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Paris : émeute FNSEA en faveur de l'épandage des pesticides près des écoles et des crèches

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L'agro-alimentaire dans toute son arrogance ! Ce matin, un commando de la FNSEA occupait la place de la Concorde :

 

 

Feux de palettes et de bottes de paille, face-à-face avec les CRS, discours agressifs (de Xavier Beulin, alias 'Agricultor') sur le thème de la droite libérale : « à bas la dictature de l'environnement ! » [1]. Motif de la fureur du syndicat des industriels agro-alimentaires : l'annonce d'un projet de loi pour que les pesticides ne soient plus épandus à proximité des écoles, des crèches et des maisons de retraite. Dictature socialiste ! hurle la FNSEA. Elle ajoute : si l'on veut que nous soyons concurrentiels (vis-à-vis de l'agro-industrie américaine), il faut nous laisser faire comme les concurrents ! C'est-à-dire polluer à mort : traiter la France comme le Corn Belt de Monsanto.

 

M. Beulin et ses semblables ignorent résolument les ravages des pesticides sur la santé humaine, notamment celle des enfants (notre note du 24/02). Si on leur en parlait, ils invoqueraient les pamphlets rédigés par leurs amis [2], qui s'efforcent de réfuter les constats médicaux. De toute façon ils n'écoutent rien, ils n'admettent rien, à l'instar des bonnets rouges qui brûlent des pneus dans les rues dès qu'il est question de freiner (si peu que ce soit) le trafic routier transcontinental – et qui nous expliquent que la duchesse Anne, kaoc'h ki gwenn, était pour le tout-camions...

 

Rejet de toute logique autre que le profit, cécité devant le bien commun, ratiocinations contre les arguments de santé publique... On connaît la chanson : celle du lobby du tabac avant-hier, du lobby de l'amiante hier, du lobby du gaz de schiste demain, et du lobby automobile en tous temps. Le dieu d'or à front de taureau n'a pas fini de beugler.

 

 > Sur le problème des pesticides : taper ce mot dans la fenêtre RECHERCHER.

 

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[1] Le gouvernement taxe trop. Mais de là à dire que toute taxe est mauvaise en soi (quel que soit son objet), il y a la marge qui sépare l'équité de la mauvaise foi. La droite libérale est d'autant plus péremptoire que ses axiomes sont indéfendables.

[2] voir notre note d'hier sur la désinformation.

 

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Elysée, 16 h 15 : Hollande assiégé...

...se réfugie dans les commémorations et les digressions :

françois hollande 

Ce jeudi à 16h15, François Hollande – dans les salons de l'Elysée – a choisi de répondre au haro national en nous parlant des célébrations du centenaire de 1914, avec digressions nobles sur l'idée de « nation » et l'idée de « République ».

On parlera du centenaire dans une note suivante. Voyons le problème des digressions nobles.

Ne sachant que dire aux Français furieux (et dont les fureurs se contredisent), Hollande veut faire diversion en évoquant « la cohésion nationale, les relations internationales, l'amitié entre les pays mais aussi la grandeur de la France ».

Est-il bien placé pour ça ?

Non. Sous Hollande plus encore que sous Sarkozy, la cohésion part en miettes, l'international se nécrose en vassalité, les pays amis sont consternés. Quant à la « grandeur de la France », ce concept est à plat depuis longtemps [1] , mais Hollande n'est pas de taille à le recharger ! L'idée d'une mission réservée à la France avait été réactivée par de Gaulle pour prendre pied entre Washington et Moscou  ; on se demande à quoi il pourrait correspondre en 2013, quand on voit : a) la servilité de Paris envers Washington, b) l'absurdité de la définition que la classe politique actuelle donne de la France [2] et de la République, réduites au rôle de support des slogans bobos.

La France du XXIe siècle peut se grandir – et retrouver un chemin dans l'universel – en levant le drapeau d'une libération des peuples face à l'empire du capitalisme tardif (prédateurs financiers et productivisme sans limites)... Partagée entre Moscovici et les bonnets rouges, la France de 2013 n'est pas encore sur cette voie.

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[1] On est passé du narcissisme tricolore (imagerie d'Epinal) à l'excès contraire (autodépréciation) à partir des années 1980. Aujourd'hui la notion même de "France" est mal vue par l'Education nationale...

[2] Prétendre définir un pays est absurde en soi.

  

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L'écologie humaine et la critique du libéralisme : alleluia et en avant !

Partout en France, les consciences catholiques s'éveillent :


 

Notre note sur l’analyse du libéralisme par Mgr Centène nous vaut beaucoup d’approbations et quelques réactions furieuses, dont nous donnons des échantillons par ailleurs. Ces réactions prétendument religieuses ont quelque chose d’inquiétant, dans la mesure où certaines viennent de catholiques, qui donnent tort à un évêque théologien... et raison à une personne aberrante, laquelle affirme des inepties à propos des évangiles. Que cette personne ubuesque opère en duo avec un  autre Ubu - qui prétend carrément au rang d’auteur spirituel - est une circonstance aggravante.

La « gravité » de la chose réside en ceci :  une microminorité tente, via la Toile, de parler plus fort que l’Eglise-institution. Cette micro-minorité est composée de personnes regrettablement ignares dans le domaine religieux, mais qui veulent parler sans cesse de religion et « s’avantager de l’autorité divine », comme disait Saint-Simon, pour canoniser leurs petites opinions séculières ; opinions qui contredisent de plein fouet l’enseignement social de l’Eglise sur le rôle de l’argent et la responsabilité de l’homme. Les ignares sont écoutés par une fraction de la bourgeoisie sociologiquement catho, qui n’éprouve pas de honte à préférer ses préjugés aux directives du Magistère… tout en prenant la posture du Catholique Fier de Ses Valeurs. Quelles valeurs ? Je renvoie là-dessus à ce que j’écrivais hier à propos des bonnets rouges.

Mais les fureurs de la microminorité ne sont pas de taille à empêcher l’éveil des consciences à l’appel de l’Eglise. Plus je sillonne les régions pour des rencontres-débats, plus je constate que les cathos français, quels que soient leur milieu et leurs postes professionnels, prennent la mesure de leurs responsabilités et s’éloignent des boudoirs libéraux. Alleluia et en avant !




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Pour saluer Michel Ragon

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Historien de l’art, de l’architecture, de l’anarchisme et de la littérature prolétarienne, libertaire enraciné à gauche de la gauche et dans son terroir de Vendée, auteur de plus de 130 ouvrages, Michel Ragon est mort le 14 février à 95 ans :

J’avais rencontré deux fois Michel Ragon au Printemps du livre de Montaigu : c’était en 2005 et 2006 et je voyais Philippe de Villiers (encore patron de la Vendée) le courtiser ; cour accueillie avec flegme par l’auteur des Mouchoirs rouges de Cholet, qui disait par ailleurs : “J’ai dépoussiéré la Vendée, je lui ai redonné une histoire qu’elle avait perdue, mais je pense qu’elle l’a reperdue aujourd’hui parce que toutes les tendances réactionnaires s’en sont emparées à nouveau.”

Michel Ragon a en effet “dépoussiéré la Vendée” avec ces Mouchoirs rouges (Albin Michel 1984) suivi de La louve de Mervent (ib. 1985). Deux romans prodigieusement vivants, dont la saga s’étage de 1793 à 1835 et qui rendent les guerres vendéennes à leur contexte historique – celui d’une insurrection comparable à celle des Camisards cévenols, près d’un siècle plus tôt, c’est-à-dire mue par un instinct profondément paysan de résistance au despotisme de dirigeants lointains : en 1702 les maîtres de Versailles contre le Midi protestant ; en 1793, les maîtres de la Convention contre le Bas-Poitou catholique. Persécution des pasteurs ou des prêtres réfractaires, interdiction des cultes ou des messes, dans les deux cas les paysans s’insurgent pour riposter [*] : spontanément, non sur l’ordre de pasteurs ou de prêtres… Noyée dans le feu et le sang, l’insurrection des Vendéens ne s’éteint vraiment qu’avec la fin la persécution religieuse, symbole de leur liberté opprimée. Cette insurrection avait jailli d’un inconscient collectif rural : capable, peut-être, de se révolter à nouveau, plus tard et sous d’autres couleurs – comme les jacques du XIVe siècle ou les nu-pieds et bonnets rouges du XVIIe ?  C’est ce que pense Paris après 1800 et les Bourbons revenus ne s’y tromperont pas : ils montreront une méfiance d’Etat envers la Vendée, vouée à l’ingratitude des Tuileries en dépit d’exaltations littéraires fleurdelisées auxquelles la duchesse de Berry sera bien la seule à croire.

C’est à travers le peuple des campagnes que Ragon évoque la Grand’guerre de 1793-1794 et ses suites. La réalité vibre dans ces livres : donc les lecteurs de Valeurs actuelles ou du Figaro Histoire n’y ont pas retrouvé leur imagerie de feux de camp scouts (“Monsieur d’Charette a dit à ceux d’Ancenis…”). Mais lorsque les deux romans parurent il y a plus de trente ans, suivis par le récit historique L’insurrection vendéenne (Albin Michel 1992), les amis libertaires de Ragon ne s’y retrouvaient pas plus ! Eux aussi voyaient la Vendée de 1793 comme l’imagerie réac la présente : donc ils avaient du mal à admettre que le compagnon anar de Lecoin et Joyeux, ami de Breton, de Dubuffet et de Brassens, membre de Cobra en 1949, spécialiste de l’art abstrait et de l’architecture d’avant-garde, entreprenne de raconter la saga de Dochâgne, Chante-en-hiver, Louison, Tête-de-loup et les autres…

Mais la liberté selon Ragon, c’était précisément le rejet de toutes les chapelles.

Qu’il aille en paix.

 

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[*]  Sans oublier l'effet déclencheur de la conscription militaire (la "levée de 300 000 hommes") ordonnée par Paris et rejetée par les populations.

 

 

michel ragon

michel ragon

 

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Hollande-Gayet, la rue du Cirque si bien nommée (etc) : quand le politique sombre dans la vie ”privée”

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Mais qui peut s'en prétendre innocent ?


 

L'affaire est dérisoire. Dérisoires aussi sont les sondages, qui parlent gravement de ''respect de la vie privée'' dans une époque où la vie privée n'existe plus. Qui la détruit ? Tout le monde via l'hystérie des réseaux ''sociaux'' (sic)... Comme dit l'historien Achille Mbembé (ici), '' l’empire de la marchandise recouvre presque tous les domaines de la vie. On en arrive même à s’exhiber pour être consommé, à faire de sa vie un spectacle, comme sur Facebook où je donne à consommer ce que je suis à un moment donné.'' S'exhiber ou exhiber les autres, par la diffamation paranoïaque... Les obscénités twittées – p.ex. sur Aurélie Filipetti hier soir [1] – montrent un effondrement du niveau ambiant : c'est la ''barbarie d'après'' comme disait Péguy, la barbarie sans espoir, contrairement à celle ''d'avant'' qui a toutes les possibilités en germe. Tout ça donne l'impression d'une société sénile, mûre pour laisser la place à autre chose. ''Allez vous-en, vieux peuples ! » (Kipling, L'homme qui fut).

 

Dans ce contexte, l'affaire Hollande-Gayet n'est qu'un épisode supplémentaire, une saynète à la Feydeau, qui montre – quant à elle – la version politique de cette entropie [2]. Et là aussi on constate que la distinction petite-bourgeoise entre vie ''publique'' et vie ''privée'' ne veut plus rien dire, surtout s'il s'agit du chef de l'Etat. A-t-elle jamais voulu dire quoi que ce soit ? Quand Mme de Maintenon (vie privée) poussait Louis XIV à révoquer l'édit de Nantes ou risquer une guerre contre toute l'Europe (vie publique), quand Hélène de Portes (vie privée) poussait Paul Reynaud à rompre avec de Gaulle et céder à Pétain (vie publique), où était cette séparation ? Aujourd'hui c'est Hollande, les enjeux sont devenus nains [3], mais souvenons-nous qu'il faisait interviewer Gayet sur la politique pendant la campagne présidentielle : ici. La confusion public-privé continue.

 

Sous l'empire de Twitter, les foules sont complices de cette confusion. Comme elles le sont d'un système économique démentiel, dont le pape François – comme ses prédécesseurs avant lui – demande l'abolition et le remplacement... La réalité étant cette connivence de masse, la démagogie actuelle (bonnets rouges etc) repose sur un mensonge : en réalité il n'y a pas d'innocents puisque nous sommes tous complices d'une structure collective de péché, et le réveil n'aura lieu que si nous acceptons de le reconnaître.

 

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[1]  Le désaccord politique est une chose, les injures graveleuses en sont une autre.

[2]  en thermodynamique, mesure du degré de désordre d'un système.

[3]  enjeu nain : Hollande va-t-il faire une politique libérale complètement et ouvertement, ou continuer à la faire à moitié et honteusement ?

  

 

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Montebourg contre les ”métiers privilégiés” ?

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Bercy brandit son bluff économique (l'ouverture à la concurrence), face à des métiers verrouillés sur des marchés captifs :

 

Encore un coup de cymbales... Cette fois, Montebourg parle « d'ouvrir à la concurrence » les 37 métiers réglementés : architectes, greffiers des tribunaux de commerce, huissiers de justice, notaires, opticiens, pharmaciens, dentistes, ambulanciers, plombiers, serruriers... Dénoncés par Bercy comme « privilèges trop lucratifs », ces secteurs ripostent en déclarant la guerre selon le schéma habituel dans l'Hexagone (façon bonnets rouges FNSEA) : « touche pas à ma rente de situation ! » On ne tardera pas à lire – une fois de plus – que « l'Etat » s'en prend à « l'entreprise ».

L'Union nationale des professions libérales (UNPL) proclame : « Nous préparons un vaste mouvement de protestation à la rentrée. »

Mais c'est Montebourg qui brandit la rhétorique libérale ! Et ce sont les notaires, pharmaciens, etc, qui campent sur des positions corporatistes...

Que valent les arguments libéraux de Bercy ? Déclasser des privilèges en les « ouvrant à la concurrence » peut-il « faire baisser les prix », doper « le pouvoir d'achat des consommateurs » et ranimer « la croissance » ?

C'est oublier que :

1. l'axiome selon lequel « le marché peut tout » est absurde. « On l'a appliqué au marché financier et ça nous a conduits à la crise que l'on connaît », dit Gérard Cornilleau (Observatoire français des conjonctures économiques).

2. L'ouverture à la concurrence entraîne rarement une baisse des prix : les lawyers américains dérégulés sont plus chers que les avocats français.

3. Dire que la nature de la concurrence est de « créer des emplois » et de « doper le pouvoir d'achat », c'est une songerie d'école de commerce.

La déclaration de l'UNPL nous prépare pour septembre une nouvelle pseudo-insurrection de la « société civile » contre « l'Etat ». Mais là c'est le soi-disant Etat qui sert l'utopie libérale, et c'est la soi-disant société civile qui s'incarne dans des métiers verrouillés monopolisant des marchés captifs : métiers qui ont augmenté de 46 % leurs revenus nets entre 2000 et 2010 (selon le rapport 2013 de l'Inspection générale des finances)...

On voit que les slogans de l'an dernier (« libertés en colère » contre « dictature socialiste ») sont éloignés de la situation réelle, et qu'on ne s'en sortira pas sans changer de paradigme.

 

 

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Bretagne, 23 et 30 novembre : deux manifestations séparées. Pourquoi ?

Parce qu'en Bretagne tout le monde ne partage pas les intérêts de l'agro-alimentaire sans frontières, de la grande distribution tyrannique, des managers licencieurs et de l'eurocratie :

 

Le 30 novembre, beaucoup de salariés bretons ne manifesteront pas (comme ils l'avaient fait le 2 novembre) sous l'égide du Medef, de la FNSEA et des hypermarchés. Ces salariés auront manifesté le 23, à Rennes, avec la CFDT, la CGT et FO d'Ile-et-Vilaine et du Finistère, pour la défense de l'emploi. L'intention des syndicats aurait été plus efficace s'ils avaient choisi eux aussi le 30 novembre ; mais au moins elle est explicite : selon eux, la journée des bonnets rouges à Quimper, le 2, fut''un détournement du mécontentement par le patronat'', les gwenn-ha-du et les bonedoù ruz ayant ''servi de paravent'' à des intérêts plus globaux que locaux.

 

Sachant quel est l'engrenage du global, on voit que la crise économique bretonne vient de l'impasse du productivisme néolibéral.

 

Elle ne vient pas principalement du ''jacobinisme parisien'' et de''l'hypercentralisme français'' – thèse pourtant soutenue par M. Alain Glon, dans Le Monde daté d'hier. Ex-industriel de l'agro-alimentaire, M. Glon préside l'Institut de Locarn, le "Davos breton" (selon Télérama), centre idéologique en Bretagne depuis des années. L'idéologie de Locarn est contradictoire : patriotisme économique breton d'un côté, libéralisme radical de l'autre. Or il faudrait de la naïveté pour ne pas voir que la machinerie libérale dérégulatrice exclut tout patriotisme économique, qu'il soit ''breton'' ou ''français''... Comme il y a peu de naïfs chez les patrons locarniens qui ont signé l'appel de Pontivy (18/06/2013), force est de conclure que cet appel enfume le public breton en lui parlant de ''droit à l'expérimentation qui doit nous permettre de respecter nos valeurs''.

 

Quelles ''valeurs'', en effet ? Celles de la solidarité locale face au libéralisme global (destructeur d'emplois partout ailleurs que dans les bagnes d'Asie) ? Non, d'autres valeurs : celles qui se résument à ''ne pas avoir à affronter en permanence les excès des systèmes bureaucratiques''. Et cette formule est un attrape-gogo. Car les signataires de l'appel n'ont que tendresse envers le ''système'' européen, bien qu'il soit encore plus ''bureaucratique'' que celui de Paris.

 

Pourquoi cette tendresse ? Parce que, selon une certaine mythologie ethno-fédéraliste de droite incrustée dans ces milieux depuis les lointaines années 1970 (époque où l'expatrié Yann Fouéré et son livre L'Europe aux cent drapeaux étaient des références), Bruxelles est censée soutenir la Bretagne contre le monstre de l'Etat parisien. Ce qui s'est passé depuis a démenti ce rêve, y compris sur le plan des intérêts locaux : mais peu importe aux rêveurs, et la poursuite de leur illusion sert les intérêts globaux.

 

On retrouve ce noeud de quiproquos dans le mouvement des bonnets rouges. Il est issu d'un réseau agissant sous le label Produit en Bretagne : ''300 entreprises de l'agro-alimentaire et de la grande distribution'', explique Philippe Euzen (Le Monde, 17/11) ; notamment Leclerc, Système U et autres ''amis'' des petits producteurs. La manif de Quimper fut leur oeuvre ; son leadership sur le terrain fut assuré par la FNSEA du Finistère et le maire de Carhaix, oxymoriquement libéral et patriote local ; lequel confirme que son réseau est lié à l'Institut de Locarn (Le Monde, ib.), qui est d'ailleurs le siège du label Produit en Bretagne !  A quoi ce réseau utilise-t-il le patriotisme breton ? À donner un parfum de lande et d'océan [*] à la haine envers tout Etat, haine qui est en réalité le leitmotiv du libéralisme destructeur d'emplois.

 

Selon des membres du réseau breton libéral, la Bretagne ''expérimentale'' autogérée ressemblerait à la future Flandre indépendante de M. Bart De Wever. Ils ne disent pas que cette Bretagne serait moins bankable que la Flandre de M. De Wever – n'ayant pas, comme cette dernière, une vocation de noeud autoroutier pour le transit du libre-échange euro-américain.

 

L'Europe n'est pas la bonne fée qui délivrerait les Bretons des méchancetés parisiennes. Le danger en 2013 n'est plus Paris, mais le libéralisme global. Proposer comme modèle aux Bretons le discours des De Wever, camouflage de la destruction ultralibérale des écosystèmes économiques et culturels locaux, est une imposture.

 

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[*] Sans oublier le parfum du lisier jusque dans les rues de Brest. C'est la circonstance aggravante qu'on ne doit pas omettre : dans le système économique breton désormais en crise, l'agro-alimentaire était engrené dans un productivisme (voulu par les managers libéraux)... qui se heurte aujourd'hui au dumping d'une concurrence mondiale, voulue elle aussi par les mêmes libéraux.

 

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 Logo parlant : le local (entrelacs celtique) et le global.

Mais la fusion annoncée est une fiction.

 

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Les Français en ”dépression collective” ?

Ce que révèle l'enquête de Sciences Po :

 

 

Déployée sur toute la page 10 par Le Monde du 14/01, l'enquête du Cevipof (Sciences Po + CESE) annonce : ''les Français s'enfoncent dans la dépression collective''. Selon le Cevipof, le ''niveau de pessimisme'' est sans précédent. Au rejet des élites s'ajoute désormais la méfiance de chacun envers son prochain : la concurrence générale forcément heureuse (Alain Minc) devient guerre malheureuse de tous contre tous...

 

> Cette parano-pandémie est présentée par les agences comme une ''droitisation des esprits'', et les naïfs de droite croient y voir un ''réveil de la France bien élevée'' : voire de la France ''chrétienne'', chez les encore plus naïfs. C'est un faux-semblant : selon le Cevipof, aujourd'hui  66% des Français (seulement) ''disent faire confiance aux gens qui ont une opinion religieuse différente de la leur'' (ils étaient 73 % fin 2009) ; mais où le Cevipof voit-il une ''opinion religieuse'' largement partagée en France ? À en juger par la fréquentation des églises, les catholiques croyants sont nettement moins de 10 % de la population... S'agissant d'opinions ''religieuses'' de gens dont la plupart n'ont pas de religion, ce 66 % ne veut donc rien dire ! Ou plutôt, il déguise en ''opinion religieuse'' une peur ethnique envers les immigrés musulmans : et cette peur n'a rien à voir avec Jésus-Christ. Se réjouir de cette peur comme si elle allait dans le sens de la foi chrétienne, serait une illusion coupable. Les évêques ne partagent pas cette illusion ;  c'est pourquoi leur lucidité les fait brocarder par les conservateurs agnostiques. (''Les évêques manquent d'énergie'', etc). [1]

 

> De cette ''peur de l'autre'' croissante et polymorphe, le Cevipof diagnostique divers symptômes : peur des gens d'une autre religion, peur des gens d'une autre nationalité... Si l'on considère comme de même nature l'idée de religion et l'idée de nationalité, comme font les ''athées pieux'' [2], on est dans l'idéologie identitaire et pas dans le christianisme ! Sur ce détournement se construit en ce moment une sorte de paganisme cathophile, grosse arnaque, au contrepied du christianisme et des directives du pape.

 

> L'arnaque est impulsée par le lobby libéral. Et le Cevipof (ou seulement le commentaire du Monde ?) y participe, en confondant volontairement le libéralisme (idéologie de classe de la ''caste cannibale'') et la liberté d'entreprendre, quand le Français moyen se rêve en petit patron. Or cette confusion est le plus radical des mensonges : le libéralisme et l'entreprise ne sont pas amis, puisque le libéralisme aboutit au casino financier, qui tue les entreprises en refusant de les financer... Mais les ''leaders d'opinion'' entretiennent la confusion. Ils sont payés pour ça.

 

> On constate donc une correspondance entre cette désinformation de l'opinion et les mouvements de rue manipulés par le lobby libéral, comme les bonnets rouges ou la manif du 29 janvier à Paris. Ceux qui croient y voir une ''prise de conscience'' se trompent, ou trompent le lecteur parce que c'est leur job.

 

> Selon le Cevipof, la proportion de Français pensant avoir ''le contrôle de leur avenir'' serait tombée à 51 %. Le Monde s'en alarme, crie au danger pour la démocratie et au péril bonapartiste ; il ne songe pas à analyser ce qu'est devenue la démocratie depuis le putsch ultralibéral des années 1990, renforcé en Europe par la machine de Bruxelles.


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[1] Et si les agnostiques conservateurs se mêlaient de leurs oignons ?

[2] dixit Mgr Daucourt, alors évêque de Nanterre.

 

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Comment se déclarer ”anti-système” aujourd'hui, mais... sans embarquer sur la Nef des fous ?

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Intéressante analyse d'une sociologue :

 

  

http://www.slate.fr/story/83113/anti-systeme-definition : cet article d'analyse publié par Slate intéresse par son réalisme. Il faut en effet désinfecter le concept de "système", devenu "mot-valise" (dit la sociologue) lesté de n'importe quels contenus.

Qui parle de « système » ? Trois sortes de gens, donnant à ce mot trente-six sens différents : 1. des analystes (p. ex. Michéa), lucides mais écoutés seulement  dans des cercles intellectuels, et qui donnent au mot "système" un sens anti-libéral ; 2. des microgroupuscules, starisés par les médias en raison de leur extrémisme somnambulique, et qui disent "à bas le système" en rêvant à 1934 ; 3. des foules, spontanées et considérables, mais dont le ras-le-bol est si général qu'il exprime des réflexes contradictoires... D'où l'ineptie du slogan "coagulons les colères" : des chômeurs "coagulés" avec leurs licencieurs (qui les remplacent par de malheureux sous-payables  importés des Carpathes), ce serait la Nef des fous en bonnets rouges.

La  vogue actuelle du mot "système" n'a donc rien de révolutionnaire. Ni même de politique, au sens fort du terme...

La sociologue y voit plutôt le signe d'une attitude psychologique : celle de citoyens dépressifs qui s'en prennent à un "système" comme ils auraient maudit le Ciel au Moyen Âge. Leur réflexe n'est pas une offensive sociale ; c'est un repli désespéré.

Ces citoyens doutent, non seulement de l'avenir collectif, mais désormais aussi de leur avenir individuel. Ils se replient sur eux-mêmes : 75 % des sondés déclarent aujourd'hui se méfier "des autres", ce qui ne va vraiment pas dans le sens d'une coagulation. "Ce positionnement anti-système peut toucher toutes les catégories sociales  par des biais divers: évasion fiscale, délocalisations d’entreprises, travail au noir, économies marginales, contournement des règles, et notamment celles qui lient à la solidarité nationale. Il signe l’affaiblissement des valeurs civiques dans un contexte où beaucoup de monde se sent floué par le système actuel et où chacun s’accuse mutuellement des maux de la société", observe la sociologue. Aussi colériques soient-ils, ces citoyens restent dans le monde mental hyper-individualiste imposé par vingt ans de néolibéralisme.

Tant qu'ils n'en sortiront pas, tant qu'un nouveau phénomène collectif ne leur offrira pas un désir inédit de solidarité (et une voie concrète de solidarité), les "colères" aveugles s'enliseront dans l'abstentionnisme civique par scepticisme envers tous les partis ; avec des embardées de violences inutiles, au profit de manipulateurs genre FDSEA ou de prédateurs genre Dieudonné. Mais c'est aussi avec "l’auto-organisation, les solidarités de proximité et, ne l’oublions pas, l’autodérision, qu’ils soignent leur âme et surnagent dans ce monde sans pitié", conclut la sociologue. La dérision est un réflexe inquiétant : c'est La Nef des fous, texte du plus noir XVe siècle, quand une société surnageante se dépeint comme allant au naufrage. Mais "l'auto-organisation" et "les solidarités de proximité" sont un signe encourageant. Là est le début de la  voie. Ça suppose de comprendre ce qu'est le seul véritable système oppresseur : l'idole Argent, dénoncée par le pape François. J'en parlerai par exemple mercredi soir, aux AFC de Chalon-sur-Saône, et le 18 mars dans une paroisse parisienne.

 

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Mme la ministre de l'Ecologie au secours du tout-camions, M. le ministre des Affaires étrangères prônant autre chose que

 écologie,politique

C'est le gouvernement du verbomoteur (ou du n'importe-quoi) :

 

Un groupe de députés propose une ''taxe poids-lourds'' qui se substituerait à l'écotaxe sans frapper les trajets de proximité : moyen de ne pas pénaliser l'économie des régions, tout en forçant les hyper-usagers des routes (et hyper-pollueurs) de contribuer à l'entretien du réseau et à la protection de l'atmosphère : contribution qu'ils esquivent actuellement, alors qu'ils sont les premiers profiteurs des infrastructures routières. L'idée de la nouvelle taxe poids-lourds est soutenue par plusieurs régions, notamment l'Alsace : son conseil régional ''réaffirme la nécessité impérieuse de mettre en place un dispositif dissuadant les reports transfrontaliers du transit des poids lourds'', parce que les plus-de-12-tonnes allemands empruntent par milliers les axes français (non taxés) depuis la mise en place de la taxe allemande. Taxe qui a rapporté 4,4 milliards d'euros à l'Allemagne depuis 2005... Yves Bur, ex-député UMP et maire de Lingolsheim, plaide pour une taxe en France : ''Les politiques qui sont 'contre' aujourd'hui, alors qu'ils étaient 'pour' hier, sont des pleutres. L'écotaxe allemande n'a pas été un frein à la compétitivité...'' Mais ''personne n'a le courage de s'opposer aux patrons du transport routier ni aux donneurs d'ordre'', s'indignent les Alsaciens qui voient leur pays se transformer en plate-forme du trafic continental. Les villages de la vallée de la Brûche, naguère paisibles, sont aujourd'hui un enfer de camions : 800 par jour en moyenne, et ce sont les véhicules les plus dangereux parce que le tunnel de Sainte-Marie-aux-Mines leur est interdit. Le transporteur alsacien Michel Chalot approuve lui-même le principe de la taxe : ''Tu roules, tu paies, c'est normal...'' Il constate que ''contrairement à ce qu'affirme Mme Royal, les camions étrangers viennent faire leur plein en France : ils profitent d'un gasoil moins cher et des axes routiers gratuits.'' [*]

L'Alsacien dit : ''contrairement à ce qu'affirme Mme Royal'' ? En effet, les doléances anti-camions du reste de l'Hexagone sont ignorées, non seulement par les ultralibéraux de la FDSEA bretonne (militants du circuit porcin transcontinental), mais aussi par la ministre de l'Ecologie dans Paris-Match. Elle se retrouve ainsi l'alliée de ce que l'écologie dénonce. Après avoir vitupéré ''l'écologie punitive'' en des termes dignes des plus lourds libéraux, Mme Royal fait savoir : 1. qu'elle rejette la taxation des poids lourds ; 2. que ses contradicteurs sont des incompétents (''je suis la plus compétente''). Elle ajoute que MM. Montebourg et Sapin sont des machos qui lui lancent des ''boules puantes''... Bref : c'est le cinéma habituel de cette dame, à ceci près qu'étant ministre de l'Ecologie elle devrait s'interdire de parler comme les bonnets rouges. Mais Mme Royal a fait don de sa supériorité à la France (''je suis à ma place enfin'', dit-elle à Paris-Match) ; ce don lui interdit de s'interdire quoi que ce soit, puisque l'intérêt général se confond avec son intérêt particulier. Elle appelle ça ''assumer une liberté de parole'' ; ça veut dire ''raconter n'importe quoi'', mais le n'importe quoi est la marque du système Hollande. Mme Royal assassinant ses collègues dans Paris-Match au moment où Manuel Valls et Stéphane le Foll promettaient la ''solidarité et la cohérence'', ce n'est pas plus irrationnel que M. Fabius choisissant la semaine de la réouverture des négociations nucléaires avec Téhéran pour aller reprocher à M. Obama de ne pas avoir bombardé un allié de l'Iran. La ministre de l'Ecologie vole au secours des pollueurs. Le Quai d'Orsay prône autre chose que les intérêts de la France. C'est le gouvernement d'Ubu. 

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[*]  Le Monde, 15/05.

 

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