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02/03/2010

Et maintenant, une offensive écolophobe : "Mère Ubu, nier le climat ne suffit pas ! Nions les thons ! Nions tout ! Vive la machine à décerveler !"

arrobe-ubu.jpg 

Un symptôme clinique ne vient jamais seul :


 

 

Le négationnisme climatique (nier une masse de faits avérés) n'est que l'un des symptômes de l'écolophobie. Ce symptôme a fait une éruption aiguë voilà un mois, et la crise continue, surinfectée par les médias qui dopent cette nouvelle fièvre émotionnelle – la seule chose qui compte étant de faire du bruit pour vendre.

Sitôt sautée la barrière immunitaire (le raisonnable et le rationnel appuyés sur les faits), tous les autres symptômes de l'écolophobie font éruption. Tous ont un point commun : le fantasme économique ultralibéral. Tous ont un tropisme commun : nier les faits. D'où le terme "négationnisme", qui les définit à la perfection. Une fois lancé l'idée que la crise climatique n'existe pas, tout devient permis : on peut se permettre de tout nier pêle-mêle. On va nier toute pollution. On va nier la malfaisance sociale des OGM Monsanto (suicides de masse en Inde). On va nier l'érosion de la biodiversité, pourtant indispensable à la vie sur Terre. On va nier ainsi la menace que notre surconsommation fait peser sur les espèces animales.

Par exemple : hier, le quotidien ultralibéral Les Echos lance l'idée que, finalement, la menace d'extinction du thon rouge est elle aussi un bobard. (Pourquoi pas ? Puisqu'on a désormais le droit de tout nier au nom du Prométhée technoïde et des intérêts sacrés de l'industrie, agro-alimentaire ou pétrolière ?)

En guise de chercheur "sceptique devant la menace sur le thon rouge", le journal ultralibéral cite Jean-Marc Fromentin, un spécialiste de la ressource halieutique à l'Ifremer.

Mais comme souvent dans les campagnes négationnistes, le média a négligé de... rencontrer le scientifique, voire de lui passer un simple coup de téléphone. Ou de lire ce qu'il écrit. D'où protestation de Fromentin ce matin [*] : « le journaliste des Echos ne m'a pas contacté ! »

S'il l'avait fait, le journaliste n'aurait pas pu écrire son article négationniste. Car celui-ci repose sur l'idée que le stock de thon rouge en Méditerranée est remonté en 2009 par rapport à 2004... Certes, tempête Fromentin : mais parce qu'une première mesure de protection de l'espèce fut prise en 2007 : ne plus pêcher les thons de moins de 30 kilos ou âgés de moins de 4 ans, pêche qui empêchait la reproduction ! C'est grâce à ces trois ans d'interdiction écologiste qu'a été possible un certain redressement, très relatif (et à confirmer), de la population de thons en Méditerranée... Et « il n'y a pas de quoi pavoiser », explique Fromentin au journal : si l'on continue à pêcher 50 000 tonnes par an (25 000 seulement autrefois), le thon rouge s'éteindra. Pour permettre aux jeunes thons de 2010 de devenir des adultes et de se reproduire, il faudrait limiter plus sévèrement la pêche !

"Ce ne sont que des hypothèses", tranchent des arbitres connus pour leur indépendance et leur "résistance à la pensée unique de l'écologisme" : armateurs de navires-usines, industriels de l'aliment (hypermarchés en tête),  suités de quelques "experts" comparables à ceux qui cautionnent Monsanto.

"Toutes les sciences avancent par hypothèses", corrigent les scientifiques : "il a fallu deux cents ans pour prouver rigoureusement l'hypothèse de Galilée, mais c'est quand même lui qui avait raison."

A votre avis, pourquoi l'offensive négationniste – pour pouvoir racler les stocks de thon rouge en Méditerranée –  a-t-elle lieu maintenant ?

Réponse : parce que, dans quelques jours, la CITES (convention sur les espèces protégées) doit décider d'interdire le commerce international du thon rouge.

Et à votre avis, pourquoi le barnum actuel en faveur du négationnisme climatique ? Lisez la presse économique : vous ne tarderez pas à le découvrir. Entre les lignes.

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[*]  Dans Libération, qui essaie de ne pas trop se laisser happer par la conversion des bobos au négationnisme climatique. (Une conversion qui avance à grande vitesse !)

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11:39 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : écologie

Commentaires

RED TUNA IS A HOAX

> Je ne suis pas de votre avis, et my friend Claude Allègre - a real good guy - sûrement non plus : cet article des Echos est très bon. Outstanding !
Red Tuna is a hoax !

Georgia Tech
(just call me Geo)
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Écrit par : Georgia Tech / | 02/03/2010

LARBINS

> Tout ça bien vu. Et en l'occurrence, qui seront les "Larbins de Phynances" ?
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Écrit par : capitaine Bordure / | 02/03/2010

SCEPTIQUE

> Après le climato-scepticisme, l'halieuto-scepticisme. Ils sont vraiment malades. Je suis très sceptique envers tout ces scepticismes adossés aux intérêts des grosses firmes.
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Écrit par : Quequeg / | 02/03/2010

ECOLOPHOBIE

> On peut vraiment parler d'écolophobie. Allègre se prétend "véritable écologiste" comme d'autres se disent "écologistes intégraux", et quand vous lisez ce qu'ils veulent, vous voyez que la bonne écologie pour eux c'est pas d'écologie du tout ! Invoquer "l'homme" pour oublier son environnement est une mystification. L'homme est RESPONSABLE de son environnement.
En plus, Allègre comme ami de l'humanité, me faites pas rire : l'homme qui se contrefichait des dangers de l'amiante !
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Écrit par : Jean-Paul Zins / | 02/03/2010

MANQUE DE REALISME

> Il y a quand même une chose qui me dépasse, c'est leur manque de réalisme ou de maturité. Bon sang, s'ils exploitent trop leur source de richesse, ici le thon rouge, ils vont finir par ne plus rien gagner voir se ruiner, non? Ils détruisent leur source de profit et ils ne réagissent pas. Ou alors ils pensent vraiment que la science va cloner des thons pour pouvoir recommencer ?
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Écrit par : vf / | 02/03/2010

à VF

> Ils sont d'aujourd'hui : l'intérêt à très court terme. Le pêcheur pense à l'armateur, l'armateur pense à l'actionnaire, l'actionnaire est hystérique.
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Écrit par : Yvon Priour / | 02/03/2010

PAS D'ACCORD

> Bon, j'ai une hostilité toute particulière envers ces mots terminant par "phobe", du fait de l'usage qui en est fait. Je crains que toutes ces "phobies" non psychiatrique nous entrainent dans l'ère de la caricature : rien de commun entre la phobie de l'agoraphobe et de l'écolophobe. Je crois plutôt que Barroso agit par amour du marché que par phobie de l'écologie.
Gégé

[ De PP à G. :
- En épidémiologie comportementale, "phobie" veut dire "peur irrationnelle et majeure en présence du stimulus". C'est exactement l'objet de la campagne écolophobe : déclencher dans l'opinion une peur irrationnelle en présence des propositions écologiques, présentées comme mensongères (d'où peur morale) et ruineuses économiquement (d'où peur matérielle, surtout en période de crise mondiale). La campagne écolophobe actuelle joue d'ailleurs un rôle de diversion au bénéfice du principal coupable de la crise : la sphère financière.
- Rien de commun entre l'agoraphobe et l'écolophobe ? On voit que vous ne connaissez pas d'écolophobes. Allez-voir de leur côté, vous m'en direz des nouvelles. C'est chez eux un réflexe obsessionnel compulsif.
- Vous avez raison d'incriminer l'empire du marché ; mais tort de le déclarer sans lien avec l'écolophobie. Au contraire : il la suscite et il s'en sert. Braquer l'opinion contre les propositions écologiques, c'est empêcher celles-ci d'être reprises par les gouvernements. Ce qui est le but de toute cette campagne. D'où la puissance de ses moyens financiers et médiatiques. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Gégé / | 03/03/2010

CONFUSION SUR LE THON

> Le chroniqueur scientifique de Libé a publié un article détaillé sur les raisons de cette confusion délibérée : http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2010/03/thon-rouge-.html#more
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Écrit par : Oli / | 03/03/2010

LE THON COMME METAPHORE

> Ce qui se passe pour le thon rouge est une métaphore de l'impact dramatique de la logique ultralibérale de recherche de profit à tout prix. On épuise en quelques années des richesses accumulées pendant des dizaines d'années ou plus.
Je le vois dans mon entreprise qui était riche et qui maintenant se voit pressurée pour livrer tout ce qu'elle a (remontées de dividendes même s'il n'y a pas de bénéfice, peu importe, on prend sur la richesse accumulée). Pour cela, des efforts sont demandés à presque tous: salariés (pas d'embauche, augmentations dérisoires), fournisseurs (réduction des budgets poussée à l'absurde), clients (augmentation des prix très significative). Seuls les actionnaires maintiennent leur objectif fou de 15% de rendement annuel, et pour cela ils paient très grassement quelques dirigeants (même pas une dizaine en France, cela suffit). Pas besoin de chercher plus loin l'accroissement des écarts de rémunérations: le calcul est cynique, corrompre quelques uns pour exploiter tous les autres.
Résultat: la crise que nous vivons est à mon avis peu de chose par rapport à ce qui va venir, lorsque ces richesses seront épuisées.
Tout comme pour le thon rouge, il y aura quelques années où il n'y aura plus grand chose...
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Écrit par : ld / | 03/03/2010

SUR M. ALLÈGRE

> Monsieur,
Allez-vous lire le livre de Claude Allègre qui contient des raisonnements scientifiques de très haut niveau et qui porte la marque d'un très grand esprit scientifique : bon sens, logique, pas de jargon jargonnant pour perdre le néophyte, humilité devant les faits, sagesse devant la complexité inouie des phénomènes étudiés...
Allez-vous donner crédit à un homme qui déclare : "Si j'ai choisi comme VOCATION la science, c'est sans aucun doute la recherche de la vérité qui a été ma motivation première." p. 135
Pour moi, défendre notre Pape dont la devise est " Coopérateur de la Vérité" et écouter les arguments de bon sens de M. Allègre, ma foi, c'est tout UN : la Vérité ne se divise pas. Jésus-Christ ne se divise pas.
C'est d'ailleurs pourquoi, l'argument qui consiste à dire : M. Allègre n'est pas climatologue ne tient pas. Outre le fait que la géochimie et les sciences de la terre sont très proches de la climatologie, la science actuelle souffre justement de l'ultra spécialiation qui empêche un dialogue et une fécondité mutuelle des disciplines. C'est d'ailleurs aussi pourquoi les disciplines philosophiques sont primordiales car elles peuvent donner un langage commun (logique) grâce auquel un dialogue peut se nouer au-delà du jargon et de la spécialisation et abstraction mathématique. ceci est d'autant plus important lorsqu'une discipline prétend dicter leur conduite à des milliards d'êtres humains.
Leroy


[ De PP à L. :
- Le livre dont vous parlez, "L'imposture climatique", fait tordre de rire la communauté scientifique tant il est plein d'erreurs et confusions grossières, inexplicables si Allègre était "un très grand esprit scientifique". J'en donne un aperçu ici même, tiré de la page entière que 'le Monde' a consacré à ces bourdes polémiques : http://plunkett.hautetfort.com/archive/2010/02/27/claude-allegre-fait-rire-a-ses-depens-la-communaute-scientif.html#more
- De son côté, 'La Croix' du 22 février porte un jugement sévère sur ce livre (http://www.la-croix.com/Claude-Allegre-dresse-un-requisitoire-sans-nuance-contre-les/article/2415770/5547) :
"On s’étonne de la violence de Claude Allègre, qui insulte plus qu’il ne débat. Et l’on sent poindre les rivalités qui agitent en interne la communauté scientifique. La climatologie a surgi sur le devant de la scène en quelques décennies, enivrée par le nouveau champ de connaissances à explorer avec peut-être quelques péchés de jeunesse, un zeste de prétention à vouloir expliquer le monde, un soupçon de désintérêt pour les disciplines plus anciennes, telle la géographie. L’hostilité ou la réticence de certaines de ces disciplines n’est sans doute pas exempte de jalousie. Ceci rappelle que la science est d’abord une affaire d’hommes et que, parfois, les rapports de force prennent le pas sur la coopération."
- Les chroniqueurs scientifiques ont liéralement déshabillé Allègre pour ses innombrables erreurs, faussetés et bourdes mensongères. Vous trouverez le lien avec leurs séries d'articles ici : http://plunkett.hautetfort.com/archive/2010/03/26/allegre-deshabille.html#more
- Vous pouvez avoir (je me demande pourquoi) une hostilité de principe envers le constat du réchauffement climatique et les politiques prônées pour le limiter dans l'intérêt de l'humanité.
Mais de là à étendre le manteau de Noé sur les brutalités agressives de M. Allègre, et à prendre pour argent comptant les déclarations vertueuses dans lesquelles il enveloppe ses réglements de compte...
- Puisque vous vous réclamez de Benoît XVI, permettez-moi de vous rappeler que ce pape avait fait des voeux explicites pour le succès de la conférence de Copenhague (politique envers le réchauffement), et qu'il y avait délégué son ambassadeur à l'ONU, Mgr Migliore, qui a tenu des propos très nets dans le sens de la mobilisation mondiale face au changement climatique ; propos qui ont été diffusés par l'agence de presse catholique Zenit et divers médias, y compris ce blog.
- Préférez-vous le pamphlet de M. Allègre aux prises de position du Saint-Siège ?
- Ou nierez-vous l'existence de celles-ci, comme c'est la mode dans certains milieux ? Lorsqu'on nie l'existence du problème climatique, on peut aussi nier les déclarations officielles de Rome...
- Je termine par le point le plus grave de la part d'un catholique : mettre sur le même plan (ainsi que vous le faites) Allègre et le pape - voire Allègre et Jésus-Christ - relève de la bouffonnerie sacrilège. A votre place, j'aurais contrition d'avoir écrit une chose pareille. ]

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Écrit par : Leroy / | 05/03/2010

Pour répondre à M. Leroy :

> S'il y a bien un scientifique à qui l'humilité semble totalement étrangère, c'est M. Allègre, véritable incarnation contemporaine du M. Homais de Flaubert (et non un "anti-Panurge", comme il aime à se définir, confondant visiblement le troupeau ovin et le comparse de Pantagruel).
Ainsi, lui et ses acolytes répètent continuellement des arguments et usent de graphes qui ont été réfutés à plusieurs reprises :
http://www.realclimate.org/index.php/archives/2007/11/les-chevaliers-de-lordre-de-la-terre-plate-part-i-allgre-and-courtillot/langswitch_lang/fr/

La série de "débuggages" que S. Huet a consacrée au dernier opus de l'ancien ministre est fort détaillée et éloquente à cet égard. Par exemple, cet article : http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2010/03/all%C3%A8gre-debuggage-4-limposteur-du-climat.html

Ensuite, ce n'est pas parce que quelqu'un prétend chercher la vérité qu'il le fait réellement. M. Allègre semble surtout en quête d'arguments pour étayer ses préjugés anti-écolos (en bon vieux matérialo-productiviste qu'il est resté). Même dans son domaine de compétence, il apparaît comme un homme obstiné et entêté, détestant la contradiction. Voir cet article paru originellement sur Mediapart : http://www.buvettedesalpages.be/2009/02/claude-allegre-un-si-brillant-chercheur-.html

Il n'est, dès lors, pas surprenant de le voir crier au complot ou à la censure quand il se fait moucher par des personnes plus au fait que lui des problèmes climatiques.
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Écrit par : Oli / | 06/03/2010

Monsieur,

Je ne comprends pas la violence de vos propos et l'agressivité croissante qu'on sent envahir votre blog lorsqu'il est question du réchauffement climatique.
Je n'ai certes pas mis sur le même plan Jésus-Christ et Claude Allègre mais Jésus-Christ et la Vérité. N'est-Il pas le Verbe créateur, Logos dont le souffle créa les lois de la nature, y compris celles régissant le climat de la terre.
Pour ce qui est du Pape, je ne sache pas que l'infaillibilité pontificale s'applique aux questions scientifiques.
Leroy

[ De PP à L. :
- Relisez-vous. Vous mélangez réellement Allègre et Jésus-Christ sous le chapeau commun de la "Vérité" : ce qui prête à rire quand on a lu Allègre.
- Je ne sache pas, pour ma part, qu'un catholique ait le droit à la fois : a) de brandir le drapeau du papisme ; b) d'envoyer promener le pape quand il tient des propos économiques, sociaux ou politiques qui ne plaisent pas au papiste.
- Il n'y a pas de violence "croissante" de mes propos : si vous lisiez ce que j'écris sur les questions d'environnement et d'écologie (ou sur le capitalisme productiviste) depuis que j'ai lancé ce blog en 2005, vous constateriez la permanence de mes positions. Vous pouvez la vérifier aussi dans mon livre de 2008 'L'écologie de la Bible à nos jours'.
- Ce qui croît, en revanche, est mon indignation devant une petite minorité de catholiques français, acharnés à se réclamer du pape... et à ne pas l'écouter quand ce qu'il dit leur déplaît. Personne ne vous oblige à parler du chef de l'Eglise catholique avec enthousiasme ; mais si vous le faites, soyez logique ensuite, même si cela vous oblige à modifier vos opinions personnelles. ]

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Écrit par : Leroy / | 06/03/2010

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