18/03/2011
Keibo Oiwa, plus actuel que Julliard & Ferry
L'anthropologue japonais
décrit la situation réelle :
< Keibo Oiwa (objecteurs de croissance japonais).
Keibo Oïwa, anthropologue et chef de file du « mouvement pour un nouveau style de vie », dénonce la responsabilité écrasante de la multinationale Tepco (conceptrice et exploitante de la centrale de Fukushima) : « Je réalise, une fois de plus, à quel point la démocratie est absente aujourd'hui. Le fait est que nous autres, citoyens, avons été jusqu'à ce jour sous le contrôle de gouvernements successifs liés aux intérêts de Tepco, une société privée. »
Pendant ce temps, Jacques Julliard et Luc Ferry ne voient pas pourquoi la réalité devrait leur faire changer de discours. Imperturbables porte-parole du productivisme industriel, ils maintiennent que ce système est le seul horizon de l'humanité. Face à un journaliste tentant de leur mettre sous les yeux la catastrophe japonaise, ils répondent, l'un, que Kervasdoué a raison de vitupérer le principe de précaution ; l'autre, que l'écologie est méchante, « quoique Dany soit très sympathique » (comme si « Dany » était écologiste).
De la part de Julliard qui me demandait d'un air soucieux ( lors d'une émission de KTO) si j'étais « un intégriste de l'écologie », cette cohérence n'est pas pour surprendre.
Dans le cas de Ferry, il y a une incohérence. Il admet que la firme Tepco est coupable d'avoir lésiné sur les barrières de protection anti-tsunami, ce qui fut la cause de la catastrophe de Fukushima. Mais il ne poursuit pas dans cette direction, ce qui l'entraînerait : a) à mettre en cause le productivisme industriel et l'affolement des besoins en énergie, cause des dérives d'opérateurs privés ; b) à dire, soit que le nucléaire ne peut être laissé au privé, soit qu'il faut sortir du nucléaire... Propositions contraires au libéralisme et au productivisme, donc intenables pour Ferry. Il refuse donc l'obstacle, et part dans une diversion : feindre de croire que l'écologie fait « un procès à la science ». Mais c'est inexact. L'écologie (la vraie, pas les colleurs d'affiche d'Eva Joly) n'incrimine nullement la science. Elle met en cause le système économique, qui assujettit la science à la course au profit – avec des conséquences du type Fukushima.
Ni l'idéologue Julliard, ni le cosmétologue Ferry ne mettent en cause le système économique. L'anthropologue Keibo Oiwa le met en cause. J'aime mieux écouter le Japonais objecteur de croissance que les deux Parisiens...
15:28 Publié dans Ecologie, La crise | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : japon, fukushima, propductivisme, libéralisme, nucléaire
Commentaires
SI...
> Nous serions des intégristes si nous voulions, contre les choix, en connaissance et en liberté, de la majorité de la population, imposer à tous notre façon de concevoir le développement.
Mais de fait c'est l'inverse: le mode de vie consumériste et pollueur-destructeur de la vie, tous le subissent en croyant (ce qui est un mensonge en permanence distillé dans nos veines pour ôter toute velléité de résistance) qu'on n'a pas le choix.
Autrement dit, si nos concitoyens avaient la possibilité d'inventer, l'esprit libre, leur mode de vie, on serait surpris par la diversité des projets,peut-être aussi par leur sagesse. Ce que nous voulons je crois, ce n'est pas opposer à une dictature sous le slogan: "consommez!" une autre dictature avec le slogan inverse, mais bien , en s'attaquant à tous les impérialismes et les puissances, libérer nos contemporains: qu'ils se réapproprient leur vie et inventent, en connaissance de la situation de la planète, de nouveaux modes de vie adaptés à leur environnement. Nos contemporains vivent de manière irresponsables parce qu'on les a convaincus qu'ils ne peuvent que subir: rendons leur leur liberté, je fais le pari que, pour la majorité d'entre eux, ils se vivront dès lors aussi responsables.(Je pense qu'une philosophie écologiste s'accorderait là-dessus: l'homme comme toute espèce a en elle les moyens de s'adapter, pourvu qu'on laisse en elle s'exprimer sa nature; nous chrétiens savons que cette nature n'est pas parfaite,qu'elle est blessée, c'est pourquoi nous comptons aussi sur la grâce!).
Notre société ultra-libérale est bâtie sur un mensonge: celui que l'homme est un être naturellement égoïste, ne cherchant que son petit et immédiat profit.Les hommes valent tellement mieux!
Voilà je crois en quoi consiste notre "intégrisme": croire en la capacité d'auto-détermination des communautés humaines dès lors qu'on les libère de l'esclavage avilissant dans lequel le maintient la société de consommation, croire que pouvant alors déployer ses vertus naturelles, elle saura trouver des formes de développement en harmonie avec son environnement, inventer des moyens et techniques pour soigner petit-à-petit les affreuses blessures que notre boulimie a infligées à notre planète.
Nous sommes donc à l'opposé des intégrismes qui considèrent l'homme comme un nuisible, à éradiquer pour certains extrémistes pseudo-écolos, à dénaturer ou rendre inoffensifs par la quête sans fin d'un petit bonheur individualiste pour les théoriciens du libéralisme.
Ou bien êtes-vous pour une dictature ou un impérialisme verts?
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Écrit par : Anne Josnin / | 18/03/2011
ALTERNATIVE
> Si je puis me permettre, dans votre raisonnement, au point b), je vois une alternative:
renforcer le contrôle étatique et réglementaire (en évitant évidemment les relations parfois incestueuses entre contrôleur et contrôlé).
Paradoxalement, je serai parfois enclin à penser que laisser la réalisation au privé et le contrôle (serré, pas juste 2 réunions powerpoint par an) à l'Etat pourrait être un bon compromis permettant d'avancer et de faire des choses tout en assurant un minimum de sécurité (sans oublier que le risque zéro n'existe pas, quelque soit le domaine).
My 2 cents.
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Écrit par : Nono / | 18/03/2011
JULLIARD
> C'est Julliard qui prétendait que la foi chrétienne n'a aucune implication politique.
Par conséquent :
- un chrétien du XVIIIe siècle pourrait sans contradiction de sa part bâtir sa fortune sur le commerce triangulaire;
- au XIXe un patron d'usine pouvait d'un même mouvement confesser Jésus-Christ et exploiter ses ouvriers;
- au XXe approuver (c'est un exemple) la politique racialiste du IIIe Reich et participer à la communion eucharistique;
- au XXIe applaudir des deux mains l'Evangile de la Vie, mais rejeter comme diabolique toute mesure visant à préserver un tant soi peu la Création.
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Écrit par : Blaise / | 18/03/2011
AVEC LES PECHEURS ANTINUCLEAIRES DE KAMINOSEKI
> C'est à écouter sur
http://info.sfr.fr/monde/articles/avec-pecheurs-anti-nucleaire-a-kaminoseki,465811/
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Écrit par : nann trugalez / | 22/03/2011
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