Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : armées privées

Afghanistan : nouveaux soldats français pour les généraux américains

...qui jugent pourtant les Français "fucking gay" :

 

Devant les sénateurs, le chef d'état-major des armées, amiral Édouard Guillaud, annonce que les effectifs français en Afghanistan vont atteindre 4.000 hommes. Il admet néanmoins que l'Afghanistan est "une guerre compliquée, meurtrière, inscrite dans la durée" : "à chacune de leurs sorties", les Français "sont harcelés par les tirs ou les mines artisanales des insurgés". Guerre "compliquée" pour plusieurs raisons : "elle nous oppose à un ennemi invisible et prêt à tout", "nous ne voulons pas de dommages collatéraux qui font le jeu des talibans", "il n'y aura pas de bataille décisive qui emportera la décision de façon définitive". Quant aux initiatives afghanes pour la paix, l'amiral chef d'état major des armées n'en attend pas "d'avancée concrète". En clair : c'est l'impasse.

L'amiral ne précise pas ce que le ministre Hervé Morin compte faire au général Desportes, coupable d'avoir décrit la situation en termes moins politically correct, cf. notre note du 3/07.

On ne sait pas non plus ce que pense Edouard Guillaud du mépris des chefs américains envers : a) la France en général (« fucking gay »), b) les soldats français en particulier, cf. notre note du 24/06.

-

Lire la suite

L'empire américain devient méchant envers les Européens

états-unis,europe

et George Friedman (Stratfor) s'en félicite :

http://www.elcorreo.eu.org/Intervention-de-George-Friedman-de-l-Agence-Stratfor-sur-les-intentions-des-USA-vis-a-vis-de-l-Europe

-

Les 13 points-clés de la géopolitique US selon George Friedman, président de l’agence de renseignement Strategic Forecasting, Inc. (Stratfor) basée à Austin, Texas :

<<  1 – L’Europe n’existe pas
2 – Seule une union Allemagne-Russie pourrait menacer les USA, mais ça n’arrivera jamais
3 – L’armée ukrainienne est une armée US, nous donnons nos médailles à leurs soldats méritants
4 – Nous livrons des armes dans tous les pays de l’est européen, même en Ukraine
5 – Notre but est d’installer un cordon sanitaire autour de la Russie
6 – Nous intervenons militairement dans le monde entier, nous dominons les océans et toute la terre
7 – Nous faisons battre nos ennemis entre eux, c’est cynique mais ça marche
8 – Les attaques préventives déstabilisent les ennemis, nous faisons ça dans toutes les guerres
9 – Nous installons des régimes favorables à nos intérêts
10 – Nous sommes un empire, nous ne pouvons pas nous relâcher
11 – L’Otan doit occuper tout l’espace terrestre entre la mer Baltique et la mer Noire
12 – Nous ne savons pas ce que va faire l’Allemagne, elle est dans une situation très difficile
13 – Nous ne voulons pas d’une coopération entre le capital financier et technologique allemand et les ressources de matières premières russes, les USA essaient d’empêcher ça depuis un siècle. Le destin de l’Europe dépendra de la décision des Allemands, où vont-ils diriger leurs exportations ? >>

 

 

états-unis,europe

  

Lire la suite

Archevêché de Lyon : le pape nomme Mgr Dubost

lyon,card. barbarin

Le pape François a nommé aujourd'hui Mgr Michel Dubost, c.j.m., "administrateur postolique sede plena et ad nutum Sanctae Sedis" de l’archidiocèse de Lyon :

rappel biographique (CEF)

<<  Ordonné prêtre le prêtre le 24 mai 1967, Mgr Michel Dubost fut vicaire à Notre-Dame-de-Bercy ; aumônier de l’école Saint-Jean-de-Béthune à Versailles, puis des collèges et lycées à Versailles (1967-1975). En 1976, il devint secrétaire général de la FOCS (Fédération des organismes de communication sociale), fonction qu’il occupa jusqu’en 1982. Mgr Dubost fut ensuite directeur des aumôneries de l’enseignement public du diocèse de Paris (1982-1988). En 1983, il est nommé curé de la paroisse Saint-Jacques-du-Haut-Pas à Paris. Il y restera jusqu’en 1989 avant d’être nommé, évêque du diocèse aux Armées le 9 août 1989. Après onze années passées dans le diocèse aux Armées, il fut nommé le 15 avril 2000, évêque du diocèse d’Évry-Corbeille-Essonnes. Depuis 2017, Mgr Michel Dubost était évêque émérite du diocèse.

Mgr Michel Dubost dispose actuellement de plusieurs responsabilités. Au sein de la Curie à Rome il est membre du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Au sein de la Conférence des évêques de France, il est membre de la commission pour la Mission universelle au titre de directeur des OPM et du Conseil pour la solidarité en tant qu’évêque accompagnateur du CCFD-Terre Solidaire. Il est également, directeur de la Quête pour l’Afrique-Aide aux Églises d’Afrique (AEA). >>

 

 

eveques[1].jpg

 

Lire la suite

24/06/2019 | Lien permanent

La grotesque affaire Renault

Quand le capitalisme ne rend de comptes qu'à lui-même :

 

Patrick Pélata, numéro 2 de Renault, dit maintenant qu'on l'a « manipulé » et parle de démissionner. Ghosn, le numéro 1, veut échapper au ridicule : l'avocat de Renault maintient donc qu' « on n'a aucun renseignement qui concoure, d'une façon ou d'une autre, à dire que la thèse initiale, c'est-à-dire l'espionnage, n'existe pas. » Autant dire qu'il n'y a pas non plus de preuve qui la soutienne... Quant aux trois cadres supérieurs de Renault évincés pour « espionnage », ils peuvent escompter des dommages-intérêts à l'américaine, c'est-à-dire colossaux. Le monde s'esclaffe. Surtout la Chine : après ça, les Français hésiteront avant de résister à Pékin dans d'autres affaires... Renault a donc desservi la France sarkozyenne, qui n'en avait pas besoin.  Bravo.

Cette histoire porte un enseignement. L'accusation d'espionnage était venue d'une lettre de dénonciation anonyme, chose banale dans ces paradis que sont les entreprises ; au lieu d'appeler la DCRI (filière normale en cas d'espionnage industriel), Renault a suivi la règle de l'ère néolibérale où tout doit être privé, externalisé et délocalisé. Ce qui s'est traduit par une cascade guignolesque : l'enquête confiée une société « d'intelligence économique » (déjà il y aurait beaucoup à dire), qui la délègue à l'un de ses salariés (« un ancien para basé à Alger et reconverti dans la sécurité des entreprises », on voit le tableau) ; lequel ne sera pas lui-même l'enquêteur, mais, « sans avertir son entreprise, servira d'intermédiaire à Renault pour protéger l'identité des véritables enquêteurs privés » (Libération du 4 mars). Alors qui sont ces derniers ? Sont-ils même les... derniers ? N'y a-t-il pas encore d'autres rigolos derrière ? Qui a réellement fait cette fameuse « enquête », qui se dégonfle aujourd'hui de la façon la plus risible ? Ce n'est pas encore révélé. Peut-être ne le sait-on pas.

On dira : ce n'est pas plus ridicule que la vieille affaire des Irlandais de Vincennes, ou que l'affaire Hallier, montées par des manipulateurs auxquels Mitterrand s'était confié. Mais ces affaires avaient choqué les Français : l'Etat avait dérogé, disait-on, en se confiant à des gens qui avaient agi comme des flics privés. Ce n'était pas encore entré dans les moeurs.

En 2011 c'est fait. Tout se privatise, y compris la guerre : en Irak, en Afghanistan, on en est aux opérations sanglantes menées par des « sociétés de sécurité ». De leur côté, les grandes entreprises (roulant pour elles seules, non pour le pays dont elles sont censément originaires), ne rendent plus de comptes qu'à elles-mêmes : et ceci s'applique à tous les domaines, donc aussi aux opérations d' « intelligence » [1] et de « sécurité ». D'où le fait que Renault - quoique ayant l'Etat pour actionnaire principal - n'ait pas alerté la DCRI, à laquelle furent préférés des privés – forcément plus modernes puisque privés (l'Etat c'est le mal). « Les anciens espions, policiers ou gendarmes truffent désormais les directions des grandes entreprises » : dans la logique du capitalisme tardif, ils externalisent le boulot vers des gens qui eux aussi (comme tout le reste de cet univers économique) ont pour seule norme de maximiser les gains et minimiser les prestations. Peut-être la chaîne des « enquêteurs » de l'affaire Renault aboutit-elle à un plateau de répondeurs téléphoniques, dans une oasis des déserts d'Asie centrale... Mais les chèques de MM. Ghosn et Pélata n'ont pas été perdus pour tout le monde.

 

_________

[1]  Encore un mot colonisé : « intelligence » en français ne veut plus dire « intelligence », mais « espionnage », comme en américain. Apparemment avec le même succès. Passons, par ailleurs, sur ces "experts" qui ont souvent l'air de sortir de séries télé sans budget.

-

Lire la suite

J.O. : la recette gagnante du sport britannique

RIOEC8J1RHTEC_768x432.JPG

...est une énorme entorse au... libéralisme :

 

Bilan des J.O. : Paris (en recul d'un titre) est content d'arriver septième avec 42 médailles, dont 10 en or. Mais Londres rapporte 66 médailles dont 27 en or : deuxième position, derrière les Etats-Unis et devant le dragon olympique chinois !

En 2004 à Athènes, la Grande-Bretagne n'était que dixième.

Comment s'est-elle relevée ? Accuser le dopage ne signifierait pas grand'chose (le soupçon visant à peu près tous les pays). Un autre facteur a joué. Et c'est très ironique : le sport anglais s'est régénéré grâce à une vigoureuse politique d'Etat, au contrepied du dogme libéral instauré par feue Mme Thatcher  - et prorogé par M. Blair dans la plupart des domaines... sauf quelques-uns, dont celui-là.

Pour Mme Thatcher, la société n'existait pas : il n'y avait que "l'individu et le marché" (verbatim) ;  l'Etat n'avait mission que de se démanteler lui-même [*] pour transférer les responsabilités aux intérêts privés.

Les résultats surgirent sous  le successeur de Mme Thatcher, John Major. Ce fut la catastrophe des chemins de fer : privatisées en 1993, c'est-à-dire vendues par appartements à diverses sociétés, les activités du British Railways Board périclitèrent à force de licenciements et de gains de productivité financière ; s'ensuivirent des catastrophes par déclin de la maintenance (déraillement de Hatfield en 2000), l'échec scandaleux des sociétés privées Connex South Central et Connex South Eastern [**], puis l'effondrement de la société privée Railways Track sous le poids de sa propre irresponsabilité, et la reprise en main des chemins de fer par un organisme faussement privé mais contrôlé par l'Etat : Network Rail...

Autre résultat : la catastrophe du sport anglais, financièrement et matériellement asphyxié par le retrait de l'Etat. Aux J.O. d'Atlanta en 1996 (sous John Major), les Brits terminent 36èmes avec une seule médaille d'or. L'humiliation populaire est telle que le gouvernement vacille. John Major se résout alors à rompre avec le dogme. Il décide que la loterie nationale reversera une partie de ses profits au sport de haut niveau. Tony Blair, Gordon Brown, puis David Cameron, amplifieront  cette quote-part publique jusqu'à 75 % des investissements sportifs à but olympique : plus de 400 millions de livres à partir de 2013. L'organisme "indépendant" UK Sport distribue les fonds : mais ce sont des fonds publics, et il les distribue selon une stratégie parfaitement dirigiste, pour soutenir des disciplines sélectionnées en fonction des performances ; politique que les experts jugent "froide, brutale, calculée" :  à l'anglaise, a-t-on envie de dire.

Ces considérations ne changent rien au regard lucide que l'on doit porter sur le sport-spectacle, industrie d'enfumage du capitalisme contemporain, et sur la dégénérescence qu'il inflige au sport populaire authentique.

Mais elles soulignent un fait qu'il ne faut pas cesser de rappeler : le libéralisme (avec son stade suprême : la rentabilité financière substituée aux réalités) dévitalise et asphyxie les activités dont il s'empare. Lorsque l'une de ces activités menacées devient un enjeu, les gouvernants du pays sont forcés d'y remédier en sortant des clous libéraux...

 

_______________

[*]  Sauf pour s'accrocher militairement aux Malouines. Et encore : l'intérêt de cet archipel - pris naguère à l'Argentine - réside dans ses eaux territoriales dont les fonds recèlent des nodules polymétalliques peut-être exploitables, donc guignés par l'industrie anglo-américaine. Une guerre pour des intérêts privés : vieille habitude "occidentale", britannique en particulier.

[**]  d'où le film de Ken Loach The Navigators, qui montre par surcroît le délitement humain du milieu des cheminots sous le choc du management. Noter que Connex était une filiale de...Vivendi Environnement, prédécesseur de Veolia Environnement. Le libéralisme est sans frontières. Ses échecs aussi.

 

Lire la suite

La ”destination universelle des biens”, une idée catholique

La propriété privée n'est pas un droit absolu :

 

 

Le principe du bien commun implique celui de la destination universelle des biens. « La tradition chrétienne n'a jamais soutenu ce droit [de propriété] comme un droit absolu et intangible. Au contraire, elle l'a toujours entendu dans le contexte plus vaste du droit commun de tous à utiliser les biens de la création entière : le droit à la propriété privée est subordonné à celui de l'usage commun, à la destination universelle des biens.[1] » Saint Ambroise, Père et docteur de l’Église, évêque de Milan au IVe siècle, affirmait par exemple : « la nature en effet a répandu toutes choses en commun pour tous. Dieu a ordonné en effet que toutes choses fussent engendrées de telle sorte que la nourriture fût commune pour tous et que la terre par conséquent fût une sorte de propriété commune de tous. C'est donc la nature qui a engendré le droit commun et l'usage qui a fait le droit privé.[2] » Le même Saint Ambroise rappelait fortement la relativité de la propriété privée : « Ce n’est pas de ton bien que tu fais largesse au pauvre ; tu lui rends ce qui lui appartient. Car ce qui est donné en commun pour l’usage de tous, voilà ce que tu t’arroges. La terre est donnée à tout le monde, et pas seulement aux riches.[3] »Au XIIIe siècle, Saint François d'Assise plaçait la pauvreté au cœur de son expérience spirituelle et refusait l'esprit d'appropriation [4]. Au début du XVIe siècle Ignace de Loyola, fondateur des jésuites, choisissait un mode de vie simple pour trouver la paix, être libre pour aimer Dieu, et se mettre au service des pauvres et de la justice.

Depuis la fin du XIXe siècle, les encycliques sociales rappellent constamment que le bien commun se situe au-dessus du droit de propriété, et que la destination finale des biens n'est pas d'abord leur appropriation privée, mais le droit universel à leur usage. La formulation que donne Vatican II du principe de destination universelle des biens est aujourd'hui la plus communément admise : « Dieu a destiné la terre et tout ce qu'elle contient à l'usage de tous les hommes et de tous les peuples, en sorte que les biens de la création doivent équitablement affluer entre les mains de tous, selon la règle de la justice, inséparable de la charité.[5] »

Quelles sont les applications de ce principe au regard de la crise écologique ? Dans un monde où l'accaparement de la terre et de ses richesses au profit des seuls intérêts privés de quelques-uns est devenu la règle, on peut en souligner au moins trois.

D'abord, une interrogation sur les formes de la propriété, anciennes (appropriation des terres, des biens nécessaires à la vie de tous,...) ou nouvelles (propriété industrielle ou intellectuelle). En Amazonie, par exemple, les terres occupées par les Amérindiens sont accaparées par des grandes firmes multinationales, pour produite du soja ou des agrocarburants. Autre exemple : les brevets pharmaceutiques renchérissent les coûts des médicaments et réduisent l'accès à la santé dans les pays les plus pauvres. Le brevetage du vivant a des conséquences graves sur l'accès aux semences agricoles. Par la même procédure les firmes pharmaceutiques occidentales essaient de s'approprier des pratiques relevant des médecines traditionnelles. Des mouvements d'Église et certains évêques n'hésitent pas à dénoncer ces abus, et à contester le droit de propriété privée quand il constitue un obstacle à la santé ou au développement des populations[6].

Ensuite, une extension du principe à l'humanité toute entière, et aux générations futures. Une évolution sur ce point est à noter dans Caritas in veritate. Benoît XVI y exprime en effet la conviction que dans la formule « tous les hommes », il faut inclure non seulement les humains d'aujourd'hui, et notamment les plus pauvres, mais aussi ceux des générations à venir. L’environnement naturel « a été donné à tous par Dieu et son usage représente pour nous une responsabilité à l’égard des pauvres, des générations à venir et de l’humanité tout entière.[7] » Le pape utilise également une formule qui se rapproche de la définition du développement durable : « nous devons avoir conscience du grave devoir que nous avons de laisser la terre aux nouvelles générations dans un état tel qu’elles puissent elles aussi l’habiter décemment et continuer à la cultiver.[8] » Dans ce cadre, le principe de destination universelle des biens, associé à celui de responsabilité à l'égard des générations futures, pourrait fournir un critère décisif, à condition d'entendre l’adjectif ''universelle'' non seulement en termes d’extension dans l’espace, mais aussi d'extension dans le temps.

Enfin, sur un plan plus pratique, le principe de destination universelle des biens pourrait utilement servir de point de départ à une recherche d’alternatives à la propriété. Ces alternatives font partie des choix de vie simple, et constituent une réponse nécessaire et adéquate aux excès de notre modèle de surconsommation. Nous voulons évoquer ici des pratiques telles que la location, la coopération, l'achat partagé, les réseaux d'échange...

 

Simplicité et justice. Paroles de chrétiens sur l’écologie, Service de formation du diocèse de Nantes, 2013, 248 p., 8€

http://nantes.cef.fr/laune/parution-de-«-simplicite-et-ju...

 



[1] Jean-Paul II, Laborem exercens, n°14.

[2] Saint Ambroise, Livre des devoirs. Ambroise (Vers 340-397).

[3] Saint Ambroise, repris dans Popularum progressio N°23.

[4]« Que les Frères ne s’approprient rien, ni maison, ni lieu, ni aucune chose ; mais comme pèlerins et étrangers en ce siècle, servant le Seigneur dans la pauvreté et l’humilité, qu’ils aillent avec confiance demander l’aumône. Et il ne faut pas qu’ils en rougissent : parce que le Seigneur s’est fait pauvre pour nous en ce monde. » Règle franciscaine, chapitre sixième.

[5]Gaudium et Spes, 69, 1.

[6] « Les États-Unis proposent le brevetage des semences et des êtres vivants, en plus de l’extension de la période actuelle de monopole que les entreprises pharmaceutiques ont pour la vente de médicaments. Ces mesures peuvent mettre en danger l’accès des producteurs agricoles à des ressources qui leur sont nécessaires, et peuvent aussi affecter l’accès des pauvres et des plus vulnérables aux médicaments. » Déclaration de la délégation d’évêques des pays andins sur le Traité de libre-échange entre les États-Unis et les pays andin, février 2005, DIAL 2802.

[7] Benoît XVI, Caritas in veritate, n°48.

[8] Benoît XVI, Caritas in veritate, n°50.

 

Lire la suite

Ouest contre Est : la marche à la guerre ?

 7-JOURS-EN-MAI--2-.jpg

Defense_gov_News_Photo_120510-D-NI589-432_-_Chairman_of_the_Joint_Chiefs_of_Staff_Gen__Martin_E__Dempsey_answers_a_reporter_s_question_as_he_and_Secretar.jpg

Hier au Sénat, les propos sidérants du général Martin Dempsey (chef d'état-major du Pentagone) faisaient penser à ceux de Burt Lancaster putschiste dans Seven Days in May :  

 

Barack Obama a reçu deux gifles hier. L'une du Congrès, qui a acclamé un chef de gouvernement étranger venu vitupérer la politique étrangère de la Maison Blanche. L'autre du Pentagone, qui parle désormais comme si la Maison Blanche n'existait plus. Devant la commission des forces armées du Sénat, le général Martin Dempsey, chef d'état-major inter-armées au Pentagone, a déclaré mot pour mot : « Je pense que nous devrions absolument envisager de fournir [des armes à l'Ukraine], et cela devrait être fait dans le cadre de l'Otan, l'objectif ultime de Poutine étant de fracturer l'Otan. »

Cette idée violerait la légalité internationale que « l'Occident » (dont le général Dempsey est en principe l'outil) ne cesse pourtant d'invoquer.

En effet :

1. pays en état de semi-guerre, l'Ukraine ne fait pas partie de l'Otan, et n'en fera pas partie tant que plusieurs membres de l'Otan (France, Allemagne) s'y opposeront.

2. Donc : le fait d'armer un belligérant non-membre de l'Otan – et de faire cela explicitement « dans le cadre de l'Otan » – serait un acte d'intervention agressive.

3. Cet acte contredirait la charte de l'Otan, qui est par nature un pacte défensif.

4. Pour tourner cet obstacle, le général Dempsey invente un prétexte : la situation présente serait l'effet, de la part de Poutine, d'une stratégie a priori qui viserait à « fracturer l'Otan ». Fiction ! Regardons les faits réels : a) c'est Washington qui a pris l'initiative des hostilités contre la Russie à la fin des années 1990, en étendant l'Otan contrairement à la promesse faite à Gorbatchev, et en programmant la ceinture soi-disant « anti-missiles » ; b) le putsch de Kiev en 2014 fait partie* de ces hostilités américaines, qui se veulent un étau à resserrer autour de la Russie ; c) la guerre larvée en Ukraine est une conséquence de ce putsch et de ce qui s'en est suivi ; d) Eltsine lui-même avait prévenu que toute avancée de l'Otan vers la frontière russe entraînerait une riposte de Moscou, quel que soit le gouvernement alors en place ; e) présenter la réplique politico-militaire de Poutine comme une menace préméditée contre « l'Otan » en général est une pure rhétorique. Mais c'est une rhétorique périlleuse.

5. Présenter comme un provocateur celui qu'on a provoqué, puis l'attaquer en disant qu'on se défend contre lui : c'est le mécanisme des guerres.

6. Rappelez-vous ! Golfe du Tonkin, 2 août 1964. Deux destroyers américains (USS Maddox et USS Turner Joy) font intrusion dans les eaux territoriales du Nord-Vietnam. C'est une Gulf_of_Tonkin_Incident.jpgprovocation délibérée. Les batteries nord-vietnamiennes ouvrent le feu. Le 4 août, le Congrès vote un texte qui était prêt depuis six mois : intitulé Resolution to promote the maintenance of international peace and security in southeast Asia, ce texte autorise ensuite le président des USA à déclarer la guerre sans vote du Congrès... On connaît le résultat : vingt ans d'un carnage sans issue qui tuera 1 800 000 Vietnamiens et 58 000 Américains. Incroyable tuerie pour rien, fruit de l'aveuglement politique de Washington – et de la pression du complexe militaro-industriel étatsunien !

 

Que se passerait-il si le Pentagone imposait sa volonté au faible et verbeux président Obama ? Voici le scénario :

► quoique la charte de l'Otan soit ainsi violée et (de facto) suspendue, les Etats de l'UE n'oseraient opposer leur veto et seraient forcés de suivre Washington ;

le Pentagone déploierait en Ukraine des systèmes d'armes qui seraient (inévitablement) servis sur le terrain par  l'armée américaine, sachant la carence de l'armée ukrainienne ;

tout serait donc en place pour un conflit direct entre l'armée américaine et l'armée russe ;

étant dans les bagages de l'armée américaine, les Etats européens seraient impliqués dans le conflit.

 

Voilà où nous mènent les « Seven days in March » du général Dempsey.

 

 

_______________

* Ça se passe désormais à ciel ouvert : l'actuel gouvernement de Kiev comporte plusieurs ministres non-ukrainiens, formés à Washington et/ou citoyen(s) américains.

 

 

 

3114127967_1_7_SRB2ZTrg.jpg

 

 

Lire la suite

Keibo Oiwa, plus actuel que Julliard & Ferry

japon,fukushima,propductivisme,libéralisme,nucléaireL'anthropologue japonais

décrit la situation réelle : 

 

 

< Keibo Oiwa (objecteurs de croissance japonais).

 

Keibo Oïwa, anthropologue et chef de file du « mouvement pour un nouveau style de vie », dénonce la responsabilité écrasante de la multinationale Tepco (conceptrice et exploitante de la centrale de Fukushima) : « Je réalise, une fois de plus, à quel point la démocratie est absente aujourd'hui. Le fait est que nous autres, citoyens, avons été jusqu'à ce jour sous le contrôle de gouvernements successifs liés aux intérêts de Tepco, une société privée. »

Pendant ce temps, Jacques Julliard et Luc Ferry ne voient pas pourquoi la réalité devrait leur faire changer de discours. Imperturbables porte-parole du productivisme industriel, ils maintiennent que ce système est le seul horizon de l'humanité. Face à un journaliste tentant de leur mettre sous les yeux la catastrophe japonaise, ils répondent, l'un, que Kervasdoué a raison de vitupérer le principe de précaution ; l'autre, que l'écologie est méchante, « quoique Dany soit très sympathique » (comme si « Dany » était écologiste).

De la part de Julliard qui me demandait d'un air soucieux ( lors d'une émission de KTO) si j'étais « un intégriste de l'écologie », cette cohérence n'est pas pour surprendre.

Dans le cas de Ferry, il y a une incohérence. Il admet que la firme Tepco est coupable d'avoir lésiné sur les barrières de protection anti-tsunami, ce qui fut la cause de la catastrophe de Fukushima. Mais il ne poursuit pas dans cette direction, ce qui l'entraînerait : a) à mettre en cause le productivisme industriel et l'affolement des besoins en énergie, cause des dérives d'opérateurs privés ; b) à dire, soit que le nucléaire ne peut être laissé au privé, soit qu'il faut sortir du nucléaire... Propositions contraires au libéralisme et au productivisme, donc intenables pour Ferry. Il refuse donc l'obstacle, et part dans une diversion : feindre de croire que l'écologie fait « un procès à la science ». Mais c'est inexact. L'écologie (la vraie, pas les colleurs d'affiche d'Eva Joly) n'incrimine nullement la science. Elle met en cause le système économique, qui assujettit la science à la course au profit – avec des conséquences du type Fukushima.

Ni l'idéologue Julliard, ni le cosmétologue Ferry ne mettent en cause le système économique. L'anthropologue Keibo Oiwa le met en cause. J'aime mieux écouter le Japonais objecteur de croissance que les deux Parisiens...

 

Lire la suite

Quand l'argent infiltre et dévitalise les pouvoirs publics

Electre_978-2-7246-2095-5_9782724620955.jpg

Co-auteur du livre (cf. ici 13/06), Antoine Vauchez souligne la gravité de la situation pour "le circuit de la décision politique, administrative et judiciaire". Extraits de sa tribune :

 

 

<< ...L’Etat dans son ensemble est comme atteint de myopie tant il manque de connaissances systématiques de ce qui se trame à ses frontières. On ne sait rien, ou si peu, sur les réseaux d’influence qui se sont constitués aux marges de la sphère publique ; rien, ou si peu, sur les circuits de pantouflage dans lesquels s’inscrivent aujourd’hui les très hauts fonctionnaires et les dirigeants politiques (ministres, membres de cabinets ministériels, cadres dirigeants des agences de régulation, etc.) ; rien enfin, ou si peu, sur les contours de ce marché des professionnels en "affaires publiques" qui s’est développé à la périphérie de l’Etat. Pourtant, une politique de l’influence s’est consolidée, elle colle comme une seconde peau au circuit de la décision politique, administrative et judiciaire (française et européenne). Deux décennies d’ouverture à la concurrence des secteurs dits "monopolistiques", de développement des partenariats public-privé, de «privatisation» des opérations financières publiques mais aussi d' "agencification" de l’encadrement des marchés autour d’institutions comme l’Autorité de la concurrence ou l’Autorité des marchés financiers ont fait des "régulateurs publics" des acteurs clés de l’organisation des marchés privés et, par voie de conséquence, des cibles privilégiées des stratégies d’influence. Et ce dans des domaines aussi divers que la santé, l’énergie, les transports, la banque, les télécommunications, etc. Aux périphéries de l’Etat économique et financier, s’est ainsi formé un marché florissant du droit public des affaires et des affaires publiques dont le champ gravitationnel se fait ressentir à tous les niveaux de la décision publique.

La chose a peut-être des vertus en termes d’efficacité de l’action publique mais elle a aussi un coût politique et démocratique. C’est d’abord le renforcement de la capacité politique des grands groupes, qui peuvent peser sur les différents lieux et niveaux de la régulation publique - d’où la difficulté des causes citoyennes, qu’elles soient sociales, environnementales, ou anticorruption à s’y frayer un chemin. C’est aussi une perte d’efficacité de l’action publique elle-même dont la capacité régulatrice sur le terrain économique et financier se trouve déjouée par l’expertise publique accumulée par les groupes privés et les cabinets de conseil. C’est enfin l’affaiblissement des jauges déontologiques internes à l’administration sous l’effet de ce jeu de circulations entre "régulateurs" et "régulés", et la mise en échec des contrôles politiques et parlementaires mal équipés pour saisir ce qui se joue dans cette zone grise aux frontières de la démocratie. >>

 

(Libération / Idées, 14/06)

 

 

818782-macron.jpg

Lire la suite

Logement social : la macronie veut le liquider...

870x489_toulouse-habitat-vente-appartements.jpg

…par idéologie libérale, quand le reste de l'Europe fait le contraire :

La presse économique découvre la crise du logement en Europe :  dans toutes les grandes villes, les familles des classes moyennes sont chassées du centre vers les banlieues par la flambée démentielle des loyers, bien vue des gouvernements comme élément de la croissance. Selon le rapport (septembre 2018) de la Fédération européenne des prêteurs hypothécaires, les classes moyennes européennes sont guettées par le surendettement et renoncent à devenir propriétaires.

Contre la pression spéculative sur les loyers, la seule ligne de défense était le soutien des Etats au logement social. Mais l’UE s’y est opposée au nom du dogme libéral…. En Suède, par exemple, les bailleurs privés ont porté plainte à Bruxelles contre le parc public de logements sociaux municipaux : la Commission européenne a donc ordonné à la Suède  – ainsi qu’aux Pays-Bas – de ne plus financer ce parc. Résultat : les municipalités ont cessé de bâtir des immeubles sociaux. Beaucoup de ceux-ci ont été vendus au privé, ce qui a fait flamber les loyers (c’était le but). Six fois plus de familles suédoises ont subi le manque de logement, et l’attente d’un logement social s’est démesurément allongée. Des phénomènes comparables se constataient en Allemagne ou en Grande-Bretagne. Dans les grandes villes étaient alors menées “des réformes comme le retrait de l’investissement public ou la vente du parc social, dont on voit aujourd’hui les effets désastreux…” (Laurent Ghekiere, de la fédération française des HLM).

La crise de 2008 avait encore dramatisé la situation en paniquant les prêteurs et les gouvernements. Seule la France avait mieux tenu le choc : 100 000 logements sociaux par an continuaient à être construits, grâce à “l’épargne du Livret A qui alimentait les prêts de la Caisse des dépôts aux bailleurs sociaux” (Le Monde 26/10).

Ce que voyant, Bruxelles et les autres capitales d’Europe ont entrepris de virer de bord. Constatant les coûts sociaux ravageurs du mal-logement, la Commission met entre parenthèses son idéologie libérale et pousse à des investissements publics massifs. Theresa May et Angela Merkel lancent des plans de milliards d’euros…

C’est à ce moment que le clan Macron, se mettant ainsi en retard de vingt ans par rapport au reste de l’Europe, décide de casser le modèle français. La loi dite ELAN et le budget 2019 taxent à mort les bailleurs sociaux (1,5 milliard d’euros) pour qu’ils vendent leurs immeubles au privé. L’Elysée et Matignon ignorent que ce système dogmatique a déjà été essayé en Europe et que ses effets ont été néfastes. Est-ce cette ignorance que Jupiter appelle “innovation” ?

 

 

320x240-Z6F.jpg

 

Lire la suite

Page : 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19