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Paris, Vendredi Saint 22 avril : à Notre-Dame pour vénérer les reliques de la Passion, et sur les Champs-Elysées pour le

jésus-christ,vendredi saint,pâques,christianisme,catholiques,oecuménismeavec les Parisiens des diverses confessions chrétiennes, le clergé de la capitale, les paroisses, les communautés nouvelles, les aumôneries lycéennes et étudiantes,  l'Ordre de Malte (Champs-Elysées),  l'Ordre du Saint Sépulcre de Jérusalem (Notre-Dame) :


 

 

Vénération des reliques de la Passion

à la cathédrale Notre-Dame de Paris

 

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<<  La vénération de ces reliques présentées aux fidèles aura lieu  ce Vendredi Saint de 10 h  à 17 h.  Par cette pratique, les croyants s’unissent à la contemplation du Mystère Pascal qui est à la source de la foi en tant qu’expression d’un amour sans limites du Christ envers les hommes et de sa solidarité avec leurs souffrances.

Les reliques de la Passion présentées à Notre-Dame de Paris sont constituées par un morceau de la Croix rapporté par sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin, un cloude la Passion, et la Sainte Couronne d’épines. Saint Jean rapporte que les soldats romains, dans la nuit du Jeudi au Vendredi Saint, se moquèrent du Christ et de sa Royauté en le coiffant d’une couronne garnie d’épines (Jean 19, 12). La couronne déposée à la cathédrale de Paris est un cercle de joncs réunis en faisceaux et retenus par des fils d’or. C’est sur ce cercle tressé, d’un diamètre de 21 centimètres, que se trouvaient les épines. Ces dernières ont été dispersées au cours des siècles par les dons effectués soit par les empereurs de Byzance, soit par les rois de France. On en compte 70, de même nature, qui s’en affirment originaires.L’allusion faite à la Couronne d’épines et aux instruments de la Passion du Christ pendant les premiers siècles est déjà mentionnée dans les récits de pèlerins se rendant à Jérusalem au IVe siècle. En 409, saint Paulin de Nole la mentionne parmi les reliques de la basilique du mont Sion à Jérusalem. En 570, Antoine le Martyr la trouve exposée à la vénération des fidèles dans la basilique de Sion. Vers 575, Cassiodore, dans son Commentaire du Psaume LXXV, s’écrie : À Jérusalem est la Colonne, là est la Couronne d’épines ! En 870, c’est encore à Jérusalem que Bernard le Moine la signalera. Entre les VIIe et Xe siècles, les reliques seront progressivement transférées à Constantinople dans la chapelle des empereurs byzantins, en particulier pour les mettre à l’abri de pillages semblables à ceux subis par le Saint Sépulcre, lors des invasions perses. En 1238, Byzance est gouvernée par Baudouin de Courtenay, un empereur latin. En grande difficulté financière, il décide de mettre les reliques en gage auprès de banquiers vénitiens pour en obtenir des crédits. Saint Louis, roi de France, intervient alors et dédommage les Vénitiens. Le 10 août 1239, le roi suivi d’un brillant cortège, accueille les reliques à Villeneuve-l’Archevêque. Le 19 août, la procession arrive à Paris ; le roi délaisse alors ses atours royaux, endosse une simple tunique et, pieds nus, aidé de son frère, porte la Sainte Couronne jusqu’à Notre-Dame avant de déposer l’ensemble des reliques dans la chapelle du palais. Pour les conserver, il édifie un reliquaire à leur mesure : la Sainte Chapelle.

Durant la Révolution française, les reliques seront déposées à la Bibliothèque Nationale. En 1801, elles seront remises à l’archevêque de Paris qui les affectera en 1806 au trésor de la Cathédrale où elles se trouvent toujours aujourd’hui. Depuis lors, ces reliques sont confiées aux chanoines du Chapitre de la Basilique Métropolitaine chargés de leurs vénérations, et placées sous la garde statutaire des chevaliers du Saint-Sépulcre de Jérusalem.

L’année 2007 aura mis ces précieuses reliques au centre des relations œcuméniques entre catholiques et orthodoxes : Sa Sainteté Bartholoméos Ier, patriarche œcuménique et archevêque de Constantinople puis Sa Sainteté le Patriarche Alexis II de Moscou et de toutes les Russies sont venus tour à tour vénérer les reliques.  >>

 

 

Chemin de la Croix du Vendredi Saint 

 

L’Eglise invite à suivre le Christ pas à pas dans le dur combat qu’il a accepté de subir pour nous racheter de nos péchés. Le Vendredi Saint est un jour de deuil, le plus grand qui soit : le Christ entre dans la mort. Cette mort répondait aux desseins de Dieu sur le salut du monde. Elle fut acceptée par le Christ pour notre Rédemption. En cet anniversaire douloureux, les édifices religieux ont un aspect de complet dénuement... Le Vendredi Saint est aussi et surtout un jour de victoire. En mourant sur la croix et en ressuscitant le jour de Pâques, Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai Homme, brise les liens de la mort, conséquence du péché. Par là, il rachète l’humanité en lui ouvrant le bonheur éternel. Aussi l’Eglise présente-t-elle la croix à notre vénération. La liturgie proclame : « Voici le bois de la croix, qui a porté le salut du monde ». >>

 

Aux Champs-Elysées :

 12h00 : Rassemblement des fidèles et accueil par le Père Michel Esposito. (Rond-Point des Champs-Elysées, métro: Franklin-Roosevelt).

Prédication par Mgr Bernard Podvin, porte-parole des évêques de France.

12h30 : départ de la procession (avenue Montaigne, place de l’Alma, avenue Marceau jusqu’à l’église St-Pierre de Chaillot située après le carrefour avec l’avenue Pierre 1er de Serbie).

14h00 : arrivée à l’église

14h30 : vénération de la Croix.

 

 

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22/04/2011 | Lien permanent

L'entrée royale de Jésus dans Jérusalem : ”Comme un phare lumineux de notre vie”

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Le sens christique du dimanche des Rameaux et de la Passion, développé dans l'homélie du pape François du 24 mars 2013 : 

<< Jésus entre à Jérusalem. La foule des disciples l’accompagne en fête, les manteaux sont étendus devant lui, on parle des prodiges qu’il a accomplis, un cri de louange s’élève : « Béni soit celui qui vient, lui, notre roi, au nom du Seigneur. Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux ! » (Lc, 19, 38).

Foule, fête, louange, bénédiction, paix : c’est un climat de joie que l’on respire. Jésus a réveillé dans le cœur tant d’espérances surtout chez les gens humbles, simples, pauvres, oubliés, ceux qui ne comptent pas aux yeux du monde. Lui a su comprendre les misères humaines, il a montré le visage de miséricorde de Dieu, il s’est baissé pour guérir le corps et l’âme. Ça, c’est Jésus. Ça, c’est son cœur qui nous regarde tous, qui regarde nos maladies, nos péchés. L’amour de Jésus est grand. Et ainsi il entre dans Jérusalem avec cet amour, et nous regarde tous. C’est une belle scène : pleine de lumière – la lumière de l’amour de Jésus, celui de son cœur –, de joie, de fête.

Au commencement de la Messe nous l’avons répété nous aussi. Nous avons agité nos palmes, nos rameaux d’olivier. Nous aussi nous avons accueilli Jésus ; nous aussi nous avons exprimé notre joie de l’accompagner, de le savoir proche, présent en nous et au milieu de nous, comme un ami, comme un frère, aussi comme un roi, c’est-à-dire comme un phare lumineux de notre vie. Jésus est Dieu, mais il s’est abaissé pour marcher avec nous. Il est notre ami, notre frère. En cela il illumine notre marche. Et ainsi nous l’avons accueilli aujourd’hui.

Et c’est la première parole que je voudrais vous dire : joie ! Ne soyez jamais des hommes et des femmes tristes : un chrétien ne peut jamais l’être ! Ne vous laissez jamais prendre par le découragement ! Notre joie n’est pas une joie qui naît du fait de posséder de nombreuses choses, mais elle naît du fait d’avoir rencontré une Personne : Jésus, qui est parmi nous ; elle naît du fait de savoir qu’avec lui nous ne sommes jamais seuls, même dans les moments difficiles, même quand le chemin de la vie se heurte à des problèmes et à des obstacles qui semblent insurmontables, et il y en a tant ! Et à ce moment-là vient l’ennemi, vient le diable, si souvent déguisé en ange, et insidieusement il nous dit sa parole. Ne l’écoutez pas ! Suivons Jésus ! Nous accompagnons, nous suivons Jésus, mais surtout nous savons que lui nous accompagne et nous met sur ses épaules : ici se trouve notre joie, l’espérance que nous devons porter dans notre monde. Et s’il vous plaît ! ne vous laissez pas voler l’espérance ! Ne vous laissez pas voler l’espérance ! Celle que Jésus nous donne.

Pourquoi Jésus entre-t-il à Jérusalem, ou peut-être mieux : comment Jésus entre-t-il à Jérusalem ? La foule l’acclame comme roi. Et lui ne s’oppose pas, il ne la fait pas taire (cf. Lc 19, 39-40). Mais quel type de roi est Jésus ? Regardons-le : il monte un petit âne, il n’a pas une cour qui le suit, il n’est pas entouré d’une armée symbole de force. Ceux qui l’accompagnent ce sont des gens humbles, simples, qui ont la capacité de voir en Jésus quelque chose de plus. Ils ont le sens de la foi qui dit : « c’est le Sauveur ».

Jésus n’entre pas dans la Ville sainte pour recevoir les honneurs réservés aux rois terrestres, à qui a le pouvoir, à qui domine ; il entre pour être flagellé, insulté et outragé, comme l’annonce Isaïe dans la première Lecture (cf. Is 50, 6) ; il entre pour recevoir une couronne d’épines, un bâton, un manteau de pourpre, sa royauté sera objet de dérision ; il entre pour monter au Calvaire chargé d’un bois. Et alors voici la deuxième parole : Croix. Jésus entre à Jérusalem pour mourir sur la Croix. Et c’est justement ici que resplendit son être de Roi selon Dieu : son trône royal est le bois de la Croix ! Je pense à ce que Benoît XVI disait aux cardinaux : vous êtes des princes, mais d’un Roi crucifié. Le bois de la croix est le trône de Jésus. Parce Jésus prend sur lui le mal, la saleté, le péché du monde, et aussi notre péché, de nous tous, et il le lave, il le lave avec son sang, avec la miséricorde, avec l’amour de Dieu.

Regardons autour de nous : combien de blessures le mal inflige-t-il à l’humanité ! Guerres, violences, conflits économiques qui frappent celui qui est plus faible, soif d’argent, que personne ne peut emporter avec soi, on doit le laisser. Ma grand-mère nous disait à nous enfants : le linceul n’a pas de poches. Amour de l’argent, pouvoir, corruption, divisions, crimes contre la vie humaine et contre la création ! Et aussi – chacun de nous le sait et le reconnaît – nos péchés personnels : les manques d’amour et de respect envers Dieu, envers le prochain et envers la création tout entière. Et sur la croix Jésus sent tout le poids du mal et avec la force de l’amour de Dieu le vainc, le défait dans sa résurrection. C’est le bien que Jésus fait à nous tous sur le trône de la Croix. La croix du Christ embrassée avec amour ne porte pas à la tristesse, mais à la joie, à la joie d’être sauvés et de faire un tout petit peu ce qu’Il a fait le jour de sa mort ! >>

 

 

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”Catholiques ou non, l’écologie peut-elle rassembler ?”

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La Croix (Marion Lecas et Mélinée Le Priol), 3/09 : "Cinq ans après la publication de l’encyclique Laudato Si’, seize personnalités françaises intéressées par l’écologie, catholiques ou non, rencontrent le pape François à Rome ce jeudi 3 septembre. Cette rencontre vise ouvertement à créer des liens entre des hommes et des femmes qui pourraient se retrouver sur l’urgence écologique après avoir été longtemps en désaccord sur le plan politique..." C'est enfin la rencontre entre l'Eglise catholique française et l'écologie réelle, autour du pape François ! La porte peut s'ouvrir sur des actions communes :

Début de l'article

<< Quel est le point commun entre le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, et la médiatique adjointe à la mairie de Paris Audrey Pulvar ? La réponse tient en un mot : l’écologie. C’est autour de ce thème qu’un groupe hétéroclite de seize personnes doit rencontrer à Rome, ce jeudi 3 septembre, le pape François. « La volonté du pape de créer des passerelles avec le monde profane en mettant en avant la protection du vivant sur terre est extrêmement positive », se réjouit la juriste Valérie Cabanes, membre de la délégation, sans cacher son désaccord avec l’Église sur d’autres sujets. Avant même d’avoir eu lieu, cette improbable rencontre romaine se veut déjà un signe fort : celui que, sur l’écologie, « on peut travailler et dialoguer avec des personnes éloignées de l’Église », selon l’une des chevilles ouvrières de l’événement, catholique cette fois, Raphaël Cornu-Thénard. Découvrant depuis peu les milieux écologistes, le fondateur d’Anuncio et du Congrès Mission a pu rencontrer « des personnes très engagées, admirables d’abnégation », même sans partager sa foi chrétienne. « Appuyons-nous sur elles et essayons de débattre », propose-t-il...  >>

 

Le pape François est en voie d'obtenir ce que à quoi Jean-Paul II et Benoît XVI avaient échoué en leur temps : faire comprendre aux catholiques français l'urgence de l'écologie, et sa résonance avec la Genèse et l'eschatologie christique. Ce tournant vient de Laudato Si', comme le souligne dans La Croix le nouveau maire écolo (et chrétien) de Bordeaux, Pierre Hurmic :

<<  “J’ai été conforté par les analyses de l’économiste jésuite Gaël Giraud sur Laudato si’, un texte qui m’a bousculé. À l’époque, le sociologue Edgar Morin avait affirmé que l’encyclique du pape était l’acte 1 d’un appel pour une nouvelle civilisation, je trouvais aussi cela très fort. L’analyse du pape est assez proche de celle que faisait Jacques Ellul de l’emprise de la technologie. Le pape dénonce le fantasme d’une sortie de crise par la magie de la technique, qui cache une démission des comportements, c’est une analyse très ellulienne...

<<  Comment votre foi a-t-elle irrigué votre engagement ?

P. H. : Elle l’a nourri intellectuellement. Le discours autour de la création a une dimension écologique forte. J’ai aussi la conviction que la crise actuelle est d’abord une crise spirituelle, éthique, culturelle, une crise de la modernité. Je suis par ailleurs un paroissien discret, très attaché à la laïcité, conquête républicaine majeure. Mes adversaires m’ont qualifié de « catho basque »... Mais je n’ai jamais mélangé les deux tableaux. La foi est une question personnelle.

Est-ce que cette conviction religieuse vous aide dans votre action ?

P. H. : Oui, car l’action politique est très prenante. Quand on est engagé, faire des pauses spirituelles est fondamental, je ne pourrais pas m’en passer. Donc, ma foi irrigue mon engagement politique, c’est un tout et je ne conçois pas l’un sans l’autre.

Des affinités apparaissent entre écologie politique et écologie chrétienne. N’est-ce pas l’occasion pour le monde politique et les catholiques de gagner une bataille culturelle ?

P. H. : Oui, à condition qu’ils s’y attellent sérieusement. J’ai un peu regretté que l’Église catholique ne s’approprie pas davantage l’encyclique Laudato si’. L’écologie intégrale, c’est-à-dire cette dimension à la fois humaine et sociale de l’écologie, correspond tellement à ce que je pense. Quand j’ai lu cela sous la plume du pape, j’ai eu un moment d’émerveillement, j’entendais simultanément le cri de la terre et celui des pauvres.Je me retrouve dans cette dénonciation de notre modèle de développement, court-termiste, carboné. Et beaucoup d’écologistes athées ne peuvent que se retrouver dans ce texte de radicalité, quand le pape appelle à retrouver la sobriété ou estime que l’on ne peut pas traverser la crise climatique sans changer nos modes de production et de consommation... >>

Pour son tour d'horizon, La Croix a interrogé des citoyens conscients de l'enjeu écologique, catholiques ou non : Raphaël Cornu-Thénard, Jérôme Fourquet, Fabien Revol, Valérie Cabanes, Vincent Brousse, Marie Valentin-Auzou, Julie Lefort, et moi-même. Occasion de parler de tout ce qui dérange la bien-pensance libérale ; de voir en quoi les médias (et une microfraction du milieu catho) confondent à tort cette bien-pensance avec l'identité catholique [1] ; et de constater que les catholiques français du courant central sont en train d'ouvrir les yeux. L'article en fait même son titre de relance en couleur : "L'écologie ne serait-elle donc plus 'un truc de gauchistes' ? Les catholiques français semblent en tout cas moins nombreux à le penser que dans les années 1970...” Mauvaise nouvelle pour la secte ultra. Et joyeuse nouvelle pour les hommes et les femmes de bonne volonté.

 

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[1]  La seule "identité" du catholique, c'est la personne du Christ : et comme le dit Valérie Cabanes dans l'article de La Croix, "nulle part le Christ ne parle de l'humanité comme d'une espèce qui domine le monde" ! Mme Cabanes a parfaitement raison sur ce point. Elle nous permettra tout de même de lui faire observer que la domination de l'homme n'a jamais été un "dogme" du catholicisme : tout au plus un contresens d'interprétation, devenu courant tardivement (au XVIIIe siècle postcartésien) et dénoncé au XXIe par Laudato Si'.

 

 

 

écologie, catholiques

 

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”Réflexions sur le climat ecclésial présent”

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par Mgr de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims :

 

 https://www.catholique-reims.fr/

 

Le 27 février 2019

Je peux me représenter que ce que vous découvrez au fil des semaines depuis cet été, s’ajoutant à bien d’autres faits révélés auparavant, suscite en vous du dégoût et du découragement. Rien ne nous préparait à devoir un jour regarder l’Église catholique comme un lieu du mal commis sur des enfants ou des adolescents, du mal dissimulé, camouflé, non traité. Je suis baptisé depuis 1962, prêtre depuis 1991, évêque depuis 2008 : rien ne m’avait laissé même pressentir que j’aurai à constater tant de faits graves et inadmissibles commis par des prêtres à l’encontre de ceux et de celles qui leur étaient confiés ; rien ne me permettait d’imaginer que les autorités de l’Église pouvaient s’être montrées si peu attentives, si peu responsables, si peu soucieuses de tout tirer au clair face à de tels faits. Depuis mars 2016, mes responsabilités parisiennes m’ont obligé à regarder ces faits sans faiblir ; j’ai rencontré des personnes victimes ou des parents de personnes victimes ; j’ai rencontré des prêtres qui se sont rendus coupables de crimes ou bien qui se sont laissés aller à des gestes qui, sans être des délits, sont des gestes inadmissibles qui représentent des abus du sacerdoce qu’ils ont reçu du Christ.

Bien sûr, dans notre contexte actuel pèse un effet d’accumulation. Tous les abus sexuels et tous les abus de pouvoir commis un jour quelque part sur notre planète par un prêtre catholique sont d’un coup déposés tous ensemble sur la table commune sous le regard effaré de tous les hommes, des catholiques au premier chef.

Du jeudi 21 au dimanche 24 février, le Saint-Père a réuni à Rome les présidents des Conférences épiscopales du monde entier. Les exposés tenus sont accessibles sur internet, sans difficulté. Nous verrons les décisions qui seront prises. Le pape est tout à fait déterminé à faire sortir l’Église des attitudes, des pratiques, des silences, des ombres, qui ont rendu possibles non seulement les crimes et les délits dont il est question mais aussi que ceux-ci ne soient pas vraiment repérés, nommés, jugés, que leurs auteurs ne soient pas sanctionnés et que leurs victimes ne soient pas écoutées et consolées. Pour nous, il est clair que la collaboration avec les autorités judiciaires de notre pays doit être sans faille. Il est des situations que ces autorités ne peuvent sanctionner. Elles ne sauraient faire échapper à l’œuvre de vérité nécessaire.

Nous savions que l’Église avait connu des abus de la part de ses dirigeants, mais nous pensions avoir vu le pire avec les papes Borgia et certains de leurs successeurs immédiats. Les réformes du concile de Trente avaient lancé un immense travail dans la formation des prêtres mais aussi dans la vie spirituelle des prêtres qui paraissait garantir la haute qualité du clergé, quelques abbés libertins du XVIIIe étant mis à part. Nous estimions qu’avec Vatican II les relations entre prêtres et fidèles laïcs s’étaient profondément renouvelées, qu’elles s’étaient simplifiées, qu’elles étaient de service commun dans la mission donnée par le Christ et non plus de contrôle social et d’encadrement. Nous étions naïfs. Sans cesse, l’humanité retourne à ses démons ; elle a peur de la liberté spirituelle que le Christ lui ouvre.

Permettez-moi de vous dire là-dessus encore deux choses.

Ma conviction profonde est que le travail qui s’accomplit est un don de la miséricorde divine. Dieu n’abandonne pas son Église, au contraire, il travaille à la purifier, y compris du mal qui était en elle et qu’elle s’obstinait à ne pas voir. Il nous donne la possibilité de nous dégager de la gangue d’ambiguïtés et d’aveuglements qui a rendu possibles les faits qui conduisent à la crise que nous connaissons. Le Seigneur permet aussi aux coupables de se repentir. L’épître aux Hébreux signale qu’il est redoutable de tomber entre les mains du Dieu vivant. L’auteur veut dire qu’il est redoutable d’affronter le jugement de Dieu sans s’être repenti, sans avoir appris à le faire. Le plus déroutant, à mon sens, dans un certain nombre de faits portés à la connaissance du monde entier, est la capacité de déni d’un grand nombre de coupables, déni non pas des faits mais de leur portée, et la capacité de prêtres et même d’un évêque de vivre comme si Dieu ne voyait rien et ne jugeait rien, jusqu’à accepter d’accumuler les plus hautes responsabilités et les plus grands honneurs.

Ma deuxième conviction est que le travail de vérité que l’Église doit vivre concerne tous ses membres et est un service à rendre à l’humanité. Nous pouvions penser être la part la plus sainte de l’humanité. Assurément, il y a des saints parmi nous et beaucoup de sainteté dans le peuple de Dieu. L’ivraie est pourtant plus nombreuse et plus enracinée que nous ne voulions ou ne pouvions le voir. Mais ce qui est mis sous les yeux de tous est l’extrême délicatesse des relations humaines, et très spécialement de la relation éducative. Facilement, elle peut être corrompue en une relation d’abus. Le piège serait de renoncer à avoir des relations intenses, de renoncer à nous mettre au service des enfants et des jeunes, de renoncer à travailler pour les aider à s’ouvrir à la beauté et à la bonté de la vie et de l’univers, à la beauté et à la bonté de leur humanité faite pour être aimée et plus encore pour aimer. Mais, pour cela, il nous faut plus de délicatesse, plus de décentrement de nous-mêmes, plus de sens du service, plus de prudence à l’égard de tout pouvoir, plus de conscience que le seul Maître digne de l’être humain est Dieu lui-même, venu en notre chair en Jésus de Nazareth. Nous essayons de vivre l’amour du prochain jour après jour, avec humilité mais aussi avec détermination. Nous portons une haute idée de la dignité de l’être humain qui n’est pas un consommateur et un producteur seulement mais, avant tout, une image de Dieu chaque fois unique et irremplaçable, méritant d’être infiniment respectée. Nous osons croire que la sexualité n’est pas qu’une affaire de pulsions mais est un don qui peut permettre des relations profondes, durables, bienfaisantes au long des années. Ne renonçons pas jamais à vivre à la hauteur de cette idée-là de l’homme, voulu par la bonté du Père et appelé à en être le porteur.

 

+ Éric de Moulins-Beaufort
archevêque de Reims

 

 

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02/03/2019 | Lien permanent

Ascension du Christ : ”Celui qui nous entraîne à sa suite”

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L'Ascension commentée par six théologiens majeurs :

 Hans Urs von Balthasar :

<< Actes 1,1-11 détruit d’abord l’attente naïve des disciples, pour qui le Seigneur ressuscité allait établir sur la terre le Royaume de Dieu (confondu avec une restauration de la royauté en Israël) et leur attribuer alors une place d’honneur… Non : pour eux quelque chose de plus grand a été prévu. Ils auront à être les témoins de Jésus “jusqu’aux confins de la terre” ; l’Esprit Saint les en rendra capables. Pour leur ouvrir et leur libérer cet espace grand comme le monde, la figure de Jésus disparaît : le point central du monde n’est plus désormais là où Il était visible, mais partout où, sans cesse, l’Eglise aura à se rendre. >> 

 Jean Tauler (XIVe siècle) : 

<< Les membres du corps du Christ que nous sommes doivent suivre leur Chef, leur Tête, qui est monté aujourd'hui. Il nous a précédés pour nous préparer une place (Jean 14,2), à nous qui le suivons... Voulons-nous Le suivre ? Quand même tous les maîtres seraient morts et tous les livres brûlés, nous trouverions toujours, en Sa sainte vie, un enseignement suffisant, car c'est Lui-même qui est la voie et non un autre (Jean 14,6). Suivons-le donc. De même que l'aimant attire le fer, ainsi le Christ attire à lui tous les coeurs qu'Il a touchés. Le fer touché par la force de l'aimant est élevé au-dessus de sa manière naturelle, il monte en le suivant, quoique ce soit contraire à sa nature. Il n'a de cesse qu'il se soit élevé au-dessus de lui-même. C'est ainsi que tous ceux qui sont touchés au fond de leur coeur par le Christ, ne retiennent plus ni la joie ni la souffrance... >>  

 

 Joseph Ratzinger - Benoît XVI :  

<< Les disciples ne se sentent pas abandonnés ; ils ne retiennent pas que Jésus se soit comme évanoui dans un ciel inaccessible et loin d'eux. Évidemment ils sont certains d'une présence nouvelle de Jésus. Ils sont sûrs que le Ressuscité est maintenant présent au milieu d'eux d'une manière nouvelle et puissante. Ils savent que “la droite de Dieu” où il est maintenant “élevé”, implique un nouveau mode de sa présence, qu'on ne peut plus perdre – le mode par lequel seul Dieu peut nous être proche. La joie des disciples après “l'Ascension” corrige notre image de cet événement : “l'Ascension” n'est pas un départ dans une région lointaine du cosmos, mais elle est la proximité permanente dont les disciples font si fortement l'expérience qu'ils en tirent une joie durable... Le christianisme est présence : don et mission ; être gratifiés de la proximité intérieure de Dieu et – sur cette base – être actifs dans le témoignage en faveur de Jésus Christ.  >>

 

 Louis Bouyer : 

<< L'Ascension est l'épanouissement de la glorification de Jésus commencée par sa Résurrection. N'appartenant plus au monde présent, celui du péché et de la mort, mais déjà, par tout son être, au monde futur et éternel de la sainteté et de la vie, Jésus ne pouvait plus être retenu par la terre... Son Ascension est en elle-même l'accomplissement ultime de son oeuvre rédemptrice (Ephésiens 4, 8-10). Non seulement Il y apparaît comme notre précurseur, mais comme Celui qui nous entraîne à sa suite, à ce point que Paul ira jusqu'à dire que Dieu nous a vivifiés avec Lui, ressuscités et fait asseoir avec Lui dans les “lieux” célestes (Ephésiens 2,6 : cf. 1,20 ss.)... On voit donc dans quel sens saint Jean faisait dire au Christ : “il est bon pour vous que je m'en aille” (Jean 16,7) : la suite du texte le montre immédiatement, ce départ était la condition de la venue de l'Esprit... Le Christ est pour nous un nouvel Adam, non plus simplement terrestre mais Esprit vivifiant, en tant qu'Il se révèle finalement comme “l'Homme céleste” (1 Corinthiens 15, 45-49)... L'Ascension du Christ, avec les promesses qu'elle inclut pour nous, trouvant leur première réalisation dans l'effusion de l'Esprit qui va la suivre immédiatement, apparaît comme ce qui donne tout son sens à son humiliation volontaire dans l'Incarnation rédemptrice. >> 

 

  Charles Journet : 

<<  Deux mystères vont marquer l'avènement de l'âge de l'Esprit Saint : le mystère de la présence eucharistique, et le mystère de l'institution de la hiérarchie. Pour continuer de résider Lui-même corporellement au milieu de nous, avec dans ses mains toute la richesse de sa rédemption sanglante, le Christ glorifié se rend présent sous les apparences étrangères du pain et du vin. Saint Jean rattachera à l'eucharistie cette vie du chrétien dans le Christ et du Christ dans le chrétien, où saint Paul voit le propre même du Corps mystique : “Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui. De même qu'envoyé par le Père, qui est vivant, moi, je vis par le Père, de même celui qui me mange vivra, lui aussi, par moi” (Jean 6, 56-57). Et pour continuer de nous atteindre avec la même intimité qu'aux jours de sa vie mortelle, Jésus va laisser au milieu de nous la médiation des pouvoirs hiérarchiques et des rites sacramentels qui prolongeront son contact sensible dans l'univers entier et sous les espèces desquels il enverra la plénitude de sa grâce et de sa vérité : “Enseignez toutes les nations, baptisez-les... Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu'à la consommation des siècles” (Matthieu, fin). >>  

 Henri de Lubac : 

<< Si, chez saint Jean, le lien des fidèles entre eux comme avec leur Sauveur est suggéré comme un ensemble de rapports réciproques d'une intense intimité, chez saint Paul le Christ apparaît comme un milieu, une atmosphère, un monde où l'homme et Dieu, l'homme et l'homme, communiquent et s'unissent. Il est celui qui remplit tout en tous... Réalité mystique, dont les fruits visibles de charité fraternelle, nouveauté radieuse au milieu d'un monde vieilli dans les divisions, suscitaient l'admiration enthousiaste d'un Jean Chrysostome et d'un Augustin. Dans ses homélies sur saint Jean, venant à commenter cette parole : “pour rassembler ceux qui sont proches et ceux qui sont au loin”, Chrysostome s'écrie : “Que signifie cela ? Cela signifie que, des uns et des autres, le Christ fait un seul corps. Ainsi, celui qui réside à Rome regarde les Indiens comme ses propres membres. Y a-t-il union comparable à celle-là ? Le Christ est la tête de tous.Et Augustin, en cette hymne célèbre à l'Eglise 'De moribus Ecclesiae catholicae' : “Tu unis entre eux les citoyens, les peuples, que dis-je ? Le genre humain tout entier, par la croyance à la communauté de notre origine, en sorte que non contents de s'associer, les hommes deviennent pour ainsi dire des frères...” >>

 

 

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13/05/2021 | Lien permanent

Les incendies, les négationnistes et les tartufes

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Les faits sont là. Après vingt ans de climato-négationnisme à droite et de climato-tartuferie à gauche, cet été la France brûle de la Gironde au Finistère. Pourquoi, et que faire ? Réflexions :

Du jamais vu : le feu en Gironde est "un monstre" d'après le président du département. Et les incendies de forêt ne sont plus cantonnés au sud. Quelque 1725 hectares viennent de flamber dans les monts d’Arrée (Finistère) : pour la première fois on a dû fermer les routes de Roch Trédudon à Brasparts ! La Bretagne est choquée. Météo France explique au Télégramme : “Les températures très élevées viennent s’ajouter à un phénomène de sécheresse. On hérite d’un déficit de précipitations assez conséquent depuis l’automne. On n’a pas réussi à recharger nos sols en eau, qui manque donc à la végétation. Le mois de mai a également été particulièrement chaud, et celui de juin a plutôt poursuivi dans cette lancée. On s’attendait donc à la sécheresse que l’on observe actuellement, et qui constitue un critère direct du risque de feu, avec la température… Le phénomène de canicule entraîne des températures extrêmement élevées, et une humidité en baisse. Le réchauffement du climat, en entraînant une augmentation de la fréquence des canicules, entraîne donc une augmentation de la fréquence des conditions chaudes et sèches propices aux feux. Cela crée des difficultés de lutte contre les feux. D’abord parce qu’à 38 °C ou 40 °C, les pompiers, avec leur équipement spécial, font face à des conditions de travail très compliquées. Mais aussi parce que cela aide le feu à se propager. Quand on annonce une température ambiante à 40 °C, mesurée sous abri, on peut atteindre 55 °C ou 60 °C de température au sol…”

Conclusion des météorologistes : “Quand on parle de changement climatique et de feux de forêt, on retient quatre grands principes. D’abord, une extension spatiale des risques vers le nord. Des massifs qui n’étaient pas concernés le sont, on le voit en Bretagne. Ensuite, une extension temporelle. Dans le sud de la Bretagne et le Centre-Val de Loire, on compte 3 à 6 journées à risque par an. D’ici 2050 à 2060, cette période atteindra une à deux semaines. Troisième élément : de nouveaux types de végétation sont concernés. En situation caniculaire, on observe des départs de feux de récolte, de chaume, de friche, de broussaille. Enfin, le changement climatique a un effet d’intensification, avec des feux de plus en plus intenses… Plus le temps passe, plus les températures vont être élevées, et plus cela va favoriser ce risque de feu d’ampleur… La tendance à de plus en plus de feux est vraiment le syndrome du changement climatique. En 2003, année particulièrement chaude, comme en 2006 ou 2017, on a une fréquence de gros incendies qui augmente, et des départs qui se multiplient à l’échelle nationale. De manière générale, une étincelle il y a vingt ou trente ans représentait un risque moins important qu’aujourd’hui. Mais c’est toute la difficulté de percevoir un risque actuel : tant que l’on n’y a pas été directement confronté, on a tendance à croire que ça arrive seulement aux autres.”

Les prévisions alarmantes du GIEC – qui faisaient rire les imbéciles [1] – sont déjà débordées : les accords de Paris avaient fixé à 2,7° le réchauffement à ne pas dépasser ; le réchauffement en est à 1,1° et déjà les effets sont graves. Or la lâcheté des pouvoirs publics [2] empêche toute politique anti-réchauffement. Dans ces conditions, souligne Stéphane Foucart (Le Monde 9/07), “chaque fraction de degré supplémentaire produira sur les sociétés des effets plus forts que la fraction de degré précédente”.

“Qu’en concluez-vous ?”, demande le chroniqueur… La conclusion saute aux yeux : entre un exécutif technoïde et un législatif en proie aux rixes de partis, le régime n’affronte la situation qu’avec du verbiage. Certains observateurs espéraient la naissance d’un bloc populaire qui s’opposerait au bloc bourgeois, mais : a) l’opposition RN est écolophobe et l'opposition LFI tient plus au woke qu’à l’environnement ; b) ces deux oppositions perdent leur temps à s’entredéchirer au lieu de combattre l’oligarchie ; c) dans l’état actuel des mentalités, un éventuel “bloc populaire” risquerait de rejeter le souci écologique et climatique – cf. les gilets jaunes.

L’optimisme est difficile quand on voit les Etats européens – engagés contre la Russie mais surpris (sic) de la riposte énergétique russe – se lancer dans des “solutions de secours” carbonées très nuisibles au climat. L'optimisme est difficile aussi quand on voit les débats sur nos incendies piétiner dans la micropolitique la plus politicienne, au lieu de poser le vrai problème : les incendies du nord au sud viennent du dérèglement climatique, et le dérèglement climatique s’aggrave de l’incurie des Etats devant les mesures systémiques à prendre. Une lutte dans ce domaine ne saurait se limiter aux mots et aux bricolages. Elle exigerait des mesures drastiques d’autodiscipline collective à tous les niveaux : local, national, international ; et un changement mondial du système économique. Mais loin de se focaliser sur cet objectif, les colères risquent de s’éparpiller dans toutes les directions. Comme on disait naguère mais dans un autre sens : chaud, chaud, chaud – l’automne sera chaud !

 

PS ► Que l'un des deux incendies du Finistère soit sans doute d'origine criminelle ne diminue pas l'anormalité de la sécheresse des forêts bretonnes.  Et la monstruosité des incendies girondins est elle aussi un signe du réchauffement climatique.

 

__________ 

[1]  Leurs écrits d'il y a dix ans donnent envie de dire aujourd'hui avec Chateaubriand (Mémoires d'outre-tombe) : "Il y a des temps où l’on ne doit dépenser le mépris qu’avec économie, à cause du grand nombre de nécessiteux."

[2] Après avoir ridiculisé ses premiers ministres de l'Ecologie, enterré les préconisations de la “convention citoyenne sur le climat”, tenté de confier la “transition écologique” à une ultralibérale, etc, M. Macron est disqualifié.

 

 

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Avant le voyage du pape : impressions de Terre Sainte

...par Pierre Huet, qui revient d'un pèlerinage paroissial :

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Je m’y rendais en appréhendant que cette rencontre avec la vie terrestre du Christ soit occultée par la modernisation du pays. Il est vrai que l’urbanisation et l’équipement en autoroutes et LGV sont  galopants : hors du Néguev, la densité de population est quasi-urbaine, double de celle des Bouches-du-Rhône... Les villages évangéliques de Bethléem et Nazareth sont submergés par des aires urbaines de respectivement 60 000 et 210 000 ha. La Jérusalem moderne est immense, mais moins agressive qu’on pourrait le craindre, grâce à une réglementation remontant au mandat anglais, qui oblige à l’emploi de la si belle pierre calcaire de Judée pour les façades ; grâce aussi aux trouées que constituent les nombreux ravins. Mais on peut voir en d’autres endroits l’urbanisme sinistre des années 1960-70, ou l’ostentation m’as-tu-vu du XXIe siècle. Faut-il avouer que le pire que nous ayons vu comme modernité est l’église catholique construite au dessus de la maison de Simon-Pierre à Capharnaüm, soucoupe volante à laquelle sont greffés des pieds de plate-forme pétrolière ?

Sur la vie moderne, encore, contraste entre la discrétion de la publicité en Israël et son ostentation dans les territoires palestiniens...

Pourtant, nous avons pu échapper à tout cela grâce à l’amitié et la bonne humeur régnant dans notre groupe paroissial, auquel sa taille raisonnable donnait accès à de petits sanctuaires : ce qui apportait beaucoup au recueillement de nos messes quotidiennes. Grâce aussi au guide, un Israélien juif (nullement religieux et pourtant remarquable, y compris par sa connaissance du Nouveau Testament) ; à l’efficacité du chauffeur du car, un Israélien arabe chrétien ; et à l’accompagnement spirituel de nos deux prêtres. Nous avons ainsi vécu des moments forts : messes au bord du lac à Capharnaüm, dans une grotte du Champ des Bergers à Bethléem, au Dominus Flevit du Mont des Oliviers…Au Saint-Sépulcre, il a fallu du temps pour surmonter l’impression produite par le mauvais état (l’entretien étant paralysé par le « statu quo »), le partage minutieux de l’espace matérialisé par des murs visuellement désastreux, et, dans chaque zone, le partage du temps, attribué aux différentes confessions par le « statu quo » toujours. Nos prêtres ont pu concélébrer dans la chapelle des franciscains isolée du brouhaha.

Tous, nous avons découvert et admiré les œuvres d’Antonio Barluzzi, architecte de la Custodie de Terre Sainte, auteur de plusieurs sanctuaires de la première moitié du XXe siècle. Pastiches des styles d’antan, dira-t-on : mais si réussis, sans la démesure habituelle du genre, et tellement en accord avec l’esprit de chaque lieu !

Notre guide nous a, bien entendu, présenté les sujets d’actualité de façon fort désamorcée. La baisse du niveau de la Mer Morte ? Absolument naturelle, même s’il nous montra plus tard et non sans fierté la station de pompage du lac de Tibériade destinée à l’irrigation du Néguev. La sédentarisation des Bédouins du Néguev ? Purement spontanée, voyons... Il n’empêche que ce pèlerinage fut aussi une leçon de sociologie religieuse et de géopolitique nous apportant bien des surprises, comme d’apprendre la présence de nombreux chrétiens d’origine soviétique estampillés juifs, car ayant un seul de ses grands-parents juif, ou ayant corrompu qui il fallait ; officiellement 23 000, réellement beaucoup plus. Dans la discrétion, à la tombée de la nuit, avant la fermeture, des femmes portant un fichu blanc, souvent blondes et roucoulant une langue slave, viennent vénérer la Pierre de la Déposition….Chrétiens sans prêtres de leur langue.

Nous avions été éclairés sur ce sujet par une tonique conférence que Marie-Armelle Beaulieu, rédactrice en chef de Terre Sainte Magazine, nous a accordée et qui s’ouvrait par : « Si quelqu’un dit avoir compris ce pays, c’est qu’on lui a mal expliqué ». Ce qui ne l’empêche pas d’être inquiète devant la radicalisation des deux camps et ses possibles conséquences internationales... Evolution constatée aussi par les bénédictins d’Abu-Gosh (peut être l’ancien Emmaüs), qui reçoivent pour deux ou trois jours des conscrits envoyés par le service culturel de l’armée dans le cadre de leur initiation à la connaissance des autres religions. Certains refusent de mettre les pieds dans l’église, ce qui ne se voyait pas il y a quinze ans. Mais la communauté des Béatitudes de l’autre Emmaüs allégué, engagée dans ce même programme, ne rencontre pas cette difficulté.

Dans cet étrange état juif où, sauf le dôme de la nouvelle synagogue de Jérusalem, les seuls signaux religieux visibles et audibles  sont des minarets et des clochers, la présence des forces de sécurité est extrêmement discrète en regard de la situation : excepté le dispositif de surveillance du lieu saint de la discorde, l’Esplanade et son Mur de soutènement hérodien. Nous étions sur l’esplanade près de la mosquée Al Aksa et du Dôme de la Roche le lundi matin, quelques heures avant les incidents. Mais déjà, le passage d’un rabbin député avait provoqué un émoi bruyant parmi les groupes de musulmanes écoutant des enseignements.

Ce qui n’est pas discret, c’est le mur : pas celui du Temple mais le nouveau Mur de la Honte, balafre des collines de Judée, et son corollaire, les réservoirs d’eau surplombant les maisons de Bethléem pour faire face aux longues coupures. Le Mur, qui ne suit pas la frontière, a mis les collines, leurs vergers, leurs pluies et les vannes de distribution en zone israélienne. Pourtant, une belle initiative de paix et réparation signalée par Marie-Armelle Beaulieu : celle de rabbins récoltant les olives et les faisant parvenir à leurs propriétaires palestiniens, évitant que des terres ne soient déclarées vacantes.

A la suite de toutes ces visites, il est impossible de ne pas méditer sur la violence de l’histoire dans ce pays pourtant si beau. Ainsi Dieu a-t-il choisi de se révéler et s’incarner en cette Terre. Au catéchisme, on nous enseignait que c’était pour que l’unité de l’Empire romain facilite la diffusion de l’Evangile : le fameux « pour Lui marchaient les légions » de Bossuet... Oui, il y a sûrement de cela, mais pas seulement : force est de constater que l’Evangile a été proclamé au point de choc des grands empires pendant des millénaires, que le peuple d’Israël et sa Terre ont été l’objet de luttes de pouvoir internes féroces.

Depuis, « les siens » qui « ne l’ont pas reçu », juifs puis musulmans, se disputent une même Terre comme concentrée en un même Lieu Saint. Le rejet du vrai Messie a livré Jérusalem aux faux, entraînant des désastres de 70 et 135. Et demain ?

Quant à ceux qui l’ont reçu, ils y cohabitent et s’y chamaillent sans cesse. Comme des frères.

                                                                                        

                                                                                                       Pierre Huet

 

  

 

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12/03/2014 | Lien permanent

Jean Bastaire est né à la vie éternelle

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Le philosophe français pionnier de l'écologie chrétienne a rendu son âme à Dieu hier soir, à l'âge de 86 ans :

 

Message à ses "fils spirituels", envoyé par Fabien Revol :


« 
Je vous écris pour vous annoncer le décès de Jean Bastaire, ce soir à 22h00, dans son lit, entouré de Jean-Louis un voisin généreux qui l’a pris en charge dans ses derniers jours, et de Michel Péguy, petit-fils de Charles. J’ai pu lui rendre visite cet après midi et partager quelques moments avec lui, peu de temps avant qu’il ne parte. Il n’était pas malade, mais il s’est éteint dans sa vieillesse. Cela faisait trois semaines que son état s’était fortement détérioré et qu’il ne se nourrissait presque plus. La première alerte sérieuse fut hier au soir, il reçut alors le sacrement des malades. Il n’a pas quitté son lit depuis.
La date de ses funérailles sera fixée lundi. Il
est désormais certain qu’elles auront lieu à Meylan, à côté de Grenoble, et qu’il sera inhumé à Chateauneuf en Thimerey dans l’Eure. L’association des amis de Charles Péguy organisera également une messe en son honneur à Paris. Restons unis dans la prière pour son entrée dans la vie divine, en laquelle il n’a jamais cessé d’espérer, jusqu’au bout, pour lui et le bénéfice de toute la création. »

 

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 Wikipedia

Jean Bastaire est né en 1927 à Chamalières, dans le Puy-de-Dôme. Il fait ses débuts à Paris en 1946 comme journaliste cinématographique et se lie d'amitié avec Alain Cuny et Robert Bresson. Son évolution intérieure durant ces longs mois va le mener au christianisme. Il est guidé par l'abbé Lucien Ducretet, mais aussi par les œuvres de Charles Péguy, Mounier et Henri de Lubac. Il se marie en 1950. Sa femme, Hélène, qui a été la médiatrice de cette conversion, mourra en 1992. De 1952 à 1981 il collabore à la revue Esprit et consacre des travaux critiques à la poésie chrétienne de l'âge baroque et surtout l'œuvre de Charles Péguy, à laquelle il consacre une dizaine d'ouvrages. En 1977 paraît son premier texte littéraire, "Court traité d’innocence" (Editions Lethielleux)[2].

Dans les années 1960, sous l'influence de sa femme Hélène, médecin, il s'est converti à l'écologie. Depuis, il milite activement pour une écologie chrétienne qui passerait par un renouveau du franciscanisme.

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NDPP - Parmi les lettres que j'ai reçues de Jean Bastaire, je veux citer celle-ci, du 15 juillet 2008 :

 

« Vous me pardonnerez de prolonger la joie que m'inspirent les relations établies entre nous par votre dernier livre. Je "rame" depuis près d'un quart de siècle sur l'océan de l'écologie chrétienne dont on commence seulement à pressentir l'immensité temporelle et spirituelle. J'ai dû me convaincre que ce que j'avançais était vraiment nouveau, tant je recueillais peu d'échos...
                                                                                                  Je serais un ingrat si je n'exprimais pas ma gratitude pour Jean-Marie Pelt et le philosophe Dominique Bourg qui m'ont apporté leur soutien. Du côté de l'Eglise, trois évêques (PP. Berranger, Bruguès et Dubost) ont cosigné une préface à mon
Pour une écologie chrétienne. Le cardinal Barbarin suit de près mes efforts et m'encourage de toutes les manières possibles.
Mais je demeure dans une ombre discrète à peine dissipée par quelques interviews dans les journaux. Cela malgré dix ouvrages publiés et trois autres sous presse...    

Bien entendu, mon champ d'intervention n'est pas celui du grand public.  Mais il me semble avoir développé tout un corpus de réflexions qui aborde le problème au niveau le plus profond et sous ses différents aspects : exégétique, historique, philosophique, théologique, politique, et même poétique (un recueil de poèmes sur "la pâque de l'univers"). Je n'ai pas le ridicule de croire que j'ai élaboré une « somme », ce ne sont que des aperçus, des intuitions, des suggestions, mais dont l'ensemble finit par constituer une synthèse cohérente et neuve sur le sens de la création et la dimension cosmique du  salut.  

[...]  Nous sommes dans le sillage du Christ total de saint Paul (2 Co., Rom., Eph., Col.), en qui toutes choses ont été créées et toutes sont récapitulées pour être offertes au Père par le sang de la Croix. Vous voyez que l'arc est parfait entre l'écologie et la parousie. […] Je vous joins un autre de mes livres, "Un nouveau franciscanisme", où je suggère le lancement d'un mouvement de "petits frères et petites soeurs de la Création". 

J'espère que vous contribuerez à en répandre l'idée... "La moisson est mûre, et les ouvriers manquent à la moisson."

Très cordialement à vous. »

  

J'ajoute que le philosophe, veuf depuis 1992, a signé néanmoins "Hélène et Jean Bastaire" tous ses livres ultérieurs. Ce n'était pas seulement l'amour conjugal plus fort que la mort : c'était la communion des saints en acte.

                                                                                      PP

 

Oeuvres de Jean Bastaire :

 

  • Apprentissage de l'aube, Cerf, 1996

  • Le chant des créatures (avec Hélène Bastaire), Cerf, 1996

  • Péguy au porche de l’Église (avec Louis Baillet et Jacques Maritain), Cerf, 1997

  • Péguy contre Pétain, l'appel du 17 juin, Éditions Salvator - janvier 2000 (ISBN 978-2706702266),

  • La gloire de Sophie, éditions Salvator - février 2000 (ISBN 978-2706702129),

  • Chiens du Seigneur, (avec Hélène Bastaire), Cerf, 2001

  • Arcabas, l'enfance du Christ, (avec Enzo Bianchi), Cerf, 2002

  • Le Dieu mendiant, (avec Hélène Bastaire), Cerf, 2003

  • Pour une écologie chrétienne , (avec Hélène Bastaire), Cerf, novembre 2004

  • Pour Jeanne d'Arc, Cerf, mars 2004

  • Le rire de l'univers, Cerf, 2004

  • Un nouveau franciscanisme, Les petits frères et les petites sœurs de la Création, (avec Hélène Bastaire), Parole et silence, 2005

  • Approche franciscaine de l'écologie, (avec Michel Hubault ofm) 2006

  • Le cantique féminin de la Création, (avec Hélène Bastaire), 2006

  • Pour un Christ vert, avec Hélène Bastaire, éditions Salvator - 2009,

  • Éloge de la fidélité au temps de l'éphémère, éditions Salvator - 2009

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”Confessions des nouveaux enfants du siècle” (Salvator) : un livre indispensable [2]

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Ce que Joël Sprung et Natalia Trouiller disent aux catholiques... mais surtout à la masse des non-chrétiens :

  

 

Notre note précédente (30/11) présentait le livre de Joël Sprung et Natalia Trouiller par rapport à la préface de Christine Pedotti, et constatait la difficulté, mais la nécessité, d'un dialogue entre catholiques d'aussi différentes « sensibilités ».

 

D'ailleurs la foi est-elle une « sensibilité » au sens contemporain du mot ? Non : à moins de faire un contresens en réduisant le spirituel au psychologique. Joël et Natalia sont deux croyants ; ils laissent leur cap à l'Esprit-Saint et font confiance au canal de l'Eglise. La préfacière y voit un tropisme, un besoin subjectif « d'obéissance » : elle y voit peut-être même un travers de génération... (elle ne le dit pas tout à fait, mais on sent qu'elle le pense).

 

Or « l'obéissance de la foi » n'est pas un tropisme. Ce n'est pas un besoin psychologique. Elle ne vient pas de notre nature : elle est donnée par grâce,  et c'est tous les jours une révolution en nous. « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait... » (Romains 12, 1-2, Bible AELF). C'est ce que le croyant vit dans l'expérience de la prière dans la vie quotidienne, c'est le contraire d'un déploiement de pulsions, et c'est ce que doit comprendre celui qui s'interroge sur la démarche des croyants, sans quoi il l'interprétera de travers. Refuser de laisser l'Esprit-Saint transformer notre vie, ce serait sacraliser nos pulsions : auto-idolâtrie et résistance (conservatrice) à la révolution divine.

 

En s'ouvrant à cela, les croyants deviennent des inclassables : leur aventure est une « folie » aux yeux des païens, avertissait saint Paul (1 Corinthiens 1, 22).

 

Les inclassables

 

C'est exactement ce que sont Joël Sprung et Natalia Trouiller : des inclassables [1]... Croyants, ils diffèrent d'une grande part de nos contemporains de deux manières. Ils ne sont pas des individualistes par consumérisme : « nous sommes tous des individus devant Dieu » mais « nous sommes collectivement liés les uns aux autres par le Christ, et nous ne nous sauverons pas les uns sans les autres », dit Natalia. Et ils ne se bricolent pas une spiritualité low-cost  n'engageant à rien : « la prière n'est pas qu'un décentrement juste pour le plaisir de faire le vide en soi, mais plutôt, au contraire, pour faire le plein. Le plein de Quelqu'un d'autre que soi... », dit Joël.

 

Leur façon de voir la Bible n'est pas celle des conformistes de la fin du XXe siècle. Joël Sprung : « [le spiritualisme actuel devrait] lire notre culture à travers le prisme de l'évangile... Au lieu de ça, [il fait] l'inverse : complètement [moulé] dans la culture de notre temps, [abruti] comme tout le monde par la télé, les publicités, les discours du prêt-à-penser, [il ouvre] la Bible et c'est elle qui se trouve entièrement teintée de cette couleur culturelle... » C'est le contraire de la démarche du croyant, dont le « prérequis minimum » est de se dire « que si le passage biblique lu ne nous a pas posé une seule question c'est qu'il faut le relire encore. Sans devenir un fanatique non plus, mais comme simple disposition de l'Esprit : laisser à la porte tout ce qu'il y a de superflu en nous, avant d'ouvrir la Bible. »

 

Qu'il puisse y avoir du « superflu » en nous, c'est ce que nie en bloc le marketing commercial des comportements : tout ce qui monte en nous est forcément bon puisque ce sont nos « émotions », c'est-à-dire nos pulsions, toutes forcément commercialisables en hypermarchés ! C'est une rouerie sur laquelle le polygraphe ordinaire du rayon spiritualités ne s'interroge pas faute de la discerner, ou parce qu'il pense devoir être libéral-libertaire (tout en se croyant de gauche) sans voir que c'est l'annexe idéologique du système.

 

Joël et Natalia ne sont pas des relativistes. Mais ce ne sont pas du tout des intégristes. Contrairement à ce que disent les médias, l'intégrisme n'est pas le fait de croire en Dieu et de se trouver bien dans l'Eglise : c'est le fait de préférer la théorie plutôt que les gens – et de prendre le christianisme pour une théorie (du pouvoir). L'intégrisme est donc aux limites de l'hérésie, puisque le christianisme est tout autre chose qu'une théorie : c'est « une religion de la Parole », dit Natalia, et « cette Parole est à la fois une personne : le Verbe de Dieu, Jésus ; et un livre : la Bible... Communier et lire l'Evangile doivent nous conduire au même point : devenir parole vivante... La Parole de Dieu s'est faite chair, nous appelle à la manger, afin que nous soyons transformés au plus profond de nous-mêmes, ce qui modifie notre façon de voir et d'agir sur le monde. »

Dès que l'on a compris ça, la seule question intéressante devient : Jésus-Christ est-il oui ou non le Fils incréé, incarné, ressuscité, sauveur universel et pasteur d'une collectivité humaine – l'Eglise – dont les membres ne seront jugés que sur leur amour des autres en Jésus-Christ ? Oui, témoignent Natalia et Joël. Ecoutons Natalia : « Si nous nous contentons de lire la parole de Dieu sans aller vers nos frères, nous perdons de vue le Christ incarné. Si nous nous jetons dans la recherche du Christ crucifié à travers les plus faibles sans nous enraciner dans l'Eucharistie et la Bible, nous n'apportons à ces frères que ce que tout le monde peut leur apporter. Et il est très difficile de faire la synthèse de tout cela. Se laisser transformer par le Christ n'est pas une posture passive. C'est une bataille quotidienne... » « La Bible ne nous enjoint pas : ''dis !'', mais : ''sois !'', ce qui suppose de prendre la parole comme un révélateur de notre vocation propre, de ce que Dieu attend de nous, personnellement d'abord... » Donc lire la Bible est « une forme d'introspection ''égodécentrée'' où Jésus nous invite à une meilleure connaissance de nous-mêmes afin que nous soyons en vérité. »

 

Impossible par les moyens naturels

 

Pour chacun de nous, l'aventure d' « être en vérité » est impossible par les moyens naturels [2]. La vérité de nous-mêmes, nous avons à la découvrir ; on ne le peut que par grâce imméritée, dans une rencontre au plus intime avec un Dieu « intérieur à l'intimité, supérieur aux sommets de nos âmes », dit saint Augustin (Confessions, III, VI) qui dit aussi : « Voyez donc ce grand mystère, frères : le son de nos paroles frappe vos oreilles, le Maître est à l’intérieur. Ne pensez pas que l’on puisse apprendre quelque chose d’un homme. Nous pouvons attirer votre attention par le tapage de notre voix ; s’il n’y a pas au-dedans quelqu’un pour vous enseigner, ce tapage est inutile. » (Commentaire sur la première lettre de saint Jean, IV, II). Dans cette aventure intérieure on ne s'engage donc pas seul, et c'est le contraire du culte païen des pulsions : « Jésus, le Christ, lumière intérieure / Ne laisse pas mes ténèbres me parler ! / Jésus, le Christ, lumière intérieure / Donne-moi d'accueillir ton amour... » (liturgie des Heures).

 

Et dans la logique de l'Evangile, cette aventure intérieure n'isole pas la personne mais la tourne, en écho, vers les autres : « elle ne pourra pas rencontrer l'altérité si elle ne renonce pas à la solitude de la maîtrise absolue de soi », souligne Natalia Trouiller. Le tout dans le réalisme ! La Bible est tumultueuse, souvent violente et contradictoire dans ses récits de destins humains : ce n'est pas un argument contre elle (comme le croyait le bourgeois du XIXe) mais un signe de profondeur : « la parole de Dieu, c'est l'humanité en tension vers la résurrection, vers Jésus, c'est une tension qui nous embras(s)e tout entiers dans nos pulsions de mort comme dans nos pulsions de vie. » [3]

 

Cette

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”Pour la salutaire nativité dans la chair de Notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus- Christ”

Noël 1353 -  Homélie prononcée à Thessalonique par Grégoire Palamas, aujourd'hui saint des Eglises orthodoxe et catholique :image001.jpg

 JOYEUX  NOËL  À  TOUS

 

 

 

images.jpg<< Aujourd'hui nous fêtons l'accouchement virginal ; et mon discours s'élèvera, par nécessité, conformément à la grandeur de cette fête, et pénétrera dans le mystère autant qu'il est possible, qu'il est permis, et que le temps s'y prêtera, pour que moi aussi je révèle une part de la puissance qui réside en ce mystère. Pour vous donc, frères, je vous en prie, tendez et élevez tous ensemble votre intelligence ; afin qu'enflammée depuis les lieux très-hauts de la divinité, elle s'attache parfaitement, avec plus de force, à la lumière de la divine connaissance. Car aujourd'hui, je vois le ciel et la terre recevoir un même honneur, et la voie qui monte d'ici-bas à ce qui se trouve au-delà de l'univers, rivaliser avec la condescendance du monde supérieur. Oui, s'il existe un ciel des cieux, s'il existe un lieu, ou un état, ou encore un ordre au-delà de ce monde, rien de tout cela n'est plus admirable ni plus honorable que la crèche et les langes du nourrisson. Car rien, parmi les événements qui se sont déroulés depuis les siècles sous le regard de Dieu, n'est plus profitable à chacun, ni plus divin, que ce qui touche à la naissance du Christ que nous fêtons aujourd'hui.

 

Oui, le Verbe prééternel, incirconscrit, le Maître de l'univers, comme un vagabond, un sans-abri, un sans demeure, est aujourd'hui enfanté ; nourrisson, il est déposé dans une crèche, Il est vu par des yeux, Il se laisse toucher par des mains, Il est enveloppé de langes ; ce n'est pas une substance intelligente qui n'existait pas encore et qui vient dans la création, ce n'est pas une chair destinée à se dissoudre qui est introduite dans le devenir, ce ne sont pas une chair et un intellect qui se joignent l'une à l'autre dans l'unité et l'organisation d'un être vivant, mais Dieu et la chair mêlés sans confusion dans l'existence d'une seule hypostase divino-humaine... Le même est Dieu et homme parfait ; le même est l'oint, et Dieu qui l'oint... Celui qui a tout tiré du non-être, les réalités terrestres et les célestes, voyant que, par leur désir d'être plus, Ses créatures raisonnables sont devenues vaines, Se donne Lui-même à elles dans Sa grâce ; Lui à qui rien n'est supérieur, ni égal, de qui même rien n'est proche, Il Se présente à qui désire participer à Lui ; afin que nous puissions par la suite user sans danger de ce désir d'être plus à cause duquel, au commencement, nous fûmes cernés par un péril extrême, et que, chacun de nous désirant devenir Dieu, nous ne soyons pas seulement innocentés mais obtenions la satisfaction de notre désir. Il abolit merveilleusement le motif de notre chute originelle, c'est-à-dire le supérieur et l'inférieur observables dans les êtres, ainsi que la jalousie et la ruse qui s'ensuivent, et les luttes visibles et invisibles...

 

Dieu a jugé bon d'abolir le motif de l'orgueil qui avait renversé Ses créatures : aussi rend-Il toutes choses semblables à Lui. Et puisque par nature Il est égal à Lui-même et reçoit le même honneur, Il rend aussi Sa créature égale à elle-même, et recevant le même honneur, par grâce. Comment cela ? Dieu le Verbe issu de Dieu, S'est dépouillé ineffablement, Il est descendu des hauteurs jusqu'à l'extrême de l'humain, Il l'a lié à Lui indissolublement, Il S'est humilié, Il a assumé la même pauvreté que nous ; ainsi, des réalités inférieures, Il fit des supérieures, ou plutôt, Il rassembla les deux en un, mêlant l'humanité à la divinité, et montra de la sorte à tous que la voie qui conduit vers les réalités supérieures est l'humilité, en S'offrant Lui-même en exemple aux hommes et aux saints anges, aujourd'hui...


C'est pourquoi le Dieu qui trône sur les chérubins Se présente sur la terre, aujourd'hui, comme un nourrisson. Lui que ne peuvent contempler les chérubins aux six ailes, non seulement parce qu'ils ne peuvent voir Sa nature, mais parce qu'ils ne peuvent même pas soutenir des yeux l'éclat de Sa gloire, - aussi se recouvrent-ils les yeux de leurs ailes, - c'est Lui que l'on voit avec nos sens, et qui Se présente, devenu chair, à nos yeux de chair. Lui qui délimite toutes choses et n'est délimité par rien, est circonscrit par une crèche rudimentaire et petite. Lui qui contient et étreint tout dans Sa main, est entouré de menus langes... Ainsi est enfanté dans ces conditions Celui qui a été engendré par Dieu hors du temps, impassiblement et sans commencement...

 

Il se joint à Ses serviteurs et se fait recenser avec eux, Lui qui par nature est le maître de l'univers. L'homme qui croyait alors être le maître de la terre n'est pas recensé avec le Roi des cieux : seuls le sont ceux qui sont en son pouvoir ; ce n'est donc pas le souverain de la terre qui est recensé avec eux, mais celui du ciel...

 

S'Il était né d'une semence humaine, Il n'aurait pas été l'homme nouveau ; étant de l'ancienne frappe, et héritier de la faute, Il n'aurait pu recevoir en Lui la plénitude de la divinité intacte, et devenir une source intarissable de sanctification. De même, en effet, que l'eau présentée dans un vase ne suffit pas à rassasier la soif continuelle d'une grande ville, mais que celle-ci doit avoir sa propre source entre ses murs – de même, nul ne pouvait pourvoir à la sanctification continuelle de tous, mais la création avait besoin d'une fontaine ayant en elle-même sa source... Aussi est-ce le Seigneur Lui-même qui est venu nous sauver, devenant homme pour nous et par nous, et demeurant Dieu sans changement. Edifiant dès maintenant la nouvelle Jérusalem, élevant par Lui-même le temple avec des pierres vivantes, nous rassemblant en une Eglise sainte et universelle, Il établit sur le fondement qui est le Christ (Ephésiens II) la source inépuisable de la grâce.

 

Et voyez les symboles de cette union ineffable, du profit immédiat qui s'ensuit même pour ceux qui étaient dispersés au loin : l'étoile fait route avec les mages, s'arrêtant quand ils s'arrêtent, et avançant avec eux quand ils se déplacent ; ou plutôt elle les appelle et les entraîne sur la voie, leur ouvrant le chemin et les conduisant vers la paix annoncée aux bergers.

 

Cette paix, frères, gardons-la avec nous, de toute notre force :  nous l'avons reçue en héritage de Celui qui vient d'être enfanté, notre Sauveur, et qui nous a donné l'esprit de l'adoption par lequel nous devenons héritiers de Dieu, cohéritiers du Christ (Romains VIII). Soyons donc en paix avec Dieu en accomplissant les oeuvres qui Lui sont agréables, l'intégrité, la vérité, l'action juste, « l'assiduité dans les prières et les supplications » (Actes I), « en chantant et célébrant le Seigneur dans nos coeurs » (Ephésiens V) sans nous limiter à le faire de nos lèvres. Soyons en paix avec nous même en choisissant un art de vivre accordé à notre conscience, et en mouvant le monde intérieur de nos pensées avec mesure et saintement. Car c'est ainsi que nous mettrons fin à la véritable guerre civile, celle qui a lieu en nous-même...

 

Puissions-nous tous obtenir notre communauté dans les cieux, lors de l'avènement et de la manifestation glorieuse à venir, de notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus-Christ, à qui revient toute gloire pour l'éternité. Amen. >>

 

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24/12/2013 | Lien permanent

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