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13/05/2021

Ascension du Christ : "Celui qui nous entraîne à sa suite"

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L'Ascension commentée par six théologiens majeurs :


 Hans Urs von Balthasar :

<< Actes 1,1-11 détruit d’abord l’attente naïve des disciples, pour qui le Seigneur ressuscité allait établir sur la terre le Royaume de Dieu (confondu avec une restauration de la royauté en Israël) et leur attribuer alors une place d’honneur… Non : pour eux quelque chose de plus grand a été prévu. Ils auront à être les témoins de Jésus “jusqu’aux confins de la terre” ; l’Esprit Saint les en rendra capables. Pour leur ouvrir et leur libérer cet espace grand comme le monde, la figure de Jésus disparaît : le point central du monde n’est plus désormais là où Il était visible, mais partout où, sans cesse, l’Eglise aura à se rendre. >> 

 Jean Tauler (XIVe siècle) : 

<< Les membres du corps du Christ que nous sommes doivent suivre leur Chef, leur Tête, qui est monté aujourd'hui. Il nous a précédés pour nous préparer une place (Jean 14,2), à nous qui le suivons... Voulons-nous Le suivre ? Quand même tous les maîtres seraient morts et tous les livres brûlés, nous trouverions toujours, en Sa sainte vie, un enseignement suffisant, car c'est Lui-même qui est la voie et non un autre (Jean 14,6). Suivons-le donc. De même que l'aimant attire le fer, ainsi le Christ attire à lui tous les coeurs qu'Il a touchés. Le fer touché par la force de l'aimant est élevé au-dessus de sa manière naturelle, il monte en le suivant, quoique ce soit contraire à sa nature. Il n'a de cesse qu'il se soit élevé au-dessus de lui-même. C'est ainsi que tous ceux qui sont touchés au fond de leur coeur par le Christ, ne retiennent plus ni la joie ni la souffrance... >>  

 

 Joseph Ratzinger - Benoît XVI :  

<< Les disciples ne se sentent pas abandonnés ; ils ne retiennent pas que Jésus se soit comme évanoui dans un ciel inaccessible et loin d'eux. Évidemment ils sont certains d'une présence nouvelle de Jésus. Ils sont sûrs que le Ressuscité est maintenant présent au milieu d'eux d'une manière nouvelle et puissante. Ils savent que “la droite de Dieu” où il est maintenant “élevé”, implique un nouveau mode de sa présence, qu'on ne peut plus perdre – le mode par lequel seul Dieu peut nous être proche. La joie des disciples après “l'Ascension” corrige notre image de cet événement : “l'Ascension” n'est pas un départ dans une région lointaine du cosmos, mais elle est la proximité permanente dont les disciples font si fortement l'expérience qu'ils en tirent une joie durable... Le christianisme est présence : don et mission ; être gratifiés de la proximité intérieure de Dieu et – sur cette base – être actifs dans le témoignage en faveur de Jésus Christ.  >>

 

 Louis Bouyer : 

<< L'Ascension est l'épanouissement de la glorification de Jésus commencée par sa Résurrection. N'appartenant plus au monde présent, celui du péché et de la mort, mais déjà, par tout son être, au monde futur et éternel de la sainteté et de la vie, Jésus ne pouvait plus être retenu par la terre... Son Ascension est en elle-même l'accomplissement ultime de son oeuvre rédemptrice (Ephésiens 4, 8-10). Non seulement Il y apparaît comme notre précurseur, mais comme Celui qui nous entraîne à sa suite, à ce point que Paul ira jusqu'à dire que Dieu nous a vivifiés avec Lui, ressuscités et fait asseoir avec Lui dans les “lieux” célestes (Ephésiens 2,6 : cf. 1,20 ss.)... On voit donc dans quel sens saint Jean faisait dire au Christ : “il est bon pour vous que je m'en aille” (Jean 16,7) : la suite du texte le montre immédiatement, ce départ était la condition de la venue de l'Esprit... Le Christ est pour nous un nouvel Adam, non plus simplement terrestre mais Esprit vivifiant, en tant qu'Il se révèle finalement comme “l'Homme céleste” (1 Corinthiens 15, 45-49)... L'Ascension du Christ, avec les promesses qu'elle inclut pour nous, trouvant leur première réalisation dans l'effusion de l'Esprit qui va la suivre immédiatement, apparaît comme ce qui donne tout son sens à son humiliation volontaire dans l'Incarnation rédemptrice. >> 

 

  Charles Journet : 

<<  Deux mystères vont marquer l'avènement de l'âge de l'Esprit Saint : le mystère de la présence eucharistique, et le mystère de l'institution de la hiérarchie. Pour continuer de résider Lui-même corporellement au milieu de nous, avec dans ses mains toute la richesse de sa rédemption sanglante, le Christ glorifié se rend présent sous les apparences étrangères du pain et du vin. Saint Jean rattachera à l'eucharistie cette vie du chrétien dans le Christ et du Christ dans le chrétien, où saint Paul voit le propre même du Corps mystique : “Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui. De même qu'envoyé par le Père, qui est vivant, moi, je vis par le Père, de même celui qui me mange vivra, lui aussi, par moi” (Jean 6, 56-57). Et pour continuer de nous atteindre avec la même intimité qu'aux jours de sa vie mortelle, Jésus va laisser au milieu de nous la médiation des pouvoirs hiérarchiques et des rites sacramentels qui prolongeront son contact sensible dans l'univers entier et sous les espèces desquels il enverra la plénitude de sa grâce et de sa vérité : “Enseignez toutes les nations, baptisez-les... Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu'à la consommation des siècles” (Matthieu, fin). >>  

 Henri de Lubac : 

<< Si, chez saint Jean, le lien des fidèles entre eux comme avec leur Sauveur est suggéré comme un ensemble de rapports réciproques d'une intense intimité, chez saint Paul le Christ apparaît comme un milieu, une atmosphère, un monde où l'homme et Dieu, l'homme et l'homme, communiquent et s'unissent. Il est celui qui remplit tout en tous... Réalité mystique, dont les fruits visibles de charité fraternelle, nouveauté radieuse au milieu d'un monde vieilli dans les divisions, suscitaient l'admiration enthousiaste d'un Jean Chrysostome et d'un Augustin. Dans ses homélies sur saint Jean, venant à commenter cette parole : “pour rassembler ceux qui sont proches et ceux qui sont au loin”, Chrysostome s'écrie : “Que signifie cela ? Cela signifie que, des uns et des autres, le Christ fait un seul corps. Ainsi, celui qui réside à Rome regarde les Indiens comme ses propres membres. Y a-t-il union comparable à celle-là ? Le Christ est la tête de tous.Et Augustin, en cette hymne célèbre à l'Eglise 'De moribus Ecclesiae catholicae' : “Tu unis entre eux les citoyens, les peuples, que dis-je ? Le genre humain tout entier, par la croyance à la communauté de notre origine, en sorte que non contents de s'associer, les hommes deviennent pour ainsi dire des frères...” >>

 

 

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