Rechercher : patrice carvalho
PMA-GPA : les ”usines à bébés” et la société de marché
La PMA-GPA est une promotion du capitalisme marchand (ce que taisent les bien-pensants). Après le premier volet diffusé par Pièces et main d'oeuvre - notre note du 23/05 -, deuxième volet de l'analyse d'Alexis Escudero sur la reproduction artificielle de l'humain :
Présentation par PMO (Pièces et Main d'oeuvre)
<< Nous poursuivons avec cette livraison [ texte intégral ici ] notre série sur La Reproduction artificielle de l’humain à l’ère technologique.
- Le premier épisode, La Stérilité pour tous et toutes !, montrait comment - conformément au principe de la destruction créatrice (Schumpeter) - le capitalisme et l’industrie chimique détruisaient les facultés humaines de reproduction, gratuites et naturelles, avant d’y substituer des solutions marchandes et technologiques : c’est la politique de la terre brûlée. Rien de surprenant puisque la survie du capitalisme est liée à sa capacité à faire argent de tout ; et que cette capacité de marchandisation totale coïncide avec une volonté de toute-puissance, de maîtrise totale du monde matériel comme des sociétés qui s’y cultivent.
- D’où l’essor d’une économie et d’une industrie du produit enfant (PMA/GPA), aux règles on ne peut plus ordinaires. Vous choisissez sur catalogue, vous commandez, vous payez, vous êtes livré. Parce que tel est votre bon plaisir et que vous le valez bien. Ni plus ni moins que pour un veau acheté en batterie, ou des crèmes de beauté sur Internet.
C’est cette économie - ces usines à bébés - que nous fait ici visiter Alexis Escudero. Combien ça coûte ? Combien ça rapporte ? A qui ? Comment ça se passe ? Où ça se passe ? Etc. On verra parmi d’autres merveilles que loin de se limiter aux individus stériles, le marché compte de plus en plus de clients fertiles, mais désireux de designer au mieux leur progéniture. C’est que la Reproduction artificielle de l’humain (RAH) restaure à un point inédit dans l’histoire : le droit des parents (et de leurs fournisseurs), à disposer de leurs enfants.
On verra que les plus agressifs promoteurs de cette artificialisation et marchandisation de l’enfant viennent de cette gauche sociétale-libérale, sinon libertarienne, qui n’a plus d’autre projet de société qu’un cannibalisme high tech et - bien sûr - éthique, équitable, innovant, égalitaire, etc.
Le magazine Books de mai 2014 qui consacre un dossier au sujet, demande en couverture : "L’argent peut-il tout acheter ?" Et vous, qu’en pensez-vous ?
Quant à l’auteur, Alexis Escudero, il ne s’agit pas d’un logiciel ni d’une machine à traitement de texte. Nous ne garantissons pas qu’il écrive à la main, mais il pense par lui-même... >>
30/05/2014 | Lien permanent | Commentaires (5)
La société sécularisée et centrée sur elle-même : anomalie dans l'histoire du monde
''SUPERSTITION DE LA SOCIÉTÉ » : CONFÉRENCE DE ROBERTO CALASSO, ORGANISÉE PAR LA FONDATION IMITATIO ET LE CENTRE GEORGES-POMPIDOU, EN PARTENARIAT AVEC L’INSTITUT CULTUREL ITALIEN. Jeudi 5 juin, 19 h, Centre Pompidou (grande salle)
La société sécularisée, devenue dominante aujourd’hui, s’attache à étudier des centaines de sociétés du passé, qu’il s’agisse de tribus ou d’empires, qui toutes se sont définies et décrites dans leur relation à quelque chose d’invisible et d’inconnu, parfois habité par des dieux et incluant ce qu’on nomme aujourd’hui la nature. Au contraire, la société sécularisée se définit, se décrit et fonctionne uniquement par rapport à elle-même, puisqu’elle se juge autosuffisante et seule productrice de sens. Les implications et les origines de ce changement seront l’objet de ma conférence. Roberto Calasso
http://www.rene-girard.fr/57_p_38458/roberto-calasso.html
30/05/2014 | Lien permanent
” Pour une écologie chrétienne ” (éditions du Cerf, 2004) : un livre de Jean Bastaire
Synthèse
(par Serge Lellouche)
de cet ouvrage majeur
et à relire d'urgence,
face à la désinformation
qui s'organise
en mllieu catholique
au contrepied du Magistère :
Puisse cette synthèse susciter l'envie de lire ce livre,
que l'on peut se procurer ici :
http://www.editionsducerf.fr/html/fiche/fichelivre.asp?n_liv_cerf=6451
2013 : le pape François se fait photographier avec les t-shirts contre le business du gaz de schiste et le gaspillage de l'eau par les multinationales de l'or... Jean-Paul II, Benoît XVI, François : les papes de l'écologie plénière.
L'oeuvre de Jean Bastaire (1927-2013), et en particulier ce petit livre qui en constitue peut-être la meilleure introduction, ravive en notre foi le feu ardent du plein émerveillement cosmique.
Par ses livres, notre regard sur la création se dévoile et se transforme en profondeur, jusqu'à découvrir peu à peu en elle l'unité grandiose d'une immense fraternité.
Bastaire est en effet le prophète de la grande réconciliation eschatologique de toutes les créatures de Dieu, d'autant plus différenciées et ordonnées hiérarchiquement entre elles, que fondamentalement unies par un lien de charité dans le Verbe incarné. Le salut de l'homme et la promesse de sa glorification éternelle ne sont pas séparables de l'accomplissement de sa vocation à rassembler en Christ l'ensemble du monde créé, solidaire dans la souffrance et uni dans cette promesse de résurrection donnée à Tous.
Comment une écologie chrétienne, si elle est véritablement chrétienne, pourrait-elle demeurer aveugle à cette profondeur théologique et à tout ce qu'elle implique pour l'homme dans son rapport à la création?
Si l'on pose la question, c'est que ce sens de l'écologie chrétienne est aujourd'hui détourné par des idéologues (appelons-les par leur nom), qui viennent nous expliquer que «l'écologie chrétienne n'est pas ce que l'on croit», en la réduisant à une «écologie humaine» savamment opposée à une «écologie environnementale» et, pour mieux discréditer cette dernière, en agitant à tout va le gros vilain épouvantail de la «deep ecology» ou de cultes païens à la terre-mère Gaïa... Vieilles ficelles bien connues : selon les semeurs de confusion professionnels. il n'y aurait qu'un tout petit pas du désir de servir les plus faibles créatures à l'anthropophobie,
Ainsi tente-t-on, sous ce mode de la manipulation intellectuelle, de cantonner les catholiques dans le cadre sécurisé d'une écologie « raisonnable », mondaine, et aussi peu subversive que possible.
Ainsi, par-dessus tout, tente-t-on d'étouffer dans les cœurs ce feu de joie et d'espérance que constitue pour les chrétiens une écologie plénière comprise et vécue à la lumière de notre foi, et non à l'aune des intérêts des multinationales de l'agro-alimentaire et du nucléaire.
Vivement l'encyclique sociale de François consacrée à l'écologie ! C'est pour bientôt. Par quelles nouvelles ruses rhétoriques les idéologues tenteront-ils de la taire, ou de lui faire dire ce qu'elle ne dit pas, en la réinterprétant à leur sauce libérale et productiviste? On leur souhaite bon courage... La tâche risque cette fois de s'avérer particulièrement ardue pour eux.
Mais ces diversions idéologiques, qui perpétuent bien sûr (sans le dire) le statu-quo de l'homme prédateur et tout-puissant, s'appuient sur une vieille confusion théologique qu'il est temps de mettre en lumière nous dit Jean Bastaire : « On ne réfutera jamais assez l'interprétation blasphématoire des premiers chapitres de la Genèse qui transforme le commandement d'amour de Dieu en une injonction de tyrannie. Selon toute la tradition judéo-chrétienne, Dieu a délégué à l'homme non pas l'arbitraire d'un pouvoir oppressif, mais les intentions d'une sollicitude paternelle qui s'étend de l'atome à l'étoile, à travers l'arbre et l'animal ». Fiat Lux !
Le monde d'avant le péché est bien celui de la louange à la gloire de Dieu, dans laquelle communient toutes les créatures, qui «s'offrent mutuellement leur chaleur, leur ombrage et leurs produits. Nul ne touche ni aux racines ni aux matrices ». L'aliénation et le meurtre sont étrangers à ce paradis terrestre au sein duquel l'homme est établi, par son Créateur, en jardinier et pasteur de l'univers créé. Il est l'humble aménageur de cette maison commune : « Pour les premiers chapitres de la Genèse, dominer la nature est la même chose que la domestiquer. Ce n'est pas la transformer en usine à poulets (ni en sinistres champs d'OGM standardisés, ajoutera-t-on), mais en maison pour tous ». Par cette image de la maison commune, rappelons au passage, qu'étymologiquement, le «éco» d'«écologie» renvoie au grecque «oïkos», qui signifie précisément la demeure ou maison commune, articulé à «logie» («logos»), renvoyant à la parole et à la science de cette maison commune.
Paul et la dimension cosmique du salut
Mais voilà que la maison se fissure et se cloisonne de part en part. La miraculeuse symphonie universelle est rompue par le péché, par lequel sont introduits la dissonance, la violence et l'esclavage : «Confondre ce monde avec l'univers originellement voulu par Dieu est la suprême ruse du péché. Le tentateur cherche toujours à faire passer ses œuvres pour celles de Dieu, alors que loin de créer il «décrée», loin d'unir et de bâtir il oppose et ruine». Cette confusion diabolique entre la première création et la seconde, née du péché, sera par exemple entretenue par un Teilhard de Chardin et sa thèse d'un «mal de Genèse» et d'une violence bénéfique de toute éternité : l'amour de Dieu répandu sur toute la surface de la terre à coups de bulldozers et de manipulations génétiques du vivant ; cet air de «mal pour un bien» aujourd'hui encore trop connu.
A la lumière de ce que dit la Bible, c'est pourtant pure hérésie ! La louange universelle résonne en de si nombreux psaumes : «Les cieux racontent la gloire de Dieu, le firmament proclame l'oeuvre de ses mains» dit le psaume 18. «Louez le Seigneur depuis les cieux, louez-le, vous tous ses anges ; louez-le, soleil et lune ; louez-le vous toutes les étoiles brillantes. Louez le Seigneur depuis la terre, montagnes et toutes les collines, arbres fruitiers et tous les cèdres, bêtes sauvages et tout le bétail».
Même oraison cosmique dans le psaume 103 ou dans le cantique des trois enfants dans la fournaise, rapporté par le prophète Daniel. «Allez par le monde entier, proclamez l'Evangile à toutes les créatures» (Marc 16,15) ; parole que Jean Bastaire interprète ainsi : «Annoncer l'Evangile à toutes les créatures, c'est poser sur elles le regard de Jésus, adopter à leur égard le geste, le ton, le comportement de Jésus, éprouver pour elles un respect et une compassion fondées sur cette «dignité d'être» qu'aimaient à leur reconnaître les mystiques du Moyen Age».
C'est avec la réflexion de Paul que la dimension cosmique du salut est définitivement affirmée. Il prêche un Christ cosmique rassemblant en Lui tout l'univers (1 Corinthiens 15, 28) ; il souligne avec force l'universelle souffrance partagée par toutes les créatures, en attente de leur délivrance (Romains 8, 22-23) ; il écrit les deux grands hymnes au Christ cosmique (Ephésiens 1, 9-10 et Colossiens 1, 15-17). On est au plus loin «d'une gnose dualiste qui, chez Marcion ou Manès dans l'Antiquité ou chez les Cathares au Moyen Age, opposait à un Dieu bon, étranger à ce monde, un Dieu mauvais responsable de l'univers créé».
Jean Bastaire nous ouvre ensuite au temps long de la Tradition d'Eglise, à travers laquelle, d'Irénée de Lyon à Paul Claudel en passant par saint François, des plus grands théologiens aux moines, ermites et mystiques, a rayonné, avec plus ou moins de vivacité selon les époques, la lumière du christianisme cosmique, et par laquelle s'est intimement incarnée la fraternité entre toutes les créatures.
Cette histoire constitue le cœur d'un autre magnifique livre de Jean Bastaire, Le chant des créatures, dont on renvoie ci-dessous à la synthèse qui en a déjà été faite, et où y sont décrites les différentes étapes et rebondissements :
1 - http://plunkett.hautetfort.com/archive/2013/08/12/le-chan...
2 - http://plunkett.hautetfort.com/archive/2013/08/12/le-chan...
De Jean de la Croix à Paul Claudel
On citera toutefois ici ces deux passages de saint Jean de la Croix, d'une part en ce qu'ils reflètent si bien l'esprit de ce christianisme cosmique, et d'autre part car ils nous aident grandement, insiste Jean Bastaire, à lever le voile sur cette confusion théologique entre panenthéisme (toutes choses en Dieu) et panthéisme (toutes choses identiques à Dieu). Et Dieu sait que les idéologues cités plus haut se servent de cette confusion autant qu'ils l'alimentent !
S'émerveiller et rendre grâce devant les splendeurs de la nature et jusqu'aux plus petites des créatures, ne revient pas à les confondre avec le Créateur, mais à reconnaître et à accueillir en elles une étincelle du divin dont elles sont signe. Ainsi, dans son Cantique spirituel, Jean de la Croix écoute à travers « la variété de toutes les créatures une musique silencieuse, une harmonie incomparable qui surpasse tous les concerts d'ici-bas »...et dans La vive flamme d'amour, il écrit que « l'âme voit alors avec évidence que toutes les créatures sont distinctes de Dieu, en tant qu'elles sont créées ; mais elle les voit en lui avec leur force, leur provenance et leur vigueur. L'âme comprend si bien que par son être infini Dieu est éminemment toutes ces choses, qu'elle les connaît mieux en lui qu'en ces choses mêmes, (…) elle connaît les créatures par Dieu, et non Dieu par les créatures ».
Mais une épaisse chape de plomb peinte aux couleurs du Progrès et de la Raison, ne va pas tarder à assombrir ce concert de louanges. Le XVIIe siècle est à cet égard un tournant historique et spirituel dont Jean Bastaire nous invite à voir en face les conséquences dévastatrices pour un christianisme simultanément en voie de désincarnation et de décosmicisation, dans l'indifférence voir avec la complicité de tant d'âmes pieuses : «Le rationalisme chrétien nourri de Descartes laissa faire, de même que laissa faire l'idéalisme chrétien, résurgence du manichéisme antique. Tous deux laissèrent se consommer la rupture entre la terre et le ciel, le corps et l'âme, le chair et l'esprit, quand ils n'y contribuèrent pas activement. Le mystère de l'Incarnation connut là un véritable désastre théologique et mystique».