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25/08/2013

Jean Bastaire est né à la vie éternelle

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Le philosophe français pionnier de l'écologie chrétienne a rendu son âme à Dieu hier soir, à l'âge de 86 ans :

 


Message à ses "fils spirituels", envoyé par Fabien Revol :


« 
Je vous écris pour vous annoncer le décès de Jean Bastaire, ce soir à 22h00, dans son lit, entouré de Jean-Louis un voisin généreux qui l’a pris en charge dans ses derniers jours, et de Michel Péguy, petit-fils de Charles. J’ai pu lui rendre visite cet après midi et partager quelques moments avec lui, peu de temps avant qu’il ne parte. Il n’était pas malade, mais il s’est éteint dans sa vieillesse. Cela faisait trois semaines que son état s’était fortement détérioré et qu’il ne se nourrissait presque plus. La première alerte sérieuse fut hier au soir, il reçut alors le sacrement des malades. Il n’a pas quitté son lit depuis.
La date de ses funérailles sera fixée lundi. Il
est désormais certain qu’elles auront lieu à Meylan, à côté de Grenoble, et qu’il sera inhumé à Chateauneuf en Thimerey dans l’Eure. L’association des amis de Charles Péguy organisera également une messe en son honneur à Paris. Restons unis dans la prière pour son entrée dans la vie divine, en laquelle il n’a jamais cessé d’espérer, jusqu’au bout, pour lui et le bénéfice de toute la création. »

 

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 Wikipedia

Jean Bastaire est né en 1927 à Chamalières, dans le Puy-de-Dôme. Il fait ses débuts à Paris en 1946 comme journaliste cinématographique et se lie d'amitié avec Alain Cuny et Robert Bresson. Son évolution intérieure durant ces longs mois va le mener au christianisme. Il est guidé par l'abbé Lucien Ducretet, mais aussi par les œuvres de Charles Péguy, Mounier et Henri de Lubac. Il se marie en 1950. Sa femme, Hélène, qui a été la médiatrice de cette conversion, mourra en 1992. De 1952 à 1981 il collabore à la revue Esprit et consacre des travaux critiques à la poésie chrétienne de l'âge baroque et surtout l'œuvre de Charles Péguy, à laquelle il consacre une dizaine d'ouvrages. En 1977 paraît son premier texte littéraire, "Court traité d’innocence" (Editions Lethielleux)[2].

Dans les années 1960, sous l'influence de sa femme Hélène, médecin, il s'est converti à l'écologie. Depuis, il milite activement pour une écologie chrétienne qui passerait par un renouveau du franciscanisme.

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NDPP - Parmi les lettres que j'ai reçues de Jean Bastaire, je veux citer celle-ci, du 15 juillet 2008 :

 

« Vous me pardonnerez de prolonger la joie que m'inspirent les relations établies entre nous par votre dernier livre. Je "rame" depuis près d'un quart de siècle sur l'océan de l'écologie chrétienne dont on commence seulement à pressentir l'immensité temporelle et spirituelle. J'ai dû me convaincre que ce que j'avançais était vraiment nouveau, tant je recueillais peu d'échos...
                                                                                                  Je serais un ingrat si je n'exprimais pas ma gratitude pour Jean-Marie Pelt et le philosophe Dominique Bourg qui m'ont apporté leur soutien. Du côté de l'Eglise, trois évêques (PP. Berranger, Bruguès et Dubost) ont cosigné une préface à mon
Pour une écologie chrétienne. Le cardinal Barbarin suit de près mes efforts et m'encourage de toutes les manières possibles.
Mais je demeure dans une ombre discrète à peine dissipée par quelques interviews dans les journaux. Cela malgré dix ouvrages publiés et trois autres sous presse...    

Bien entendu, mon champ d'intervention n'est pas celui du grand public.  Mais il me semble avoir développé tout un corpus de réflexions qui aborde le problème au niveau le plus profond et sous ses différents aspects : exégétique, historique, philosophique, théologique, politique, et même poétique (un recueil de poèmes sur "la pâque de l'univers"). Je n'ai pas le ridicule de croire que j'ai élaboré une « somme », ce ne sont que des aperçus, des intuitions, des suggestions, mais dont l'ensemble finit par constituer une synthèse cohérente et neuve sur le sens de la création et la dimension cosmique du  salut.  

[...]  Nous sommes dans le sillage du Christ total de saint Paul (2 Co., Rom., Eph., Col.), en qui toutes choses ont été créées et toutes sont récapitulées pour être offertes au Père par le sang de la Croix. Vous voyez que l'arc est parfait entre l'écologie et la parousie. […] Je vous joins un autre de mes livres, "Un nouveau franciscanisme", où je suggère le lancement d'un mouvement de "petits frères et petites soeurs de la Création". 

J'espère que vous contribuerez à en répandre l'idée... "La moisson est mûre, et les ouvriers manquent à la moisson."

Très cordialement à vous. »

  

J'ajoute que le philosophe, veuf depuis 1992, a signé néanmoins "Hélène et Jean Bastaire" tous ses livres ultérieurs. Ce n'était pas seulement l'amour conjugal plus fort que la mort : c'était la communion des saints en acte.

                                                                                      PP

 

Oeuvres de Jean Bastaire :

 

  • La Passion du Christ selon les poètes baroques français, anthologie, Éditions de la Différence, coll. « Orphée », Paris, 1993
  • Apprentissage de l'aube, Cerf, 1996

  • Le chant des créatures (avec Hélène Bastaire), Cerf, 1996

  • Péguy au porche de l’Église (avec Louis Baillet et Jacques Maritain), Cerf, 1997

  • Péguy contre Pétain, l'appel du 17 juin, Éditions Salvator - janvier 2000 (ISBN 978-2706702266),

  • La gloire de Sophie, éditions Salvator - février 2000 (ISBN 978-2706702129),

  • Chiens du Seigneur, (avec Hélène Bastaire), Cerf, 2001

  • Arcabas, l'enfance du Christ, (avec Enzo Bianchi), Cerf, 2002

  • Le Dieu mendiant, (avec Hélène Bastaire), Cerf, 2003

  • Pour une écologie chrétienne , (avec Hélène Bastaire), Cerf, novembre 2004

  • Pour Jeanne d'Arc, Cerf, mars 2004

  • Le rire de l'univers, Cerf, 2004

  • Un nouveau franciscanisme, Les petits frères et les petites sœurs de la Création, (avec Hélène Bastaire), Parole et silence, 2005

  • Approche franciscaine de l'écologie, (avec Michel Hubault ofm) 2006

  • Le cantique féminin de la Création, (avec Hélène Bastaire), 2006

  • Pour un Christ vert, avec Hélène Bastaire, éditions Salvator - 2009,

  • Éloge de la fidélité au temps de l'éphémère, éditions Salvator - 2009 (ISBN 978-2706707773),

  • La terre de gloire - Essai d'écologie parousiaque juin 2010, Cerf

  • La création, pour quoi faire ? : une réponse aux créationnistes, avec Hélène Bastaire, éditions Salvator - 2010

  • Pâque de l'univers , 2010

  • Insurrection pascale, avec Hélène Bastaire, éditions Salvator - février 2012 (ISBN 978-2706709067),

 

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Commentaires

MESSAGE DE L'ABBE CARDINNE

> Curé de Meylan, j'ai donné à M. Bastaire le Sacrement des malades vendredi soir. Il était si discret, que j'ignorais même sa présence sur ma paroisse.
Les obsèques auront lieu en l'église Saint-Victor (17, chemin de l'église, 38240 Meylan). En espérant qu'un prêtre (ou un évêque) l'ayant connu pourra prononcer une homélie plus adaptée que je ne saurais le faire...
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Écrit par : Abbé Bertrand Cardinne / | 25/08/2013

LA PENSEE DE BASTAIRE

> Je suis en train de lire "Le cantique féminin de la Création" qui m'incite à aller plus avant dans la pensée de Jean Bastaire. Je ne savais pas qu'Hélène l'avait précédé au Ciel, et cette signature "à quatre mains" me touche...
Qu'il entre dans la Lumière, avec l'abbé Chanut -que je ne connaissais pas-, et le frère Jean-Philippe Revel de la fraternité des moines apostoliques de Saint Jean de Malte (Aix en Pce) à qui je dois beaucoup.
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Écrit par : cristiana / | 25/08/2013

JEAN-PHILIPPE REVEL

> Oui, une pensée aussi pour Jean-Philippe Revel, visage de bonté, dont l'évêque, le jour des obsèques, disait: chacun ici sait ce qu'il lui doit. Un dominicain disait de lui ce qu'on disait de St Dominique: il aimait tout le monde et tout le monde l'aimait. Lorsqu'il donnait l'absolution, il imposait les mains et on ressortait de là consacré comme une hostie. Il a élaboré avec André Gouzes et Daniel Bourgeois la "Liturgie du Peuple de Dieu" pour qu'après le concile, les fidèles puissent louer le Seigneur dans la Beauté, et toute son âme était à la Beauté. Puisse St Jean de Malte redevenir une fraternité féconde et missionnaire !
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Écrit par : Ninelene / | 26/08/2013

JEAN BASTAIRE

> N'hésitez pas non plus à lire "naissance de l'aube" son autobiographie spirituelle.
Il contient aussi des belles pages sur l'amour qu'il portait à sa femme Hélène.

Bastaire priait depuis longtemps pour que des petits frères et petites sœurs de la Création voient le jour. Cette foi et cette confiance me touchent.

Monsieur l'abbé, peut-être pouvez-vous demandez à votre voisin Jean-Marie Pirot(Arcabas), malheureusement très malade lui aussi, pour vous dire au moins quelques mots sur Jean Bastaire. Ils étaient amis.
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Écrit par : Antoine R. / | 26/08/2013

LES OBSEQUES DE JEAN BASTAIRE

> Obsèques mercredi 28 août à 14h en l'église Saint-Victor de Meylan, 17 chemin de l'église, 37240 Meylan.

Elles seront célébrées par le P. François Euvé sj, directeur des "Etudes".
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Écrit par : Abbé Cardinne / | 26/08/2013

IMMENSE

> Jean Bastaire était un grand lecteur ; il allait puiser à la source des plus grands auteurs et ainsi a laissé germer en lui une grâce insondable, digne de la sainteté éternelle. Il nous laisse bien sûr une oeuvre immense, trop peu connue, mais qui, j'en suis certain, "mettra au monde" bien des futurs lecteurs en quête d'un monde sans voile...
Merci Jean, et merci Hélène !
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Écrit par : Buisson Patrice / | 26/08/2013

THEOLOGIENS ?

> Jean Bastaire pourrait sembler profondément désabusé lorsqu’il écrit qu’il « "rame" depuis près d'un quart de siècle sur l'océan de l'écologie chrétienne ». Heureusement, il lui restait la « petite fille espérance ».
Mais quelque chose ne tourne pas rond en France, qui avait de quoi alarmer Jean Bastaire. Trouvez-vous normal que, sur le thème de l’écologie chrétienne, les deux ouvrages de référence écrits par des théologiens de métier soient en fait des traductions ? Jurgen Moltman et Medard Kehl sont allemands. Tout le reste, pour l’essentiel, ce sont des essais, des livres d’entretiens, des documents pastoraux, et quelques ouvrages collectifs de qualité, ainsi que des articles de haute tenue dans des revues. On peut toujours citer René Coste comme exception notable. Mais le paysage d’ensemble n’est guère positif.
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Écrit par : Blaise / | 26/08/2013

Hélène et Jean Bastaire, La Terre de Gloire (introduction) :

> «(...)Je n'ai aucune compétence spéciale. Je ne suis investi d'aucune charge particulière, sauf celle qu'a tout chrétien d'annoncer la Bonne Nouvelle. «L'Ecriture dit : j'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé. Nous croyons nous aussi, c'est pourquoi nous parlons » (2 Co 4, 13). Je m'inscris de toutes mes forces dans une tradition vivante qui naît de l'Ecriture et ne cesse de s'approfondir en des développements nouveaux.
Depuis de longues années, nous méditons, ma femme et moi, sur la place de la création dans la révélation chrétienne. C'est la fameuse question : «Pourquoi y a-t-il quelque choses ? » Elle se divise en deux : « Selon quel motif et dans quel but le monde existe ? » Nous avons cherché ce que répond la Bible à travers ses deux Testaments, de la Genèse à l'Apocalypse, et ce que répondent les fidèles à travers deux mille ans de christianisme.
Notre réflexion est partie d'un problème très concret : la sauvegarde de la planète, le souci écologique. Nul doute que simplement en tant qu'hommes, au coude à coude avec leurs semblables, les chrétiens ont à partager cette préoccupation majeure. Mais ont-ils en sus des raisons particulières de la nourrir ? N'est-ce pas une exigence essentielle de leur foi qui leur commande cette adhésion ?
L'intérêt bien compris de l'humanité est certes respectable. Mais il peut s'y ajouter d'autres justifications. Pour le chrétien, la création ne lui appartient pas. Il l'a reçue en gérance non pas d'abord pour sa satisfaction, mais pour celle de Dieu. La création appartient à Dieu. Elle est une œuvre d'amour dont l'homme dispose afin de rendre amour pour amour.
La fonction de l'homme n'est pas d'exploiter la création à son seul profit, mais de l'ordonner, la féconder, en dégager les prémices de gloire de façon que par lui toutes choses célèbrent l'amour du Seigneur.
Dans un prolongement inéluctable se pose alors la question de la fin non pas temporelle, périssable de la création, mais de sa fin éternelle. A l'achèvement des temps, la création est-elle destinée à disparaître, l'homme échappant seul à la catastrophe ? La Bible affirme résolument non, et particulièrement le Nouveau Testament par la bouche de Paul de Jean.
L'univers a une destinée éternelle, et il attend en gémissant sa délivrance de la délivrance même de l'homme. Lui aussi aura un corps de gloire, ou plutôt c'est à ce corps de gloire que l'homme empruntera sa propre chair transfigurée, transubstanciée, dans et par le Corps glorieux du Christ. Corps cosmique en qui toutes choses seront récapitulées pour être remises par le Fils entre les mains du Père.
Cette apothéose terminale est confessée par les chrétiens. Mais ils n'y songent guère. Elle leur apporte pourtant l'ultime raison et sans doute la plus décisive d'aimer la création et de travailler non seulement à sa sauvegarde temporelle, mais à son salut définitif, le but de l'écologie s'avérant être au bout du compte la parousie.
On ne trouvera pas ici des supputations visionnaires ou des vaticinations ésotériques, mais une tentative balbutiante d'évoquer « ce que l'oeil ne voit pas, l'oreille n'entend pas » durant notre séjour ici-bas. A la lettre, le champ exploré est inexprimable. Faut-il pour autant renoncer à l'exprimer, en commençant par affronter les vrais problèmes, les circonscrire, les définir, et en ébauchant des solutions principalement par la voie de l'analogie, si précieuse quand elle est bien maniée ?
C'est à quoi je me suis résolu. J'assume tous les risques, dans la jubilation de découvrir un peu plus les merveilles que le Seigneur ne réserve pas à quelques-uns (ces fameux « élus » qui n'envisagent d'élection commune qu'à résultat limité) mais qu'il prépare pour tous. Que celui qui n'a jamais péché par sottise d'amour me jette la première pierre. »
http://www.youtube.com/watch?v=x_AG4gwoUfU
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Écrit par : Serge Lellouche / | 26/08/2013

DANS 'LE MONDE'

> c'est aussi une info relayée en dernière ligne par le journal "Le Monde", sur son site internet, sous le vocable de la célèbre revue "La Vie".
Un petit mot, pour signifier quand même que ce journal de gauche, proche des idées politiques écologistes, daigne passer un article enfin favorable aux penseurs catholiques, par ces temps qui courent.
Alors que ce temps accordé à cet homme soit court, et tout aussi fugitif que leur article! pensez donc, eux aussi, les journalistes du monde sont tombés dans le tout consumérisme, le zapping comme pour les chaines de télé, et la défense d'idées plus que politiques déconnectées de la réalité verdâtre de la vraie écologie. Ils sont pour les Verts, comme les supporters le sont pour l'équipe de football de Saint Etienne, mais mais ils ne sont ni pour l'écologie pour les uns , ni pour le football pour les autres : ce sont seulement des supporters ou la fin justifie les moyens.
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Écrit par : jean-christian / | 26/08/2013

COMME UN TOUT

> Merci à ce grand défenseur du premier don du Père, la patrie naturelle
IL n'a pas fait de découpichages, il voyait les choses comme un tout.
Il a su comprendre la phrase "que ton règne vienne sur la terre comme au Ciel".
Comment la gloire de Dieu, comment le règne de Dieu pourraient-ils s'établir par une indifférence envers la Création où Dieu nous fait naître pour nous sanctifier ?
Par une coupure entre mondes visible et invisible ?
Comment croire qu'on puisse louer le Créateur en manifestant de l'indifférence envers la création ?

Saint François, priez pour nous !
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Écrit par : E Levavasseur / | 27/08/2013

> J'ai fait la connaissance de Jean Bastaire grâce à l'hebdomadaire France Catholique où nous tenions tous deux une chronique au cours des années 90. Et à propos de je ne sais plus laquelle, je lui avais écrit et, à la Noël suivante, je lui ai envoyé mes voeux, auxquels j'avais ajouté l’amical aboiement de ma petite chienne. Je n’ignorais pas que son épouse et lui aimaient beaucoup les chiens, mais je ne pensais pas que ce serait le début d’une grande amitié. J’ai pris connaissance de sa théologie de la création et cela m’a permis de présenter, à ce sujet et à celui du devenir des animaux, un dossier complet dans deux numéros de France Catholique. En 1998, empêché de se rendre au Colloque de Chavot organisé à l’initiative de la Faculté de Théologie de Lille, il m’a prié d’y présenter sa pensée à ce sujet. A propos d’une position ecclésiologique qui me tenait à cœur, il m’a conseillé de prendre contact avec Mgr Matagrin,et j’en ai reçu une aimable réponse. C’est ainsi que, durant plus de vingt ans, nous avons entretenu une amitié qui s’exprimait, chez moi, par de longues lettres, et chez lui par de longues communications téléphoniques dans la soirée, de temps en temps. Tous les sujets y passaient et il avait pris part au souci que me causait la dépression de mon fils, qui allait mourir en juin de l’an dernier. Notre dernier contact téléphonique remonte au 21 ou 22 juillet dernier, et je me préparais à lui écrire, lorsque j’ai appris son départ vers la Jérusalem céleste. Coïncidence : au cours de ces derniers jours, la pensée de ma fille l’avait rejoint à plusieurs reprises. Je ne doute pas de cette communion profonde, qui s’est ébauchée ici-bas, et qui ne demande qu’à s’épanouir dans la promesse d’une eschatologie qu’il nous a aidés à découvrir.
Roland Dumont.
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Écrit par : Roland Dumont / | 28/08/2013

Hommage à Jean Bastaire


" Seigneur,

nous t'en supplions

acueille en ton sein notre frère Jean,

ce frêle vase d'argile qui a tant vibré de ton esprit.

Il nous a appris à aimer et célébrer ta création,

allant chercher dans les épitres de Paul

et les livres des anciens grecs

de quoi nous rappeler que ton cosmos n'est pas seulement un lieu de passage

mais une oeuvre sublime appelée à être glorifiée

et dont nous sommes responsables.

Bénis cet homme frêle

qui nous laisse également l'image d'un époux fidèle au-delà de la mort,

lui qui associait à son nom

celui de sa défunte épouse

avec laquelle il continuait à vivre dans une communion d'amour.

Que la fécondité de ce couple qui n'eut pas la joie d'avoir des enfants de chair

inspire les hommes de notre temps

et, peut-être, suscite

cet ordre des petits-frères et petites-soeurs de la Création

dont ce disciple du pauvre d'Assise rêvait. "

Mensuel' Prier'
______

Écrit par : 'Prier' / | 28/08/2013

JEAN-PHILIPPE REVEL

> Merci à Ninelene d'avoir rappelé, à côté de Jean Bastaire, le rôle éminent joué par le Fr. Jean-Philippe Revel, décédé la veille de la fête de l'Assomption, notamment en matière de liturgie et de chant liturgique avec la "Liturgie chorale du Peuple de Dieu" (musique d'André Gouzes et textes des frères Jean-Philippe Revel et Daniel Bourgeois).
Voir l'homélie du Fr. Daniel Bourgeois :
http://www.moinesdiocesains-aix.cef.fr/homelies/lectio-divina/themes/486-sacrements/9861-jean-philippe-ou-la-fidelite.htm
______l

Écrit par : Michel de Guibert / | 30/08/2013

HELIE DENOIX DE SAINT MARC

> Je suis surpris que vous ne disiez rien du rappel à Dieu du commandant Denoix de Saint Marc qui est l'une des plus grande statures de notre époque.

Bernard


[ PP à Bernard - J'ai eu l'honneur de rencontrer Hélie Denoix de Saint Marc dans les années 1980, mais je ne le connaissais pas suffisamment pour avoir quelque chose à ajouter aux hommages qui lui ont été rendus partout. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Bernard / | 30/08/2013

SON TEMOIGNAGE

> Ce témoignage de Jean Bastaire, aussi émouvant qu'éclairant, sur ce qui fait l'unité de sa vie et de son oeuvre, de sa foi catholique et de son amour du créateur dans la création :

"Avoir 20 ans et la tuberculose. C’est ce qui m’est arrivé alors que je faisais mon service militaire. Cantonné dans un sanatorium de la Forêt-Noire, les poumons abîmés par la maladie, le désespoir m’aurait gagné si je n’avais rencontré deux personnes d’exception. L’abbé Ducretet, un aumônier aussi corpulent que sympathique, qui avait la particularité d’être vêtu non d’une soutane, à laquelle j’étais allergique, mais d’un habit militaire. Et Hélène, ma jeune médecin avec laquelle j’en vins rapidement à parler de spiritualité. Quelques mois plus tard, nous demandions à ce prêtre devenu notre ami de nous unir avec le désir d’accueillir et de rayonner la sainteté ensemble. C’est grâce à ces deux êtres que je suis devenu chrétien. Mes parents, artisans imprimeurs athées, m’avaient bien fait baptiser. Mais la ­découverte de la dimension spirituelle de l’existence était pour moi passée par la lecture de Ramakrish­na, un spirituel hindou, pour lequel le Christ était une manifestation de Dieu parmi d’autres. Péguy et, plus tard, mon maître et ami Henri de Lubac, m’ont permis d’approfondir la foi et ouvert à un christianisme de l’Incarnation qui ne cherche pas à fuir le monde, mais comprend que c’est en « s’incarnant » nous-même, en se rapprochant de la terre, qu’on se rapproche du Seigneur.

Hélène et moi avons été un couple de solitaires. Nous n’avons pas eu d’enfant. Et la fragilité de nos santés nous a confinés dans notre maison de Meylan, près de Grenoble. Mon épouse traduisait des ouvrages d’homéopathie dont elle était devenue une spécialiste. Après avoir passé une agrégation, j’enseignais pour ma part l’italien par correspondance, m’occupant également beaucoup de la diffusion de l’œuvre de Charles Péguy. L’engagement au WWF, une association pour la sauvegarde de la planète dans laquelle j’ai suivi ma femme, est venu jeter un pont entre nos activités au début des années 1970. Nous voulions apporter une voix chrétienne aux écologistes et une voix écologique parmi les ­chrétiens. Après la mort d’Hélène, quinze ans plus tard, le lendemain de la fête des Rameaux, ­cette ­préoccupation est devenue pour moi prioritaire. Depuis, je me sens porté par une force, une lucidité qui nous est commune, ce qui explique pourquoi je signe toujours mes livres sur l’­écologie de nos deux noms. Aujourd’hui, je consacre toutes les forces qui me restent à cet engagement.
Notre motivation dans ce combat n’a pas été de sauver les meubles pour les générations suivantes, mais d’abord une émotion de compassion cosmique pour toute la Création. Bien sûr, il ne s’agit pas de tomber dans le piège de la deep ecology, qui conçoit l’homme comme une nuisance pour la nature. L’homme est au contraire au centre et premier, car il en est le gérant. C’est par lui que passe sa sauvegarde. Toutefois, il doit réapprendre à devenir un bon gérant et pour cela redécouvrir la valeur de la Création. Elle n’est pas un séjour provisoire pour l’homme qui, une fois sauvé, la laisserait partir à la casse. Non, elle a été créée comme un tout, dont l’homme est le centre, pour être glorifiée. Saint Paul va jusqu’à affirmer qu’elle gémit dans les douleurs de l’enfantement et aspire à voir la révélation des fils de Dieu (Romains 8, 19). En d’autres termes, sa conscience obscure aspire à ce que l’homme sauvé la mène à son achèvement. Non en l’exploitant de façon aveugle et agressive, mais en la sanctifiant et en l’offrant au Père par un usage humble et plein de respect de ses biens.

Depuis la mort d’Hélène, j’ai beaucoup travaillé. D’abord pour chercher quelle avait été durant les siècles qui nous ont précédés l’attitude des chrétiens envers la Création. Beaucoup d’éminents spirituels, des Pères du désert à Jean Paul II, témoignent d’une sensibilité cosmique, comme je le montre dans deux anthologies : le Chant des créatures et le Cantique féminin de la Création. Aujourd’hui, après avoir développé entre-temps ma réflexion théologique, je vais publier plusieurs ouvrages (dont Terre de gloire, à paraître au Cerf) sur la parousie, c’est-à-dire sur ce à quoi est ultimement destinée la Création. Il est encourageant de voir que l’engagement des chrétiens s’est développé depuis 25 ans. Aucun pape n’avait autant parlé d’écologie que Jean Paul II. Benoît XVI a encore approfondi cette question. Malheureusement leurs discours en la matière sont peu répercutés. Je souhaite de mon côté que se crée un réseau entre tous les chrétiens concernés : agronomes, paysans, théologiens, liturgistes (car la liturgie a une fonction cosmique), ermites, militants contre la déforestation… J’ai même souvent rêvé de la fondation d’un ordre des « petits frères et petites sœurs de la Création ». Ce n’est pas seulement l’avenir de la planète qui se joue là, mais aussi celui de l’Église. Car la nouvelle évangélisation passera par le développement d’une écologie chrétienne."
http://ecologyandchurches.wordpress.com/2013/08/30/un-parcours-une-vie/
______

Écrit par : Serge Lellouche / | 30/08/2013

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