Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/11/2013

Elysée, 16 h 15 : Hollande assiégé...

...se réfugie dans les commémorations et les digressions :

françois hollande 


Ce jeudi à 16h15, François Hollande – dans les salons de l'Elysée – a choisi de répondre au haro national en nous parlant des célébrations du centenaire de 1914, avec digressions nobles sur l'idée de « nation » et l'idée de « République ».

On parlera du centenaire dans une note suivante. Voyons le problème des digressions nobles.

Ne sachant que dire aux Français furieux (et dont les fureurs se contredisent), Hollande veut faire diversion en évoquant « la cohésion nationale, les relations internationales, l'amitié entre les pays mais aussi la grandeur de la France ».

Est-il bien placé pour ça ?

Non. Sous Hollande plus encore que sous Sarkozy, la cohésion part en miettes, l'international se nécrose en vassalité, les pays amis sont consternés. Quant à la « grandeur de la France », ce concept est à plat depuis longtemps [1] , mais Hollande n'est pas de taille à le recharger ! L'idée d'une mission réservée à la France avait été réactivée par de Gaulle pour prendre pied entre Washington et Moscou  ; on se demande à quoi il pourrait correspondre en 2013, quand on voit : a) la servilité de Paris envers Washington, b) l'absurdité de la définition que la classe politique actuelle donne de la France [2] et de la République, réduites au rôle de support des slogans bobos.

La France du XXIe siècle peut se grandir – et retrouver un chemin dans l'universel – en levant le drapeau d'une libération des peuples face à l'empire du capitalisme tardif (prédateurs financiers et productivisme sans limites)... Partagée entre Moscovici et les bonnets rouges, la France de 2013 n'est pas encore sur cette voie.

____________

[1] On est passé du narcissisme tricolore (imagerie d'Epinal) à l'excès contraire (autodépréciation) à partir des années 1980. Aujourd'hui la notion même de "France" est mal vue par l'Education nationale...

[2] Prétendre définir un pays est absurde en soi.

  

Commentaires

BERNANOS

> "La France du XXIe siècle peut se grandir – et retrouver un chemin dans l'universel – en levant le drapeau d'une libération des peuples face à l'empire du capitalisme tardif" - Je crois que Bernanos dit qqch comme ça dans 'La France contre les robots'.
______

Écrit par : augustin d. / | 07/11/2013

L'ETAT ET LE CHEMIN

> Ce n'est pas le rôle de l'Etat de prétendre « retrouver un chemin dans l'universel » - à moins de vouloir se transformer en Idole. C'est le rôle des acteurs individuels et collectifs, qui agissent en son sein ou indépendamment de lui, de faire vivre l'universel - dans les structures étatiques ou hors de celles-ci.

D'ailleurs, qu'est-ce qu'un « grand » pays? Dans l'histoire, nous pouvons déceler des politiques honorables et d'autres tout-à-fait odieuses, par ailleurs étroitement intriquées, elles-mêmes le résultat d'un conflit, et qui ne parviennent pas toujours, ou difficilement, à obtenir l'unanimité nationale. Je vois donc mal comment un pays, quel qu'il soit, pourrait être qualifié de « grand ».

Je ne vois pas non plus pourquoi la France ne devrait pas se repentir de ses crimes, à partir du moment où elle a conscience d’avoir une histoire bien à elle et qu’elle identifie certains actes répréhensibles comme faisant partie de cette histoire.

Je sais bien qu’à notre époque libérale à l’extrême où la responsabilité individuelle prime sur les engagements plus collectifs, l’idée même de repentance choque le sens commun. Il suffit de penser à toute cette littérature qui ne cesse aujourd’hui de dénoncer, de façon obsessionnelle, « la tyrannie de la pénitence ». Israël, lui, se repent annuellement de ses péchés ; l’Eglise aussi le fait chaque dimanche par la bouche de ses membres faillibles.

Blaise


[ PP à Blaise : Pas le rôle de l'Etat ? Bien sûr que si. Comme tout le monde mais dans sa sphère de responsabilité ! L'Etat est l'outil du destin collectif, donc il n'est pas exempt d'obligation morale, bien au contraire : la nature du chemin qu'il trace à la collectivité politique n'est jamais neutre. De même que les enjeux... Relisez 'Caritas in Veritate' et le discours du pape François aux ambassadeurs, le 16 mai dernier... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Blaise / | 07/11/2013

"COHESION NATIONALE", POUR FAIRE QUOI ?

> Hollande est le deuxième cacique à parler de cohésion nationale à protéger. Le premier cacique est Taubira.

Ils reprennent la main sur les Français furieux par une loi morale. Cela leur permettra de faire passer la GPA et la PMA en vue. Cela permettra de nous refaire le coup du mariage pour tous et nous vendre la soumission abjecte du pays aux financiers, à Washington, à la commission européenne.

Si la cohésion se refait, elle se fera hors du parti socialiste et hors de l'UMP. Pas bon.
______

Écrit par : DidierF / | 07/11/2013

@ Blaise,

> n'ayez pas peur d'être prêtre, prophète et roi.

Au plan spirituel (le seul qui dure), un peuple c'est un ensemble de gens qui sont prêtres, prophètes et rois et cela ne s'oppose pas du tout au fait que les autres peuples soient eux aussi des ensembles de gens prêtres, prophètes et rois puisqu'il n'y a qu'une seule vocation pour tous en Dieu.

Non, tout le monde n'est pas croyant, mais tout le monde voit son prochain, et tout le monde, à défaut de connaître la Vérité peut constater la réalité : "Qui cherche, trouve".

Le danger de confondre cette vocation avec un désir orgueilleux ne doit pas empêcher de chercher à l'accomplir sous peine de ressembler au serviteur qui ne fait rien de ses talents car il craint plus l'erreur qu'il n'a confiance dans les lumières que Dieu lui accorderait.

La politique est intrinsèquement universelle puisqu'elle est l'organisation de la vie des hommes dans la communion, de la plus petite à la plus grande.

La politique n'est pas intrinsèquement sale mais elle "est le domaine de la plus vaste charité."
______

Écrit par : E Levavasseur / | 07/11/2013

@ Patrice de Plunkett

> Je suis d'accord avec vous pour le second point : l'Etat est (ou doit être) un outil dans la mise en oeuvre du bien commun. En conséquence, les actions politiques menées par l'Etat ne peuvent, ne doivent pas être exemptes d'obligations morales.
______

Écrit par : Blaise / | 07/11/2013

@ Blaise

> Il y a eu la repentance, puis la réaction contre la repentance et vous inventez enfin la réaction contre la réaction contre la repentance.

La repentance est une bonne chose et elle fait honneur à la nation qui en trouve le chemin.

Mais on s'en est au contraire servi pour traiter comme un monstre l'État qui s'y risquait.

Cela désespère et amuse à la fois les historiens. Une nation, comme les êtres humains qui la composent, ne peut pas être parfaite : ce n'est pas pour cela qu'elle est condamnable. Ce n'est pas pour ça qu'un Etat ne peut pas être un moyen de faire de grandes choses, utiles pour l'humanité.

On ne peut manquer de sourire en voyant les mêmes politiciens parler de la colonisation comme d'un monstruosité, et en même temps reprendre les discours et les attitudes des colonisateurs pour intervenir en Libye, en Syrie ou au Mali. "Punir les tyrans", "libérer les peuples de gouvernements oppressifs", sont des refrains connus depuis la nuit des temps. Il s'y ajoutait au XIXe siècle la raison plus noble de lutter contre l'esclavage.
______

Écrit par : Guadet / | 07/11/2013

@ PP

> sans oublier "mémoires et identités" de Jean-Paul II
(qui est avec 'Centesimus Annus', le texte de Jean-Paul II dont on parle le moins, comme par hasard)
--------------
Pour Hollande : est-il libéral ou socialiste ?
s'il est socialiste peut-il simplement parler de nation et de république - res publica ?

Non, il ne le peut pas ou alors ces mots sont vides de sens dans sa bouche :
"L'erreur fondamentale du socialisme est de caractère anthropologique. En effet, il considère l'individu comme un simple élément, une molécule de l'organisme social, de sorte que le bien de chacun est tout entier subordonné au fonctionnement du mécanisme économique et social, tandis que, par ailleurs, il estime que ce même bien de l'individu peut être atteint hors de tout choix autonome de sa part, hors de sa seule et exclusive décision responsable devant le bien ou le mal.
L'homme est ainsi réduit à un ensemble de relations sociales, et c'est alors que disparaît le concept de personne comme sujet autonome de décision morale qui construit l'ordre social par cette décision. De cette conception erronée de la personne découlent la déformation du droit qui définit la sphère d'exercice de la liberté"
Jean-Paul II

La France pour Hollande, c'est la sécu, c'est l'organisme qui distribue des capotes aux lycéens, etc.
Pas d'objectif, pas de communauté mais la soumission à la masse

SI Hollande est libéral ?
-Il ne peut parler non plus de la "nation" puisqu'en tant que libéral, il n'existe à ses yeux qu'un vaste ensemble de consommateurs, les cultures des peuples dans le meilleur des cas,ne pouvant constituer qu'un produit commercial.

-peut-il parler de la république au sens étymologique du terme ?
Non plus ! car il ne connaît que les désirs de l'individu, il ne peut avoir de vision commune, de bien commun d'ailleurs il ne croit pas au Bien

« En raison de leur communauté de nature, les hommes sont poussés à se sentir membres d’une seule grande famille et ils le sont. Mais, à cause du caractère historique, concret, de cette même nature, les hommes sont nécessairement attachés de manière plus intense à des groupes humains particuliers, avant tout à la famille, puis aux divers groupes d’appartenance, jusqu’à l’ensemble du groupe ethnique et culturel désigné, non sans motif, par le terme de « nation » qui évoque la naissance »
JP II à l'ONU

Pour JP II il existe un « lien indissoluble entre famille et nation ».

Tout ce qu'un socialo-libéral comme Hollande déteste !
______

Écrit par : E Levavasseur / | 07/11/2013

LE GARANT

> Tout a fait d'accord avec la reponse de PP a Blaise. L'Etat est en tout premier lieu le garant du vivre-ensemble sur un territoire geographiquement defini, pour un peuple reconnaissant son autorite et lui demandnt aide, securite, defense au minimum (Etat liberal ou socialiste, atrophie ou hypertrophie). L'Etat est la communaute humaine 'de reve' sociologiquement acceptable et acceptee, mais helas Contestee et contestable faute de tenir son role de guide et coordinateur.
C'est parce qu'il y a un imaginaire collectif ET une capacite humaine a l'abstraction que l'Etat peut exister comme 'personne juridique' et qu' on peut exiger de lui un dessein commun assorti d'une continuite dans les grands principes, choses que refutent les pensees liberales au sens philosophique, et alors meme que ce sont les Lumieres qui ont fort developpe la theorie de l'Etat.
______

Écrit par : christophe b / | 07/11/2013

@ Levavasseur

> Je me retrouve en parfait accord avec ce que vous écrivez ci-dessous :

« La politique est intrinsèquement universelle puisqu'elle est l'organisation de la vie des hommes dans la communion, de la plus petite à la plus grande.

La politique n'est pas intrinsèquement sale mais elle "est le domaine de la plus vaste charité." »

Pour citer "Lumen Gentium", l’Eglise est, « dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » (§ 1) ; et encore : « Aussi l’Eglise, pourvue des dons de son fondateur, et fidèlement appliquée à garder ses préceptes de charité, d’humilité et d’abnégation, reçoit mission d’annoncer le royaume du Christ et de Dieu et de l’instaurer dans toutes les nations, formant de ce royaume le germe et le commencement sur la terre. » (§ 5)

L’Eglise est le « signe » et le « germe » du Royaume qui vient ; en ce sens elle est intrinsèquement politique, puisque c’est dans le Royaume que se réalise vraiment le bien commun, c’est-à-dire « l’union intime avec Dieu » et « l’unité de tout le genre humain ». Bien sûr, les non baptisés participent eux aussi, mystérieusement, à cette édification du Royaume, comme saint Augustin le montrait par la dialectique de la Cité de Dieu et de la Cité terrestre. Et l’Etat demeure une nécessité dans cet entretemps qui succède à la Résurrection du Christ et précède la parousie.

L’erreur consiste à prétendre que l’Etat souverain devrait exercer un monopole absolu concernant le bien commun, que cela ne concerne pas l’Eglise, qu’elle n’a pas à « empiéter » sur l’espace public et à participer aux débats citoyens sur notre destinée commune. L’Eglise, réduite à n’être qu’une association d’intérêts privés n’est alors tout juste bonne qu’à célébrer le culte et à compter les sous de la quête. Ce genre de discours, on l’entend régulièrement de la part de chrétiens, relativement à des questions « sociétales » ou d’ordre économiques, ou encore à propos des immigrés, etc.

L’Etat est un outil provisoire en vue du bien commun ; mais le bien commun est l’affaire de tous, à des degrés divers. Il ne l’incarne pas : c’est l’Eglise et non l’Etat qui est le « signe » du Royaume.
______

Écrit par : Blaise / | 07/11/2013

ABSURDE

> "Prétendre définir un pays est absurde en soi."

Merci PP de dire cela clairement, contre tous les tenants d'une fantasmatique "France éternelle".
______

Écrit par : Alex / | 07/11/2013

@ Levavasseur

> Sieyès était libéral. Vous voyez, ce n'est pas contradictoire! pour un libéral la nation est une entité contractuelle qui fait tenir ensemble les individus-citoyens. Pour Sieyès, la nation est « Un corps d’associés vivant sous une loi commune et représentés par la même législature, etc. » ("Qu'est-ce que le Tiers Etat?", ch. 1, 1789)
______

Écrit par : Blaise / | 07/11/2013

@ Blaise

> L'erreur que vous dénoncez (l'Etat fait tout, exerce un monopole absolu, la personne n'existe pas) est "l'erreur anthropologique du socialisme" dont parle Jean Paul II
Ds cette logique évidemment on ajoute "et l'Eglise n'a rien à y voir non plus".
(sous cet angle, on voit bien que le fascisme est une forme de socialisme :condamnation du fascisme pour -notamment- "statolâtrie" par Pie XI en 1931).
Cette erreur est aussi néfaste que celle de l'individualisme.

Au pélé, c'est une réflexion que nous devons subir souvent : "ah mais c'est politique".
Comme si d'une part la politique était une saleté, et d'autre part comme si l'Eglise devait être composée de doux rêveurs aux yeux fixés sur le Ciel et ne se préoccupant pas de justice ici bas.

L'Eglise-institution ne doit pas prendre la place de l'Etat.
Mais l'Etat, c'est l'expression politique "des gens" or "les gens" appartiennent tous au peuple de Dieu et sont donc tous appelés à appartenir à l'Eglise et donc à gouverner la cité en communion avec leur appartenance commune au peuple de Dieu, à l'Eglise.
Citoyens ET fils de Dieu.
______

Écrit par : E Levavasseur / | 08/11/2013

@ blaise,

> eh bien oui , c'est exactement ce que je dis, ici et ailleurs.
______

Écrit par : E Levavasseur / | 08/11/2013

@ Blaise

> je ne vois pas à quel passage de mon commentaire vous faites allusion.
ce que je peux vous dire c'est que Sièyès ne sait pas ce qu'est une nation, il n'y voit rien de culturel, rien d'humain, simplement quelque chose de froidement juridique. rien à voir avec la "nation" véritable, très bien définie par Jean-Paul II.
______

Écrit par : E Levavasseur / | 08/11/2013

LE VIDE ENTRE L'ETAT ET L'INDIVIDU

> La différence entre le socialisme collectiviste et le fascisme d'une part, le libéralisme de l'autre n'est pas si grande. Ces idéologies s'entendent les unes et les autres pour faire le vide entre l'Etat et l'individu.

Dans une perspective totalitaire, aucune réalité corporative ne doit subsister indépendamment de l'Etat; et c'est du pareil au même pour un libéral, sous le prétexte fallacieux d'autonomiser l'individu.

Quant à l'Etat, c'est une forme utile - mais pas exclusive - de l'expression politique des gens. Lorsque vous donnez ou que vous vous engagez auprès d'une ONG, vous faites aussi de la politique. Daniélou considérait même que l'oraison est un problème politique; en effet, « Servir ses frères et sauver son âme ne sont pas deux choses qui s’opposeraient, mais une seule et même chose.» (Jean DANIELOU, "L'oraison, problème politique", Le Cerf, 2012, p. 122).

Vraiment, il faut insister là-dessus, le politique est « la plus haute forme de la charité ». A mon avis, le « propre » de l’Etat réside surtout dans les moyens mis à sa disposition : le pouvoir législatif, judiciaire, le monopole de la violence légitime, la capacité à lever des impôts, etc.
______

Écrit par : Blaise / | 08/11/2013

Les commentaires sont fermés.