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02/03/2012

"Pour" ou "contre" Benoît XVI... avec de fausses raisons

 benoît xvi,catholiques,social

Duel biaisé entre deux idéologues à propos de la pensée sociale du pape :


 

Dans la revue Concilium, Johan Verstraeten (université de Louvain) re-déterre la même fausse querelle que naguère Le Monde diplomatique : il accuse la pensée sociale de Joseph Ratzinger - Benoît XVI d'avoir opéré un « virage en faveur du marché », et de négliger « les aspects structurels et institutionnels de la pauvreté et du sous-développement ».

De deux choses l'une : ou Verstraeten n'a pas étudié les textes, auquel cas il eût mieux fait de ne pas écrire. Ou il sait ce qu'il fait, et c'est de la désinformation.

On connaît la pensée du pape actuel au sujet du marché et des aspects structurels du sous-développement. Elle ne correspond pas à ce qu'en dit Verstraeten, et elle développe celle de Jean-Paul II et Paul VI que Benoît XVI cite abondamment. (En particulier Paul VI, son axe de référence dans Caritas in Veritate).

Verstraeten reproche au Compendium de la doctrine sociale de l'Eglise de ne pas condamner toute forme de marché et de concurrence (curieux grief). Et il en fait porter la responsabilité à Joseph Ratzinger, à cause de l'affaire des théologies de la libération en 1986... Faux et lassant lieu commun, misant sur le fait que personne n'a lu les textes de 1986, dans lesquels Ratzinger déclare légitime une théologie de la libération qui ne serait pas détournée par le marxisme ! Cette ignorance du public (même cultivé) laisse Verstraeten libre de prêter au pape actuel une thèse selon laquelle « l'éthique sociale catholique en ce qui concerne les questions économiques » devrait se réduire à « une matière d’actions individuelles ou intersubjectives », ce qui aboutirait à nier la nécessité de changer les « structures injustes » et d'agir pour une libération. Voilà la façon dont Verstraeten présente la pensée ratzingérienne en ce domaine !


 Le document Ratzinger réfute Verstraeten


Mais ouvrons le principal document Ratzinger de 1986, censé avoir voulu étouffer l'esprit de justice et de libération chez les catholiques. Il s'intitule : Instruction sur la liberté chrétienne et la libération.

Le chapitre V s'intitule La doctrine sociale de l'Eglise pour une praxis chrétienne de la libération.

Paragraphe 72 : « Experte en humanité, l'Eglise offre par sa doctrine sociale un ensemble de principes de réflexion et de critères de jugement et aussi de directives d'action pour que les changements en profondeur que réclament les situations de misère et d'injustice soient accomplis, et cela d'une manière qui serve le vrai bien des hommes. »

Paragraphe 74 : « Ces principes fondent des critères pour porter un jugement sur les situations, les structures et les systèmes sociaux. Ainsi l'Eglise n'hésite pas à dénoncer les situations de vie qui portent atteinte à la dignité et à la liberté de l'homme. Ces critères permettent aussi de juger la valeur des structures. Celles-ci sont l'ensemble des institutions et des pratiques que les hommes trouvent déjà existantes ou créent, au plan national et international, et qui orientent ou organisent la vie économique, sociale et politique. En soi nécessaires, elles tendent souvent à se figer et à se durcir en mécanismes relativement indépendants de la volonté humaine, paralysant par là ou pervertissant le développement social, et engendrant l'injustice. Cependant, elles relèvent toujours de la responsabilité de l'homme qui peut les modifier, et non d'un prétendu déterminisme de l'histoire... »1

Le paragraphe 75 dément, de plein fouet, l'opinion de Verstraeten sur Joseph Ratzinger. Ce paragraphe dit en effet : «La priorité reconnue à la liberté et à la conversion du coeur n'élimine nullement la nécessité d'un changement des structures injustes. Il est donc pleinement légitime que ceux qui souffrent de l'oppression de la part des détenteurs de la richesse ou du pouvoir politique agissent, par des moyens moralement licites, pour obtenir des structures et des institutions dans lesquelles leurs droits soient vraiment respectés. »

Le paragraphe 76 met en garde contre « le recours systématique à la violence », mais il souligne : « On condamnera avec la même vigueur la violence exercée par les possédants contre les pauvres, l'arbitraire policier, ainsi que toute violence établie en système de gouvernement. » Joseph Ratzinger condamne aussi la démocratie formelle : « On ne peut admettre la coupable passivité des pouvoirs publics dans des démocraties où la situation sociale d'un grand nombre d'hommes et de femmes est loin de correspondre à ce qu'exigent les droits individuels et sociaux constitutionnellement garantis. »

Le paragraphe 79 envisage même (en s'appuyant sur Paul VI 2) le cas de la lutte armée légitime : « Ces principes doivent être spécialement appliqués dans le cas extrême du recours à la lutte armée, indiquée par le Magistère comme ''l'ultime remède pour mettre fin à une tyrannie évidente et prolongée qui porterait gravement atteinte aux droits fondamentaux de la personne et nuirait dangereusement au bien commun d'un pays''. Toutefois, l'application concrète de ce moyen ne peut être envisagée qu'après une analyse très rigoureuse de la situation. En effet, à cause du développement continuel des techniques employées et de la croissante gravité des dangers impliqués dans le recours à la violence, ce qu'on appelle aujourd'hui la ''résistance passive'' ouvre une voie plus conforme aux principes moraux et non moins prometteuse de succès. »

Le paragraphe 81 déclare : « Un défi sans précédent est aujourd'hui lancé aux chrétiens qui oeuvrent à réaliser cette civilisation de l'amour qui condense tout l'héritage éthico-culturel de l'Evangile... La fin directe de cette réflexion en profondeur est l'élaboration et la mise en route de programmes d'action audacieux en vue de la libération socio-économique de millions d'hommes et de femmes dont la situation d'oppression économique, sociale et politique est intolérable... »

Le paragraphe 85 réfute Verstraeten quand celui-ci dit que Ratzinger minimise le rôle de l'Etat : « Tout homme a un droit au travail, lequel doit être pratiquement reconnu par un engagement effectif en vue de résoudre le dramatique problème du chômage. Le fait que celui-ci maintienne dans une situation de marginalisation de larges portions de la population et notamment de la jeunesse, est intolérable. C'est pourquoi la création de postes de travail est une tâche sociale primordiale qui s'impose aux individus et à l'initiative privée, mais également à l'Etat. En règle générale, ici comme ailleurs, ce dernier a une fonction subsidiaire ; mais souvent il peut être appelé à intervenir directement comme dans le cas d'accords internationaux entre divers Etats... »

 Dans l'encyclique sociale Caritas in Veritate, Benoît XVI souligne le rôle de l'Etat en matière de politique sociale. Verstraeten est obligé de le reconnaître. Allors que reproche-t-il au pape ? De mentionner plusieurs fois le principe de subsidiarité... Or la subsidiarité, « principe de précaution » sociétal (un des piliers de la doctrine sociale de l'Eglise), ne fait que prôner un équilibre entre la puissance publique et l'initiative privée ; c'est loin de suffire à tout éclairer, mais c'est une protection – théorique - contre la « statolâtrie » des régimes totalitaires. Rejeter la subsidiarité (comme semble le faire le professeur de Louvain) est donc un symptôme inquiétant...

A moins, bien sûr, que Verstraeten ne prenne le principe de subsidiarité pour la caricature qu'en donnent les catholiques libéraux : l'autre versant de l'erreur, le côté tribord de la nef des fous.


 L'idée fausse du Pr Ceccanti


Sénateur du Parti démocrate, enseignant de droit public à l'université romaine La Sapienza, ancien président de l'association des étudiants catholiques italiens, auteur notamment de l'essai  Au catholique perplexe, le Pr Stefano Ceccanti répond (de Rome) à l'article de Verstraeten dans Concilium.

Qu'est-ce qui irrite Ceccanti chez Verstraeten ? Le fait que celui-ci hypertrophie le rôle de l'Etat, à la manière des idéologues de gauche des années 1980... Le professeur de La Sapienza, quant à lui, paraît confondre le principe de subsidiarité avec le dogme anti-Etat des idéologues libéraux.

Qu'est-ce qui ferait plaisir à Ceccanti ? Que nous fassions tous, dit-il, « une lecture dynamique du processus de différenciation sociale actuellement en cours, qui perçoit la politique comme une sphère sociale parmi d’autres, sans primautés ni hiérarchies, sur le même plan que l'économie. » Or ceci n'est rien d'autre que l'idéologie libérale des années 1990 ; Ceccanti ne manque d'ailleurs pas de faire la référence rituelle à « la chute du Mur »3, lieu commun libéral qui n'a plus rien à voir avec les réalités d'aujourd'hui.

Ceccanti contre Verstraeten, c'est 1990 contre 1980. Or nous sommes en 2012. Il y a donc un malaise. D'autant que Ceccanti prête à Benoît XVI son propre état d'esprit (le libéralisme modèle 1990) et l'en félicite : «  le magistère a tenu compte de cette leçon... » (la chute du Mur, la fin de l'Etat, la société de marché etc !). Ceccanti entre ainsi dans le jeu de Verstraeten, qui ne dit pas autre chose de Benoît XVI mais pour l'en blâmer.

Ils ont tort tous les deux : pour s'en rendre compte il n'y a qu'à lire Ratzinger-Benoît XVI.

Mais si Verstraeten a tort de rester figé dans le culte de l'Etat, il a raison (et les autres collaborateurs de ce numéro de Concilium avec lui) de désigner le terrain économique comme crucial pour l'Eglise aujourd'hui.

Benoît XVI en fait autant, lorsqu'il appelle les gouvernements à reprendre leurs responsabilités envers la finance et l'économie dans la crise mondiale : appels pontificaux qu'aucun « spécialiste » ne devrait feindre d'ignorer ! Verstraeten commet pourtant cette faute. Ceccanti aussi, en sens inverse. C'est attristant pour l'intelligence.

 

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1 . Donc la société de marché n'est pas la « fin de l'histoire » (thèse de Fukuyama, 1989).

2.  Encyclique Populorum Progressio, 1967.

3. « Les opinions de Verstraeten et de ceux qui pensent comme lui apparaissent comme théologiquement marquées par un "conservatisme de gauche" qui n’a pas encore tenu compte de la chute du Mur de Berlin et de sa leçon antimonarchique, contre la prédominance de l’État et de la politique. » Cette phrase (d'une platitude consternante) ne peut servir à rien en 2012.

 

 

Commentaires

LA SUBSIDIARITE

> En fait, toute cette polémique tourne autour d'un simple mot : la subsidiarité ! Le refuser, ou en méconnaître le sens exact, conduit à dénaturer la doctrine sociale de l'Eglise dans son intégralité.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 02/03/2012

ARTISANS

> Cher PP, merci pour ces explications lumineuses. Les artisans de la pseudo-arrière cuisine romaine vont mordre la poussière !
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Écrit par : Pierre Jovanovic / | 02/03/2012

LES DEUX PIÈGES

> CQFD. Bravo Patrice. Je suis très impressionné par cette note qui :
- Rétablit la vérité sur la pensée Ratzinger, et plus encore sur la cohérence de l’ensemble du magistère social le plus récent.
- Déjoue un double piège : celui tendu par Vertstraeten et celui plus subtilement posé par Ceccanti.
Car le risque est grand de se laisser abuser : le papier de Ceccanti étant une supposée réfutation de Verstraeten, on pourrait avoir tendance à y adhérer "instinctivement". Or, il recèle un opportunisme de captation-déformation de la pensée de Ratzinger au profit de sa propre pensée.
Quant à Verstraeten, ça sent la revanche de l’affaire de la théologie de la libération. Contrairement à ce qui est dit couramment le cardinal Ratzinger ne l’a pas « cassée brutalement », il l’a exorcisée de ce qui, en elle, était « intrinsèquement pervers » (comme disait Pie XI), notamment cet effarant « matérialisme historique » et cette effrayante « lutte des classes » qui ont répandu tant de sang et d’oppression en ce siècle terrible qui nous a vus naître. Que des intellectuels pensent encore que cette dialectique performative d’oppression et de violence puisse libérer quiconque de quelque servitude, c’est confondant. Et que l’on puisse tenter de faire croire – comme Ceccanti - que le seul modèle subsistant suite à l’effondrement de l’enfer marxiste soit un processus « qui perçoit la politique comme une sphère sociale parmi d’autres, sans primautés ni hiérarchies, sur le même plan que l'économie », cela aussi est « intrinsèquement pervers ». Sans hiérarchie, il n’y a pas d’ordre, sans ordre, il n’y a ni bien commun ni protection du faible. Jamais le Prince ne doit accepter d’être un acteur social parmi d’autres, aligné sur un plan horizontal, jamais le Prince ne doit laisser quiconque devenir plus puissant que lui. Il est le sommet d’une pyramide subsidiaire, là où se joue, en dernier ressort, le sort du bien commun. C’est pour cela qu’il exerce le monopole de la coercition. Mais jamais le Prince ne doit attenter à l’équilibre de la subsidiarité, sinon il détruit sa propre autorité. Une société sans une autorité fondée sur un haut principe de civilisation, c’est une société qui ouvre la porte de la bergerie aux loups, qui laisse le renard libre dans le poulailler libre.
NB : Et un mot sur cette affaire de charité qui incommode Verstraeten : il nous rejoue la guerre des mots des années 60/70 : justice contre charité, charité contre justice. Cette époque où Mgr Rodhain, fondateur du Secours Catholique, osait défendre la charité, envers et contre tout, en l’articulant avec la justice : « Et même si à ces hommes on leur procure ce qui est dû en justice, votre cœur veut aller au-delà et donner plus encore. C’est un cœur animé par une vertu. Cette vertu a un nom précis : la charité. Le mot vous faire peur : vous n’avez pas peur d’une souris et vous avez peur d’un mot. » (Rodhain dans 'Messages' de… mai 1968).
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 02/03/2012

NE PAS CONFONDRE

> Ne pas confondre en effet la "statophobie" (négation du rôle légitime de l'Etat) et la subsidiarité. Cette confusion est entretenue par les libéraux en milieu catho. Ils ne parlent de l'Etat que pour cracher dessus comme si tout Etat était totalitaire ("être pour l'Etat c'est être marxiste"). Ils tournent le dos au magistère catholique qui dit tout à fait autre chose : rôle irremplaçable de l'Etat dans son ordre qui est notamment de faire prévaloir le bien commun sur les intérêts particuliers. Nier cela c'est rejeter toute la pensée politique depuis Aristote. Vous me direz : on n'a pas besoin d'Aristote ni de Thomas d'Aquin puisqu'on a Jean-Yves Naudet...
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Écrit par : bonaventure / | 03/03/2012

à Bonaventure

> Oui, la subsidiarité est AUSSI une protection contre l'invasion du domaine public par les intérêts privés, et c'est dit clairement par le Magistère. Il faut le dire nous aussi, ici en France, parce que ce n'est jamais dit: on n'invoque la subsidiarité que contre l'Etat, jamais contre les multinationales qui sont bien plus puissantes que l'Etat.
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Écrit par : Philippe Ozier / | 03/03/2012

JUGEMENT LIBRE

> Merci à vous Patrice, et également Guillaume de P. pour ce complément. Les pièges que l'on nous tend apparaissent dans leur grossièreté quand on a su jeter sur eux la lumière d'un jugement libre enraciné dans la pensée historique et la sagesse toujours actuelle de l'Eglise.
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Écrit par : FX Huard / | 03/03/2012

PAUL VI DENONCAIT CES DEUX ERREURS SYMETRIQUES

Dans sa 'Lettre au cardinal Villot', Paul VI dénonçait avec fermeté les erreurs symétriques de Verstraeten et de Ceccanti :
« Le concile Vatican II, en notant la prolifération des associations et institutions, a voulu y voir les "nombreux avantages qui permettent d'affermir et d'accroître les qualités de la personne et de garantir ses droits" (Gaudium et Spes, 25, § 2). Il ne s'agit pas pour autant d'une prolifération anarchique; ces institutions ne constituent un progrès réel que si elles s'ouvrent au dialogue, au respect des compétences et à la hiérarchie des fins. Une certaine autonomie, une vraie responsabilité, dans le secteur qui leur est propre, doivent leur être assurées, selon le principe toujours valable de la subsidiarité que bien des Etats modernes ou des instances majeures ont malheureusement tendance à enfreindre, en voulant tout assumer par eux-mêmes. A l'inverse, aucune institution ne peut oublier non plus qu'elle inclut son service dans un bien commun plus vaste. "Plus le monde s'unifie et plus il est manifeste que les obligations de l'homme dépassent les groupes particuliers pour s'étendre peu à peu à l'univers entier" (Gaudium et Spes, 30, § 2). Que de difficultés viennent de ce que la solidarité n'est encore conçue et vécue qu'à l'intérieur d'une institution restreinte, sans efforts suffisants de compréhension et d'harmonie avec les intérêts des autres personnes ou institutions! »
La subsidiarité telle que l'entend l'Eglise est incompatible avec les doctrines étatistes et libérales (qui partagent un même présupposé individualiste). « Ni Lénine ni Friedman », pourrait-on dire.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 03/03/2012

DIRECTEMENT

> Ces messieurs je crois signent l'arrêt de mort de l'autorité des intellectuels "officiels", c'est-à-dire auto-proclamés en vertu de leurs titres dans le grand monde. Personnellement si je vous écoute cher PP (et comme votre analyse tout spécialement ici me semble pertinente, inspirée même) ce n'est pas parce que vous êtes passé par le fig mag, ni même par Paray, mais bien parce que ce que vous écrivez entre en résonance profonde, au-delà de nos différences de sensibilité ou autre, avec le dialogue intérieur qui se remémore et interroge ma vie et mes lectures, à commencer par celles que nous offre notre mère l'Eglise. Oui le temps est révolu, vanitas vanitatis!, où il fallait s'en remettre à des pontes pour avoir accès au commentaire du commentaire de ce qu'aurait voulu dire le pape s'il avait été pleinement libre, et mieux informé, et moins polonais, et j'en passe: nous nobles ignares aujourd'hui buvons directement à la source, parce qu'on avait trop soif!, et mon Dieu que c'est autrement vivifiant que leurs circonlocutions de tristes scolastiques.
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Écrit par : Anne Josnin / | 03/03/2012

LE POLITIQUE

> Le terrain économique est crucial, oui, mais la "toute puissance" de l'économie et de la finance est déchainée au sens propre, déliée de ses chaines, de ses limites, parce que le politique s'est dessaisi de ses prérogatives à leurs profit. On ne peut donc résoudre nombre des monstrueux problèmes actuels qu'en redonnant sa place au politique, sans l'hypertrophier non plus.
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Écrit par : Pierre Huet / | 03/03/2012

LES DEUX CONFUSIONS

> Merci, c'est un bel article. Espérons qu'il puisse atteindre les personnes concernées par ces deux confusions opposées et symétriques.
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Écrit par : Jean-Baptiste Bourgoin / | 05/03/2012

NAUDET

> Bien entendu Naudet a volé au secours de Ceccanti. Il y a encore du boulot pour balayer la fausse monnaie.
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Écrit par : bernard gui / | 05/03/2012

DIFFICILE DE COMPRENDRE CES REPROCHES

> Difficile, très difficile de comprendre les reproches adressés au pape.
Lui-même avait déjà souligné que la subsidiarité est inséparable de deux autres concepts : la solidarité et le bien commun. Le cardinal Angelo Sodano a tenu le même discours à l’ouverture des conférences de carême de Notre-Dame de Paris.
« De quelle manière la solidarité et la subsidiarité peuvent-elles œuvrer ensemble dans la recherche du bien commun dans un monde respectant non seulement la dignité humaine, mais lui permettant également de prospérer? Tel est le cœur du problème qui vous intéresse. Comme vos débats préliminaires l'ont déjà révélé, une réponse satisfaisante ne pourra apparaître qu'après un examen attentif de la signification des termes (cf. Compendium de la doctrine sociale de l'Eglise, chapitre 4). La dignité humaine est la valeur intrinsèque d'une personne créée à l'image et à la ressemblance de Dieu et rachetée par le Christ. L'ensemble des conditions sociales qui permettent aux personnes de se réaliser collectivement et individuellement, est le bien commun. La solidarité est la vertu qui permet à la famille humaine de partager en plénitude le trésor des biens matériels et spirituels et la subsidiarité est la coordination des activités de la société qui soutient la vie interne des communautés locales. » ("Aux participants à l’assemblée plénière de l’Académie pontificale des sciences sociales", 3 mai 2008)
« Dignité de la personne humaine », « bien commun », « subsidiarité » et « solidarité » sont pour Benoît XVI « quatre principes fondamentaux de la doctrine sociale catholique ». Supprimer ou déconnecter une de ces « réalités fondamentales » de leur ensemble, conduit inéluctablement à dénaturer l’enseignement de l’Eglise sur les questions sociales. Et de fait, la subsidiarité est inséparable du bien commun.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 06/03/2012

LA "DEFENSE" AUSSI

> La "défense" aussi (de Benoit XVI par Ceccanti) est difficile à comprendre, voire odieuse : prêter au pape des idées qui ne sont pas les siennes et l'en applaudir !
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Écrit par : michèle / | 06/03/2012

CAVANAUGH VA NOUS AIDER À DEGAGER LE PRINCIPE DE SUBSIDIARITE DE SES INTERPRETATIONS LIBERALES

> En 2010 le théologien William Cavanaugh expliquait que son prochain livre « explorera tout particulièrement les formes d’autorité répartie qui sont micropolitiques, lesquelles constituent une longue tradition, pourtant négligée, dans la pensée catholique. » Il veut ainsi répondre « à l’appel récent que Benoît XVI a lancé en faveur d’une "autorité politique répartie" dans 'Caritas in Veritate' (n°41) ». Je suis convaincu que son travail en cours va nous aider à dégager le principe de subsidiarité de ses interprétations libérales.
Nous devrions profiter de son passage à Paris, et de la soirée qui aura lieu mercredi 21 mars à la Procure, pour l'interroger à ce sujet.
http://www.laprocure.com/evenements/soiree-procure/william-cavanaugh-378.html

BJL


[ De PP à BJL - En effet. Soyons-y nombreux ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 07/03/2012

CAVANAUGH ET LA DECROISSANCE

> Je saisis la référence faite par Blaise à Cavanaugh pour partager avec vous ce qu’il a dit dans le dernier Famille chrétienne, et notamment ceci, qui m’a frappé :
Question : « La décroissance est parfois présentée comme une alternative valable. Des chrétiens peuvent-ils s’y retrouver ? »
Réponse : « Oui, mais pas complètement. L’attitude chrétienne de base voit le monde créé comme bon. L’ascèse, que l’on pratique pendant le carême par exemple, est un entraînement qui n’est certainement pas un rejet de quelque chose de mauvais : après tout, le monde a été créé par Dieu, et il faut le recevoir avec gratitude et responsabilité. Mais c’est une attitude de discipline de soi en vue d’un plus grand bien. Les choses de ce monde sont magnifiques et on doit les utiliser. Mais la fin pour laquelle elles sont créées se situe hors du monde et ne doit pas être perdue de vue.
L’attitude ultime est celle du sermon sur la montagne où le Christ dit de ne pas s’inquiéter pour les choses de ce monde car le Père pourvoit. La frugalité s’inscrit malgré tout dans une espèce de crainte qu’il n’y en aura pas pour tout le monde. Mais ce n’est pas vrai : il y en aura pour tout le monde – et il y en aura même plus. Regardez la multiplication des pains.
La confiance chrétienne en l’amour du Père ne se traduit pas par la frugalité, mais par le partage sans crainte de manquer, et par l’exercice de la justice. Ce n’est pas la même chose. L’économie est la science des ressources rares. Mais Dieu est le Dieu de la vie en abondance. »
Moi qui suis travaillé par ces notions de sobriété, de frugalité et d’ascèse, je me demande si Cavanaugh ne nous propose pas ici à la fois un juste milieu (éviter les perceptions maximalistes de la sobriété) et une juste perspective, évitant l’écueil d’une vision uniquement naturaliste pour promouvoir une vision de responsabilité humaine confiante (il y en aura pour tout le monde si nous sommes justes), fécondée par la foi surnaturelle.
Je précise que cet extrait doit être compris dans le contexte d’ensemble de l’interview, qui est une analyse particulièrement impressionnante des mécanismes du consumérisme déshumanisant. Nul ne peut donc le récupérer comme une ode au consumérisme gaspilleur… Il ne veut certainement pas nous dire : « Gaspillez sans inquiétude, Dieu pourvoira comme pour les pains et les poissons ! »

GP


[ De PP à GP - Je pense que Cavanaugh est confus sur ce sujet. Croire que la décroissance juge le monde mauvais, c'est digne de Bruckner !
Méfions-nous aussi du grief de "naturalisme" trop souvent détourné de son sens : si nous tournons le dos aux non-croyants, nous privons la DSE de son sens. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Guillaume de Prémare / | 07/03/2012

Cher Guillaume,

> dans la décroissance, il ne s'agit pas de prôner l'ascèse total ou la privation. Il s'agit de se contenter de vivre avec le juste nécessaire, de balayer le superflu que l'on nous vend comme vital. C'est le même problème avec le mot développement. on oppose toujours la critique du modèle matérialiste-mercantile, de l'idéal de la croissance infinie au développement des pays pauvres. Mais, pour les pays pauvres, il ne s'agit pas du tout de développement mais de justice. Ils ont le droit de vivre (donc écoles, santés, alimentation etc.). Comparer ces droits vitaux au développement des pays riches ultra-consommateurs, et donc à ce mythe de la croissance infinie,est hypocrite et indécent, voire insultant. Est-ce que posséder le dernier i-machin-truc est une question de développement? De même, se priver de ce dernier gadget pour que l’énergie et le travail qu'il demande soit investi dans l'agriculture des pays pauvres, est-ce de l'ascèse?
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Écrit par : VF / | 08/03/2012

LE PROBLÈME DE VOCABULAIRE

> La "décroissance " est un "mot-bombe" qui a son utilité, mais c'est aussi un "mot-piège", qui est parfois ambigu quant à ce sur quoi porte la "décroissance": en réalité, la croissance désordonnée - tumorale - d'une économie productiviste constituant à elle même sa propre fin, et cannibalisant tous les autres aspect de la vie en société et de la vie tout court, vie sociale dans laquelle "l'économie" devrait être radicalement "encastrée".
C'est pourquoi, à "décroissance", certains préfèrent le mot "objection de croissance". Mais même avec cette dernière formulation, ce qui reste gênant est que nous restons d'une certaine manière "prisonniers" du langage productiviste, même en en prenant le strict contre-pied...
C'est pourquoi il est peut-être fondamental de rappeler avant toute chose un discours foncièrement "positif", rappeler que ce qui est primordial, l'objectif, c'est une "croissance authentique" de tout l'homme et de tout homme, un développement intégral de tout être et de tout l'être.
Et c'est précisément en raison de son caractère fondamentalement désordonné et "cannibale", parce qu'elle empêche et atrophie, détruit tant de dimensions de notre vie personnelle et de la vie sociale (spirituelle, culturelle, intellectuelle, etc.) que la "croissance du PIB" qui oriente et informe toute la société libérale, doit être foncièrement rejetée.
A ce propos, la lettre de Jean Bastaire aux "chrétiens indignés" est particulièrement éclairante, en ce qu'elle précise les termes du débat par rapport un "discours décroissant courant", qui reste souvent ambigu pour des lecteurs moins informés à propos de son "environnement conceptuel" nécessaire, notamment pour des chrétiens :
"Attention pourtant à ne pas tomber dans le piège d’une opposition « croissance-décroissance ». Opposition factuelle évidente bien que trompeuse, car elle ne touche pas à la racine du mal. Je pense que l’homme et la nature sont fait pour croître et se multiplier. La création est une histoire dont l’homme a la gérance. Mais cette histoire peut déraper, prendre une mauvaise voie jusqu’à devenir une contre-croissance qui détruit ce qu’elle développe. Nous y sommes. II faut revenir en arrière, redresser le cap.
II faut surtout revenir à l’inspiration première du Créateur en ressaisissant le sens de notre vocation. Nous sommes fait pour créer avec Lui et par Lui, pour consommer dans le premier sens du terme, saint et non diabolique : épanouir, accomplir et non dévorer, anéantir.
Voila la racine du mal et le changement drastique, la conversion radicale à quoi nous appelle leCchrist. II ne s’agit pas d’être pour ou contre la croissance, mais de la réaliser d’une manière sainte, biblique, évangélique et non à la manière de satan.
Le consumérisme est le grand péché du siècle. Comme un cancer, il a envahi tous les domaines. En même temps qu’il gave et comble, il étouffe et pourrit. La sobriété en est le grand remède, nullement dans le sens quantitatif d’une diminution, d’une restriction permanente, indispensable seulement comme diète préalable permettant de rétablir la santé. La sobriété vise un objectif beaucoup plus fondamental : un retournement intérieur de l’être, une autre attitude de vie."

JW


[ De PP à JW - Si l'on pouvait trouver un autre terme que "décroissance", la bataille d'idées en serait grandement facilitée. Eclaircie, en tout cas... Je n'approuve pas Jean Bastaire sur cette histoire de "croissance". On ne gagne rien à perpétuer le confusionnisme : la "croissance" métaphysique n'ayant rigoureusement rien à voir avec la "croissance" du PIB, pourquoi toujours réitérer cet amalgame ? A quoi cela mène-t-il, sinon à faire le jeu des Naudet ? ]

réponse au commentaire

Écrit par : J. Warren / | 08/03/2012

> Le lien vers la lettre de Jean Bastaire:
http://www.chretiensindignonsnous.org/2012/01/message-de-jean-bastaire-aux-chretiens-indignes/
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Écrit par : J. Warren / | 08/03/2012

@ PP

> Je crois que votre objection est juste, car il y a en effet un raccourci un peu facile. Mais ce n’est qu’une interview, pas un traité complet de la question. Et il faut resituer ce propos dans le cadre plus large de son analyse des ressorts actuels du consumérisme. L’idée que je trouve intéressante, c’est de nous appeler à ne pas vivre la sobriété dans la crainte de manquer ou uniquement par conscience de notre responsabilité (ce qui est nécessaire), mais dans une perspective plus large, confiante, reliée à notre espérance chrétienne.
C’est vrai que « si nous tournons le dos aux non-croyants, nous privons la DSE de son sens », et c’est toute la difficulté : nous devons faire partager des notions accessibles aux croyants comme aux non-croyants tout ayant une vision que n’ont pas les non-croyants : une espérance surnaturelle qui conduit à une vision surnaturelle de l’histoire des hommes, ancrée dans l’histoire du Salut. Nous avons un avantage déterminant, c’est que nous savons comment tout cela va finir (bien !) Le risque est, pour rejoindre les non-croyants, de présupposer, par manque de foi et/ou par respect humain, ce qu’ils ne pourraient pas comprendre. Nous pourrions alors de taire l’annonce de la bonne nouvelle du Salut et nous situer sur un terrain excessivement naturaliste. Nous n’agissons pas seulement parce que l’Evangile nous engage. Pour nous, l’Evangile n’est pas seulement un moteur, un déclencheur ou encore un guide, c’est l’objet même de notre annonce. Et ce que l’Evangile annonce, c’est l’universalité du Salut en JC fils de Dieu, mort et ressuscité pour nous sauver de la mort et du péché. Nous devons aussi annoncer cela aux non-croyants, y compris et surtout au cœur des interrogations angoissées de ce monde sur les conditions de sa survie. Ce que nous annonçons, c’est davantage que sa survie, davantage qu’une pérennité, bien davantage qu’un possible bonheur présent pour le monde, c’est son Salut. Et ce faisant, nous annonçons que ce monde - que nous voulons à bon droit (et devoir) préserver, rendre plus vivable et transmettre - est en train de passer. Cela me semble extraordinairement complexe à tenir. Je crois que la solution n’est pas d’abord intellectuelle, mais elle est profondément inscrite dans la vie intérieure.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 08/03/2012

@ PP

> Le langage de Bastaire peut en effet prêter à discussion. C'est toute l'ambigüité d'avoir un même mot pour exprimer des concepts totalement différents, antinomiques...Toute la DSE est traversée par des expressions comme "croissance intégrale, développement plénier", mais il tombe sous le sens que prétendre que cela recouvrirait la "croissance du PIB" en version néo-libérale constitue une grossière escroquerie intellectuelle.
Mais il me semble que quand Bastaire parle de croissance "à la manière de Satan" et du consumérisme comme: "le grand péché du siècle qui, comme un cancer, a envahi tous les domaines", il condamne implicitement, mais très clairement la "croissance" réduite à celle du PIB ?

JW


[ De PP à JW - Je n'ai pas de doute sur le fond de sa pensée, bien sûr. Mais il y a toujours ce vieux vocabulaire ambigu, qui détermine une zone de flou. Elle existe aussi dans l'article du cardinal Barbarin ('La Nef' de février). ]
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Écrit par : J. Warren / | 08/03/2012

A chacun:

> merci pour vos réflexions sur le mot 'croissance', qui forcent à creuser toujours davantage! Pour ma part j'essaie de vivre la décroissance comme un désencombrement: il s'agit de rouvrir des espaces de liberté par où la grâce peut enfin se déverser sur nous avec cette surabondance qui est la mesure de Dieu . Or la nature aussi est grâce: il faut donc aussi désencombrer la nature de tout ce qui l'étouffe pour qu'elle nous offre en surabondance ses bienfaits. Par décroisssance il faut donc entendre émondation, non pas selon les critères économiques et financiers de rentabilité, mais selon la sagesse naturelle, par exemple les bienfaits de la jachère comme de l'ennui dans l'éducation de nos enfants ou de la sieste pour tous: désencombrer pour laisser être.
C'est pourquoi Benoît XVI à la suite de Jean-Paul II parle d'un changement civilisationel: du primat de l'avoir (qui est d'abord du registre de l'inerte qu'on peut s'approprier, tenir en main, qui était au départ simple outil, moyen), au primat de l'être (qui est d'abord vie dont on peut jouir mais qui ne se possède pas, qui est d'abord finalité). Aujourd'hui nous assistons à une croissance exponentielle de l'inerte, sous forme de biens individuels (marchandises,actions, argent)dont les mouvements artificiels nous donnent l'illusion de la vie, et à une décroissance de la vie réelle, Bien Commun, dans la disparition d'espèces, la raréfaction des ressources naturelles, l'empoisonnement de l'ensemble des vivants,le ralentissement des mouvements humains (la vitesse de nos engins nous fait oublier que nous n'avons jamais aussi peu marché, la multiplication de nos écrans que nous n'avons jamais vécu aussi isolés, la technologie que nous n'avons jamais aussi peu fabriqué avec nos mains). L'image de ce jeune-homme de 23 ans qui appelle au secours via internet parce qu'il est en train de mourir dans son corps obèse est le symbole de notre monde: il faut que sa masse graisseuse qui l'emprisonne et l'étouffe décroisse pour que la vie reprenne le dessus. Parce que le corps n'est pas d'abord masse inerte, assemblage d'organes , mais mouvement, grâce, geste par lequel je donne et je reçois. Alors oui au désencombrement qui rouvre l'espace au jeu de la vie!
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Écrit par : Anne Josnin / | 08/03/2012

PAS LE TEMPS

> En effet, le vocabulaire traitant de doctrine sociale, économique et écologique est farci de mots ambigus, ce qui alimente les réticences ou les incompréhensions. Tout le monde n'a pas le temps de passer des soirées sur internet à creuser ce genre de question. En rentrant du travail, le (la) catholique moyen(ne) va généralement s'occuper de sa famille, surtout si elle est nombreuse.
Pour aggraver la confusion, la communication institutionnelle ou médiatique en faveur de l'écologie est elle aussi farcie, mais d'erreurs, d'à peu prés ou d'exemples non pertinents. (je peux donner des exemples saignants!)
C'est pourquoi il ne faut pas tirer à boulets rouges sur le public catho qui en reste pour l'instant au libéralisme.

PH


[ De PP à PH - Certes il ne faut pas tirer sur le public. Mais il faut tirer sur ceux qui le désinforment
en jouant sur sa méconnaissance des problèmes... et de la pensée de l'Eglise. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre Huet / | 08/03/2012

JOSEPH RATZINGER ET LES THEOLOGIES DE LA LIBERATION

> Le cardinal n'a pas dit que la théologie de la libération sans marxisme était possible et légitime. C'est une contradiction comme dire une violence sans force.... La théologie de la libération prône la violence et la lutte des classes. Aussi merci de changer de vocabulaire! Changer les structures sociales de péchés s'appelle autrement. Je regrette que vous utilisiez cette théologie en version soft qui laisse trans paraitre une violence du langage.Merci pour votre blog.


[ De PP à AP :
- Mais si, le cardinal le dit explicitement dans l' 'Instruction sur la liberté chrétienne et la libération" (1986) : chapitre V, "Pour une praxis chrétienne de la libération". Au § 71, il parle de "la dimension sotériologique de la libération", au § 75 il parle de "la nécessité d'un changement des structures injustes" et d'un "processus de libération" par rapport à ces structures, au § 76 il dénonce le "recours systématique à la violence" comme "voie nécessaire de la libération" (ce qui condamne l'idéologie de la violence mais pas la nécessité de la libération, bien au contraire). Au § 79 il évoque le cas-limite de la légitimité de "la lutte armée" dans les situations d'extrême oppression !
Et au § 98, en conclusion, le cardinal dit : "Ainsi une THEOLOGIE DE LA LIBERTE ET DE LA LIBERATION, comme écho fidèle au Magnificat de Marie conservée dans la mémoire de l'Eglise, CONSTITUE UNE EXIGENCE DE NOTRE TEMPS" - à condition que "les énergies de la religiosité populaire" ne soient pas "détournées" et vidées de leur sens par une idéologie du type Guevara (vieux problème des années 1980 qui ne correspond à rien en 2012).
Je ne vois donc pas le besoin de "changer de vocabulaire" : celui de Ratzinger-Benoît XVI me suffit amplement...
Merci néanmoins de cette occasion de débattre. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Albert Petit / | 10/03/2012

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