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22/08/2016

J.O. : la recette gagnante du sport britannique

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...est une énorme entorse au... libéralisme :


 

Bilan des J.O. : Paris (en recul d'un titre) est content d'arriver septième avec 42 médailles, dont 10 en or. Mais Londres rapporte 66 médailles dont 27 en or : deuxième position, derrière les Etats-Unis et devant le dragon olympique chinois !

En 2004 à Athènes, la Grande-Bretagne n'était que dixième.

Comment s'est-elle relevée ? Accuser le dopage ne signifierait pas grand'chose (le soupçon visant à peu près tous les pays). Un autre facteur a joué. Et c'est très ironique : le sport anglais s'est régénéré grâce à une vigoureuse politique d'Etat, au contrepied du dogme libéral instauré par feue Mme Thatcher  - et prorogé par M. Blair dans la plupart des domaines... sauf quelques-uns, dont celui-là.

Pour Mme Thatcher, la société n'existait pas : il n'y avait que "l'individu et le marché" (verbatim) ;  l'Etat n'avait mission que de se démanteler lui-même [*] pour transférer les responsabilités aux intérêts privés.

Les résultats surgirent sous  le successeur de Mme Thatcher, John Major. Ce fut la catastrophe des chemins de fer : privatisées en 1993, c'est-à-dire vendues par appartements à diverses sociétés, les activités du British Railways Board périclitèrent à force de licenciements et de gains de productivité financière ; s'ensuivirent des catastrophes par déclin de la maintenance (déraillement de Hatfield en 2000), l'échec scandaleux des sociétés privées Connex South Central et Connex South Eastern [**], puis l'effondrement de la société privée Railways Track sous le poids de sa propre irresponsabilité, et la reprise en main des chemins de fer par un organisme faussement privé mais contrôlé par l'Etat : Network Rail...

Autre résultat : la catastrophe du sport anglais, financièrement et matériellement asphyxié par le retrait de l'Etat. Aux J.O. d'Atlanta en 1996 (sous John Major), les Brits terminent 36èmes avec une seule médaille d'or. L'humiliation populaire est telle que le gouvernement vacille. John Major se résout alors à rompre avec le dogme. Il décide que la loterie nationale reversera une partie de ses profits au sport de haut niveau. Tony Blair, Gordon Brown, puis David Cameron, amplifieront  cette quote-part publique jusqu'à 75 % des investissements sportifs à but olympique : plus de 400 millions de livres à partir de 2013. L'organisme "indépendant" UK Sport distribue les fonds : mais ce sont des fonds publics, et il les distribue selon une stratégie parfaitement dirigiste, pour soutenir des disciplines sélectionnées en fonction des performances ; politique que les experts jugent "froide, brutale, calculée" :  à l'anglaise, a-t-on envie de dire.

Ces considérations ne changent rien au regard lucide que l'on doit porter sur le sport-spectacle, industrie d'enfumage du capitalisme contemporain, et sur la dégénérescence qu'il inflige au sport populaire authentique.

Mais elles soulignent un fait qu'il ne faut pas cesser de rappeler : le libéralisme (avec son stade suprême : la rentabilité financière substituée aux réalités) dévitalise et asphyxie les activités dont il s'empare. Lorsque l'une de ces activités menacées devient un enjeu, les gouvernants du pays sont forcés d'y remédier en sortant des clous libéraux...

 

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[*]  Sauf pour s'accrocher militairement aux Malouines. Et encore : l'intérêt de cet archipel - pris naguère à l'Argentine - réside dans ses eaux territoriales dont les fonds recèlent des nodules polymétalliques peut-être exploitables, donc guignés par l'industrie anglo-américaine. Une guerre pour des intérêts privés : vieille habitude "occidentale", britannique en particulier.

[**]  d'où le film de Ken Loach The Navigators, qui montre par surcroît le délitement humain du milieu des cheminots sous le choc du management. Noter que Connex était une filiale de...Vivendi Environnement, prédécesseur de Veolia Environnement. Le libéralisme est sans frontières. Ses échecs aussi.

 

10:52 Publié dans Sport | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : jeux olympiques, sports

Commentaires

RUSSOPHOBIE

> Si le soupçon automatique de dopage finissait par se vérifier dans le cas british, Londres aurait l'air fin avec sa russophobie hyper-accusatrice !
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Écrit par : Trofim / | 22/08/2016

> Je n'ai suivi que Yusra Mardini, désolé !
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Écrit par : Aventin / | 22/08/2016

L'ETAT... LIBÉRAL

> Si seulement l'entorse au libéralisme ne concernait que le sport ! mais c'est la base de tout l'étatisme US, et des autres pays bien sûr, qui soutiennent à fond leurs entreprises, en commençant par leurs industries de l'armement ! Le libéralisme doctrinal n'existe que dans les livres ou dans les discours, dans la réalité il ne concerne que les strates "inférieures" qui peuvent être mises en compétition (pme, travailleurs...), les autres sont bien défendues aux plus hauts niveaux.
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Écrit par : BCM / | 22/08/2016

Les commentaires sont fermés.