Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

02/03/2012

Catholicisme social 2012 : vers un "nouveau mode de vie"

Sr_Cecile_Renouard_DR_pt.jpg


Dans Paris Notre-Dame, l'hebdo du diocèse de Paris, Sr Cécile Renouard présente sa conférence de Carême du 4 mars (en la cathédrale). La pensée sociale catholique est en pleine germination :


 

<<  Sr Cécile Renouard – Je travaille sur des sujets qui rejoignent le thème de la conférence de dimanche. Dans le cadre du programme de recherche que je pilote à l’Essec, je me penche en effet sur nos modèles de production et de consommation et sur leurs effets dans les pays du Sud. Mon autre casquette – comme enseignante en Éthique sociale au Centre Sèvres – me conduit aussi à réfléchir à l’évolution du capitalisme. Enfin, comme membre d’une congrégation internationale, je me sens très concernée par ces questions ; et, clin d’œil de la Providence, c’est en entendant la parole du P. Lacordaire à Notre-Dame en 1836, que la fondatrice de ma congrégation s’est convertie lorsqu’elle avait 17 ans.

  PND – Quel message souhaitez-vous transmettre ?

 CR – Je partirai du constat qu’on ne peut étendre notre modèle économique et notre mode de vie à toute l’humanité. Des chercheurs canadiens ont montré qu’il faudrait l’équivalent de trois planètes pour répondre aux besoins de toute l’humanité si le monde entier consommait autant de ressources naturelles par habitant que chaque Européen. Il nous faut aujourd’hui trouver les moyens de favoriser le développement humain et social « de tout l’homme et de tous les hommes », comme le souligne le discours social de l’Eglise, mais sans suivre le modèle de croissance connu jusqu’aujourd’hui.Il en va des conditions d’existence des plus vulnérables et des générations futures. Il y a ici un vaste champ : pour mettre en œuvre des plans de transition écologique et énergétique – vers une économie “décarbonée” – et pour réduire les inégalités.

 PNDComment peut-on faire évoluer ce modèle ?

 CR – Il est d’abord nécessaire qu’il y ait une prise de conscience, à tous les niveaux,de la nécessité d’une telle réforme. Cela demande aussi une révolution mentale pour les plus riches et pour nous – consommateurs du Nord –, afin que nous transformions radicalement nos comportements prédateurs. Il y a aujourd’hui une contradiction entre la logique de court terme dans laquelle se situe l’entreprise – l’exigence de retours sur investissement rapides et élevés vis-à-vis des actionnaires – et la logique du long terme – la responsabilité sociale et sociétale – qu’il faudrait intégrer davantage. Quel modèle alternatif proposer ? Celui de la frugalité heureuse, de ce que j’appelle la « tempérance solidaire »,en valorisant la sobriété, en renforçant la solidarité, et en mettant la qualité de la relation au cœur du projet de développement, avec la devise suivante : « Moins de biens, plus de liens ».

 PNDY a-t-il un texte de l’Écriture qui peut être une source d’inspiration pour ce changement ?

 CR – Je pense au passage de l’Évangile de Luc sur Zachée. De la curiosité, du désir de ce dernier naît la rencontre avec Jésus. Le Christ ouvre alors un espace de dialogue et de réflexion qui permet à ce publicain collecteur d’impôts de changer – librement et joyeusement – de comportement et de rendre au quadruple les biens mal acquis. >>

 

Commentaires

ET LE DIACRE

> Dans la double page consacrée à cet entretien par 'Paris Notre-Dame', il faut lire aussi le témoignage de Jean-Pierre Chaussade, diacre auprès du groupe de travail des évêques 'Écologie et environnement' :
"« Le sujet de cette conférence est fondamental : nous vivons une crise écologique liée à la crise économique et financière. Les modes de vie des pays développés ont pour conséquences le changement de climat, l’épuisement des ressources et l’appauvrissement de la biodiversité. Cela nous amène à mener une vraie réflexion sur le sens de la vie, sur ce qui fait le bonheur dans notre manière de consommer, de produire, d’habiter… Cette réflexion, qui habite les pays industriels, ne doit pas se faire indépendamment du développement nécessaire des pays pauvres. L’Église est concernée par ces sujets, car ils sont inscrits dans la foi chrétienne, dans son histoire. La création nous est confiée par Dieu, nous en avons la responsabilité. Il y a une attente forte pour une parole d’Église sur le sujet."
______

Écrit par : pitou / | 02/03/2012

UN SIGNE FORT, MAIS...

> Cette conférence est un signe fort de changement. Mais le changement ne sera complet que lorsque les organisateurs de ce type de conférence cesseront d'accueillir aux côtés de personnalités audacieuses comme sœur Cécile Renouard des personnes qui occupent dans des multinationales des postes aussi importants qu'Emmanuel Faber. Je ne connais pas Emmanuel Faber ni son engagement, mais sa présence alors qu'il est vice-président du groupe Danone donne plutôt l'impression qu'il faut à tout prix envoyer les intérêts des grands groupes tenter la défense désespérée du libéralisme.
______

Écrit par : Mahaut / | 02/03/2012

DAVID CONTRE GOLIATH

> J'adhère au propos de la religieuse qui transmet l'enseignement de l'Eglise. Simplement j'ai l'impression que nous sommes enfermés dans des structures de péché qui gouvernent l'économie mondiale et qui noyautent les décisions politiques et de justice en affaiblissant de plus en plus la démocratie. Un chrétien peut et doit donner l'exemple dans son attitude personnelle mais c'est à nouveau la lutte de David contre Goliath sans espoir de gagner la bataille miraculeusement.
Par contre je suis convaincu que notre Eglise pourrait faire des gestes prophétiques qui lui permettraient de joindre l'action au discours, et qui relayés par une campagne de communication, appelleraient à la réflexion. En voilà une seule parmi tant d'autres: que se passerait-il si toutes les institutions catholiques françaises (diocèses, écoles, congrégations etc) fermaient leurs compte en banque pour les rouvrir dans une banque éthique et solidaire comme le Crédit Coopératif? Cela serait un beau témoignage même si nous devions au passage y perdre de l'argent...
______

Écrit par : Culat Robert / | 03/03/2012

A Robert Culat,

> d'accord avec vous mon Père! L'Eglise y perdrait de l'argent? Non non,elle élargirait plutôt la base de ses donateurs du culte: allez, je lance le pari!
______

Écrit par : Anne Josnin / | 03/03/2012

@ Mahaut

> L'interview récente d'Emmanuel Faber dans le Grand Témoin de Radio Notre Dame ne manquait pas d'intérêt. Bien sûr, elle avait ses limites mais j'ai été agréablement surpris.
______

Écrit par : Pierre Huet / | 03/03/2012

AGIR

> Le souhait de voir les "instances" donner l'exemple, pas plus que le constat aigu de notre petit nombre ne doivent nous dissuader d'agir, dans un cycle infernal d'oeuf-poule où tout le monde attend tout le monde. Tant de Français, pendant cette campagne, réclament des politiques une probité qu'ils n'ont aucune intention d'observer eux-mêmes !... N'attendons pas, faisons et témoignons, et l'échelon "du dessus" sera d'autant plus incité à faire de même. Bien sûr, le raisonnement peut être retourné, mais nous, nous sommes libres de faire ces premiers pas : "agis comme si tout dépendait de toi, prie comme si tout dépendait de Dieu". Les propositions que nous pourrons aussi faire auront davantage de poids si ceux qui les portent les vivent déjà eux-mêmes.
______

Écrit par : Phylloscopus / | 05/03/2012

LE MANUEL DE TRANSITION

> Depuis quelque temps, je cherchais des ouvrages qui creusent un peu davantage les modèles alternatifs qui prônent la sobriété heureuse. Mais alors avec un début de réponse concrète sur la manière dont pourrait se faire une transition du productivisme vers une économie décarbonée, de proximité, sobre mais prospère et heureuse. Jusqu'à maintenant, c'est le "Manuel de transition" de Rob Hopkins qui m'a paru vraiment convaincant. On y découvre les initiatives de transition et des exemples de villes et petites régions qui ont commencé à changer pas à pas les modes de vie. Liens: http://www.transitiontowntotnes.org/ (première ville dans le sud de l'Angleterre qui a expérimenté la transition. http://www.transitionfrance.fr/ (pour les initiatives en France). C'est très dynamique au Canada également. Allez voir, ça dépasse le cadre théorique et souvent très cérébral qui marque le débat français. Fondé sur le sens du concret ("hands-on"). C'est vraiment enthousiasmant.
______

Écrit par : Edgard Dupré / | 05/03/2012

Les commentaires sont fermés.