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22/03/2014

Pris de folie froide, le bobo devient Folamour

Ceux qui rêvent d'une guerre de "l'Occident" contre la Russie :

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L'escalade avait commencé à propos de la loi russe contre la ''propagande homosexuelle dans les écoles'' : Obama, suivi par les médias occidentaux, avait déclaré que la Russie était un danger pour le monde. Les commentateurs washingtoniens avaient renchéri en soulignant que la Russie n'était plus un partner, et en exhumant deux mots d'ordre anti-russes du temps de la guerre froide : le containment (coup d'arrêt) et le rollback (réduction). Bien entendu la cause gay n'était qu'un prétexte : Washington cherchait querelle à Moscou depuis la fin de l'ère Eltsine – bon partner, celui-là –, pour des raisons économiques sans rapport avec les droits humains.

Avec l'affaire ukrainienne, l'escalade bondit de plusieurs degrés. Oubliant que l'attitude russe est en grande partie le résultat de l'OTANisation de républiques ex-soviétiques ou de pays ex-membres du Pacte de Varsovie, Washington décrète ''intolérable'' le réflexe russe de récupérer la Crimée ; chose pourtant logique puisque le putsch de Kiev amène l'Ukraine dans le camp américain... (Que feraient les Etats-Unis si un pays des Amériques passait dans le camp chinois, condamnant une base indispensable de l'US Navy?).

L'escalade atteint maintenant une zone dangereuse. Nos journalistes bobos se mettent à envisager une guerre de ''l'Occident'' contre la Russie.

Les femmes sont bizarrement les plus belliqueuses. Dans Libération du 22 mars, Lorraine Millot proclame : ''Obama a enfin pris un vrai 'tournant' de politique étrangère […] en menaçant de s'attaquer bientôt à l'économie russe.'' Elle cite un ''spécialiste de la Russie'' à l'institut Peterson (think-tank de banquiers et de dirigeants politiques), qui déclare froidement : ''Obama semble bien avoir pris un tournant, et une fois engagé sur ce chemin il n'y a plus de raison de s'arrêter. Nous sommes aujourd'hui en 1938.'' Dans Le Monde du 18 mars, Sylvie Kauffmann décrit ''le retour des Etats-Unis en Europe'' : ils avaient d'abord ''laissé les Européens gérer la sécurité de leur continent'', mais ''des F16 américains ont été déployés en Pologne ces derniers jours'', et Joe Biden ''arrive'' dans les pays frontaliers de la Russie ''membres de l'UE mais demandeurs de hard power américain''...

Si les mots ont un sens (hard power !), il s'agit de choc militaire entre ''l'Occident'' et la Russie. Un choc qui serait effrayant, et dont le moteur serait, non à Paris ou Bruxelles, mais à Washington et dans l'intérêt des seuls Etats-Unis ; intérêt que Paris et Bruxelles se sont habitués à confondre avec le leur alors qu'il n'en est rien. ''La seule chose qui pourrait encore stopper Obama'', écrit le spécialiste de chez Peterson, ''c'est si l'Europe ne fait rien'' ; or M. Hollande vient d'envoyer des chasseurs français en Pologne pour seconder les F16 de l'US Air Force. Le petit homme qui n'a pas pu bombarder Damas rêverait-il à du plus grandiose ?

Et voilà comment nous nous retrouvons dans une posture de guerre contre la Russie ! Guerre qui opposerait Obama, donc aussi les Européens (malgré l'état de prostration où les met la crise), à des Russes en grande partie mobilisés par leur ''patriotisme'' – sur fond de ressentiment envers un Occident qui a voulu, selon eux, ''dépecer et piller l'ex-URSS dans les années 1990''.

Songez aux conséquences incalculables d'une telle guerre si elle se réalisait. Songez aux effets auxquels la légèreté de M. Hollande nous expose. Songez à la contradiction obscène entre les ravages d'une guerre et la philosophie de la caste bobo qui nous gouverne...

Ceux qui voient la folie de cet engrenage vont se faire traiter de munichois par des cinglés rêvant à 1938, puisqu'il est entendu que ''Poutine c'est Hitler'' (comme disait l'autre jour une chaîne d'infos). Ces journalistes souhaiteraient-ils vivre la Troisième Guerre mondiale ? Prions pour que ce rêve soit déçu.

 

Commentaires

CELA, ÇA FAIT PEUR

> Au début des années 80, nombre d'observateurs craignaient que l'URSS, constatant son processus de déclin, ne tente une action de force en Europe avant de ne plus être en mesure de contrer les Occidentaux. Les diverses catastrophes industrielles qui sont survenues (des arsenaux de la Mer Blanche à Tchernobyl) l'en ont empêchée. On a l'impression que les Etats-Unis ont adopté un projet similaire.

Circonstance aggravante: énarques ou diplômés d'écoles de commerce, les membres de nos élites donnent l'impression d'une absence totale de culture géographique et historique. Et cela, ça fait peur!
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Écrit par : Pierre Huet / | 22/03/2014

LEUR LÉGÈRETÉ

> On ne peut qu'être frappé par la quantité d'arguments irrationnels et de comparaisons historiques (dont l'accumulation me semble plutôt obscurcir les choses que les éclaircir) que manient les va-t-en-guerre.
Et aussi par la légèreté de ceux-ci : après avoir réduit à pas grand-chose les armées en Europe (qui sont des moyens de défense), les voilà pris d'un prurit belliqueux à tout propos. Ces gens sont dangereux.
Un triste exemple de cet état d'esprit est donné par la Suède (dont il m'arrive de parcourir la presse en ligne) : voilà un pays qui disposait d'une armée solide et qui vivait en paix ; et, après des années de réduction des budgets militaires, voici que divers politiciens et "experts" agitent la vieille "terreur du Russe" (le voisinage de la Russie n'étant pas toujours confortable). Quitte à faire des comparaisons historiques, cette terreur, agitée pendant une bonne partie du XVIIIème siècle, mena à une politique agressive qui finit par coûter rien moins que la Finlande à la Suède (rappel judicieux fait dans un article publié ce matin par un historien dans "Svenska Dagbladet").
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Écrit par : Sven Laval / | 22/03/2014

ILS SONT DANGEREUX

> La troisième guerre mondiale, avec 40 ans de retard, s'il vous plaît, non... Je vous en supplie.
Depuis longtemps, j'envisage cette éventualité d'une guerre comme une suite logique, mais sentir cette idée comme presque réalisable, là, aujourd'hui ou demain, me fait vraiment froid dans le dos.
Ils sont fous, malades, dangereux ! C'est à faire hurler les constellations.
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Écrit par : PMalo / | 22/03/2014

AUX ABRIS

> Sur France Culture il y a quelques années, un membre éminent du Conseil constitutionnel d'alors, envisageait l'idée d'"une bonne guerre"(je cite). Un moyen pour faire diversion, pour oublier les nuages noirs qui s'accumulent sur la France et rebrasser les cartes : une idée de nos élites qui auront tous les moyens alors de se mettre aux abris.
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Écrit par : Isabelle / | 22/03/2014

GRAVE

> Derrière tout cela, il y a des objectifs stratégiques qui viennent de loin et qui ne datent pas d'hier (cf l'influence de Zbigniew Brzezinski de la trilatérale et d'origine polonaise). Mais à ce petit jeu, quand on ne sait plus s'arrêter, tôt ou tard on se brûle.
Oui, la situation actuelle est en germe très grave. Cf la très intéresante interview ci-dessous en complément de votre article. Quant aux bobos, leur inconséquence, leur vacuité sidérale, permet d'amuser et d'enfumer la galerie
http://www.youtube.com/watch?v=eQn322m5MwA
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Écrit par : illingen / | 22/03/2014

PAS TRÈS INFORMÉ

> Vous ne pensez tout de même pas que les USA veulent la guerre ? Quel rapport entre l'homosexualité et la Crimée ? Pour votre info, le droit international ne reconnaît pas le droit à l'autodétermination pour la Crimée, qui ne connaît ni décolonisation, ni violence. Aussi, comment justifiez-vous vos propos ? Connaissez-vous des Urkainiens, des réfugiés en Europe ? qui ont fuit la Russie ? Avez-vous passé du temps avec eux ? Car rester derrière son écran.... Merci de revoir un peu votre approche, quelque peu idéologique.

Albert Levers


[ PP à AL
- Vous n'êtes pas très informé.
- Merci de ces remarques aimables, quoique approximatives - comme chaque fois que l'on accuse l'opinion d'autrui d'être "idéologique".
- Je connais sûrement plus d'Ukrainiens que vous (ce ne doit pas être difficile, à en juger par vos propos).
- Les propos d'Obama sur l'homosexualité et la Russie sont un fait, et sa manière de transformer cette question sociétale en prétexte de politique étrangère est assez caractéristique. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Albert Levers / | 22/03/2014

INSOUTENABLE PERSPECTIVE

> Ca commence à tourner à l'idée fixe : je trouve que cette année 2014 ressemble tellement et de plus en plus à 1914 - jusqu'à cette idée de la nécessité d'une guerre préventive contre la Russie- que c'est à la limite du soutenable…en tout cas pour moi.
Comme je l'écrivais l'autre jour, il y a dans ce monde (et particulièrement au sein du bloc euratlantique, Franchoukouo - il faut bien appeler les choses par leur nom- compris) tellement d'horreurs…tranquilles qui "crient vengeance à la face de Dieu" (pour reprendre l'expression de V. Loupan au cours d'un des derniers débats du vendredi sur RND) que cette guerre relèverait presque de la justice immanente.
Ceci dit, il faudrait être un malade fini - ou un être luciférien- pour souhaiter la guerre. Conséquences incommensurables, bien plus qu'en 1914 évidemment ! D'ailleurs, je n'arrive pas à imaginer qu'il puisse y avoir un "après" : sur le territoire national, les premières cibles des missiles de croisière seraient les centrales nucléaires…
Le fait que notre président nous engage dans cette folie est pour moi totalement incompréhensible, ou plutôt…relève du mystère d'iniquité.
L'armée russe sous Poutine n'est plus celle, complètement déglinguée et volontairement "asphyxiée" par le pouvoir politique, des années Eltsine.
Quant à la nôtre, d'armée, hé bien…hé bien…je préfère ne rien dire. D'ailleurs, je ne suis pas certain que la majeure partie des Français soient conscients de son état de délitement (très) avancé.
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Écrit par : Feld / | 22/03/2014

ON NE SAIT PLUS CE QU'EST UNE GUERRE

> Autre chose qui me frappe, par rapport à 1914 : la même légèreté des dirigeants (et des populations ? ) dans la "marche à la guerre". Comme si, après respectivement 43 et 52 ans (je compte à partir des accords d'Evian) de paix, on ne savait plus VRAIMENT ce qu'est une guerre...
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Écrit par : Feld / | 23/03/2014

à Feld

> "luciférien"
(à noter que le pape François parle de plus en plus du Satan). Ce n’est manifestement pas pour lui une image d’Epinal, mais une réalité, concrète.
Tout est dit, il est à craindre que ce soit son heure.
Les Ecritures, que certains qualifient de "beaux textes" (sous-entendu, à ne pas prendre trop au sérieux, ce n'est que du symbole et de la métaphore), évoquent une situation étrangement fort semblable à ce que nous voyons se développer sous nos yeux. Ce fameux empire cruel et plein de morgue. Mais, chut, un catholique n'est ni un protestant ni un évangéliste, il ne connait que les moments de l’incarnation du Verbe et celui du jugement dernier. Le « magistère » du temps de Jésus et reconnu par lui-même (les pharisiens notamment) ont occulté l’incarnation, le magistère d’aujourd’hui semble avoir étrangement la même attitude par une quasi occultation du second avènement précédant le jugement dernier qui aura lieu bien plus tard.
Ce n’est pas parce que certains s’excitent, en particulier aux USA, dans l’ instrumentalisation du messianisme (ils seraient bien inspirés de se rappeler : « malheur à ceux qui désirent le jour de l’Eternel »), que ce dernier n’existe pas, toutefois sous une forme dépassant l’intelligence des allumés.
Ce qui n’empêche pas qu’il puisse être redoutable, et ceci de façon complètement inattendue, pour les obstinés du pouvoir de la violence.
Et pour la métaphore :
http://www.youtube.com/watch?v=9I7C0ASH3cg
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Écrit par : illingen / | 23/03/2014

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