après Condoleeza Rice disant « USSR » au lieu de « Russia » (elle avait fait des études de soviétologie), voici sa quasi-homonyme Susan Rice (confondant sans doute Kiev 2014 et Prague 1968) qui fait semblant d'envisager une invasion de l'Ukraine par  l'armée russe ! «Moscou commettrait une grave erreur en envoyant des forces armées pour rétablir Ianoukovitch », déclarait tout à l'heure Mme Rice sur NBC. Hélas pour elle, Poutine venait de convenir avec Merkel de « la nécessité de préserver l'unité territoriale de l'Ukraine », ce qui exclut toute intervention armée pour installer Ianoukovitch à la tête d'une Ukraine orientale sécessionniste... Poutine a du reste peu d'estime pour le président ukrainien destitué, et n'a probablement pas envie de prendre un risque en sa faveur.

Mme Rice, quant à elle, a peu d'estime pour tout ce qui n'est pas américain (et pour les réalités en général). En décembre 2012, quand elle était ambassadeur d'Obama à l'ONU, elle avait éructé : « c'est de la merde ! » (« it's crap ! ») contre le plan français d'intervention au Mali. Après quoi elle est devenue conseillère à la Maison Blanche... Nomination significative, quand on sait que Mme Rice est considérée à Washington comme une sectaire néoconservatrice [*] : « a NeoCon in Sheep's Clothing »  (une néocon déguisée en agneau)... « Rice n'est pas une diplomate. Elle a servi de chien d'attaque au Conseil de sécurité de l'ONU pour l'administration Obama... Rice est une néoconservatrice. Si c'est une diplomate, je suis Kubilai Khan », écrivait avec humour Eric S. Margolis en 2012. Le fait qu'Obama ait choisi cette sectaire est un indice significatif. Et le fait que Hollande soit aux pieds d'Obama n'est pas fait pour nous rassurer.

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[*] Le « néoconservatisme » (idiosyncrasie américaine intransposable ailleurs) est tout sauf conservateur de quoi que ce soit : c'est une idéologie de la transformation permanente de la planète au service des intérêts US, par la projection de puissance politico-militaire – avec une nette préférence pour le militaire, dont la guerre d'Irak est l'exemple-type. Les idéologues neocon sont souvent d'anciens trotskistes : d'où leur russophobie obsessionnelle, comme si tout dirigeant russe était par nature un Staline. Selon un éditorialiste des années 2000, les néocons ne souffrent pas d'un problème physique de « brain-hand connection », mais d'un problème psychique de « brain-world connection ».

 

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Irak : un autre dominicain témoigne

...que l'Arabie saoudite est derrière l'offensive islamiste :

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<< Depuis jeudi dernier nous avons eu des nouvelles de l'avancée des troupes de l'État islamique de l'Irak et du Levant (Daa´ch) vers la deuxième ville d'Irak, Mossoul. Ces troupes ont d'abord semé la panique et la terreur, avant d'entrer dans la ville, parmi la population de Mossoul, en bombardant aveuglement par les mortiers des quartiers civils, tuant beaucoup d'hommes et de femmes. […] Ce lundi 9 juin, Mossoul a été déclarée ville occupée par les islamistes djihadistes de l'État islamique de l'Irak et du Levant. L'armée gouvernementale ainsi que les autorités civiles ont pris la fuite devant les combattants islamistes, et ont déclaré la chute de Mossoul.

Les chrétiens de la plaine de Ninive, dans différentes villes et villages comme Bartelah, Karelesh, Quaracoche et autres, ont été pris par une grande panique à cause des nouvelles venant de Mossoul. Une sorte de psychose populaire s'est formée dans la population de Quaracoche. Deux cents familles à peu près ont pris la fuite pour aller vers le Kurdistan. Les autorités civiles et religieuses de Quaracoche ont demandé le secours du Kurdistan. Mais les Kurdes ont répondu qu'ils n'ont pas reçu le mandat du gouvernement central de Bagdad pour déployer leur armée dans la plaine de Ninive. Cela augmentait encore la peur, la panique et la terreur dans la population de Quaracoche. La population de Quaracoche croyait que les combattants islamistes allaient entrer dans la ville. Mais cela ne s'est pas passé ,pour la simple raison que les combattants islamistes se sont contentés de camper sur leurs bases à Mossoul.
Finalement vers la fin d'après-midi des troupes de l'armée kurde sont venues dans la ville de Quaracoche pour la protéger. La situation s'est pacifiée un peu et la vie est redevenu normale dans l'après-midi de ce lundi.

Quant à la ville de Mossoul, elle est actuellement dans la main des islamistes. Le chef de ces combattants a pris la parole à la télévision régionale pour déclarer officiellement l'inauguration de l'État islamique de l'Irak et du Levant à Mossoul. Il a pu dans son discours calmer les esprits, et les rassurer pour que les habitants retournent à leur travaux quotidiens. Il a souhaité négocier avec l'Etat de l'Irak.
Le premier ministre irakien Nourri Al-Maleki a déclaré à la télévision irakienne que la ville de Mossoul était tombée dans les mains de terroristes qu'il fallait combattre par tous les moyens, et qu'il était prêt à donner des armes aux habitants civils de Mossoul pour combattre les djihadiste islamistes fanatiques.
Mais derrière tout ce qui se passe à Mossoul, il y a des enjeux politiques graves. Les combattants de l'État islamique de l'Irak et du Levant sont réellement soutenus par l'Arabie saoudite, qui ne cesse de vouloir établir un Etat sunnite à l'intérieur de l'Irak. Si la situation continue, on aura un Etat sunnite à Mossoul, ville riche en pétrole. >>

 

 

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Le Caire et les Rafale : un signe ?

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Cette vente-surprise

a une signification

géopolitique :

 

 

Ce n'est pas ici qu'on va pavoiser pour un contrat d'armement. Mais il faut analyser la décision du Caire. Elle signifie quelque chose.

L'armée égyptienne était dans la main du Pentagone.

Le Pentagone avait tué successivement l'achat du Rafale français par les Pays-Bas*, la Corée du Sud, Singapour, l'Arabie saoudite, le Maroc, la Suisse et le Brésil.

En février 2015, le président égyptien, issu de l'armée, commet un crime de lèse-Washington : il achète le Rafale ! C'est une rupture avec la suzeraineté américaine.

La rupture s'explique en partie par des raisons stratégiques, le Rafale correspondant aux besoins de futures opérations aériennes égyptiennes sur la Libye. Cette prévalence subite d'une  raison (les besoins militaires) sur une sujétion (envers Washington) est elle-même une nouveauté : et considérable, dans le cas de l'Egypte !

Mais c'est surtout une mauvaise nouvelle politique pour Obama et les cinglés  du Congrès. La main-mise US sur l'armée égyptienne annexait Le Caire à la politique (pro-Netanyahu) de Washington ; si vraiment Le Caire envisage de secouer cette main-mise, les choses pourraient changer. Et de fait : les 9 et 10 février, Poutine était au Caire. Il a offert à Sissi une kalachnikov symbolique, et les deux présidents ont signé l'accord qui fera construire par les Russes la première centrale nucléaire** d'Egypte. 

L'Egypte est réellement en train de diversifier ses partenaires.

Non seulement parce qu'elle y trouve ses intérêts pratiques, mais parce que le régime anti-islamiste de Sissi se méfie durement de Washington. Sissi a perdu 1,5 milliard de dollars d'aide militaire américaine en 2014 : Washington voulait le punir d'avoir éliminé les Frères musulmans. Commentaire d'un général égyptien à la presse française : « La Maison Blanche soutenait les Frères et n'a pas accepté leur éviction du pouvoir. » 

Si l'on rapproche ce constat des déclarations de Joseph Biden minimisant le danger de l'EI et prônant l'affrontement avec la Russie (cf blog 08/02), on voit la divergence d'intérêts entre Washington et le rest of the world... On voit aussi réapparaître la possibilité, très inattendue, d'un « jeu de la France » qui anéantit rétrospectivement l'américanolâtrie de Sarkozy. Mais l'Europe est hostile à ce jeu, et le duo Valls-Hollande n'y semble pas très apte.

 

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* En 2006, Washington a interdit à La Haye d'acheter le Rafale et lui a imposé le F-35 Lockheed-Martin. Or le F-35 ne parvient pas à exister, et cet avortement industriel a déjà coûté beaucoup plus cher aux USA que le Rafale à la France. (Ne comptez pas sur nos radios pour signaler ça aux auditeurs : je fais allusion à une zwanze de Mme Vanhoenacker à France Inter, il y a huit jours, contre le Rafale censé être nul puisque français).  

** La question de fond du nucléaire est un autre débat.

 

 

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Qui nous pousse à une guerre contre la Russie ?

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Le langage de cette Europe devient inquiétant :

 

Le 30 août, Mme Dalia Grybauskaité (présidente de la Lituanie) déclare : « la Russie est pratiquement en guerre contre l'Europe. »

Cette dame ne dit pas : « la Russie est pratiquement en guerre contre l'Ukraine », ce qui pourrait se soutenir – à condition de préciser qu'il s'agit de l'Ukraine occidentale : et que cette guerre est liée à la guerre que l'Ukraine occidentale fait à l'Ukraine orientale.

Non, Mme Grybauskaïté dit : « la Russie est pratiquement en guerre contre l'Europe. »

Ce qui est insoutenable, car :

1. L'Ukraine ne fait pas partie de l'Union européenne, et n'est pas près d'en faire partie ;

2. Il n'y a aucun traité militaire entre l'Union européenne et l'Ukraine.

L'Europe n'est donc pas visée par les démêlés russo-ukrainiens.

Mais personne, en Europe, ne répond cela à la présidente lituanienne... Pourquoi ? Parce que les milieux politico-médiatiques européens ont pris (depuis six mois) une posture de pré-guerre. Ils parlent un langage de pré-guerre. Tout se passe comme s'ils préparaient l'opinion européenne à l'idée d'une guerre, où l'armée russe subirait une « punition » de la part des armées européennes.

Cette posture et ce langage sont dérisoires. Primo, les Vingt-Huit n'ont (quasiment) pas d'armées, et les squelettiques forces françaises sont en Afrique. Secundo, tout le monde sait que l'UE ne veut pas exister politiquement : encore moins militairement. Tertio, Moscou n'a aucune intention de faire la guerre à l'Europe occidentale (ni à la Lituanie, l'Estonie, la Lettonie, la Pologne, la Roumanie etc).

Il y a tout de même dans cette affaire quelque chose de préoccupant du point de vue de l'UE : c'est que la minuscule Lituanie, inféodée aux Etats-Unis depuis 1998 (pacte économique et militaire), s'exprime officiellement comme si elle cherchait à attirer l'Europe dans un conflit avec la Russie. Mme Grybauskaïté est sous l'emprise du Pentagone. Comme l'ex-Premier ministre danois Rasmussen, rouage du Pentagone à l'OTAN. Et comme beaucoup d'autres... Les pays d'Europe auraient intérêt à neutraliser ce réseau.

 

 

 

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