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24/12/2013

"Pour la salutaire nativité dans la chair de Notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus- Christ"

Noël 1353 -  Homélie prononcée à Thessalonique par Grégoire Palamas, aujourd'hui saint des Eglises orthodoxe et catholique :image001.jpg

 JOYEUX  NOËL  À  TOUS


 

 

 

images.jpg<< Aujourd'hui nous fêtons l'accouchement virginal ; et mon discours s'élèvera, par nécessité, conformément à la grandeur de cette fête, et pénétrera dans le mystère autant qu'il est possible, qu'il est permis, et que le temps s'y prêtera, pour que moi aussi je révèle une part de la puissance qui réside en ce mystère. Pour vous donc, frères, je vous en prie, tendez et élevez tous ensemble votre intelligence ; afin qu'enflammée depuis les lieux très-hauts de la divinité, elle s'attache parfaitement, avec plus de force, à la lumière de la divine connaissance. Car aujourd'hui, je vois le ciel et la terre recevoir un même honneur, et la voie qui monte d'ici-bas à ce qui se trouve au-delà de l'univers, rivaliser avec la condescendance du monde supérieur. Oui, s'il existe un ciel des cieux, s'il existe un lieu, ou un état, ou encore un ordre au-delà de ce monde, rien de tout cela n'est plus admirable ni plus honorable que la crèche et les langes du nourrisson. Car rien, parmi les événements qui se sont déroulés depuis les siècles sous le regard de Dieu, n'est plus profitable à chacun, ni plus divin, que ce qui touche à la naissance du Christ que nous fêtons aujourd'hui.

 

Oui, le Verbe prééternel, incirconscrit, le Maître de l'univers, comme un vagabond, un sans-abri, un sans demeure, est aujourd'hui enfanté ; nourrisson, il est déposé dans une crèche, Il est vu par des yeux, Il se laisse toucher par des mains, Il est enveloppé de langes ; ce n'est pas une substance intelligente qui n'existait pas encore et qui vient dans la création, ce n'est pas une chair destinée à se dissoudre qui est introduite dans le devenir, ce ne sont pas une chair et un intellect qui se joignent l'une à l'autre dans l'unité et l'organisation d'un être vivant, mais Dieu et la chair mêlés sans confusion dans l'existence d'une seule hypostase divino-humaine... Le même est Dieu et homme parfait ; le même est l'oint, et Dieu qui l'oint... Celui qui a tout tiré du non-être, les réalités terrestres et les célestes, voyant que, par leur désir d'être plus, Ses créatures raisonnables sont devenues vaines, Se donne Lui-même à elles dans Sa grâce ; Lui à qui rien n'est supérieur, ni égal, de qui même rien n'est proche, Il Se présente à qui désire participer à Lui ; afin que nous puissions par la suite user sans danger de ce désir d'être plus à cause duquel, au commencement, nous fûmes cernés par un péril extrême, et que, chacun de nous désirant devenir Dieu, nous ne soyons pas seulement innocentés mais obtenions la satisfaction de notre désir. Il abolit merveilleusement le motif de notre chute originelle, c'est-à-dire le supérieur et l'inférieur observables dans les êtres, ainsi que la jalousie et la ruse qui s'ensuivent, et les luttes visibles et invisibles...

 

Dieu a jugé bon d'abolir le motif de l'orgueil qui avait renversé Ses créatures : aussi rend-Il toutes choses semblables à Lui. Et puisque par nature Il est égal à Lui-même et reçoit le même honneur, Il rend aussi Sa créature égale à elle-même, et recevant le même honneur, par grâce. Comment cela ? Dieu le Verbe issu de Dieu, S'est dépouillé ineffablement, Il est descendu des hauteurs jusqu'à l'extrême de l'humain, Il l'a lié à Lui indissolublement, Il S'est humilié, Il a assumé la même pauvreté que nous ; ainsi, des réalités inférieures, Il fit des supérieures, ou plutôt, Il rassembla les deux en un, mêlant l'humanité à la divinité, et montra de la sorte à tous que la voie qui conduit vers les réalités supérieures est l'humilité, en S'offrant Lui-même en exemple aux hommes et aux saints anges, aujourd'hui...


C'est pourquoi le Dieu qui trône sur les chérubins Se présente sur la terre, aujourd'hui, comme un nourrisson. Lui que ne peuvent contempler les chérubins aux six ailes, non seulement parce qu'ils ne peuvent voir Sa nature, mais parce qu'ils ne peuvent même pas soutenir des yeux l'éclat de Sa gloire, - aussi se recouvrent-ils les yeux de leurs ailes, - c'est Lui que l'on voit avec nos sens, et qui Se présente, devenu chair, à nos yeux de chair. Lui qui délimite toutes choses et n'est délimité par rien, est circonscrit par une crèche rudimentaire et petite. Lui qui contient et étreint tout dans Sa main, est entouré de menus langes... Ainsi est enfanté dans ces conditions Celui qui a été engendré par Dieu hors du temps, impassiblement et sans commencement...

 

Il se joint à Ses serviteurs et se fait recenser avec eux, Lui qui par nature est le maître de l'univers. L'homme qui croyait alors être le maître de la terre n'est pas recensé avec le Roi des cieux : seuls le sont ceux qui sont en son pouvoir ; ce n'est donc pas le souverain de la terre qui est recensé avec eux, mais celui du ciel...

 

S'Il était né d'une semence humaine, Il n'aurait pas été l'homme nouveau ; étant de l'ancienne frappe, et héritier de la faute, Il n'aurait pu recevoir en Lui la plénitude de la divinité intacte, et devenir une source intarissable de sanctification. De même, en effet, que l'eau présentée dans un vase ne suffit pas à rassasier la soif continuelle d'une grande ville, mais que celle-ci doit avoir sa propre source entre ses murs – de même, nul ne pouvait pourvoir à la sanctification continuelle de tous, mais la création avait besoin d'une fontaine ayant en elle-même sa source... Aussi est-ce le Seigneur Lui-même qui est venu nous sauver, devenant homme pour nous et par nous, et demeurant Dieu sans changement. Edifiant dès maintenant la nouvelle Jérusalem, élevant par Lui-même le temple avec des pierres vivantes, nous rassemblant en une Eglise sainte et universelle, Il établit sur le fondement qui est le Christ (Ephésiens II) la source inépuisable de la grâce.

 

Et voyez les symboles de cette union ineffable, du profit immédiat qui s'ensuit même pour ceux qui étaient dispersés au loin : l'étoile fait route avec les mages, s'arrêtant quand ils s'arrêtent, et avançant avec eux quand ils se déplacent ; ou plutôt elle les appelle et les entraîne sur la voie, leur ouvrant le chemin et les conduisant vers la paix annoncée aux bergers.

 

Cette paix, frères, gardons-la avec nous, de toute notre force :  nous l'avons reçue en héritage de Celui qui vient d'être enfanté, notre Sauveur, et qui nous a donné l'esprit de l'adoption par lequel nous devenons héritiers de Dieu, cohéritiers du Christ (Romains VIII). Soyons donc en paix avec Dieu en accomplissant les oeuvres qui Lui sont agréables, l'intégrité, la vérité, l'action juste, « l'assiduité dans les prières et les supplications » (Actes I), « en chantant et célébrant le Seigneur dans nos coeurs » (Ephésiens V) sans nous limiter à le faire de nos lèvres. Soyons en paix avec nous même en choisissant un art de vivre accordé à notre conscience, et en mouvant le monde intérieur de nos pensées avec mesure et saintement. Car c'est ainsi que nous mettrons fin à la véritable guerre civile, celle qui a lieu en nous-même...

 

Puissions-nous tous obtenir notre communauté dans les cieux, lors de l'avènement et de la manifestation glorieuse à venir, de notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus-Christ, à qui revient toute gloire pour l'éternité. Amen. >>

 

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