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25/05/2012

"Lobbyiste auprès des décideurs politiques dans le but de rechristianiser la France..."

Impasse dans laquelle on veut enfermer le catholicisme français :

 


 

En marge du procès des perturbateurs de la pièce de Castellucci (novembre 2011), la presse commerciale interviewe – bien entendu – M. Escada, l'étrange secrétaire général du groupe Civitas lié à l'aile la plus schismatique du lefebvrisme. Ce personnage se définit comme «lobbyiste auprès des décideurs politiques dans le but de rechristianiser la France». La formule mérite qu'on s'y arrête : non en raison de son auteur, trop caricatural pour être pris en considération1 ; mais parce qu'elle exprime une erreur fondamentale que partage (hélas) une fraction des milieux catholiques français.

Ce fantasme – faire « rechristianiser la France » par l'autorité politique – est aux antipodes de l'évangélisation chrétienne et de la ligne de l'Eglise. Il cache une vieille névrose franco-catho (mal soignée puisqu'elle refait surface d'époque en époque depuis 1815) : la quête obsessionnelle du « bon gouvernement », manie qui détourne vers la « politique » – une politique en trompe-l'oeil – des énergies dont on prive ainsi la diffusion du christianisme, tâche qui devrait mobiliser chacun.

Cette lourde erreur chemine à travers les générations. Elle risque de pousser de bons paroisssiens à faire un bout de chemin avec les extrémistes de M. Escada, donc à grossir les rangs d'une provocation partisane au détriment de l'image du catholicisme.

Pourquoi est-ce une erreur ? Parce que l'évangélisation ne se fait nullement par la force publique. On sait à quels désastres ont abouti autrefois les « conversions politiques » : désastres qui produisent encore aujourd'hui, rétrospectivement des nuisances psychologiques et culturelles.2

L'évangélisation se fait d'individu à individu, par la relation amicale. C'est ainsi depuis deux mille ans.


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1. Sauf par les télés, qui l'invitent à la place d'évêques de l'Eglise catholique.

2 Une fraction des catholiques français refuse de convenir de ces dégâts. Témoin celui qui me disait lors d'un dîner (comme je comparais l'écrasement des Camisards par Versailles à celui des Vendéens par la Convention) : « non, c'est incomparable, parce que les Camisards pouvaient sauver leur vie en se convertissant. » Atroce réponse : d'autant plus folle (sur le plan chrétien) qu'elle était proférée sincèrement, et qu'elle correspondait exactement au « catholicisme » tel que le représente la polémique cathophobe.


 

catholiques,évêques,intégristes

Lobbying, version Louis XIV.

 

Commentaires

ETAT PROVIDENCE

> Je suis entièrement d'accord avec cette analyse, mais si je suis cohérente, je suis obligée de m'interroger également à cet égart sur le statut de la charité/Etat-providence...
et j'avoue être bien embêtée...

B.


[ De PP à B. - Je ne saisis pas ce que voulez dire. L'Etat-providence a des défauts structurels (il dépend de la "croissance", laquelle est moribonde). Mais il n'est pas intrinsèquement pervers, contrairement à ce que les libéraux ont fait croire à des catholiques. ]

réponse au commentaire

Écrit par : blanche / | 25/05/2012

PAUL VI

> Seulement pour les personnes considérant Paul VI et Evangelii Nuntiandi comme parfaitement 'catholiques' :
Quelques extraits du seul n°79 :
79. L'oeuvre de l'évangélisation suppose, dans l'évangélisateur, un amour fraternel toujours grandissant envers ceux qu'il évangélise.[...]Permettez-Nous de faire mention de quelques autres signes de cet amour.
Le premier est le respect de la situation religieuse et spirituelle des personnes qu'on évangélise. Respect de leur rythme qu'on n'a pas le droit de forcer outre mesure. Respect de leur conscience et de leurs convictions, à ne pas brusquer.[...]Un autre signe de cet amour est le souci de ne pas blesser l'autre, surtout s'il est faible dans sa foi, [...]Un signe d'amour sera aussi l'effort de transmettre aux chrétiens, non pas des doutes et des incertitudes nés d'une érudition mal assimilée, mais des certitudes solides, parce que ancrées dans la Parole de Dieu. [...]

Mais en fait tout est à 'assimiler' et on y trouve en très bonne place la dimension interpersonnelle sans parler de l'exigence BIEN DISCERNEE de docilité à l'Esprit Saint ; rien à voir, mais rien à voir, avec du lobbying.
La vérité ne s'impose pas, ne se prostitue pas, elle a sa propre force.
Sathiagraha (orthographe non garantie),c'est un mot employé par Gandhi pour parler de cette puissance. [De plus savants creuserons].
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Écrit par : Gérald / | 25/05/2012

à PP

> Ce que je veux dire, c'est que si on suit la logique de "quoi incombe à qui ?", il est également légitime de s'interroger sur les liens entre l'Etat-providence et la déresponsabilisation des "personnes" et leur transformation en simples "individus", innombrables monades indifférents les uns aux autres attendant tout d'un édifice abstrait et rien de la relation interpersonnelle (indispensable dans le cadre de toute démarche chrétienne).
Je ne renie absolument pas le rôle redistributeur de l'Etat et la nécessité du maintien de ses fonctions régaliennes (dont il me semble que la justice sociale participe), ayant naturellement, bien plus confiance dans la main bien visible de celui-ci que dans la main invisible du marché (je me fais même ici l'avocat du diable si j'ose dire, puisque mon enthousiasme pour un Etat plus "fort" me fait passer plus souvent qu'à mon tour pour une "stal"). Mais je me demande dans quelle mesure il n'est pas intéressant de reprendre également à notre compte certains analyses des anarchistes chrétiens, des Illich et autres Ellul...
A trop imaginer un Etat parfait dont les mécanismes suffiraient à poser les conditions d'une société parfaite, on oublie la liberté humaine.
J'ai été sidérée l'autre jour d'entendre un ami, "de gauche", me reprocher de donner quelques pièces à un mendiant au prétexte que "Nous payons déjà des impôts, c'est à l'Etat de redistribuer..." La suite de notre conversation l'a même conduit jusqu'à m'assurer qu'il pensait que l'existence des multiples associations "caritatives" n'était pas fondée, dans un monde où l'Etat est sensé abolir la pauvreté et réguler les rapports sociaux et inégalités.
J'ai mesuré à cette occasion à quel point, si l'Etat ne doit pas, comme vous le dites justement, se méler d'évangélisation (mais doit-il pour autant renoncer à tout "principe" de base permettant de fonder une "morale" capable de guider la vie de la communauté qui vit sous ses lois ?), il nous faut renoncer au phantasme de l'Etat assumant définitivement le pb de la pauvreté/misère/exclusion/ignorance etc...
J'imagine que je vous donne l'impression de parler chinois tant ce travers ne guette pas, c'est peu de le dire, les milieux catholiques traditionnels ; mais j'évolue pour ma part essentiellement dans les milieux "gauchistes", ce qui explique le sens de mon intervention.

B.


[ De PP à B. - Depuis vingt ans, plus personne "n'imaginait un Etat parfait" : l'idée en vogue était que l'Etat était LE problème et qu'il fallait le démanteler... Aujourd'hui où l'on redécouvre (sous les coups de la crise) la nécessité de l'Etat, il est dans le coma. Grand demi-cadavre certes, mais demi-cadavre tout de même. ]

réponse au commentaire

Écrit par : blanche / | 25/05/2012

> Oui, c'est exact, c'est pourquoi j'ai précisé d'"où je parlais", à savoir de milieux très à "gauche" dans lesquels l'Etat comme grand ordonnateur de l'univers est encore une idée communément admise...
Mais vous avez raison, la majorité des français, catholiques en tête, ne pèchent pas par excès de confiance dans l'Etat. Mes "nuances" n'étaient donc pas vraiment appropriées et ressemblaient certainement à celles de tous ces gens qui conviennent que l"'écologie, c'est important, mais quand même, il ne faudrait pas trop en faire et culpabiliser les gens", alors qu' il apparait comme trop évident que ces "excès" ne nous guettent guère pour l'heure...
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Écrit par : blanche / | 25/05/2012

QUESTION COMPLEXE

> L'Etat est-il réellement un demi cadavre? La question est en réalité très complexe, d'ou beaucoup de malentendus à ce sujet et d'empoignades entre gens qui ne sont pas si opposés que cela.
L'Etat pur avec ses compétences régalienne, bien qu'il s'appelle République Française, oui, il décline
La puissance publique, non. Et ceci à plusieurs niveaux.
-> Les collectivités locales se gonflent à mesure que progresse la décentralisation. Indicateurs: les effectifs et la hausse des impôts. Les baisses Sarkozy n'étaient que du faux semblant, des transferts.
-> L'Union Européenne est extrêmement directive en matière règlementaire, car l'unification du marché des 27 impose une unification dans le détail de la consommation.
-> Ce qui reste d'Etat ne se prive pas non plus de règlementer et contrôler.
La dérèglementation ultra-libérale légitiment dénoncée ne s'applique qu'au milieu financier. Elle réduit les protections sociales des petites gens, et entre les deux elle fait peser un poids administratif insupportable . Demandez à un garagiste ou un médecin libéral ce qu'il en pense!
Le système actuel est dur avec les petits, doux avec les grands.
On peut donc se plaindre du poids de l'administration sans être un suppôt de Goldman-Sachs ou Monsanto.
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Écrit par : Pierre Huet / | 26/05/2012

GROUPUSCULES

> Alain Escada est belge et il a, dans notre pays (je regrette de devoir écrire le "notre"), deux blogs http://belgiqueetchretiente.hautetfort.com/ et http://alainescada.hautetfort.com/ actifs et un site http://www.bechrist.be/linksliens.htm#bel moins actif. Il y prône un nationalisme fort peu charitable et se montre heureux et satisfait, dans ses commentaires, de la nouvelle Hongrie d'Orban, qu'il érige en modèle. Ce pays qui pénalise les sdf et vire dramatiquement vers l'abandon de la démocratie, la phase actuelle étant une sorte de démothéocrature. Sur son blog perso, il cite 'L'Action française 2000' (qui se revendique être la continuation de l'AF de Maurras) et d'autres royalistes. Ceci écrit pour l'information de ceux qui ne connaissaient pas toute l'étendue des activités du représentant officieux de certains combats.
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Écrit par : pashine / | 28/05/2012

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