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Un piège à c... : la ”droitisation des catholiques”

 "Les cathos se droitisent", annonce Jean-Louis Schlegel :

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"Les cathos se droitisent", annonce (chez Causeur) Jean-Louis Schlegel. C'est un sociologue libéral depuis toujours. Je me souviens d'avoir participé – voilà plus de vingt ans – à son séminaire de la Fondation Saint-Simon sur le fait religieux, où il déroulait déjà les postulats de la société du capitalisme tardif : 1. l'Individu consommateur comme unique référence admissible ; 2. l'incompatibilité entre la foi (appelée "dogme") et l'esprit de la nouvelle société ; 3. l'écartèlement des catholiques entre deux postures : a) s'aligner sur cette société (quitte à placardiser la foi), b) maintenir la foi malgré cette société. Ici Schlegel ajoutait quelque chose qui n'était pas un constat mais une interprétation fausse : selon lui et toute la sociologie libérale, maintenir la foi était choisir le "repli identitaire", terme disqualifiant – et radicalement déformant – pour désigner la démarche du croyant.

En 2012, Schlegel ajoute une idée supplémentaire : la situation, dit-il, conduit les cathos à la "droitisation" politique.

Ne s'intéressant qu'à la politique (devenue une annexe des "changements sociétaux", eux-mêmes produits dérivés du capitalisme tardif), le sociologue libéral ne veut pas comprendre que la question du christianisme est d'une autre nature.

Pour le croyant, le centre vital n'est pas la politique ni les changements sociétaux : c'est la foi [1]. Maintenir l'attitude de foi dans une société qui fait tout pour la placardiser (en attendant de la pénaliser), ce n'est pas du "repli", parce que l'ouverture à la transcendance est tout sauf un repli ; et ce n'est pas "identitaire", parce que la seule identité du chrétien est la personne de Jésus-Christ : ce qui mène au delà de l'histoire (et très loin des rabâchages).

Face à cela, que pèse cette affaire de "droitisation" ? Rien. Les partis politiques ne valent rien pour la santé de la foi. La droite politique n'est pas plus chrétienne que la gauche politique.

Quand la droite politique est dans l'opposition, il lui arrive de faire des moulinets [2] pour "défendre" des chrétiens, ou des choses chrétiennes ; ce n'est pas toujours inutile, mais c'est ce que Rémi Brague appelle la posture "christianiste" : elle ne concerne pas le christianisme au seul vrai sens du terme, c'est-à-dire la foi surnaturelle dont la propagation est le devoir du chrétien croyant.

Le chrétien croyant peut-il faire partager sa foi au non-croyant ? Oui, disait l'orthodoxe Bertrand Vergely ce matin sur RND : mais en témoignant de cette foi au Christ par sa propre façon de vivre, donnée par grâce, et par là singulière et attirante  ; ce qu'en théologie on appelle... la sainteté.

L'avenir du catholicisme en France passe par cette sorte de témoignage : donc par une flambée de foi.

On voit que ça n'a rien à voir avec la droite, la gauche et tout ce qui excite les ânes, les ânesses et les gens du métier, comme chantait autrefois Reggiani – c'était il y a des années-lumière : avant l'époque de la Fondation Saint-Simon.

L'idée de « droitisation » fonctionne donc comme un piège à c..., pour l'analyste comme pour l'analysé :

- pour l'analyste (aussi intelligent soit-il), puisque cette idée est irrelevante, diraient les universitaires anglophones ;

- et pour l'analysé (vous et moi : les cathos de base), parce que la droite pas plus que la gauche n'est l'avenir du croyant.

 

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[1] La foi peut d'ailleurs inspirer des positions révolutionnaires sur le plan sociétal. Rappelons que l'Eglise catholique combat avec force l'ultralibéralisme et la société consumériste ! ...bien que ces déclarations du pape et des conférences épiscopales soient boudées  par les sites cathos "droitisés".

[2] La droite au pouvoir s'empresse d'oublier les proclamations qu'elle faisait dans l'opposition. (Quelquefois ça vaut mieux, pour éviter un pavé de l'ours genre discours du Latran).

 

 

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Après le 13 janvier : ”droitisation” = piège à c...

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Voir la note du 28/12, ici. 

Ce piège est tendu aux catholiques :

 

 

Les médias diffusent l'idée d'une « droitisation » de l'opinion française : celle-ci, au rebours de tout réalisme, tirerait de la crise l'idée qu'il faut déréguler et libéraliser toujours plus !

Or c'est complètement faux, explique Jérôme Fourquet (Ifop) dans Le Monde du 16/01 : sur les questions de sécurité et d'ordre public la demande est massive, y compris dans l'électorat de gauche, mais « ce besoin s'accompagne d'une forte aspiration à une intervention de l'Etat pour réguler et encadrer une économie libérale, qui peine toujours à convaincre, nos compatriotes apparaissant dans les études internationales comme les plus critiques sur le fonctionnement du capitalisme et de l'économie de marché. »

Rapprochons ce constat de celui de Vincent, commentant la note de ce matin sur la postdémocratie :

« ...Et cela il faut que beaucoup de catholiques le comprennent. Ceux qui croient encore que le modèle libéral n'est pas à remettre en cause alors qu'il est la source même de toutes ces dérives. Malheureusement, trop peu de mes amis, qui sont rapides à se lever sur le débat du mariage homosexuel, intègrent cela. Espérons et prions pour que la vigueur que nous mettons dans le combat de ce week-end devienne aussi forte et joyeuse dans le combat contre notre modèle économique et politique. Duc in altum !, comme n'a cessé de répéter le Bienheureux Jean-Paul II. »


 

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”Des catholiques s’inquiètent du raidissement identitaire d’une partie de leurs coreligionnaires en France, pris par l’a

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Dans Le Monde daté du 30/01, Cécile Chambraud présente trois livres (dont le mien) pour sortir du malaise actuel. Extraits :

 

 

Des catholiques contre la tentation identitaire

Trois auteurs interrogent chacun dans leur livre l’expression, en France, d’un catholicisme d’affirmation et la droitisation des pratiquants.

Par Cécile Chambraud

 

Livres. Des catholiques s’inquiètent du raidissement identitaire d’une partie de leurs coreligionnaires en France, pris par l’angoisse du déclin, et ils l’écrivent. Depuis les grandes manifestations contre le mariage pour tous, en 2012 et 2013, on a beaucoup scruté la remobilisation des catholiques dans la sphère politique, la place de plus en plus visible d’un catholicisme d’affirmation et la droitisation électorale d’une part importante des pratiquants, que le vote en faveur du Front national ne rebute pas plus, désormais, que la moyenne de l’électorat. Tandis que ce courant prenait alors confiance en sa capacité d’expression – alors même qu’il avait essuyé une défaite sur le terrain législatif –, des groupements politiques ou associatifs se sont structurés, des sites Internet sont apparus pour entretenir la flamme  […]
En novembre 2016, la victoire de François Fillon à la primaire de la droite a témoigné de l’ambition de cette mouvance de demeurer un acteur dans la sphère politique. La situation intenable pour les minorités religieuses, notamment chrétiennes, en Irak puis en Syrie, créée par les conquêtes territoriales de l’organisation Etat islamique à partir de l’été 2014, l’a tenue mobilisée. En revanche, le mouvement des réfugiés qui a suivi l’a déstabilisée, réactivant l’angoisse d’une dissolution du marqueur chrétien dans notre pays.

Trois livres très différents interrogent ce glissement, considéré comme une conséquence du sentiment douloureux d’être de plus en plus étranger au reste de la société.

Avec les outils du sondeur, Jérôme Fourquet répertorie les manifestations de cette évolution récente. Pour le directeur du département « opinions » de l’IFOP, ces quelques années ont été, pour ces catholiques de « la droite de Dieu », celles d’une prise de conscience, à savoir qu’ils sont désormais une composante minoritaire d’une société largement déchristianisée, dans un environnement en mutation rapide, marqué par l’implantation de l’islam.

[…]

« UN CHRISTIANISME SANS CHRIST »

S’adapter à ce statut de minorité dans la société est une chose. Se recroqueviller au point de courir le risque de devenir une « secte » en est une autre, contre quoi met en garde Patrice de Plunkett. L’ancien directeur de la rédaction du Figaro magazine, aux côtés d’Alain de Benoist, aux belles heures de la nouvelle droite de la fin des années 1970, a opéré depuis un virage radical. Revenu à la foi dans les années 1980, il fait siennes, après « avoir cédé deux ans à la tentation intégriste », la critique du capitalisme libéral et la prise de conscience écologique. Son livre s’en prend à la frange des catholiques qui « s’ingénient à donner l’image d’un front du refus ».

Plus fidèles à leur milieu qu’à l’enseignement de l’Eglise, accuse-t-il, ils refusent au fond sa critique du capitalisme néolibéral ainsi que de tirer les conséquences économiques et sociales du principe de l’écologie intégrale. Ils se revendiquent d’une « identité » chrétienne pour critiquer l’accueil de trop de réfugiés. Tout cela les conduit à être hérissés au plus haut point par le pape François qui, sur tous ces sujets, exprime le contraire de ce qu’ils pensent. « La bergogliophobie [du nom du pape François, Jorge Mario Bergoglio] fonctionne dans le même esprit qu’autrefois l’intégrisme contre Paul VI et Jean Paul II », écrit Patrice de Plunkett, qui les accuse pas moins que de se « fabriquer un christianisme sans Christ ».

Face au vertige de ce monde qui semble vaciller aux yeux d’une partie des catholiques, trois jeunes doctorants plaident pour un engagement bien différent de ce « catholicisme intransigeant », « d’objection, ouvertement contre-culturel » et défensif. Pour Pierre-Louis Choquet, Jean-Victor Elie et Anne Guillard, il est temps pour les chrétiens de « s’affranchir de cette peur historique qui empêche de considérer a priori les idées des mouvements dits de gauche » et de mettre en œuvre un « autre retour des catholiques dans la cité », fondé sur un double souci de justice sociale et écologique.



A la droite de Dieu - Le réveil identitaire des catholiques, Jérôme Fourquet, Editions du Cerf, janvier 2018, 176 pages, 18 euros.
Cathos, ne devenons pas une secte, Patrice de Plunkett, Salvator, janvier 2018, 160 pages, 15,90 euros.
Plaidoyer pour un nouvel engagement chrétien, Pierre-Louis Choquet, Jean-Victor Elie, Anne Guillard, Les Editions de l’Atelier, septembre 2017, 140 pages, 15 euros.

 

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Les Français en ”dépression collective” ?

Ce que révèle l'enquête de Sciences Po :

 

 

Déployée sur toute la page 10 par Le Monde du 14/01, l'enquête du Cevipof (Sciences Po + CESE) annonce : ''les Français s'enfoncent dans la dépression collective''. Selon le Cevipof, le ''niveau de pessimisme'' est sans précédent. Au rejet des élites s'ajoute désormais la méfiance de chacun envers son prochain : la concurrence générale forcément heureuse (Alain Minc) devient guerre malheureuse de tous contre tous...

 

> Cette parano-pandémie est présentée par les agences comme une ''droitisation des esprits'', et les naïfs de droite croient y voir un ''réveil de la France bien élevée'' : voire de la France ''chrétienne'', chez les encore plus naïfs. C'est un faux-semblant : selon le Cevipof, aujourd'hui  66% des Français (seulement) ''disent faire confiance aux gens qui ont une opinion religieuse différente de la leur'' (ils étaient 73 % fin 2009) ; mais où le Cevipof voit-il une ''opinion religieuse'' largement partagée en France ? À en juger par la fréquentation des églises, les catholiques croyants sont nettement moins de 10 % de la population... S'agissant d'opinions ''religieuses'' de gens dont la plupart n'ont pas de religion, ce 66 % ne veut donc rien dire ! Ou plutôt, il déguise en ''opinion religieuse'' une peur ethnique envers les immigrés musulmans : et cette peur n'a rien à voir avec Jésus-Christ. Se réjouir de cette peur comme si elle allait dans le sens de la foi chrétienne, serait une illusion coupable. Les évêques ne partagent pas cette illusion ;  c'est pourquoi leur lucidité les fait brocarder par les conservateurs agnostiques. (''Les évêques manquent d'énergie'', etc). [1]

 

> De cette ''peur de l'autre'' croissante et polymorphe, le Cevipof diagnostique divers symptômes : peur des gens d'une autre religion, peur des gens d'une autre nationalité... Si l'on considère comme de même nature l'idée de religion et l'idée de nationalité, comme font les ''athées pieux'' [2], on est dans l'idéologie identitaire et pas dans le christianisme ! Sur ce détournement se construit en ce moment une sorte de paganisme cathophile, grosse arnaque, au contrepied du christianisme et des directives du pape.

 

> L'arnaque est impulsée par le lobby libéral. Et le Cevipof (ou seulement le commentaire du Monde ?) y participe, en confondant volontairement le libéralisme (idéologie de classe de la ''caste cannibale'') et la liberté d'entreprendre, quand le Français moyen se rêve en petit patron. Or cette confusion est le plus radical des mensonges : le libéralisme et l'entreprise ne sont pas amis, puisque le libéralisme aboutit au casino financier, qui tue les entreprises en refusant de les financer... Mais les ''leaders d'opinion'' entretiennent la confusion. Ils sont payés pour ça.

 

> On constate donc une correspondance entre cette désinformation de l'opinion et les mouvements de rue manipulés par le lobby libéral, comme les bonnets rouges ou la manif du 29 janvier à Paris. Ceux qui croient y voir une ''prise de conscience'' se trompent, ou trompent le lecteur parce que c'est leur job.

 

> Selon le Cevipof, la proportion de Français pensant avoir ''le contrôle de leur avenir'' serait tombée à 51 %. Le Monde s'en alarme, crie au danger pour la démocratie et au péril bonapartiste ; il ne songe pas à analyser ce qu'est devenue la démocratie depuis le putsch ultralibéral des années 1990, renforcé en Europe par la machine de Bruxelles.


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[1] Et si les agnostiques conservateurs se mêlaient de leurs oignons ?

[2] dixit Mgr Daucourt, alors évêque de Nanterre.

 

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Les chrétiens et le monde : ce que disent (ce dimanche) Ezéchiel, Paul et Marc

Soyons ouverts, l'Esprit se charge du reste :

 

Ezéchiel 2, 2-5 : « Fils d'homme, je t'envoie vers les fils d'Israël, vers ce peuple de rebelles qui s'est révolté contre moi... »  Au verset 6, Dieu dit même à son prophète : « N'aie pas peur de leurs paroles s'ils te contredisent et te méprisent et si tu es assis sur des scorpions » ! Dieu ne parle pas de peuples païens mais de son propre peuple, celui qu'Il a appelé à l'existence. Le rôle du prophète n'est pas de faire la guerre à des païens ignorant Dieu (comme le croient les bien-pensants de tous les temps) : mais de secouer durement les héritiers de la Révélation qui n'écoutent pas la parole divine, ayant « la tête dure et le coeur obstiné » (2,4). Obstiné à suivre ses propres réflexes et préjugés... Et c'est cela que Dieu voit comme « une révolte contre moi ». Cette révolte est généralement inconsciente ; elle peut même se déguiser en militantisme religieux, le Tentateur ayant tous les visages. Mais si Dieu envoie un prophète aux révoltés, c'est pour leur faire prendre conscience de leur révolte, et pour leur dire qu'Il continue à les appeler. A eux d'ouvrir leur esprit à ce que Dieu attend d'eux, même (et surtout) si c'est tout autre chose que ce qu'ils imaginaient.

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Paul, 2e lettre aux Corinthiens, 10 : « C'est pourquoi j'accepte de grand coeur pour le Christ les faiblesses et les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. Car, lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort. » Etre faibles, insultés, contraints, persécutés : situation normale pour des disciples du Christ. Ce qui serait anormal de leur part, ce serait de se rêver forts, redoutés, maîtres de la situation, aux commandes de la société. Ce fantasme de puissance sociale a paru réalisé à divers moments de l'Histoire : ce sont ceux dont Jean-Paul II a fait repentance devant Dieu en l'an 2000. Repentance parce que le fantasme de puissance (le rêve d'une société obéissant aux chrétiens) est une révolte contre Dieu. Les épreuves sont préférables, dit Paul, parce qu'elles sont la circonstance où la vraie force chrétienne se manifeste aux yeux de tous : non pas dans le chrétien, mais « dans le soutien permanent de la présence du Christ en lui », explique l'exégète. « S'il faut s'enorgueillir », dit Paul (11,30), « je mettrai mon orgueil dans ma faiblesse »... Cette directive immunise contre les idéologies, qui parasitent les attitudes chrétiennes en introduisant des mirages de pouvoir social (gauchisant ou droitisant) sous le couvert du combat spirituel. Avant-hier certains mettaient leur orgueil, non dans le Christ secourant leur faiblesse, mais dans la « force » d'un parti politique qui les prenait pour compagnons de route ; hier la chose s'est vue (en plus petit) à l'autre extrême, mais c'était la même tentation. L'humanité d'aujourd'hui a besoin de chrétiens qui soient ses frères, conscients et solidaires de ses attentes, souples aux nouveautés venant de l'Esprit Saint ; elle n'aurait vraiment aucun besoin de « militants » figés et pleins d'eux-mêmes.

 

Marc 6, 3-4 : Jésus venant parler à Nazareth. Il échoue auprès de ses propres compatriotes. « Un prophète n'est méprisé que dans son propre pays », leur dit-il. Eux ne veulent pas l'entendre parce qu'ils croient connaître... ses origines. C'est le réflexe habituel des bien-pensants : juger l'autre ; et le juger non sur ses actes et ses paroles, mais sur le milieu auquel il est censé appartenir. (Ne l'a-t-on pas connu ici, ou là, issu du groupe Z ou de la famille X ?). Réflexe qui se présente comme naturel, légitime, enraciné, etc ; mais réflexe qui évite tout effort d'ouverture mentale : « car leur bouche est pleine des passions qu'ils veulent assouvir ; leur coeur suit leur profit » (Ezéchiel 33, 31-32). Alors que l'ouverture est la seule chose que l'Esprit attende de nous : Lui se charge du reste.

 

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L'engrenage de la ”croissance sans emplois” (+ avril 2017)

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Logique du système - dont aucun candidat 2017 n'ose parler :

 

 

S'affichant adversaires du "système" (lequel ?), MM. Macron et Fillon sont de purs produits du Système (le seul) :  le capitalisme dérégulé. D'où leur silence sur sa logique de destruction des emplois. Pourtant les chiffres sont là : 83 % de probabilité d'automatisation des postes à bas salaires dans les vingt prochaines années, selon un rapport de la précédente administration américaine ! Selon une étude de l'université d'Oxford (2013), 47 % des emplois américains sont menacés d'ici vingt ans ; cette perspective enchante aujourd'hui M. Puzder, patron de choc US et nouveau ministre du Travail. ("Les robots, aime-t-il à dire, ne tombent pas malades et ne demandent pas d'augmentation"). 

Expérience-pilote, le premier magasin Amazon Go (sans caisses) a ouvert en décembre à Seattle. Sa formule implique : 1. d'avoir un compte Amazon ; 2. de "télécharger l'appli Amazon Go" sur votre smartphone (produit commercial rendu obligatoire dans l'espace public) ; 3. de scanner à l'entrée du magasin et faire vos achats ; 4.  de recevoir votre ticket de caisse par mail. Deux mille magasins Amazon seront ainsi robotisés selon le Wall Street Journal [*]. Selon le New York Post, l'expérience s'étendra aux 1000-4000 m2, avec une division "au moins par deux" des effectifs salariés. Amazon ouvre la voie à l'ensemble de la grande distribution ; l'avenir se rétrécit aux Etats-Unis pour les 3,4 millions de caissières (et caissiers) et les 4,5 millions de vendeuses (et vendeurs).  En France, la grande distribution craint et imite Amazon : la CFDT a révélé qu'Auchan s'apprête à supprimer jusqu'à 1500 postes d'hôtesses de caisse. On vient d'installer des scanners à l'entrée des magasins U. Etc...

Ce qui se passe dans les grandes surfaces n'est que l'un des champs d'application de l'algorithme de "croissance sans emplois", ultima ratio du capitalisme. Cette économie-là n'aura plus besoin des humains : le "revenu universel" de M. Hamon est un moyen de se résigner - sans le dire - à la mise à l'écart des deux tiers de la population dans leur propre pays...  Quant à MM. Macron et Fillon, ils ne disent pas un mot de ce problème ; ils promettent le plein emploi par la dérégulation, c'est-à-dire le bien par le mal. Mieux : ils masquent le ravage social sous la prédiction d'une "rupture libératrice" - "disruption" en globish -  grâce à l'irrésistible modification de tout par la "technologie" (alias "révolution numérique" : le schibboleth [2] des libéraux dans cette campagne). Tyrannie mentale que le livre de François Cusset nomme à tort droitisation du monde - la gauche aussi est partie prenante -, mais qu'il analyse bien, en voyant dans cette pseudo-révolution le produit de la dérégulation libérale.

La robotisation de la société (sa déshumanisation) est la fatalité de l'époque. Elle implique la mort du politique en tant qu'outil d'un bien commun, notion devenue impensable dans un monde livré au profit de quelques-uns. Cet engrenage n'est pas étranger à l'actuelle dislocation, sous nos yeux, de la Cinquième République : non-sens des partis, imposture de "valeurs" vaguement spirituelles (Macron-Fillon) pour enrober l'Argent, populisme crypto-libéral sous camouflage de démagogie... "Ce serait une erreur de croire que ces choses / Finiront par des chants et des apothéoses / Certes, il viendra, le rude et fatal châtiment / Jamais l'arrêt d'En-Haut  ne recule et ne ment."

 

 

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[1]  Libération, 9/02.

[2]  Schibboleth : mot de passe. Le terme vient de la Bible (Juges 12:4-6).

 

 

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Un hoax : le ”basculement à droite de l'imaginaire collectif”

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C'est le nouveau moulin à vent des médias :


 

Qu'il faille une révolution, c'est clair : le système politique est sénile. Et il s'est vidé volontairement de tout pouvoir, depuis vingt ans, par la dérégulation au profit du financier. Devant le ravage social (et sociétal) de la « guerre de tous contre tous » induite par l'ultralibéralisme, l'Etat n'est plus qu'on grand cadavre à la renverse : tétanisé par les obligations sociales qu'il ne peut plus remplir, et par sa soumission-panique au casino mondial.

 

Cette soumission affecte la gauche et la droite. Il est donc bouffon de voir des politologues [1] nous afffirmer (Gaël Brustier dans Libération de ce matin) que la « pensée » de gauche serait vaincue aujourd'hui par une « domination culturelle » de la droite.

 

« Dès qu'une colère sociale émerge, cette mouvance droitière est en mesure de lui donner un sens et d'en tirer profit », affirme Brustier. « Tirer profit », peut-être. « Donner un sens », certainement pas ! Quel « sens » avait la manif de Quimper, où défilaient côte à côte des motivations et des intérêts incompatibles ? (contre le « jacobinisme » mais pour les subventions ; les uns contre les licenciements, les autres pour le système licencieur)... Brustier veut voir dans ces colères spontanées « une demande de sécurité, d'autorité, d'identité », donc une « droitisation ». Mais lui-même ajoute : « C'est tout le rôle de l'idéologie : elle peut faire juger à des dominés qu'ils ont intérêt à soutenir les dominants ». Or les dominants, en 2013, sont les managers économiques libéraux, tenants de la guerre de tous contre tous et de la concurrence-jungle : le global écrasant le local, l'engrenage qui délocalise et licencie [2] ! Cette classe perpétue le grand mensonge des années 1990, qui prétendait qu'en dérégulant on aurait les moissons de la prospérité – alors qu'on a eu l'érosion générale des « sols » économiques. Compter sur de telles gens pour appuyer « une demande de sécurité et d'identité », serait d'une naïveté atterrante, dont une bonne part des manifestants de Quimper commencent à se réveiller.

 

Quant à LMPT, dont Gaël Brustier croit pouvoir dire qu'elle aurait « considérablement développé » les « capacités d'encadrement » de la droite, c'est un faux exemple. En effet : a) LMPT n'apportait rien de neuf à la droite, dont 90 % des manifestants faisaient déjà partie ; b) l'UMP [3] n'a pas l'intention de remettre en cause la loi Taubira, ce qui ôte rétrospectivement toute portée politique à « l'encadrement » UMP des Manifs pour tous.

 

L'idée d'une « domination culturelle » de la droite est un moulin à vent. Le mot « culture » n'a plus aucun sens : depuis les années 1980, il est devenu synonyme de « comportements », « réflexes », « valeurs », voire « émotions », ces quatre mots étant eux-mêmes équivalents dans l'appauvrissement postmoderne du vocabulaire... À moins de réduire la notion de culture à celle d'irritation, et la notion de droite à celle de refus de l'impôt, la « culture de droite » n'existe pas. 

 

Résumons : 1. les colères dans la rue manifestent une exaspération  devant l'absurdité (vorace) du régime Hollande, mais elles n'expriment rien de politique au vrai sens du terme ; 2. le « Hollande dégage » ne répond pas à la question de fond ; 3. le « grand retour de la droite » (fantasmé par les naïfs) sera celui des libéraux faillis, démunis de solution et servants du système qui fabrique les problèmes ; 4. comprendre la véritable nature économique de ces problèmes conditionne la révolution souhaitable ; 6. ce qui renvoie au système économique global ; 7. la révolution ne peut être qu'internationale.


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[1] Etrange métier dans une société où le politique n'est plus qu'un fantôme.

[2] Sans oublier le productivisme, en impasse aujourd'hui dans tous les domaines.

[3] le FN non plus, d'ailleurs.

[4] Il y a aussi les mini-groupuscules extraparlementaires, qui jouent des cymbales dans la cacophonie : épiphénomène que le régime a intérêt à surévaluer.

 

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