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Rechercher : armées privées

Après l'usine des 1000 vaches en Picardie, revoilà l'usine des 1000 truies en Bretagne

 agro-industriel,bretagne

Quand le public copule avec le privé :

http://www.leparisien.fr/rennes-35000/nouvelle-autorisation-d-exploiter-pour-l-usine-des-1-000-truies-en-cotes-d-armor-25-10-2014-4241647.php

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Comment on nous informe

Commentant la perte de l'aéroport de Donetsk par l'armée ouest-ukrainienne, une de nos agences interviewe... le chef du bataillon Azov, qu'elle qualifie d' "unité de l'armée ukrainienne". Azov est un groupe paramilitaire ouvertement nazi : tout le monde le sait  - sauf les médias français. Ci-dessous quelques photos :

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etc.

C'est ce que nos médias appellent "d'authentiques pro-européens".

Leur président-couverture  est à Davos où il déclare : "je suis Charlie."

 

 

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Calcul froid de Moscou, cliquet fou des ”Occidentaux”

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Halte aux "patrouilles guerrières" de l'Otan à l'est de l'Europe ! Ayant retiré ses navires, Hollande doit retirer ses Rafale : 

 

Calculateur froid, Poutine mise sur une réalité : la désintégration politique de l'Ukraine, attestée par les mots durs des propres agents de Kiev dans l'est du pays : « incompétence, aboulie, corruption, bêtise », pas de termes assez méprisants pour qualifier le groupe Iatseniouk-Tourtchinov.

Mais cette désintégration se double d'une fuite en avant militaire, avec le siège de Slaviansk et Kramatorsk par les unités combattantes dont dispose Kiev. Pour maigres qu'elles soient, ces unités ont un armement bien plus lourd que celui des insurgés : les pro-russes sont peut-être encadrés par des professionnels, mais ils n'ont ni chars, ni avions, ni hélicoptères de combat. Si les forces de Kiev entreprennent vraiment de conquérir des villes, elles vont tirer des obus et des missiles sur des civils solidaires des insurgés et déchaînés contre les soldats kiéviens... Voir le reportage de Sébastien Gobert dans Libération ce matin :

« ''Il faut qu'ils arrêtent cette opération maintenant ! Ils tuent nos gars ! La junte de Kiev ne passera pas !'' Vendredi, ignorant la recommandation du pouvoir ukrainien, des douzaines de citoyens de Sloviansk se sont réunis à l'air libre, sur la place Lénine, afin d'exiger des autorités de Kiev qu'elles stoppent l'offensive en cours dans les faubourgs de la ville. ''Nous formerons un bouclier humain pour protéger nos soldats s'il le faut !'', peut-on voir clamer une femme d'une soixantaine d'années sur une vidéo diffusée par Slavgorod, la télévision locale... Cette femme et ses camarades, qui ne ressemblent pas à des terroristes armés jusqu'aux dents, sont le cauchemar des forces de sécurité ukrainiennes... »

Si l'offensive des blindés de Kiev contre des gens de l'est se poursuit, le « cauchemar » risque de s'internationaliser. On est pris d'inquiétude en entendant des commentateurs français, écho de Washington, parler «d'engagement de l'Otan... » Aux côtés de qui ? Moscou ne s'en prend ni aux Baltes ni aux Polonais, membres de l'Otan et de l'UE. Ni même, jusqu'à nouvel ordre, à l'Ukraine de Kiev... qui n'est d'ailleurs membre ni de l'Otan, ni de l'UE, sauf dans l'esprit des salons parisiens (et du ministre allemand des Affaires étrangères). Mais Iatseniouk et Tourtchinov se comportent envers leurs séparatistes de l'est comme Saakachvili en 2008 envers ses séparatistes ossètes, en envoyant les chars. Et les « Occidentaux » sont solidaires de cette répression... D'où un premier engrenage : plus les chars kiéviens tueront de gens à Slaviansk, plus cette répression aura l'air parrainée par Obama et ses Européens. Posture morale difficile à tenir quand on s'indigne, à juste titre, de la guerre en Syrie !

D'autant que se répand l'inévitable rumeur d'une arrivée, à Kiev, de « conseillers militaires » américains : comme en 1979-1992 auprès de la junte du Salvador et dans d'autres guerres civiles de l'hémisphère Sud. Avec quel objectif ? Certainement pas de respecter une alliance, puisque l'Ukraine n'est pas l'alliée des Etats-Unis... Alors, quoi ? passer un cran de cliquet supplémentaire dans l'hostilité de Washington envers Moscou, hostilité d'intérêts économiques depuis le départ d'Eltsine (1999) ? Peut-être... Et pire encore si l'on pèse les paroles du ministre américain de la Défense, Chuck [*] Hagel, hier à l'Otan : « Nous devons nous attendre à ce que la Russie teste la raison d'être de notre alliance, de notre engagement. L'Otan doit augmenter son budget de défense. » Ceci est une perspective de guerre.

Faire à la Russie, dans le monde multipolaire de 2014, la guerre que l'on craignait de subir de la part de l'URSS dans le monde bipolaire des années 1960 ? alors que la Russie d'aujourd'hui agit à l'intérieur de ses frontières historiques, tandis que l'URSS menait une guerre politique dans le monde entier ?

Ce serait de la démence sur le plan géopolitique, puisqu'il n'y a pas d'enjeu : l'Otan n'a précisément plus aucune raison d'être depuis la disparition de l'URSS.

Mais c'est compréhensible sur le terrain des intérêts économiques privés, qui se sont substitués au politique depuis quelques dizaines d'années.

Tout cela doit être dit pour compléter la dénonciation du rôle de Moscou, martelée jour et nuit par nos médias. Washington n'est pas plus désintéressée ! Et l'on se demande jusqu'où ira l'UE dans son sillage.

 

PS – Rarement d'accord avec Mélenchon, j'approuve son communiqué d'hier : « Deux semaines après que j'ai alerté sur la présence de navires de guerre français en mer Noire et demandé leur retrait, ces navires viennent de quitter la mer Noire les uns après les autres. Le gouvernement n'a donné aucune explication sur leur présence, dans le sillage du navire états-unien USS Donald Cook, pas plus que sur la décision de les faire repartir. Alors que les dirigeants états-uniens multiplient les surenchères contre la Russie, à l'image de John Kerry le 29 avril à Washington, je demande que toute la lumière soit faite sur l'implication en cours des forces françaises dans les patrouilles guerrières de l'OTAN dans l'Est de l'Europe. J'appelle à la plus grande vigilance face à l'escalade militaire en cours. Je demande que les forces françaises ne soient pas engagées dans les manœuvres belliqueuses de l’OTAN. Et je demande que la France prenne l'initiative d'une médiation internationale indépendante de l'OTAN. »

 

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[*] Chuck est le diminutif de Charles. Le responsable des armées américains ne veut être appelé officiellement que par ce diminutif. Et nos journalistes s'empressent de le faire : comme si le monde entier (dont Lolo Fabius) allait à des barbecues chez Chuck.

 

 

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Quand l'Obscur se déguise en Ange vengeur

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Flyer évangélique brésilien

Ce qui se passe au Brésil et en Ukraine montre les ravages exercés dans la religion par les diverses formes du national-populisme :

 

 

Rio de Janeiro – La plupart des "dénominations" évangéliques ont jeté le masque : elles soutiennent à 100% le candidat national-populiste Jaïr Bolsonaro, dont le programme de guerre civile et de privatisation à outrance ressemble (disent ses opposants) "à du Trump appliqué par Duterte".  Dans une note du 6/10 je constatais :

<< Bolsonaro veut donner aux fazendeiros, grands propriétaires terriens devenus agro-industriels, le moyen légal d'équiper des armées privées afin de liquider les 'Paysans sans terre'... (Ceux-ci ne cessant de réclamer la réforme agraire, promise faussement par Lula avant que Mme Rousseff ne déclare "terrorisme" leurs manifestations). La guerre civile contre les Paysans sans terre n'ayant jusqu'à présent fait que 2000 morts, Bolsonaro souhaite que l'on soit plus radical : "Nous allons donner des fusils aux propriétaires ruraux", annonce-t-il entre deux gémissements surjoués à la télévision [2]. Il promet également d'autoriser sans frein tous les pesticides, et de déréglementer la déforestation agro-industrielle de l'Amazone : "Pas un centimètre de plus pour les Indiens !" Les grands propriétaires se sentent "les coudées franches pour faire ce qu'ils voudront", s'inquiète le P. Paulo Santos, de la Commission pastorale de la terre à la Conférence des évêques du Brésil [3]... La vraie nature de Bolsonaro est en effet de servir la banca ruralista : le lobby de l'agro-business qui contrôle 45 % des parlementaires brésiliens. Ce groupe d'intérêts n'a cessé de monter en puissance depuis dix ans ; il voit maintenant en Bolsonaro son outil présidentiel. Et ça ne s'arrête pas au monde agricole. Le "populiste de droite" est en réalité le candidat des marchés, désormais flanqué d'un conseiller économique ultralibéral affiché, Paulo Guedes. D'où sa  promesse de privatiser tous les secteurs encore publics, ce qui crée une euphorie inédite à la Bourse de São Paulo... >>

Pourquoi les dénominations pentecôtistes et baptistes sont-elles acquises à Bolsonaro ? Réponse (Le Monde 6/10) de Robson Rodovalho, leader de "l'Eglise Sara Nossa Terra" : "Il y a unanimité sur le fait que Bolsonaro est le seul candidat de la vie, de la famille de l'économie libérale !"  Que vient faire "l'économie libérale" avec "la vie" et "la famille", alors que partout dans le monde le néolibéralisme a produit les avancées sociétales ?  Cela vient des liens étroits entre l'évangélisme brésilien et la Religious Right des Etats-Unis, pour laquelle "Jésus était un capitaliste". Sachant que ce courant nord-américain a déclenché une guerre sale contre François "le pape socialiste", et que les évangéliques brésiliens hypnotisent une fraction du catholicisme français, on voit pourquoi cette fraction relaie aujourd'hui la guerre contre le pape auquel elle devrait être loyale par nature, mais dont elle se détourne – notamment par idéologie économique. La force inique de l'Argent est déchaînée contre le successeur de Pierre et se déguise en courant spirituel... C'est l'heure de relire l'Apocalypse de Jean au chapitre 13, qui évoque l'instant métaphysique où personne ne pourra "acheter ni vendre" sans avoir "la marque, c'est-à-dire le nom de la Bête ou le nombre de son nom" : "Que celui qui a de l'intelligence déchiffre le nombre de la Bête, dit le livre, car c'est un nombre d'homme."

 

Kiev. C'est le grand schisme des Slaves ! Le jeudi 11 octobre, un synode réuni à Istanbul par le patriarche "de Constantinople" – rival symbolique du patriarche de Moscou – prend l'Eglise orthodoxe d'Ukraine sous son obédience canonique et la reconnaît comme autocéphale, c'est-à-dire indépendante du patriarcat de Moscou  dont elle faisait canoniquement partie. C'est le triomphe d'un personnage politique sulfureux : l'évêque Philarète, patriarche autoproclamé de Kiev jusqu'à son excommunication en 1997 pour attitude schismatique (déjà). Philarète avait commencé sa carrière ecclésiastique dans le patriarcat de Moscou, comme agent du Kremlin  ;  l'empire soviétique vacillant, il s'était inféodé aux nationalistes ukrainiens ;  le nationalisme ne cessant de s'enfiévrer avec la guerre du Donbass, Philarète en était devenu la figure de proue spirituelle : un symétrique religieux des chefs de milices qui exaltaient "le Sang et le Sol d'Ukraine". 

Applaudissant le schisme du 11 octobre, le président ukrainien Porochenko l'a présenté comme un acte de guerre "contre l'impérialisme de Moscou". Deux mois plus tôt il avait appelé au schisme, en expliquant sans fard que ce serait le complément religieux "de notre lutte nationale et de notre volonté d'intégrer l'OTAN"...  Depuis 48 heures les villes d'Ukraine s'ornent de grandes affiches associant la nouvelle Eglise autocéphale au nationalisme d'Etat, avec ce slogan sans équivoque : "une Armée – une Langue – une Foi".

Le monde orthodoxe est morcelé par l'histoire. Nombre d'Eglises autocéphales sont nées de l'écroulement de l'empire ottoman. D'autres, de l'écroulement de l'empire soviétique : le schisme de Kiev en est l'exemple le plus récent, et le plus considérable puisqu'il pourrait priver le patriarcat de Moscou de 40 % de ses paroisses. Mais les choses ne se passeront pas facilement : hier les milices nationalistes ukrainiennes parlaient de s'emparer du siège du métropolite, qui se trouve être au monastère des Laures de Kiev, haut-lieu de l'orthodoxie slave remontant au XIe siècle ! "Des gens descendront dans la rue pour défendre leur sanctuaire", répliquait le patriarcat de Moscou, comparant le nouveau schisme à celui de 1054 qui brisa l'unité entre Orient et Occident...

Ce désastre religieux ne vient pas de la religion, mais des vieilles forces obscures du Blut und Boden (le couple "sang-et-sol" des idéologies national-populistes).

 

Leçon de ces actualités :  le bolsonarisme de trop de chrétiens brésiliens, ou le schisme de Kiev, sont deux exemples de fourvoiement blasphématoire. Que le blasphème soit dicté par l'Argent (via l'hérésie consumériste de "l'Evangile de la prospérité") ou qu'il le soit par le culte du Sang, il ne peut qu'effrayer des consciences droites et tourner leurs regards vers le successeur de Pierre : attaqué à la fois par les serviteurs de l'Argent et par les idolâtres du Sang, le pape François montre le chemin du Christ.

 

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Bethléem : solidarité avec la vallée de Crémisan !

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Tel-Aviv : audience le 12 février dans l'action de la Société St-Yves contre l'illégalité internationale du mur de séparation israélien dans la vallée de Crémisan, édifié pour les colonies de Gilo et Har Homa...

 

 

Mandatée par l'assemblée des évêques catholiques de Terre Sainte pour agir en justice contre l'armée israélienne, la Société St-Yves de Jérusalem [1] sera entendue mardi à Tel-Aviv dans l'affaire de la vallée de Crémisan.

Dans ce lieu près de Bethléem, les religieux salésiens (installés depuis 1891) gèrent une exploitation viticole employant de nombreux Palestiniens, et souhaitent transformer leurs bâtiments en centre international de formation permanente, au service des institutions locales ainsi que de la famille salésienne (132 pays).

En octobre 2012, les évêques catholiques de Terre Sainte ont dénoncé une décision militaire du gouvernement Netanyahu: ce dernier, écartant les protestations des communautés chrétiennes et des congrégations religieuses, va édifier un mur séparant la vallée de Crémisan de Bethléem et des villages voisins. Le résultat de cette asphyxie sera de pousser un peu plus des chrétiens arabes (ici ceux de Bethléem) à quitter la Terre Sainte, ce qui est l'objectif à la fois de la droite israélienne et des islamistes du Hamas.

Déclaration des évêques [2] :

« Véritable espace vert, la vallée de Crémisan est le poumon principal sans lequel la population de Bethléem ne peut respirer... 58 familles chrétiennes de Beit Jala dont la subsistance dépend essentiellement de cette terre en seront privées... Les deux congrégations locales salésiennes seront négativement affectées dans leur travail missionnaire envers la communauté locale ; l'école des sœurs salésiennes (450 enfants) aura un aspect carcéral, entourée de barrières militaires et de check-points...»

Le gouvernement Netanyahu affirme que la construction du mur aurait l'accord implicite du Vatican. Les évêques démentent cela «catégoriquement». Et les religieux salésiens démentent avoir donné leur accord à quoi que ce soit, comme le dit clairement la déclaration faite dès 2007 par Don Giovanni Lacon, vicaire épiscopal chargé de l'Inspection salésienne du Moyen-Orient :

« La totalité du parcours du Mur, y compris la partie qui touche directement la propriété de Crémisan, a été décidée par les autorités israéliennes en complète autonomie, en dépit d’une note consultative émise par la Cour Internationale de Justice le 9 juillet 2004. La communauté salésienne de Crémisan, victime d’un choix imposé par les autorités israéliennes, s’oppose fermement à la politique de séparation unilatérale ; elle confirme qu’elle est complètement étrangère à la planification du tracé du Mur et lance en même-temps un appel à toutes les autorités compétentes pour la restauration de la loi internationale.

- Le tracé du Mur court en amont de la Maison salésienne afin d’entourer la colonie israélienne de Har Gilo, qui se trouve sur le sommet de la colline, pour la relier à la municipalité de la Grande Jérusalem instituée unilatéralement par Israël en 1967. Il est opportun de souligner que la Maison de Crémisan se trouve déjà à l’intérieur de cette municipalité, enclavée entre les colonies de Gilo et de Har Gilo. Pourtant l’hypothèse de l’exclure n’a jamais été prise en considération. On n’a jamais demandé aux salésiens de choisir de quel côté du Mur ils voulaient être, vu que les autorités israéliennes ont pris a priori la décision d’englober la Maison dans les frontières de la municipalité tracées par eux-même.

[…] Les responsables de la communauté salésienne – qui sont restés et qui restent ouverts au dialogue avec les habitants de la zone, à qui ils ont plusieurs fois rendu des services d’utilités sociales – renouvellent leur plus profonde solidarité au village de Al-Walajeh et à toute la population palestinienne encore sous les difficultés de l’occupation. En même temps, ils tiennent à exprimer leur espérance que chaque Mur entre les gens puisse tomber en vue d’une paix future.»

 

Aujourd'hui les religieux et les soeurs salésiens réaffirment leur position constante :

«En référence à l’article “Le mur de séparation passera entre les Frères et les Sœurs” paru dans le journal Ha-Aretz du 31.12.2011 et sur le site Web le 05.01.12 avec le titre “New segment of West Bank security fence may separate nuns from monks”, les sœurs salésiennes et les religieux salésiens de Crémisan affirment clairement qu’il n’existe entre eux aucune divergence et qu’ils n’existent pas de différences de positions en ce qui concerne la construction du “mur”. Les deux communautés [...] ont toujours exprimé leur contrariété face à la construction du “mur” et ont également exprimé, d’une manière jugée la plus appropriée, leur pleine solidarité aux familles palestiniennes de Beit Jala, qui, avec la construction du “mur”, subissent des injustices et sont privés de leur propres terres...» Signé : Sr Adriana Grasso, directrice FMA - Don Giovanni Lacon, directeur SDB.

 

La pétition de la Société St-Yves :

 http://www.change.org/petitions/save-the-valley-in-cremisan-support-bridges-not-walls

 

 
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[1] Society of St. Yves, Catholic Center for Human Rights : Latin Patriarchate Rd. 26, P.O.B. 1244, Jerusalem 91000, Israël. Web : www.saintyves.org.il

[2] Notamment : le patriarche latin de Jérusalem Fouad Twal, Mgr Elias Chacour (archevêque grec-melkite catholique d'Akka), Mgr Giorgio Lingua (nonce apostolique en Jordanie), Mgr Waldemar Sommertag (chargé d'Affaires de la délégation apostolique à Jérusalem et en Palestine et de la Nonciature apostolique pour Israël et Chypre), et le franciscain Pierbattista Pizzaballa, custode de Terre Sainte.

 

 

L'école des religieuses salésiennes.

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” Et si la France avait continué la guerre – 1941-1942 ” : tome 2 du livre de Jacques Sapir, Frank Stora et Loïc Mahé

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Une "uchronie" historiquement et techniquement impressionnante,  moralement fascinante :

 

 

 histoire,seconde guerre mondiale,de gaulle

A la parution du tome 1 (1940), nous écrivions ici 1:

 << Cet ouvrage d'hypothèses est « un exercice de travaux pratiques ». D'où son intérêt. Avec une méthode rigoureuse et une information aussi ample que précise (et technique), ce livre montre que  l'armistice de juin 1940 n'était pas inéluctable. Si le gouvernement Reynaud avait tenu bon, la conquête du territoire français aurait demandé aux Allemands cinq semaines de plus. Le temps de transborder en Afrique du Nord le gouvernement avec 500 000 hommes et 350 000 tonnes de matériel : la garantie de tenir jusqu'à l'arrivée des productions de l'arsenal américain. « Tenir » : c'est-à-dire passer à l'offensive contre les forces italiennes en Libye et en Méditerranée, tandis que la Luftwaffe était prise par la bataille d'Angleterre... 

À partir de là, l'ouvrage bâtit un étonnant kriegspiel où l'on constate, chiffres et données en main, que les Franco-Britanniques avaient (notamment sur le plan naval) de quoi chasser les Italiens d'Afrique du Nord en quelques mois, et s'emparer de plusieurs îles, dont la Sardaigne elle-même, mal défendue, qui pouvait devenir avec la Corse une base de bombardements à long rayon d'action pour l'Armée de l'air et la RAF ! La face de la guerre était changée. L'avenir aussi. Surtout pour la nation française, qui sauvait son âme en s'épargnant Vichy. Laurent Henniger2 écrit dans sa préface : « C'est donc avec mélancolie qu'on lit cet ouvrage, mais aussi avec une passion fébrile, tant il est vrai que ce récit haletant est écrit de telle façon que le lecteur ne pourra le refermer avant d'en avoir achevé la dernière page. »« Une description à vous mettre les larmes aux yeux de la Seconde Guerre mondiale telle qu'elle aurait dû être », dit un lecteur américain.

Pour proposer une réponse, les chercheurs ont évalué « l'enveloppe des moyens » techniques (niveaux de production, capacités logistiques, « quels matériels étaient disponibles, à quelles dates, à quel coût en matières de temps de travail et de ressources ») afin de déterminer une « enveloppe des possibles » ; ils ont évalué aussi les systèmes de prise de décision de chaque pays... Procédure de simulation réaliste (« constamment rapportée à des opérations similaires ayant eu lieu à des périodes identiques de la guerre dans la trame historique »), ce kriegspiel a été construit depuis 2004 par le directeur d'études à l'EHESS Jacques Sapir, le spécialiste des jeux de simulation Frank Stora et l'ingénieur informaticien Loïc Mahé, avec un réseau d'experts, de chercheurs et d'enseignants en stratégie français, américains, britanniques, italiens, allemands, russes et japonais. Le livre est structuré comme une chronologie au jour le jour. L'« effet de réel » est impressionnant... >>

 

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Le tome 2 poursuit cet « exercice de travaux pratiques » en l'élargissant, sur la base des hypothèses validées dans le tome 1. Chassant les Italiens d'Afrique et envahissant l'Albanie avec l'armée grecque, la France et la Grande-Bretagne forcent le Reich à une bataille vaste, longue et coûteuse pour le contrôle de la Méditerranée : ce qui retarde d'un an l'attaque allemande contre l'URSS, laissant au Kremlin le temps de réorganiser son armée. On devine la suite : Barbarossa ne se déroulera pas comme dans l'histoire réelle. De même, les forces françaises d'Indochine résistent aux Japonais : ce qui sauve Singapour et fait commencer la guerre du Pacifique dans d'autres conditions que celles de l'histoire réelle... Etc.

Etayée par une montagne de données et d'éléments techniques et chronologiques, vérifiés au millimètre, cette fiction très réaliste donne des ailes au rêve. Ainsi l'impressionnant récit de la bataille de Corse, en février-mars 1941, quand Kesselring lance des troupes d'élite de l'Axe (parachutistes de Student, Alpenjäger Korps, Italiens des Alpini et de la division Folgore, etc) pour déloger de Corse la 81e DI d'Afrique (Montagne, Arlabosse et Montsabert), rejointe par la 13e DBLE de Koenig, les alpins de Lhuillier et les quelques petits chars américains M2 de Hautecloque dit Leclerc... Ce seront les batailles de Bastia, Solenzara, Calvi, Corte, Vizzavona, Porto-Vecchio, Sartène, et celle du col de Muratano, photographiées par Robert Capa, racontées dans les journaux américains par John Steinbeck...3

Dans le même registre de réalisme fantastique : Indochine, janvier 1942, la résistance politico-militaire française face au Japon obligé de déclarer la guerre à la République française qui a repoussé son ultimatum... L'armée japonaise attaque par la Thaïlande au sud et le Tonkin au nord ; après une série de combats à un contre cent, comme celui du groupe blindé mobile Schlesser4 dans la région de Siem Reap au Cambodge, le haut-commissaire Jean Sainteny (soutenu par le prince Sihanouk et la communauté chinoise) arme la population asiatique de Saïgon5 – y compris les communistes vietnamiens de Nguyên Aï Quoc, le futur Hô Chi-Minh, qui se battront contre les Japonais. Au nord, Sainteny fait activer le plan d'urgence Epervier :

 « Ce plan prévoit la retraite des forces françaises et locales de la région d'Hanoi vers une base située dans les montagnes à la frontière entre Tonkin et Laos, non loin de la Chine, par où elle pourra être ravitaillée. Dans une vallée au coeur du dispositif, le Génie vient d'achever, avec de la main d'oeuvre locale, la construction d'un petit terrain d'aviation où le Train achemine vaille que vaille de l'essence et des munitions pour les avions américains de l'AVG [les 'Tigres volants' de Chennault]. La base en question, située sur le fleuve Nam Youm, porte en langue thaïe le nom de Muon Threng, qui signifie simplement 'Grand poste sur la frontière' – puisque c'était naguère la fonction du lieu. Mais les Français préfèrent utiliser le nom vietnamien (qui est simplement la traduction du nom thaï): Diên Biên Phu. 

...Le 25 mars, de la base Epervier à Diên Biên Phu, décolle une formation alliée tri-nationale : 33 bombardiers français et chinois, escortés par 48 chasseurs américains, français et chinois. Cette puissante formation attaque les terrains japonais autour d'Hoa Binh et d'Hanoi : 26 avions sont détruits au sol et 10 en combat aérien en échange de 2 chasseurs français, 1 américain et 21 chinois. Ce raid est un coup sévère porté à la puissance aérienne japonaise dans le nord de l'Indochine... »

 

Ou bien la terrible bataille de Limnos en Méditerranée, février-avril 1942... Conquise en février sur les Italiens par une opération franco-grecque (pendant que les Alliés débarquaient aussi dans le Péloponnèse), l'île est attaquée en mars par la Luftwaffe, puis par une série de vagues d'assaut parachutistes et de débarquements d'infanterie :

 « les Alliés comprennent qu'en s'accrochant le plus longtemps possible à Limnos (dont au départ l'occupation était surtout une diversion), ils peuvent infliger des pertes très élevées à des troupes d'élite ennemies, à l'aviation de transport allemande et à la Regia Aeronautica, au prix de pertes relativement limitées... »

S'ensuivent plusieurs semaines de combats, terrestres, aériens et navals, avant que Koenig et Amilakvari, aidés par les troupes grecques et les difficultés du terrain, ne viennent à bout des Allemands privés de ravitaillement. Le 5 avril à 15 h 30, le major-général Bräuer capitule. Une heure plus tard, à Rhodes, le général Giraud annonce aux correspondants de guerre : « Messieurs, je vous avais dit que l'ennemi n'aurait pas Limnos. Il a tout fait pour s'en emparer, mais il ne l'a pas eue. En prime, nous avons infligé à ses unités d'élite, aéroportées, aériennes et navales, des pertes qui ne seront pas comblées de sitôt... »

 

Ce livre enchantera les amateurs de jeux de guerre, de matériels d'époque et de rêves argumentés. Mais plus profondément, il met le doigt sur une vieille douleur de l'âme : sans la reddition précipitée de 1940 et l'effondrement de ses élites, la France pouvait jouer un rôle qui eût donné un autre cours au XXe siècle. Merci à Jacques Sapir et à son équipe de nous montrer, tome après tome, pourquoi cette blessure fait encore mal quand on y pense.


Et si la France avait continué la guerre, 1941-1942, Tallandier, 714 p.


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1.http://plunkett.hautetfort.com/archive/2010/06/02/1940-et-si-la-france-avait-continue-la-guerre-%C2%A0-un-livre-i.html

2. Institut d'études stratégiques de l'Ecole militaire.

3. Pendant ce temps, Berlin envoie Rommel en Albanie face aux Anglo-Grecs.

4. Equipé d'une vingtaine de SAV-41, char et chasseur de chars conçus (réellement) par les ateliers français... et construits aux Etats-Unis selon la fiction. Cf l'illustration en haut de cette page.

5. Quatre mois plus tôt, à Saigon, de Gaulle (quoique simple ministre de la Guerre du gouvernement d'Alger) a promis « l'autonomie politique pleine et entière aux peuples de l'Indochine ». Les gros exploitants d'hévéas français ont manifesté leur hostilité envers cette idée. De Gaulle leur a répliqué durement : «Sachez-le bien, messieurs qui croyez protéger vos petits intérêts en tenant vos petits discours dans votre petit coin : très bientôt, entre la Nation et la piastre, il vous faudra choisir ! ». Toujours selon le livre, bien sûr... Dans la réalité, de Gaulle et Sainteny n'ont eu aucune prise sur une Indochine dirigée par l'amiral pétainiste Decoux, qui  collabora avec les Japonais.

 

 

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L'Egypte vers la guerre civile

Place Tahrir, 350 000 anti-islamistes maudissent les Etats-Unis :

 

Au Caire, le rassemblement de 350 000 anti-Morsi a pris hier soir  "une tournure très anti-américaine", soulignent les dépêches. Les manifestants brûlent la bannière étoilée. Ils accusent Obama de "soutenir les Frères musulmans", et CNN de diffamer l'armée égyptienne... Pendant ce temps, l'armée peine à garder le contrôle de la situation, et le gouvernement provisoire à trouver un chef. Les salafistes rompent avec ce gouvernement provisoire. Et les Frères musulmans appellent "au soulèvement" ! Le scénario d'une guerre civile paraît se mettre en place.

Soulignons que l'armée égyptienne était une annexe du Pentagone, que la Maison Blanche soutenait Morsi (notre note du 04/07) et qu'avant ces événements elle avait soutenu Moubarak. La politique américaine porte le chaos comme la nuée porte l'orage...

C'est le moment choisi par les gouvernants européens pour se montrer plus que jamais vassaux de Washington.

 

 

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”Pour” ou ”contre” Benoît XVI... avec de fausses raisons

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Duel biaisé entre deux idéologues à propos de la pensée sociale du pape :

 

Dans la revue Concilium, Johan Verstraeten (université de Louvain) re-déterre la même fausse querelle que naguère Le Monde diplomatique : il accuse la pensée sociale de Joseph Ratzinger - Benoît XVI d'avoir opéré un « virage en faveur du marché », et de négliger « les aspects structurels et institutionnels de la pauvreté et du sous-développement ».

De deux choses l'une : ou Verstraeten n'a pas étudié les textes, auquel cas il eût mieux fait de ne pas écrire. Ou il sait ce qu'il fait, et c'est de la désinformation.

On connaît la pensée du pape actuel au sujet du marché et des aspects structurels du sous-développement. Elle ne correspond pas à ce qu'en dit Verstraeten, et elle développe celle de Jean-Paul II et Paul VI que Benoît XVI cite abondamment. (En particulier Paul VI, son axe de référence dans Caritas in Veritate).

Verstraeten reproche au Compendium de la doctrine sociale de l'Eglise de ne pas condamner toute forme de marché et de concurrence (curieux grief). Et il en fait porter la responsabilité à Joseph Ratzinger, à cause de l'affaire des théologies de la libération en 1986... Faux et lassant lieu commun, misant sur le fait que personne n'a lu les textes de 1986, dans lesquels Ratzinger déclare légitime une théologie de la libération qui ne serait pas détournée par le marxisme ! Cette ignorance du public (même cultivé) laisse Verstraeten libre de prêter au pape actuel une thèse selon laquelle « l'éthique sociale catholique en ce qui concerne les questions économiques » devrait se réduire à « une matière d’actions individuelles ou intersubjectives », ce qui aboutirait à nier la nécessité de changer les « structures injustes » et d'agir pour une libération. Voilà la façon dont Verstraeten présente la pensée ratzingérienne en ce domaine !


 Le document Ratzinger réfute Verstraeten


Mais ouvrons le principal document Ratzinger de 1986, censé avoir voulu étouffer l'esprit de justice et de libération chez les catholiques. Il s'intitule : Instruction sur la liberté chrétienne et la libération.

Le chapitre V s'intitule La doctrine sociale de l'Eglise pour une praxis chrétienne de la libération.

Paragraphe 72 : « Experte en humanité, l'Eglise offre par sa doctrine sociale un ensemble de principes de réflexion et de critères de jugement et aussi de directives d'action pour que les changements en profondeur que réclament les situations de misère et d'injustice soient accomplis, et cela d'une manière qui serve le vrai bien des hommes. »

Paragraphe 74 : « Ces principes fondent des critères pour porter un jugement sur les situations, les structures et les systèmes sociaux. Ainsi l'Eglise n'hésite pas à dénoncer les situations de vie qui portent atteinte à la dignité et à la liberté de l'homme. Ces critères permettent aussi de juger la valeur des structures. Celles-ci sont l'ensemble des institutions et des pratiques que les hommes trouvent déjà existantes ou créent, au plan national et international, et qui orientent ou organisent la vie économique, sociale et politique. En soi nécessaires, elles tendent souvent à se figer et à se durcir en mécanismes relativement indépendants de la volonté humaine, paralysant par là ou pervertissant le développement social, et engendrant l'injustice. Cependant, elles relèvent toujours de la responsabilité de l'homme qui peut les modifier, et non d'un prétendu déterminisme de l'histoire... »1

Le paragraphe 75 dément, de plein fouet, l'opinion de Verstraeten sur Joseph Ratzinger. Ce paragraphe dit en effet : «La priorité reconnue à la liberté et à la conversion du coeur n'élimine nullement la nécessité d'un changement des structures injustes. Il est donc pleinement légitime que ceux qui souffrent de l'oppression de la part des détenteurs de la richesse ou du pouvoir politique agissent, par des moyens moralement licites, pour obtenir des structures et des institutions dans lesquelles leurs droits soient vraiment respectés. »

Le paragraphe 76 met en garde contre « le recours systématique à la violence », mais il souligne : « On condamnera avec la même vigueur la violence exercée par les possédants contre les pauvres, l'arbitraire policier, ainsi que toute violence établie en système de gouvernement. » Joseph Ratzinger condamne aussi la démocratie formelle : « On ne peut admettre la coupable passivité des pouvoirs publics dans des démocraties où la situation sociale d'un grand nombre d'hommes et de femmes est loin de correspondre à ce qu'exigent les droits individuels et sociaux constitutionnellement garantis. »

Le paragraphe 79 envisage même (en s'appuyant sur Paul VI 2) le cas de la lutte armée légitime : « Ces principes doivent être spécialement appliqués dans le cas extrême du recours à la lutte armée, indiquée par le Magistère comme ''l'ultime remède pour mettre fin à une tyrannie évidente et prolongée qui porterait gravement atteinte aux droits fondamentaux de la personne et nuirait dangereusement au bien commun d'un pays''. Toutefois, l'application concrète de ce moyen ne peut être envisagée qu'après une analyse très rigoureuse de la situation. En effet, à cause du développement continuel des techniques employées et de la croissante gravité des dangers impliqués dans le recours à la violence, ce qu'on appelle aujourd'hui la ''résistance passive'' ouvre une voie plus conforme aux principes moraux et non moins prometteuse de succès. »

Le paragraphe 81 déclare : « Un défi sans précédent est aujourd'hui lancé aux chrétiens qui oeuvrent à réaliser cette civilisation de l'amour qui condense tout l'héritage éthico-culturel de l'Evangile... La fin directe de cette réflexion en profondeur est l'élaboration et la mise en route de programmes d'action audacieux en vue de la libération socio-économique de millions d'hommes et de femmes dont la situation d'oppression économique, sociale et politique est intolérable... »

Le paragraphe 85 réfute Verstraeten quand celui-ci dit que Ratzinger minimise le rôle de l'Etat : « Tout homme a un droit au travail, lequel doit être pratiquement reconnu par un engagement effectif en vue de résoudre le dramatique problème du chômage. Le fait que celui-ci maintienne dans une situation de marginalisation de larges portions de la population et notamment de la jeunesse, est intolérable. C'est pourquoi la création de postes de travail est une tâche sociale primordiale qui s'impose aux individus et à l'initiative privée, mais également à l'Etat. En règle générale, ici comme ailleurs, ce dernier a une fonction subsidiaire ; mais souvent il peut être appelé à intervenir directement comme dans le cas d'accords internationaux entre divers Etats... »

 Dans l'encyclique sociale Caritas in Veritate, Benoît XVI souligne le rôle de l'Etat en matière de politique sociale. Verstraeten est obligé de le reconnaître. Allors que reproche-t-il au pape ? De mentionner plusieurs fois le principe de subsidiarité... Or la subsidiarité, « principe de précaution » sociétal (un des piliers de la doctrine sociale de l'Eglise), ne fait que prôner un équilibre entre la puissance publique et l'initiative privée ; c'est loin de suffire à tout éclairer, mais c'est une protection – théorique - contre la « statolâtrie » des régimes totalitaires. Rejeter la subsidiarité (comme semble le faire le professeur de Louvain) est donc un symptôme inquiétant...

A moins, bien sûr, que Verstraeten ne prenne le principe de subsidiarité pour la caricature qu'en donnent les catholiques libéraux : l'autre versant de l'erreur, le côté tribord de la nef des fous.


 L'idée fausse du Pr Ceccanti


Sénateur du Parti démocrate, enseignant de droit public à l'université romaine La Sapienza, ancien président de l'association des étudiants catholiques italiens, auteur notamment de l'essai  Au catholique perplexe, le Pr Stefano Ceccanti répond (de Rome) à l'article de Verstraeten dans Concilium.

Qu'est-ce qui irrite Ceccanti chez Verstraeten ? Le fait que celui-ci hypertrophie le rôle de l'Etat, à la manière des idéologues de gauche des années 1980... Le professeur de La Sapienza, quant à lui, paraît confondre le principe de subsidiarité avec le dogme anti-Etat des idéologues libéraux.

Qu'est-ce qui ferait plaisir à Ceccanti ? Que nous fassions tous, dit-il, « une lecture dynamique du processus de différenciation sociale actuellement en cours, qui perçoit la politique comme une sphère sociale parmi d’autres, sans primautés ni hiérarchies, sur le même plan que l'économie. » Or ceci n'est rien d'autre que l'idéologie libérale des années 1990 ; Ceccanti ne manque d'ailleurs pas de faire la référence rituelle à « la chute du Mur »3, lieu commun libéral qui n'a plus rien à voir avec les réalités d'aujourd'hui.

Ceccanti contre Verstraeten, c'est 1990 contre 1980. Or nous sommes en 2012. Il y a donc un malaise. D'autant que Ceccanti prête à Benoît XVI son propre état d'esprit (le libéralisme modèle 1990) et l'en félicite : «  le magistère a tenu compte de cette leçon... » (la chute du Mur, la fin de l'Etat, la société de marché etc !). Ceccanti entre ainsi dans le jeu de Verstraeten, qui ne dit pas autre chose de Benoît XVI mais pour l'en blâmer.

Ils ont tort tous les deux : pour s'en rendre compte il n'y a qu'à lire Ratzinger-Benoît XVI.

Mais si Verstraeten a tort de rester figé dans le culte de l'Etat, il a raison (et les autres collaborateurs de ce numéro de Concilium avec lui) de désigner le terrain économique comme crucial pour l'Eglise aujourd'hui.

Benoît XVI en fait autant, lorsqu'il appelle les gouvernements à reprendre leurs responsabilités envers la finance et l'économie dans la crise mondiale : appels pontificaux qu'aucun « spécialiste » ne devrait feindre d'ignorer ! Verstraeten commet pourtant cette faute. Ceccanti aussi, en sens inverse. C'est attristant pour l'intelligence.

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Honduras: un putsch libéral contre le président Zelaya

Fausse rumeur sur un rôle de l'Eglise catholique dans le "golpe" de l'oligarchie :

 

« Au Honduras, le président Zelaya a été renversé par un ''golpe'' (putsch militaire) de l'oligarchie avec le soutien de l'Eglise catholique et des évangéliques », affirme une rumeur sur la Toile.

La première partie de l'information est exacte ; la seconde ne l'est pas.

J'ignore l'attitude des protestants évangéliques honduriens. Mais, du côté catholique, le cardinal archevêque de Tegucigalpa – le célèbre Oscar Andrés Rodriguez Maradiaga – n'a rien d'un supporter des nantis ! (Voir sa déclaration du 25 juin pour Caritas internationalis, note de ce blog du 29/06). Il fut, par exemple, le chef d'orchestre de l'action de lobbying tenue en 2005, avec un groupe d'évêques et cardinaux de l'hémisphère Sud, pour obtenir du G8 l'annulation de la dette des pays les plus pauvres [1]. Si le putsch au Honduras a réellement pour objectif d'empêcher le président Zelaya de mener une politique sociale, on n'imagine pas Mgr Rodriguez Maradiaga aux côtés des ennemis d'une telle politique.

Que s'est-il passé à Tegucigalpa ? Zelaya voulait un référendum et une assemblée constituante pour supprimer la clause interdisant à un président de se présenter aux élections pour un second terme. L'armée s'est opposée au référendum, ce qui était une mutinerie envers le chef de l'Etat. Celui-ci a donc demandé la démission du chef d'état-major. En réplique, l'armée a fait un putsch le 28 juin : arrêté à l'aube, le président Zelaya a été expulsé du pays, tandis que les députés nommaient président par intérim le chef de la droite libérale, qui décrétait le couvre-feu et l'état de siège. Coup d'Etat aussitôt condamné par l'ensemble des chefs d'Etat des trois Amériques, d'Obama à Chavez.

La vraie raison du putsch est l'évolution de Zelaya dans le domaine politique et social: venu de la droite, il a rejoint la gauche anticapitaliste, faisant adhérer le Honduras au groupe de coopération entre Etats fondé par Chavez. Dans un entretien publié le 28 juin (jour du putsch) par le quotidien madrilène El Pais, Zelaya déclare : « J'avais pensé faire les changements à l'intérieur du schéma néolibéral. Mais les riches ne cèdent pas un centime. Les riches ne veulent rien céder de leur argent. Ils veulent tout garder pour eux. Alors, logiquement, pour faire des changements il faut incorporer le peuple » [2].

On voit mal quel hiatus pourrait séparer les vues économiques et sociales de Zelaya et celle du cardinal Maradiaga. [3]

Le 24 novembre 2006, Zelaya était reçu par Benoît XVI.



 

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 [1] Dépêche Apic du 24 juin 2005 :

 << Dans son entretien, le cardinal Maradiaga s'est réjoui de la décision annoncée le 11 juin 2005 par les ministres des finances du G8 d'annuler la dette de 18 pays les plus pauvres de la planète, pour un montant de 40 milliards de dollars. Pour lui, cette décision est "un acte de justice" car ces dettes qui avaient été contractées à un taux de 6% dans les années 70, étaient soumises depuis la crise des années 80 à un taux de 20%, devenant ainsi un poids "insupportable pour les fragiles économies" des pays concernés. Le cardinal hondurien, qui a figuré comme possible papable, et même comme l'un des favoris, a ainsi expliqué l'implication de l'Eglise dans un lobbying auprès des gouvernements des pays riches, pour obtenir ce résultat. Jean Paul II, notamment en 1994, avait demandé aux chrétiens une réduction "consistante", voire totale de la dette internationale "pesant sur le destin de nombreuses nations".

 Recevant un an plus tard le cardinal Rodriguez Maradiaga, alors président du Celam (Conseil épiscopal latino-américain), Jean Paul II lui avait recommandé un engagement particulier dans ce domaine. Ce que le cardinal a donc fait de façon active ces derniers temps, en agissant en coordination avec le Conseil pontifical Justice et Paix. Ainsi, le ministre de l'économie britannique, Gordon Brown, a été reçu par le Conseil Justice et paix en juillet 2004 et a présenté son projet pour l'annulation de la dette en relançant aussi l'idée de consacrer 0,7% du PIB des pays les plus riches au développement des pays les plus pauvres, a ainsi relaté le cardinal Rodriguez dans l'article de l'Avvenire. Suite à quoi, au début de l'année 2005, la CIDSE (Coopération Internationale pour le Développement et la Solidarité) - qui regroupe certaines des principales agences catholiques d'aide au développement du tiers monde - a convoqué un groupe d'évêques et de cardinaux à Bruxelles. Parmi eux, figuraient le cardinal indien Telesphore Toppo et les archevêques africains Souraphiel d'Addis Abeba en Ethiopie, Onaiyekan d'Abuja, au Nigeria, et Mazombwe de Lusaka, en Zambie. "Ils nous ont demandé une action, pour ainsi dire, de lobbying auprès des gouvernements en vue du sommet du G8" du 6 au 8 juillet 2005 à Gleneagles, en Ecosse, "qui devra ratifier l'engagement d'annulation de la dette", a aussi confié le cardinal... ''Maintenant, il va falloir convaincre le président américain, comme le Canada et le Japon, de consacrer 0,7% de leur PIB pour le développement", a-t-il toutefois ajouté. (Les pays développés s'étaient engagés il y a 35 ans à fournir 0,7 % de leur PIB pour aider au développement des pays en voie de développement, objectif qu'ils ont réitéré en 2002 à l'occasion d'une réunion de l'Onu à Monterrey)."Et vérifier que la promesse de l'Union européenne de le faire avant 2015 soit maintenue. Nous verrons", a ajouté le cardinal.

Interrogé sur le caractère "étrange" d'un travail de lobby politique exercé par des hommes d'Eglise, le cardinal Rodriguez a répondu que cela ne l'était "absolument pas". "L'Eglise est une autorité morale dans le monde dont parfois, mêmes nous les ecclésiastiques, ne sommes pas pleinement conscients", a-t-il expliqué. Pour lui, "il est bon d'utiliser cette autorité politique pour des causes justes, comme celle de l'annulation de la dette". "

Enfin interrogé sur l'impact potentiel de cet allègement de la dette pour les pays pauvres, l'archevêque de Tegucigalpa a expliqué que si ce résultat n'est pas à "mépriser", il ne résoudra pas à lui seul le problème des 18 pays. Il a aussi souligné que son effet dépendrait de la façon dont l'argent épargné serait utilisé, soit pour aider les pauvres ou pour nourrir la corruption.

Le cardinal Rodriguez de passage à Rome fin juin 2005 a été longuement reçu en audience par Benoît XVI. Celui-ci a, selon le cardinal, manifesté "un grand intérêt" pour l'action de l'Eglise et notamment du Conseil Justice et Paix pour soulager les conditions des pays les plus pauvres. Dans un communiqué publié le 14 juin 2005, le Conseil pontifical Justice et Paix avait salué l’annulation immédiate de la dette multilatérale de 18 pays pauvres, pour un montant de 40 milliards de dollars, annoncée à Londres le 11 juin 2005 par les ministres des Finances du G8. Il avait aussi émis le souhait que cet argent serve réellement au développement et réclame l’augmentation de l’aide aux pays les plus pauvres. >>



[2] "Mire, yo pensé hacer los cambios desde dentro del esquema neoliberal. Pero los ricos no ceden un penique. Los ricos no ceden nada de su plata. Todo lo quieren para ellos. Entonces, lógicamente, para hacer cambios hay que incorporar al pueblo."



[3] Ceux que l'économique et le social n'intéressent pas (et qui ne veulent voir que la morale privée) se rassureront en apprenant qu'en 2005, au début de son mandat présidentiel, Zelaya a impulsé une modification constitution-nelle définissant le mariage comme l'union d'un homme et d'une femme, et excluant toute forme d'union légale entre personnes du même sexe. Impossible, donc, de camoufler une approbation du putsch de l'oligarchie derrière des arguments de haute vertu...

 

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Les Très Riches Heures de l’Ensemble Organum, du VIe siècle à l'Antiphonaire des Invalides (1682)

à l'occasion du colloque « les Invalides, 340 ans d’histoire » organisé par le musée de l’Armée à Paris, l'Ensemble Organum et le Choeur du CIRMA dirigé par Marcel Pérès, se produiront en concert en la cathédrale Saint-Louis des Invalides le 5 décembre à 20h :

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22/11/2012 | Lien permanent

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