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31/05/2014

CAC 40 – Les résultats sont en chute libre (- 41 %), mais les rémunérations patronales montent encore (+ 3 %)

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La folie des sursalaires continue :

 


Hausse continuelle du salaire de grands patrons... dont les résultats sont en forte baisse ! C'est ce que montrent les assemblées générales qui viennent de se tenir : d'où les grincements de dents des actionnaires face aux rémunérations de Herteman (Safran), Ghosn (Renault), Lévy (Publicis), Plassat (Carrefour) ou Clamadieu (Solvay). Un grincement de dents de bourgeois français, en AG, consiste à ne voter le sursalaire qu'à 63,7 % (Herteman), à 64,3 % (Ghosn), à 67,7 % (Lévy)... On grince, mais on vote... L'éditrice de L'Hebdo des AG souligne que le fameux dispositif say on pay – censé soumettre désormais les rémunérations patronales aux actionnaires – ne fonctionne pas : « il était présenté comme un moyen pour les actionnaires de veiller à l'alignement des rémunérations des patrons avec les performances de l'entreprise ; or les rémunérations (fixe, variable et actions de performance) des patrons du CAC 40 ont continué de progresser en 2013, de 3 % en moyenne, alors que les bénéfices nets chutaient de 41 %. » [*]

Comment les grands patrons obtiennent-ils ça ? Par le chantage au global. L'éditrice explique : « Le repère majeur qui a guidé le vote des actionnaires a été la comparaison avec une liste de pairs, tirée vers le haut par les rémunérations des patrons américains. » Or la rémunération de ces derniers a augmenté de 8,8 % en 2013, atteignant une moyenne de 10 millions de dollars... En clair, le conseil dit aux actionnaires : « Le PDG partira aux USA si vous ne lui donnez pas ce qu'il attend ! » Et les actionnaires votent, terrifiés par la perspective de voir partir un personnage si célèbre. Même si ses résultats nets ont chuté de 41 % ? Oui, même si. Parce que les actionnaires ne regardent que les marchés financiers.

On le savait déjà, mais ça confirme (avec toujours plus d'obscénité envers les chômeurs) que le stade suprême de ce capitalisme est le casino : l'argent pour l'argent, sans souci des résultats de l'économie réelle. Système que seuls des benêts peuvent justifier ! Et comme disait le pape François dans Evangelii gaudium, § 54 : «  Dans ce contexte, certains défendent encore les théories du ''ruissellement'', qui supposent que chaque croissance économique, favorisée par le libre marché, réussit à produire en soi une plus grande équité et inclusion sociale dans le monde. Cette opinion, qui n'a jamais été confirmée par les faits, exprime une confiance grossière et naïve dans la bonté de ceux qui détiennent le pouvoir économique et dans les mécanismes sacralisés du système économique dominant... »

Vous n'avez pas lu ces lignes du pape dans la presse bien-pensante ?

Vous m'étonnez.

 

__________

[*] Le Monde, 1/06. Stéphane Lauer donne des précisions sur les rémunérations de ces patrons américains qui impressionnent tellement l'actionnaire français. En 2009, au sortir du cataclysme financier (provoqué par les moeurs de ce même turbocapitalisme), le patron d'une grande entreprise US gagnait 181 fois le salaire moyen national. En 2014, c'est 257 fois... Quand au dispositif say on pay, il ne marche pas non plus là-bas (pourtant les actionnaires américains sont plus teigneux que leurs dociles homologues français)... Par exemple : « la majorité des actionnaires d'Oracle a déjà voté deux fois contre la rémunération du patron de ce groupe de logiciels sans que celui-ci renonce à quoi que ce soit. » Même chose au groupe de restauration Chipotle Mexican Grill, etc.

 

 

Commentaires

LE PAPE FRANÇOIS ET LE CAPITALISME INHUMAIN

> Dans la conférence de presse dans l'avion au retour de Jérusalem, le pape a confirmé son rejet total d'une économie qui place l'argent et non l'homme au centre et qui de ce fait produit du chômage.
Il a dit qu'il tenait à confirmer la condamnation d'Evangelii gaudium contre "un système économique qui tue".
Il répondait à une question de la presse chrétienne française qui ne voulait voir dans les résultats de l'élection européenne que la victoire d'un "populisme".

Guadet


[ PP à Guadet - Voici ses paroles exactes, sur le site du Vatican :
" vous avez dit un mot clé : le chômage. Cela est grave. C’est grave parce que je l’interprète ainsi, en simplifiant. Nous sommes dans un système économique mondial où le centre c’est l’argent, ce n’est pas la personne humaine. Dans un vrai système économique, au centre doivent être l’homme et la femme, la personne humaine. Et aujourd’hui, au centre, il y a l’argent. Pour se maintenir, pour s’équilibrer, ce système doit avancer avec des mesures de « rejet ». Et on rejette les enfants – le niveau de naissance en Europe n’est pas très haut. Je crois que l’Italie a 1,2 %, la France, vous avez 2, un peu plus, l’Espagne moins que l’Italie : je ne sais pas si elle arrive à 1…On rejette les enfants. On rejette les personnes âgées : ils ne servent pas, les vieux. En ce moment, passagèrement, on va les trouver parce qu’ils sont retraités, et on en a besoin, mais c’est passager. On rejette les anciens également avec les situations d’euthanasie cachée, dans beaucoup de pays. Ainsi, on donne les médicaments jusqu’à un certain point, et ainsi… Et actuellement on rejette les jeunes, et c’est très grave : c’est très grave. En Italie, je crois que le chômage des jeunes est de presque à 40% , je ne suis pas sûr ; en Espagne, je suis sûr : il est de 50 %. Et en Andalousie, dans le Sud de l’Espagne, il est de 60 % ! Cela signifie qu’il y a toute une génération de « ni-ni » : ils n’étudient pas et ils ne travaillent pas, et cela est très grave ! On rejette une génération de jeunes. Pour moi, cette culture du rejet est très grave. Mais ce n’est pas seulement en Europe : c’est un peu partout, mais en Europe cela se sent très fort. Si on fait la comparaison, il y a 10 ans, avec la culture du bien être. Et cela est tragique. C’est un moment difficile. C’est un système économique inhumain. Je n’ai pas eu peur d’écrire dans l’exhortation « Evangelii gaudium » : ce système économique tue. Et je le répète. " ]

réponse au ciommentaire

Écrit par : Guadet / | 31/05/2014

SOUFFRANCES MÉCONNUES

> C'est ainsi que l'on fait entre gens bien élevés:- on ne va pas faire de scandale, restons amis! Les temps sont durs pour tout le monde, non? On se comprend-.
La grande supercherie, c'est que l'on ait réussi à faire passer cela pour vertu chrétienne dans les milieux bien-pensants, quand c'est scandale pour tous les petits qui sont écrasés dans l'indifférence de ces gens.
On retrouve ce même réflexe, dont savent si bien jouer les malins, dans l'accueil sélectif fait dans certaines de nos paroisses, de nos bonnes familles, et autres sociétés pieuses.
Sauf que ce qui en temps normal est simple bêtise, dans le contexte de crise, devient proprement criminel.
Le temps n'est plus aux politesses entre gens du même monde, où l'on fait preuve d'un dévouement admirable, et d'une capacité héroïque à pardonner- à la place des victimes-!, il est à la dénonciation du crime contre l'humanité en train de se perpétrer sous nos yeux, avec notre complicité.
Et que l'on cesse de nous demander si ceux qui subissent ou dénoncent ont leur certificat de virginité avant le mariage, s'y connaissent en musique classique et abhorrent Mélenchon!
Cela me fait penser, dans le film "La vie est belle", à l'épisode avec le médecin: l'affection qu'il montrait pour le héros n'était en vérité que passion maladive pour les devinettes, passion dont le juif a été un moment l'instrument.
Nombre d'entre-nous qui disent aimer leurs frères de fait n'aiment que le jeu du grand casino mondain. On peut se gargariser de discours humanistes,de doctrine sociale de l'Eglise, de combat pour la famille traditionnelle,... tout en ignorant volontairement, voire condamnant ceux qui troublent par leurs questions la partie et remettent en cause, par leur souffrance et leur agonie, sa légitimité.
______

Écrit par : Anne Josnin / | 31/05/2014

INTRINSÈQUEMENT PERVERS

> Quand le pape évoque « une plus grande équité et inclusion sociale dans le monde », il se réfère au bien commun. Que celui-ci soit piétiné, notamment pour leur bénéfice personnel, par les grands patrons via la servilité et la convoitise de leurs actionnaires, n’est pas une nouveauté, hélas. La véritable nouveauté, dont vous vous êtes fait écho par ailleurs( http://plunkett.hautetfort.com/archive/2014/05/28/la-guerre-pour-ranimer-la-croissance-5379720.html et http://plunkett.hautetfort.com/archive/2014/05/23/la-drogue-peut-elle-doper-la-croissance-%C2%A0-5375840.html )...
...c’est cette idée des patrons de l’économie mondiale et adorateurs de Mammon d’inclure dans le produit intérieur brut des nations les bénéfices du crime, de la corruption, de la haine – en gros, des industries concourant à la division et la destruction des personnes, des familles et des sociétés, de la prostitution au trafic d’armes – notamment pour influer sur le rapport de la dette au PIB et complaire tant aux banques qu’aux agences de notation…
Bref, le critère majeur de la richesse des nations, le PIB, abandonnera bientôt toute idée de refléter « une plus grande équité et inclusion sociale dans le monde » en se faisant officiellement la résultante du « mal commun » des nations.
Le progrès des peuples, pour nos dirigeants économiques et politiques, reposera très concrètement, non sur une recherche de cohésion, d’inclusion et de partage, mais sur la division et le mensonge, autant dire le diable, Satan.
A son dernier stade – car on imagine mal qu’il soit possible d’aller plus loin – le capitalisme s’affirme intrinsèquement pervers. PIB… pour prestations infernales de Béhémoth (de Belzébuth, de la Bête…) ?
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Écrit par : Denis / | 01/06/2014

CIAO PANTINS

> « Le PDG partira aux USA si vous ne lui donnez pas ce qu'il attend ! »

Eh bien quand on voit la façon dont ils sont débordés par les évènements, comme à la BNP avec Kerviel, ou jadis le flamboyant Jean-Marie Messier avec Vivendi, on a envie de leur dire: "mais faites donc, mon cher!"

Car à ce niveau, la fine pointe de professionnalisme n'est plus la compétence mais son illusion.
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Écrit par : Pierre Huet / | 01/06/2014

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