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29/01/2018

"Des catholiques s’inquiètent du raidissement identitaire d’une partie de leurs coreligionnaires en France, pris par l’angoisse du déclin. Et ils l’écrivent..."

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Dans Le Monde daté du 30/01, Cécile Chambraud présente trois livres (dont le mien) pour sortir du malaise actuel. Extraits :


 

 

Des catholiques contre la tentation identitaire

Trois auteurs interrogent chacun dans leur livre l’expression, en France, d’un catholicisme d’affirmation et la droitisation des pratiquants.

Par Cécile Chambraud

 

Livres. Des catholiques s’inquiètent du raidissement identitaire d’une partie de leurs coreligionnaires en France, pris par l’angoisse du déclin, et ils l’écrivent. Depuis les grandes manifestations contre le mariage pour tous, en 2012 et 2013, on a beaucoup scruté la remobilisation des catholiques dans la sphère politique, la place de plus en plus visible d’un catholicisme d’affirmation et la droitisation électorale d’une part importante des pratiquants, que le vote en faveur du Front national ne rebute pas plus, désormais, que la moyenne de l’électorat. Tandis que ce courant prenait alors confiance en sa capacité d’expression – alors même qu’il avait essuyé une défaite sur le terrain législatif –, des groupements politiques ou associatifs se sont structurés, des sites Internet sont apparus pour entretenir la flamme  […]
En novembre 2016, la victoire de François Fillon à la primaire de la droite a témoigné de l’ambition de cette mouvance de demeurer un acteur dans la sphère politique. La situation intenable pour les minorités religieuses, notamment chrétiennes, en Irak puis en Syrie, créée par les conquêtes territoriales de l’organisation Etat islamique à partir de l’été 2014, l’a tenue mobilisée. En revanche, le mouvement des réfugiés qui a suivi l’a déstabilisée, réactivant l’angoisse d’une dissolution du marqueur chrétien dans notre pays.

Trois livres très différents interrogent ce glissement, considéré comme une conséquence du sentiment douloureux d’être de plus en plus étranger au reste de la société.

Avec les outils du sondeur, Jérôme Fourquet répertorie les manifestations de cette évolution récente. Pour le directeur du département « opinions » de l’IFOP, ces quelques années ont été, pour ces catholiques de « la droite de Dieu », celles d’une prise de conscience, à savoir qu’ils sont désormais une composante minoritaire d’une société largement déchristianisée, dans un environnement en mutation rapide, marqué par l’implantation de l’islam.

[…]

« UN CHRISTIANISME SANS CHRIST »

S’adapter à ce statut de minorité dans la société est une chose. Se recroqueviller au point de courir le risque de devenir une « secte » en est une autre, contre quoi met en garde Patrice de Plunkett. L’ancien directeur de la rédaction du Figaro magazine, aux côtés d’Alain de Benoist, aux belles heures de la nouvelle droite de la fin des années 1970, a opéré depuis un virage radical. Revenu à la foi dans les années 1980, il fait siennes, après « avoir cédé deux ans à la tentation intégriste », la critique du capitalisme libéral et la prise de conscience écologique. Son livre s’en prend à la frange des catholiques qui « s’ingénient à donner l’image d’un front du refus ».

Plus fidèles à leur milieu qu’à l’enseignement de l’Eglise, accuse-t-il, ils refusent au fond sa critique du capitalisme néolibéral ainsi que de tirer les conséquences économiques et sociales du principe de l’écologie intégrale. Ils se revendiquent d’une « identité » chrétienne pour critiquer l’accueil de trop de réfugiés. Tout cela les conduit à être hérissés au plus haut point par le pape François qui, sur tous ces sujets, exprime le contraire de ce qu’ils pensent. « La bergogliophobie [du nom du pape François, Jorge Mario Bergoglio] fonctionne dans le même esprit qu’autrefois l’intégrisme contre Paul VI et Jean Paul II », écrit Patrice de Plunkett, qui les accuse pas moins que de se « fabriquer un christianisme sans Christ ».

Face au vertige de ce monde qui semble vaciller aux yeux d’une partie des catholiques, trois jeunes doctorants plaident pour un engagement bien différent de ce « catholicisme intransigeant », « d’objection, ouvertement contre-culturel » et défensif. Pour Pierre-Louis Choquet, Jean-Victor Elie et Anne Guillard, il est temps pour les chrétiens de « s’affranchir de cette peur historique qui empêche de considérer a priori les idées des mouvements dits de gauche » et de mettre en œuvre un « autre retour des catholiques dans la cité », fondé sur un double souci de justice sociale et écologique.



A la droite de Dieu - Le réveil identitaire des catholiques, Jérôme Fourquet, Editions du Cerf, janvier 2018, 176 pages, 18 euros.
Cathos, ne devenons pas une secte, Patrice de Plunkett, Salvator, janvier 2018, 160 pages, 15,90 euros.
Plaidoyer pour un nouvel engagement chrétien, Pierre-Louis Choquet, Jean-Victor Elie, Anne Guillard, Les Editions de l’Atelier, septembre 2017, 140 pages, 15 euros.

 

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Commentaires

EXPÉRIENCE

> Votre expérience intégriste (sans doute chez Lefebvre ?) vous a-t-elle conduit à une seconde conversion intérieure ? Le réveil de votre foi se serait donc déroulé en deux temps : d'abord de l'athéisme post-soixante-huitard aux lefebvristes, puis ayant réalisé que ce grand écart ne vous avait pas permis d'y trouver le Christ, vers l'Église en communion avec Rome où vous demeurez. Une question : lors de votre intermède intégriste, avez-vous rencontré des clercs ou des fidèles authentiquement convaincus que le message évangélique plongeait dans l'Amour, donc dans la miséricorde, et que le respect des formes n'était pas une fin en soi ?

PV


[ PP PV :
- Sur le parcour, évoqué dans mon livre : ce ne fut pas exactement ça (je n'ai jamais fait partie du lefebvrisme), mais presque, pendant deux ans.
- Sur la miséricorde du Christ et la liberté envers les formes : je les aie vues chez dom Gérard, l'abbé du Barroux. Mais pas chez les lefebvristes ! ]

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Écrit par : Philippe de Visieux / | 30/01/2018

LIBÉRAUX

> Fort bien, mais je ne peux m'empêcher de sourire (jaune?) devant l'expression «mouvements dits de gauche» face à l'idéologie libérale à tout crin d'une grande partie de ces mouvements.

Olivier

[ PP à Olivier - Vous avez raison. Une grande partie de la gauche ne fait que surenchérir dans le consumérisme des mœurs, produit dérivé du tout-économie ! ]

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Écrit par : olivier / | 30/01/2018

SUR LE(S) LIVRE(S)

> Votre livre, cher PP, mérite d’être salué à plus d’un titre, et d’abord pour la qualité du ton, en forme pour une bonne part de témoignage personnel et tout simplement de témoignage de foi, dans l’Esprit, en Jésus-Christ Sauveur. C’est heureux pour un homme et un journaliste dont nul n’ignore l’ardeur, l’autorité et les qualités de bretteur : vous maniez une fois de plus le glaive de la Parole, certes, mais sans disloquer l’adversaire… en caressant ses jointures pour lui rappeler ce qui constitue la moelle de l’être chrétien : « Evangéliser n’est pas s’exhiber en parti, ni répandre des idées, ni entreprendre de “changer les gens” : c’est – s’il se peut – vivre une façon d’être qui puisse désigner le Christ à travers nous. » (p.137)
Je suis, comme beaucoup, frappé de la floraison d’ouvrages interrogeant le « peuple catholique » en France, si tant est que celui-ci existe comme tel… Il est à cet égard intéressant de voir que 'Le Monde' n’associe pas votre ouvrage à ceux de Denis Moreau (« Comment peut-on être catholique ? ») et François Huguenin (« Le pari chrétien »), comme d’autres chroniqueurs l’ont fait, mais à deux autres ouvrages (Fourquet et le trio du « Plaidoyer ») qui interrogent apparemment davantage l’aspect politique des mobilisations récentes. Ce choix du 'Monde' s’explique sans doute précisément parce qu’il est « du monde », et peut donc difficilement intégrer ce que vous notez page 97 de votre ouvrage, à savoir que l’Eglise est « d’un autre ordre », qu’elle n’est liée « à aucune forme politique dans l’histoire ».
J’apprécie d’ailleurs que vous citiez à ce propos Henri de Lubac – « sur ses fondements éternels, l’Eglise est un perpétuel chantier » ; une formule – le « chantier » – qui est certes plus heureuse que celle du « sacré bordel » employée par le (par ailleurs excellent) philosophe Denis Moreau dans son livre !
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Écrit par : Denis / | 30/01/2018

PAS LU

> Je crois que l'identité est un besoin. C'est aussi un besoin de savoir avec qui je suis relié. Votre rejet du blocage identitaire m'amène à vous poser la question : "Quelle est l'identité chrétienne que vous proposez ?" Votre livre est une négation. "Quelle ou quelles affirmations proposez-vous à la place de ce que vous dénoncez ?"

DidierF


[ PP à Didier F - Si vous aviez lu ce livre, vous sauriez qu'il est le contraire d'une négation !
Le résumé du 'Monde' peut donner l'impression d'un livre négatif, mais la partie controverse n'occupe qu'un chapitre sur les trois que compte le livre. Les deux autres sont totalement "positifs". Je vous suggère d'en prendre connaissance...
Par ailleurs, l'identité n'est pas le sujet central du livre; et les identités concrètes ne se confondent pas avec l'idéologie identitaire.
Quant à l'identité chrétienne, lisez saint Paul : "Je ne vis plus, c'est le Christ qui vit en moi", etc. L'identité première du chrétien est la personne du Christ, voilà ce que dit la foi chrétienne ; et durant notre vie terrestre, suivre le Christ nous mène où nous n'aurions pas forcément eu envie d'aller...
C'est là que se joue notre vie chrétienne : acceptons-nous d'aller où nous n'aurions pas eu envie d'aller ? ou le refusons-nous, en nous donnant de mauvaises raisons (éventuellement religieuses) ? ]
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Écrit par : DidierF / | 31/01/2018

HUGUENIN

> François Huguenin, vu sur Kto, explique que les catholiques de droite pourraient avoir tendance à vouloir revenir à un passé de 1500 au pouvoir, ce qui est dans une logique de domination. Quant aux catholiques de gauche ils pourraient avoir tendance à vouloir faire alliance avec la société pour au fond se retrouver également, quoique d'une autre façon dans une logique de domination, eux aussi. Or pour lui, nous sommes une minorité et donc cela peut être pour nous l'occasion de prendre vraiment au sérieux notre christianisme.
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Écrit par : ND / | 31/01/2018

L'ESSENTIEL

> Identité, pouvoir, domination, minorité...que de masturbations intellectuelles... Pour un chrétien, le Christ doit être le centre de son existence et Lui répondra et transcendera toutes ces questions. Tout vivre avec Lui, voilà ce que doit être notre but. On a juste à vivre aux milieux de nos frères en chrétiens, le reste ne compte pas. Relisez saint Paul (lettre aux Galates 3-26 à 28 (au passage, c'étaient des Gaulois les Galates, c'est bien pour nous, non? ;-) ):
"Car tous, dans le Christ Jésus, vous êtes fils de Dieu par la foi.
27 En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ;
28 il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus."
Trouvons le Christ, recevons ce à quoi Il nous appelle et vivons-le, le reste n'est pas important. Je dirais même que le reste est un piège, une chausse-trappe du diviseur pour nous détourner de l'essentiel: le Christ. On bouffe notre énergie, notre temps dans ces diversions.
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Écrit par : VF / | 31/01/2018

> A propos de droitisation des catholiques français, je constate que la radio chrétienne RND y succombe de plus en plus, ce matin encore un invité de la droite réactionnaire libérale qui, a demi mot, a encore tapé sur le pape, que cherchent-ils donc ?

Tangui


[ PP à Tangui - La matinale de RND est vouée à l'actualité, qui est contradictoire comme les invités du 'Grand Témoin' : celui de ce matin (Xavier Guézou) tenait au contraire des propos sociologiques assez proches de certaines de mes analyses. Mais quand c'est le tour d'un plumitif libéral, il tient les propos de son état... Le 8 février je serai l'invité de Louis Daufresne pour mon livre. ]

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Écrit par : Tangui / | 31/01/2018

à Patrice de Plunkett et DidierF

> "L'identité première du chrétien est la personne du Christ, voilà ce que dit la foi chrétienne ; et durant notre vie terrestre, suivre le Christ nous mène où nous n'aurions pas forcément eu envie d'aller...". Vraiment je dis bravo, à dire, redire, répéter, admettre (nécessite de se détacher des formatages mentaux) et surtout à ne pas fuir (le plus difficile).
Au final le message biblique (et donc notre identité) est très simple, ce sont les hommes qui le compliquent. En cœur central le décalogue *, et les vertus que sont l'amour **, l'humilité, la charité, la compassion. Ce n'est pas de moi. C'est un message universel et compréhensible de tous. Bien sûr d’autres peuvent avoir certaines de ces conduites, par exemple l'aide aux pauvres, mais ce qui nous distingue est de vouloir les avoir toutes par fidélité au Christ, à commencer comme vous dites par l'amour de Dieu et du prochain, les deux principaux commandements.
Beaucoup de nos disputes internes assez stériles viennent qu'en réalité, soit par manque de volonté en reproduisant les codes de notre environnement familial et social, soit par aveuglement idéologique *** nous tordons la Révélation et même les propos des papes pour coller à nos convictions terrestres. Si c’est le thème de votre livre (lecture encore à venir) fort bien.
Il n’en reste pas moins qu’il faut constater certaines réalités, comme par exemple que les coups portés contre l’Eglise et son enseignement viennent quand même plus d’un côté (ennemi pour faire court) que de l’autre (faux ami toujours pour faire court). Et que la dérive « droitiste » que vous dénoncez pas forcément à tort n’est peut-être que le contrecoup passager, la coupe étant pleine d’écœurement, de la dérive « gauchiste » de l’Eglise française dans les années 60 et 70 que vous avez admise si j’ai bien compris lors de votre passage à RCF, et de cette stratégie d’enfouissement dont on se demande vraiment si ce n’était pas du sabordage. J’ai au contraire confiance dans notre jeunesse qui me parait plus réaliste que nous l’étions. Le principal inconvénient sur lequel nous devrions mette toute notre énergie plutôt que de la dissiper ailleurs, c’est que les catholiques français jeunes et moins jeunes ne connaissent pas le CEC, et nient jusqu’à des dogmes les plus fondamentaux en se laissant abuser par une propagande moderniste. Le vrai danger vient de là, que nous ne sachions plus qui est le Christ ni le contenu de la Révélation. Je ne suis pas traditionaliste mais leur concède d’être parmi ceux à essayer d’entretenir en leur sein un enseignement clair et juste. Ils sont respectables de ce seul point de vue, et je n’ai qu’une hâte c’est de les voir revenir dans l’Eglise de Rome où est leur vraie place. Pour l’instant effectivement cela fait un peu « secte ».

* un peu mis aux oubliettes avec tout le reste de l'Ancien Testament dernièrement. Pourtant Jésus lui-même s’y réfère et rappelle l’importance primordiale des deux premiers, sans compter le fameux « Je ne suis pas venu abolir la Loi, mais accomplir la Loi ».

** qui marque vraiment notre unicité à l'image de notre Créateur

*** j’ai toujours eu le sentiment que la lutte des classes restait première chez les chrétiens « de gauche », ainsi que la fausse conception d’un progrès linéaire dans l’histoire qui oblige constamment à mettre à la poubelle les idées d'hier pour celles à la mode du jour forcément meilleures. Ce qui devient catastrophique quand on transpose ce principe à un enseignement divin, par essence immuable.

Catho1728


[ PP à C1728 :

- "L'identité première du chrétien, c'est la personne du Christ" : c'est en effet l'esprit (et la lettre) de mon livre. Je suis là-dessus en plein accord avec vous, et c'est la raison d'être de ce livre qui cherche à déblayer une confusion inquiétante.

- En revanche, je ne crois pas du tout que la dérive gauchisante d'il y a 40 ans (bien oubliée aujourd'hui !) soit la cause de la dérive droitiste des années 2013-2017. Cette dernière s'inscrit dans le contexte (et n'est que l'une des expressions) des peurs et de la confusion mentale de l'époque actuelle : ce que j'essaie aussi d'étudier dans mon livre.

- Sur la "lutte des classes" : certes elle était sous-jacente dans la fausse ecclésiologie des "progressistes" d'il y a 40 ans. Mais elle est implicite-inconsciente dans la posture des libéraux catholiques de 2018 : adhérer à l'idéologie néolibérale et à l'imposture du 'trickle-down', c'est bazarder les travailleurs sans l'avouer. Et quand des agités de 2013 présentaient la MPT comme à la fois : a) la nouvelle force montante du catholicisme français, b) "la révolte de la France bien élevée" (sic), ils identifiaient catholicisme et bourgeoisie. Lutte de classe sournoise...

- Sur les lefebvristes : les ayant vus de près en 1984-1986, j'en ai la même opinion que feu le dominicain Ceslas Spicq, éminent théologien qui avait donné quelques cours à Ecône dans les débuts : "Ils n'ont ni ecclésiologie ni confiance en l'Esprit Saint." Je pense qu'ils n'ont rien à apporter (sinon leur théologie lacunaire, leurs réflexes d'avant-hier et leur incompréhension radicale des tâches catholiques dans le monde nouveau) : mais la charité du pape est plus grande que leur foi sans charité... ]

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Écrit par : Catho1728 / | 01/02/2018

à Patrice de Plunkett

> J'estime qu'au contraire tout ce que nous vivons n'est que la conséquence de cette dérive gauchisante et d'une interprétation tordue de Vatican II pour la justifier (mais qui n'aurait pas du entraîner en réaction ce schisme là aussi des erreurs ont été commises).
Et vous ne me répondez pas vraiment sur le fait que les coups viennent plutôt d'un côté que de l'autre, ceci pouvant expliquer un peu cela tout de même.
Vouloir se faire entendre et défendre notre point de vue après cet appel à l'enfouissement pour l'instant pas vraiment démenti me parait également une réaction saine et normale, surtout quand on subit la propagande des grands titres.

La crise des migrants est encore un autre sujet, mais très récent vous me l'accorderez. Et je me méfie des classements entre les uns pas charitables et les autres qui le sont forcément. Nous le sommes peu globalement il faut le reconnaître, ce qui est assez néfaste à cette évangélisation qui devient une priorité.

Le plus important reste le contenu de la foi. Faites le test, plus personne ne connait le CEC. Il est pourtant en ligne et très bien fait. Continuez le test, sur lecture beaucoup vous dirons qu'ils ne croient pas à tel ou tel point. Et si vous leur demandez pourquoi, ils vous répondront que c'est moyenâgeux, voire obscurantiste. Ce qui fait de la peine quand on pense qu'il date de 1992 et de Saint Jean Paul II qui avait bien prophétisé ce désert doctrinal. Du coup chacun peut coller l'étiquette catholique à sa guise et surtout comme ça l’arrange.

à VF
Tout à fait d'accord avec vous. De l'ordre du détail.

Catho1728


[ PP à C1728 :
Pardon, mais de quels 'coups" parlez-vous - dans un passé récent qui puisse être mis chronologiquement en relation avec la dérive ultra-droitiste depuis 2013 ? Dérive née dans le creuset de la MPT, milieu modéré qui n'avait rien à voir avec les intégristes et ne songeait ni à Vatican II ni à ses déformations ? ]

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Écrit par : Catho1728 / | 01/02/2018

PAS SI SÛR

> Juste une petite remarque d'actualité à propos de l'échange ci-dessus entre Catho1728 et vous.
" la dérive gauchisante d'il y a 40 ans (bien oubliée aujourd'hui !)" lui répondez-vous.
Pas si sur! Quand le MRJC proclame "le droit fondamental pour les femmes et les couples d’avoir recours à l’IVG. " et que, plus révélateur encore, la CEF annonce l'envoi d'un de ses responsables parmis les 3 délégués au pré-synode des jeunes, on se dit que les miasmes sont encore bien présents dans la technostructure CEF.
Il parait que la liste n'est pas définitive dit-on après les protestations....

PH


[ PP à PH - La liste était faite bien avant qu'un cadre du MRJC ne fasse le communiqué litigieux. ]

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Écrit par : Pierre Huet / | 01/02/2018

A Patrice de Plunkett

> Il me semble que vous n’apportez pas suffisamment d’importance à deux points en particulier:
Premièrement le courant gaucho-moderniste a une idéologie, contrairement au libéralisme économique. Et elle est dans son ontologie irrévocablement hostile à l’Eglise car elle est sensée nous mener de l’obscurité (comprendre la Tradition catholique) aux Lumières, à l’émancipation *. Propagande véhiculée allègrement par l’école laïque, les médias et ce encore de nos jours il faut être aveugle pour ne pas le voir. Il a profondément gangrené la société comme beaucoup de clercs ou de mouvements chrétiens malheureusement. Le communiqué du MRJC n'est qu'un signe de plus de cet état de fait.
Ensuite pour ce qui concerne plus particulièrement l’Eglise occidentale et même de France, la désorientation des fidèles suite à la pastorale détournée post Vatican II, puis le psychodrame que fut l’épisode traditionaliste. Blessures multiples toujours ouvertes et douloureuses.
Beaucoup de couleuvres avalées, d’amertume. Trop. D’où une réaction, une volonté de se faire entendre de nouveau, qui sans doute vont parfois trop loin ou prennent des chemins boueux.
Vous et beaucoup ne voulez pas détourer le point central : nous sommes enlisés dans l’éternelle querelle « anciens contre modernes ». L’autre fois je n’ai pas évoqué le progrès en spirale de Jean Staune pour rien : il nous faut revenir en arrière mais pour prendre de la hauteur, pas pour revenir au point de départ à 360 degrés. Tout le monde a tort dans cette histoire, ceux qui refusent de revenir en arrière comme ceux qui ne veulent pas prendre de la hauteur et voudrait retrouver « le » point de départ.

* ce concept d’émancipation fait terriblement penser au Péché Originel (enfin pour ceux qui croit encore à la Chute ce qui n’est pas votre cas ai-je cru comprendre par un de vos articles ou commentaires où vous évoquiez une « prétendue Chute ». Si ce n’est pas le cas, toutes mes excuses).

Catho1728


[ PP à Catho1728 :

On ne peut pas dire que vous esquiviez les questions de fond ! Je tente d'y répondre :

1. Pas d'accord avec vous sur l'absence d'idéologie du libéralisme économique. Au contraire :
a) il est issu d'une idéologie de déconstruction des normes ! Mandeville 1714 : "Private Vices, Publick Benefits" (Hayek considérait Mandeville comme un père fondateur du libéralisme) ;
b) par un effet de 'feedback', le libéralisme économique produit depuis la décennie 1990 le relativisme et l'anomie généralisées, puisque tout - même le pire - doit pouvoir être commercialisé. D'où la connexion consumérisme-LGBT, ou l'entrée des revenus de la drogue et de la prostitution dans le calcul du PIB.

2. Le schisme traditionaliste ne fut un "psychodrame" que pour une petite minorité parmi les catholiques, eux-mêmes en voie d'amenuisement en France depuis les années 1950 (donc bien avant Vatican II, en dépit de la vulgate tradi sur ce problème).
Mais je vous accorde que le zapping du Credo et le saccage des préconisations liturgiques de Vatican II (par l'esprit de 68 dans les paroisses) a joué un rôle d'accélérateur dans le recul de la référence catholique en France. J'en suis moi-même un exemple, comme je le raconte dans mon livre. Mais contrairement à ce que veulent croire les tradis, c'est le reverdissement de l'Eglise sous Jean-Paul II qui m'a ramené au catholicisme et m'a introduit dans la foi en la personne du Christ.

3. Je ne pense absolument pas que nous vivions un remake de la "querelle des anciens et des modernes", dans la mesure où :
a) cette dialectique est étrangère - comme toute dialectique - à la pensée catholique ;
b) il y a une déspiritualisation massive du continent européen (y compris la Pologne, dont le catholicisme institutionnel se replie sur un rôle d'aumônerie du nationalisme). Cette déspiritualisation ne vient pas d'une prévalence de "modernes" contre des "anciens", mais de l'amputation de la dimension spirituelle de l'homme par le totalitarisme de la marchandise, qui s'empare maintenant de l'intime de l'humain.
En résumé : dans l'Europe devenue sénile et stérile, le spirituel s'évapore en même temps que
la culture, la transmission pédagogique, etc : tout ce qui gênait le consumérisme.
La mainmise de l'idole Argent sur les fondamentaux de la condition humaine est le seul vrai drame. En cela 'Laudato Si' est un texte prophétique...

ps - Sur la Chute : je ne me souviens pas d'avoir émis cette opinion, mais si je l'ai émise, je voulais dire que trop de gens depuis des siècles ont confondu la notion judéo-chrétienne et la notion platonicienne. Elles sont incompatibles,Platon considérant comme "chute" la corporéité que la Bible célèbre comme don divin. L'effet de cette confusion est d'avoir produit des générations de "chrétiens" persuadés que le salut consiste à protéger l'âme (pure) du corps (impur) : hérésie anthropologique et eschatologique frôlant le blasphème... ]

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Écrit par : Catho1728 / | 02/02/2018

@ Catho1728:

> ce que l'on trouve dans la Tradition, c'est qu'il n'y a qu'une chute, celle de Lucifer se rebellant contre le projet d'abaissement divin en sa créature, l'homme image et ressemblance de la Trinité (le mystère de l'Incarnation d'ailleurs peut-être projet dès avant le péché originel), Satan entrainant partiellement dans sa chute la Création.
De ce point de vue, traditionalisme comme modernisme souffrent du même péché de révolte par orgueil, les modernistes refusant l'humilité de qui sait que le Salut ne peut venir de l'Histoire, les traditionalistes refusant le visage d'un Dieu faible, Christ vulnérable de la crèche à la croix. Dieu vaincu. Abandonné.
Si je préfère aujourd'hui oeuvrer avec des hommes et des femmes de gauche, moi qui viens du feu MPF par inclination familiale, c'est que j'y trouve beaucoup plus d'humilité authentique (pas de discours, mais de coeur): sans doute les claques de l'Histoire y sont pour beaucoup, mais aussi, un sens de l'humain qui au fond les rend plus ouverts à la grâce que qui s'est enfermé dans la doctrine et sa citadelle sociologique.
Et de fait, beaucoup d'héritiers de la laïcité à la française font aujourd'hui un travail audacieux d'inventaire des Lumières, grâce à l'écologie notamment, le projet de " se rendre comme maître et possesseur de la nature", l'approche mécaniciste du vivant autorisant toutes les manipulations au nom du critère d'utilité, ouvertement critiqués. (voir par exemple le travail de PMO).
Si, dans la crise mondiale qui nous ébranle tous, l'Occident se cherche une porte de Salut, il n'en est pas d'autre que celle de la pauvreté en esprit, c'est-à-dire de l'humilité, de l'accueil de notre impuissance.
De ce point de vue, acceptons aussi ce fait que nous sommes aujourd'hui souvent devancés, nous catholiques, par des hommes et des femmes issus des Lumières. Et même, entrons dans la joie du Père à les voir avec Lui se rapprocher de la Maison! En nous faisant serviteurs, nous leur révèleront alors le visage du Christ.
_____

Écrit par : Anne Josnin / | 02/02/2018

@ Anne Josnin

> J’entends ce que vous dites.
Il y a Chute de l’ange que l’on appelle désormais Satan certes dans la Tradition, mais surtout les Pères de l’Eglises, s’appuyant sur cette même Tradition mais aussi notamment Ésaïe 14.12-14 et Ézéchiel 28.12-18 qui nous en indiquent les raisons, Genèse 3.1-14, Job 1.6-7 etc. Le livre de l’Apocalypse indique également qu’il entraina avec lui un tiers des anges (ce qui est également dans la Tradition).
Mais par « seule » Chute voulez-vous indiquer que la faute d’Adam n’est pas, et que le péché originel Genèse 3.1-15 est une invention de Saint-Augustin comme beaucoup de modernes se plaisent à le dire ? Malgré la même Tradition, Saint-Paul Romains (5:12-21) et aux Corinthiens (1 Co 15:22) et combien de mystiques qui l’ont abondamment évoqué, Hildegarde de Bingen, Catherine de Sienne ou Marie d’Agreda pour ce que j’ai en tête. Et surtout contre le CEC, §388 et suivants, lequel affirme que le péché originel est « une vérité essentielle de la foi » confère http://www.vatican.va/archive/FRA0013/_P1D.HTM.
Dans ce cas je suis curieux de voir comment se traduisent la Rédemption, Jésus nouvel Adam et la Vierge Marie nouvelle Eve, le dogme de l’Immaculée Conception confirmé par le Ciel notamment à Lourdes, pourquoi la présence du Mal, pourquoi sommes-nous pécheurs si Dieu est si Bon etc. Adieu théodicées etc.
Ce n’est pas moi qui vais crier à l’anathème, mais pourquoi ne pas accepter la Révélation tout simplement ? Nous sommes d’une religion révélée, pas d’une philosophie dont de soi-disant grands esprits feraient évoluer la teneur au fil du temps et des modes.
Que vous ayez trouvé après un parcours de blessures plus d’esprit de solidarité chez des personnes influencées par une culture ouvrière je ne suis pas surpris par contre. La richesse n’est pas un péché mais souvent elle corrompt les cœurs et pousse à l’idolâtrie, et les souffrants ont cette tendance naturelle à l’entre-aide.
Il ne faut pas confondre les idées et les personnes. Les idées mauvaises se combattent, les personnes s’aiment (c’est l’enseignement du Christ et notre spécificité). Je n’ai rien contre les chrétiens de gauche, confidence pour confidence mon épouse est une ancienne de la JOC. Mais je constate que l’idéologie gauchiste est foncièrement anticléricale et a balayé les tentatives de greffes d'une pensée chrétienne. Elle est incompatible par nature avec l’idée d’une Révélation. C’est impossible par nature.
Ce que j’essaye tout simplement de dire ici, c’est que nous devrions être une grande famille. Une famille compte des individus très différents, même entre frères et sœurs, et nous avons plus ou moins d’atomes crochus avec untel ou untel. Mais nous sommes unis par de mêmes parents ou grands-parents de manière indissoluble. La communauté catholique devrait être à l’identique, sauf que nous avons perdu notre ciment qu’était cette Foi commune en NSJC. Au final nous nous moquons, dénigrons, déchirons parce que au fond nous ne croyons plus vraiment au même contenu de la Révélation. Sur tous les blogs quelle que soit la tendance, quel manque d’amour pour le frère ou la sœur! Le Diviseur nous a joué.
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Écrit par : Catho1728 / | 04/02/2018

@ Patrice de Plunkett

> Merci de votre longue réponse et de permettre ce débat.
J’ai été forcément provocateur en affirmant que le libéralisme n’avait aucun fondement idéologique. Sauf qu’il est vraiment peu diffusé et très restreint dans son champ. A part les étudiants en école de commerce ou les américains obnubilés par la volonté de faire fortune, qui connait Hayek, Smith ou l’école de Chicago avec Milton Friedman ?
Les libéraux en quasi-totalité sont païens, idolâtres dans l’équilibre naturel du marché qui n’est autre que la force du plus puissant. Le libéralisme économique est multiforme et en adaptation permanente selon la loi du profit maximal. Il serait le plus fervent adepte du culte marial s’il y avait un marché juteux à vendre des statues de la Vierge. Sauf que manifestement et par le dévoiement des hommes il y a plus d’argent à gagner à promouvoir la PMA/GPA, le transhumanisme, et que détruire la planète n’est pas bien grave.
Vous avez raison de le dénoncer comme le corrupteur par excellence. J’ai constaté de longue date que le point économique était occulté chez les catholiques en une étrange schizophrénie entre spiritualité et business. Votre blog a le mérite de mettre le pavé dans la mare (mais les frères restent les frères).
Oui saint Jean-Paul II je pense en a converti plus d’un. Je suis de l’Eglise de Rome depuis toujours, et j’admets que si on remonte un peu la pente doctrinalement depuis les égarements post 68, on est loin d’avoir retrouvé le sommet.
Je vous dis la même chose qu’à Anne Josnin, c’est une Révélation. Et aussi notre ciment pour nous unir dans le corps du Christ. Nous sommes éparpillés de notre manque de foi.
Sur la querelle des anciens et des modernes, le dualisme, je manque un peu de temps pour traiter le sujet correctement. Ce sera pour un prochain échange.
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Écrit par : Catho1728 / | 04/02/2018

@ Catho1728

> Je ne nie ni la faute d'Adam ni celle d'Eve, tous deux séduits par le démon.
Il me semble que vous surinterprétez mes propos, ma foi est autant que mon intelligence la peut saisir catholique, Saint Augustin, Saint Thomas d'Aquin, la petite Thérèse,...pour docteurs, et oui je reçois avec joie la Révélation telle que l'Eglise nous l'enseigne, non nécessairement telle que vous semblez vouloir me la présenter.
Vous vous trompez aussi sur mon parcours intellectuel, qui ne résulte pas de "blessures" mais les précède: c'est bien quand j'ai commencé à fréquenter des gens dits de gauche, anticléricaux, et de milieu non-bourgeois, qui m'acceptaient comme militante catho bourgeoise de droite, que j'ai été violemment excommuniée par des proches cathos de droite, m'intimant alors de me taire et m'excluant de ce que j'ai compris alors être davantage un clan sociologique qu'une Eglise.
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Écrit par : Anne Josnin / | 04/02/2018

@ Anne Josnin

> Des gens sectaires se trouvent malheureusement partout et de manière équirepartie certainement. Du reste le chrétien qui pense groupe sociologique avant tout autre chose s'égare complètement et je suis navré pour vous.
Sinon pardon d'être curieux mais qu'ai-je présenté qui ne soit conforme à l'enseignement de l'Eglise ?
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Écrit par : Catho1728 / | 04/02/2018

@ Anne Josnin

> J’entends ce que vous dites.
Il y a Chute de l’ange que l’on appelle désormais Satan certes dans la Tradition, mais surtout les Pères de l’Eglises, s’appuyant sur cette même Tradition mais aussi notamment Ésaïe 14.12-14 et Ézéchiel 28.12-18 qui nous en indiquent les raisons, Genèse 3.1-14, Job 1.6-7 etc. Le livre de l’Apocalypse indique également qu’il entraina avec lui un tiers des anges (ce qui est également dans la Tradition).
Mais par « seule » Chute voulez-vous indiquer que la faute d’Adam n’est pas, et que le péché originel Genèse 3.1-15 est une invention de Saint-Augustin comme beaucoup de modernes se plaisent à le dire ? Malgré la même Tradition, Saint-Paul Romains (5:12-21) et aux Corinthiens (1 Co 15:22) et combien de mystiques qui l’ont abondamment évoqué, Hildegarde de Bingen, Catherine de Sienne ou Marie d’Agreda pour ce que j’ai en tête. Et surtout contre le CEC, §388 et suivants, lequel affirme que le péché originel est « une vérité essentielle de la foi » confère http://www.vatican.va/archive/FRA0013/_P1D.HTM.
Dans ce cas je suis curieux de voir comment se traduisent la Rédemption, Jésus nouvel Adam et la Vierge Marie nouvelle Eve, le dogme de l’Immaculée Conception confirmé par le Ciel notamment à Lourdes, pourquoi la présence du Mal, pourquoi sommes-nous pécheurs si Dieu est si Bon etc. Adieu théodicées etc.
Ce n’est pas moi qui vais crier à l’anathème, mais pourquoi ne pas accepter la Révélation tout simplement ? Nous sommes d’une religion révélée, pas d’une philosophie dont de soi-disant grands esprits feraient évoluer la teneur au fil du temps et des modes.
Que vous ayez trouvé après un parcours de blessures plus d’esprit de solidarité chez des personnes influencées par une culture ouvrière je ne suis pas surpris par contre. La richesse n’est pas un péché mais souvent elle corrompt les cœurs et pousse à l’idolâtrie, et les souffrants ont cette tendance naturelle à l’entre-aide.
Il ne faut pas confondre les idées et les personnes. Les idées mauvaises se combattent, les personnes s’aiment (c’est l’enseignement du Christ et notre spécificité). Je n’ai rien contre les chrétiens de gauche, confidence pour confidence mon épouse est une ancienne de la JOC. Mais je constate que l’idéologie gauchiste est foncièrement anticléricale et a balayé les tentatives de greffes d'une pensée chrétienne. Elle est incompatible par nature avec l’idée d’une Révélation. C’est impossible par nature.
Ce que j’essaye tout simplement de dire ici, c’est que nous devrions être une grande famille. Une famille compte des individus très différents, même entre frères et sœurs, et nous avons plus ou moins d’atomes crochus avec untel ou untel. Mais nous sommes unis par de mêmes parents ou grands-parents de manière indissoluble. La communauté catholique devrait être à l’identique, sauf que nous avons perdu notre ciment qu’était cette Foi commune en NSJC. Au final nous nous moquons, dénigrons, déchirons parce que au fond nous ne croyons plus vraiment au même contenu de la Révélation. Sur tous les blogs quelle que soit la tendance, quel manque d’amour pour le frère ou la sœur! Le Diviseur nous a joué.
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Écrit par : Catho1728 / | 05/02/2018

PAUL ET APOLLOS

> La tentation de la division n'est pas nouvelle.
"Moi je suis pour Paul ! - Et moi pour Apollos !" Saint Paul se faisait déjà l'écho de ces divisions, et il ne parlait pas hier, ni même avant-hier, mais ce qu'il dit est toujours d'actualité.
L'unité ne nous est pas donnée une fois pour toute, nous avons à travailler à la construire jour après jour en nous laissant guider, modeler par l'Esprit Saint. Lequel peut parler directement à notre cœur, mais bien plus souvent par un intermédiaire. Et le meilleur moyen d'arriver à cette unité, c'est de travailler sur notre petite personne, de nous efforcer d'être toujours plus conforme à ce que le Christ et le Père attendent de nous.

Bernadette


[ PP à Bernadette :
- Tout à fait d'accord.
- Si cela vous intéresse, j'essaie dans mon livre de faire une application de la 1ère lettre aux Corinthiens à la situation française (pages 118 à 121). ]

réponse au commentaire

Écrit par : Bernadette / | 06/02/2018

@ Patrice de Plunkett

> Je voulais vous répondre sur un de vos points non traités de manière factuelle et non subjective, et cette émission sur Radio Notre-Dame est tombée à point nommé : https://radionotredame.net/emissions/legrandtemoin_court/05-02-2018/.
Si je résume les données chiffrées:
- Selon l’étude du chanoine Fernand Boulard apparemment conduite de manière complète et rigoureuse *, la pratique religieuse fut remarquablement stable - trop selon lui « il ne se passe rien » - pendant le XIXe et le début du XXe siècle. Puis vinrent deux décrochages catastrophiques, le plus important en 1964-1965, qui vit une décroissance de plus d’un quart en dix-huit mois (classe populaire et jeunes principalement). Puis un second certes moins important mais réel en 1968
- La déchristianisation s’amorce dès les lendemains de la Révolution française, et il est notable que la carte Boulard des régions pratiquantes se superpose pratiquement parfaitement à la carte des prêtres réfractaires suite à la constitution civile de l’Eglise en 1791 (travaux de Timothy Tackett historien américain reconnu)
- L’entre-deux guerre vit une évolution pastorale de l’Eglise, remplaçant la piété populaire pour quelque chose de plus « élevée » **
- Le clivage gauche-droite depuis la Révolution française et jusqu’à très récemment suit celui de la question religieuse
- Dans les années 60-70 une petite fraction du catholicisme se déplace pour épouser l’idéologie de gauche.
Selon une autre source, une étude sur les vocations et le nombre d’ordinations indique que :
- Le vivier des futurs prêtres a régulièrement été celui des « vieilles » familles catholiques de plus de quatre enfants, un se sentant « consacré »
- En 1950, on ordonnait mille prêtres par an, moins de 600 en 1960, 285 en 1970, 161 en 1975, 110 stable sous les années saint Jean-Paul II, et de nouveau en descente depuis.

Je n’aurais pas l’outrecuidance de prétendre comprendre mieux que quiconque **** d’où vient ce que l’on cache pudiquement derrière le terme de sécularisation. Comme je ne dirai pas la bêtise que le concile Vatican II (1962-1965) en est la raison. Mais il fut certainement un symptôme et déclencheur de l’hémorragie, la coïncidence des dates étant trop proche, et la génération qui a cassé la dynamique est celle révolutionnaire des années 60.
Le combat depuis le XVIIIe siècle est celui entre une raison idolâtrée débarrassée des soi-disant mythes (je me méfie du terme de gnose) pour émanciper l’homme et le rendre capable de créer un monde paradisiaque sinon parfait, et une Vérité absolue, révélée, encore plus si elle professe un monde déchu et un paradis survenant forcément après la mort – ou bien la fin des temps). C’est cette poussée doctrinale, très importante car elle a nourri la presque totalité des intellectuels (intellectuel de gauche devenant un pléonasme pendant de longues années), qui selon certains dont je fais partie explique la sécularisation. Avec les intellectuels se rangèrent également les scientifiques alors qu’ils étaient auparavant chrétiens, dont on attend d’eux désormais qu’ils expliquent la question ontologique et fabriquent des instruments plus puissants que la nature pour permettre « un monde meilleur ». C’est la grande époque du scientisme. Nous sommes encore sous l’influence de tout ce courant. Face à cette attaque philosophique l’Eglise s’est mise sur la défensive, et plus négativement elle a paru adhérer au moins en partie aux nouvelles thèses. On remet en question la datation et le contenu des écrits et donc leur authenticité mécaniquement, tout devenant désormais interprétable selon la raison. Exit le surnaturel, les miracles, les anges, le monde invisible, la Vérité révélée, l’Ancien Testament avec Moïse, le péché originel, le Mal, l’enfer etc. Et tout a explosé : qui veut encore d’une révélation dont on se rendrait compte après 2000 ans que des pans entiers sont exagérés ou inventés ? Pourquoi alors Jésus plus que Marx ou Nietzsche ? Et nul besoin de christianisme pour justifier l’aide aux pauvres. Donc ce que l’on doit appeler modernisme est cette pensée gnostique pour faire simple, pas de savoir s’il faut dire la messe en latin ou recevoir l’hostie en bouche ou dans la main ******

Là où on peut vous rejoindre, c’est qu’un deuxième courant depuis les années 1980 surfe sur le premier, et en quelque sorte lui redonne de la force, ce premier étant paradoxalement fatigué par son succès faisant que la notion de « lutte » son carburant disparaitrait presque *****. La morale ayant disparue car inutile selon la vision anthropologique d’un homme amas de matière, probablement peu doué de libre arbitre et devant consacrer sa courte vie aux pulsions et aux plaisirs, le libéralisme économique a le champ complètement libre pour achever de tuer notre âme et nous ravaler au rang de l’animal devant satisfaire ses besoins.

Donc votre analyse est pertinente, je trouve simplement que vous prêtez une finalité au libéralisme qui n’en a pas (cf commentaire précédent), et au moins en apparence corrigez-moi si besoin vous oubliez un peu vite la nécessité de contrer ce modernisme décrit ci-dessus qui reste le moteur idéologique de la pensée antichrétienne. Chose d’autant plus d’actualité que les toutes dernières avancées et expériences scientifiques invalident complètement une vision matérialiste du monde, en particulier mais pas seulement avec le principe de non-localité l’espace-temps n’est plus la seule réalité objective confère la réalité voilée de Bernard d’Espagnat (chez d’autres physiciens concept désigné sous le vocable de réalité ultime et réalité empirique) ******* je ne développe pas plus (catho1728@gmail.com).
Mais essayez d’évangéliser sans aborder la question de la présence du Mal dans un monde créé par un Dieu infiniment Bon, la compatibilité de la Révélation et de la théorie de l’évolution etc je vous souhaite bon courage. Sauf chez les musulmans qui eux croient à la Chute (d’Iblis) plus que la plupart des catholiques d’aujourd’hui, et qui peuvent s’émerveiller devant un Dieu aimant et rédempteur plutôt que tyrannique.

* Il faut déplorer que l’Eglise ne se voie plus comme une institution suffisamment efficace pour mener ce genre d’étude. Mais de toute façon les résultats de Boulard n’ont jamais été vraiment utilisés apparemment.

** Selon mon interprétation on a délaissé le culte traditionnel jugé archaïque au profit de quelque chose de plus intellectuel et conforme à la raison et aux Lumières.

*** Vraiment interrogez et écoutez autour de vous et vous prendrez conscience que vous sous-estimez grandement d’une part la violence du débat pendant le concile, et par ailleurs la confusion ultérieure totale sur le terrain chez les clercs comme les laïcs, dans la pastorale, la catéchisation (les dames rendant leur tablier ne sachant plus quoi dire selon les consignes données) etc. La communauté a longtemps été faite de gens modérés et obéissants sauf une frange sur l’extrême-droite, et par conséquent ce tumulte peut-être ne fut pas vraiment perceptible de l’extérieur. Et connaissant cette modération je suis assez étonné des excès récents sur les réseaux sociaux que vous dénoncez, probablement cette même frange toujours aussi peu représentative d’où son énergie à faire du « buzz ».

**** Mais avons-nous réellement cherché à comprendre, ou comme le souligne Louis Daufresne l’entêtement ne fut-il pas de mise, en prétextant un gain qualitatif justifiant une perte moins grave en quantitatif. Merci pour les âmes des sacrifiés.

***** Heureusement qu’il y a les minorités ethniques et sexuelles pour essayer de recréer un prolétariat de substitution.

****** Il me semble que le Christ a distribué le pain sans le donner en bouche, et l’hostie ronde n’existe que depuis le XIIe siècle, quelle perte de temps sur des discussions mineures.

******* Donnant raison à l’intuition géniale de Platon dans le mythe de la caverne. Il y aurait à dire sur l’intuition mais passons.

Catho1728


[ PP à C1728 :
- L'ensemble de ces phénomènes sont liés.
- Je ne prête pas de "finalité" à l'idéologie libérale : je la vois au contraire (après Ratzinger lui-même en son temps) comme un résultat : le produit dérivé d'une révolution économique et de l'ascension d'une classe sociale.
- L'idéologie "progressiste" s'est nécrosée en technolâtrie et en nouvelles moeurs dans la société. Elle a disparu dans le catholicisme, personne ne prêtant plus de dimension simili-messianique à la sécularisation...
- Aujourd'hui la contamination du religieux par l'idéologique a changé de bord : elle est passée à droite. Ainsi le problème auquel est affronté (par exemple) le diocèse de Paris, c'est la dérive de certaines structures mises en place par JM Lustiger pour la nouvelle évangélisation, mais investies aujourd'hui par des néoconservateurs aux antipodes de sa pensée prophétique.
Le regretté cardinal exploserait d'indignation s'il revenait sur terre et voyait cette évolution vers des idées-réflexes qu'il n'appréciait guère. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Catho1728 | 06/02/2018

HISTOIRE SOCIALE

> Je ne suis pas historienne, mais il me semblerait intéressant de se pencher sur cette immigration intra-nationale et intra-européenne provoquée par l'industrialisation, qui arracha des millions de jeunes à leurs terres et parlers, villages et clochers, us et coutumes, pour rejoindre d'immenses files de travailleurs misérables croupissant les quelques heures de répit dans des bouges innommables, la violence, la débauche et l'alcool pour seuls antidouleurs, et les différentes stratégies qui ont alors été mises en place pour juguler la misère, selon ce qu'on y voyait: des pauvres, nouveaux visages d'un alter Christus à servir en lui révélant sa dignité et se battant à ses côtés, une populace dont les miasmes menacent à chaque instant de contaminer l'ordre social, vermine qu'il faut contenir et détourner de la révolte en lui faisant miroiter les oripeaux bourgeois, (comme en Afrique on donnait chapeaux et parapluie pour faire ami ami avec les chefs de village).
De fait, si des modèles d'organisation sociale communautaires à la Godin ont finit par échouer, c'est bien parce qu'on a réussi à implanter le modèle de réussite bourgeois dans la tête des prolétaires transformés en salariés dociles, achetés par les promesses d'un pavillon individuel, sa grille encadrée de lions de plâtre, puis ses polos Lacoste, puis sa piscine et son palmier, et ses vacances en Tunisie et ses sacs Vuitton, moyennant quelques décennies d'emprunts et une lutte des classes détournée en négociations policées pour le pouvoir d'achat.
Alors pourquoi le peuple en s'embourgeoisant n'a-t-il pas aussi adopté les moeurs catholiques de ses maîtres?
Peut-être parce que c'est devenu l'un des seuls signes distinctifs, avec une certaine culture "vieille France", le goût pour les arts, d'une bourgeoisie en besoin de se garder à part? N'a-ton pas mis sous cloche la Foi comme le patrimoine national, dans des musées intimidants, avec marqué partout: "ne pas toucher"?
Combien de fois ai-je vu enfant puis adolescente comme nous rejetions de nos groupes pieux des camarades de milieu plus "humbles", sans que nos parents n'interviennent, combien de fois, jeune adulte, ai-je reçu les confidences douloureuses de membres de communautés nouvelles, de groupes de prières, me disant qu'ils quittaient ceux-là qu'ils avaient pourtant reçu comme frères à l'occasion de magnifiques cheminements de foi, parce qu'ils se vivaient mis à part, frères de seconde zone?
Et j'irais plus loin: de ma vie d'aujourd'hui, en compagnonnage avec ce peuple que j'aime, j'en comprends de plus en plus que derrière l'indifférence à l'encontre d'un catholicisme de facture bourgeoise (dit de gauche comme de droite, la fracture ne se situe pas là), ce qui se lit en creux est un reste de sens sacré.
Le peuple sait qu'il joue au bourgeois, il sait qu'il a remisé la solidarité subversive dans l'innocent club de sport du dimanche. Mais mêler Dieu à ce jeu de dupes, non. Il a gardé le sens du respect dû à Dieu. Il sait son projet de vie matérialiste incompatible avec l'Evangile. S'il vit son accès au mode de vie bourgeois comme une revanche vis-à-vis de ses maîtres, et même une vengeance, il n'en est pas fier et se retire discrètement là-même au contraire où bombe le torse le bourgeois pur sang.
Le peuple se vit en publicain, n'entrant dans les églises qu'à la dérobée pour y mettre un cierge entre deux offices, quand le bourgeois apparait en pharisien, au premier rang dans les bonnes paroisses,les saints prêtres pour lui seul, puisque lui-seul a légitimité pour se nommer peuple de Dieu.
Aussi bien la question se pose d'abord à nous bourgeois cathos: sommes-nous prêts à perdre notre première place dans l'institution Eglise et servir, au dernier rang, un authentique catholicisme social, populaire, ou voulons-nous continuer à en faire un club pour initiés qui pleure dans ses loges sa perte d'influence?

Écrit par : Anne Josnin / | 06/02/2018

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