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1934-2014 : il y a 80 ans, le ”6 février”
Un mythe à gauche et à droite...
Bonne évocation (sans anachronismes) par l'historien Olivier Dard :
À lire ici :
06/02/2014 | Lien permanent | Commentaires (3)
Les J.O., l'Occident et la Russie
L'ouverture des J.O. de Sotchi est commentée par les médias atlantiques avec plus d'hostilité que celle des J.O. de Moscou de 1980, sous Brejnev. Réflexions sur ce paradoxe :
Hubert Védrine fait un rappel au bon sens dans son entretien de France Culture ce matin (à réécouter ici ). Ajoutons quelques petites choses.
En 2014, ''l'Occident'', c'est-à-dire sa classe politique et ses médias, semble vouloir revivre le climat de la guerre froide (alors que la Russie n'a plus grand-chose à voir avec l'URSS), et semble chercher tous les prétextes pour alimenter ce climat, quitte à tomber dans le factice : prétendre par exemple que le Kremlin persécute les homosexuels, chose inexacte, alors que nous cultivons – pour raisons financières – des Etats wahhabites dont la loi punit de mort la sodomie... Ou s'indigner que les journalistes et les juges russes ''ne soient pas libres'', alors que nous voulons dans l'U.E. la Turquie de M. Erdogan qui emprisonne les journalistes et destitue les juges. Je ne dis pas ça pour prétendre que la Russie est une société exemplaire, très loin s'en faut : mais pour constater l'artifice de nos leaders d'opinion.
Cela dit, les Etats-Unis et l'Union européenne ne sont pas sur la même ligne. Washington parle dans un sens et agit dans un autre, n'hésitant pas à coopérer avec Moscou quand c'est son intérêt : par exemple envers la Syrie et l'Iran, dans la région où Moscou a retrouvé son influence géopolitique. Washington est réaliste là où il en a besoin... L'U.E., pour sa part, est incapable de réalisme. C'est structurel de sa part : elle semble ligotée à ses slogans sociétaux et aux poses qu'ils induisent. Ainsi Mme Ashton palabrant avec ''les trois chefs de l'opposition ukrainienne anti-russe''... y compris celui du parti qui s'appelait encore ''national-socialiste'' il y a quelques années [1]. Comme toutes les phobies, la russophobie rend aveugle. Russophobe sans savoir pourquoi, l'U.E. porte d'ailleurs une responsabilité dans le chaos ukrainien : elle en est la cause, ayant lancé son opération (ratée) de partenariat avec Ianoukovitch sans discuter aussi avec Moscou – partenaire économique majeur – comme le réalisme l'aurait voulu. C'était une faute professionnelle effarante, de la part de gens qui prétendent ''gérer'' un continent. [2]
L'U.E. est incapable de politique étrangère : c'est qu'elle est antipolitique dans tous les domaines. Elle n'est conçue que pour le libre-échangisme commercial, pimenté (diversion permanente) d'idéologie ''sociétale'' à la mode.
La France avait une politique étrangère solide et brillante, qui lui valait les sympathies du reste du monde et l'agréable animosité des Etats-Unis. Regrettons que cette politique ait été évincée (progressivement sous Giscard, Mitterrand et Chirac, plus gravement sous Sarkozy et radicalement sous Hollande) au profit du même néant que celui de Bruxelles, pimenté des mêmes énervements ''sociétaux'', et grevé des mêmes hypocrisies.
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[1] Comme si John Kerry venait discuter avec Alain Soral. A ceci près que Soral est un marginal, alors que les bruns ukrainiens (pudiquement rebaptisés ''ultranationalistes'' par nos journaux) sont le fer de lance de la place Maïdan.
[2] Analyse développée il y a huit jours par Bernard Guetta.
07/02/2014 | Lien permanent | Commentaires (39)
Hollande à Rome - Le président du Secours catholique sera dans la délégation présidentielle
François Soulage parle de cette visite et de la position du Secours catholique, organisme d'Eglise. Occasion de recentrer les choses et de les situer dans la perspective chrétienne sociale : à lire ici
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23/01/2014 | Lien permanent | Commentaires (13)
Hollande chez le pape : tout est possible à Dieu...
...mais pas à Hollande :
La visite de François Hollande au pape soulève beaucoup de commentaires, du point de vue de Hollande plus que de celui du pape. On apprend ainsi que Hollande ''n'avait pas le choix du moment'' : avant, il y avait la mise en place d'une loi incompatible avec la conception chrétienne de la vie ; après, il y aura celle d'une autre loi incompatible... Autrement dit, le président de la République a choisi le seul instant où Paris n'était pas en train de voter des réformes catholiquement inacceptables ! De quoi relativiser ce que les médias nous ont raconté sur cette rencontre ''dédiée à l'apaisement''... Un apaisement réservé aux municipales et aux européennes. On verra dans les urnes si les images de la poignée de mains entre les deux François – et le sourire final du pape au président – ont produit l'effet souhaité.
Cela dit, François (le président) a eu la main heureuse dans la composition de sa délégation. Emmener chez le pape le P. Georges Vandenbeusch et le président du Secours catholique François Soulage [1], c'était ajouter une ambiance de cordialité fraternelle qui sans eux aurait manqué à cette rencontre. Puis-je le dire sans choquer ? J'aime mieux voir dans une délégation présidentielle Soulage et le P. Vandenbeusch que Jean-Marie Bigard, personnage que Nicolas Sarkozy avait imposé à Benoît XVI lors de sa première visite d'Etat au Vatican ! Lequel Bigard, cinq ans après (et Sarkozy ayant quitté l'Elysée), allait déclarer que Benoît XVI lui avait paru sénile... Agression bovine dont probablement aucun des membres de la délégation Hollande ne se rendra coupable à son tour, ni aujourd'hui ni dans cinq ans.
Attention, je ne suis pas en train de dire que la composition d'une délégation efface les réformes sociétales de Hollande ! Je lui donne juste acte d'une subtilité : performance à laquelle il ne nous avait pas habitués. Y en aura-t-il d'autres ?
Pour le savoir il faudra attendre le lendemain des européennes... D'ici là l'Elysée essaiera de jeter des passerelles par dessus le gouffre qu'il a ouvert entre lui et l'opinion catholique française.
L'expression ''qu'il a ouvert'' ne désigne même pas le contenu de la réforme du mariage : Hollande et son clan auraient pu la faire voter sans y ajouter les procédés dont ils ont usé envers l'Eglise catholique, dont les représentants furent traités avec un mépris absurde lors des auditions à l'Assemblée nationale... Pour ne rien dire de l'affaire du timbre-poste à l'effigie de la chef ukrainienne des Femen, timbre qui fut présenté à la presse par Hollande lui-même (comme si c'était le métier d'un président de la République). Aujourd'hui Hollande déclare réprouver celle qu'il présentait hier comme un symbole de la République... Une incohérence de plus, de la part d'un régime qui les accumule.
(capture d'écran)
Mais nul ne saura tout ce qu'a dit le pape à Hollande, en ce vendredi qui était le jour de la saint François. Jorge Bergoglio a une telle habitude des face à face difficiles, et un tel charisme pour retourner les situations, qu'il a peut-être semé dans l'âme de son invité un doute qui germera plus tard ! Rien n'est impossible à Dieu.
ps - François Hollande a cité tout à l'heure un propos que venait de lui adresser le pape : "Dieu pardonne toujours, les hommes parfois, et la nature jamais quand on ne prend pas soin d'elle." Commentaire du président français : "Retenons au moins la dernière partie de la formule car elle est juste." Le pape a prononcé cette phrase à propos de la conférence sur le réchauffement climatique prévue à Paris en décembre 2015 (on sait Jorge Bergoglio très ferme - comme Benoît XVI et Jean-Paul II - sur l'urgence de lutter contre le réchauffement, le gaz de schiste, la mainmise de l'argent sur l'accès à l'eau, etc). Hollande feint de partager cette fermeté [2]. Mais il devrait lire La joie de l'évangile, où le pape ajoute à la défense de l'environnement celle de la vie humaine, menacée par la culture de mort liée à un capitalisme prédateur. Il y avait un protecteur des faibles ce matin au Vatican, et ce n'était pas Hollande.
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[1] Je ne mentionne pas l'avocat d'affaires Jean-Pierre Mignard, ''catholique revendiqué''... en désaccord avec le pape sur à peu près tout. (Spécialement sur le rôle de l'argent).
[2] Il n'en est rien dans les faits : voir Notre-Dame-des-Landes, le feu vert aux pesticides aériens, etc.
(Yahoo Actualités)
24/01/2014 | Lien permanent | Commentaires (46)
Le film à voir d'urgence !
de Claus Drexel, avec la caméra de Sylvain Leser :
<< Claus Drexel nous emmène ailleurs. C’est-à-dire au centre de Paris. Un Paris de carte postale, voire d’apparat, baigné d’or nocturne. Mais un Paris désert, comme vidé de ses habitants, de toute vie, dans le secret de la nuit. C’est dans ce Paris sublimé mais totalement exsangue que la beauté confine soudainement à l’obscénité. Peu à peu, derrière ce hiératisme mortifère, apparaissent comme rescapés d’une civilisation déchue, des amas frémissants, des blocs de carton, des haillons. Une vie est là, fragile, précaire, qui va sûrement être balayée au prochain orage. Des clochards nous parlent. De plain-pied, la caméra les filme, leur fait épouser le décor. Remisés au bord du monde, le cinéaste les ramène au centre du plan.
Ces êtres humains se confient au cinéaste, lui disent leurs subsistances, leurs peines, leurs espoirs. La parole est là, puissante, folle, mais toujours sophistiquée, elle prend sa place dans le décor. Nous sommes face à eux, avec eux, pour un moment, au cœur de leur nuit. Le film nous emmène, à la façon de la science-fiction, au bord du monde, tout près du gouffre, jusqu’au vertige. Vertige de l’altérité, mais également vertige de la proximité, tout se situe ici et maintenant.
Dans le collage qu’ose la mise en scène, entre le trivial et le sublime, entre l’indigence et la beauté séculaire, comment nous situer ? C’est la question que pose ce film. En osant le plus beau, le plus tapageur écrin de beauté pour ces êtres abandonnés, la caméra se pose quelque part entre une quête d’anoblissement et l’ironie dramatique la plus déplacée. Dans ce film, il règne une atmosphère de fin du monde. La carte postale est gâchée. Un film commence.
Aurélia Georges et Fabianny Deschamps, cinéastes
« Il faut garder le sourire, c’est ça qui aide à tenir. » Voilà les paroles touchantes d’une des personnes sans domicile fixe que Claus Drexel a décidé de filmer. Des paysages issus de la ville de Paris, des couleurs sombres, la nuit et la lumière des lampadaires. C’est ainsi, dans leur décor habituel, que le réalisateur choisit de montrer l’histoire douloureuse d’une dizaine de sans-abri en les laissant s’exprimer sur leur combat quotidien. L’une a perdu sa famille, l’autre s’est retrouvé sans travail. Une réalité bouleversante sur la société de nos jours qui ne protègent plus les plus démunis. Ce film documentaire est une perle rare et produit un véritable choc sur le spectateur. Il nous offre l’occasion unique de découvrir un monde qui côtoie nos rues mais qui nous est pourtant si inconnu…
Emilie, élève de Seconde, lycée Bristol, Cannes (Dans le cadre du dispositif Rencontres avec l’ACID - Sous l’égide du rectorat de Nice)... >>
http://www.lacid.org/films-soutenus/au-bord-du-monde
http://saintleuparis.catholique.fr/spip.php?article280
25/01/2014 | Lien permanent
Honte française à Washington
Obama menace les entreprises françaises de leur ''tomber dessus'' si elles persistent à vouloir commercer avec l'Iran... dont General Motors veut faire sa chasse gardée. Pendant ce temps, Gattaz lave le linge sale parisien en présence de la presse US, et Hollande bredouille qu'il veut ''aller très vite'' sur le pacte de libre-échange euro-américain :
Ce qui vient de se passer à Washington est honteux.
M. Hollande s'est répandu en mièvreries et docilités, annonçant son intention d'aller ''très vite'' pour faire basculer la France et l'Europe dans le Pacte transatlantique : stade suprême du colonialisme économique américain. [ Ce blog : note d'hier ].
Pierre Gattaz a profité de la présence des médias US pour ridiculiser l'Elysée, expliquant qu'il n'y aurait aucune contrepartie sociale aux cadeaux de Hollande (suppression des cotisations familiales patronales, etc). Laver son linge sale à l'étranger est une habitude française récente : inaugurée par Sarkozy, elle s'aggrave sous Hollande.
Reçu par Obama dans le salon ovale, Hollande l'a entendu lui annoncer que les entreprises ''étrangères'' (donc françaises) qui prospectent en Iran le font ''à leurs risques et périls, parce que nous allons leur tomber dessus''. Et qu'a riposté Hollande ? Rien : « Le président Hollande est du même avis'', a dit Obama à la presse. Hollande a profité de la menace économique d'Obama pour se venger de Gattaz en déclarant aux journalistes : ''le président de la République n'est pas le président de l'organisation patronale'' (le Medef). Autrement dit : Gattaz peut se faire ''tomber dessus'' par Obama, ça ne me fait ni chaud ni froid. Le lavage de linge sale continuait...
Mais pour comprendre en quoi la situation est littéralement obscène, il faut savoir que les multinationales américaines sont à l'oeuvre en Iran depuis plus de six mois [*] pour évincer la concurrence française : notamment dans le secteur automobile qui était son point fort ! Peugeot, qui se débat dans les difficultés (et fait partie de la délégation accompagnant Hollande) a dû apprécier. Ainsi que Total et Lafarge, membres eux aussi de la délégation...
Des indécences de Gattaz aux soumissions de Hollande, la France peut avoir honte.
Ça donne envie de faire la révolution.
[*] Le 31/10/2013, notre blog écrivait :
<< Laurent Fabius avait pris la pose inconditionnellement américaine : plus anti-Téhéran que le Quai d'Orsay, c'était impossible ! Résultat : en prévision de l'ouverture du marché iranien, un décret d'Obama autorise le secrétaire américain au Trésor à « prendre des sanctions » (au nom de quoi ?) contre toute société étrangère « fournissant ou ayant fourni des biens et services au secteur automobile de l'Iran : fabrication ou assemblage en Iran de véhicules légers et lourds, ainsi que fabrication d'équipements d'origine relative à ces véhicules ». Affichée sur le site web de la Maison Blanche où l'a trouvée le Canard enchaîné, cette mesure vise à évincer PSA, qui exportait vers l'Iran (son marché étranger n° 2) des voitures en pièces détachées à monter sur place. Mais Obama n'interdit à General Motors ni à ses annexes, comme Daewoo, de livrer à l'Iran des voitures déjà montées.
« Simple hasard, ajoute le Canard, General Motors vient d'adresser une directive à tous les équipementiers leur interdisant de fournir des pièces à l'Iran, sous peine de perdre leurs marchés avec les filiales du groupe. »
Devenu « l'allié » (!) de PSA dont il détient 7 % depuis 2012, General Motors lui ordonne de fermer une nouvelle usine en France (après celle d'Aulnay). Et l'empêche de s'implanter au Brésil.
Je ne fais pas l'apologie du tout-bagnole à la française ; je suggère simplement aux laudateurs du futur traité de libre échange euro-américain de bien vouloir regarder le monde réel. >>
12/02/2014 | Lien permanent | Commentaires (36)
Hollande + Gattaz : une France asservie aux firmes et à la dictature de l'argent
Hollande aux pieds d'Obama annonce la reddition de la France aux intérêts économiques américains... Réflexions de Guillaume de Prémare à Radio Espérance :
<< Question pour un champion, top départ : je suis arrivé à Washington dans les bagages de François Hollande, mon nom commence par « Ga » mais ne finit pas par « Yet », mon prénom n'est pas Julie mais Pierre, je suis le "patron des patrons", je suis, je suis… Pierre Gattaz, bien sûr.
Une fois encore, il faut bien rire un peu, ou au minimum sourire, c'est une question d'hygiène. Et puisque ce gouvernent s'est entiché de faire le bonheur des gens malgré eux, il devrait faire une loi sur l'égalité devant le rire. Allez hop : le législateur exige que l'on rie au moins 5 mnutes par jour !
De quoi s'agit-il cette fois ? Oh certes pas d’un livre pour enfant intitulé A poil le Président !, même si là, franchement, le titre conviendrait parfaitement. Car il est vraiment à poil le président. Et c’est Pierre Gattaz qui l’a défloré de sa dernière feuille de vigne, en direct de Washington. Tandis que pépère faisait le toutou devant Obama, Gattaz flinguait devant la presse le pacte de responsabilité : « Il n’y aura pas de contreparties ! » a-t-il jubilé. Donc, pas d’engagements du patronat en matière d’emploi en contrepartie des baisses de charges. Et patatras pour le grand dessein présidentiel qui devait faire converger toutes les énergies françaises.
Oh je ne rêvais pas. Ce pacte tenait en partie de l’artifice de communication, car on ne décrète pas l’emploi par signature au bas d’un parchemin. Mais il y avait au moins une idée intéressante : celle d’une responsabilité commune, celle d’objectifs partagés, celle de bien commun, tout simplement. Mais le voyou Gattaz et son patronat n’ont cure du bien commun, ils défendent des intérêts privés. Ces intérêts ne sont pas ceux des entreprises françaises, car ces intérêts ne sont pas français, ils sont mondiaux, ils sont oligarchiques.
Ce n’est pas le moindre talent de la modernité que d’avoir réussi à faire croire que la somme des vices privés faisait le bien public. Mais de bien public nous n’avons plus, parce que l’autorité politique n’existe plus. L’affront de Gattaz à Hollande en témoigne : ne demeure plus que l’autorité des marchés et des marchands.
Donc, ce n’est plus un exécutif que nous avons, c’est un exécuteur testamentaire. Depuis le Mitterrand des années 90 jusqu’à cet improbable Hollande, en passant par Chirac et Sarkozy, c’est la France qui a été vendue. Ils ont vendu sa souveraineté et sa monnaie, vendu ses frontières et ses douanes, vendu son industrie et son agriculture, vendu son indépendance militaire et diplomatique, vendu ses finances publiques aux marchés, vendu le vivant – végétal, animal et humain – aux conglomérats « biotech ». Demain ils vendront nos sous-sols franciliens aux fracturateurs de schiste ; et jusqu'au ventre de nos femmes.
Et ils s’apprêtent encore à nous vendre aux firmes mondiales, via cet accord transatlantique qui consacre ce que François - le pape - appelle « la dictature de l’argent ». Voilà à quoi mène l’équation « subversion du bien commun » + « démission du politique » multipliée par « pouvoir de l’argent ».
Je suis d’humeur pamphlétaire aujourd’hui, c’est vrai. Cette humeur me vient d’une conversation récente avec un jeune homme : Xavier a une belle gueule, un beau diplôme depuis juin dernier, et il cherche toujours son premier job, huit mois après. Quand je pense qu’on nous a vendu une société de cols blancs : « Fini les cols bleus, tous en études supérieures, tous dans le tertiaire ! », disait-on pour justifier l’abandon de notre industrie. C’était un mensonge. Et il y a bien sûr, aussi, ces jeunes sans qualification à qui l’on concède des empois d’avenir sans avenir, parce que nous sommes incapables de les former en six ou douze mois à des métiers industriels qui se réduisent comme peau de chagrin.
Et dire que ce gouvernement occupe la moitié de son temps d’antenne à décliner ses obsessions sur le zizi sexuel ravalant la politique au rang de Titeuf… Quand on est à poil, c’est tout ce qui reste. >>
Guillaume de Prémare
Chronique Radio Espérance du 14 février 2014
13/02/2014 | Lien permanent | Commentaires (5)
Montebourg et Fabius préfacent une génuflexion supplémentaire de Hollande devant les intérêts US : l'extraction du gaz d
terresacree.org
Alors que la Pologne elle-même constate que l'euroschiste est économiquement un mirage, Montebourg et Fabius rejoignent le camp gazier. En vue : un revirement supplémentaire de Hollande... Qui pourrait être annoncé (lui aussi) au lendemain des municipales :
Laurent Fabius : ''Être ouvert sur la recherche, oui, trois fois oui ! l’histoire du progrès et de la gauche a toujours été ouverte à la réalité scientifique à condition qu’on protège l’environnement...'' Cette sortie de Fabius, le 9 février, visait à annuler les déclarations de François Hollande validant la loi anti-schiste votée sous Sarkozy [1]. Et elle venait appuyer les rodomontades d'Arnaud Montebourg dans le même sens...
Ces deux proclamations (Fabius + Montebourg) préfaçaient le voyage de François Hollande à Washington : voyage qui allait manifester la capitulation totale – et même revendiquée – de l'Elysée devant les intérêts économiques américains.
Sur la lancée de ses déclarations de 2012, Hollande avait continué quelque temps à dire qu'il fallait réduire la consommation d'énergie fossile en France. ''Conneries !'' n'hésite pas à dire Montebourg (qui s'y connaît). D'où lui vient maintenant cette assurance ? Tout se passe comme si Hollande s'apprêtait, en tapinois, à se rallier au gaz de schiste en adoptant l'argumentaire mis au point par Montebourg – ou par le lobby gazier.
Cet argumentaire est une imposture sur le plan scientifique et environnemental. Sachant que la loi française n'interdit le gaz de schiste qu'en raison de sa technique d'extraction (la fracturation hydraulique), Montebourg affirme qu'une autre technique existe : au lieu d'injecter de l'eau dans la roche, y injecter du fluoropropane ! Or le fluoropropane (NFP) a trois inconvénients rédhibitoires : il coûte très cher, il est chimiquement instable, et son impact sur l'effet de serre est 2900 fois supérieur à celui du CO2.
Montebourg raconte donc, une fois de plus, n'importe quoi.
Mais cette fois, le n'importe quoi de Montebourg sert les intérêts américains – au lieu de faire semblant de leur résister. Ce n'est donc plus tout à fait n'importe quoi. C'est la préface au revirement de Hollande. Un revirement dont ce dernier a très probablement fait part à son suzerain Obama... [2]
L'Elysée ferait tout de même bien de ne pas négliger un fait : selon l'enquête Ifop du 10/01, 63 % des Français se disent hostiles à l'extraction du gaz de schiste. Seuls 24 % y sont favorables (ils étaient 35 % en février 2013), et ce sont des électeurs de droite.
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[1] ''Fabius pense Medef'', explique Libération (11/02). Avocat d'une énergie à effet de serre, il est néanmoins co-organisateur d'une conférence sur le climat censée se tenir à Paris en 2015 ! Mais conférence qu'Obama (c'est tout dire) parraine au dessus de Hollande...
[2] Juste avant qu'Obama ne fasse dîner Hollande à quelques mètres du télé-humoriste Stephen Colbert, auteur de la célèbre vanne sur les conquêtes féminines du président français : ''...et souvenez-vous, les amis, Hollande ressemble à un homme qui sonne les cloches à Notre-Dame !" De la part de la Maison Blanche, placer Colbert à la table d'honneur était une gifle à Hollande (même si celui-ci a feint de ne pas s'en apercevoir, et même si les zombis de BFM ont fait semblant d'y voir ''le goût de la plaisanterie partagé par les deux présidents''). Se faire mépriser d'une façon aussi ostentatoire : triste rémunération pour un vassal.
Pendant ce temps, le pape François prépare son encyclique sur l'écologie. (Photo : avec les sénateurs Vera et Solanas et le t-shirt No fracking).
13/02/2014 | Lien permanent | Commentaires (32)
Soljenitsyne, l'URSS, la Russie, l'Ukraine...
Le regard d'un prophète-historien :
<< Nous avons récemment fêté le quatrième anniversaire des événements d’août 1991. Mais l’un de leurs aspects, pourtant non négligeable, a échappé à l’attention et au souvenir. (…) On a oublié comment le pays s’est trouvé découpé en morceaux en suivant ses frontières intérieures, nos frontières administratives tracées par Lénine, Staline, Khrouchtchev, et cela en dépit du bon sens à la convenance des uns ou des autres, sans tenir compte de la répartition ethnique – oublié comment ces frontières sont soudain devenues des frontières d’Etats. (…)
Les diplomates occidentaux ont besoin de voir la Russie morcelée, affaiblie, pour se débarrasser d’un concurrent. Mais ce furent aussi nos radicaux démocrates dont les vociférations montèrent jusques aux cieux. «Impérialisme, impérialisme !» Quelle impudence ! – ou bien leur raison était-elle à ce point obscurcie ? Où est-il, l’impérialisme ? Vingt-cinq millions de nos compatriotes, des régions russes tout entières, se sont retrouvés à l’étranger, et nous ne pouvons même pas poser la question des frontières à définir ensemble ? C’est de l’impérialisme, ça ? (…)
Et puis il y a la séparation de l’Ukraine et du Kazakhstan. Là, c’est exactement la même chose que la partition de l’Allemagne après la guerre. Tout comme, quand l’Allemagne a été déchirée en deux, ce sont des millions de liens vivants qui ont été rompus, c’est la même chose qui s’est passée ici avec la séparation de l’Ukraine et du Kazakhstan. Il et vrai que, là-bas, c’étaient des pays vainqueurs qui partageaient un pays soumis, vaincu. Et nous ? Nous, rien ne nous poussait à quoi que ce soit, nous avons simplement eu peur des vociférations à propos de ce fameux impérialisme. C’est nous-mêmes, de notre plein gré, qui avons tout livré. Les Russes sont maintenant un peuple démembré...>>
Alexandre Soljenitsyne
04/03/2014 | Lien permanent | Commentaires (18)
Russie : les trois fautes historiques des ”Occidentaux”
Selon Bernard Guetta (Libération 5/03), les torts de Vladimir Poutine n'effacent pas "les responsabilités plus lointaines mais profondes des Etats-Unis et de l'Europe" :
a) lors de l'éclatement du bloc soviétique, «les Occidentaux avaient solennellement déclaré qu'ils n'en profiteraient pas pour étendre les limites de l'Alliance atlantique en y intégrant les pays sortant du bloc. On sait ce qu'il en a été. Les Occidentaux ont très vite fait ce qu'ils avaient dit qu'ils ne feraient pas. […] Et c'est cette décision qui a semé les graines d'un nationalisme russe sur lequel Poutine surfe aujourd'hui. »
b) « La deuxième faute des Occidentaux aura été d'applaudir et encourager les privatisations sauvages de l'ère Eltsine, qui n'ont été qu'une appropriation des richesses russes par les affidés du Kremlin qui se les sont partagées au nom du passage à l'économie de marché. Après avoir convaincu les Russes que la fin du communisme et de la guerre froide ne leur avait apporté qu'une humiliation nationale, les Occidentaux leur ont ainsi enseigné que le marché, c'est le vol et le pillage organisés... » Ils ont ainsi ouvert la voie à Poutine, « qui promettait de ne plus céder un pouce du territoire national et de faire rendre gorge aux voleurs. »
c) Troisième faute : l'UE, ses peuples et ses dirigeants « n'ont pas su voir qu'ils ne pouvaient pas assurer la stabilité du continent, et donc leur prorpe sécurité, sans trouver un accord avec la Russie sur la place et le rôle des pays sortis de l'URSS... »
Bernard Guetta en tire deux conclusions :
1. « On ne peut plus tarder à tenter d'organiser le continent Europe dans un modus vivendi et une coopération entre ses deux piliers que sont l'Union européenne et la Fédération de Russie »
2. « L'Union a l'obligation d'être plutôt que de ne pas être, de se doter d'une diplomatie et d'une défense commune, de marcher vers cette union politique qu'elle ne peut pas ne pas devenir. »
D'accord avec la conclusion n° 1... Mais la conclusion n° 2 est un wishful thinking. Pour que l'UE fasse ce que souhaite Bernard Guetta, il lui faudrait changer de nature : cesser de n'être qu'une plate-forme du libre-échangisme économique et financier, se libérer de la tutelle nord-américaine, se définir comme une communauté de destin appuyée sur une civilisation commune. Et se trouver un pôle fédérateur ! Aucune de ces conditions n'est réunie. Tout est fait à Bruxelles pour qu'elles ne le soient jamais. Quant aux Etats... Le gouvernement français est une pitrerie, le gouvernement britannique une annexe de Washington. Seul le gouvernement allemand manifeste une certaine lucidité géopolitique, et seulement envers l'Est.
05/03/2014 | Lien permanent | Commentaires (4)