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Le chant grégorien au Pérou

A lire sur http://lmsoub.over-blog.com/article-18573745.html

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05/05/2008 | Lien permanent

Pérou : l'Eglise médiatrice entre les insurgés de l'eau et le gouvernement (lié aux mines d'or)

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Avec les paysans révoltés, de nombreux prêtres péruviens avaient participé à la "Marche de l'eau" sur Lima au mois de février :


 

pérou,or,eau,ollanra humala,mgr cabrejos,p gaston garateaOn a déjà parlé ici* de la lutte des paysans péruviens contre contre le projet Conga du groupe américain Newmont : une immense mine d'or et de cuivre qui assécherait les lagunes du nord du pays, frappant ainsi l'écosystème et « la source des eaux qui alimentent trois bassins de la région de Cajamarca ». « Sans eau nous ne pouvons pas vivre, et la mine menace l'eau », protestent les paysans. Milton Sanchez, chef de file du mouvement social anti-Conga, précise : « Une multitude de gens nous ont rejoints car ils approuvent les objectifs de la marche : faire de l'eau un droit de l'homme reconnu par la constitution, et interdire dans tout le Pérou l'activité minière à la source des eaux. »

Cette lutte se heurte depuis huit mois à la répression du pouvoir politique : quoique « nationaliste de gauche », le président Ollanta Humala est devenu l'homme-lige des multinationales de l'or (comme d'autres dirigeants latino-américains*). Il y a huit jours, l'armée a abattu cinq manifestants, ce qui porte à seize le nombre des victimes de la répression. Trois provinces ont été placées sous état d'urgence.

Constatant que la manière forte ne résoud rien, Humala se résigne à renouer le dialogue avec les insurgés. Mais ceux-ci se méfient désormais de lui...

Humala se tourne donc vers le seul médiateur possible : l'Eglise catholique, en la personne du président émérite de la conférence épiscopale péruvienne, Mgr Miguel Cabrejos, assisté du P. Gaston Garatea Yori, prêtre de los Sagrados Corazones et président de la Table de concertation de lutte contre la pauvreté. (Il fit partie de la commission péruvienne Vérité et Réconciliation en 2001**).

Les deux hommes ont rencontré les dirigeants de la région de Cajamarca le 10 juillet, et ont rapporté à Humala que la reprise du dialogue « allait prendre du temps » – compte tenu des violences commises par la police et l'armée.

De son côté, Milton Sanchez témoigne : « Cette réunion a servi à ce que nous soyons vraiment écoutés, chose que l'on demandait à Humala et qui ne s'était jamais produite. »

Ainsi les choses sont claires : l'obligation de nommer un médiateur confirme Humala dans la posture « d'allié » de la multinationale de l'or, selon l'analyste politique Santiago Pedraglio (Le Monde, 12/07).

 

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* http://plunkett.hautetfort.com/search/P%C3%A9rou

** groupe d'enquête sur la guerre civile de 1980-2000 (présidé par Salomón Lerner Febres, alors recteur de l'Université pontificale du Pérou).

 

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Avec Maxima Acuña, contre la minière Newmont

http://www.bastamag.net/Maxima-Chaupe-le-combat-d-une

https://fr.news.yahoo.com/pérou-maxima-paysanne-andine-résiste-à-géant-minier-071101867--finance.html

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13/02/2015 | Lien permanent

”Oui à l'eau, non à l'or !” - Lutte écologique = lutte sociale

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...contrairement à ce que prétendent les avocats du productivisme :

 

Le 10 février, accueillis par des milliers d'autres paysans péruviens (mais aussi d'étudiants et d'ouvriers), les mille participants à la Marche pour l'eau sont arrivés à Lima. Partis des lagunes de Celendin à 4000 m d'altitude près de Cajamarca (nord), ils avaient parcouru 870 kilomètres en dix jours.

Cette manifestation exprimait la colère populaire contre le projet Conga du groupe américain Newmont : une mine d'or et de cuivre colossale qui assécherait les lagunes, frappant ainsi l'écosystème et « la source des eaux qui alimentent trois bassins de la région »1. « Sans eau nous ne pouvons pas vivre, et la mine menace l'eau », protestent les paysans. Milton Sanchez, chef de file du mouvement social anti-Conga, précise au Monde : « Une multitude de gens nous ont rejoints car ils approuvent les objectifs de la marche : faire de l'eau un droit de l'homme reconnu par la constitution, et interdire dans tout le Pérou l'activité minière à la source des eaux. »

Plus de la moitié des conflits sociaux au Pérou sont aujourd'hui d'origine environnementale, et l'opposition populaire au projet Conga a déjà fait tomber le gouvernement en décembre 2011. Le vice-ministre de l'Environnement, José de Echave, avait d'ailleurs démissionné pour marquer son opposition à Conga...

Le Pérou (159 bassins hydrographiques) n'avait jamais manqué d'eau ; il a fallu attendre les années 2000 et l'inféodation des Etats aux groupes privés pour que le pays se retrouve « en situation de stress hydrique », selon la formule des experts locaux. Absence d'investissements publics, complaisance envers les multinationales... Face à cela, les organisations paysannes, les associations écologistes et les scientifiques indépendants se sont fédérés2. Ils mettent en accusation le président « nationaliste » Ollanta Humala, trop sensible aux pressions nord-américaines.

Au Pérou, 33 Indiens furent tués en 2009 dans la région de Bagua lors de la répression de manifestations anti-minières. Et dans toute l'Amérique latine, plus d'une centaine de soulèvements populaires résistent aux gouvernements – de « gauche » ou de droite – pour empêcher des projets miniers ou pétroliers aussi ravageurs que Conga : déforestation, assèchements, atteintes aux nappes phréatiques, déplacements de populations... Ainsi à Famatina dans les Andes argentines, contre les agents du groupe canadien Osisko Mining Corporation (qui vient de signer un accord discret d'exploitation aurifère avec le gouverneur de la province) :

 « La plupart des habitants, les autorités municipales et jusqu’au curé les ont devancés en bloquant le seul accès au site. ''Nous ne pouvons pas permettre qu’ils utilisent notre eau, il y en a trop peu'', a justifié à la presse locale une des manifestantes, Shenni Lujan.... Sous le dur soleil andin, où brillent les drapeaux indiens et argentins, les manifestants jouent une nouvelle manche de la bataille de plus en plus dure entre multinationales et population en Amérique latine. Les premières multiplient les projets d’extraction d’or dans les hauteurs, alléchées par les cours mondiaux record. La seconde cherche à défendre les châteaux d’eau naturels que sont les glaciers et certains écosystèmes d’altitude, avec un slogan réitéré du nord au sud des Andes : ''L’eau et la vie avant l’or''... »3

 

Partout les manifestants mettent en cause les groupes industriels qui menacent la survie des communautés : « un peuple sans terre et sans eau est un peuple sans raison d'être ! » Et pas seulement en Amérique latine : la lutte des villageois indiens contre le groupe Michelin fait partie du même mouvement d'indignation.

Ainsi les faits démentent l'affirmation de Français type Medef ou FNSEA, selon laquelle « l'écologie est un luxe pour pays riches ».


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1.  Nelida Ayay, paysanne de Cajamarca. (Le Monde, 12-13/ 02).

2.  « La même alliance inusuelle s’est formée l’an dernier en Colombie dans la région du Santander, contre un projet de l’entreprise canadienne Greystar dans un paramo – écosystème protégé par une convention de l’Unesco. Militants de gauche, écologistes, ingénieurs puis commerçants et enfin maires et gouverneurs se sont joints à une manifestation de dizaines de milliers de personnes, qui a abouti au refus par le pouvoir de la licence d’exploitation. Comme au Pérou, les festivités n’ont pas duré: Grey­star s’est rebaptisée Eco Oro et mènerait actuellement des explorations qui ''se passent de licence environnementale'', selon l’entreprise. ''Ils vont nous laisser une coquille vide au lieu du paramo'', craint Florentino Rodriguez, président de la société régionale des ingénieurs. » (Le Temps, 7/02).

3.  ib.

 

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Fête Dieu dans Paris : la foi est universelle

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Instaurée au XIIIe siècle,

la Fête du Corps et du Sang du Christ 

devient un signe des temps nouveaux

en 2010 :

 

C'était le cas hier, dans le troisième arrondissement de Paris, entre la rue du Temple et la rue Saint-Denis. On voyait s'avancer une petite foule d'Asiatiques, d'Africains et de Parisiens de souche (spectacle nettement « mondial »), suivant un prêtre (chinois) en chape tenant l'ostensoir doré, sous le dais porté par quatre chevaliers en noir ou en blanc : la procession allait en effet de Ste Elisabeth de Hongrie (église de l'ordre de Malte) à St Leu - St Gilles (église de l'ordre du Saint Sépulcre)... Et Ste Elisabeth est depuis plusieurs années la paroisse de la communauté catholique chinoise de Paris, dont les enfants ouvraient la procession ; quatre jeunes Chinois portaient les torches autour du dais.

L'ensemble produisait une certaine stupeur dans le public : au lieu de rester chez eux, intimidés par les attaques médiatiques du début de l'année, (ou au lieu de « défendre » des cathédrales « attaquées »), des Parisiens croyants prenaient la rue en toute tranquillité pour y montrer le Corps du Christ.

D'où aussi l'étonnement des automobilistes, voyant la procession s'arrêter aux carrefours pour encenser (à genoux) l'ostensoir... Etonnement, mais sans agacement manifesté : ce cortège catho cosmopolite montrait trop de bonne humeur pour qu'on se fâche.

Nous disions avant-hier que, face à quelques provocations (telle l'affaire de Lyon), la réponse chrétienne est le témoignage évangélique. Cette procession en donne un exemple. Aucune crispation : la seule « identité » montrée par ces catholiques était leur foi universelle en Jésus Christ. Ainsi la Fête Dieu, fondée au temps de la chrétienté médiévale (à des années-lumière du monde actuel), peut reprendre son oeuvre de pédagogie mystique au temps des foules mondiales et du brassage planétaire. Et cela sans la moindre concession quant au contenu de la foi :

« Voici le Corps et le sang du Seigneur

la coupe du Salut et le pain de la Vie

Dieu immortel se donne en nourriture

pour que nous ayons la Vie éternelle. »


Les psaumes des vêpres du Saint Sacrement alternés en chinois, dans la vieille église St Leu tenue aujourd'hui par les trinitaires [1] : en participant à cela, hier, au coude à coude avec plusieurs centaines de Parisiens de toutes origines, je me disais qu'il fallait vous en parler : « Comment chanter ta grâce, comment chanter pour toi, Père, si nos coeurs ne veulent battre de l'espoir du Corps entier ? »

  

_________

[1] L'ordre des trinitaires « pour la rédemption des captifs » fut institué au XIIe siècle (par saint Jean de Matha) pour tenir des hôpitaux et racheter les prisonniers des barbaresques. L'ordre aujourd'hui est présent dans vingt pays : Italie, Espagne, France, Allemagne, Autriche, Etats-Unis, Canada, Mexique, Porto-Rico, Colombie, Brésil, Pérou, Bolivie, Chili, Argentine, Inde, Madagascar, Pologne, Congo, Guinée Equatoriale. Les trinitaires se vouent à l'apostolat des prisons, à l'assistance aux malades dans les hôpitaux, en collaboration avec les organismes internationaux et les ordres missionnaires. A Paris, ils desservent St Leu, où ils ont succédé à feu Patrick Giros (Aux captifs la libération), le prêtre des SDF, dans le « triangle terrible » Beaubourg / Châtelet / porte Saint-Denis : le secteur de ceux qui n'ont plus « ni ressources, ni attaches humaines, ni secours social ».

  

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Le pape François parle du climat, de l'écologie et de l'encyclique (qui paraîtra en juin-juillet)

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Dans l'avion de Manille, verbatim du pape. Sa pensée ne pactise pas avec une écologie qui serait seulement "humaine", c'est-à-dire anthropocentrée et non théocentrée :

  

 

Question de Jerry O'Connell ('America magazine') :

 

<<  Nous avons vu au Sri Lanka la beauté de la nature mais aussi la vulnérabilité de cette île : changement climatique, mer, etc. Depuis plus d'un an est à l'étude la question de l'écologie et de la sauvegarde de la création... D'où ma triple question : 1. Le changement climatique est-il dû principalement à l'activité humaine et à son manque de soin envers la nature ? 2. Quand paraîtra votre encyclique ? 3. Vous insistez beaucoup, on l'a vu au Sri Lanka, sur la coopération entre les religions. Avez-vous l'intention d'inviter les autres religions à converger pour affronter ce problème ?  >>

 

  

Réponse du pape François :

 

 <<  Sur la première question. Vous avez prononcé un mot qui m'évite une précision : le mot ''principalement''. Je ne sais pas si c'est en totalité, mais principalement – en grande partie – c'est l'homme qui met la nature en esclavage permanent. Nous nous sommes emparés de la nature, de notre soeur la terre, de notre mère la terre. Je me souviens (vous avez déjà entendu ça) de ce que m'avait dit un vieux paysan : ''Dieu pardonne toujours, nous pardonnons quelquefois, la nature ne pardonne jamais.'' Si vous la mettez en esclavage, elle vous le fera à son tour. Je crois que nous avons trop exploité la nature : les déforestations, par exemple... Je me souviens, à Aparecida* (à l'époque je ne saisissais pas bien le problème), quand j'entendais les évêques brésiliens parler de la déforestation de l'Amazonie, je n'arrivais pas bien à comprendre. L'Amazonie est un poumon du monde... Puis, il y a cinq ans, avec une commission des droits de l'homme, j'ai fait un recours à la Cour suprême d'Argentine pour arrêter, dans le nord du pays (dans la zone de Nordesalta, Tartagal) au moins temporairement, une déforestation terrible. Un autre aspect [du problème], ce sont les monocultures... Je crois que l'homme est allé trop loin. Grâce à Dieu aujourd'hui il y a beaucoup de voix pour parler de ça...

Sur l'encyclique : la première ébauche a été établie par le cardinal Turkson et son équipe. Avec l'aide de quelques-uns, je l'ai retravaillée. Ensuite, avec des théologiens, j'ai fait une troisième ébauche et j'en ai envoyé des exemplaires à la Congrégation pour la doctrine de la foi, à la deuxième section de la Secrétairerie d'Etat et au théologien de la Maison pontificale, pour qu'ils vérifient bien que je ne dis pas de sottises. Il y a trois semaine j'ai reçu les réponses : certaines très longues mais toutes constructives. Et maintenant, je vais prendre une semaine entière, en mars, pour la version définitive. Je crois que fin mars ce sera terminé et chez les traducteurs. Si le travail de traduction se passe bien, la parution sera pour juin-juillet. L'important est qu'il y ait du temps entre l'encyclique et la conférence de Paris**, parce que ce sera un apport. La conférence du Pérou n'a pas été décisive, son manque de courage m'a déçu : ils se sont arrêtés à un certain point. Nous espérons qu'à Paris les délégués auront plus de courage pour aller de l'avant sur ce sujet.

Sur la troisième question, je crois que le dialogue entre les religions est important dans ce domaine. Les autres religions ont une bonne vision : sur ce point aussi, il y a accord pour avoir une vision commune. De fait, j'en ai parlé avec des représentants d'autres religions, et je sais que le cardinal Turkson et deux théologiens au moins l'ont fait, la voie est ouverte... >>

 

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*  Réunion des évêques latino-américains.

** La conférence internationale sur le climat (décembre 2015). Rappelons que le pape François, au rebours de certains "papistes" de l'Hexagone, ne met pas une minute en doute le réchauffement climatique ! Il appelle - comme le fit Benoît XVI lors de la conférence de Copenhague - à des mesures mondiales courageuses et contraignantes.

 

 

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Alerte ! Le 17 février, l'engrenage du traité de libre-échange euro-américain va se mettre en mouvement

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''Les intérêts du marché divinisés'' (pape François) vont démanteler ce à quoi nous tenons tous...

 

 

« Les choses sérieuses vont commencer », indique la ministre française du Commerce extérieur dans Le Monde du 6 février, à propos de la rencontre (17 février) du commissaire européen De Gucht et du secrétaire américain Froman. Suivront, en mars à Bruxelles, la réunion Obama-Barroso-Rompuy et la nouvelle ''session de négociations'' du Transatlantic Trade and Investment Partnership, TTIP.

Ce traité de ''partenariat'' ne suscite guère d'intérêt chez la plupart des médias français, enfumés d'histoires de sexualités multidimensionnelles et de Droits de l'Individu à s'éclater malgré la crise.

Cette cécité est regrettable. Le TTIP est une menace. C'est mêle une menace d'une ampleur et d'une insolence ahurissantes. Par exemple dans le domaine de la santé : même Xavier Beulin (président de la FNSEA !) s'inquiète d'un TTIP qui imposera le modèle alimentaire américain. Ainsi le boeuf aux hormones, que l'Europe d'hier avait interdit pour des raisons médicale évidentes.. (Beulin pourrait citer aussi la ractopamine utilisée pour gonfler la teneur en viande maigre des porcs et des bovins US : procédé tellement dangereux qu'il est interdit dans 160 pays dont la Chine et la Russie, mais dont les produits seront imposés aux Européens selon l'exigence du Conseil national américain des producteurs de porcs !)...  ''Quoi qu'en dise l'Europe aujourd'hui, nous aurons des importations de ce type de viande. Il y a une volonté farouche des Américains de pénétrer dans le marché européen'', s'alarme Beulin. Bruxelles vient déjà d'accepter l'importation de viandes d'animaux clonés, pratique prohibée en principe dans l'UE...

Car les directives européennes s'imposent aux lois nationales, mais la loi des multinationales s'impose déjà en partie aux directives européennes – et le but du TTIP est qu'elles s'impose à elles en totalité, juridiquement, sanctions pénales à l'appui. 

Et cette procédure (qui inquiète Beulin dans le domaine alimentaire) frappera dans tous les autres domaines.

Le TTIP vise en effet à installer ce que Le Monde nomme par euphémisme ''une instance d'arbitrage international chargée de trancher les litiges entre des investisseurs et un Etat''. La ministre française du Commerce extérieur, Nicole Bricq, prévient : ''un tel mécanisme permettrait à une multinationale américaine de nous attaquer et, éventuellement, de limiter notre souveraineté.'' Encore un euphémisme : ce n'est pas ''éventuellement'', mais très principalement, que le TTIP vise non seulement à ''limiter'' mais à annuler la souveraineté des Etats européens, ou le peu qu'il en reste ! L'objectif de ces tribunaux commerciaux spéciaux – étrangers aux juridictions légitimes – n'est pas de ''protéger la sécurité des investisseurs'' (langue de bois libérale), mais de donner officiellement le pouvoir aux multinationales.

Quant à la volonté de résistance de l'UE, on sait ce qu'elle vaut (la Commission est de nouveau en pleine offensive pour nous imposer les OGM de Monsanto) : ''l'UE assure ne pas vouloir revoir à la baisse le niveau de protection de ses consommateurs, mais elle peut difficilement tenir un autre discours en début de négociations'', concède l'article du Monde. Négociations vouées – les Américains ne s'en cachent pas – à dissoudre ce qui restait d'européen dans le système bruxellois...

Du propre aveu du Medef, acquis au TTIP, l'accord concernera en priorité la chimie, la pharmacie, les technologies de l'information, les services financiers. Mais pour discerner l'ampleur du raz-de-marée, il faut lire l'étude de Lori Wallach, directrice de Public Citizen's Global Trade Watch à Washington ( ici ). Extraits :

 

<< Sécurité des aliments, normes de toxicité, assurance-maladie, prix des médicaments, liberté du Net, protection de la vie privée, énergie, culture, droits d’auteur, ressources naturelles, formation professionnelle, équipements publics, immigration : pas un domaine d’intérêt général qui ne passe sous les fourches caudines du libre-échange institutionnalisé. L’action politique des élus se limitera à négocier auprès des entreprises ou de leurs mandataires locaux les miettes de souveraineté qu’ils voudront bien leur consentir... >>

 

<< Sous un tel régime, les entreprises seraient en mesure de contrecarrer les politiques de santé, de protection de l’environnement ou de régulation de la finance mises en place dans tel ou tel pays en lui réclamant des dommages et intérêts devant des tribunaux extrajudiciaires. Composées de trois avocats d’affaires, ces cours spéciales répondant aux lois de la Banque mondiale et de l’Organisation des Nations unies (ONU) seraient habilitées à condamner le contribuable à de lourdes réparations dès lors que sa législation rognerait sur les « futurs profits espérés » d’une société.. . >>

 

<< Quatorze mille quatre cents compagnies américaines disposent en Europe d’un réseau de cinquante mille huit cents filiales. Au total, ce sont soixante-quinze mille sociétés qui pourraient se jeter dans la chasse aux trésors publics... >>

 

<< Certains investisseurs ont une conception très extensive de leurs droits inaliénables. On a pu voir récemment des sociétés européennes engager des poursuites contre l’augmentation du salaire minimum en Egypte ou contre la limitation des émissions toxiques au Pérou, l’Alena servant dans ce dernier cas à protéger le droit de polluer du groupe américain Renco. Autre exemple : le géant de la cigarette Philip Morris, incommodé par les législations antitabac de l’Uruguay et de l’Australie, a assigné ces deux pays devant un tribunal spécial. Le groupe pharmaceutique américain Eli Lilly entend se faire justice face au Canada, coupable d’avoir mis en place un système de brevets qui rend certains médicaments plus abordables. Le fournisseur d’électricité suédois Vattenfall réclame plusieurs milliards d’euros à l’Allemagne pour son « tournant énergétique », qui encadre plus sévèrement les centrales à charbon et promet une sortie du nucléaire...Même lorsque les gouvernements gagnent leur procès, ils doivent s’acquitter de frais de justice et de commissions diverses qui atteignent en moyenne 8 millions de dollars par dossier, gaspillés au détriment du citoyen. Moyennant quoi les pouvoirs publics préfèrent souvent négocier avec le plaignant que plaider leur cause au tribunal...>>

 

<< Mais c’est dans le secteur de la finance que la croisade des marchés est la plus virulente. Cinq ans après l’irruption de la crise des subprime, les négociateurs américains et européens sont convenus que les velléités de régulation de l’industrie financière avaient fait leur temps. Le cadre qu’ils veulent mettre en place prévoit de lever tous les garde-fous en matière de placements à risques et d’empêcher les gouvernements de contrôler le volume, la nature ou l’origine des produits financiers mis sur le marché. En somme, il s’agit purement et simplement de rayer le mot "régulation" de la carte... >>

 

<< L’APT [ou TTIP en anglais]  entend ouvrir à la concurrence tous les secteurs "invisibles" ou d’intérêt général. Les Etats signataires se verraient contraints non seulement de soumettre leurs services publics à la logique marchande, mais aussi de renoncer à toute intervention sur les fournisseurs de services étrangers qui convoitent leurs marchés. Les marges de manœuvre politiques en matière de santé, d’énergie, d’éducation, d’eau ou de transport se réduiraient comme peau de chagrin... >>

  

 

Les ''négociations politiques'' euro-américaines sont une façade. Les véritables accords sont préparés entre leaders du privé, au Trans-Atlantic Business Council (TABC) : forum permanent des ''élites économiques des deux continents'' créé pour démanteler les politiques d'intérêt général. On sent, depuis un ou deux ans, que la démocratie  politique devient un objet de méfiance pour ces élites [1] : elles souhaitent de plus en plus ouvertement le pouvoir des "experts", et en l'occurrence,  comme dit Lori Wallach,  d'une "junte des chargés d'affaires".

Quant aux gouvernants européens, et quoi qu'en dise l'infortunée Mme Bricq, ils sont prêts à n'importe quelle fuite en avant au nom de la ''croissance'' (sans se demander si la ''croissance'' elle-même n'est pas devenue un mythe dans le monde nouveau). Ils veulent donc croire le slogan du TTIP : ''3 centimes de plus par personne et par jour à partir de 2029'', alors que le lien entre libre-échange et bien être des peuples est lui aussi un mythe. Mais comment voulez-vous l'expliquer à des politiciens-zombis, tétanisés d'impuissance et rivés à la pensée unique ? 

Cherchons plutôt à l'expliquer autour de nous. Y compris aux catholiques français, pour qu'ils saisissent toujours mieux  ce que veut dire le pape François dans son exhortation apostolique, quand il nous appelle – avec une merveilleuse rudesse – à ne plus avoir ''une confiance grossière et naïve dans la bonté de ceux qui détiennent le pouvoir économique et dans les mécanismes sacralisés du système économique dominant'' [2]. Soyons lucides et combatifs. Avec le Saint Père, disons non au « système qui tend à tout phagocyter dans le but d'accroître les bénéfices'' ! [3]

 

__________

[1]  d'où l'insistance mise à nous persuader que la démocratie réside désormais dans les moeurs et la consommation.

[2] Evangelii Gaudium, § 54.

[3] ib., § 56.

 

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Priorité aux pauvres / ”choyer la terre pour éviter la destruction” / protéger l'alimentaire contre la spéculation / non

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Discours du pape François à la FAO, texte intégral

(2e conférence internationale sur l'alimentation) 

 

  

<< Je suis heureux de pouvoir prendre part à cette seconde Conférence internationale sur l'alimentation. Merci de votre accueil. Je salue Mme Margaret Chan, directrice générale de l'OMS, et M. José Graziano da Silva, directeur général de la FAO, et je me félicite de ce que des représentants d'états et d'organisations internationales, de la société civile, du monde agricole et de l'entreprise se rencontrent pour réfléchir aux moyens d'assurer à tous l'alimentation nécessaire, mais aussi aux changements à apporter aux politiques alimentaires. Une unité de principes et d'actions, envisagée dans un esprit de fraternité, devrait être décisive pour trouver de justes solutions. Pour sa part, l'Eglise est toujours attentive à tout ce qui touche au bien-être spirituel et matériel des personnes, en particulier des marginaux et exclus, dont on doit garantir sécurité et dignité.

1. A l'instar d'une famille, l'avenir de chaque peuple est plus que jamais lié à celui des autres. Or les relations entre pays sont trop souvent marquées par des préjugés réciproques, qui dégénèrent parfois en une agression économique qui mine les rapports amicaux et marginalise qui est déjà marginalisé dans sa recherche du pain quotidien ou d'un travail décent. C'est cela le quart-monde dans lequel on atteint les limites de mesures basées sur une souveraineté nationale considérée comme absolue, où les intérêts nationaux sont fréquemment conditionnés par quelque groupe de pouvoir. La lecture du document de travail destiné à mettre au point des normes plus efficaces dans l'alimentation du monde en témoigne. J'espère donc que, dans la formulation des propositions négociées, les Etats prennent en compte que le seul droit à l'alimentation ne peut la garantir si on ne tient pas compte du sujet réel, de la personne souffrant de la faim ou de malnutrition.

On parle beaucoup de droits tout en oubliant par trop les devoirs, sans se préoccuper vraiment de qui souffre de ces carences. Malheureusement, la lutte contre la faim et la malnutrition est souvent bloquée par la priorité du marché et la dictature du profit, qui réduisent les aliments à une marchandise sujette à la spéculation. Tandis qu'on parle de nouveaux droits, l'affamé est au coin de la rue à demander d'être inclus dans la société et d'avoir le pain quotidien. C'est la dignité qu'il demande, non l'aumône.

2. Ces principes ne peuvent rester théoriques. Les individus et les peuples attendent la mise en oeuvre d'une justice de partage et de distribution, d'une justice qui ne se limite pas à la loi. L'activité et les projets de développement des organisations internationales devraient tenir compte des attentes quotidiennes des gens, qui veulent le respect en toute circonstance des droits fondamentaux de la personne, et en l'occurrence de qui souffre de la faim. Cela permettrait aux interventions humanitaires d'urgence ou aux plans de développement -intégral et réel- de donner de bien meilleurs résultats.

3. Si l'attention à la production alimentaire, à la disponibilité des aliments et à leur accès, comme l'attention aux changements climatiques et au commerce agricole doivent certes répondre à des méthodes techniques, l'homme doit être prioritaire. La première préoccupation doit regarder les personnes qui manquent du pain quotidien, qui en sont réduits à lutter pour survivre au point de ne plus se préoccuper de vie sociale ni de rapports familiaux. Inaugurant ici-même en 1992 la première Conférence sur l'alimentation, Jean-Paul II avait mis en garde la communauté internationale contre le "paradoxe de l'abondance" :il y a de quoi nourrir tout le monde mais tous ne parviennent pas à manger, alors même que le surplus et le rebut, la surconsommation et l'usage détourné d'aliments sont monnaie courante. Malheureusement, ce paradoxe est plus que jamais actuel. Il y a peu de sujets comme la faim auxquels on applique tant de sophismes, dont on manipule les données et les statistique en fonction de la sécurité nationale, par corruption ou référence feinte à la crise. Tel est le premier obstacle à franchir.

Le second consiste à résoudre le manque de solidarité, un mot devenu presque suspect, qu'inconsciemment certains semblent vouloir gommer du dictionnaire. Nos sociétés souffrent d'un individualisme croissant mais aussi de division, ce qui conduit les plus faibles à perdre leur dignité de vie mais aussi à la manifestation de révoltes contre les institutions. Lorsque la solidarité fait défaut au sein d'une société, le monde entier s'en ressent. La solidarité rend les individus capables de rencontrer l'autre et de tisser des liens fraternels dépassant toutes les différences, et par conséquent de rechercher ensemble le bien commun.

Dans la mesure où ils sont conscients de leur responsabilité envers le dessein de la création, les hommes sont capables du respect des autres, plutôt que de se combattre au dam de la planète. Conçus comme communautés de personnes et de peuples, les Etats doivent être prêts à s'entraider sur la base des principes et des lois internationales. Gravée dans le coeur de l'homme, la loi naturelle constitue une source infinie d'inspiration. Son langage est universel car elle parle d'amour, de justice et de paix, toutes choses inséparables. A l'instar des personnes, les Etats et les institutions internationales sont appelés à adopter et à diffuser l'amour, la justice et la paix. Et ce dans un esprit d'écoute et de dialogue, qui est également indispensable à la perspective de nourrir la famille humaine toute entière.

4. Toute femme et tout homme, tout enfant comme toute personne âgée doivent partout disposer d'une alimentation correcte. Il est du devoir de tout Etat attentif au bien-être des citoyens de souscrire sans réserve aux principes que nous avons évoqués, et de s'engager à leur application pratique avec persévérance. L'Eglise catholique s'engage à offrir sa contribution par une attention constante envers les pauvres où qu'ils soient. C'est dans ce but que le Saint-Siège agit auprès des organisations internationales, et qu'il s'implique par le biais de documents et de déclarations. Il entend ainsi aider à retenir et adopter des critères en mesure de développer un système mondial juste. Au plan éthique, ces critères doivent être fondés sur la vérité, la liberté, la justice et la solidarité. Et au plan juridique, ils doivent lier entre eux droit à l'alimentation et droit à la vie, droit à une existence digne, droit à une protection légale qui n'est pas toujours adaptée aux personnes souffrant de la faim, mais aussi l'obligation morale du partage des richesses.

Si on croit dans le principe de l'unité de la famille humaine, fondée sur la paternité du Créateur, et dans la fraternité des êtres humains, on ne saurait admettre le moindre conditionnement politique ou économique en matière de disponibilité alimentaire. Et à propos de ce type de pressions, je pense à notre mère la terre : si nous sommes libres de conditionnements politiques et économiques, nous éviterons sa destruction. Attention donc aux conférences qui se tiendront au Pérou et en France pour envisager une bonne gestion de la planète. Je me souviens d'un vieil homme que disait que Dieu pardonne toujours. Certes, il pardonne offenses et mauvaises actions, l'homme aussi pardonne parfois, mais la terre ne pardonne jamais. Nous devons choyer la terre afin d'éviter qu'elle anéantisse l'humanité. Plus encore, aucun système discriminatoire, de fait comme de droit, quant à l'accès au marché des aliments, ne devrait être pris comme modèle de modification des normes internationales destinées à l'élimination de la faim dans le monde.

Voulant partager avec vous ces réflexions, je demande au Tout Puissant, riche en miséricorde, de bénir, quelques soient les responsabilités, tous ceux qui se mettent au service de qui souffre de faim et de malnutrition, et qui savent leur manifester concrètement leur attention. Puisse aussi la communauté internationale entendre l'appel de cette conférence et y voir l'expression de la conscience commune de l'humanité. Il faut donner à manger aux affamés afin de sauver la vie sur cette planète. Je vous remercie. >>

 

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”Le Chant des créatures” (2)

La vraie foi chrétienne, apothéose de l'écologie :

 

 

Hélène et Jean Bastaire

Le Chant des créatures : les chrétiens et l'univers d'Irénée à Claudel

 (Cerf, 1996)

 

Dans ce long récit du christianisme cosmique d'Irénée à Claudel, sont constamment entremêlés les grandes perspectives des théologies de la création, abordés dans le premier volet, au vécu beaucoup plus concret de tous ces saints, ermites et mystiques, qui sans doute plus intimement encore, ont approché le mystère de la fraternité universelle entre toutes les créatures.

Le récit est parsemé d'histoires extraordinaires relatant les liens de grande familiarité, d'amitié, de compassion que tous ces pauvres de Dieu ont établis avec les bêtes, aussi féroce ou apparemment insignifiantes soient-elles, comme par anticipation prophétique de la grande réconciliation parousiaque de l'homme et du cosmos. Nous en retiendrons quelques unes ici...

Ces histoires abondent chez les pères du désert. Les ascètes de Syrie, de Palestine et d'Egypte incarnent cette convivialité rétablie par le Christ entre toutes les créatures. Ainsi Macaire l'Egyptien témoigne aux animaux de la même miséricorde que Jésus guérissant l'aveugle-né avec sa salive : «Une hyène lui apporta un jour son petit qui était aveugle. Macaire le prit, lui cracha sur les yeux, fit une prière : sur le champ, l'animal retrouva la vue. Après l'avoir allaité, la mère le remporta. Mais elle revint le lendemain pour faire cadeau au saint de la toison d'une grande brebis » (Pallade, Histoire lausiaque, 18).

Dans son Histoire des moines de Syrie, Théodoret de Cyr raconte l'histoire de cet anachorète qui a pour acolyte un lion, qui lui apporte de la nourriture, dort à ses côtés, redevenu comme au paradis le serviteur de l'homme, non en esclave dompté, mais en humble frère, qui se laisse à son tour servir par ce moine lui fournissant du pain et des pois chiches à condition que le lion cesse de s'en prendre aux autres créatures.

Au VIIème siècle, Isaac le Syrien l'exprime magnifiquement, en soulignant de l'humble de cœur que «les fauves meurtriers, dès qu'ils le voient, s'approchent de lui comme de leur maître. Ils remuent la tête, lèchent ses mains et ses pieds, car ils ont senti, émanant de lui, cette odeur qu'exhalait Adam avant la transgression et que Jésus nous rend par son avènement » (œuvres spirituelles).

A la même époque, le monachisme irlandais préfigure également l'esprit de François d'Assise, cet élan d'amitié profonde avec les animaux et la nature. Brigide de Kildare appelait les canards sauvages qui volant vers elle, se laissaient prendre et embrasser. Lorsqu'ils se retiraient dans la solitude, les anachorètes redoublaient d'intimité avec les bêtes : « saint Moling avait l'amitié d'une mouche, d'un roitelet et d'un chat ; la mouche suivait ligne à ligne les textes que le saint lisait et s'arrêtait quand son attention faiblissait, le gardant ainsi du sommeil. Ciaran eut pour premiers disciples un ours, un renard, un blaireau, un loup, un cerf » (Olivier Loyer, Les Chrétientés celtiques, p.47).

Ce délicieux poème d'un moine celtique traduit l'infinie bienveillance de Dieu dans la nature, manifestée à travers ses créatures :

«Une haie d'arbres m'entoure / La couvée d'un merle chante pour moi. /  Au dessus de la page rayée de mon livre / Les oiseaux, tressaillant de joie, déroulent leur psalmodie. / Dans son manteaux gris, du haut des branches, un coucou chante / Oh, que Dieu me protège ! Comme j'écris bien sous le vert des bois ! » (Ibid)

Au XIIIe siècle, par une tendresse intuitive qui élargit ce qu'a souvent de trop étroit la théologie masculine, plusieurs moniales cisterciennes incarnent une attitude de compassion cosmique. Béatrice de Nazareth, prieure du couvent du même nom dans les Flandres, étend toute sa compassion au règne animal dont elle partageait les souffrances. Sa contemporaine allemande Gertrude d'Helfta, tout aussi touchée par un vif sentiment de pitié envers toute créature, prie pour les animaux, «offrant pieusement à Dieu pour sa louange éternelle cette souffrance d'un être sans raison, car elle s'attachait à la dignité d'être que toute créature possède souverainement avec perfection et noblesse dans le Créateur, et elle désirait que le Seigneur, prenant en pitié sa créature, daignât la relever de sa misère » (Gertrude d'Helfta, Le Héraut, livre I, chap. VIII, 1).

On est loin, si loin de l'animal objet. Ce cri d'amour confère à toute créature un statut qui reconnaît en elle une source royale et lui vaut un respect sans limites.

A la même époque, et dans le même couvent d'Helfta, Mechtilde de Hackeborn, avec cette merveilleuse fraîcheur se représente son âme «sous la forme d'un petit lièvre endormi les yeux ouverts sur le sein de Dieu (et elle prie :) Mon Seigneur Dieu, donnez-moi les mœurs de cet animal ; lorsque mon corps s'endort, que mon esprit veille pour vous» (Le Livre de la grâce spéciale, III, 7). Une autre fois, elle compare les prières des moniales à des alouettes volant joyeusement à Dieu et lui donnant des baisers.

Au XVe siècle, ce sont encore des femmes qui embrassent de leur tendresse toute la Création. Parmi elles en France, on trouve Colette de Corbie, une disciple de François d'Assise. Les oiseaux se posent en chantant sur sa main, une alouette mange dans son écuelle quand elle est à table.

En Italie, la mystique Catherine de Gênes retrouve la sensibilité aïgue de Gertrude d'Helfta au mystère ontologique des créatures et s'évanouit «lorsqu'on abat un animal ou que l'on coupe un arbre (car) elle semble ne pouvoir supporter de les voir perdre l'être que Dieu leur a donné » (Vie admirable et doctrine sainte de la bienheureuse Catherine de Gênes, chap.XLII).

En Angleterre, Julienne de Norwich considère l'univers réduit aux dimensions d'une petite noisette au creux de la main : «Je m'étonnai que cela puisse subsister, car il me semblait que cela pouvait être anéanti en un clin d'oeil. Il me fut répondu en mon entendement : «Cela subsiste et subsistera toujours parce que Dieu l'aime. C'est par amour que Dieu a tout créé, et tout est gardé dans le même amour et le sera toujours » (Une révélation de l'amour de Dieu).

Deux autres humbles mendiants nous ramènent à l'active compassion journalière. En Italie, Séraphin de Montegranaro, disciple de François, appartient à une nouvelle branche de l'ordre : les Capucins. Il se penche un jour sur un étang et effectue une pêche miraculeuse. A sa voix, les poissons sautent hors de l'eau, brandissent sur la rive et se glissent dans les manches de son habit : « Voyez (dit Séraphin), comme ces petites créatures sont obéissantes. Ne serait-ce point dommage de leur ôter la vie ? (il les restitue à l'étang en leur recommandant:) Allez vite, créatures de Dieu, et rendez grâce à Celui qui vous a fait si beaux » (dans R.P. Constant, La légende dorée des Capucins).

A l'autre extrémité du monde chrétien, en cette fin de XVIe siècle, le moine dominicain Martin de Porrès vit au Pérou et parle aux animaux comme à des frères en détresse. Il panse un coq qui s'est cassé la patte et lui ordonne de revenir tous les jours se faire soigner, prescription à laquelle le coq obéit.

Avec Benoît Joseph-Labre, qui après avoir réalisé sa vocation d'ermite vagabond sur les routes de France, d'Espagne, de Suisse et d'Italie, pour finir par se nicher dans un trou du Colisée à Rome, on a affaire à un errant complètement démuni et entièrement livré à la contemplation de la nature. «La vue d'une fleur lui suggérait la splendeur de la Trinité » (Agnès de La Gorce, Un pauvre qui trouva la joie). Il acquit à Rome une célébrité de « fol en Christ », notamment par le soin qu'il mettait à entretenir une belle quantité de poux, dans son désir profond d'être, là comme ailleurs, un parfait imitateur du Poverello. Au siècle suivant, Verlaine et Germain Nouveau, bohêmes convertis, célébreront le saint pouilleux : « vous les poux, qu'il laissait paraître sur sa tête, bon pour vous et dur pour sa bête, dites par la voix du poète, à quel point ce pauvre était doux » (Germain Nouveau, La doctrine de l'amour).

Si nombreux sont ces « fols en Christ » qui circulent sur les routes et dans les villages de la Russie du XIXe siècle, se mêlant à tous les pèlerins sillonnant la terre russe. Le plus célèbre est celui dont nous sont parvenus les Récits, probablement un paysan instruit, qui fréquentait le monastère d'Optino, grand centre de rayonnement spirituel. Le pèlerin pratique la « prière de Jésus » et lit la Philocalie, recueil de textes patristiques, dont il tire des délices qui vont métamorphoser à ses yeux la Création : «Tout m'appelait à aimer et à louer Dieu. Les hommes, les arbres, les plantes, les bêtes, tout m'était comme familier et partout je trouvais l'image du nom de Jésus-Christ » (Récits d'un pèlerin russe). Il récupère un peu de cet état d'innocence que possédait Adam avant le péché, lorsque tous les animaux lui étaient soumis ; l'âme sanctifie son corps et les animaux s'en rendent compte : «Cette force d'innocence est ressentie par eux surtout au moyen de l'odorat, car le nez est l'organe essentiel des sens chez l'animal » (Ibid). Douze siècles plus tôt, Issac le Syrien mentionnait déjà l' «odeur de paradis ».

En 1878, Dostoïevski se rend au même couvent d'Optino où il y rencontre le starets Ambroise, qui lui sert de modèle pour le starets Zossime dans Les frères Karamazov. Zossime raconte l'histoire de son frère aîné qui peu avant de mourir se mit à demander pardon aux oiseaux en pleurant de joie : «Oui, la gloire de Dieu m'entourait : les oiseaux, les arbres, les prairies, le ciel ; moi seul, je vivais dans la honte, déshonorant la Création » (Les Frères Karamazov). Avec une simplicité bouleversante, Dostoïevski retrouve l'affirmation de Paul selon laquelle «la Création tout entière gémit dans les douleurs de l'enfantement » et « attend avec impatience la révélation des enfants de Dieu». Comme en témoigne Zossime, dès maintenant le repentir de l'homme peut soulager la souffrance de la Création.

Plus près de nous enfin, l'on trouve tous ces chrétiens amis de la nature qui se rassembleront dans le scoutisme. Ce mouvement de pensée et d'action a contribué à réinsérer ses adhérents dans la Création, non sans soulever des résistances de la part de chrétiens jansénistes qui les taxaient de paganisme, alors qu'ils ne faisaient que rétablir la grande alliance avec la nature que les croyants des derniers siècles avaient beaucoup trop perdu de vue. Guy de Larigaudie a fait rêver plusieurs générations d'adolescents, à qui il proposait une mystique de l'amour du monde aux antipodes d'un naturalisme païen parfois dangereusement exalté. Dans l'élan de sa jeunesse éblouie, Larigaudie se jette à la rencontre des créatures. La splendeur du monde relance son désir, elle lui fait signe au sens littéral du mot, offrant une indication décisive que la source est ailleurs. Voilà pourquoi, deux ans avant d'être tué à la guerre, il ne craint pas de mourir, comme il l'écrit dans Le beau jeu de ma vie  : «J'ai toujours eu au fond de moi, la nostalgie du ciel, plus encore maintenant où je connais mieux les beautés du monde. Le ciel sera l'épanouissement, la plénitude de toutes ces beautés».

 

SL - FCI

 

 

 

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12/08/2013 | Lien permanent

Crise écologique en Terre Sainte : un entretien avec Mgr Marc Stenger

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...évêque de Troyes, président de Pax Christi France (in Les Nouvelles de L'Ordre du Saint Sépulcre, octobre 2012, dossier Foi et modernité) :



 

Vous avez piloté et préfacé le dernier livre de la Conférence des évêques de France : 'Enjeux et défis écologiques pour l'avenir' (Cerf 2012). De sérieux problèmes d'environnement se posent actuellement en Terre Sainte. Entre le face à face israélo-palestinien et l'exploitation agro-industrielle et domestique de l'eau, quels sont les enjeux de cette crise ?

Les riverains du Jourdain sont devant une crise environnementale : le fleuve de la Bible est gravement pollué et risque de s'assécher. Il se meurt. Il y a cinquante ans, le débit du Jourdain dans la mer Morte atteignait 1,3 milliard de m3 d'eau ; aujourd'hui il est tombé à 20 ou 30 millions de m3 : une baisse de 98 %. Or l'eau, c'est la vie des populations. D'où la responsabilité des individus mais surtout celle des Etats... La Jordanie est impliquée, et bien entendu Israël ! Tous les projets d'urbanisme dans la vallée du Jourdain (230 kilomètres) sont sous contrôle israélien. Selon le rapport de Human Rights Watch, les 9000 colons israéliens de cette vallée consomment un quart du total de l'eau consommée par les 2,5 millions de Palestiniens de Cisjordanie... Si un pays s'administre dans la seule perspective d'augmenter sa production agro-industrielle, si l'eau n'est plus qu'un accessoire au service de cela – sans égard envers les autres dimensions de la vie en société (ni envers les données hydrographiques et géologiques), il y a des pollutions énormes et on met un fleuve à sec. Sans oublier qu'un assèchement du Jourdain condamnerait aussi la mer Morte...

Il faudrait que les gouvernants israéliens (et jordaniens) mettent sur pied une action régionale, avec les investissements financiers et les autodisciplines nécessaires : collecter les eaux de pluie, économiser l'eau domestique, recycler les eaux usées, nettoyer les sources polluées, renoncer à certaines cultures trop coûteuses en irrigation. Et créer une commission du bassin du Jourdain...

Pour cela il faudrait rompre avec l'irresponsabilité absolue qui semble avoir été la règle jusqu'à présent : une irresponsabilité qui joue au détriment des populations les plus fragiles. Le problème du Jourdain est un cas typique de la responsabilité des Etats dans le traitement de l'environnement. Il en existe d'autres, qui concernent également l'eau... Voyez par exemple ce qui se passe au Pérou : une mobilisation des paysans contre un projet de mines d'or gigantesque, qui menace les trois bassins de la région de Cajamarca. Les paysans accusent le gouvernement d'être du côté de l'industrie minière. Finalement c'est à l'Eglise catholique que les deux camps demandent un arbitrage ! L'Eglise est reconnue comme un pouvoir éthique de protection de la vie – et comme le seul arbitre puisque les forces séculières n'y arrivent pas... En effet, aucun consensus n'est possible si on se limite à l'économique et au politique.
On voit ainsi que l'environnement est un enjeu non seulement matériel, mais moral : donc un terrain d'évangélisation. La surexploitation de la nature, en raison d'un mode de développement axé sur la seule croissance, provoque des ravages qui mettent en cause l'avenir de notre monde. Notre rapport à la nature peut aller jusqu'à une vision absurde et suicidaire de la vie qui nous est confiée, en même temps qu'il prend son parti des injustices... Il faut donc trouver les moyens de travailler à ce qu'une vie bonne soit possible, pour les générations à venir, mais aussi pour nos contemporains. Si Pax Christi a placé l'environnement parmi ses thèmes, c'est que ce problème-là (comme tous les autres) ne peut trouver de solution sans l'éthique. L'échec de la conférence de Rio au printemps dernier en est la confirmation : sans intention, il n'y a pas de résultats ! C'est là que l'Eglise a un message à faire entendre. Ce qui compte, c'est que les hommes sachent ce qu'ils veulent, ce qu'ils désirent, ce qu'ils souhaitent. Il faut savoir ce que nous entendons par une "vie bonne"... Or la question écologique nous conduit à revisiter notre conception du "bien vivre", à titre personnel et au titre de la communauté humaine.

Alors : l'écologie, un chemin d'évangélisation ?

Comme tout ce qui est réel ! Il ne serait pas chrétien de se réfugier hors du réel. Taire la réalité par peur ne mènerait à rien... Mais s'il faut dire la réalité, c'est pour agir, pour aider à sortir de l'épreuve : en mobilisant les ressources intellectuelles et technologiques, mais d'abord en situant l'homme, en évaluant ses potentialités et les assises concrètes qu'il donne à sa vie. Evangéliser, c'est annoncer la Bonne Nouvelle du Christ mais pas seulement par des discours. La fidélité à l'Evangile a des conséquences pratiques. Jésus ne guérit pas pour guérir, mais pour signifier en actes que Dieu vient à la rencontre des hommes. Evangéliser en actes, c'est donner aux hommes ce qu'une simple analyse technique n'est pas capable de donner : une image concrète de l'espérance.

Pour tirer parti de l'information scientifique et technique, pour la transformer en décisions, en changements, dans le monde et dans la société, il faut une motivation éthique : et pour cela il faut avoir conscience de ce qu'est l'homme et de son rôle par rapport à la nature... Des perspectives stimulantes, constructrices d'avenir, voilà le discours de l'Eglise sur l'environnement. Il dit ce qu'est l'homme, ce qui lui est promis dans le projet créateur de Dieu, sous l'éclairage de la parole divine et de la tradition de l'Eglise. La vocation humaine selon la Bible se comprend comme une réponse ajustée à la grâce surabondante de Dieu, sous le signe de la gratuité et de l'amour partagé...

À l'inverse, réduire la relation de l'humain à ses fonctions de producteur-consommateur est mutilant, voire aliénant.

Cette époque est donc un défi à relever : un moment de discernement, de décision, une épreuve de vérité. Que voulons-nous faire de notre planète, de notre espèce, de notre société, de notre vie ? Voilà la "crise du sens" dont on parle tant aujourd'hui.

Pour se situer, l'homme occidental doit donc sortir de cette "crise du sens" ?

La crise environnementale est un révélateur particulier de la du sens, qui est générale. Cette crise affecte la perception que l'homme a de lui-même depuis qu'il se croit omnipotent, doté de tout pouvoir sur le monde, et que l'idéologie du Progrès illimité le rend sourd aux avertissements, refusant de mesurer les problèmes, ou se croyant capable de les résoudre indéfiniment tout en prolongeant leurs causes...

Or ce vertige se heurte à la réalité de la crise environnementale. Elle révèle une crise de la relation entre les êtres humains : depuis la préhistoire on avait répondu aux menaces naturelles par les solidarités humaines, mais le système économique actuel casse les communautés – et pas seulement chez les Indiens d'Amazonie... La crise révèle aussi une perte de la connaissance humaine de la nature, qui caractérisait les sociétés d'autrefois. Voyez le malaise profond du monde agricole : on a dit au paysan "nourrissez la planète", et cette ambition s'est accompagnée du déploiement de moyens de forçage de la nature... qui contribuent à détruire la planète. Ce qui est devenu premier n'est plus la nature, mais les moyens du productivisme. La nature n'est plus partenaire mais instrument... C'était prendre un risque inconsidéré, on s'en rend compte aujourd'hui ; mais en accuser l'agriculteur serait injuste puisque la crise du sens est générale. Dans le monde où nous sommes, ce qui se joue n'est pas seulement l'avenir de la planète et de l'espèce humaine, mais le sens même de l'existence, le sens de ce progrès technologique dont nous pouvons tout faire, le sens du développement économique ; et le devenir de ce qui par définition échappe au marché : le divin en l'homme créé à l'image de Dieu.

Le livre des évêques sur l'écologie donne à celle-ci deux piliers : la proximité et l'universel. Ce sont des valeurs catholiques...

Prenez les récits de la Création et des débuts de l'humanité dans la Bible (Genèse 1 à 4) : leur trame est la proximité. Dans le projet du Créateur, l'homme ne « surplombe » pas le reste de la Création dont Dieu l'institue responsable : arrivé le dernier, il est dedans, il en fait partie ! Ecoutez ce que Dieu dit dans ces récits : il situe l'homme par rapport à la terre dans un rapport de proximité, non d'extériorité, ni encore moins d'hostilité. L'homme biblique n'est pas étranger à la nature. Il n'est pas en conflit avec elle, sauf s'il verse le sang de son frère humain : auquel cas le sol se révolte contre Caïn (Genèse 4, 10-12 : "quand tu cultiveras le sol, il ne te donnera plus sa force")... Contrairement à ce qui est affirmé couramment depuis les années 1970, la Bible ne justifie aucunement un saccage de la nature. C'est l'inverse : la Bible bien lue est la matrice d'une écologie bien réfléchie.
Et c'est la matrice du discours développé par l'Eglise : proximité et universel ! l'inverse d'un repli de l'homme devant un monde "hostile"... L'homme chrétien est invité à s'ouvrir à tout ce qui l'environne : la nature et les autres humains. Cette nature qui nous est donnée n'est pas donnée à "notre" groupe, mais à tous les hommes ; elle les rassemble, elle est le "contenant" de la communauté humaine. D'où la nécessité de gérer les ressources mondiales autrement qu'elles ne le sont aujourd'hui : c'est un devoir sans cesse rappelé par l'Eglise, malgré les réticences et les tentation de recroquevillement.

Quelles leçons en tirer pour la foi chrétienne, dont une certaine postmodernité européenne semble ne pas vouloir ?

La foi en Dieu Trinité vient interroger nos manières de nous comprendre nous-mêmes et de comprendre notre relation au Seigneur. Celle-ci est parfois imaginée de manière simplement duale : "Dieu" et "l'homme" étant situés comme face à face. Or une telle représentation oublie que, selon le mystère de la Trinité, Dieu est fondamentalement relation d'amour... La représentation duale laisse aussi de côté le cosmos, le monde, la création en son ensemble, dans laquelle s'inscrit pourtant la relation entre Dieu et l'homme. Le monde existait avant l'apparition de l'homme : c'est ce que dit la révélation biblique autant que la recherche scientifique. Et selon une perspective chrétienne, le monde est le lieu où s'opèrent la relation avec Dieu et la relation entre les hommes. La foi en Dieu Trinité interdit à l'homme de se considérer comme isolé au milieu de l'univers, que celui-ci soit visible ou invisible.
Certains écologistes disent que l'homme est en lui-même "une menace pour la nature", comme s'il était étranger à celle-ci ? Ils font erreur : c'est eux, non la Bible, qui mettent ainsi une coupure grave entre homme et nature ! Ils pensent que notre point de vue "majore abusivement l'homme" ? Mais si l'homme n'était pas ce qu'en dit la Genèse, sa présence historique n'aurait plus aucun sens : elle ne s'expliquerait plus.

Et les écologistes "anthropophobes" sont réfutés par des écologistes plus radicaux, qui soulignent que sans l'homme il n'y a pas d'écologie...

C'est un débat d'aujourd'hui. Par ailleurs, du point de vue chrétien, puisque nous devons agir ici et maintenant pour le Royaume, nous avons le devoir évangélisateur de partager les soucis de nos contemporains. Evangéliser n'est pas ressortir un vieux discours pour le plaquer sur la société actuelle : il ne peut y avoir d'Evangile qui ne serait pas au coeur des réalités humaines, telles qu'elles nous sont données. Un chrétien se préoccupant (par exemple) d'écologie, fait saisir ce que le Christ nous dit – dans ce domaine aussi – des réalités d'aujourd'hui. Il montre comment Dieu nous donne des signes et des appels dans ces réalités... La Bible offre un chemin de sens et de vie qui permet d'orienter les choix quotidiens, de mettre en question les attitudes actuelles, de former des projets innovants, de travailler avec les autres à mettre en oeuvre de nouveaux modes de vie.

Là est le fond de la question aux yeux du chrétien : reconnaître que l'homme a un rôle important à jouer, et faire les choix nécessaires pour avoir une vie bonne – digne du projet de Dieu. C'est ce que Benoît XVI veut dire dans Caritas in Veritate (§ 48), quand il parle de "développement humain intégral".

 
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