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20/07/2022

Les incendies, les négationnistes et les tartufes

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Les faits sont là. Après vingt ans de climato-négationnisme à droite et de climato-tartuferie à gauche, cet été la France brûle de la Gironde au Finistère. Pourquoi, et que faire ? Réflexions :


Du jamais vu : le feu en Gironde est "un monstre" d'après le président du département. Et les incendies de forêt ne sont plus cantonnés au sud. Quelque 1725 hectares viennent de flamber dans les monts d’Arrée (Finistère) : pour la première fois on a dû fermer les routes de Roch Trédudon à Brasparts ! La Bretagne est choquée. Météo France explique au Télégramme : “Les températures très élevées viennent s’ajouter à un phénomène de sécheresse. On hérite d’un déficit de précipitations assez conséquent depuis l’automne. On n’a pas réussi à recharger nos sols en eau, qui manque donc à la végétation. Le mois de mai a également été particulièrement chaud, et celui de juin a plutôt poursuivi dans cette lancée. On s’attendait donc à la sécheresse que l’on observe actuellement, et qui constitue un critère direct du risque de feu, avec la température… Le phénomène de canicule entraîne des températures extrêmement élevées, et une humidité en baisse. Le réchauffement du climat, en entraînant une augmentation de la fréquence des canicules, entraîne donc une augmentation de la fréquence des conditions chaudes et sèches propices aux feux. Cela crée des difficultés de lutte contre les feux. D’abord parce qu’à 38 °C ou 40 °C, les pompiers, avec leur équipement spécial, font face à des conditions de travail très compliquées. Mais aussi parce que cela aide le feu à se propager. Quand on annonce une température ambiante à 40 °C, mesurée sous abri, on peut atteindre 55 °C ou 60 °C de température au sol…”

Conclusion des météorologistes : “Quand on parle de changement climatique et de feux de forêt, on retient quatre grands principes. D’abord, une extension spatiale des risques vers le nord. Des massifs qui n’étaient pas concernés le sont, on le voit en Bretagne. Ensuite, une extension temporelle. Dans le sud de la Bretagne et le Centre-Val de Loire, on compte 3 à 6 journées à risque par an. D’ici 2050 à 2060, cette période atteindra une à deux semaines. Troisième élément : de nouveaux types de végétation sont concernés. En situation caniculaire, on observe des départs de feux de récolte, de chaume, de friche, de broussaille. Enfin, le changement climatique a un effet d’intensification, avec des feux de plus en plus intenses… Plus le temps passe, plus les températures vont être élevées, et plus cela va favoriser ce risque de feu d’ampleur… La tendance à de plus en plus de feux est vraiment le syndrome du changement climatique. En 2003, année particulièrement chaude, comme en 2006 ou 2017, on a une fréquence de gros incendies qui augmente, et des départs qui se multiplient à l’échelle nationale. De manière générale, une étincelle il y a vingt ou trente ans représentait un risque moins important qu’aujourd’hui. Mais c’est toute la difficulté de percevoir un risque actuel : tant que l’on n’y a pas été directement confronté, on a tendance à croire que ça arrive seulement aux autres.”

Les prévisions alarmantes du GIEC – qui faisaient rire les imbéciles [1] – sont déjà débordées : les accords de Paris avaient fixé à 2,7° le réchauffement à ne pas dépasser ; le réchauffement en est à 1,1° et déjà les effets sont graves. Or la lâcheté des pouvoirs publics [2] empêche toute politique anti-réchauffement. Dans ces conditions, souligne Stéphane Foucart (Le Monde 9/07), “chaque fraction de degré supplémentaire produira sur les sociétés des effets plus forts que la fraction de degré précédente”.

“Qu’en concluez-vous ?”, demande le chroniqueur… La conclusion saute aux yeux : entre un exécutif technoïde et un législatif en proie aux rixes de partis, le régime n’affronte la situation qu’avec du verbiage. Certains observateurs espéraient la naissance d’un bloc populaire qui s’opposerait au bloc bourgeois, mais : a) l’opposition RN est écolophobe et l'opposition LFI tient plus au woke qu’à l’environnement ; b) ces deux oppositions perdent leur temps à s’entredéchirer au lieu de combattre l’oligarchie ; c) dans l’état actuel des mentalités, un éventuel “bloc populaire” risquerait de rejeter le souci écologique et climatique – cf. les gilets jaunes.

L’optimisme est difficile quand on voit les Etats européens – engagés contre la Russie mais surpris (sic) de la riposte énergétique russe – se lancer dans des “solutions de secours” carbonées très nuisibles au climat. L'optimisme est difficile aussi quand on voit les débats sur nos incendies piétiner dans la micropolitique la plus politicienne, au lieu de poser le vrai problème : les incendies du nord au sud viennent du dérèglement climatique, et le dérèglement climatique s’aggrave de l’incurie des Etats devant les mesures systémiques à prendre. Une lutte dans ce domaine ne saurait se limiter aux mots et aux bricolages. Elle exigerait des mesures drastiques d’autodiscipline collective à tous les niveaux : local, national, international ; et un changement mondial du système économique. Mais loin de se focaliser sur cet objectif, les colères risquent de s’éparpiller dans toutes les directions. Comme on disait naguère mais dans un autre sens : chaud, chaud, chaud – l’automne sera chaud !

 

PS ► Que l'un des deux incendies du Finistère soit sans doute d'origine criminelle ne diminue pas l'anormalité de la sécheresse des forêts bretonnes.  Et la monstruosité des incendies girondins est elle aussi un signe du réchauffement climatique.

 

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[1]  Leurs écrits d'il y a dix ans donnent envie de dire aujourd'hui avec Chateaubriand (Mémoires d'outre-tombe) : "Il y a des temps où l’on ne doit dépenser le mépris qu’avec économie, à cause du grand nombre de nécessiteux."

[2] Après avoir ridiculisé ses premiers ministres de l'Ecologie, enterré les préconisations de la “convention citoyenne sur le climat”, tenté de confier la “transition écologique” à une ultralibérale, etc, M. Macron est disqualifié.

 

 

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13:06 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : climat

Commentaires

LES IMBÉCILES HEUREUX

> https://www.telerama.fr/ecrans/rechauffement-climatique-sur-cnews-ca-n-existe-pas-sur-tf1-c-est-l-occasion-de-se-baigner-7011454.php
Des négationnistes, il y en a, hélas...
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 21/07/2022

TOTEMS

> Avec Trump et Bolsonaro comme totems, CNews est parée contre toutes les réalités.
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Écrit par : A. Daubigné / | 22/07/2022

LE PRODUCTIVISME ET LE CLERGÉ

> Dans la lutte pour la préservation de la planète, le capitalisme ou la mondialisation sont bien ancrés et résistent bien aux accusations dont ils sont la cible. Mais le productivisme, le principal destructeur, reste à peu près inattaqué. Dans leur éducation, les enfants sont toujours sommés de faire et d'avoir, et de moins en moins aidés à être. Même le clergé catholique prend la défense de Marthe contre Marie parce que Marthe fait, alors que Marie est inactive. Il en arrive à prêcher un sens contraire à l'Évangile, poussant les fidèles à s'enorgueillir des services qu'ils offrent alors même qu'ils ne manifestent aucun intérêt pour l'écoute de la Parole, elle même réduite par de nombreux prêtres à une simple morale conformiste.

Albert

[ PP à Albert – Ce que vous dites du clergé catholique doit décrire une expérience que vous avez faite, mais ne correspond pas à ce que je constate dans les paroisses (grandes ou petites) que je fréquente. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Albert / | 22/07/2022

LA FAUTE AUX AVIONS

> Il y a un point qu'on occulte toujours. Il y a en haute altitude du CO2 qui fait effet de serre. Or le CO2 est un gaz lourd. S'il y en a tant en haute altitude, c'est principalement la faute aux avions. Plus le CO2 est largué haut, plus il met de temps à redescendre pour être capté par la végétation, en raison de la rotation de la terre qui génère des courants violents contrariant les effets de la gravité. Les éruptions volcaniques, les orages et les tornades (les méga-feux aussi, probablement) peuvent modifier ponctuellement les flux d'air, mais là ce n'est plus de la responsabilité de l'activité humaine.
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Écrit par : Bernadette / | 08/09/2022

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