En marge de la confrontation Rome-intégristes

Isaïe, par Tiepolo

...Trois textes de la liturgie catholique de cette semaine, qui situent la perspective chrétienne hors du cercle des sophismes :

 

 

  

À ceux qui observent le dimanche, mais passent la semaine à justifier l'iniquité économique au détriment des faibles - Isaïe 1, 11-17 :

<< À quoi bon m'offrir tant de sacrifices ? dit le Seigneur. Les holocaustes de béliers, la graisse des veaux, j'en suis rassasié. Le sang des taureaux, des agneaux et des boucs, je n'en veux plus. Quand vous venez vous présenter devant moi, qui vous a demandé d'encombrer mes parvis ? Cessez de m'apporter de vaines offrandes : la fumée, j'en ai horreur. Néoménies, sabbats, assemblées, je n'en peux plus des forfaits et des fêtes !  Vos néoménies et vos solennités, je les déteste. Elles me sont un fardeau et je suis las de les supporter. Quand vous étendez les mains, je me voile les yeux. Vous avez beau multiplier les prières, je n'écoute pas : vos mains sont pleines de sang. Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez de ma vue vos actions mauvaises, cessez de faire le mal. Apprenez à faire le bien : recherchez la justice, mettez au pas l'oppresseur, faites droit à l'orphelin, prenez la défense de la veuve...>>

À ceux qui  voudraient imposer leurs opinions de milieu au Magistère (et baptisent ça « unité ») - Matthieu 10, 34-39 :

<< Jésus disait aux Douze : « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Oui, je suis venu séparer ''l'homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa propre maison'' [Michée 7,6]. Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n'est pas digne de moi. Qui aura assuré sa vie la perdra, et qui perdra sa vie à cause de moi l'assurera. >>

À ceux (le clan des « purs ») qui voudraient une Eglise légaliste et sans miséricorde - Matthieu 12, 1-8 :

<< En ce temps-là, Jésus passait un jour de sabbat à travers les champs de blé, et ses disciples eurent faim ; ils se mirent à arracher des épis et à les manger. En voyant cela, les pharisiens lui dirent : « voilà que tes disciples font ce qu'il n'est pas permis de faire le jour du sabbat ! » Mais il leur répondit : « N'avez-vous pas lu ce que fit David, quand il eut faim ainsi que ses compagnons ? Il entra dans la maison de Dieu, et ils mangèrent les pains de l'offrance ; or cela n'était permis ni à lui, ni à ses compagnons, mis aux prêtres seulement. Ou bien encore, n'avez-vous pas lu dans la Loi que le jour du sabbat, les prêtres, dans le Temple, manquent au repos du sabbat sans commettre aucune faute ? Or je vous le dis : il y a ici plus grand que le Temple. Si vous aviez compris ce que veut dire cette parole : ''c'est la miséricorde que je désire et non les sacrifices'', vous n'auriez pas condamné ceux qui n'ont commis aucune faute. Car le Fils de l'Homme est maître du sabbat. >>

Commentaire de ce passage par un carme :

<< Si vous aviez compris... déplore Jésus devant les tracasseries légalistes des pharisiens. Oui, s'ils avaient compris que l'application rigoureuse de la Loi est prison sans l'amour. Que leurs lèvres énoncent impitoyablement le droit, mais que leur coeur est loin de lui (Marc 7,6) ! Mais Jésus est venu et désormais tout est bouleversé : plus de préceptes compliqués à pratiquer, mais des commandements d'amour à garder (Jean 15,17) ; plus de Loi à respecter, mais une Personne à aimer... Cherche donc l'intelligence du coeur. La Loi est maintenant intérieure : l'Esprit de Jésus en toi qui est amour et liberté. Il te mènera vers la vérité tout entière (Jean 16,13). Et devant tel ou tel problème, ne réagis plus de manière « légale » : « permis ou pas ? ». Tends à Lui ressembler en tout... Ne te prends jamais au sérieux en t'appuyant sur des pratiques scrupuleuses ; mais prends terriblement l'amour de Dieu au sérieux dans les petites choses de la vie. Passe du devoir à l'amour. Passe de la loi à la présence. >>

 

ps / Ces préceptes et avertissements s'adressent évidemment à tous (et nous sommes tous fautifs de ne pas les suivre). Nous en faire mutuellement le rappel, même vigoureux, est une pratique recommandée par les Actes des Apôtres. Ce qui n'est pas chrétien, mais idolâtre, c'est l'unanimisme monobloc.