06/10/2007
Victoire des Bleus ! On est bien contents. Mais ne surinterprétons pas le sport...
Cela dit, quel beau match :
La victoire des Bleus sur les All Blacks : une surprise ? Laissons les spécialistes en discuter. Mais c’est une leçon d’humilité pour les commentateurs en général !
A deux points de vue : celui de la mémoire, et celui de la pondération.
La mémoire conseillait de se souvenir que les Bleus avaient déjà battu les « invincibles » Blacks il n’y a pas si longtemps.
La pondération conseillait de ne pas surinterpréter les incidents de parcours ni la portée des symboles sportifs :
- non, le sport ne commande pas la croissance économique (certains éditoriaux en donnaient pourtant l’impression) ;
- non, le sport ne suffit pas à combler le « besoin de destin » des peuples : il leur en faut tout de même un peu plus (et plus signifiant) ;
- non, l’équipe de Nouvelle-Zélande ne représentait pas les « peuples premiers » (n’en déplaise à Chirac, à feu son mentor collectionneur Jacques Kerchache, et aux simili-anthropologues des pages de « tribune libre »).
Et ce n’était pas la peine de traîner les enfants des écoles à des cours de haka, comme on l’a fait depuis un mois sans craindre le ridicule.
Il y aurait beaucoup à dire sur le rôle hypertrophié que l’on fait jouer au sport, dans notre société qui supprime tous les ressorts non-marchands. Le foot n’oppose plus que des mercenaires professionnels ne représentant qu’eux-mêmes, déjà de longue date. Le rugby fait encore un peu exception. Mais pour combien de temps ? Sa promotion par les médias commerciaux en 2007 devient comparable à celle du foot, et ce n’est pas un bon présage.
Cela dit, quel beau match !
23:45 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Bleus, rugby, All Blacks, Nouvelle-Zélande, sport, haka
Commentaires
L'ARBITRE
> Beau match, belle défense, belle analyse "péri-sportive" de votre part. Toutefois, le favoritisme arbitral laisse un goût un peu amer...
Écrit par : Guillaume Cingal | 07/10/2007
LE MATCH
> Baden Powell disait:"vous aimez le rugby, allez y jouer!". Il n'empêche que voir un match de haut niveau est quelque chose de particulièrmeent agréable. Et puis, à partir d'un certain âge, il faut bien l'admettre, il est plus facile de regarder que de jouer (personnellement, j'ai plus pratiqué la soule que le rugby). Ceci dit, Panem et circenses disait Juvénal et en cela l'humanité n'a pas changé. Le rugby a résisté un peu plus longtemps mais, c'est vrai, que penser de ces joueurs qui changent de club au gré de contrats aux montants dignes des plus beaux parachutes dorés de pdg . Et il faut aussi signaler l'épisode du choix des maillots des joueurs qui fit couler beaucoup d'encre avant le match plus pour une question de sponsor (adidas contre Nike) que pour un réel souci des spectateurs. Je n'était pas au courant des délires sur les peuples premiers (premiers de quoi d'ailleurs!), ni des cours de Haka. En attendant ce fut un très beau match qui fut indécis jusqu'au bout. Mais, pardonnez-moi cher Patrice, j'avais la mémoire des victoires bleues sur les Blacks mais les démonstrations récentes des blacks ( pas qu'en coupe du monde) et les flottements ainsi que la fébrilité des Bleus me laissait présager le pire. Il est vrai que je suis d'un naturel pessimiste. il n'empêche que cela fut juste jusqu'au bout. quant à l'arbitrage, il y a eu des choses vraiment bizarres (certaines touches par exemple) mais je crois que c'est Cambérabéro qui disait que l'arbître fait partie du jeu comme le vent ou la pluie. Allez les petits, maintenant il faut écraser la perfide Albion!
Écrit par : vf | 07/10/2007
RAISON GARDER
> Tout à fait d'accord, cependant après cette belle victoire, il faut savoir raison garder et souvenons nous qu'il y a quelques semaines cette même équipe qui est encensée aujourd'hui était quasiment bonne à mettre à la casse après la défaite contre l'Argentine. Finalement cette défaite fut salutaire car elle aura permis à notre XV de renouer avec une vertu essentielle que nous enseigne notamment la religion à savoir : l'humilité, sachons faire preuve d'humilité dans la victoire et de mesure dans la défaite.
Ceci dit bravo quand même!!
Écrit par : thierry | 07/10/2007
MANIPULATION
> Nous préparerait-on un effet coupe du monde (faute de proposer autre chose) ? Histoire de saisir la balle au rebond... Que reste-t-il du sport et de ses vertus la-dedans ?
Vous décrivez bien ce phénomène de la manipulation ou de la propagande.
Les joueurs méritent mieux. Les Français aussi.
Écrit par : Qwyzyx | 07/10/2007
@ Qwyzyx:
> Arrêtons de voir de la manipulation partout!
On est d'accord pour dénoncer les dérives du sport business (au début du mondial: autant d'articles sur les retombées financières que sur l'aspect sportif de la coupe...) mais on "ne nous prépare" rien du tout!
Que reste-t-il du sport et de ses vertus? Et bien le match de samedi, pardi! De la créativité (Michalak rentre en jeu...) et cette imprévisibilté si française (L'Equipe d'hier titrait: "tellement français!")
Merci aux Bleus de nous rappeler que le sport ne sera jamais une science exacte, et vivement samedi!
Écrit par : Lennob | 08/10/2007
Laissez-moi rire !
> Les spectacles sportifs internationaux représentent des enjeux financiers colossaux. Le pays organisateur doit supporter des frais qui ne peuvent être financés que par la vente des billets, les droits de retransmission et les droits publicitaires. Dans le cas d'un "petit" pays (au sens économique des spectateurs et téléspectateurs rentables), l'auto-financement n'est guère possible; de ce fait, les résultat de l'équipe nationale ont peu d'importance. En revanche, dans le cas d'un pays comme la France, il est impératif que l'équipe progresse le plus loin possible afin de garantir un certain retour sur investissement. Les autres pays ont avantage à accepter ces pratiques car ils pourront en bénéficier à leur tour. Croit-on sérieusement que l'on peut laisser au hasard des rebonds capricieux du ballon ou de la méforme de tel ou tel joueur l'amortissement des sommes énormes mises en jeu? L'abandon du système de l'élimination directe en faveur des groupes de qualification obéit parfaitement à cette logique; l'inconvénient est que l'on doit également maintenir l'intérêt des téléspectateurs, c'est pourquoi il faut conserver l'élimination directe dans les dernières phases de la compétition. L'étrange multiplication des finales décidées par les tirs aux buts va dans la même direction.
Soulignons en passant que la lutte anti-dopage est concentrée sur les sports "pauvres" (difficiles à rentabiliser) mais épargne étrangement les sports riches. La morphologie actuelle des joueurs de rugby est-elle uniquement l'effet de méthodes d'entrainement naturelles?
On nous répondra que c'est là une vision paranoïaque et complotiste du rôle économique du sport; comme chacun le sait, les complots n'existent pas sauf ceux qu'ourdit en permanence la curie romaine.
L'exemple du football incite cependant à la réflexion. Il est désormais admis que les résultats de Marseille sous l'ère Tapie devaient beaucoup aux valises de billets et aux injections administrées généreusement aux joueurs. Citons également pour mémoire le conte de nourrice du preux Zidane vengeant l'honneur de sa soeur. Oublions que les propos tenus par l'Italien provocateur sont monnaie courante sur tous les stades et que Zidane a dû les entendre des milliers de fois.
Osons donc un petit récit purement imaginaire sans aucun rapport avec des personnes existantes ou ayant existé: le déclin physique d'une star vieillissante avait nécessité une stimulation chimique massive au prix, hélas, de fâcheux effets secondaires : perte de lucidité et irritabilité.
Surtout ne soulevons pas le coin du voile derrière ces "beaux matches". Comme disaient les Dupon (d et t): lotus et mouche cousue, telle est notre Venise!
Écrit par : Xavier | 08/10/2007
PATRIOTISME
> Le problème avec les articles de PdP, c'est qu'ils disent toujours l'essentiel, en peu de mots… Difficile de "commenter" sans redire la même chose, plus longuement et moins bien.
Cela dit, puisque le commentaire me démange, je tiens à signaler comme un fait positif la présence encore notable (pour combien de temps?) du patriotisme dans l'esprit des joueurs: beaucoup des valeureux vainqueurs de samedi l'ont dit, ils ont joué "pour nos couleurs", "pour le pays", et ont fièrement arboré les couleurs tricolores pour défier paisiblement les Blacks. Cela fait assez plaisir…
J'entends déjà les grincheux ironiser sur ce patriotisme de pacotille, qui ne trouve plus que le sport pour s'exprimer. Eh, bien! pour ma part je n'arrive pas à m'affliger que le patriotisme s'exprime davantage dans les stades que sur des champs de bataille. Quelques bleus, yeux pochés et autres horions, cela vaut tout de même mieux que des milliers de morts et la course aux armements. Et voilà satisfait, pour le bonheur de tous, ce besoin d'affrontement physique qui semble inscrit dans la nature humaine. De ce point de vue, quoi de plus emballant, du point de vue symbolique, que la rencontre à venir avec nos vieux et chers adversaires, ceux qui nous ont appris le rugby et l'ont donné au monde?
Écrit par : Philarete | 11/10/2007
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