De quoi Boillon est-il le nom ?

Notre effarant "ambassadeur" à Tunis

n'est pas si effarant que ça...

C'est plutôt un cas typique :

 

Conspué par le peuple tunisien quarante-huit heures après son arrivée, cet éphèbe body-buidé (qui pose en slip sur le Net) est à la diplomatie ce que Plus belle la vie est à la création artistique. N'empêche que Nicolas Sarkozy - dont il était le conseiller en affaires internationales (!) - l'a nommé ambassadeur à Tunis, emploi difficile après la prestation du prédécesseur et celle de Mme Alliot-Marie. Pourquoi Sarkozy a-t-il nommé Boillon ? Parce qu'il parle arabe et qu'il a été en poste à Bagdad, où il s'est consacré à répéter les slogans américains. Quel rapport entre Bagdad et Tunis ? aucun, sinon l'occasion de gaffer en disant aux Tunisiens qu'ils ont renversé ben Ali "comme les Irakiens ont renversé Saddam", fable à laquelle aucun Arabe ne croit.

Sitôt arrivé à Tunis, Boillon donne toute sa mesure. Le 17 février, il rencontre la presse tunisienne et l'insulte. On l'interroge sur MAM ; il explose, genre blessure narcissique : "N'essayez pas de me faire tomber sur des trucs débiles, franchement, vous croyez que j'ai ce niveau-là ?"  Une journaliste lui demande si son jeune âge ne lui donne pas un peu d'appréhension à un poste pareil ; il ré-explose : "ça c'est vraiment... mais qu'est ce que c'est que ça ? vous devez me respecter ! ça veut dire quoi appréhensions ? c'est quoi ça appréhensions ? Terminé !"  Ayant épuisé son vocabulaire, il se lève et s'en va. Un tollé éclate alors contre lui dans le pays. Le 19, la foule manifeste devant l'ambassade de France, avec des pancartes : "Colis de merde à renvoyer à l'expéditeur, 37 quai d'Orsay, Paris", et même : "Casse-toi, pauvre Boillon", allusion au légendaire "casse-toi, pauv'con".  Après quoi Boillon vient à la télé tunisienne proférer des excuses en lisant un papier : "je dois dorénavant parler d'une manière plus polie..."  Il avait dit en quittant Paris : "avec moi, le genre ambassadeur Ferrero c'est fini."  En effet.

Mais le bobo n'en a pas terminé avec ses âneries ! Voilà qu'il confie en coulisses : "Je suis un Sarko-boy. Quand on a vécu quatre ans de sa vie complètement rythmée par un homme comme ça, on est forcément influencé par son style." Laissons-lui la responsabilité de cette affirmation ; mais pour employer encore aujourd'hui le terme  "Sarko-boy", il faut vraiment vivre dans une bulle. 

De quoi Boillon est-il le nom ? Du niveau auquel est tombé le personnel de la post-démocratie : à peine peut-on le distinguer de celui des salles de marchés.